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LE MORVMD.
«
m
4
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LE
MORVAND,
ou
ESSAI
GÊOGaAPHIQDE, TOPOGRAPUIQDE ET HISTORIQUE
SUR CETTE CONTRÉE,
PAR
M. J.-F. BAUDIAU,
RVrI DS DUN-LBS-PLACBS , MBMDIIK DB £A SOClttA HimXAISK J>B8 LSTT1IBI> ,
SCIBHCBS BT ARTS, DB U 80CI<T< iSDUBX?(B, BTC.
NEVERS,
tMPRIMERnS DE I.-H. FAT» RUE DES ARDILUBRS, lé,
HÔTBL DB LA PBRT<.
1854^
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KE.&1A
MONACENSIS
Pierre
J
Oigiti;||||^ Google
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VOCABULAIRE
DB
DIVERS MOTS SCIENTIFIQUËS ET FÉODAUX
CONTENUS DANS CET OUVRAGE.
. ABBATE, monastère d'hommes oa de femmes ^de là le
nom â*9itibé on d'abbesse qae porte celui qui le possède 5
qui en est snpérlenr.
Absidb ou ÂPsiDË 9 partie semi-circulaire d'une église où
se place ordinairement l'aulel et que Ton nomme sanc-
tuaire.
AFFRANfiiiissEMKNT, acte par lequel un seigneur, moyen-
nant une somme d'argent convenue et certaines redevances
annuelles 9 relâcliait un ou plusieurs de ses sujets du lien
de la servitude.
Alllu , terre en alleu ou franc-alleu , c'est-à-dire bien
qui ne relevait d'aucun seigneur et mouvait directement de
la couronne, d'oii terres allodiales ou indépendantes.
Amortissement, renonciation que faisait un seigneur
féodal des droits de fief et de mutation sur une pièce de
terre on antre objet relevant de lui C'est ce qui constituait
un bien de main-morte tels qu'étaient la plupart de ceux
des anciens monastères.
Arbalète , arc d'acier» monté sur un affût et qui se ban-
A
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iJ VOGA CJLAIRE.
liait avec un ressort , pour lancer des balles et des traits ,
de là arbalétrier^ soldat armé d'une arbalète.
Arcade» ouverture formée par un cintre reposant sur
des pieds droits ou sur des colonnes.
Arc-dolbleau , cintre en saillie, à Tinlrados d'une
voûiOy et partant d'un pUier powr aller reposer sur. un autre
placé vIs-à-vis.
Ahchéoi-ogii; , science de l'antiquité et des monuments ;
d'où archéologue , homme versé dans cette science.
AncHByÉGHÉy siège épisoopal duquel relèvent plusieurs
autres , que l'on appelle suflraganls.
ARCuiDiACOMÉ, partie d'un diocèse soumise à un archi-
diacre , qui est le premier dignitaire ecclésiastique après
révèque.
ARCHiPRÊTRÊy district ou étendue de la juridiction d'un
archiprêtre. H comprenait ordinairement vingt -cinq
paroisses. (Sette dignité conférait le droit de visite de»
églises, presbytères..... et n'était pas attaché à un lieu ^
mais se confiait au prêtre le plus digue de la circouscription.
Argent» champ d'argent, c'est-à-dire couleur blanche
dans les armoiries.
Argilk> terre grasse» molle et ductile.
Argilo-siucecx, c'est-à-dire composé d'argBe et de
silice.
Armagnacs» faction du quinzième siècle qui avait pxi»
ee nom de Hugnca» comte d'ArBiagnac » soa chet
Armes et armoiries , marques de noblesse accordées par
les souverains. £lles commencèrent aux croisades.
ARFBirr » ancienne mesure de surface valimt cent penAe»
de dix-hnit pf eds et donnant environ un demi-hectare.
ÂRQUERUSE» ancienne arme à feu dans ie genre du fusil,
mais pitis grosse.
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%
VOCABULAIRE, Uj
AEQiffiBUMBilj solclat armé d'uae arquebuse; membre
û*mB compafl^ie de jeu d'arquebuse, éomi le but était de
s'exercer au tir dansuD blanc.
Abrière-ban» iornàé de kèréban, expression tudesque,
c'est-àHlire cooTOcatlon de la noblesse au teinps de la
féodalité : seigneurs d'arrière-fiefs, ou de terres mouvantes
d'autres terres plus considérables.
AuMAiLLËS^ bêtes à cornes ou gros bétail.
ÂzuR 9 l'émail bleu dans les armoiries II se marque ,
dans les gravures y par des raies horizontales sur l'écu.
Hagheubr , jeune chevalier tàisant l'apprentissage du
métier des armes*
Badig^n, couleur blanche , Jaune ou grise, appliquée
sur un mur ou sur un pilier.
Baj£, ouverture pratiquée dans un mur ; fenèlre.
Bauji, ancien Juge seigneuriaL On appelait bailli
d'épée celui au nom duquel se rendait la Justice dans un
bailliage royal, et qui marchait, à la guerre, à la tête de
i' arrière-ban.
Ban de la noblesse, seigneurs dont les fiels relevaient
^eotement du roi ; leur convocation pour la guerre.
BANALiifc, droit qu'avait un seigneur de forcer ses sujets
à cuire leur pain daus son four, et à moudre leurs grains
dans son moidbsi; de là four banal, moulin banaL....^
Bande , pièce de blason passant par-dessus l'écu , d'un
angle «i l'autre ou obliquement.
Bannbrbt, formé de bannière ; cehii qui avait droit de
bannière à la guerre et marchait à la tète de ses vassaux»
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if VOCABULAIRE.
Baniw, droit qo'avalt an seigneur de vendre le vfii de
son cru , à l'exclusion de tous les sujets de sa terre , dans
un lemps marqué par la coutume.
Barbacanb 9 onverture loDgae et étroite dans les forli-
ficatibns fioor tirer sur rennemf.
Baron, titre de Dobiesse, d'un degré au-dessus de
celui de simple gentiibonune.
Bakonnie, terre ou seigneurie de baron. Anciennement
elle devait comprendre deux ou trois cliâteileniesy une
place forte , une abbaye ou un chapitre.
Base, piédestal d'une colonne; partie lisse comprise
entre la plintbe et la corniche d'un piédestal,
Bas-keliep, ouvrage de sculpture, dont le sujet est en
partie engagé dans le bloc.
Battoir, autrefois foulon > huilerie. '
Beffroi , tour où l'on fait le guet ; charpente qui porte
une cloche.
Bexxe-uain, somme principale du prix d'une vente.
BÉisÉDiciuss, religieux qui suivent la règle de saint
Benoit
BÊNÉncB, titre et revenu ecclésiastique » d'où bénéficier
ou possesseur d'un bénéfice.
B£tomi£> genre de plantes , de la famille des labiées.
BiGBET, contenance de quatre mesures anciennes de
viugt-deux livres. Elle n'était pas la même partout.
Bisse , serpent» couleuvrcr
Blairje , ancien droit seigneurial sur les pâturages.
Blanc, ancienne monnaie de la valeur de deux centimes,
ou environ deux liards.
Blason, pièces et meubles qui entrent daus l'écu;
science des armoiries.
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TOCABOfJUlB. T
1$LENDB, mille OU sulfure de zinc.
Bois de uodlr, bois façonné en bûches de trois pieds i
et demL
Bois gris , en terme de flottage , le cbéne et le charme.
Bois-MORï t c'est-à-dire bois sec dans les forêts.
Boif BAEiMB 9 madriDe pour lancer des pierres.
BoRDELAGE , ancien droit seigneurial sur une terre. Il se
payait partie en argent et partie en nature. En cas de
partage de Timmeuble, les deux tiers appartenaient au
colon et l'autre tiers au seigneur.
Bourg , autrefois gros village fortiûé , ou à marchés.
B0URGEOI8K9 état de Thomme libre; de là bourgeois,
c'esl-à-dhre qui a été affranchi de la s^tude.
Bourguignon, habitant de la Bourgogne; faction du
quinzième siècle » à la tête de laquelle se trouvait le duc
de Bourgogne.
Btsantin, style architectural, originaire de Bysance ou
Constantinople. C'est le style roman enrichi sur la terre
d'Orient, oii il avait été transporté par le grand Constantin.
c
Calcaire, pierre qui, soumise à Faction du feu, se
change en chaux.
Calendes , premier Jour de chaque moto dans la chrono-
logie romaine. On comptait à reculons; ahisl le 1*' février
était le jour des calendes ; le 81 janvier était le 2 des
calendes de février , le 30 était le a , etc.
Calvin , chef de secte au seizième siècle, de là calvi-
nisme, et calvtaiiste ou sectateur de Calvin.
Cannelure, cavité longitudûiale taillée sur le fût d'une
colonne ou d'un pilastre.
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fj VOGAJsliLAlRE.
Capucins, religieux, ainsi nomnéB à oaiise de leur
- capuce pointu. Ils furent iustilués à Pise, en 1525, par
Mathieu Bassius , Cordelier observantin.
€biw» droit sei^etcial sur les héritages teins e» frto-
clilse ou w roture ; il se payait en argent
Chamb£Uam» ofiicief de la chambre d'un roi, d'jun prince.
CHANOSLLBinB, sorte 4e tribunal oh Ton sortait les
lettres et chartes avec le sceau de l'État.
Ghapixeac^ couronnement d'une colonne, ordinai-
rement sculpté.
Chapitre, corps religieux dans une cathédrale ou une
église collégiale > d'où chanoine et chanoinesse.
Chargé» en tefme de blason, on dit d'une pièce, sur
laquelle il y en a d'autres, qu'elle est ciiargée de....
Chartreuse 9 couvent de religieux de l'ordre fondé par
saint Bruno , en iOBk , au pied d'une montagne de ce nom^>
située en Dauphiaé ; de là Chartren et Chartreuses.
Châtelain, seigneur d'une terre érigée en châtellenie;
celui qui cotiimandait dans un château ; juge qui rendait
la Justice au nom d'un seigneur châtelain.
Chatellenik , seigneurie qui avait droit de haute ,
moyenne et basse justice et de marchés ; étendue de la ^
Juridiction d'un seigneur châtelain.
Chef , pièce honorable qui occupe la partie supérieure
de l'éQu, et qui a pour hauteur le tiers de l'écusson.
Cheyaierie, sorte d'honneur militaire du premier degré
dans l'antiquité ; le corps des cbevaUerà e^x-mêmé^.
Chevaliers de Malte» ordre religieux et militaire»
fondé en ilO&, sous le nom de Btères hospitaliers» pour
le soin et la défense des pèlerins de la Terre-Sainte. ïls
portèrent plus tard le litre de chevaliers de Saint-Jean-
de-Jérusaiem» et enfin celui de Malte.
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VOGAfiUUIKK. VQ
Çnopm, partie d'pne égpia. qai se trouve derrière le
maltre-auteL
GiNTSB», ouverture eu demi-cercle.
Glbp, la dernière i^erre qui ftme une vodte; (^ace
forte sur les confins d'un état ou d'upe province ; clefs en
pal, ou adossées et perpendiculaires daus Técu^ teruie de
blasou.
<
Clochston , petite p} ramlde aux ^gles d'un édifice
ou sur les coutre-lorts.
GorxATAïAiiXy bas-côtés d'une nef d'église.
Collation , droit de nommer à uu béiiéfiçe ecclésias-
tique.
Cou£eiAUK> cbiQiitre de cbanoiues sans siège épiscopal.
CôMMENDE , droit donné à un ecclésiastique séculier de
posséder un bénéfice régulier et de disposer de ses fruits
pendant sa vie, de là abbé , prieur commendataire.
€oMTE, autrefois sel^einr de la cour; titre de tioblesse
au-dessus de celui de baron , d'où coiiUé ou terre ayant
un comte pour ppssesseur. Ëiie devait renfermer cinq
clochers. Ce titre ne se donnait andennenient qu'aux sei-
gneuries avec villes fortes. -
CownRMATiON , acte par lequel on reconnaissait et
assurait la possession d'une cliose précédemment donnée.
GoNTRE-FORT, piller saillant d'un mur pour l'appuyer
ou soutenir la poussée d'une voûte.
G0PSIER9 c'est-à-dire sonner, d'où messe copetée.
GoRDELTEBS, religieux observjsntins , dont l'ordre fut
fondé par saint François d'Assise , en 1209. Ils ont été
ainsi nommés en France à cause d'une corde qui leur
servait de ceinture.
GORVÉE , travail gratuit dû à un seign^r |>ar ses sujets ,
d'où corvéables ou soumis k la corvée.
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Viij VOCàBULAlAE.
G0BBUAI6B9 de cwrrm, courir; ancien droit seigneurial
dû sur les grands chemins.
CouLEVRiNE ou CouLEUYRiN£> plèce d'arUUerie plus
longue que les canons ordinaires.
CoiR DES AIDES, tribunal qui jugeait les affaires con-
cernant les impdts indirects.
Coupole, partie concate d'un dôme.
Cousu, en terme de blason, clief de métal sur un champ
de métal, ou de couleur sur un champ de même; de là
cousu de gueules 9 d'or...,
CouTi ME , livre qui contenait les usages d'une province
devenus des lois ; ces lois elles-mêmes ; impôt féodaL
Croisades, guerres contre les infidèles aux douildnie et
treizième siècles, d'oli croisés. 14'engage ment consistait en
une croix d'étoffe que 1 on s'attachait sur l'épaule. C'est de *
là, sans, doute, que vient l'usage des épaulettes.
Croisée > partie du plan d'une ^llse qui repi^ésente les.
branches de la croix. *
Crypte, souterrain ou tomheau voûté dans une église^
D
Dame, femme qui possédait un fieL
DÂM0ISE4U , jeune gentilhomme qui n'avait pas encore
^té armé chevalier.
Dénombrement , reconnaissance éciîie et détaillée des
choses tenues eu fief que donnait un vassal à son suzerain..
Deztrb, ou côté droit
Dîmes , portion des fruits de la terre due au clergé ou •
aux seigneurs.
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VOCABULAlHfi. IX
Donjon, partie la plus forte et la plus élevée d'un
château, ordinairement en forme de tour carrée.
«
OouAiRB^ poTtioii des biens du mari dont la veuve
pouvait disposer, en propriété ou en usufruit, après la
mort de son époux. De là douairière.
Di;c» titre de noblesse le plus élevé après celui de
prince.
Ddcu£, terre à laquelle est attaclié le titre de di|c.
Ë
ÉCAikTELfi, c'est-à'-dire divisé en quatre parties égales;
se dit de Fécussou dans les armoiries.
tcasm, ancien nom des maires et adjoints des com-
> munes.
ÉcHOiTE OU ÉCHOi ETTE , succcssion d'uu scrf ou homme
maiu-mortable, qui échéait au seigneur.
Éct, espèce de bouclier que portaient autrefois les
cav«iliers ; figure de bouclier sur laquelle se peignent les
armoiries ; ancienne monnaie , ainsi nommée de la forme
d'un écu d'armoirie qu'elle portait; de làécu d'argent,
écn d'or.
ÉcuYEB, gentilhomme qui accompagnait un chevalier
et portait son écu ; titre que l'on donnait autrefois 2m
jeunes seigneurs de qualité jusqu'à ce qu'ils eussent été
armés cbevallers.
ÉcussoN , écu sur lequel sont pçintes les armes d'une
personne ou d'une famille.
ÉGANMULONNAGB , actiou de marqiler une mesure de
quantité ou de longueur avec les armes d'un seigneur^
^.USE-MÈRE, paroisse dont unq autre dépendaitt.
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X VOCABULAIRE.
ÈLBcaofUy Borte de trUNmal pour la répartiikm ées
impôts et pour juger les différends qui y avaient rapport ,
d'où élu ou officier d'une élection. L'élu prenait ordii^i-
remeul le titre de coBseUler du roL
ÉMAIL , couleur des iDéianx en fait de blason.
Èmm, aneieune mesure.
Engins ^ rets , filets ; machines de guerre.
Entablement, assemblage de moulures qui couronnent
un bâtiment on un ordre d'architecture. Il se compose de
rarchitrave, de la frise et de la corniche.
Kntre-coloknement, espace vide entre deux colonnes
ou piliers.
ÉPAVES, cboseségarto, «pd appartenaient an teigiear
du lieu où elles étaient trouvées.
ÉPOQUE, point fixe dans Thistoire , d'où l'on commence
à compter les années.
ÉPOQUE GALLO-ROMAINE , temps qui s'est écoulé depuis
la conquête de la Gaule par les Uomains, en Tan 52 avant
Jésus-Christ, jusqu'à l'mvasion des Francs» en aao de
notre ère.
ÉTALAGE, droit dû au seigneur sur les marchandises
exposées en vente dans une lolre.
ÉTYMOLOGiE, soqrco et origine d'un mot.
Exempt, oi&cier de police; brigadier de gendarmerie
d'autrefois. ^
Ex-voto , offrande promise par vœu.
*
F
Fasce, pièce d'armoirie traversant Técu horixoutalement
et séparant le chef de la pomte.
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VOGABULAIM. Xj
Fauuoirg, partie d'une ville située eu deliors des for-
UficatioBs et des portes.
FfiB^ Vierge gauloise adonnée à la divination.
Féodalité , le moyen-âge , époque de la puissance des
seigneurs; la foi l'bommage dus aux seigneurs de ilefs.
FfiÔDALCMBNT, en veHu du droit de Ûet
¥iEF, domaine noi)le.
Fief lige, fief pour lequel le possesseur était tenu à des
devoirs très-étroits envers le seigneur féodal ou suzerain.
Fief servant, fief pour lequel il est dû au seigneur
féodal fol et hommage.
Fief simple, c'est-à-dire possédé sans droit de justice
ni d'honneur féodaL
Filiation 9 se dit d'une abbaye fondée par une autre,
dont elle est comme la fille.
Fisc, trésor public, de là procureur fiscal, ou chargé
de veiller à Ig conservation des droits d'un seigneur haut-
justicier.
FLEGMAâ]£9.ou maladie inllammatoîre.
Fleur-de-us, figure de trois feuilles de lis liées
ensemble ; celle du miHeu est droite et les disux autres
sont recourbées en dehors.
Flottage, action de transporter du lM>is par «an.*
Flotte, réunion de navires qui ont la même destination,
soit pour la guerre, soit pour le commerce.
Foi et hommage, reconnaissance de fief et serment de
fidélité envers un seigneur suzerain.
FomuRAGE » droit dû au seigneur pour àjss ioîres.
Fol ou Fou , tN)ii 4e Miré , que le peuple appelle
foyard. - ».
Foi^iN, qui demeure hors de^'eadroit.
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xij VOCABULAIRE.
F0RGLU8101I9 exdmioD des femelles par les mâles , au
même degré , dans les successions collatérales.
FoRESTAGE, droU payé au seigoear pour passer daus
une forêt
FOR-MARiAGË, mariage d'une personne serve en dehors
de l'étendue d'une seigneurie dont elle dépendait ; droit
dû au seigneur pour ce fait
FORT-NiVERNOis , ancienne monnaie ayant cours dans
cette province. .On pense qu'elle avait pris ce nom de la
figure d'une forteresse qu'elle portait
FRANC -ARCHER , soklat d'uno certaine milice sous
Charles VII ; sorte de gendarme.
F0VBCHE8, signe patibulaire auquel étaient attacbés les
criminels.
FRAPiCHiSE^ exemption de charges seigneuriales.
FltONDB^ parti guerrier opposé au cardinal Maiarin
pendant la minorité de Louis XIY.
Fronton , ornement triangulaire au-dessus d'une porte ,
d'une fenêtre.
Frustre^ usé par le frottement ; grossier.
Fut, partie de la colonne entre la base et le chapiteau.
Futaie , bois âgé de plus de quarante ans ; haute fiitale »
qui eo compte plus de cent
G
Gabelle , impôt sur le sel.
GàSÈm, mine de plomb eombÉtée avec le sonfke.
Galërie, sorte de tribune, avec une balustrade continue,
sous les voûtes d'une église* • ;
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VOCABULAIRE. xHJ
Galioie, long bateau couvert dont on se sert pour
voyager sur un fleuve.
Gallique^ qui appartient aux Gaulois.
Gallo-romain, qui concerne les Gaulois et les Romainsi
. Garde-bois , aujourd'hui garde forestier.
*
Gards-Garoieniîe, ancien droit de protectorat d'un
seigneur sur un monastère fondé par sa femille ou se
trouvant dans ses terres.
Gard£-sc£l« officier proposé à la garde du sceau d'un
seigneur. ^ '
Gabdk-notîlk , droit de jouir des biens d'un mineur
noble , jusqu'à vingt ans pour les garçons et à quinze ans
pour les II lies, à condition de le nourrir y entretenir et
payer ses dettes.
Gakde-]\û1£ , ancien titre des notaires.
Gêeiérauté, étendue de \^ juridiction du bureau d'un
trésorier général
Gélime^ du latin gallina, poule.
ÔBNmHOMiiB» c'est^i-dire issu de noble race.
Glèbe, héritage , fonds de terre.
GoimQUB, architecture ogivale des treizième ^ qua-
torzième et quinzième slèdes.
Gr£N£TI£R, officier préposé à un grenier à sel.
Gros, ancienne monnaie valant six Ifards ou sept cen-
times et demi.
Gbuerie 9 sorie de tribunal pour juger les délits commis
dans les forêts , de là gruyer ou juge en cette partie.
GuET-ET-GARDE , droit qu'avaient les seigneurs hauts-
justiciers de faire garder leurs châteaux, en temps de
troubles, par leurs sujets.
Gm^LEs , couleur rouge dans les armoiries. £Ue se
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xiv VUCABULAIRIS,
marque , dans les gravuies « par des trUts fierpendktiilaires
sur l'écu.
GiiCHfiT^ petite porte daus les fortilicatioos d'une ville»
à Vusage des gens de pied.
Guidon, oûicier qui portait le drapeau d'une compagnie
de militaires.
H
HAUSau , réunion d'habitations où ii n'y a pas d'église.
BAeT-ni-ciiAvssBS» bêtement d'homme allant de là
ceinture aux genoux ; culotte.
H^mcTçuB 9 demi-cerde.
HÊMiNE , ancienne mesure valant un demi-setiet ou une
demi-cbopine.
HBBMiNEy en terme de blason » champ .d*bermfaies ou
champ d'argent moucheté de noir.
Hbrsë» espèce de grille, à grosses pointes de fer» placée
Jadis entre la porte d'un château ou d'une ville forte « et le
pont-levis.
Uëxagomë» figure à six pans.
Hiéroglyphe y caractère symbolique et mystérieux.
Hoir « héritier. Hoir de son corps ou iiéritier direct.
HouiAGB^ devoir dû à un seigneur féodal par son vassa
à cause de son fief.
Homme» vassal d'un seigneur.
Homme ubrb, celui qui a été affiranchl de la servitude.
Homme uge» vassal lié par les devoirs les plus stricts
à la personne de son suzeratai» et tenu de le suivre k la
guerre » de le défendre envers et contre tous.
Homme vivant e^ Homme mourant » celui qui était élu
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V0CABDLA11IB. XV
par uDe coiuinunauté religieuse pour la représenter dans
la poMe88k>n d'un fief, et sur la tâte cbiqael portaient les
devoirs seigneorianx ùts poar cette terre»
Hydraté , c'est-à-dire combiné avec Feau.
I
Ides , le quinzième jour de mars, mai, juillet et octobre,
et le treizième des autres mois.
Indire, droit qu'avaient les seigneurs hauts-justiciers
de Bourgogne de faire payer doubles les redevances dues
par leiirs sujets dans les quatre cas suivants, savoir : l*" à
leur promotion à Tordre de la cbevalerie; 2^ pour un
voyage d'outre-mer; pour leur rançon lorsqu'ils étaient
faits prisonniers ; 4" pour le mariage d'une de leurs filles.
iNTERSBCTioif , polut d'uD édifice où deux axes se
coupent , se croisent
Intrus , celui qui s'est mis en possession d'une charge
ou dignité ecclésiastique sans mission légitime.
Invbsuturb, mise en possession d'un bénéfice ecclé-
siastique ou d'un fief.
j
Jlrabl£, chose pour laquelle ou devait le serment de
fidélité.
Justice, exercice du pouvoir de faire droit à chacun.
Sous le régime féodal , la justice se divisait en haute ,
moyenne et basse. La haute était le droit qu'avait un
seigneur de connaître des cas et crimes punisstUes de
mort, de la mutilaHon des membm et autres petaet
corporeileSi La moyenne conslstail^ selon les expresBlons
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XVj VOCAIIULAiftE.
do lempsy à bailler el déoeroer tatenrs, faire malD-^mlaes^
empêchements, sceller hais et coffres ^ fàire* inventaire ,
subhastations , interpositions de décrets et émancipations.
I.a basse justice connaissait des prises de l)êtes et de
délinquants en flagrant délits et des causes des siyets»
soit an civil, soit au criminel, jusqu'à soixante sous
tournois d'amende.
L
Lamiiel, terme de blason, espèce de brisure formée
d'un filet ordinairement à trois panneaux et posé horizon*
talement en chef.
Lampassé, autre terme de blason : Lion lampassc de
gueules, c'est-à-dire représenté avec la langue qui sort,
lorsqu'elle est d'un autre émail que le corps.
Lkldks . seigneurs francs sous Clovis et ses successeurs.
Liesse, joie, galté.
Ligue, confédération qui se fit en France, au seizième
siècle, pQur exclure Henri IV du trône.
Lue, du latin Utare, ofiHr; assemblée ou foire du
premier mercredi de mai , au Beuvray. On voit par là que
son origine est toute païenne , et qu'elle est un souvenir
des sacrifices qui s offraient autrefois, à pareil jour, au
sommet de la montagne.
LODS ET VENTES , droit de mutation dû au seigneur par
l'acquéreur d'un héritage situé dans l'étendue de la censive
on de la seigneurie.
M
MACHICOULIS, ouverture pratiquée dans la sailUe des
galeries des anciennes fortifications pour défendre le pied
du mur, en jetant de grosses pierres sur les assiégeants»
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T0GABULA1RB. XVi]
Mâçonmé> se dit> dans le blason, des l)âUmeiil$> loi'sque
les ligues qui marqueoi les joints des pierres^ sont d'an
émail différent
Maille^ ancienne momiaie de compte qui valait la
moitié dn denier tournoie
Main-morte, état des gens de condition serviie, lesquels
ne pouvaient posséder de ûeis, et dont les biens passaient
an seigneur s^Us mouraient sans Jiéritiers directs » ou,
comme Ton disait alors» nés de leur corps ; de Ih, hommes
main-mortables et biens de main-morte» c'est-à-dire biens
qui n'étaient pas sujets à mutation.
AlAisoN-FoaTE > habitation seigneuriale avec tours,
fossés» ponts-levis.... ; château.
Maisonnbr, bâtir une maison.
Maison- Dieu , ancien hôpital
MALADiftRB» contraction de mâladrerie» ou hôpital de
lépreux.
Malte, ordre de Malte; religieux militaires, d'abord
nommés hospitaliers ou chevaliers de Saint-Jean-de-Jéru-
salem « ensuite chevaliers de Rhodes» et enfin chevaliers
de Malte.
Manant» du latin ihanere, habitant de la campagne»
d'un village.
Manoir» du latin mansio; habitation, château.
Mansb» ancienne mesure de surface valant environ un
journal de terre.
Marc» poids de huit onces» ou d'une demi-livre.
Makéchal-de-camp, grade militaire équivalant à celui
de général de brigade.
Maréchaussée» ancien nom de la gendarmerie.
Marquis» titre de noMesse. entre le comte et le duc.
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iviij VOCABULAIRË.
Il fallait être seigneur de cinq clochers an moins pour
' obtenir ce titre et faire ériger une terre en marquisat.
MÉDAiiif, ancienne monnaie romaine.
Metx, du latin mansio, demeure, habitation, métairie.
M£N£Aiix» traverses perpendiculaires ou horizontales
qui séparent une fenêtre en plusieurs compartiments^
Ménétuier, autrefois joueur d'iustrunionts militaires.
Mense» revenu d'un abbé ou des religieux d'un monas-
tère.
Mëjnlise, terme de flottage, petit bois.
MesseriEj du latin mesm, ancien droit dû au seigneur
pour la garde des récoltes^ d'où messier ^ ou officier chargé
de cette surveillance.
AlESSiRE» titre d'honneur revenant à celui de monsieur.
Meurtrière, ouverture dans les murs de fortifications
par laquelle on peut tirer à couv ert sur les assiégeants.
ftliNAGE, ancien droit seigneurial pour la vente et le
mesurage des grains à la halle»
Mim: et MiNLE, ancienne mesure, particulièrement pour
le sel.
MmniES, religieux franciscains, dont Tordre fut fondé
par saint François de Paule, en \h^h,
iViiNOT, mesure qui contenait la moitié de la mine.
Monastère , maison de religieux ou de religieuses.
MoNOUTUË, coiouue ou autre objet d'une seule pierre.
Mort-bois 9 espèce de bois qui ne peut servir ni au
flottage, ni à la construction^ tel qué le saule, le genêt..
Mosaïque., ouvrage de rapport qui, au moyen de
petites pierres de diverses couleurs, représente des
figures , même des tableaux.
MoutË , nom donné au bois façonné pour le flottage.
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VOCABULAIRE. Xi\
BioinriEK^ contraction du l^Xtamanasterium, monastère^
église.
Mouvance , dépendaace d'uu lief à regard d'un autre ^
de là mouvant et mouvoir.
Moten-age;, temps depuis Constantin jusqu'à la renais-
sance des lelti es.
Mm>9 ancienne mesure comprenant plusieurs IHciiets.
- N
Nabthex» porche 9 on lieu couvert à rentrée d'une'
église.
Nep« partie d'une église comprise entre le portail et le
chceun Ce mot vient du latin navis»
Nervures, parties saillantes sous la voûte d'une église;
elles forment des côtes sur les arêtes.
NniBE , auréole ou cercle de lumière que les peintres
placent autour de la tête du christ ou des saints.
NiQVET^ ancienne et petite monnaie valant un demi"
liant
0
OBIT5 du latin abitus, mort; service funèbre fondé pour
le repos de l'âme d'un défunt
Ogive > arcade curviligne, terminée en pointe^ imitant
le haut d'une mitre ; de là style ogival.
OuGJUiTE , se dit d'une mine de fer peu abondante.
OngqdbS) vieux mot qui signifie jamais»
Or , couleur jaune dans le blason. Elle se inarque, dans
les gravures^ par un semé de petits points noirs.
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XX VOGABbLAlRE.
Ordre ^ coiupagnie de religieux vivant sous la même
règle.
Ordre» collier, rubaii ou autre marque d'un ordre de
ehevalerie. Chevalier de Tordre du roi, ou du Saint-
Esprit; chevalier des ordres, c'est-à-dire de Saint-Michel
et du Saint-Esprit.
OuGHE, enclos privilégié et mieux cultivé auprès de»
habitations du Morvand.
OvolDE , qui a la forme d'un œuf.
p
Pal , en terme de blason , pieu perpendiculaire , ordi*
nairement aiguisé par un hout et qui partage l'écu dans le
sens de la longueur.
PAi£FROi , cheval de dame , de parade.
Parallélogramme, iigure dont les côtés opposés sont
égaux et parallèles.
Parti , se dit , en terme de blason , d'un écu divisé
en deux également par un perpendiculaire ; ainsi , parti
d'azur....
PATRONAGE, droit de nommer à un bénéfice ecdéidas-
tiquc , comme cure, chapelle, canonicat..; de là patron,.
ou celui qui exerçait ce droiL .
PB17LVEN, monument druidique formé d'une grande
pierre debout et isolée.
Pied, ancienne mesure de douze pouces, chacun de
douze lignes*
PiÉDESTAï, , première partie d'un ordre d'architecture
sur laquelle repose la colonne. Il se compose de la base>
du dé et de la corniche. On appelle aussi piédestal la base
d'une statue, d'un vase....
«
Oigitized by
t
VOCABVLAlldL Xx)
PiKD- DROIT, partie du jambage d'une porte, d'une
fenêtre, qui comprend le chambranle, le tableau, la
feuillure, l'embrasure et Fécolaçon.
PiLUiiE BRANLANTE, monument druidique composé de
deux blocs de rochers superposés, et dont l'un servait
de pivot à l'autre. Le bloc supérieur était tellement
d'a{»lomb sur sa base, qu'on seul homme pouvait, quoiqu'il
fût très-gros , le mettre en mouvement
Pilastre, pilier carré, en saillie sur un mur, et qui a
les mêmes proportions que l'ordre d'architecture employé
dans un édifice.
Pilori , poteau où Ton attachait les criminels pour les
exposer aux regards du public»
PiMT£, sorte de mesure pour les liquides.
PiBiGB, c'est-à-dlre caotion , garant
• Pleik-cintre, voûte, porte ou fenêtre en demi-eercle.
Plein-fibf, qui était dans une dépendance complète dil
fief dominant
Pointe, en terme de blason, siguilie l;i partie inférieure
de récu , qui se termine ordinairement en pointe.
Pont-aqueduc , qui sert à conduire les eaux.
Pont dormant, qui est ûie et ne se hausse pas»
PoNT-LETis, qui s'élève et se baisse à volonté.
Porche, lieu couvert à l'entrée d une église; portique.
Portion congrue , somme d'argent que les gros déd-^
mateurs devaient pajer au curé ou vicaire perpétuel qui
desservait une paroisse en leur nom.
Potte, du latin potesias, pouvoir; gens de potte, c'est'
à-dire qui dépendaient, sous tous les rapports, de leur
seigneur ; qui étaient dans sa puissance , ne pouvant rien
faire sans sa permission.
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XXij TOCABLLAIRE.
PoutE HE oot'TUMB, redevance seigneuriale et annuelle ,
qui étail ordinaireineut représentée par une somme de
dix sous. .
PB A6MATIQUE- SANCTION 9 règlement en matière de
religion et de discipline, qui fut dressé à Bourges en
1438 , sous le roi Charles VII.
Prébende^ revenu attaché à un cauonicat ;. de là cha-
noine prébendé on qui Joait d'une prébende.
pRÉjiîDiAL, sorte de juridiction qui jugeait on dernier
ressort dans certains cas et poui* certaines sommes.
Prévôté , Juridiction en première Instance et pour des
causes ordinaires ; de là juge-prevôt.
Prj£lré, communauté d'hommes sous la conduite d'un
prieur, ou de filles sous celle d'une prieure. Un prieuré-
cure était celui auquel une cure était annexée ; un prieuré
simple était celui où il n'y avait pas de religieux.
Prince, titre de noblesse le plus élevé dans la biérarchie;
de là principauté 5 ou terre à laifueile le titre de prince
est attaché.
PYRAMIDAL, c'est-à-dire de forme carrée et terminé eu
pointe comme une pyramide.
Q
Oi AHiK, ancienne inesnre, ordinairement le quart du
bichet.
Quint, droit dû au seigneur féodal quand le fief servant,
ou dépendant du sien , était vendu à prix d'argent ^
R
llAVXUN, ouvrage de fortification extérieure composé
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VOGADULAIRE. XXÎi}
de deux faces , qui font un angle saillant « et sert ordinai-
rement h couvrir une courtioe.
Rendablb, c'est-à-dire devant être remis en la puissance
lu suzerain , en parlant d'un château-fort
Reprendra de vwlf, faire foi et hommage au seigneur
éodal pour son fief.
Retenue, droit et liberté qu'avait le suzerain d'accepter
es iods et ventes, ou de reteuir, pour le prix de vente, un
ief sur le point d'être aliéué^
Retraire (se) , se retirer avec son butin dans une for-
teresse. C'était la faculté qu'avaient les sujets d'une
seigneurie tenus au guet-et-garde et aux frais d'eutrelieu
des fortifications du château dont ils dépendaient.
Uetrait ugnager, pouvoir qu'avait un seigneur, en
vertu de sou droit de parenté, de retirer un objet aliéné
dés mains de l'acquéreur en lui remboursant la somme
payée par lui.
Retrayajnts, ceux qui avaient droit de se retirer dans
une forteresse en temps de foerre.
REVEBSiois , droit de réunir au fief dominant un fiel qui
en avait été détaché.
ROMBOfDE, losange ou figure ayant deux angles aigus
et deux obtus.
ROBBURS , genre de pillards du quatorzième siècle.
UoMAN , style en plein-cintre du dixième et du onzième
siècle.
I^OMANO-m sANTiN , siylc rouiau orné des embeUis-
semenls de l'architecture orientale.
Rosace et Rose , ornement gothique ressemblant à un
fleuron , niais composé d'un nombre indéterminé de lobes
ou divisions.
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XHV VOCABULAIRE.
ROTURE, état d'une personne ou d'un liéritage qui
n'était pas noble ; de là terre de roture , roturiers.
RocTiERS, nom de pUlards» sortis des vallées de la
Navarre au quatorslème siède.
s
Sable , en terme de blason , la couleur noire. Le sable
se marque , dans les gravures, par des traits croisés.
Saisine , prise de possession d*on fief en vertu d'un acte
donné par le seigneur féodal , d'où oiisaisiner ; ce qui
était dû au suzerain pour cette prise de possession.
Salaiianoke , genre de reptiles batraciens , qui pouvait,
disait-on , vivre dans les flammes.
Salct-d'Or, ancienne monnaie, ainsi appelée de la
figure de l'ange Gabriel saluant la sainte Vierge.
Sarcophage, tombeau en pierre, où Ton renfermait
les corps que l'on ne voulait pas brûler.
Sautoir^ pièce d'armoiries qui ressemble à une croix
de Saint-André. Elle' figure , dit Ducange , Tétrier pour
monter et sauter à cheval.
Sauvement, desalvamentis, droit ancien que les seigneurs
levaient sur leurs siyets pour l'entretien d'une place forte
où ils étaient censés trouver leur sûreté contre Tennemi.
SBiGiiEURiE> terre ou fief noble avec Justice; d'où
seigneur ou possesseur de cette terre*
Semé, se dit, en armoiries ^ d'un écu, d'une pièce
honorable, chargé de ileurs-de-lis.
SÉNfiCHAL, principal officier de certaines justices sel-*
gneuriales.
Sénestae, c'est-à-dire côté gauche; de là, en terme
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VOCABLLAIRE. XXV
de blason» sénestré, pièces qui en ont d'antres à leur
gauche.
Serf, homme qui dépend d'un seigneur et qui n'est
pas libre ; de là serve condition.
Sergent, ancien nom des Imissiers seigneuriaux.
SBRFENTINB9 pièce de canon sur laquelle était représenté
un serpent.
Servitude, état de serf. La servitude diffère de l'escla-
vage, en ce que celui-ci détruit la liberté» tandis que la
servitude ropj^me seulement L'esclave appartient à son
mattre comme la béte de somme ; Il est sa propriété. Le
serf n'est pas libre , sans doute ; mais il n'appartient pas
personnellement au seigneur, il ne lui doit que des devoirs,
le fruit de ses labeurs.
Setibr, ancienne mesure, qui variait selon les lieux.
Signal , sorte d'observatoires , dressés sur les mon-
tagnes par les officiers chargés de fahre la carte militaire.
Les Morvandeaux les appellent tél^rapbes.
SiGNK PATiBL LAiRE, instrument de supplice, gibet; on
dit aussi fourches patibulaires. De là les divers noms de
fourches donnés en Morvand aux lieux où se trouvaient ces
gibets.
Silex, caillou, pierre à fusil; quartz compacte, mêlé
d'une petite quantité d'argile ou de calcaire.
SiuoE, matière prinrilive; terre quartienie.
SiNOPLE , dans le blason , couleur verte. Elle se marque ,
dans les gravures, par des traits qui vont de l'angle droit
du chef de Técu à l'angle gauche de la pointe.
Sire, c'est-à-dire seigneur, qualiiicatioQ des anciens
barons.
SorruRK , ancienne mesure de surface pour les prés.
Soldée , autre mesure de surface pour les terres.
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XXVj VOCABULAIRE.
Souffrance 9 autrement Surs^ange^ délai accordé par
le seifi^neur féodal à un pupille ou autre vassal malade ou
absent pour faire foi et hommage de son lief.
Style 9 se dit des différents genres d'architecture; le
style roman « le style ogival^ le style grec» le style de la
renaissance.
Surdélégation» district d'un subdéiégué de l'intendant
d'une province.
Subhastation , vente à l'encan ou à l'enchère.
Suzerain» seigneur féodal ou possesseur d'un fief do-
minant
T
Tailles» certames impositions qui se levaient sur le
peuple; de là taillables» ou sv^jets à la taille; à merci»
c'est-à-dire arbitrairement par le seigneur.
Taverne» cabaret» lieu où l'on vend du vin en détail.
Terrier » registre qui contenait le dénombrement et la
nature des héritages situés dans la censive d'un seigneur^
avec le tribut dont ils étaient chargés.
Thermes» bâtiments destinés pour les bains; les bains
eux-mêmes.
Tierces» dimes seigneuriales» qui se payaient ordmal-
rement de sept gerbes l'une.
Touriste^ voyageur anglais; celui qui fait un voyage
instructif et sérieux.
Tournoi, sorte de fête publique et militaire, où l'on
s'exerçait à plusieurs genres de combats» soit à clievai»
soit à pied.
Tournois» nom d'une monnaie» ainsi appelée parce
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VOCARULAIRE. XXVij
qu'elle se fabriquait à Tours. La livre tournois valait vingt
sous et la livre parisis vingt-cinq.
Transsept, partie qui, dans le plan d'une église,
représente les branches de la croix.
TRILOBES , arcade composée de trois lobes.
Tympan, partie supérieure d'une porte cintrée ou ogi-
vale qui ne s'ouvre pas et qui est ordinairement bouchée,
souvent garnie dé sculptures en bas-relief.
• u
Ursvunes, religieuses de sainte Ursule, dont l'ordre
fat établi à Paris> en 1611 , par une pieuse veuve, nommée
Marie Lhulllier.
Us , coutume ; les us et coutumes.
Usage, droit qu'ont les voishis d'une forêt d'y couper
du bois pour se chauffer et d'y mener leur bétail; coutume.
V
Vassal, celui qui relève d'un seigneur à cause d un lief.
Yerdier , officier qui commandait aux gardes d'une forêt
éloignée des maîtrises.
Yërgobbet , magistrat suprême chez les Gaulois.
YicoiiTB, titre de noblesse entre le baron et le comte;
ancien juge.
ViGoaiTÉ, terre d'un vicomte; étendue de la juridiction
d'un vicomte on juge.
Villa , maison de campague chez les Romains.
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XXViU VOCAHLLAUŒ.
VnxAGK, réimlou d'tiabUaUoiis ayant une église, mais
qni ne sont fermées ni de fossés ni de murailles.
VuiK ROMAINE» grande route militaire sous les Homaius.
VoussDRB, courbure ou élévation d'une voûte et d'une
arcade.
Fli\ D(i V0(;AIU I.AIHR.
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A VA iSi -PROPOS.
Bieulôl le Morvaud , sous l'iuilueuce de la
dvilisatloii moderne qui Tentoare de toutes parts ,
et qui a môme péaétré jusqu'à son cœur, ne cou*
serveia de sou aucienue physîooooûe que l'aspecl
paritculfer au pays, ses montagnes coniques et
ses profondes vallées , ses rivières torrentueuses
et ses sombres forêts, ses riantes prairies coupées
de mille cours d'eau et ses champs encadrés de
baies vives , limites nécessaires entre des voisins
jaloux.
Déjà, en effet, rindividnalité morvandelle a
I
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II AVANT-PROPOS.
presque totalement disparu. Bannie des lieux que
traversent tes nombreuses voies de communicatioD
qui parcouieoi le pays en tous sens, elle semble
se concentrer, comme autrefois la nationalité gau-
loise , autour du Beuvray » devenu comme alors
son reluge contre un nouveau genre d'invasion
et de conquête. Encore quelqnes années, et le
Morvand, celui d'autrefois, n'existera que dan»
riiistoire et les souvenirs.
Placé entre un âge qui fuit sans retour et Tère
nouvelle ouverte devant nous , le moment nous
a paru lavorable pour recueillir les quelques tra-
ditions qui nous restent, et pour rassembler les
divers traits historiques qui concernent ce pays
que nous aimons. Attendre plus long-lenips, dans
Tespoir qn'nne main plus habile et pdus exercée
viendrait remplir cette lâche importante, c'était
s'exposer à voir lUsparaitre des souvenirs précieux
et des documents intéressants. Tel a été le motif
qui nous porta, dès que la volonté du savant
et zélé prélat qui gouverne si sageuïenl ce vaste
diocèse , nous eût rappelé au sein de nos monta*
fçnes, à entreprendre le travail que nous olfrons
aujourd'hui à nos bien-aimés compatriotes.
Nous n'avons rien négligé pour le rendre aussi
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AVAKT-PROrOS. 111
complet que possible. Nous avons, peur cela,
luippelé nos souveoirs de jeuoesse, interrogé les
vieillards, observé les usages et les mœurs des
habitants. Assis aux foyers bospilaliers de ce peuple
de la oature , souvent nous avons pris une part
active à ses conversations auiniées ; nous avons,
et avant notre élévati(>n au sacerdoce , et pendant
4|ue nous en exercions les prémices dans l'antique
capitale de nos montagnes, et surtoul dci)uis notre
retour sur le sol natal , étudié avec attention ses
pencb^uis naturels, observé les mouvements divers
de ses passions bonnes ou mauvaises, apprécié,
en quelque sorte, ses pensées les plus intimes^
Notre qualité de prêtre et de pasteur des âmes
nous conviait d'aillearis à celte élude , à ces obser<
valions.
« Pour écrire Tbisloire , dit Fleury , ou doit
» préférer Tbabilant du pays à l'étranger, celui
» qui rapporte ses propres affaires aux personnes
u iudiilérentes. » Or, qui plus que nous réunit ces
qualités premières ? Né au centre même du Mor-
vaud, dans le lieu le plus pauvre , le plus agreste,
le plus sauvage peul-èlre de la contrée, nous
avons vécu de la vie simple, austère et frugale du
Morvandeau , son langage fut notre premier tan-
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IV AVANT-PAOPOS.
gage ; ce sont doue nos propres affaires que uous
allons rapporter.
Noas aTons, en outre» daos nos moments de
loisir, visité chaque localité en particulier, étudié
les monuments élevés par la main de Phomme oti
produits par la nature. Ainsi , tout ce que nous
dirous du Morvand, des mœurs, des usages, des
coutumes des habitants, ne sera que ce que nous
avons vu de nos yeux , entendu de nos oreilles ,
touché de nos mains.
Pour écrire T histoire d*un pays ou d*un peuple,
il ne suffît pas d*étttdier ses monuments, ses
traditions antiques , d'observer ses mœurs et ses
usages . il faut encore s'appuyer sur les témoignages
authentiques des auteurs qui nous ont précédés ,
et s'éclairer de leurs lumières ; aussi avons-nous
appelé ce puissant moyen à notre secours. Nous
avons puisé de précieux renseignements dans les
Commentaires de César, dans Ammierh-Marcellin,
le GaUia Christiana ; dans les divers historiens
de France, comme Anquetil, L.onguerue, Ëxpilly... ;
dans ceux de Bourgogne et du Nivernais , tels que
Cautiépée, éom Plancher, Guy CoquUlê, Née de
Iai Rochelle^ ï Album du Nivernais...
Les historiographes dos villes d'Autun ,
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AVAKT-PaOPOS. V
d*Auxerrc, de Vézelay, nous oot fourni de nom-
breux docuuieuls. Les histoires des abbayes de
Saint-Martin d^Âotiin , de Moûtier- Saint- Jean ;
quelques noUcea manuscritea sur celles de Regny,
de Saiut- Léonard de Corbigny, sur Ghâlcau-
Chinon, Lormea...., ont été dea sources fécondes
où nous avons puisé avec assurance.
Nous avons, eo outre, consulté les arciiives
oationalea; celles dea vUles d*Àuxerre, d'Autun*
de Cbàteau-Ghinott , de Nevers; des châteaux de
Bazocnes, de Chaslellux, de Coulon, de La Gour-
d'Ârcenay , de La Montagne, de La Rocbe-en-Breny,
de la Rocbe-Milay , de Menessaire, de Saint-Brissou,
de Tboisy, de Villargoix, de Yésigneux
Nous avons divisé le résultat de nos veilles et
de nos recbeixbes en trois parties. Dans la pre-
mière, nous étudions le pays dans son eusenible,
et nous relatons sa situation et Tétymolo^ie de
son nom ; la nature du soi et ses productions en
métaux et végétaux , ies rivières et ruisseaux qui
Tarrosent, sa température et ses aspects divers;
les mouuments celtiques, romains et féodaux qu'on
y rencontre; les animaux domesliques et sauvages
qu'il nourrit, les mœurs, les usages«et l'industrie
des habitants.
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VI AVANT-PnOPOS.
Dans la seconde partie, nous mettons sons un
même coup-d'œil les iails historiques qui coucer-
nent le pays en général , comme guerres, désastres,
famines, épidémies, et les épisodes les plus inté-
ressants, tout eu suivant la chronologie des temps,
et en les rattachant le plus possible à Tbistoire de
France. Ou comprend que ce travail a dû nous
offrir quelques dilficultés, parce que le Morvand,
ne formant point une province, n'avait pas de gon-
vernemeut particulier, et partant, ne présentait
pas une marche régulière et naturelle pour la
narration des faits. Néanmoins, nous croyons avoir
triomphé de cet obstacle , et cette partie ne sera
pas la moius intéressante aux yeux de nos lecteurs
érudits.
Daus la troisième, nous donnons sur chaque
commune et paroisse une notice particulière et
détaillée , oit nons rapportons tout ce qui la con-
cerne, soit au civil, soit au religieux, comme sa
situation, sa distance du chef-lieu de canton , son
étendue en territoire , sa population , le style de
l'église et l'époque certaiue ou présumée de sa
fondation , le patronage de la cure et ses anciens
droits , les établissements publics qu'on y remar-
quait audelois et ceux qui y ont été londés de
Oigjtized by
AVAfHT-PROPOS, Vil
nos jours ; les terres » fiets , justices et seigneu-
ries quelle renfermait jadis, et la chroBologie des
seigneurs qui les ont possédés.
Ce plan nous eipose naturellement à quelques
légères répélitioDS que nous ii'aurioos pu éviter
qn*en laissant incomplète Phistoire de chaque loca-
lité. Nos lecteurs nous le pardonneront en consi -
dération du désir que nous avious de ineUre sous
un même coup-d'œil et sans renvois tout ce qui
intéresse chaque commune.
On n'est point d'accord sur les limites du pays
qu*on nomme Morvand. Les uns le restreignent
aujL dépendances de raucieu comté de Cliàteau-
Cliinon, les autres à ce qu'on appelle vulgairement
le Jlaut'Morvand. Mais Topinion publique a tou-
jours désigné sous ce nom tout le sol granitique
et monlagncux, tout ce qui tient à cette nature de
terrain, au type du pays, et c'est celle que nous
avous suivie.
Notre entreprise n*est pas sans témérité , nous
le savons; elle pourra même paraître présomp-
tueuse, nous ne rigiiorous pas. Mais Tamour de
notre pays a triomphé de toutes les considérations
qui auraient pu nous arrêter, et nous nous sommes
délcrniiné à livrer au publie le fruit de nos rocher-
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AVANi-FHOi'OS.
elles.. Puisse-t-il préseuler un iiilérél réel u nos
chers compatriotes, c'est le vœu que noiis formons
et la récompense que nous anihitionnons.
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LE MORVAND,
Of
E88AI aéNIRAPHItUe, TOPOGHAPHIQUE ET HltTORIQUE
SUR CETTE COYTUÉE.
prëmiërë partie.
oom-WŒMM, cubrtBAx sua ub vats.
CHAPITRK 1".
l^4rinoiocte , SIliMtton, MomatUM «t Forêts , Hollace, Btvlèrcs
et AoliMMMix , HlttCraoK , Theipnc» et Volcans.
MORVANI) , en latiu Mortina^ fHKjus , Monennuin,
Morundia, est le nom sous lequel, de temps immémorial,
on a touiours désigné le pays 4iue nous décrivons. Les
savants ne sont point d'aocord sur Forigîne et Fétymologie
de ce nom. lies tins prétendent, mais sans fondement
plausible, qu'il vient d une ancienne ville ou bouri? appelé
Morrennuni , qu'ils placent tautot à Cliîlteau - Cliiuon,
tantôt à Saulieu, tantôt euûndans les environs de Gervon.
Les autres en font lionneur à un Uentenant de César,
qu'ils nomment Marvinus^ et qui aurait reça eette
fonlrée en récompense de ses éininents services mili-
taires. Adrien de Valois écrivait Ui>rf -l'on , et prétendait,
en conséquence , que le pays avait été ainsi nommé de ce
2 MORVAND.
qu'il y fait loujoufs du vent; enfin un autre écrivain a cru
trouver Torigine de ce nom en ce que /e««nr y est froid,
y mord.
Ces diverses interprélalions étymologiques nous pai*ais-
sentoubien liasardées, ou bien puériles; aussi aimons-
nous mieux , avec les auteurs de V Album du NivemaU (1),
demander la signification originelle du nom à la langue
celtique , qui fut celle des premiers habitants du pays.
Nous pensons donc que Morvaud vient de Mor, qui signifie
noir 9 et de Vand, montages, ce qui équivaut k Noires^
Montagnes. Cette étymologie nous semble la seule admis-
sible ; du moins on ne peut disconvenir qu'elle satisfait en
même temps la raison et le bon sens, et qu'elle donne
ime idée exacte de la physionomie du pays, surtout vu
des portes d'Autun , d'où ce nom dut lui être appliqué
pour la première fois»
Jadis partagé entre la Bourgogne et le Nivernais , le
Morvand est aujourd'hui divise entre les départements de la
Côte-d'Or, de la Nièvre, de Saône-et-Loire et de l'Yonne.
Cette contrée, qui forme, pour ainsi dire, le centre de
la Ftance» s'étend entre le vingt- unième et le vingt-
deuxième degré de longitude, et le quarante-sixième et le
quarante-septième de latitude-nord. Elle présente du nord
au sud, en partant de la tour de l'horloge d'Avallon à la
chaîne de i'AppeneUe qui domine la ville de Lusy, un
Biassif granitique et montagneux de quatre-vingt-huit
kilomètres ou vingt-deux lieues de long, sur une largeur
qui varie de trente-deux à quarante -huit kilomètres ou
douze lieues.
Le Morvand forma de bonne heure uu canton , pagus,
ou contrée connue sous ce nom. D^à, en 388, alors que
saint Amatre> évèque d'Auxerre, le traversa*, pour se
rendre à Autun, il portait cette dénomination. 11 est à
{I lomp II, p.
I
Digjtized by Googl
LB MORVAND. 3
croire qo'à cette épociuc, on y rencontrait des bétes
féroces; du iikhhs Venance Fortuiial, dans sa Wxe de saint
Germain de Paris, écrite au sixième siècle, l'appelle le
Pays-dei-ours. Divers noms de lieux ^ comme Vaux-iion,
le Mmit-des-ours..,», viennent à Tappui de ce témoignage
et donnent quelque poids à cette opinion.
Le Morvand, ainsi qin; le décrivait, au neuviôme siècle,
le moine Héric (1), est un pays montagneux et couvert de
forêts» Plus élevées à Test et au sud^ ces montagnes
s'abaissent successivement en collines secondaires vers
l'ouest et le nord. Les sommets les plus remarquables
sont : la \ ieillc-Moniagne , h Saint-Honoré , qui coiuple
cinq cent quarante-deux mètres au-dessus du niveau de
la mer; le Haut-du-Ghateau , à Dun-les-Places , de cinq
cent quatre-vingt-dix; le Vieux ^ Château , à Gliâteau-
Ghinon^ de six cent vingt-six; le Beuvray, de huit cent
soixante; le Prenelay , à Villapourcon , de huit cent
quatre-vingt-sept; enfin le principal pic des Bois-ilu-Iîoi ,
à Roussilion , qui atteint neuf cent deux mètres. C'est le
point le plus élevé du Morvand.
Tontes ces montagnes, qui couvrent le pays du nord au
sud, lui donnent, en général, un aspect âpre et sévère.
Elles ont pour base d'énormes masses de granit dont les
principaux éléments constitutifs sont le feUl - spath , le
quartz et le mica. Le premier est une matière pierreuse
composée de siUee, & alumine et de soude; Il se trouve
aussi dans presque foutes les roches du terrain primitif et
dans celles des produits plutoniques. Le second , ou quartz ,
aussi appelé cristal de roche , se compose de silice pure ;
mais II est susceptible de divers mélanges qui produisent
des variétés nombreuses. Il est toujours très -dur, et
fait feu au briquet , excepté la variété dite opale ou silex
résinite qui coulienl de l'eau dans sa composition. iiC mica
{WieH€ ratnr Germain d'Àwrenv.
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u LE MORVAND.
est un minéral très-biillant et d'aspect métallique dans
lequel l'analyse chimique ne reconnaît que de la silice,
de V alumine, de la mayncsic , d(i la potasse, du fer II
a fréquemment la couleur et l'éclat de l'aident, et on
l'appelle Tardait des chats; d'autres fois» il ressemble par^
iàitement à Tor, et on le nomme Var des chats ;mià&Vi
suffit d'écraser un peu de cette substance et de la réduire
en poudre pour se convaincre que ce n'est qu'une matière
terreuse qui ne contient pas un atôme des métaux précieux
dont elle offre l'éclat (1).
Les rocbes du Morvand > selon que l'un ou l'autre des
deux premiers éléments domine plus ou moins , forment
donc un grand nombre de variétés passant des unes aux
autres , et souvent au porphyre , par des nuances insensi-
bles. Mais la plus commune est le granit rougeâtre rendu
friable par une espèce de décomposition de la matière
feld-spathique dont est formée l'arène si souvent employée,
au lieu de sable , dans les constructions.
Malgré sa nature granitique , le Morvand offre très-peu
de ces formes anguleuses et de ces escarpements abrupts
que présentent ordfaiairemenl les terrains prinyï^ On n'y
voit point de cols presque infranciilssables comme dans
les ciiaiiics de la l^zère , des Pi/renécs et des Alpes ; cela
est dû à II tendance générale du granit à se désagréger.
Toutes les montagnes » à peu d'exceptions, offrent au
contraire des penles douces livrées à l'agricutture ou cou-
vertes de magnifiques forêts, source de ridhesses pour les
propriétaires.
Ces forêts , dont les principales essences de bois sont
le chêne, le hêtre, le charme, le bouleau, le tremhie,
V aulne ou veme, s'exf^oitent en bois de moule pow
l'approvisionnement de la capitale , ou se réduisent en
charbon pour la consommation des forges du voisinage.
•l .\iA»!e-Boni||R, p. iOO, et m
Oigjtized by
LE MOR\ ANO. 5
Le gouvernement et quelques riches particuliers coupent à
blarw, mais la plupart des propriétaires coupent m furetage,
ce qui se fait en abattant les plus gros arbres seulement
Ce modo d exploiialion s'appelle encore jardiner.
Le transport de tous ces bois s'exécute par les rivières
û* Yonne et de Cure, et leurs principaux affluents» au
moyen du flottage à àûches perdues, ce qui consiste à les
lancer à l'eau et à les abandonner ensuite au courant
L'invention de ce genre de transport , si facile et si
économique , est due à Jean liouvct , bourgeois de Paris,
qui imagina, en 1549 , de jeter ainsi des bûches dans la
rivière de Gure^ en Bas-Marvand» La ville de Glameey,
en élevant, le 8 octobre 1828 , un buste à cet immortel
bienfaiteur de nos monti^es» a rempli un devoir sacré
de juste reconnaissance (1).
Avant d'arriver au flottage , il faut se livrer à diverses
opérations préalables. D'abord a lieu la moulée on coupe
des bois qui se fait pendant Fbiver, puis viennent le charroi
et l'empilage sur les ports , au bord des rivières et des
ruisseaux Oottables. Ce travail s'exécute dans le cours de
l'été. Ëniiu a lieu le martelage , c'est-à-dire l'application
de la marque de chaque marchand de bois aux deux bouts
des bâches qui lui appartiennent, afin de les reconnaître
plus tard. Ce moyen, facile pour éviter les inconvénients
d'un mélange général, fut inventé en 1598. Avant cette
époque, les marchands comptaient leurs biiciies et en
retiraient ensuite une quantité proportionnelle, tant d'une
essence « tant d'une autre (2).
LorsqiK le bois est reçu par le facteur ou garde de
rivière de chaque marchand, cl que le moment du /lot
est arrivé, toutes les populations du voisinage se lèvent»
et les bords des rivières et des ruisseaux, que l'on
(t) L'iSrection do ce buste est due à rinitiative do M. Dupln ainé » alors
député de la Nièvre.
(S) Archiv. nationales.
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6 LR MORVAND.
grossit à volonté à l'aide d'étangs, se couvreut d'iiomines
et d'enfants auxquels on donne depuis 30 cent Jusqu'à
1 tr. 25 cent par Jour. Les uns Jettent le bois à l'eau,
et les autres, armés de longs crocs, s'échelonnent le
long du courant pour surveiller le Ilot et empêcher que
la gouLeiie, ou milieu du lit de la rivière resté libre, ne .
se ferme.
Mais rétrolt passage vient-U, par l'Inadvertance ou
l'impuissance de quelque surveillant , à s'obstruer, alors le
bois s'amoncelle au loin , et l'oau rclluo ou s'échappe ù
travers les bûches en bouillonnant. A l'instant la vallée
retentit de cris confus, et les flotteurs accourent à toutes
jambes^ d'aval et d'amont, pour déprèndre,
Rfen n'est plus curieux que cette opération qui exige
quelquefois des clTorts lon^s et pénibles, mais aussi par
moment, ne demande que l'arrachement de quelques
bûcbes. Alors la rôtie ^ ou masse de bois arrêtée, s'ébranle
tout à coup et s'élance avec un bruyant fracas aux
applaudissements de tous les travailleurs. On voit , dans
ces circonstances, les bûches sauter, pirouetier, et quel-
ques-unes voler en éclats. Le saut de Gouloux surtout
oifre un intéressant spectacle en ce genre. Le bois , en
se précipitant de sept à huit mètres de haut, cause un
tel fracas, que tous les échos de la vallée en retentissent
au loin.
Arrivé à Clamecy ou à Vermenlon, le bois de moule,
retenu par les arrêts placés dans la rivière, est ensuite
retiré de l'eau et déposé sur le rivage. Alors commence
une autre opération (1), celle du triage ou séparation de la
marque de chaque marchand. Ouaud les di\ ers lois sont
ainsi tirés à part sous la surveillance des facteurs, et que
les dilTéreutes essences, comme le bois gris ou le chêne
et le charme, la traverse ou le hêtre, la mcnuise ou le petit
• 1} Vulgairement te iricagt.
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LK MORVAND. 7
bois» ont été placées séparément» les marchands se rendent
à Paris poor en opérer la vente.
Les commerçants de la capitale, après Tacquisition»
viennent à leur tour à Claniccy et à Vermenton , et font
remettre le bois h l'eau pour le conduire dans leurs
chantiers ; mais le transport ne s'opère plus de la même
manière. On lie ensemble» an moyen de karu oo rouettes»
de longues perdies arec lesqneUes on forme des espèces
de radeaux» puis on y dépose le bois; c'est ce qu'on
appelle trains. Chaque train se compose de vingt -cinq
décastères ou cinquante cordes de bois environ» et il suffît
ensuite de deux hommes pour le diriger.
L'invention de cet autre moyen de transport» si utile
an commerce » est due à Jean Sallonnyer , de Ghâteau-
Ghinon , et date de 1 598. Cette seconde découverte
acheva de perfectionner celle de Jean Kouvet, et l'indus-
trie du flottage fut acquise au Morvand. Néanmoins, il
restait encore une difficulté à vaincre pour les forêts pla-
cées à la source des grandes rivières ou éloignées de leur
cours. Le transport de leur produit, à travers des mon-
tagnes escarpées , des vallées étroites et roclicuses , était
extrêmement dispendieux et en absorbait presque la
valeur. Simon Sautereau» d'Arleuf» mort en 1768^ se
diargea de parer à cet inconvénient en balisant le lit des
rivières et des ruisseaux , et en construisant , à leurs
sources, de \astes étangs, au moyeu desquels ils lurent
rendus flottables (1).
Aucun pays n'offre peut-être autant de cours d'eau que
le Morvand, Du pied et des ûnncs des montagnes il sort une
infinité de petites sources, qui forment d'abord de légers
et clairs ruisseaux. Ceux-ci , réunis au fond des vallées, se
changent tout à coup en torreuts impétueux » et bientôt
en rivières oii vivent différentes espèces de poissons parmi
^1; Ari'hiv. nationales i fitscript. lumulairc.
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8 L£ MORVAND.
lesquels lu truite tieot le premier rang. Toutes ces eaux
coulent dans deux directions opposées et sont reeueiUies,
an sud» par la IMre, an moyen des rivières d'Htvn et
HtArroux « et , an nord , par la Seine , où elles sont yersées
par Y Yonne, grossie du Serain et (le la Cure, et celle-ci
du Oouâain (1) et du Chalaut.
Les affluents les plus importants de TAron , qui sort d'un
vaste étang de ce nom^ situé an centre du département de
la Nièvre, sont : VHalène, qui descend de Luzy ; la Van-
denesse ou Rivière des vwntagnes , qui vient des vallées
d'Onlay et de Villapourçon ; YAnizy, formé du Gara et du
Guignan, qui se réunissent à Moulins-£ngiibert; enfiirle
Vetum, qui sort des environs de Saint-HIkire.
Ceux de L'Arroux» dont ta source est en Bourgo*
gne, près d'Amay-le-Duc , sont : le Méehet, qui descend
de Verrières; la Vesrre, qui vient de la Celle, et la
Tiwaine ou Tarnin , aussi nommée Creusevaujc, qui
descend de Saint- Léger- de -Fourdies. Aucun de ces
cours d'eau n'étant flottable , les produits des f6réts de la
partie méridionale du Morvand s'écoulent par le canal du
Nivernais ou par la ri\ière d'Yonne (2).
Celle-ci , la plus considérable des rivières qui coulent
du sebi de nos montagnes, est aussi la plus connue &
cause de l'honneur qu'elle a de donner son nom à un
département , et à cause de l'immense commerce de bois
qu'elle favorise. Sa célébrité n'est pas nouvelle. Dès le
temps de la conquête romaine, elle était » sous le nom de
Déesse Icaune, vénérée des Celtes du Morvand et de toutes
les populations riveraines. M, c'est un autel grossier,
formé de bloc de rochers de granit, que le droidisme
élève îi son honneur ; là , ce sont des statues gigantesques
que le paganisme de Home et de la Grèce lui dédie. Sur
I (Ml écrit vulgairement CoiMin. mais nous avons préféré roHogrnpho
(le Cotii (('p<'>(> . comme plus conforme au latin cotaniu.
{V, Jcuuna.
Oigjtized by
LR MORVAND. 9
la base d'un monumeat de ce genre , trouvé à Auxerre
en 1721, on lisait :
AUG. SAGR. mm,
ICAUNI
T. TETRICUS ÀFRICAN.
D. S. 0. D.
Auprès de' rinseriptioii gisaient les débris d'une statoe
colossale qui étaient sans doute , dit l'abbé Lebccuf , leÈ
restes de celle que T. Tétricus TAfricain avait érigée à la
gloire de la déesse dont les bienfaits enrichissent encore
la dtéanTcerroise (!)•
L'Yonne, ain^ qae les flenves les pins Importants,
n'est, k son origine, qn'nn faible misseau connu dans
Tendroit sous le nom de Belleperche. ïl sort d'un petit
étang, situé en face du hameau des Lamberu, dans la
eommime de GMix, et se précipite ensuite, de caseades m
cascades, Jnavi'an fond d'œie étroite vallée couverte d^
sombres forêts. Llranible torrent se grossit bientôt de
dnq ruisseaux , savoir : celui dits Moines ^ ceux de Prc-
perny, de l2LProyc, de la Mothe et de Fadien, et c'est
alors seulement que, devena rivière, il prend le nom
d'Yonne. Une .rigole de dérivation, creusée sur ses bords,
porte nne partie de ses eaux dans le canal du Nitenais,
au point de partage de la vallée de son nom et de celle de
TAroD.
Les principaux affluents de TYonne wat : VH^iusière,
formée de trois misseaax flottables qiâ descendent, de
Frétoy et de Plandiez ; cenx de Mignage et dn Bruys , qid
hd amènent, l'un les bois d'Ouroux, et l'autre ceux de
Blismes; VAnguison, qui sert à Fécoulement des produits
forestiers de Gâcogne et de Yaudaix; VAuxois, qui em-
(1} htxiavY, riistt. d'Aiixmre, — Cbardou» BUt. dt la viUe d'Atuterr*,
— Hi.tRY , Uitt. de Seignelay.
t
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10 LE UORVAKD.
mène ceux de la vallée de Lormes; et enfin la Gore,
qu'elle reçoit à Gravant
Cette dernière^ la seconde des rivières du Morvand,
s'appelait autrefois Cfwrs (ChoraJ , du nom d'une ancienne
ville» située sur ses bords, mais dont remplacement est en-
core un sujet de controverse parmi les savants. Elle sort d'un
étang de la commune d'Anost, au département éeSoène^-
Loire, qu'elle quitte bientôt pour entrer sur le territoire
de Gien, village du canton de Montsauche, et traverse
ensuite le vaste marais des Sétons, où elle reçoit le Mar-
eannay et devient flottalde. On travaillait à convertir cette
plaine tomrbeuse en un Immense étang, qui aurait présenté
l'aspect d'un lac, lorsque la révolution de février I8/18,
en renversant le trône de juillet, lii abandonner ce projet.
L'exécution de cette entreprise eût -elle été un bien
pour le Morvand? nous l'ignorons; toutefois, elle était
en èUe-même peu dispendieuse, puisqu'une chaussée de
quatre-vingts mètres au plus eût sufll pour réimir les
hauteurs Outre-Cure et du Mort, et faire refluer les
eaux de la rivière à plus de quatre kilomètres en amont. Il
est probable que plusieurs générations s'écouleront avant
que les travaux des Sétons soient repris.
La Gure^ après s'être grossie de plusieurs ruisseaux,
de la rivière de Clialaut, qui vient d'Ouroux , reçoit enfin
le Gousain ( Cosanus ), son principal et dernier affluent
Gelui-d, autrefois flottable, est la troisième rivière du
Morvand. Use forme de la Causaine ou Trindin, qui des-
cend de SaInt-Léger-de-Fourches, et du ruisseau de Tmir-
nessac, qui vient de Saint-Didier , et c'est à leur confluent
seulement qu'il prend le nom de Cousain. Ses bords, aux
environs d' Avallon , sont extrêmement pittoresques.
Oigitized by
Le sol du Blorvand étaot exdudvemeiit granitique, on
peut en conclure que les minéraux doivent y être peu
nombreux et communément peu abondants. En effet , les
mines qu'on y remarque ne sont^ à proprement parler,
qae des accidents presque sans importance. Les princi*
panx métaux que recèlent les flancs des montagnes , sont :
Vargenty Yétain, la galène, la blende sulfurée^ le cuivre
carbonate et le fer hydraté, oligiste et sulfure. Les deux pre-
miers se rencontrent à La Place, hameau de la commune
d'Alligny^ où ils furent exploités infructueusement en 16&0.
Une seconde mine de plomb argentifère lut déoouTertê,
en 1745, à Pierreperthuis , et une troisième à Uzy près
de Domecy-sur-Cure, cinq ans plus tard.
La galène ou plomb sulfuré ^ la blende sulfurée oaiinc^
la chaux et la liaryte fluatées^ qui s'accompagnent presque
toidours, n'offrent aucun gisement inqiortant; on ne les
12 LE MORVAND.
trouve même, dit M. (iillot (i), en filons réguliers, qu'à
Saint'Brisson et sous la montagne de Gamcz, h G lux. Le
minerai de fer se remarque au Yernet, près de Sémelay,
<ît h Ghamprobert, au nord de Ghiddes, où il semble avoir
été exploité anciennement.
On tire h Saint-Léger -de-Fourcherct, une poudre d'or
ou mica qu'on emploie daus les environs pour sccber
récriture. La mine ^ qui se trouve presque à fleur de terre ,
. s^étend^ dit-oo» Jusqu'à Quarré-les-Tombes. On assure
qu'il existe auprès du moulin de Mont^Jouants à peu de
distance de Cliiddcs,une masse considérable de /laolin
ou terre à porcelaine parfaitement blanche > et qu on en a
remarqué en divers autres endroits. même substance
avec la couleur rouge est beaucoup plus abondante;
mais elle ne parait pas devoir être employée de long-
temps, précisément à cause de sa couleur.
Au hameau .de Champrobert dont nous venons de
. parler, se trouve une carrière de calcaire saccharoide, ou
marbre statuaire blanc, qui semble se prolonger jusqu'à
celui du Yemet, an nord de Sémelay ; elle sert de gangue
à un beau minerai de fer oligiste. Les fragments de
marbre identique, observés dans les ruines d'anciennes
constructions attribuées aux Bomains, font penser qu'ils
connurent et exploitèrent cette carrière; les fonlUea
qu'on remarque dans Fendroit confirment en outre cette
opinion.
Un des principaux établissements fondés en Morvand %
par ces anciens maîtres du monde, est celui des EouaMte-
NUmé (aqm Nismei), Indiqué dans la carte de Pentinger,
et connu aujourd'hui sous 1& nom de Sednt-Honori, Ces
thermes, autrefois célèbres, et maintenant encore bien
fréquentés à cause de leur efficacité contre les maladiea
cuttinte, se ocMnposMit de neuf iwits cmséS'au pM 4'ane
*
(1) AmwWe dt la Ifièvrt.
Oigjtized by
IB MORYAMIX IS
botte de six ou sept mètres d'éléfatlon. Après leur rafae ,
en 731 (1) , ils restèrent onze cents ans ensevelis sous une
masse de décombres accumulés par le temps.
n parait iodubitable que le sol morvandeau fut antre-
au moins daas quelques endroits^ bouleversé par des
lieux soaterrateSL On retrouve, il l'est de MooHns^iigtibert)
<les vestiges d'anciens cratères et des matières calcinées
qui en attestent encore l'existeuce.
Tout le m<Mide sait qu'un sol granitique est naturelle-
ment péu lèrtile ; auasite BforvandnesedM&iguepaspar
la variéCé et l'abondamce de ses prodnetfons. M tersahi
maigrre et sec , qui n'est rendu productif qu'à force de
soins et d'engrais, une température froide et brumeuse
s'opposeront toujours à ce qu'il devienne riebe et fertile,
néanmoins, Fagrieniture y a fait de grands progrès, et la
plupart des habitants ont va leurs eflbrts couronnés , sinon
d'un plein succès, du moins d'une réussite capable de les
encourager. Mais ici , plus que partout ailleurs , les capi-
taux manquent, et les cultivateurs, généralement pauvres,
ne peuvent Êdre les dépenses que oomporteralent leurs
propriétés sous le rapport des améliorations. La diaux,
qui depuis long-temps est employée en Angleterre , et
qui a été tentée avec avantage dans le déparlement des
Landes, l'un ûs& points les plus stériles de la France,
se trouve trop éloignée, et coûte aussi trop cber pour
devenir d'un emploi commun. Pourtant on peut dire que
le Morvand produit aujourd'hui à peu prés tout CQ qui est
nécessaire ù la consommation de ses habitants.
Le têigU, à l'aide d'engrais formés avec des détritus
d'aidmanx et de végétaux, réussit partout On y récolte
aussi on peu de bié on froment dans les enclos ndgairo-
ment appelés ouches; ï avoine y abonde. iJX pomtiie de terre,
<\) Qucli|uos écrivains fout remonter leur destruction au coinincnceDkent
• <tu cinquième siècle. (T. l'art. 8aint-Eonoré.)
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14 LE MOUVà.>D.
dont laeultnre s'est accrue d'une manière prodigieaae,
y est d'une qualité miment supérieure.
Ce précieux tubercule, si nécessaire à In subsistance
de nos Morvandeaux , fut apporté en Kurope par l'anglais
Walter-Rawelegh, eu 1590, et ne se répandit en France
que cent quatre-vingts ans tprèSL Une ignorante prévention
le fit long-temps rejeter tantôt comme occasionnant la
lèpre , tantôt comme engendrant des lièvres intermittentes.
On sait qu'il ne se propagea que dans la dernière moitié
du dix-iiuitième siècle» et que c'est à Antoine-Augustin
Panneptier, natif de Mondidier, en Picardie , que l'on
doit cet avantage. Cet liomme, bon pharmacien et agro-
nome distingué , ayant obtenu du gouvernement une
concession de terrain de vingt-six hectares dans la plaine
des Sablons, dont la stérilité n'avait encore pu être
vaincue» y planta des pommes de terre» et obtint» en
dépit des plaisanteries publiques» une heureuse récoHe.
Au mois de juillet, il recueillit des fleurs de la nouvelle
production et en composa un bouquet qu'il offrit à
Louis XVL Ce prince , qui avait favorisé l'entreprise »
daigna en orner sa boutonnière et donna ainsi un nouvel
encouragement à Parmentier. Un second essaie tenté dans
la plaine do Grenelle, ayant réussi également, dès-lors
la culture du précieux tubercule fut décidée. La pomme
de terre» dit un auteur» aurait dû ê^e» en conséquence»
appelée Patmentière.
te sarrasin, venu cent ans plus tôt des contrées brû-
lantes de l'Asie , ne s'acclimata qu'après un laps de temps
considérable ; il est lui-même fort répandu, (irâce à ces
deux utiles végétaux» les habitants de nos montagnes se
trouvent à l'abri de ces affireuses iîamines qui» autrefois»
désolaient si souvent le pays, et des terribles ^idémies
qui en étaient la conséquence.
La vigne n'est cultivée avec quelques succès qu'à
basoches» à Pouques» à Dun-sur-Grandry » à Saint-
Digjtized by
Pérense, à Maalios-EDgilbert, à Saint-Honoré, à Sémelay
et à Lucenay. La navette et le chanvre réussissent presque
partout On récolte dans les communes d'AlUgny, de
Mouxy d'Ouroux^ de Planchez et de Saint-Martin-du-Puy,
en octobre et en novembre » d'exoeltoits petiu nwtets
justement renommés et très-recherchés des gonnnet&
Les fruits sont généralement peu abondants en Morvand
à cause des gelées du printemps qui surviennent souvent à
répoqlie de la floraison^ et leur qualité , si peut-être on
en excepte la pomme , est infârienre à celle des f raito des
contrées voisines. Les communes d'Ânost, de Gossy, de
la Grande -Verrière, de Préporché, de Saint -Honoré, de
Saint-Légcr-sous-Beuvray et de Saint-Prix fournissent des
noix» et surtout beaucoup de châtaignes^ qui sont, quoique
petites, esthnées à cause de leur natore forinevae. Les
montagnes produisent des simples telles que la gealianey
Teuphraise , la bétonie , la véronique des bois ou thé de
Bourgogne, la petite centaurée , l'épatique de fontaine,
la camomille, le pied-de-chat rouge et hlaoc, le serpolet,
la digitale pourprée et autres.
Parmi les animaux domesHqQes que nourriHent les
Morvandeaux, nous citerons, en première ligne , l'espèce
bovine , l'une des principales ressources du pays , et la
branche la plus importante de son commerce* l a race
morvandelle s/à distingue pair la laigenr du coffre la
beauté des cornes , la régularité des formes et la éMribo-
tion franche et vive- des couleurs. Elle a généralement les
jambes grosses et courtes, mais elle est forte et vigou>
reuse ; c'est un type particulier, uu pur sang.
Les .bœuis, presqne exclusivement employés dans
Tagricnlture et le service rural , sont forts et adroits , et ,
par conséquent, très -propres aux charrois auxquels se
livrent la plupart des habitants. Il est beau de les voir
cheminant lentement et mesurant leur démarche sur la
voix chevrotante el le chant langoureux particulier m
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16 .LE MOKVAKD.
gens du pu^ s ; {)renaiiC leurs précautions dans les des-
centes raides et abruptes; s'avançant plus hardiment à
ces mots prononcés avec assurance : « Va toujours , n'aie
pas peur; » et enfin luttant , admirables de patience » de
force et de courage , contre les difficultés presque insur-
montables d'un chemin étroit et escarpé. Mais cette race
est , en général , moins propre à l'engraissement que la
cliaroUaise ou la nivcrnaise.
Le Morvand possédait aussi jadis une race chevaline qui
lui était propre. La conformation quelque peu défectueuse
de ces animaux , leur tête grosse et commune , leurs
formes souvent peu gracieuses les faisaient repousser des
. amis du luxe et de l'élégance ; néanmoins , ils jouissaient
d'une réputation bien méritée à cause de leur excellent
service^ et se payaient fort cher. Éterés dana les bote
comme des animaux sauvages , vivant de peu, les chevaux
morvandeaux étaient agiles , vigoureux et surtout infati-
gables. Ils étaient très -estimés de Tarmée et regardés
comme éminemment propres au service de la cavalerie
légère. Il est fâcheux que Tamour du ûivole et du luxe
ait ihit d^réfsler cette raoe , tellement que les reproduc-
tions devenant de plus en plus rares^ il n'en restera IrfentOt
que le souvenir.
Les Morvandeaux nourrissent aussi de nombreux trou-
peaux de moutons et de porc& Les prenden sônt d'une
maovâlK espèce, et leur laine» courte et irisée, est de
mince qualité. On peut dire que le climat, en général, ne
convient pas à la race ovine. Chaque année , en effet , le
froid, l'humidité et les longs hivers en font périr une
parUe, tandis que Tautre d^énère de plus «n plus.
Il n'en est pas de même du porc» que l'on engridase
fadfemeflt à l'aide de la pomme de terre et du sarrasin;
sa chair est bonn-j, la graisse et le lard sont excellents. Ce
■
dcfuier sert à Tassaisounement quotidien des mets de nos
nonrandeaux qui s'en montrent très-ûriands.
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L£ JttO&VANIX 17
Bien qu'aujourd'hui encore on Mve beanooup de pimt-
ceaux dans nos montagnes , cette spéculation a néanmoins
perdu siuguiièrement depuis l'invention du flottage qui a
détruit la glandée. Durant l'époque gallo-romaine » diver-
ses localités comme Préporehé, VlUaponrçott...., étalent
spédaiement affectées à ce genre d'faidastrie. An moyen-
âge, les vastes forêts qui couvrent le pays servaient
encore de paisson à d'innombrables troupeaux de ces
animaux. Chaque seigneurie , chaque monastère , diaque
presbytère même nourrissait plus osi moisis ée porcs.-
L'ablHiye de Begny» entre antres, en avait cent qui
pacageaient dans l'étendue de la châtellenie de Lormes,
en vertu du droit que lui en avait donné le haut et puissant
baron du lieu (1).
Les forêts du Morvand, ainsi que nous l'avons remaïqué
plus liant, étaient anfreltols peuplées d'ours et autres bêtes
fiâroces ; mais aujourd'hui on n'y rencontre que des ioups ,
des renards, des sangliers, des chevreuils, des blaireaux,
des lapins, des lièvres. Plusieurs terriers seigneu>
riaux démontrent qu'U y existait aussi des cerûL Celui de
La Rocfae-Milay , entre autres, U3i réserve , en accordant
le droit de chasse au seigneur de Bhnères^ des prises de
cerf ou biche qn'û devait rendre au cliàteau de La Roche,
sous peine d'une amende arbitraire.
Le Morvand, dans son ensemble , présente tm aspect
sombre et sévère qui porte à la raéllmcoUe. Néanmoins,
11 n'est guère de contrées qui offrent à l'amateur des
charmes plus variés et partant plus r^écréatifs. Tantôt,
en effet, le pays se montre riche du travail de ses habi-
1) Dotn riE(jnut> ViûLK , Uisl. manuscr. de Regny.
Aubert, sire de Darnay, en Bassiijny, avait octroyé la pcsson por CC.
pon et touÊea poitum à pon en tom §e$ bois, ix Tabbaye de Horimond. Ce
monastère comptait plus de vingt porcbeiiw diaaémiaées. daM les forêts
du Bassigny, et dont chacune contenait de deux h trois cents porcs.
(L*abbé DvBois, Bitf. de Mùrimwul, p. S46].
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18 LE MORVÂTID.
taiu , les flancs des mcHitagiies et les coteau a^antoent
couverts de riaiites moiasons; tantôt, an contraire, il se
présente sous les traits quasi repoussants d'une marâtre
qui se ferait un barbare plaisir de refuser à ses enfants
les choses nécessaires à la vie ; à peine prodnit-ii de la
bruyère et quelques genêts rabougris. Id, coiq^ en tous
sens de champs cultivés ou en jachère, de prairies que
l'abondance et la fraîcheur des eaux entretiennent toujours
vertes , de bouquets de bois où se montrent la digitale
{K>urprée et le muguet odorant , la nature est riante et
fleurie comme une Jeune vierge le jour de ses noces; Ut,
morne et sOendeux, sa teinte rembrunie et sauvage jette
dans l'âme des sentiments involontaires de tristesse et de
mélancolie.
Âu sommet de cette montagne, le spectateur^ joyeux
et content, respiré un air aussi pur que bienfaisant, tandis
que ^ ceil se promène avec ravissement sur des villes,
des villages et des hameaux sans nombre , et ne s^arrête
que, lorsque fatigué, il se noie dans un liorizon vaporeux
et n'aperçoit plus que Tair et les montagnes confondus.
Au fond de ce ravin, an contraire, il sent sa poitrine
comme oppressée, et no voit , à trayers les rochers et les
arbres qui s'y cramponnent , que les nuages , en globes
bizarres , glisser rapidement par-dessus sa tête.
Le touriste, dans sa course vagabonde, rencontre
devant ses pas tantôt un ravin profond où bondit un
tmrrent inqpétaeux, tantdt un rocher gigantesque noird
par le temps et déchiqueté par les orages. Id , il promène
avec bonheur ses regards sur une verte et riante prairie;
là , sur le sommet d'une gracieuse colline , où paissent en
silence de nombreux troupeaux. A droite, il contemi^e
avec étonnement un hameau comme suq^endu au flanc
d'une hante montagne ; à gauche , il Toit^ avec non moins
de surprise , quelques chaumières comme abimées au fond
d'une étroite vallée.
Oigjtized by
LE MORVAiND. 19
La route, à son tour, s'allonge devant lui, tantôt
comme un gràdeux ruban, bordé de deux h^ales de mois-
sons^ tantôt en décrivant les plis et replis d'un énorme
reptile. Ici , il parcourt avec elle de riantes campagnes ; là ,
il s'enfonce avec le cbemin dans une sombre forêt, autre-
fois séjour de quelque vieux druide dont elle ombrage
encore le dolmen.
Le pays , en un mot, est tellement parsemé de mon-
tagnes et de ravins, de champs et de bois , de prés et de
ruisseaux y d'étangs et de rivières , de chemins escarpés et
de routes sinueuses, que Fart et la nature semblent s'être
entendus pour en faire une contrée à part
La température du Morvand est généralement firoide et
très-variable. Les hivers y sont longs et rigoureux, le
froid dur et piquant. La neige y tombe de bonne lieure et
disparaît lard; les gelées y sont fortes et fréquentes^ £n
revanche, pendant Tété, les chaleurs, produites par la
concentration des rayons du soleil dans les vallées et les
gorges des montagnes, s'y font vivement sentir. Sou-
vent il est presque impossible , vers le milieu du jour , de
demeurer les pieds nus sur le sol, et, tandis que sur les
montagnes on respire encore un air vif et frais, dans les
vallons il règne une chaleur vraiment étoitfBuite. Aussi la
végétation, qui commence ordinairement fort tard,
marche avec tant de rapidité , que les arbres , en quelques
jours, se couvrent de feuilles et de fleurs, et tel qui, la
veille, semblait ne pas ressentir rinfluence du printemps,
se trouve le lendemain en pleine sève. Les moissons',
encore en herbe vers la fin de mai, mûrissent presque
aussi vite que dans les pays de plaines.
Les orages, attirés par les forêts, sont fréquents en
Morvand et y causent souvent de grands dégat& C'est un
moment vraiment effirayant que celui oh des nuages, aux
flancs ténébreux et chargés d'électricité , s*abattant tout à
coup sur les montagnes, y éclatent ensuite eu bruyants
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20 UMtOnVAMD.
€oap8 de tomerre, cpie répètent au loin les échos des
bofs et des vallées, n se feit alors on si horrible fracas , que
l'on serait tenté do croire que le ciel ébranlé va s'aflaisser
sur la terre épouvantée, ou que celle-ci, croulant sur ses
fondements, va s'abtmer sous de si fortes secousses.
Pendant le dlence de mort qui précède les plus pros
coups, et surtout lorsque l'édair^ en loog serpent de feu,
sillonne subitement la nue, on voit les femmes et les
timides enfants, saisis d'effroi » se signer dévotement et
même se i)oucher les oreiiles.
Le Monrand est peut- être de toutes les contrées de
la Fhmce, celle qui conserve les plus nombreuses tra-
ces des anciennes dominations qui , à diverses époques ,
ont pesé sur la patrie. Les souvenirs et les monuments
iiistoriques s'y rencontrent presque à chaque pas; on croi-
rait que c'est là spécialement, sur le sol granitique comme
le plus solide, que chacune avait voulu imprimer son
sceau et laisser aux générations futures un témoignage
autlientlque et toujours subsistant de sa grandeur et de sa
puissance. Parions d'abord de l'ère celtique.
Le gouvernement des peuples de Pandenne Gaule était
easenttdlement théocratique et sacerdotal : les monuments
du culte devaient donc venir en première ligne ; aussi
sont-ils à peu près les seuls qui nous restent de cette
époque oii la nature était presque l'unique arciûtecte
comm. Ces monuments, bruts et grossiers comme les
peuples dont ils rappellent le souvenir, se rencontraient
encore naguère tantôt à la pointe des collines , tantôt au
fond des plus profondes vallées, mais toujours îi l'ombre
des forêts les plus solitaires, les plus désertes. C'étaient
des kramlechs, sorte de longue avenue sacrée faite avec
des blocs de granit placés en deux files droites et recou*»
verte de même ; des champs de menhirs, ou enceintes rell-
gipuses , dont les peuples n'approchaient qu'avec un res-
pect mêlé de crainte, et qui consistaient aussi en d'énormes
Oigjtized by
us MORYAND. 21
Uocs de rocberftilcliés en terres espacés entre eux; de»
dolmens ou autels sur lesquels les dndâes immolaient leurs
abominables victimes en l'honneur des dieux cruels de la
Gaule ; ils se composaient ordinairement de trois quartiers
de roches dont denx^ piUoés verticalement , 'servait
de bases au troisième, sur lequel était gravée «ne forme
dé cadavre humain avec des vases bizarres destinés
à recevoir les diverses parties du corps de la victime
comme le sang^ le cœur, le foie et les entrailles; des
peulvens, ou longues pierres verticales et isolées dont om
ne connaît pas bien l'usage; des pierres branlâmes for-
mées d'un énorme rocher posé sur un autre qui lui ser»
vait de base ou de pivot , mais tellement d'aplomb , qu'un
seul homme pouvait le mettre en mouvement. Les com-
munes d'AUigny, d'Anost^ d'Avallon, de Ghateau-Ghinon,
de Ghâtin, de Dnn-les-Places, de Glux, de Lormes^ de
Marigny-rÉglise, d'Ouroux, de Quarré- les -Tombes ,
de La ilochc-Milay, de Saint-Agnan , de Samt-Brisson,
de Saint- Andeux , de Saint-I^ger-de-Fourcheret/de
de Saint-Martin-du-Puy, de Sémday et de Villa-
poorçon renfermaient de ces sortes de • monuments
dont la plupart attestaient une force presque snrfanmahie
chez nos pères. Ils ont disparu depuis que nos I^Iorvan-
deaux se sont accoutumés à travailler le granit et à l'em-
ployer dans leurs constructions. On les nommait vulgai-
rement pierres-de-iarvierge ou rœhes'dei^fées, à cause des
dmidesses ou vierges gaidoises qtâ pratiquaient l'art dota
divination et avaient su, par dilférents prestiges connus
des initiés seuls , en imposer au peuple et se rendre fort
redoutables à ses yeux. Les habitants.de nos montagnes
attribuaient à ces prêtresses païennes une puissamoe sans
bornes^ et Jadis encore tont ce qid frappait ffanagination
populaire et paraissait, par la rapidité de l'exécution
ou l'importance de l'œuvre en elle - même , dépasser le
pouvckhr d'un homme ordinaire , éuit auribué aux fées.
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22 LE U0RVÀI4D.
C'étaient elles qui avaient bâti ce vaste cliâtean, sonlevé
cet énorme rocher, coDStniit ce chemin ferré (1) , détoarné
cette rivière , élevé cette montagne
A chacun de ces monuments agrestes s'attachait tou-
jours une curieuse et souvent e&ayante légende. Ici,
Cétall une (Me dame bUmehe qak, à eertains moments
du Jour ou de la nuit, apparaissait sur la pierre et
semblait s'entretenir mystérieusement avec un être invisi-
ble; là, une horrible procession qui, pendant les ténèbres
de la nuit, à la lueur kicertaine d'une torche, tournait
autour du rocher; puis un bruit conAis, des voix stri-
dentes, des cris plafantife, des refrahis barbares; puis
un affreux silence ! Ne retrouve-t-on pas dans ces
sombres récits Tliistoire des druides et des lugubres céré-
monies de leur culte sauvage? Ces voii, ces cris, ces
chants, ne nous rappellent-Us pas leurs cruels et saofl^ts
sacrifices ? Ne soyéns pas surpris de rencontrer en Hor-
vand, plus que partout ailleurs, des monuments et des sou-
venirs celtiques; nous montrerons plus bas que les druides,
persécutés par les empereurs romains, avaient demandé un
asQe à nos montagnes, et qu'au sixième siècle, les épaisses
ftiréts du pays en étaient encore peuplées.
L'époque gallo-romaine, qui commença en l'an 52
avant Jésus-Christ, pour finir à l'invasion des Bourgui-
gnons et des Francs, et dura ainsi près de dnq siècles, a
laissé aussi sur notre sol de nombreuses traces de son
passage. Ce sont d'anciens postes militaires ou camps
retranchés comme au BeuvTay, à Alligny, à Avallon, à
Dun-les-Places, à Bar, à Gàcogne, à Moux, àlaRoche-
en-Breny ; des villas dont on retrouve des vestiges
an Beuvraf, à Ghiddes, à Onlay, à TUlapourçon , à
Arleof , à Gbâteau-Ghinon-Gampagne, à Ouroux, à lormes,
k Marigny-r£glise, à Ghastellux, à Quarré-les-Tombes, à
(1) CeBt ainsi qu*en Iforvtnd on nonim« 1m anciennes tùies romaines.
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L£ MORVAND. 23
Bmmj, à Villaigoix. • ... ; des theimes^ des tunes dné-
ralres^ des staloes, des médailtes saasiioailire, etenfti
des voies antiques , qui traversaient le pays en tout sens
et faisaient communiquer l'ancienne Bibracte, capitale des
Edaens'» avec les autres villes importantes des Ganles.
Les principales vcdes romaines qol animèrent antrelMs
le Monrand sont : i* ceUe d' Agrippa , ataisl nommée de ce
gouverneur des Gaules qni la fit ouvrir ; c'était la plus im-
portante de toutes : elle partait des portes d'Autun, pas-
sait au sud de Lucenay , à Liemais , à Saulieu , à Avallon ,
et courait ensuite sur Anxerre et Sens; 2* celle qol^ tn-
Tersant le nord-est de la contrée, se portait por Saint-*
Brisson, Quarré-les-Tombes et Saint-i'ùrc-sous-Vézelay ,
dans la même direction; elle est la plus ancienne de
toutes; Julien l'Apostat la suivit ^ en 356, poorioUer com-
battre les barbares du cdté de Sens et de Troye& Saint
Amatre « é?êqae d' Anxerre, la prit, trente-denx ans pins
tard^ pour se rendre à Autun , et Saint-Gèrmain de Paris,
au sixième siècle , pour visiter sa patrie ; 3' celle qui se
rendait à Ëntrains par les communes d'Anost, dePlan-^
chez, d'Ouroux et de Lormes. H en restait de beanx firag^
ments, que Ton a détruits ponr confeetioMerle clmmiB
de grande commonlcation qni suit la même Section;
W celle qui venait d'Autun par les Pasquelins, à l'est
d'Arleuf ; elle se bifurquait après avoir toucbé la montagne
de Gbâteau-Ghinon, au nord, et se dirigeait ensuite sur
Aunay par Saint-Hilaire, et sor Lormes par Mlière.
Une cinquième rde montait d'Autun au Ben?ray par
Saint-Prix, atteignait ensuite le village de Saint-Honoré ,
et là, se divisant eu deux brancties, se portait sur Decize,
d'un côté par Apponay, et de l'antre par la forêt de Fin-
cence et le Basais. Enfin, deux antres ëesoendalent dn
Heuvray et se dirigeaient Tune an sud , par les communes
de La Rociie-Milay , de Chiddes et d'Avrée, et l'autre au
nord, par Glux, Gbâteau-Cliiaon, Plandies et SauUeu.
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2 * LE MORVAND.
Ces antiques voies ayant été rompues par défaut d'entre-
Um, on abandonnées par suite de la décadence succes-
sive de la ville d'Ântnn , le Morvand était devenu presque
inaccessible aux voyageurs, et, par conséquent, étranger
au commerce et à l'industrie comme a la civilisation
uoderaei Des diemins escarpés, ravinés et grimpant la
ptapart péfl^lement aux sommets des montagnes pour
en redescendre ensidte avec une extrême rapidité » étaient
les seuls moyens de circulation qu'il offrit. Mais aujour-
d'hui il n'a , sous ce japport, rien à envier aux pays les
plus favorisés.
Au mogren-dge, Favide féodalité se partagea le sol
maîgra du Biorvand comme le reste du territoire de la
patrie. Les parties les plus stériles, les plus sauvages,
tombèrent» dans le domaine seigneurial. Alors on vit le
pa^s se bérisser d'une infinité de manoirs féodaux, asiles
de* maîtres ynimants et quelquefois redoutés du peuple
mois souvent ainsi religieux et bienfiiisants, bons et
• humains envers leurs sujets.
£a plupart de ces nombreux castels sont tombés sous
Id'IlH de nas discordeseiviles du quinzième et du seizième
slèèlB> 'ott mm le nuurteim déndUsseur des égaUtaires
de I71MI. On en remarque encore auJomtKInil les débris
dans les villes, dans les bourgs, villages et hameaux, sou-
vent aux sommets des montagnes ou au fond des vallées^
et jusque dans les sombres profondeurs des. forêts. Pamd
les cbâteanx qui ont édiappé à la destruction^ on remar^
que surtout ceuxde Chastellux, de Basoches, de Thoisy,
de La Roche-en-Breny, de Chassy, de Menessaire , de La
Cour-d' Arcenay , de Villargoix.....
• L'empire des idées catholiques est aussi attesté en Mor-
vand par des rrines nombrenses d'abbayes, de prieurés .
antiques, de chapelles mrales et d'oratohnes que la fdétë
de nos pères avait élevés pour la gloire de Dieu, V honneur
de la religion et le seilut des âmes.
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CHAPITRE 111.
Vaines oliservances..^..
« 4y«si un beau pays que le Morvand^ s'éiarie on asteur
» moderne (1); là, vit une race d'hommes âpre^ et rades
• «conmie la nature du sol, à la physionomie pleine
» d'expression, irancliée comme elle; des hommes à la
9 taille moyenne, trapus et Lien proportionnés ; à Tallure
» VÊae et alerte, à l'air vif et rusé, à rinstinct prompt et
« hardi, à rimagiaation forte et ardente; des hommes à
» la vie de tatlgrues et de tranquillité.... •
a lis sont grands et robustes, assez bien faits, assez bons
» iiommes de guerre quand ils sont une fois dépaysés.... »
écrivait l'immortel Yauban, dans sa Descriptiou de l'élection
de Vézelay*
Ces qualités qui distinguent, au ptiysique conmie au
moral, l'habitant du Morvand, sont dues à son origine,
;iux habitudes particulières qu'il a conservées jusque dans
ces dernières années , et enfin à la nature et à la position
élevée du pays.
Issu des anciens Celtes qui , pour se soustraire à*remi^
et à la domination des envahisseui^ sacrilèges de la patrie,
s'étaient retirés avec leurs prêtres persécutés dans les
[\) Voix â» Mùrwuid, p. v.
3
26 LK MORVAND.
sombres forêts du Morvand, riiabitant du pays, malgré
la distance des temps , maljiîré les mélanges survenus dans
la suite, n'a pas encore dépouillé entièrement le caractère
de se» aïeux.;
Vivant jadis comme eux au fond des bois, sans commu-
nication avec ses voisins, ne quittant presque jamais le
coin du monde où il était né, ne connaissant, n'aimant,
ne chérissant que soun endret, son cliocher, sai maïon,
il se faisait alors remarquer par sa nature âpre et rude ,
par ses manières brusques et peu polies. Un tempérament
sanguin , disposé aux phlegmasies , une circulation active
du sang , une peau ferme et colorée , une sensibilité
exaltée, conséquences de Tair vif qu'il respire , annoncent
ordinairement l'homme énergique et capable de grandes
actions, mais dxxsA Tbomme àrdent, colère et passionné.
Livré à lui-même, et lorsqu'il n'est pas sous l'influemîe
des passions, l'habitant de nos montagnes est bon , géné-
reux, hospitalier. Son secours et sa protection sont acquis
à rétrabger qui parcourt le pays ; H partagera même
volontiers avec hd son maigre repas sans^ espoir de rétri^
bution. Mais vif comme l'air qu'il respire , naturellement
peu endurant envers ses voisins, il s'emporte, se fâche,
se querelle pour les motifs les plus futiles.
Processif et chicaneur, unl^er délit, on arbre mitoyen,
un cours d'eau, les limites d'un champ on d'un pré, une
Injure échappée dans le feu d'une dispute, deviennent
presque toujours une cause de procès et une source de
ruine pour les familles. £n effet, un premier procès, par
Buite de l'esprit de vengeance naturel an Morvandeau
comme à l'Écossais auquel il ressemble , en engendre
beaucoup d'autres qui, la plupart du temps ^ ne finissent
que par la ruine de Tune et quelquefois des deux parties.
« Il n'y a pas, dit Yauban, dans l'ouvrage cité plus haut,
» de pays dans le royaume où Ton ait plus d'inclination à
» plaider que dans celui-là. ^
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LE MORVAND. 27
Très-déflant en matière d'intérêt , le Morvandeau se
montre^ en fait de chicane , extrêmement crédule et facile
à exploiter. Aussi, malheur à lui, lorsque poursuivant
quelque acte de vengeance > il tombe eutie les mains de
personnes peu délicates; son avoir est sacrifié.
Généralement sobre et économe, néanmdns^ ainsi
qn'Ânmiien-MarcelIin le rapporte des anciens Celtes, il se
passionne aisément pour le vin , et , lorsqu'il s'est laissé
sotijuguer par la mallieureuse habitude de la boisson , il
ne connait pins de bornes. Vainement vons loi parleres le
langage de la raison, inutilement une épouse en larme»
lui représentèra sa détresse et celle de leurs enfants , qu'il
va réduire h. une honteuse mendicité, c'en est fait, ses
excès ne fmiront qu'avec son dernier écu.
Attablé Je dimandie dans quelque cabaret de village,
il boit, diante, crie, tâpage, se qner^e, et finit quelque*
fois par des rixes sanglantes dont les tribunaux ensuite
retentissent
Ordinairement pauvre comme le pays qu'il habite « la
prospérité d'un voisin, plus heureux que lui, excite sa
Jalousie; il ne voit sa réussite qu'avec une peine secrète
et un ceil d'envie qui le portent quekpiefois à employer
des mo5 eus coupables pour la faire échouer.
Soit qu'il tînt ce penchant malheureux des anciens
Celtes, ses aïeux, soit que ce fût llmpubion de la pau-
vreté, rbabitant du Morvand se laissait jadis entraîner
fadlement à quelque acte de rapme ; aujourd'hui encore ,
il n'est sorte de maraudes auxquelles les charretiers , qui
s'en vont pendant la belle saison hors du pays, ne se
livrent presque sans scrupule. La rigueur des lois fores-
Ittres a singulièrement diminué le nombre des déiUs de
Mb.
Habile dans l art de feindre , Il s'est fait reprocher
souvent la duplicité et le mensonge. Curieux et avide de
noHvelies, il sinsinue dnuffmrnl j interroge indirecte-
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28 LR MORTAND.
ment, va , revient^ tourne sans cesse jusqu'à ce qu'il sache
ce qui pique sa curiosité.
Aussi ami du merveilleax qu'irréfléchi et indiscret , il
admet souvent comme vrais les contes les plus ridicules ,
les plus absurdes, cl les propage ensuite avec une éton-
nante rapidité.
Doué d'une imagination vive et ardente , il s'exprime
avec facilité > aime la conversation » et, dans sa grande
démangeaison de parler, s'U ne sait autre ciiose, il s'en-
treticut de son voisin, mais souvent avec plus de légèreté
que de méchanceté.
Naturellement religieux , il aime les cérémonies et les
sotennités de l'antiqne rtiigion de ses pères. Il conserve
encore cette foi simple du chrétien et cette espérance
douce et consol^inte en une félicité à venir, qui le
soutiennent dans les misères et les privations de la vie,
en même temps queUes le retiennent sur la voie glissante
du crime et du désordre. Que Dieu lui conserve long-
temps y pour son bonheur, ces deux inappréciables vertus;
car^ sans elles, livré à la fougue de passions ardentes ,
n'ayant d'autre frein que les lois civiles, il ne justifierait
que trop le dicton vulgaire :
Il ne vient du Idorvand,
Ni bon vent, ni lionne gent !
Pourtant» les populatimis du Horvand» nous le disons
à regret 5 sont loin ap]ourd'hui de l'antique régularité
chrétienne de leurs aïeux ! Les vertus patriarchales d'au-
trefois n'existent plus dans beaucoup de familles ; l'esprit
d'insubordmation et d'hidépendance a soufflé par là. JLes
vielUards ne sont plus entourés des tespeeu, des pré-
venances et de la vénération de tonte la commu&auléi
La piété filiale 5 jadis si florissante, qui faisait de l'aïeul
Oigjtized by
LE MORVAND. 29
le chef, le roi de sa petite tribu, u'y existe plus qu'eu
souvenir.
Ils sont déjà loin de nous ces temps lieoreux où rien
ne riefi ne s'entreitrenaU, ri^ ne se faisait sans
qu'au préalable on eût pris, l'avis du patriarche de la
maison ! Qu'il était beau , à cette époque de simplicité ,
de paix domestique , de voir toute la communauté , vraie
ruche humaine^ toi^ours composée de plusieurs géné-
rations, oliéir sans réplique à la voix d'un vénérable
vieillard blancU dans la firatiqne des vertus dvites et
relieuses , et soutenu d'une longue expérience J
Personne ne se dispensait alors des devoirs prescrits
par la religion ; l'aïeul partait , et' toute la famille suivait
son eiemple. L'infidélité d'un seul membre était regardée
comme un déshonneur > une flétrissure; car on ne lui
suNNMait natureflement aucone autre cause qu'un vice
grave, ou une habitude criminelle, qui ne pouvait s'allier
avec la pratique des devoirs d'un homme honnête et chré*
tien. L'incrédulité et Tindiffiérence étaient des monstres
inconnus à nos pôres, et le Uasphéme une chose hioule
parmi eux. Les seuls jurons que l'on entendit alors, étaient
tounanc et Loup-verrou. Le premier, tenu pour le plus
grave , venait , disent quelques écrivams , du nom de
Tanaris, divinité gauloise que l'on croyait présider k la
foudre. Mais c'est à tort qu'ils ont demandé à l'antique
mythologie Forighie d'un mot qui, dans la bouche de nos
Morvandeaux, n'a jamais eu d'autre signification que celle
que chacun attache à tonnerre. Le second est la même
chose que Ump-garùu ou sorcier. Nos bouleversemoits
politiques et sociaux, les doctrines perverses qui, depuis
quelques années, ont pén^ré dans nos montagnes, les
émigrations nombreuses dont nous parlerons bientôt, ont
opéré ces funestes changements.
Il n'est peut-être aucun peuple qui n'ait mêlé à la
pratique de la religion si pure, si belle du Christ, quel-
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30
LE MORVAND.
ques superstitions plus ou motos grossières et ridicules,
î/habitant du Morvand, lui particulièrement, pouvait -il
en être exempt ? Mille causes , dans ses montagnes » se
réunissaient autref<^ pour lui inspirer.de bizarres croyan-
ces et le porter k la superstition. Le druidlsme^ religion
sombre et mystérieuse , qui prêchait le culte des foirtaines,
des rochei*s et des arbres , y avait Jeté de profondes raci-
nes, et y domina long-temps après la conversion des
Gaules au diristianisme. Les monuments sacrés de ce cuite
barbare y étaioit aussi nombreux que vénérés. De là vtet
la dévotion aux arbres et aux fontaines.
Le respect que l'on portait aux premiers a disparu depuis
long-temps avec les troiics antiques qui en étaient l'objet ;
mais la dévotion aux fontaines s'est conservée Jusqu'à nos
Jours souB une forme généralement orthodoxe que loi
donnèrent les apOtres de l'Évangile, en dédiant à quelque
saint les sources en réputation. GtîUes-ci , dtis-lors , furent
estimées tirer leur prétendue vertu curative d'autjrefois
des nouveaux protecteurs dont elles portaient le nom.
Il n'est pas rare de vohr encore , le matin avant lever
du sol^, quelques femmes endimanchées s'agenouiller
auprès de certaines fontaines, prier dévotement pour
obtenir la ^uérison de la lièvre ou de toute autre maladie ,
' emporter ensuite de l'eau de la source vénérée pour les
malades qui n'ont pus^y reodre, et même y trenqier te
linges destinés aux infirmes.
La croyance aux sabbats, oit Von dansait en rond
autour du diable , qui y apparaissait sous la forme d'un
bouc et se faisait adorer, était encore naguères très-
répandue dans le Uaut-Morvand. Son origine remontait
aussi au druidisme, qui y canaerm. Jusque dans ces
derniers siècles, quelques aveugles sectateurs. Ceux-ci,
faisant un odieux mélange des pratiques chrétiennes et
des superstitions païennes^ se rendaient régulièrement,
mais de nuit et en secret, au fond des forêts les plus
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LE MO&VANIX
31
sombres et les plus désertes où quelque vieux druide , dé-
guisé pendant le jour eu pâtre ou en marcliand , leur prê-
cbait Tutigae croyance de te caste et les ôiitiait à ses rits.
Ces rAnlQB» impies et sacrUégn ftireiii désignées sont
le Doin de sabbat » et ceux qui s'y rendaient sons celui de
sorciers. L'imagination populaire, qui exagère et défigure
tout, tenait pour certain qu'ils s'y transportaient à travers
les airs « an moyen d'une graisse diabolique dont ils se
frottaient les membres.
les dnddes et les dmidesses on fées dn Monrand attri-
buaient au suc de la verveine, cueillie de la main gauche et
avant le lever du soleil , ainsi qu'à plusieurs autres plantes
sacrées parmi eux» des propriétés siirnaturelles comme
de changer les hommes en béleS) d'occasionner des ma-
ladies secrdtes» même de donner la mort Ces contes
ridicules firent croire qu'en effet , des hommes avaient le
pouvoir de se changer en loups , d'enlever les troupeaux
sans que les armes ordinaires pussent leur nuire (i), et
les magiciens ftirent craints et redoQtéSb
On s'Imaginait aussi que des hommes pmers^ antnoyen
d'un pacte avec le diable et pour une somme d'argent
convenue, étaient chargés de garder les loups au fond des
^rêts, et de les préserver de la destruction en les renier-
mant» au moment dn danger, dans quelque lien secret;
on les appelait meneurs lie Untpt, lies peisonnes soupçon-
nées de cet al&enz:mélier Paient on dijet dliorreur dans
tout le voisinage.
L'autre, le peut ^ le vilain (2), sous la forme d'une poule
noire, apparaissait aussi ^ disait*- on, à la croîMée de
çiMCre ckemmâ, an fond des Mib, à celni qui l'aillait
pendant la messe du ^ttmaache , et il lui comptait autant
(1) Pour enlever le charme , il fallait, disait-ou, faire bénir la balle ou la
mordre.
{S} Non» par lesquels les Morvandeaux désignent le diable. Us croiraiont
jurer s'ils prononçaient le vrai nom.
.12 LE MOKTANIl.
(l'arp^ent qu'il en désirait, pourvu que ce dernier lut
engageât son âme pour l'éternité, '
Les feoi-foUets, qui se nMmtrent q[aelqaefois an bord
des eaux pendant Tété, étaient aussi fort redosfés Jadis;
c'étaient, croyait-on, des etUards on enfuits morts sans
baptême, qui se faisaient un jeu criminel d'entourer la
personne qui venait à passer et tentaient de la précipiter
dans l'eau. Pour s'en débarrasser, il suffisait de lancer
dans la rivière on l'étang un morceau de bols ou une
pierre. Ces esprits malfaisants , persuadés qu'ils avaient
réussi dans leur coupable tentative, s'y précipitaient
aussitôt en ricanant
La croyance aux révélants sous la forme bumaine, à
l'apparition d'âmes en sooffirance, était é?àlem«it très-
répandue. Sans parler de l'ancienne doctrine païenne, qui'
représentait les mânes des morts rôdant sans cesse autour
(les habitations et des rochers, là, tout tendait à frapper
rimagination des gens simples et à les effirayer pendant
les ténèbres. Tantôt, en elltet, c'est un sombre rocher qnl
tout à coup se dresse devant vous, tantôt un animal sau-
vage qui fuit inaperçu. Ici, on entend comme des cris
plaintifs s'échapper de la forêt qu'agite le vent ; là, c'est la
voix du torrent qui bondit dans le l(^tain... Aussi n'est-ii
pas de hameau qui n'ait ses apparitions à raconter et ses
légendes effrayantes à transmettre.
Pendant les longues soirées d'hiver, lorsque la famille ,
à laquelle viennent toujours se mêler quelques voisins , est
réunie au complet autour d'un vaste foyer, dans lequel
brûle quelque vieux tronc d'arbre, à la lueur vadHante et
blafarde d'une lampe nourrie avec rhune de dienevfs, les
jeunes gens racontent leurs impressions de vovagcs , les
geUlvachers (1) les divers tours qu'ils ont joués> les vieillards
(l) Gailvacliera ou vacher» tjaulois ; nom »iue l'on donne aux chanclier?
qui vont , pendant la belle saison , travailler hors du pays.
Oigjtized by
LE MOnVAND.
leurs souveDirs dç jeimesse ou les traditions qu'ils tiennent
de leurs aïeux ; puis viennent les légendes effrayantes de
afieetm et de fantdmes traînant des ehalnes dans de
vieux èhâteanxy de serpents monstmenx gardant des
trésors enfoidSy ou eiiAi les récits de vieilles dironiqnes
féodales ; puis on redit l'apparition de l'âme de tel voisin •
défunt, puis les chasses nocturnes de quelque garde
mauvais chrétien (1)^ puis Taffreux. métier des meneurs de
loups 9 pois eniB les cures merveillenses que tel ^ougneur
a opérées à l'aide ûîherbes enchantées ou 4^ quelques
paroles mystérieuses.
Pendant ces sombres récits, toujours écoutés avec la
plus vive attention, souvent la neige^ poussée par le
froid aquilon^ tombe à gros flocons; de son côté, le
vent, s'eogouffirant dans le laige tuyau de là chemÉiéey
ronfle sowdemeot ou s^inslnue en gémiasant par les lentes
d'une vieille porte disjointe. Alors la jeune fille , trem-
blante^ n'ose plus mettre le pied hors de la maison
paternelle» et les petits enfiants, eflirayée, se pressent
eonvidalvenieiit contre le sein de leur mère.
n existe dans le Morvand divers usages qui viennent
évidemment du paganisme ; ainsi c'est encore la coutume ,
dans plusieurs endroits , de mettre une pièce de monnaie
dans la main du défunt avant de confier ses restes mortels à
la terre. On sait que diez les païens c^était une récompense
destinée à Garon^^ nocher des enfers , pour le passage des
âmes à travers les marais fangeux du Styx. L'usage de
brûler^ en tout ou en partie , sur le chemin qui conduit au
cimetière, la palUe du lit sur lequel le mort a rendu le
dernier soiQiir» vient aussi de la coutume des anciens
Gaulois, qui brûlaient le eadavve du déflmt et avec lui
(1) Les garder» foro^tiers ^out ^enéruleincnl délestés eu Morvatid. On
croit que Dieu , pour les punir d'injustices et autres itiéfaits commis , les
renvoie dans les forêts ofi on les entend chasser pendant la nuit.
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34 JUË MORVANa
tout ce qui avait servi à son usage particulier. Oo n'oubiie
jamais non plus de renouveler Teau contenue dans les
vases pour le service de la maison au moment du trépas
de quelque membre de la famille , moins comme précau-
ticHi liygiénique qu'à cause de la commune persuasion que
. râoie dudéfunt^ au sortir du corps» est allée s^y ploiiger
pour se purifier.
On ne doute pas que plusieurs personnes , avant le décès
de quelqu'un des leurs, ne reçoivent un avertissement du
GieL
On trouve aussi dans nos mmitagnes une multîtaâeile
vaines observances; ainsi , 1* il n'est pas de plus ftmeste
présage que le chant de la pie. Cet oiseau, naturellement
curieux et babillard , importune souvent de ses cris ies^
passants 9 qu'il semble poursuivre. Le Morvandeau, qui
croit qu'il a sept paUs du diaUe sur la tite, n'aime pas à le
voir 9 encore moins à l'entendre autour de sa maison, c'est
un si^e certain de mort ; 2" le vendredi est un jour néfaste,
durant lequel on ne doit ni changer de linge , ni déména-
ger, sous peine de mourir dans Tannée; 3* un chien qui
hurle de nuit devant le logis de son maître , une poule qui
contrefait le chant du coq, sont d'antres signes de mort
Aussi malheur aux deux téméraires animaux ! Le premier,
s'il en est quitte pour une volée de coups de bâton , devra
s'estimer heureux* Quant à l'imprudent volatile, pondit-ii
des «euis d'or, s'il est connu, il payera son escapade
de sa tête ; 4" une belette vient-elle h ertfiter la porte
d'un malade , plus d'espoir de le sauver ; 5° un qua-
drupède sauvage coupe-t-il Le chemin devant un voya-
geur, inutile de continuer sa route, le but en est manqué.
La rencontre d'une f«nme, an départ, n'est pas de
meilleur augure ; 6° Si une maîtresse de maison se per-
met de coudre entre les fêtes de Notîl et de la Circoncision,
tout le bétail de la ferme devient boiteux.
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cuÂmjiE iv.
»
W— rrim re» IiMg<'vii<', v^^iemeniH, Occupaiiclu, iMmirlc,
irimigrailons et LaiiMfe.
Les baliltaiits de nos montagnes vivent ovdlnaliaoïeiil
fori nsL « Tont ce pauvre peeple» dit Vanban dans sa
» Description de l'éieetUm de VéteUn^, ne se nourrit qae
» de pain d'orge et d'avoine dont il n'ôle pas même le
» son» ce qui fait qu'il y a tel pain qu'on peut lever par
» les iMiiiJies d'avoine dont ii est mtté. Us se nowniasent
» eneore de maavais froilSy la plupart sauvages» et de
• qoelques herbes potagères de leurs Jardii», cultes à
» l'eau avec un peu d'huile de noix ou de navette , le plus
» souvent sans ou avec peu de sel. Il n'y a que les plus
» aisés qui mangent du pain de seigle mêlé d'onge et de
» ftunncttU »
Ce triste r^me s'est mi peu amélioré depuis qu'ils se
sont mis à cultiver avec soin leurs maigres terres, et surtout
depuis l'introduction du sarrasiu et de la pomme de terre.
Cette dernière enire aiyourd'iiui dans la compositioD de
presqœ tons leurs repas. Us apprêtent avec èUe» ou avec
le sarrasin et Tavoine 5 des bouillies ipi'Usnomment ga%tde$ ,
pouls ou poulites, et dont ils sont très-friands. Cette nour-
riture, qui est fort saine, se prend ordinairement en
commun^ c'est-à-dire dans la même gamelle » autour de
laquelle petits et grands viennent se ranger en cercle.
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36 LE MORVAiND.
Ils ne iiiaDgeiU du la viande et ne boivent du viu en
famille qu'aux principales solennités de l'année.
Néanmoins, ils jouissent généralement d'une santé
robuste, vivent long-temps, et toujours avec un teint
frais et vermeil. Il n'est pas rare de trouver des nonagé-
naires et même des centenaires conservant encore toutes
leurs facultés intellectuelles. Ces avantages sont dus à
leur frugalité habituelle , à la vie calme et tranquille
qu'ils ont menée jusqu'à nos jours, à la limpidité de l'eau,
leur boisson ordinaire , et surtout à la pureté de l'air qu'ils
respirent.
Si nous jetons maintenant un coup-d'œil sur les pays
calcaires ou argileux, et en particulier sur le Bazois, nous
trouvons une population généralement faible et rachiti-
que , des tempéraments débiles , prédisposés aux fièvres
intermittentes , une peau flasque et décolorée , un esprit
lourd et une imagination sans couleur. Nous en trouvons
aussi la cause dans les eaux croupissantes accumulées dans
les bas-fonds et dans les marais qu'elles y forment. Ces eaux
stagnantes , en se desséchant par l'évaporation , dégagent
des exhalaisons méphitiques qui, respirées avec l'air,
lorsqu'elles retombent après le coucher du soleil , occa-
sionnent dans l'économie animale les plus funestes
elTcts (1).
Les vêtements de nos Morvandeaux étaient jadis aussi
simples que leurs habitudes, et aussi peu coûteux que leur
nourriture. Ils se composaient exclusivement d'étoffes
fabriquées dans la maison. C'étaient de la toile, du poulan-
gis, du barraige à l'usage des deux sexes.
Le costume des femmes n'était ni plus recherché, ni
plus soigné que celui des hommes; mais cette grande
simplicité a presque totalement disparu. Le luxe , compa-
{I . iNoiis avons ailininit»tro pendant dix ans lu paroisse Uc Mont ignj -sur-
f.ann»'. nous nvons \m vm\s\r\[vv ers frisips rflfcls du climat.
Dig
IB MOftYANlX 37
gnon funeste de noire civilisation moderne , a lait irruption
jusqu'au coeur de nos montagnes pour y porter l'immoralité
et le malaise (1).
Le MoTfandean est, en général, indnstrleox, intelligent
et »iroit Ses oocapatkms ordinaires sœit : le nomnrlssage
des bestiaux^ l'exploitation et le flottage des bois, le
charroi dans les forêts et surtout l'agriculture,, pour laquelle
il montre aiyourd'hui du goût et dn zèle. Mais Yauban,
dans Fouvrage déjà dté, nons apprend qu'il en était tout
antreinentdesontemp& « Les terres, dtoalt-il, en parlant
» du Monrand / y sont mal eidlirées, les habitants lâches
» et paresseux jusqu'à ne pas se donner la peine d'ôter une
» pierre de leurs héritages, dans lesquels ils laissent
» crottre les ronces et les méchants arbustes. lis sont
» d'alllenrs sans Industrie, arts, ni manufactures aucunes
» qui puissent remplir le vide de leur vie. »
S'ils ont pu mériter ce reproche , le temps et les cir-
constances les ont tirés de cette négligence et de cette
apathie. Un heureux changement s'est opéré parmi e«nu
Laissons pafler Id l'Illustre patron des agriculteurs nhrer^
nais :
a Si ce grand génie pouvait de nouveau visiter ses terres
» de Bazoches et de Vauban, s'il parcourait les anciennes
» paroisses de l'élection de Vézelay, il verrait combien de
(1) Le costume des hommes consistait en une paire de sabots assez
grossièrement faits, en deux guêtres boutonnées le long de la jambe et
«ttacbëes au-dessous du genou avec une longue jarr^ffere ea laine; en un
bant-de-chausses de même ëtoflto, une âanmire on surtout de tofle grise
toml>ant presque aux talons , un bonnet de laine
Celui desSHnniesae composait d'une paire de sabots découverts » mais
sans brides, d'un cotillon ou }upe de toile ou de barraige, d'un cortet ou
corsage à mnnchfs courtes et celantes; d'un rnouchoir de cou ou fichu
couvrant à peine les épaules, d'un devarUier, ou tablier en toile; d'une
coiffe à barbes , aussi de toile. En voyage ou dans les champs , elles so
couvraient d'une e^ on ecyots de poolangis, asseï semblable, ici, à la
cucule romaine; Ifc , au ta§wm des Gaulois.
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38 LE MOaVAKilX
» UeHX 9 dans ce Morvand si dédaigné, ont diangé de fiwe
» et présentent aujourd'ui un aspect différent.... ! Il
» verrait avec bonlieur les habitants presque tous devenus
» propriétaires 9 logés la plupart dans leurs maisons, et
» cottivaiit avec un soin particulier leor petit domaine. U
» voirait combien de terres 5 Jadis dâaissées» obI été
» mises en culture ! combien de diamps de seigle sont
» devenus des terres à froment ! Chaque année voit un
» certain nombre de parcelles, travaillées avec amour..;,
» revêtir la qualité d'ouches, c'est-à-dire passer dans la
• classe de ces teires privilégiées^ véritables oasis dn
» Blorvand , offrant le spectade ^mi sol qui ne se repose
» jamais, et qui produit, tour à tour , du froment, du
» chanvre , des plantes oléagineuses et toutes sortes de
» ]égasûes^ Combien de ces portions de terre ont ainsi
» passé, presque subitement, de l'évaluation la plus vile
1 au prix le plus élevé , an point de se vendre jusqu'à trois
» à quatre mille francs l'arpent (1). » Il est donc certain
que les Morvandeaux ont fait de grands progrès agricoles
et qu'ils marchent vers un état d'aisance qUi leur était
inconnu an commencement du dix-hu(tième siède.
Bon nombre d'entre eux émigrent as printemps pour
ne rentrer qu'avec l'hiver. Les jeunes gens vont à Paris
et dans sa banlieue en qualité de manouvriers. Dans beau-
cùop de communes^ les cheis de famille, sous le nom
barbare de gallvachers, descendent des montagnes, chacmi
avec une ou deux voitures d'une forme particuliôre au
pays, et se livrent aux charrois dans les provinces voisines
que , par opposition à la situation élevée du Morvand, ils
nomment les pays'bas.
Rentrés dans leur foyers, vers la Saint-Martin dldver,
nos charretiers s'occupent à réparer ûurs harnais pour la
campagne suivante, à la moulée dans les forêts, au flottage
(1) M. Dupin , Comiee$ o^ricolet, p. 90.
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LE MOliyAND. 39 .
des bois sur les rivières et ruisseaux , à façonner des sabots
pour la famille ou à tisser de la toile. D'autres roui aussi ,
eu qualité, de couvreurs en paiUe, dans la Bresse et le
BouiiNmuais pour réparer les toits de chaonoe.
Les jeunes femmes, devenues mères, quittent bientôt
elles-mêmes leurs ménages, leurs maris et leurs petits
enfants 9 pour aller à Paris nourrir d'autres enfants qu'elles
n'ont pas portés. Leur santé vigoarense» leur constitution
rolnste, leur teint frais et Termeil» leur toumore gra-
cieuse leur obtiennent presque toujours la préférence sur
les nourrices sur lieu, venues des autres contrées. Le fils
de l'empereur Napoléon 1% les enfants du roi des Belges,
les petits-ûls de Louls-Pbilippe et presque tous les enfants
des grandes maisons de la capitale ont été allaités par des
Bourguignones du Morvand.
Il résulte de ces diverses émigrations un relâchement
déplorable dans la morale chrétienne et un alTaiblissement
sensible de la foi qtû, tôt ou tard^ auront un fatal résultat
pour le pays. Déjà l'antique simpncité de nos pères,
qui était si grande^ dit Née delà Rochelle (1), qu'elle '
égalait presque celle où vivaient nos premiers parents , a
disparu.^ Un demi-siècle a sulli pour en effacer presque
Jusqu'aux derniers vestiges» Le langage y a gagné beau-
coup; mais cet avantage est lobi de compenser les incon-
vénients que nous venons de signaler.
Le patois morvandeau , que l'on ne retrouve plus dans
son originalité native que vers le centre de la contrée, par
exemple à Ârleuf, à Planchez » à Villapourçon, variait
dtevinage» et même dimhameaa à l'antre. Use compo-
sait de mots celtiques , latins et français mélangés, confon-
dus et déligurcs. Ce patois , malgré sa rusticité et .sa
pauvreté naturelles , est alternativement doux et véhément,
semé d'images et de comparaisons, tovgours fortement
(1) Mémain» tur le Nivemaii, p. 964.
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40 LE MORVANIk
accentué et souvent hérissé d'énergiques iaterjectioDS. 11
n'admet oi participes ni adjectifs.
L'auteur, que nous venons de citer , écrivait en 1746 :
« qu'il était iîparric«(t>r qu'on aurait pris les MoraudetiK
» pour des gens d'un autre continent ; qu'il aurait fallu
» rester long-temps avec eux^ et même s'attacher beau«
» coup à leurs termes pour les entendre (1). »
Cette assertion nous a paru un peu exagérée. Four
donner une idée exacte de ce langage» nous allons racon*-
ter une l^iende du pays en patois du Hant-Morvand.
LA VEUVE
ET LE TE£âOB DU DIMANCHE DES EAMEAUX.
Aine poore fonne vivot chu Une pauvre feume vivait sur
reoôté d'aine das moatéw du flanc d'une des nMmtagmsda
Horvand. 01 v'not d'pardesoon Morvand. EU» venait de perdre
bonne que n'ii aivot laiché poo son mari , qui ue lui avait laissé
toot ben, qu'aine mégante pour toute fortune qu'une pau-
caifaole , aine p'tiote uice et ain vre cabane, une petite oucbe
zoulis enlàntqu'tototenooi. et un bel enfianl encore à la
mamelle.
Opheurline d'vant qu 'date Orpheline avant d'être veuve,
volve, ol n'aivot don pus qu'son elle n'avait donc plus que son
p tiot qu'peuïot i'aitaicer ai l'ai fils qui pût l'attacher à la vie.
vie.
L'toonneutlifiébentoôtparde Le chagrin tenûl Imat^t
sai poore zeuneeie et saibiaoté; sa belle jeunesa» et tous
iotchip*80td'çoorequed'noo8! ses charmes; c'est si peu de
Sib grooB œiUots nars feuront chose que l'homme I Ses grands
bentoét çanzés aitoot. Sas zoos yeux noirs forent aussi bientôt
.1) Mémoire» sur le .yivern^ n. d8l.
•
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ateiwtpuBlifiAiiiMtl^itnégreuv (tengéB. Ses joues pâles, U(
d'son corps montret, hailas, maigreur! de Mm corps, accu*
Seigneur I qu'ol aivot ben souf- saient , hélas ! de bien grandes
fri. Son soin s'tairissé. souffrances. Sun sein s'était tari.
L'hivar feut ben (leur et faut L'hiver fut rigoureux et bien
ben long aitoot. L'petiot p'sot long. Le peu qu'ils avaient ré-
qu'oU' aiveient raimaissé en colté dans leur champ, et les épis
loo çamp et las réjûfis qu'oïl qu'ils avaient ramassés dans le
aiveient liaanéeB pcndiaumt temps de la moisson étaient en
rtenps diai mwàmt «teî«it « e p wi l d'être épuisée. .
dut llp<M d'fini
l4tt leisére tooxaot aflentoor tamiaève rôdait aatonr deae
d'sei BaïOD» toot c'nwBt aiii^ maison comme un loup affiavié,
loup aifenmé qu*airot 9»!M attiré par Todear d'un cadavre.
Tl^Alt.d'aiD cailabre.
Quon ol v'not ai penser Lorsqu'elle se prenait à réflé •
qu'ol n'airot bentoôt pus ran chir qu'ils n'auraient bientôt
p'ias chubsister , lé et son pooro plus rien , 'pour se nourrir, elle
petiot , ol s'bootot ai réboler et son enfant , elle se mettait à
d'toote sai téte zeusqu'ol en pleurer jusqu'à ce qu'elle fût
feusse ben lasse. 01 iiobé m*Iah bien fatiguée. Enfin eUe .tomba
de 1 latot impoussibe quoi en malade.
lériveoBse antenraent 1
Çaiqi|*ioor» quand lai peur^ Chaque jour, quand lue pDe-
mére édiarcie da maitingne miers rayons de l*aurore bril-
baillot, et quoi paiasot au* Uent à tiwm les crêvassus de
traivars d*sai poore loise du sa misérable çabane, cette mai'^
bon Dieu , ç'te mis'rable , que heureuse, après une nuit passée
n'dremot pas toote lai neut! dans l'insomnie , se tournait
s'toornot vée son p'tiot, Ter- vers son enfant, le regardait
gardotpidieusementetl'airoosot avec tendresse et l'inondait
d'sas plieurs en I biquant; et de ses larmes en le couvrant
'peus ol le bootot aiprés^ion de baisers ; puis elle le sus-
loin l'ai Tôtt quot n'y aîToi pu pendait à aon sein ^de» et .en^
van^^Enobuit^ ol l'eiÂeatet ehu Jereplaçaitgorsacoucbohiiaâd»
imeiidiin.i](enmffi.etdM)fied elMda comme la tfaoe. Quant
qnlai lialoe. Usa lé, bérouse^ â éllMémei etts n'éiaH :pas
meai ei n*atot pas fijaidélieure* fiileose. i.:»^
uÇ'p^ndimanti l'hivar 3'enailpt Cependant lliiver.f^.aUaitb
4
ter.Lasabresâtâe&rchtti'poiiiC jours, avalënt-tetranré leur»
d'ébaumi;inviotdizail8lîdVoîée chants. Les arbres cotWIfttth
qu'vardissot. D'toot coôté o'atot raient à se couvrir de feuilles et
d'Iai zouas. Mas lé , lai volve du la vallée se parait do verdure ;
zeune Morvandiau , toozors fa- de toutes parts on ne voyait que
bîfce, too2iorsm'Iaide, oln'aivot joie. Mais elle, la veuve du
pas 'tancheol'rtient l'aitente dè jeune Morvandeau, toujours
1fM''ei^veDâ> ain ^sâs pobreâ faible, 'totijoars fiialade, tiV
biauxzoorsi-liai <|0OM<|ia»É0l «vit {Msniène Teapoir
toote son ercoosolation^ son revenir un seiâ'dè IM' t)baitt
fior,'<ol<^épériiAioi, quoi! to^ts joumlBou m»v quiftlBaltto&te
M.*-; ... , • ^ .» ; -<.r> «ni.':!; VH^^œU'.* ^ • -i.: o î
Ai coôté d'sai loizo , ot y À côtô â»é»'iM(baii«i'<Alir-l»i
aivot ain groos carté d'raîce îai marquait' un Moc dtrro^tew yjù
qu'ots dieient quin viot, aine il se faisait diverses apparitions :
piatrelaivoù qu'lasféfesv'neipnt une crosse pierre sur laquelle
las autefois s'aichéte. 01 y fiot les druidesses du pays venaient
éoot d'Qioinmè quéetfu'fois aine s'asseoir autrefois. On y enten-
pééto ç&rue 1 Itli» Ol y atbt- dàit, èn effet, de temps eaiampaj
liitvée, ol n'y peurnot pasg^Me^ m ^ttSk 6ffirayaiit^;^is ëUe y
et poo ben dire, ol n'atot pas éUut m^avmé»; ét liYfidsail
: : i '•' y- dil«,lBae'n^tpâfrpèiir«^
l ' m VMr ^cf Vm\(Â - JSn joUr^ dDnittâleA layèMiéri
trépocé lasbreognes qù'cnttto^ àôleil àvaifeirt '^jteiW les-ftuiéëé
neient lai montée, ol ailé qui enveloppaient la méhtagnej
s'couicer aivou son p'tiot ai Tai- elle alla j avec son enfant, se
bri darré c'te piarre , du coôté coucher âil soleil , derrière ce
du goulot; iatot poortchi Tée h)cher ; (tétait tere dik. bettMS
lai mis-mait'néo. ^ ' duniaiin. - ' - 1; ■r,>".>
'-'Ylal qn-tooté^ia o<»l^ •< Tont-àeouî^,^ooÉiii6 eUe ë«ttir
itté or ne'>peitoMit atwni o)'^ ikiéim^iè^kiim^éiïQm^^
4riÉe Mpée •d'MiiiM'iMitr tiAïtféfiitft^ jéuâiè'fiaiAeilft
tlMta mHÀ ^iMriMiat la dtotJeMâeiPflièii qiiiîallid«ttl«ll
4|Nmd'ft)0sBedè vilfagdl^^0ib8^ gnufliyesât «d» tli^eiv> «
gueint ain santé qu'dasadfttM sllNtdëtlViâlftfftiâP^i^llellM»
p1aà <^amps , et qu'moignQt tbot dalt à travers <;henipsèt?illNiait
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l'église. In viot ben d'iai droit, à l'église, dont Iô clocher
l'cHeucé qu'teurluot au Boulot, brillait aux rayons du wloil^
ÇaBfonnesaiveientenloosmain- EUes avaient dans lwm«M(iii»40
gnes das p'tiotes brinces vardesr petites branches verte» q^'aUjee
qu'oir brandineient en l'ar. agitaient dans l'air. Cette me}-*
C*te poore mis'rable coiwpeiwné bmenae cam^^p alpis que
quli^totiaifàtadfBâqfiMlIniii oSétaitleJoiif clePAQ^e8fl9afî09,•
iW ëarBaimettiz. Qoéê.p- lAjourdflsRwneaiB&EUe ne Gon-
m l . ol Dd o'oufiBSoC. rater mteit, hélas ! le jour que par
^|pM lai oUarté, las Coinces ia<;lapté, les dimanches que par
qu'poOilat aoOBÏie das elieuces le carillon des cloches , et toute
etiaele-sri vie p'iai dooleur ! son existence par la douleur !
'> 'Ooi'ç'lai li fiot d'Iai poigne ! Quel tourment 1 Cette pauvre
01 atot plieino d'erlizion, ç'te femme, elle si religieuse, ni
poore fomie , et ol u'peuïot ailer pieuse, m pouvait assister À lu
ai lai messe ain chi biau zoor I messe un si beau jour,! • j
Oiatot mére, et, en quée- 0 UisteHe I eUe était aèie.,
qu'zoors ol n'airotpusd'paiugM et > 4|HeiqiiM: Jom eatm , ^
ai bailler ai BOB poore petîetl alnimil |ilw de paftt & dcton»
a«4>oe(Mrébiieoner ;cra1ttx^ à aSB.eB&iH I JSUe poussa alors
pm^'V'S^tCajtB^lu. dis gémMSeMents, des cris arra-
' ' chés par une tjrop iégiUme dou-
• ■ ■ ! t leur !
- Aiprée quoL-aâvutbeii rébolé , Après qu'elle eut bien pleuré,
el s^erlevé, et v'Iai quoi s'booté elle so leva et se mit à genoux,
ai zenoot. — Aipeus ol peurné ayant soin de placer son, en£^
son pooro petiot devant lé poo devant elle , et de joindre ses
njoolte de sai peuriéle en zoi- mains sur sa poitrine pour le
gnant sas deux maingnes chu aMMrê 4» .m pijidfi^.'BUeiide-
seun astoonHwlà. 01 d'iMisé laeiiit IfmyteiapB à aM*
lMg4«nps coome çaL .
QlittidisaiiiniîélèfiMitfiriie^ ; iM^u'eUe-enlaii^i^ M 0
tMquelttiiiéic.cOMBpom meapaixira enfant, lui dk^lle,
peltol, et eîi dint çai , ol le eb le couvrant de baisers et de
Mliot'alllai m , et peus ol larmes , c est aujourd'hui même
0Mli«f> 4oozors , iot auz'dé que s'ouvrent les trésors. J'ai
qu'Ias trésors s'euvront. Y'ai entendu dire maintes fois à ton
90uW vu dire ai ton poore pauvre père, que Dieu lui fasas
pére , que l'bon Dieu It fiait pasi paix et miaéricocda 1 <|a'il'y. jid
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et mis'ricorde ! qu'ot y en aWot
ain soos ç'te piarre ; chi peuïoos
don l'voui 1 y prenroos ain
p'sot d'arzeat poo t'aivoir du
pifliigaé. » '
En ç'pendimam las cttetnr^
tidntMeinl ervenis dlaî jioooes-
sîon %i 8*ataieiit «irotés tà lai
portede T^ise. L')[>rétecoognot
ai?ou i'bâton d*lai crouée, en
çantant : AttoUite portas
ç'atot Tmoument du miraclihe.
V^lai qu'toote lai montée s'booté
ai trimblier; las abres bran*
lélenl toot c'ment m an oraize ;
las ouïaixx a'eoôlHéreiit; lai foih
tidngile , qn'atot ai codtè, M-
nié, deyiai qalal raioe a'éavré.
01 *ffié aachitodt aine grand'can
varne laivoù qu'toot teurluot
d'dans. Ç"n atot qu'das chan-
delles , das mirouées , et pcus ,
poor stchi lai , das tas d'oor et
d^arzent; zaimaa W d'chi
hm^\ (M«ifot, ce coup lai,
e^quoldasii^
• .. . :,. •
Toot d'chuito ol se z'té dans
ç'te gueurdine de caivarne; ol
no peurné pas tancheul'ment
rioihi d'pooser son poore petiot
lâvant qu'd'entrer. V'iai qu'ben
^ ol le booté cb^n'BMi]^ da
tous 4*oor, el paaa'ol lampUaié
ai»B dWanté pendiraent. que
l'pom énooont a'aiboïoi aivoa
das récus. Lai v'Iai don partie
aitoot sai çaigc. 01 s'dépoiçot
avait un sous co rocher. Si je
pouvais donc le voir et y prendre
de l'argent pour t'acheter du
pain 1 » . '
9
/
Cependant las fidèiaa 4p Ui
paroisse, de retour de la firo^
eeasion, s'élaiant anétés â lai
porte de l'église. Le curé, de*»
bout , frappait avec le bâton de
la croix en chantant : Attollit$
portas... c'était juste le moment
du miracle. Toute la montagne
trembla ; les arbres s'agitaient
oomnie dans un orage; les o»^
seanx ae taraiU ; lalbatiuie, qui
coulait à c4té» steèta , at le
rocber, en s'ouvrent , laiBBa>voip
une grotte ^acieuse où toiit
brillait de l'éclat le plus enchan-
teur. De magnifiques glaces , où
mille lumières venaient se réflé-
ter, en couvraient toutes les
parois , et , çà et là , dea «(iules
d'or et d'argent gisaieiit sur la
dalle. C^t uficoup-dHeil aoaf
giqué 1 Le désir de Ja «fOUTe Je
tRHiyaU aeeompB. •••'".!
Aussitôt elle se précipite dans
cette maudite grotte, sans se
donncT In temps de déposer son
enfant sur le gazon. Vite elle le
place ,aanBlB moindre défianoof
abc uu âumeaéii d'-or, et .Ipiidî^
ipie.esl iimooaal SyamuseraiYaQ
des pièoes da-. JBMMinai^^ :^
Mjmplit<sim.tcèliatnqa.*ella.jeiai
porto dans sa - cabane. Elle as
perdit pas de tempâ; néanmoifis^
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LE HO
h&n poortant ! Mas quand
ol ervené p'en preore eacoi ,
lai dieuoe atot wniotte , ' lai
poooesBion atot entrée dans
lléglla»; las ^rea afwaent fini
ét^nàu 'f las ooïëùz aiveient
*elt»oiiHnBoéd'çanter; liaodiai
fontaingne coulot toot c*ment
las autes fois , et v'Iai quoi vié
aine groosse sarpent que s'sau vot
p'ias fouillas drait laivoù quoi
^^atot aiz*soillée poo peorier;
ol «I iraHaaté^d'fMoii* Maa n'iar
taknui4^'çal : laî taioe a*alo£
«H^otnée «ha: aan pcmri» pelîal.
iiteg a» fMimi dans^taB
gneafelBqu'd y peowl .
«
. Cte -pooro iiiia*r«ba sHoMi-'é
fm toonBÉDlée ^u'saiaias. Lêà
fim 4a s'ioMa'laa biM ». dV«l>
aaicortepois, deVbeoi^daoler
60 las ronces et las ^peunes , de
féro toots las traingnes. 01 cue-
riot, ol rébolot , enfingne, sans
companiiïçii d'cueurtien et
dlnifitame V «i' lieuiot toot
e^aeiitaiBa loar»qm*airotpndu
iifp'tiQ«B.ÇBi UM laaplîBM
";• ' : "«'•.. •.;•.
Aî/ptée quoi aivut fé toot
c'breut, ol couéré cez lé, peurnô
c'gueux d'arzent qu'atot lai
catiat d-aon tampaat , ol lai^lé
quand elle rovint , croyant
faire ua nouveau cbargeoiauLi
la decha avait ccisé de sonner^
et la procession était rsnliéf
dans* j*éslise ; Isa arbMa .à» la
itorèt ainaienl caflsé lamaaarda .
murmures , les oîsaajox fiusaîaitt
de nouveau entendre lem
harmonieux ramages, et l'eau de
la fontaine gazouillait comme à
l'ordinaire. A son approche, ua
énorme serpent s'échai>pa' dv
Ibsu où ellea'était » an peuaiipft-
nvant , agenottilléapQur prier,
al fit hnin^ dans sa faita> U»
IraiUtaakIws qui joniMaiit jla
tam. Ué frisson, oaumit dans
tous ses membres. Uaià , ( hoà<^
plus terrible ! lo roclior s el ait
refermé sur son eniant. Tn<te
aventura, dont la seule pensée
glacjd.lA lang dans les vainaal ]>
, Cetta màUMuireusa.M tvMVK»
doBQ' plus affligée •iiu*aup>
^paiavant. BUa aa tiwdÔHi.lai
nmabria, aile , a'arraohaitri las
chevieiix, se roalait dans les
ronces et les épines , battant la
terre de son corps. Elle criait ,
elle sanglottait; ou^^ bors la
qualité do chrétien et la saintalé
di| baptême, allalKurlatkeaMka
oln liHm à la^lla onr «w^
airiaiTéapft LotrralaaMX I A Jatoir;)
en'neipoavait retenir sas laiMM^»
Apres tout ce désespoir, elle
court chez elle, prend cet argent,
la cause maudite de son chagrin;
•4 lajettaà traveiale&binasona»
66
»aiORlAllIk
ai clian poing dans ias boo-
choDS , toozoors en cueuriant ,
d'aioe voix eDi«tgiiée|8on jttora
peliot.
. 4Oil0«mfflé6, olVQ(mioé.#
acoutot ch'ol n'entendrot pas
cnearier son poore enfant ; mas
ran ! Et lai v'iai d'ercoomoincor
sàs cris , sas rebolementset toot
son traingne. 01 daraidoot las
Jmb0è et k» r'Mlm qu'alaieBi
^ las oàeamiBBea dM piama;
«l fié «li beii> quoi pardé ta»
lktt«es et timbé en ISaibliesse ,
WùB o'naessanœ , préequ'mor-
te.
Quand ol ervené ai lé, Tsculot
atot couicé. 01 s'trâné aivoii ben
d'iai poigne en sai s'tite caihote.
Poore fooBe, poore iQîi^r^,
qoée Tide autoor de lél Toote
mMi UMto senloahroaMi looiw
tteatt l^n'iraiirot-y pas^iataaC
mûrir quan on ai toot pardu !
t * ■ . , • t . I ,
■ ' ■ » ' 1 - -
' 01 zeuré d'paisser l'reiste de
sas aooFS ai -peurier au pied
d'iai raièe. Quand ol n'aivut pti
ll^peitrviooa ,;el Vindé ë^pté»
<^iiol ahrot.;pycetei; Vfùai$m
if^i 9i!M ilau ^è4 tm*
liiagne, tooie sai poore nnri-
teure. Toot lasmaitingnes I zoor
lai peurnot ai z'nots vée l'autel
des Fées, towvles sacte ot h
en appelant , d'une %'oix rauque
et eutrecoupée par Ininanglofi,
aon cher^oiaai.
*• .' ; ^ •••
m
RmoanÉ MBte. .tp«( ea^
aeufBée, eiteMeaiidiaiii>fied
dtt^roiiBr, applique wnroiriMir
oontre ses parois , et écoute si
elle n'entendrait pas la voix éè
son tendre fils ; mais c'est en
vain ! Aussitôt la voilà de reconsb-
mencer ses cris, ate sanglota
et toute sa douleur ; éûm éérib
daaii ka hertiea at^laf^ariMae
q» màmA eté-^m» Inlmtea
4a roeber; ellafiittnt, qu'dié
perdit im forna et teaÂMren
faiblesse , sans connaissance ,
presque morte.
Lorsqu'elle eut repris ses
sens, lo soleil était déjà des-
cendu derrière l'horizon. EUeae
inAïaalan/aasniiMNite^en '
liêf dana an ' Mte- ealMM
fta^ taona» qàel iida4NMr
û^éà&i Seule; seala t^vee sa
douleur! Ah ! ne vaudraitril pas
mieux mourir quand on a tout
perdu ?
£ile fit vœu de passer les
jouis qui lui restaient à vim A
prieratDpiMl^ttnMhaii. i^naqne
aaa pip^piafoM^lîiMt épni^f
elle vendit par paroèUanjftfiBlIto
fortune poor se procurer le para
qui^ alvecroau de la fontaine,
composait sa maigre nourriture.
Tous les matins le jour la sur^
prenait, à igenoax. prôé de. la
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|«îchQV(l'moiQiiie;j)Uit^'quiY098 roc^ des Fée»; tous les soir^ U
. •> :•: . Slliijicii«t(teQoppfnpiiml' *!..
Ot y aivoi am «l .fi^liî : K «îi. «Hli W l» fPllQii
deurot , quand toot d'ain coup qu'elle menait cette triste vlei^
lai montée trérooîocissé coome lorsqu'elle sentit tout à coup la
en aitt trimbeurment d' terre, montagne s'agiter comme dans
Yatot encoi l'dimoince das Rai- un tremblement de terre. C'était
meaux, ai lai moinme iieuiia. encore le dimanche des Ra-;
iMmic^ a'einvéA'qointiaii' • Âmuxr yw ia mém0<li«i«rA«
roolker • s'osoyiit ficiiioiiYeai^.
dVMir, .ft'i» .{larai «ûvimiiiifiRmqpwMfi^
c'iniea^ ttni^nml toumi^ «ii^H cette pauvre team éprem Ml
oouérot dans toota las membres, frisson oonyulsif dans tous les
et toot son toorment s'révoillé : membres , et toute sa douleur
• t 0 mon poore petiot , quoll se réveilla : « 0 mon cher en-
s'booté ai dire en rébolant et fant, s'écria-t-elle en sanglot tant
d'aine voix qu'bouesseient las et d'une voix entrecoupée par
soupis, laivoù quoi ot don les soupirs, où est-il mon cher
mon poor enfant 1 » EtpeusoU enfiintl » Puis aussitôt, pion- ■
z'té las osillols en Tfond d*lai géant son regard an fond de la
caîvame, lai yoù quoi le vîé grotte, elle Taperçat, frais et
quoi atot fros et quot riot en joyeux , s'amusant à faire son-
fiant sonner las luis d'oorvée las ner des pièces d*or contre les
piarres. pierres.
Quéo zoio, mon Dieu ! soun O'^f^^'G joie, grand Dieu ! Son
ftme n'atot p'aissez grande poo ùme était trop (Hroito pour con-
t'ni toot son bounheur et son tenir son bonlieur. Ses yeux
aïeté ! Sas poores œillots qui, depuis loog-temps, n'a-
n'penïaient plienrer d'peus ben iraient plus de larmes, en re-
long-temps, mas ot s'y r'boo- trouvèrent alors; elles coulèrent •
téreot ben 1 Ç'atot toot c'ment sor ses joues comme deux
deux rouchaux chu sas deux ruisseaux,
zoos!
Auchitoôt ol prend couéraize; " Recueillant aussitôt toutes ses
d'ain élan lai v'iai vée son tlot, forces, d'un bond elle arrive
d'aine autc enzambée oi atot près de son fils, d'un outre
d'hiors de ç*le sailooprie d'oai- bond die sort da cette funeste
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AS LE MOUVÂND.
wiie qtf*U aîTot bailié aîn chi grotte , qui lui avait causé tant
l^rttfdleorMf.liMç'éoQpebi de diagrin. Quatto ne fin pasM
otriBiiipctonotiolmaoftooat Y Joie ! BUe emportait son enftot
tt%ut pas dtender ch'bl «tôt denettslimt'
allie! •
En ç'mooment lai , ain zeune Alors, un jeune homme , vêtu
honme vitu d'haibits pus bliancs d'habits plus blancs que la
qu'lai nuize , et quoi n'aivot pas neige , et que , dans sa joie ,
été l'temps d'voui vée son fiot , elle n'avait pas remarqué auprès
olatotchiaïhel li dîé : c Fenne, de son fils , kii dit : « Feanneî
ipiloor éa trésor ne ttente pas que l'or du trésor ne te tente
ai ç'i'ktml Soofins-toi qa'lai plus désomais. •So«iieng«4oi
plttsi^vosBerioaMed'iiinemére, ^uelapinsgrailde'lîdHBBsed'iine
ietfonp^ot.'» inète«eMèoiienCuilM
» • . , *(*•<•
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DEUXIÈME PARTIE.
. • ••• : .« »* • * ) - • • j '•• ; m. ' ' -u .
: ■ CB4FiïfŒ vl".. . V . : ■ .1 .
. . '. •••-•'f! . * •,•.1.'..) '»' t\ , ' .;. * i' • N
• • •
<:Mip-é*iell sur la Gaulé celtique, »a Capitale, «on GoaVcnMméiil»
! ' la RcUdon ei le«UMfC4 4e:fuHaiilUBU.. 'i
♦ » •! • ' : .î . : • . , I
Les Gaules , au rapport de César, étaient divisées, avant
l'occapation romaine 9 en trois grandes parties connues
sébs ta Bonâ dé Cëltiqâé, fielgique et Aqiilta!iilcpie.^'La
prendète , la ieille d«Mit tioiis ayeiis à noii»"oc!èii|^r,
s'étendait de la Seine au Rhône/ et du Rhin à rOcéau.
KUe comprenait plusieurs peuples libres et indépendants,
qui formaient autant de républiques gouvernées^déspoti^
quemimt Celle déii HéduCs tm Bdulens , dont le territoire
codvndt une iprande partie de la Bourgogne , de^a BI^Ése^^
du Lyonnais , ainsi que le Charollais et le Nivernais ,
tenait le premier rang. Plusieurs cités puissantes, comme
celles des Aellovaques^ -des Bituriges et des Sénons >
reconnaissaient son protectorat ou viYaient dans sa
dépendance. Bibracte, sa capitale , que l'on croit com-
munément avoir été fondée avant Kome , éiail la plus
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50 I£ MORVAND.
andemie comme la plus grande^ la plus peuplée et la
plus opuloite des villes de la Celtique , et même de toutes
les Gaules.
Guy Coquille, Vieil historien Di/erûab, prétend, et
après lui Adrien de Yalois^ Louguerue^ £xpilly (1)^ que^
de grande antiquité^ elle occupa le sommet du Beuvray,
« où se voit, dit-il 5 une grande planure ayant la terre
» relevée ès-entours , qui sont les vestiges d'une ancienne
» cité. > Quoiqu'on t n'y i»t r^vi^rq)!^ : iyiiib^4$yu'«Euicune
ruine importante, on ne doit pas en conclure que son
assertion soit sans fondement; car, amune il le dit Uen,
« les Gaulois ne fermaient p<^ leurs vfiles de murailles ,
» naais de grandes travées de bois ficliées eu terre et
» entassées en grande hauteur (2). »
« n est vraisembiai)le,}aja«te<-tHU', que les anciennes
> Tilles, bâties après le déluge, aient été mises ès-dmes
t des montagnes, et depuis, à cfiiisç de l'incommodité
» des lieux hauts, aient été transférées «a iieuX' plus bas et
» de plus facile accès. « Il donne pour exemple Tan-
denne Gergavia, « qui, du temps de César, était en une
« fort liai^ moB^gi^e ^[AmeigpA.!eilL4e Mf&^
9 toutes parts, qui est le Puy-de-Dôme ^ où se voit une
f, ibeJi^^,{^e comme eû ,cj^ de la mi4m^iM
»„i|i;WP^^ <W ^m est de pi^ep^la^ cMé ^ Cfl^rwpt,
» qui est la ville épiscopale et principale d'Auyj^rgi;i(ç.i
» comme était Gergovia du temps de .César (,3),.* . ,
Far ces mo^ft,, iji^H^o j|i#i;i§^sM|tw, m^^Smt^
X^^vm^i et pour les^iq^s causes,» ^ran^érer \m vilie ^^p
(1) CouRTÏp^E , Description de Bourgogne, tome m , n, 40I.
, (S); /ÔMf. J.; . " .11'. I • m.' ■»!. » «MM^I » 'iirt/,; Iff^an'^'llfi'i
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qne Bibine cQurQQQj^.T^rital^lmeDt an|lr^^^
Beuvray.
Ge^eotimeiity him giie cooU^dil par Saint- Julien de
et Gonrtépéc^ n'est point pow cela à dé^a%ner« n est
possible, on effet, que le Morvand, dans une haute
9QUqpUI^> ait eu l'honneur de posséder, au sein de se^
Gaule narbonnaise, ne dédaignèrent pas de nommer la
sœur et l'cmuie de JXome , et d'admettre ses habitants dans
)eiir alliance avQç le titre si honorable de frèm, ïottte$t)f|^
onn^DeutdG^tttr qa'ii l'^QfPP fie la ^mipé^ ron^^y
la fière Bibraole n'eût quitté depuis km^rlei^p» la cime
Beuvray pour descendre , sans retour^ d4QS 1^ pl^ç où
elle se montre encore aujourd'liui.
QHe)«uesatttew9i4.aq^pré^¥^ii(l).4lw le9iAlP)>ai^
im duHït parle. Cé$ar9«l que- ce go^er fisiit yoMna M
parents des Eduens, étaient placés entre les rivières û*^Jmks
d'Arroux et la Loire ; par conséquent, ces peuples devraient
être reg^dés comme Içs premie;rs l^abitapts 0u,AI^ç^^^k
{If'autres kpr asstoi^ hd^Qk^SKAi^ po^r paM^
Xpnt le monde cm^ a^fi eieimim fmfdv^i0gii%ftfi^
émigrations armées, qui remplirent l'ancien monde du
teruit de la valeur de nos pères. Nul doute que nos mon^
tagnes , si surtout a^Ues possédaient .^oi!S l'anU^ii^ ^UMs
et 'rqn'one partie de leur poputakÂon ne se soit uiûeà Qette
fikule d^ Q^i^is ^qui.^èrent> sQu^ s^:c«)i3iri!^
il) D'AvLkyr.ovm , Trad. de Jules césar.
Samson , Carte de l'évéché de Nevers et remarqites sur Vanètenne Gaule.
•;£* jT»u##tuia, IniK)4uct.,.p. sl i i; • i-r. ' •» • • r
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52 LE MORVAND.
eir ^eittiàiiefy«il iioré de 1« f$riî UercinUmnè, éti&tM^klA
Iscfihfilf^lfàh^. Iftf^cmtè éiitedi«*qiiêla}étties0e
ne' se soit jointe à cette jeunesse inquiète et tifriMflente que
Bellovèse, pour en décliarger la patrie, conduisit de l'autre
côté' ides Âlpes où elle ciMiquit l^Insi^rie sur les Xnsces
û^m'OùàiHài èc MttlC M'^esf de MBah^ êé iPartdb/fle
Métae'5 tf'AqillIée , deBiMë et de Sienlie. *
Personne n'ignore non plus cette autre excursion des
Eduens qoi^ unis aux Sénons et aux Liugons, quittèrent ^
riôi dis^Heme les rorétts de la Gftitte^l foadireiiti
éeitf 'la c&àiMiB dé Brénnu$,'9Èt FEtrarie» Où-Us YbreDf'>
dit-on , attirés par la douceur du vin de ces climats. lié
prirent la ville de Clusium , livrèrent un combat meurtrier
aiUL Rémains, qu'ils vainqaîieiit sorles bords ûe VAJiSû;
et; 'ittai'eli8iit enMte idirolt àlloiiie/^in|M»fèn!ift iJètte
nÊLé et là Hirf^èi^< aax Manaes api^ l^aveilr plllëe. • <
Si on en croit Tite-Live , la fortune changea l)ientôt
pour nos pères qui, vaincus à leur tour par Camille > au-^
0el cette biiBaate afiàire^Mtnât; méi^ le tilM de^tMfiifiéau
Bomûtii ; n^échUppèMit ^jpi^^ peâl iieiid>irei à'tui ^lilreîix
iMssacré. Mds Polybe , pIustaiMfèn'et liaMtifi^ partit qâë
l'Iiistorien latin, dit simplement (|ue les Gaulois, après
avoir fait la paix, regagnèrent tranquillement leur patrie.
Ces peuples / flelon d^uidàis aâteurs^ 'dnfem 'lénÉ
tMtëtré de rilliâ ttiote^ à \e»c6migfs et 1^ leur brtfvoùre
qu'à leur taille gigantesque et aux cris effroyables qu'ils
avaient coutume de pousser au milieu des combats, et
doBt lesRomaiiis furent si époovantéB^qâ'lisjetèreiit HMi
âmes; et< s^éiftalrent sans disputer la tltlekei Dcrpals^esl
éféiieinent, si funeste pour Rome, le nom gaulois inspira
toujours tant de terreur sur les bords du Tibrcque, dans
les guerres contre cette nation , tout privilège cessait et
tout citoyen devenait soldat de droit
On prétend généralement que lés Gaulois bâtirent des
villes fort tard et quc^ jusque-là, ils menèrent une vie
«
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Bomade et Técurent smss dttientea Ht tron?aient aloi»
dans leurs nombreux troupeaux de bœufs, de porcs, de
çhèvres et de moutons, ainsi que (isuis la citasse et la
tiâp-restieiiitft, de la vie pastorale; àpeiae essayaieiit-ilayi
çàetià, une culture ingrate et stérile. Us mangeaient
assis par terre sur des peaux de loups et de chiens,
bovaient tous dans la même coupe , qui passait successive.
QfntdQ.pIns.aaciea Jasqii'an pl^sjeiuie de la làmlUe^ 4^
se saluaient avant d'y mouiller lenrs lèvres, ce qui, plqi^
tard , amena l'usage de hoïre à la santé et de trinquer.
Aucun peuple n'a conservé plus reUgieusement cet antique
«sage qiifi les Morvandeaux. Boire sans saluernonunémeot
la pessonnelaplnsconsidéraUiede celles qui soni présentes
et toute la compagnie, serait regardé conune une grav^
impolitesse , ce serait une grossièreté.
. lAlMMb80^ des Celtes du Morvaad comme celle du lestf^
desGaidois^ consistait ordinairementen de la U^pst, du ddiQ
Qtdes liqueurs fortes qu'ils composaient eux-mêmes. Us ne
connurent le vin que bien tard; mais dès-lors ils le recher-
chèrent avep iufeur.; lis i5aaiû^At.so.uvçnt les cjhoaçsi^
plus précieuaiM pour ^en .prçiaiuraE;,.aufal Içut/ >itrOi|
fspiociiér lafiatgré.la fingfltté de tonus wa^^ Vi^eès Ham
la boisson. Nous avem vu qu'après deux mille ans , la
même passion se rc^trouve encore dans nosMorvand^^^
leurs desceindaals. , ,
avaient lapeau l^anobe, la taiOe-haute, leschevei9x,]>|pi)i|dtif
ou dorés, les yeux bleus , le regard farouche , et menar
çaat; .qu'ils étaient proi^pf^ et .q{ier^tieuç$,. )wyf^ut eii
Pf^sençe.ide Jto^:£Qm^>,fpl s^^ d%^
^rtie^mls qa!en.r«nra9^q» fîsfH^ilt doctes, q^wk., 9)9
savait les flatter, h ajoute que leur passion pû^r, jejf
{(tait effrénée et leur curiosité proverbiale.
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au-devant des (Hrangers, les Conduisaient poliment soiis
leurs tentes et leur servaient, sans rétribution aucune;
idie j^dik éo^^eùse dàïis lési prdiisioil^ ée lilèudie destMée^
im tsoÉié. Jàmâi<^Tb7Sigeary'4itteI qu^ll; ftte, n^ént à se
plaindre ùé ses'feôtès; dièz eux l'hospitalité était sacrée.
kms ils ne purent pas en dire toujours autant des étran-
gêrs, qui abusèrent souvent de lear extrême créâulKéi
Ces traits divers du càractèi^ dé eès aiiéieisspetfiAes'iie
i^6séiiteiit-ll!< ntfè ëdalogié fi^i^të' avec
èéitii de nos Morvandeau^ ? f. .-^
Lés métaux étaient peu connus parmi eux , aussi leurs
instruments étaient preéctue toojoiirs de bois m de pienpfr.
niardfàtént t&inM la '^olMÂe cônvërte ' d^
Attirasse d^)sier on de plke'fej èt portant' à la main une
hache de pierre, dont la Ibrme et la nature nous sont attes-
tées par l'iiistoire et les découvertes faites en divers lieitM
dii fltéi^àml^ ëntreitottcs;^ ik haii«eurto<JNiir», pirès
dèiiâr^-^rË^faiè.' • • • f- •* . . " ^
. Simples dans toutes leurs habitudes, ceé peuples l'étaient
aussi dans leurs vôtements. Ils ne se couvrirent d'abord
que des peaux des aniinattx «(u'ils tuàieat à la chasse
éto ceux '^^m t^vamiSm ^di' tesHesoios de isi fknmna
Mlfâd lèsrflioc^S, renbmmés par leurs ouvrages en fer
èt lem^ tissus de toile, s'étant établis en Provence, où ils
bâtirent Marseille et Nîmes, ils apprirent d'eux Tart de
travailler les métaux^ où Us excellèrent IdetttOt^ eeltfl dé
ISiéfe là IdISé ddnt Ib se fii*ênt d^ hÔAts; èi Ééhot^i à
irtiltrver le chanvre. La laine de leurs troupeaux fut aussi
utilisée ; ils la convertirent en étoffes propres à les pro-
téger contre les rfjjuëiits dû fréid^ ët j^èteûi le sagtml
sèrtë dé'nianleàâ conk qî^tts aî^tàlëift t>à^^
iè^fksttcl&y éï if^élr'éëiiibl^le à ceux que portent encore
ÏÉ«i femmes du Morvand, lorsqu'elles vont aux champs.
La religion des Celtes du Morvaûd àé Ait d'^bord^'utt
firHehisme grossier ^ ils ^doiràilettt lés l^latMès ètlèsiai)^.
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les rochets et les fomaines. Lèvent 4nl^ desséchait lenrs
campagnes, l'éclair qui éblouissait leurs regards, la foudre
^ les effirayait par Mm épouvàntaJ»l6 Craeas, leçuréH
Miis 1ioiÉiiiiàge&:B 6eoi]ile qu'en «Mv ôda dmlt'àfolr '
iM'niiCiiréUeméift't^ei' im -pet^^ de iMfgmfiQt'ii'lmdtl
point été divinement éclairé (1). • • .1.
• 'Dans le cours du cinquième siècle avant l'ère chrétienne^
tttèinidfttuâ6'âQuaiali^ cm&b^ da lioréâeJa
CMfrtjÉMiie «téê l^ttMjëoitâ^ et lem soi» iaitibii^
duitc de IIû 011 Hésus-lc-Puissant , s'avancèrent , après
bien des combats , jusqu'au cœur de la Gaule et arrivè-
tm, 'ièttii moiib 'ëilueâs^ aliloord'hid le Mervand (&}* Ces
éMQgbis'iairaimit amiSÉ wt^ eut kll» pretm cmiim
i*mWfi(kB[ike êi^^ e'^-à-idlre isages.- GeM-d prêt
chèrent aux Indigènes leur religion, leur en ensoi<?Mèi eut
les* dogmes et la morale^ et bie&tôl 1^ croyances 4eà
deux {leiii^' 6e''teoolG«iâirM "pcm'W^ fûnOBt 'q^
i»eilili*lliécaogië et tme tnéim religion ; le cfaruldldteei
■ Ce culte avait pour base le dogme de l'immortalité de
Tâme par la métempsycose , et celui de l'unité de TÊtue
j»|rrêmë yHUi.'qfA «loiinait à sa théologié nne-snlKlMté itt
tme* «upétloitié lacoatieBlaliles mt'fM&^'ù!» Cëtteà ët
«m^ës mttàM psâMâMa Sftidovaâe-seitliidnM à eesii^
points fondamentaux: t Adorer Dieu, ne faire jamais le
» mal i se distinguer par sa bravoure. »
* GoilliiielesPénesrylesdiiâéesn'avadeil^^^
plrème, que de prétendre la renfermer dans un lieu ou dé
la représenter sous la iigure humaine. Le chêne était le
âii^^ao^l ils afadent jj^ns p»ûcn]ÈtimM^
souvenir de sa présence. Cet arbre' étalt> à leurs yeat,
(1) DitAMDiwi wt Sawt-Espmt , PûBtet d€ toi Pranee « Wfcmw . ' '
(9) fWci, tome I.
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56 l£ MO&YAMO.
totylnlMle^ti'bnkriie de la diviatté^ itodeiiiviltsl
disaient Tavenir par le mouveinent de ses feuilles. Ces
prêtres païens en avaient une si haute idée , ils lui avaiesi
YOiiéiUÉe 8î profonde TéiiâratiQBy^'Us ponlaienlfinrleiiv
Imt ,.da)ia toirte» les céniiiioiiiea OnenKeyiine oonroina
de ses rameaux (1) !
. Les druides aimaient, en conséquence^ le séjour des
plus sombres forôtSi Les lieux isolés, capables d'im^irei;
de-la crainte etime 8(Nrled'efi)poifeligieaxi éUiieBl mttmA
vedierdiéft dé ces ûo(!ibem my$tëgimuL et. redontésita
peuples. C'était là qu'ils cultivaient les hautes sciences
religieuses, civltes et philosophiques^ car i)a étaient, e^
Mtoe temps , ponltfes ^ légîdateiisftj. jngos # m^dedoii»
pUloaoplies et.poète& Cétait là aussi -fie >ae Iromratait
les divers monnments de leor eolte. Les forêts du Haut^
Morvand, surtout depuis le Beuvray jusqu'à Quarré^lefr:
Tombes , en renfermaient ja^Us un grand nombre (2). •
Les druides croyideat ami que. lea lieux éqniiKnils
dtaient airtaat de sanetnaires éle^ par lanatae è VtUxe
suprême ; de là leurs établissements au mont Dru , au
Beuvray, à Sauit-])lacc . (3)... Ils formaient quatre classe^
ittstinotes ^rnat'ClHicifte .son rang et ser.attribatiiNHi
dtaraesL JLcanuMleaf^odaipfdeiit deaitttt
de la religion, et en enseignaient les dogmes et la morale
à la jeunesse. Les eubages ou ovates allaient dans le
monde , étudiaient les sciences natmellfis^ telles que, la
médecine , rastfoncnnie^ et s'oceupateiit de dtvMioBii
liisriaiimiddesr^ ataisl nommés du roi S^ifon, Tun deif
premiers qui régnèrent sur les Celtes et leur contrent
4eS)iempiU)is p»bli<;$9 ren^ai^ti la jnMpCiet
(1) jram jmt m vobovum éUgmU lueot, ntsulfai ttem ÊSugeàpronâêeimi^
(S) £/gciMiai^<fiiilim, lomeii, p.965. . |.:m
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LE MORVAND.
57
MX «Dotsâts, Safia les imedes eéléfeiatoiit M tettru*
meiitB le» feitos dvttis el religieuses destitoyens ffiaMm^
et les hauts faits des guerriers, qu'ils accompagnaient
jusque dans les comlitats pour stimuler leur courage >
soutenk leur arâeiir> et leor inspirer le aiéprii de là
aiort (I). Leur influenee était si gnmiB, qn^Os • airi^
talent quelquefois la foreur des eembattants , et réooln-
ciliaient deux armées prêtes à se livrer braille et à
s^entr' égorger. t
Les-décisioBs des dmides étaient rairemeat tranirei-
sdes^car, maliiearià qni Teftt osé. H était amrftdt linn^
d'anathème , et , par là , exclu de la société même de ses
proches; on le fuyait^ on l'abhorrait comme un scélérat^
VB pe$liféré> qiâ aurait traîné après M le désiieiiiiear> M
eeatagtott ^ la iDott) o&ae M vesdaitpasittaBièlaJot^
ûee. Céttdtf dit César, kt peine là plat ftdmitable^ la
plus terrible de toutes (2).
Il y avait aussi en Morvand comme dans le reste des
Gaules 9 des.draidessea^ vnlfaireHeikt conMes sons 'ls
nem de /fa on Vierges. De làv ainsi qne noos Ifams
remarqué plus haut, ces nombreux dolmens du Haut-
Morvand communément dits pierres de la vierge et rocket
des fées. £lies &'OGCim>aient de divination et deip^édieUnnsf
leur inilbenoe était aassl Ibn grande fami Inf peÉJpie^'qai
tflS'Creyàit capeMes de fiyre les pins 'étonnantes' mer»
feUles^ et surtout d'opérer les plus terribles maléfices,
comme de.cbanger les hommes en bêtes ^ de > faire péiiiè
Ita aidmnnx> d'-eièiter ks tempêtes en tienuputt jnnietf
ment im* éii^niAe dans Feaa^nno^siiitfie flilee élaiaei
extrêmement redoutées en Morvand.
(l)>ikM|innr| Wlf* dlP^MNMl tHMl* •
ntURDine DK Saint-Esprit . F<rt>l<i» to m m • M tm m , > »
Chakdo» , Hitt. de imviIktû'Mmsmt \Êm» i»
(S) De JMto GoUiw. ■ '
s
4
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58 lift'IfO&VAim
sacrée parmi enx. On lui attribuait la plus sublime vertu >
comme de rendre féconds les femmes et les animaux sté-
rites^^ fil de guérir toutes sortes de maladies, cueillette
staHitaitle sldème joter dft.la pnoMlèce Imb^et CéHiC
mM^ém eMM de tmte ims qni était préifKé. Qatft»*
semblait au solstice d'hiver, c'est-à-dire vers le commen-
cement de l'année^ pour courir à la recherche de l'arbre
qà 90ilait:JLa ptote eaciîâe. (ft). i^ffiqu-oo. i'ayail dé-
ècpiMt^ilfr poÉtUe». sqM d'im oohInmi oortége, et
rendait an lieu désigné , détaohail l'objet, vénéré aeiee
une serpette d'or, et en faisait^ par des ministres subal-
tnmii» >. une distribuUea à toutes les personnes prér
liDtea €e1leMiie remalHit «vec leii>lei aigiM» dHM
ettiême déMion^'et le eoMnBifeDt ensuite très-prédt»*
sèment dans leurs malsons ou sous leurs tentes. Vingt
lois les sombres lorêts du Morvand, parcourues en tout
tins par mtt mnltitede refineilUe, tMil jreleitti. du cd
•MBé: ifrAB^FannentM fingiinb.le» iodi^:et ltn
édMiB des bois ont répété ce ori reUgie«& de nos pères; Uk
cérémonie , commencée par des prières publiques , Bt
\\ fvtftUL \t dniiisaie^ eett» MHgtoa .infMdsiiseLjel
enintive, qui ne Mfia Jamais m deg^nf» à VémIÊmA
et se propagea toujours par initiation , n*aviit^ du nMdnt
en apparence^ heu de profondément immoiaL Mais, i e^
ntVwrtj dis Ina d anfliisi v f ^' 'ff' dola^ nH on/ a mn i o wwl
i^MWgaew< péitteMy dani>.kn:tHapndevfléaiiK«dl:4B
(1) L'année druidique eomneoçdt ta soiatiee d'hhrar, à la tixièmf nnit
éê la première lune; on l'appelait nui t »jre ,- comme proaaisaBltlpISaJBe
«Qtret. Les Gaulois, se disant âls dePkitoaetde.r£rèbe, complatiMtffo
conséquence , les semaines non par>in>iiimBi » miiai parJe» —it» •> ,
(8) Puni , Itv. XVI. • • • " »*
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LE MORYÂMO. 59
mallienpiiliycs, les sacrifloes humâtes « et c'est alors
qa'dle revêtait im cmclère barbare, bonible, qui la lit
détester^ et servit au moins de prétexte , aux empereurs
<le Rome^. devenas maîtres des Gaules, pour la proscrire.
Lors dope qu'on sacrifice abominable était offiart à Esut,
ce dleo cruel et sanguinaire , U père du eamage, ou h
Tentatès, Fami du silence ^ le
enfin à Dis;,/e père de la jiuit , on voyait un eubage s'ap-
procher mystérieusement du cadavre de la malheureuse
irietlme» gisant aux pieds du sacrificateur , en tirer ^ aux
applauéissemeBts d'une muUitude hisensée, les entrailles
encore palpitantes , les interroger d'un œil scrutateur et
inquiet, et prédire ainsi Tissue d'une guerre imminente ou
la fin d'une calamité désastreuse.
Outre l'ordre "si 'jouissant dès druides, fl en existait
encore un autre ches les Cdtes, c'était celui des âieva-
liera ou nobles qui se transmettait héréditairement. * '
Le gouvernement du peuple éduen était une république
administrée de^tiqnenient par un vergobret, sorte de
magistrat suprêime , élu chaque année par un sénat com-
posé des prêtres et des nobles de la nation. Il avait,
pendant toute la durée de sa charge , droit de vie et de
mort sur tous les citoyens; mais^ par une précaution salu-
taire, mû! était défendu de sortir des limites du pays de
s& domination , et à ses parents d'entrer ati sénat pendant
tout ce temps. • '
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CHAPITRE U.
ÛM^nêlc iNft HavlM par Im ImbIm* Vmm M avAnt lêMW-Cliritt.
Tel était l'état des Gaules ^ et en particulier de la
C€ttt^> ^nifioe 1^ lUNnains^ inattrâ dé. 1^
formèreiit avec les Édaens cette conféd^ratloii fomeme
daDs laquelle ils se donnèrent mutuellement le titre d'alliés
et de frères (1).
. Aidés de l'appui de leurs nouveaux ands, les iii»iQiecs
entreprirent de ndttyeUes conqaûtes^ et les seconds^ gge
cette alliance rendit pins iers et plos témén^ires, tentè-
rent d'opprimer leurs voisins. Ils attaquèrent donc , sous
le commandement d'£porédoxjUL> Içs. Séquanes ou Franp-
Çonitoi»» qui aiyelèrent k lw..s^iirs- le. J^n^lajfit
viste, chef de plusienrs tribus gennaine& On.ep vint ^
mains , et bientôt les Éduens furent forcés de se repentir
de leur témérité. Vaincus en deux batailles sanglantes et *
réduits à la dernière extrémité, ils mirent bas les aimes,
et imi^orèrent la clémence des vainqueurs. Geux-d les
obligèrent à livrer leurs enfants en otage , à faire promesse
de ne jamais réclamer le secours des Homains, et à rester
éternellement sous leur dépendance.
(1) AMViM-TBlMiT, Biit, été GtuM», tom. ii. p. 168.
*
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A cette funeste nouvelle , toute la République fut dans
les larmes^ et plus d'une fois les tristes édios du Morvaiul
nipétàreil les cris âécbkaats des mères qu'on aUatt pd m
de leurs enfimls.
Touché du malheur de sa nation, Divkiac qui, cette
année 5 était revêtu de la dignité suprême de vergobret,
et qui seul avait reinsé de sousoire à ces ignominieuMS
cofidUloBS» malgré la loi qui lui interdisait dé quitter
■a patrie 5 vola à'Reme pour implorer, au nmn des
traités, Tassislance du sénat. Mais celui-ci, soit que le
soin de déjouer les projets de Gatilina , qui menaçait de
renverser le gouv e mèmcpt établi» ae le lui permit pas»
81^ qu'A fftt guidé par une pofitkqne astxdease , ou que
son mépris pour des barbares le retînt , ne se laissa point
toucher par ses instantes prières , et les Éduens et les
Ségoanes durent régler eux-mêmes leurs a&ires.
• A oetio époque (1)» les éfénemSDts qui devaient amener
ente la nrine de l'antique république éduenne , se suooé-
di'aient rapidement. Il arriva bientôt que les Helvètes (2) ,
mécontents de leurs vallées étroites et stériles, voulurent
^aller cberdior an loin une patrie plus douce ei plus heu*
•traeL Us brilèrent donc, poor s'interdire toute pensée
de retour, leurs villes, bourgs et villages (3), et partirent,
au nombre de trois cent soixante-neuf mille» pour le pays
ées Santons (4).
Déjii ces peuples ^apprêtaient b traverser la PnwiMe
ntmaine (5) , lorsque la aouv^ en parvint à César, qui
gouvernait ce pays en qualité de proconsul Accourant
donc de ilame en toute hâte» ce général ramasse ses
légiOBS» attaque brusquement les Helvètss et les rtpOMSSi
<1) An 58 avant Jésus-Christ.
(S) Les Suisses. - ' * .
(3) Au nombre de douze villes et quatre cents bourgs.
(4) Ceat de Saintes. •
t9) Le Pmenee.
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62 iM MOâYANO.
avec perte ; force leur fat de tenler Is pmm^Ê mt m
aatre point. Us envoyèrent donc des ambassadeurs ant
Édiifms> ûi, 6u» aileadre leur xiéponse» Ut entières! sur
le territoire de la Répnbliqoe.
Ceux-€l aytM pris annltét les mÊès^ vmmAM^Aéjjk
la ligne de la Saône , lorsque César , avec ses légions ,
aniva à leur secours. Vaincus en deux batailles sanglantes
et réduits à eeDt dix mine» les fielvètes dareM se soi»-
Mttie «t rentrer dans lenn vmAagBes»- qu'ils avalent
eux-mêmes si imprudemment ravagées. Le tyran de la
Geltiqpie^ Ario^istc , fut aussi deux fois battu ^ et contraint
de re^aner le Riiiniivec ses Germains (!)•
iprès aes InlIaBts exploite» les idneai et laiM vai^
obéraient que le calme allait reaattps danstleoppatila;
mais ce n'était, à proprement parler, que le commence-
ment de ses malbeurs et de son complet asservissement
Le procoasid, au Hca de raaieaér ses léi^ns dans les
pays soimils à la doflilDaâoii rmaniae , les eaailonMfc sur le
territoire qu'il venait de débarrasser des barbares , ce qii
constitua une violation flagrante du droit des gens, et excita
riadigaatioa publîqaew Les Belges forma les premieis à
leler le tri d'alama at à oawir aox aaaas; les Simm les
Isritèrent Les âdaens, aa ooalmire., toaiôàrs idèies à
leur vieille alliance avec l'étranger , eurent la faiblesse de
combattre sous ses drapeaux^ et lui aidèreitf puissaBuneat
à obtenir la vidoire sar l0at8 vaisin&
Pourtant nos pères ne iarddreiit pas li aavrirles yeax,
et comprirent enfin, non sans un morne chagrin, la gran-
deur du danger que courait l'indépendance nationale.
Haatenx d'une i^laaer qirt fiamaait à l'asssciùsameBl des
Gaules > ils prirent 5 mais trop tard 9 la résolution de
travailler à l'abaissement de l'ennemi commun. Ilscoai-
mencèrent donc à montrer un refroidissement calculé et
(1} dMH , lib. Iv. Biêi. deê GanÊMê, tom. it , p. SIS-M.
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LE umyAam 69
uneMitatk» q«e Gérar ae paculBl à vaiiicrë qa'k.VM$
du parti puissant qu'il s'était, à force d'intrigues, ménagé
dans la cité éduenne. Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on
KeacÉDtre .4aiiB la société 4e ces hoiimiies amhiUeuLel
to«6ote8 «I étalent là^ JorsqoHui évé&enent qui sar»
vint 9 mit toute la république éduenne dans la rumeur, le
'tnmble et l'agitatioa; il s'agissait d'une double élection
de.tevgelNret Une goore cifiie ailait înCtiMMement éetar*
fer 9 lorsqu'on, réseliit y pènr pnévenlr «i tâ .Mttcknr^
d'envoyer une ambassade à César pour le prier d'inter-
poser son autorité. Celui-ci se trouvait alors à Bourges,
qu'il venait d'enq^rter ^sè» un aiége auaai long 4|att
péRfilins(i).
Mnm édfe ce iiui se pa8Mltiëe>ranine oMédela Mre^
le général romain, malgré les embarras d'urne guerre qu'il
voulait pousser sans désemparer, résolut néanmoins âe se
lendre m»; raui <de m aHlés.» et cdft?O f> â »cn eona^
^|aenee,lieéMt«t tente le neUeaaeéÉnenne à Dédier
petite ville située danstme tte formée par la Loire. U se
trouva lui-même au lieu du rendez- vous , le jour qu'il
avait fixé. De n^émoire d'immme^ les montagnes 4u Morw
laid n'svatat TU ééfilcr tM Me fto«^^
miniit Pnsfne Iw ta çitoyelit 4e MilMè et lee
hommes marquants du reste de la République se rendi-
rent, en elTet, à la suite 4u sénat, au Meu désigné pour
vider im débat des.jj^bB'gvavee. Là^eans |MBdn4e teittpe>
Qénr^ fll^peant^n- Juge el le «x4e'4es Wê ûê fMf»'.eii
maln^ éeoule attentivement tesraisens allégnées de pari
et d'autre; puis, en homme prudent, talide FélecticKi de
GoBCictolitan, qui était le ;résultâ^jiu concert .du sénal
des prêtres de la nation, et toce Gotns, bien que dumd
partisan des Romains, mais dont le cboiz n'avait été fiilt
, ' \ - ' < .* •
(1) ]>eM9G«U.,clitp;nivy.St. , . i M
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que par quelques niiMes an mépris ées atafw Mtiques , à
se démettre de sa prétendue dignité (1).
Cette affaire aiasi réglée^ le proconsul, suivi de la
cavalerie édoeme fiiril s'étak fait amener, se porta, à
mmfces forcées, lor Gergovie, capitale des Arvenes, où
ces peuples se trouvaient réanis sous le. commandement
de Vercingétorix , l'homme le plus considérable d'entre .
eux. QaelipMS joara après, dix mille hoauBues de pied, •
fse César avili aussi obtenus de vergobiet et do sénat,
BovtaieBt de Bteacte, et mardnieiit «tas la mène dim*
tion sous lès ordres de Litavic , jeune capitaine issu d'une
des plus ancieones et des plus puissantes familles dQ
l^Éduimie, et, ensecfet,eflD8mijttrédesRomalas(2). *
Le proconsul n'ayant pu , malgré des eftots.8urtinMlnfr^
se rendre maître de Gcrgovie, abandonna brusquement
le siège de cette ville ^ où il avait vu sa fortune près de
paioetnibw soos la valeur ganlDlso, ot se porta da oété du
pays des Édams. Mais la renommée, fut a«desata,ry
avaKiH-écédé , et foole la nation 9 att'brnit ^ IMèefM
venait d'éprouver, s'apprêtait à courir aux armes.
Informés de œ qui se passait dans leur paiiie, Époré-
derix, Jemn gnenier aussi remarquable par son comniia
fris par la néUesie é&.ams arighie, et IMmnsMy ier
enfant du Morvand (3) , qui commandaient la cavalerie ,
obtinrent du général romain la permission de précéder
las légions sous prétexte de. calmer les.e8pritset.de laiie
renlMT leufs oeacttoyem dans le devoir.
• Aloar a >rl^ > Wev<w, Hs eonnmr^nt atee oertltoée m
qui se passait à Bibracte. Ne doutant plus que l'heure de
la délivrance de leur patrie n'eût sonné, ils égorgent la
éramisén ^: pillent les trésors et les bagages de l'année
(l) DeMoGoWeo, liv. nu, ch. 88, p. 196.
tS}iM(l,chap.a8»p.S00.
On eroil qti'U naquit k Verriêm-sow^onMittMi.
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Ui MORVANIK M
romtee', font parttp pour WfÊurMB' 4eB otages êe la
Gaule que César y avait laissés, et mettent le feu à la
villfi. Puis ^ sans perdre de temps , ils écheloimeiit des
pwleBiidlttaimle long dts bords de la Loire pour arrêter
V&mtBùÈ et le fovoer à se retirer dàns'le pays jde sa domi-
nation (1).
Cen était fait des Romains enfermés dans un pays
saccagé et estourés d'une population soulevée, si la pnn
deaee oïdfaiaiie de leor général M ^eù^t fiiit délknt dans
cette périlleuse circonstance'; mais indomptable pro-
consul d'un coup-d'œil a compris sa position. Accourant •
donc rapidement vers le nord, U passe « contre Tespérance
des Gavloift, Mlioireàgùé^eimreslirlepaystaisaigé.
Cfesl alors qu'il eonnnl-^'fl n'avait pas ail^ seolemenC
anx Édnens , mais à tout ce qui conservait encore un cœur
généreux dans la Celtique. En eflfet , nos pères , soit à prix
d'argent, soit par la pnissaace de lenr ascendant^ soit
eninpar menace d*égoiger les otages enlevés à Hevei»,
étaient parvenns è soulever lerars voisins, et nne ligue , la
plus formidable que les Gaules eussent jamais enfantée ,
s'était subitement formée.
Fondant que l'eminml gnèrroyatt dn cOté de Sens^ o»
tint à BOmcle tme assemlilée générale. fipir s^entendie
snr la nouvelle guerre. Tous les peuples des Gaules, i
l'exception des Rbêmes et des lingons , restés fidèles à
l'alliance romaine , et des Trévires , occupés contre les
Gtnnains, s^y maHmÊL Jamais la vMUe cllé édnenne
nfavalt vn dans ses murs nn conoeofs'de peuple plus
nombreux et plus animé , aussi jamais affaire plus impor--
tante, plus sérieuse ne s'y était traitée (2).
Une guerre d'extermination contre les Romains y«liil
nMneii4Hmaninitté, et fiercâigéloHx «ta généraIMme
(1) De BellùSàlL, liv. vit,-eb. 56» p. tll. '
(9) De m. «ièlL,Xïv, ni, oh. 54, p. 316^ -
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66 Ui MOaVAND.
des^tnwvmaUlécs par towlet wfîriiges. Celte préMwMt^
donée au Armées da» la pewoimc de lewr iMPteoe^
blessa vivement l'orgueil éduen. Éporédorix et Virdu-
mare » iou» deux égaux > sinaa en ^issance, du moin»
CD courage et en pMotimm , en teflBeatireDt ewloiit «e
amor chagrin; ce ne Ait qu'avec une exCrtae né p a
gnmice que ces deux jeunes guerriers de la plus haute
espérance , l'orgueil de la patrie , se virent contraints
d'obéir à un ebeC étranger 4 leur république. Anirtaiitto
ggatité de» cirfiHMtwoBa fit libre tmrt wbiiwHwH, et I»
dérir de recouvrer 11nd^[>eadanee n^Hamile ételgitt towte
rivalité dangereuse (1).
JLegénécal en cbeC» Imnédiatementaprli ao& âection^
le fil MMner des oUgw par Ima ta» peopl»» eonflid»
lé» peur ^eaBurer- de leur idéMé tel de PexdButidn de
ses ordres, et fixa ensuite le contingent en troupes à
fournir par chaque cité. Celui des Édnens et des Ségusiens ,
tamsdlieiita^ M dodix nflie boM» de pied» etde Uâ.
oeiili dierax à l»lfile deuQild» Ai placé IoMm
rédorix.
Tandis que ce dernier allait avec ces forces porter la
gnem dans le Danphim^ > les Anmmes et ceiix du Gévau-
dMi pWtircit ppw nliiWflrr «le flsneca^ le Bo ue rgute^ le
Eewf et toH les pays Ha rii pepbea deiaiOaute n a ri w iin al iL.
Pour Vercingétorix , ce guerrier, bien résolu de ne point
tenter de sitôt la fortune et de ne point engager d'afliaire
dMiive^ se Ait apisi, amt tas qpiBiB sdlta bonnes d»
e»Mleileipi'Qa M amÊt anenés à Bibfaeie:^ à cotrir.ta
eanpagne, détruisant les babitations , brûlant les IoIm
et les récoltes, afiad'iafiamer rarakée ennemie^ bétes et
banune»(2).
.GéMr»«0'r«)«nl iait deàns.levéaeiatM'ttil^M.eili
(1) De Bell. Gall., liv. tii , ch. 43 , p. 316. •
i'î) De Bill. Gall., liv. vu , ch. 44, p. dl7.
I
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vers le pays de son gouvernement C'est alors que Vercin-
g6tarix> dans la crainte qu'il lui échappât^ changea tout
k «019 4e iMttfvey et le fil viveneat attafuer par ii^
tadoi&
Od combattit de iMurt et 4'a«tre a? ee «fie wtênt^taMm
et un acharnement désespéré ; mais la fortune trahit les
aUiés fiui, dans cette première affaire, perdirent Jbeai^
otH^^moide» Pami les pxktwmkm reatéi an pomir
de l'eBMMl^ ae lmif«kail tiolB hmem iéÊtmg OtÈm,
qui commandait la cavalerie , Cavarillus , général d'infan-
terie , et ce même Éporédorix qui avait commandé ea chef
la-naUMinaim ei^iitltion coivbre les Séqiaaiies (1).
TmA la mféè^mmsit la tiw fanpeue' retn^ de
VereiBgéleriK tor Ailes 5 4t8pfCile des aiand^fiiens (2), oÉ
vinrent expirer la liberté et la nationalité gauloises. Cette
ville était très-forte à cause de sa position au sommet d'une
watagMb doiit Je pied eat liaigaé |iar dans aividnai. Le *
gMràl» an mofoidea travasn d%t qu'a yjtealiiânr^
la rendit inexpugnable, et s'y renferma avec les qaatie*
vingt-dix mille hommes d'infanterie et les huit mille che-
vaux (pû lui restaient C'est là qu'il résolut , après quelques
aartftes malkweuiet, 4'attiMire lea. ieirfqrta:^'IL anft
Mt soHkiter daas teitfeft lea Ckmka, et fQrieaiVrta ft
comptait pour se dégager de la triple circouvallation 4an^
toluelle le général ennemi l'avait renfeané (â).
Gea recfnea» qpeiioe noina mmbTmm^iSA%m.fvM
pmerit» arfflevèrem uéawndHia .li^ dena aent ivamte
roUle hommes de pied et buft mille ctaevanx. Dans ce
nombre, les Éduens et les peuples qui leur étaient soumis
. . . ••
<ij De arià -Mv ili> efr« p. m; ^ iAuntflaoMw» Bkti âm iftftMt,
iS) Aié»qrt*twi>. Simili laming. EU» ««mptll qaii1itii»4>wto ww<ea» par
des rochers qui forment tout autoor.Gomine une ceinture de muraillM* ,
(3} ne UUo GaU., liv. vii, ch; 79, p. 981.
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LE MORVAMD.
dtrerses parties^ Ul GMetm }» terriloire de la répu*
blique éduenne, où elles furent passées en revue par leurs
pdndfaax chefs » Comminus d'Àiras» Éporédoiix et Yir-
dumare^ capitaines édaens, et par YergasUaune» pannt
4« fMni Ml dief; puis éllês partirent eisiM^
de courage , de patriotisme , et pleines de confiance dans
la victoire qui devait encore cette fois leur échapper (1),
Ces trwpes ne lurent pas platOt anrivées devant Alise,
^ntatotttat aoirir noortrier qif achmié t^e nga g ca . ¥et^
dftil les dmu Jours et une nnit qn'Ù dwa, tm *fit^ de part
et d'autre, des prodiges de valeur. On sentait, des deux
côtés f tout ce qu'il y avait de décisif dans cette affaire ,
et on se ehaigealt atec tonte la fnranr dn déaei pe i r.
Ibis la taeli^e mffltaire tricnçlia da nombre el*dn cou-
rage , et la liberté de la Gaule expira avec l'élite de ses
enfants (2).
Voyant donc qne lont diait perda, VeriingétorfXy rime
anffée-de doalenr» saute snr son ehevtf de Imtaitte, qtfû
«fait fttftrielieaieiit limaclier, et part au galop dn eôié
du camp ennemi. Arrivé devant la tente du général, il tire
sa glorieuse épée, la jette aux pieds du proconsul, et
i^vom tidnen César , sans se laisser toochier par tant
defé&iroslté et par de si pnrfèndlttinllieinrs, le fisdc aussitôt
garotter et conduire à Rome, où il est jeté dans un obscur
cachot Ce guerrier, si digne d'un meilleur sort, y resta
ainsi privé de toute consolaiifNi Juaqifà ce qne, six ans
• pl«s tari, 11 pM an tyrtn de sa patrie de ren tirer poor
(1) /Wd, ch. 75, p. 234.
(3) ibid, ch. 88, p. 338.
]« pkiM dm i mmm , sitaée m pied du UM-Âvauiê que eeuroniitit
Alite, el où M livra lâ bataille^ a pria, di(^, ee nom «& aennidr4a
eal éft êaumM vMmmk; aar il tarait m e tf i ewp » da nol tonyM,
larmes.
(8) /Mtf. ch.SO, p.SM.
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le ùtae servir à son triomplie, et ce Jour là aitae , H
tronya^ sons la hache du bourreau^ la ûn de ses souffrances
et le terme de ses humiliations (1).
Le proconsul, après Tédatante victoire qui lui assorail
renqi^ire des Gantes, renvoya anxÉdnens et anx Arvemes,
parmâiagement ponreesdenx peuples, les plus poissanls
du pays , ving^ mille des leurs faits prisonniers , et distri-
bua le reste à ses soldats à titre de récompense. U.vint
«mite ini-mème pasm rUver à Bitancte, qui s'empressa
de fad ouvrir ses portes, et s'y Ht amener, des diverse»
parties du pays conquis , de nombreux otage& De cette
époque y qui fut l'an 52 avant Jésus -Christ, l'étranger
gouverna en maître ches nos pères (2)^
• . • • . •
• • . ' • • •• .
{^MtOùML, Uv, VII, ch. 90, p.SM; Comxitif, Um^tUrP^Vi. • .
CBAPnM Ul.
• ' fttv^uc et ç^uÊm «ta M^nmnê; le DroltfltM^ctl »raMrllk>
Tandis que les ciivers peuples. des Gaules al>aUaes
s'enq^resNtoit de Yenir éégoKt aux pieds du vaiiiqiiev
le gage de leur soluiiisflion , mie contrée de l^ÉdniBle n'eo
parut que plus hostile au nouveau maître, c'était le pays
des Noires-Montagnes ou le Morvand. U renfermait aku»
phMieiirs peuplades iort Jalouses de leur iiidépendaiiçe>
anifaélles s'étalait vem Jobidre qœiqiiis nobles débris
de l'armée gauloise^ chefr et soldats^ qui avaient préféré
le séjour des bois à la perte de leur liberté , et une vie
nomade et à demi-sauvage , à rhamiUatkm générale (1).
Excitées par les prédications JoamaUéres des druides^
qui peopblait lenn sombres forte, sontenues par les
rapports et les exemples de ceux qui avaient échappé,
par la fuite, au fer de rennemi, ces audacieuses tribus,
ainsi que nous r«roni vu dernièrement pour les peuplades
arabes 4e nos possessions d'AfHqne, juNiit une lurine
implacable aux Tainqueurs de la patrie , massacrent
impitoyablement les Romains qu'elles rencontrent, et
courent ensuite se cacher au fond de leurs inaccessibles
viUées. Mais ces mouTements partiels n'étaient plus que
il) I>« BêUo OqU., lib. VIII , ctiap. M, m
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les dernières pulsations d'une vieille naUonalilé expirante
et d'iue litarté à l'agonie (1).
Céwypotir toBtrenbilde oesiemeidianrt^
el pour taamm la litarté MiToyagem coMhncnrce,
établit, pendant les deux ans qu'il passa encore dans les
Gaules , des postes militaires aux principaux points du
pays iiisragé^ ai Ub ût saigaensemeat gard^ C^). Qa en
retrouve ençoredaiMBdgeseldestfi^
^ Châtean^hlocÉi^'WiiOiiraix , à^teogne , 9m âUttitt'» à
La llochc-en-lireny, à Alligny, à Bar-le-Régulier.....' * ■ *
Entre ces dive^ camps ratranobés se trouve une
ec>iliiéa''iaar^qatflaia ' et saanrage 4!aMa vaMe ^landaei^
DacàaatesaiaHltigbQi IM^staftiTinemaiiliav comme
ceinture de nmraiUes^ ûmées par la nature pour lui
servir de remparts et la protéger. Elle fait aujourd'hui
partie ,du canton de Montsauche ioat elle (orme le eeBli%
G'e^ là 9 si on en crett la trodltta et quelques antique»
manuscrits^ que refoulés par la présence des soldats
romains^ les derniers ennemis de ia domination nouvelle
résolus de mcfoaiÊ jasqn' a» dender platdl qaa de sabir line
honteuse servitude. Tandis que ^ protégés par ces retran*
chements naturels, les femmes et les vieillards veiUent
sur leurs nombreux troupeaux errant en liberté dans
les.Ms-el sur le bord des nrissaaax, les liemmes vatt'
des et ea âat de porter les mnesse répandeitt dans^le»
pays d'alentour et font aux étrangers , et à leurs natio-
naux qui ont courbé la téte sous^le joug, une rude guerre
de partisans. Les soldats isolés sont massacrés^ les voya-
geurs dépouillés, les convois attaqués sur les votes publi-
ques et pillés , les troupeaux enle vé& .....
s*-étaieat réfugiés avec leaars fo
el leurs enfants^.
(9)IN(f.
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)3 I.B MORVAND*
.Xe» vJlll^pMllm:MtpallV;^^ tolâm:loiit-Uflwcci:état
de choses. Uèatùi, en effet» lassés de. ces intaget» qi^Us
segiardost ceoMie tirtsntd^ brigandages^ ils penseat à 7
mettre fin, et une guerre d'extermination est arrêtée. Sor-
Uat.ctaAc de leurs cantonnements, les cohortes romaines
•
tfOTfimt .de dircni: points à.la lois et pénètrent dan»
Tinlérieiv dupais >ien saimt avec précantlûiito
des bois et les contonrs des nu)ntagne$. -
Au. nord-ouest de Moux, h deux kilomètres de distance
environ, se trouve une plaine marécageuse ^ qn'itt taèsr
aaaten tenrier .de ia selgnenEle :de Menessaire iqppalle
Hy €hamp'du'^GwUn$ (1); on 7 remarque , ahisi qa'an
sommet de Mont-Moux, montagne qui domine ces pa-
rages, des restes de çastramétations » qu'on attribue
ebmmnMP^ent am Rosnaink C'est ià^ qa'nm
•Md>m« Irilm dèOdl» «ntt lié .M. M, .qM
y trouver un asile assuré contre les nouveaux domina-
teurs. Mais, trompée dans son attente, elle est brusque-
ment attaquée par les cohortes ennemies^ qid enviant
«niboiiibie icaumage. Qn.crc^ n ai roi i w a r m aaureair dot
<»tiiardélidte da» le nom^d'ime métairie, bâtie pins taid
sur le lieu du combat. En effet, Painierot (2) est évi^
dewwiMSnt formé de ces deux mots latins : Pakm^ BffmeH
mnm9 c'estràrdire ; Victoire des AûanaiiMk .
lA.rest.do Momsaaalie, su la rivière de la Gm^esL
reneontreiine autre i^Uûne marécageuse, cooime égale-
ment autrefois sous le nom de Champ-des- Gaulois (3),
et.où.la tr<|dition populaire porte qu'il eBlsta andenœ*
mm.Wgnnàe.m^ U» s^éiairal ftaést» oeuag' daw
(1) CouRT^p^E , tomoivs iMiiMfiHftfe «jifOM^/lSir// '
(2) Aujourd'hui Ponmereau.
(3) Ce nom revit dans celui de Champ-Galleron (Campus Gallorimj, au-
jourd'hui champ-Gaxm, han^au bftti duM ces parage». Le peuple proAonce
encore dumy^arron. . . v t
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U MORVA?iD. )3
Ud Usa inaccessible aux tyrans de la Celtique» quelques
débris de l'ancienne patrie ganl<^8e. Attaquée comme la
première , celle tribu , malgré une délense acharnée , fut
Irientùt culbutée, anéantie. Là aussi comme à Moux, le
souvenir de cette sanglante affaire s'est conservé dans le
nom dn hameau de Palmaroux , Palma Bomanorum,
Mais nul endroit n'oUVait, à ce qu'il semble, un refuge
plus sûr contre les vainqueurs que le territoire de la
comnmne de Don-les-PlaceSb Son éloignement des liem
occupés par les légions , les hantes montagnes et les forêts
qui l'enveloppent de toutes parts , en faisaient comme un
boulevard naturel contre une armée envahissante; c'est
pourquoi les GeUes révoltés des environs s'y étaient
rassemblés en grand nombre. Les druides , penécntés ,
avaient abandonné le séjour du Beuvray et s'y étaient
eux-mêmes réfugiés. Ils avaient érigé, çà et là, dans les
foréis, de nombreux dolmens sur lesquels ils offraient
sans oesse d'abominables sacrifices pour le salut de la
Gaule (1). La hauteur de Saha-^Mare surtout (3)^ qui
avait, en quelque sorte, remplacé le Beuvray et était
devenue la montagne sainte du nord, voyait fréquem-
ment les tribus accourir h son sommet, où se trouvaient
réittis presque tons les momments sacrés du €«l(e ga»«
Ms. Id s^élevalt un ebéne séculaire aux brandies duquel
pendaient des têtes d'animaux de toutes espèces, des
armes 9 des vases....; plus loin, un champ de menhirs, un
peulven redoutable..... Au flanc de la montagie coidail une
source sacrée dont Feau claire et argentine murmure en-
'11 Aucun lieu du Morvand ne renfermait plus de monumenls druidique»
que la commune de Dun et ses environs. À peu de distance du chef-Iieu, un
remarquait jadis un champ de menhirs et un dolmen, diU l'un Roche-des-
Pitrre$, 6t rairtr» FfefrMie-rjtfttw. UaiiB la Pem-mt^tie^ oa vlilte la
Pierrfdêi^éè$i daos eeUe de Bmt 9 Mm , la Pierr»4t-l»-fl0fv» at la
Ckâteam-diê-Féêi
(t) KHa a été ainai nannéa d'un anoian priauré fondé tm daaisiéna
aiècla.
6
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lu IX M01U A.:\I).
core animird'Jiuly en se précipitant par cascades JiM^'ai»
fond dn ravin. En avant et en arrière de Tantique villa^
de Duu, on remarque deux profondes tranchées connues^
dans les vieux titres^ comme au Beuvray^ sous le nom de
fossés de Saint-Marc , et qui coupaient, en courant d'uir
précipice à Fautre » le seid c6té accessible de la montagne^
C'est là, au sein d'une nature déchirée, affreusement
bouleversée , que le chef des druides , réunissant de
temps eu temps les peuplades fidèles, leur rappelait Tan-
tiqqe amonr de leurs pères pour rindépendance et la
liberté , et leur prédiidt la kaine de l'étranger. Crest là
qu'il leur racontait l'inimensité des maux qui accablaient
la patrie vaincue, et les flots de sang répandus par le glaive
de l'enneni (!)•
« Enfants de Tentatès, leur disait-Il, i^il nous reste
» encore une ombre de liberté, si les divinités de la Gaule
» ont daigné nous ménager, au sein de ces montagnes
» 8otitaire»« «n asile contre la tyrannie de nos eBsemls,
» bâtons-nous d'en profiter pour apaiser les dieux irrités.
» Peut-être que, touchés par nos soupirs et nos supplica-
» tions, ils feront triompher la justice de notre cause et
» extermineront les bourreaux de la patrie. O Hésus 1 ô
» Salkl père du carnage. Dis, et toi surtout loeomparable
h Tentatès, exauce les verax que poussent vers toi des
» cœurs généreux , et rends le bonheur et la joie, s'il est
» possible encore , à des malheureux exilés au sehi même
> de leur patrie. »
' Soudain toutes les boudies s'oovrent eoninw à un sIgMl
donné et répètent la même invocation, mais d'une voix si
stridente , si forte , que les échos des bois et des vallées en
retentissent au loin; puis un sourire indécis de joie et
d'espérance erre sur les lèvres de tous les assistants.
(1) Annuaire de la Kièw9, 1849 ( Album dn ifwêmai», tomeii; Areàimê
nationaUii Tradition locale.
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LE MORVANO. 75
GoBtinuaM 80D tUscoun: « Bnifésel valeiireiixGMâoISi
)i dit le drolde , si je ne ne tiroinpe , les desto vous réseï^
» vent encore des jours lieureux et prospères; mais
» hâtez-en le retour psur un sacrifice capable de flédiir nos
» divinités protectrices. Glioisisseï donc parmi vous la
» yictime destinée à leur être otTeirle en liolocausle. Que
» dis-je , la vicliine î les dieux se la sont eux-mêmes
» choisie^ Ne vois-je pas ici un des ennemis de la patrie ^
» nn des bonrreanx de la liberté de la Ganle ? Pourquoi
» l'ont-ib conduit entre m mains, si «e n'est ainifue son.
» isàig impie coule en expiation de tant de sacrilèges ? »
Un cri approbatif part aussitôt de toute rassemblée , et
en amène , garroté et trend>iant, un Jeune guerrier surpria
dans nâe embuscade^ C'est un soldat romain qne la mort
avait épargné sm* les dianqis de bataille et qui va tom]Mr>
sous le couteau d'un druide barbare. Bientôt , en eflfet ,
des cris lamentables se font entendre , le sang de la victime
coole, et tandis que la voix des ministres^ oosunençanl
Fiiyione du sacriice^ couvre ses demleis Têkamts, la
peuple , en silence > se prosterne la face contre terre.
Ces odieux sacrifices s'étaient renouvelés déjà bien des
£oiis^ lorsque apparut l'armée romaine chargée d'en iinfar
avec ce loyer de la baebaiiOk Les Gantaia» enveloffiés de
toutes parti, forent passés au fil de Tépée. On en flt un
si grand carnage^ que la tradition rapporte qu'il n'en
échappa, qu'un seul (1). Mais il est plus probable qu'un
iMm nond»re gagna les forêts , ce ^ obligea ks ftnmains
à se fixer quelque temps sur le plateau de SaintpMarc (2).
Par suite de ces sanglantes expéditions > le Morvand se
trouva soumis, et la paix, une paix de mort, régna au.
centre de nos montagnes. Néanmoins , saint .Germain #
(1) Là , comine k Moux et à Montoauxsbe, un nom de lieu rap|»elljB le sou-
venir de cette victoire.
(9) L'ancienne chapelle prieurale de ce nom est bâtie dans renoeinte
du camp retranché qu'ils y avaient formé.
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76 LE MORVAND.
évèqpie ée Paris» dous appvend qQ'à cliaciai ta mfagfes
qa*û faMt dans ee pays qui l'avait tu oaHre , « Il en-
» tendait , en traversant les montagnes , courir à grand
» brait 5 à travers les forêts, des légions de druides ,
» maw»ai$ génies ^ qui lui criaient du fond des ?aU6es:
t Lmsse, laisse au meins à des tnisèrables la soUtmU de9
» bois et la paix du désert (1). »
Paisibles possesseurs -des Gaules , les Romains s'appli-
quèrent à les tirer de leur état de barbarie» et commenoè-
renl resécntieii4e ces nombreuses voies de teumuidcallOD
ou ekemms ferrés qtA sUkHmaient antrefois le Monrand. Os
occupèrent à cette œuvre utile les bras de leurs nombreu-
ses cobortes» devenus oisifs par suite de la cessation des
gmmesi Lr80inreDir4e la rapidité avee laquelle les légions
exécutaient ces antiques éheMdns^s^est conservé jusqu'à nos
jours parmi nos Morvandeaux, qui les croient V ouvrage
des fées et d'une seule nuit. C'est ainsi que, parmi le peuple
de nos montagnes, Tbistolre la plus antben(iique*reiiêt,
avec lo lenps, le «araotère ou rapparencede la fable , et
que les faits anciens sont généralement cachés sous le voile
du merveilleux. -
' Désbrenx» en outre, de se procurer dans leur patrie
adoptlv« les douoenss et les JoutBBanoes' qu'ils «ratai
goMéé» dans la Tôloptueuse Itriie , les Yainqaenis s»
mirent à bâtir des palais, des cirques et des amphithéâtres.
Il n'y eut pas jusqu'aux simples officiers, auxquels étaient
échues quelques portions de notre maigro ccmtrée , qui ne
vodlusselit fff cfiéer dés habitations agréables et com-
modes ; de là ces nombreuses villas qu'on» remarquait en
Morvand, et dont on retrouve encore, çà et là, de'ma-
ffDAflqucs débris; nous citierons, entre autres, la superbe
(I) Dom PfiBA , A»t. de mbu Léger, p. leo.
SI de loeif euUit no$ ineamiâtranter ngwlKf , «<I kabUa/ire eonetd» tyl'
«arum per kHHudinm, vi Uetat ndteriÊ ptr âêteHa muro» mm, (Vlti
Mocti Gennani , episcopi par.» no 9S, "nmc. 1 Ben.)-
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LU MOllVANU. 77
tnosalqve de Oiastellux. La plupart de ces antiqves vlUis
cleviiireDt, à l'époque de la féodalité, le siège d'autant de
baroDUies, desquelles relevaient plusieurs fiefs et seigneu-
HeSb Od m comptait environ trente^iAq en Monrand.
Mais ee que recherdiaieiit particulièrement les BimaiiM,
accoutumés dans leur patrie ^ une vie molle et effémi-
née « étaient les bains dont l'usage était devenu pour eux
comme un besoin natiarel, une néces^ Aussi se hSt-
tièrent-ils de toiistmire', sur les sources chandesy ces
établissements magnifiques que nous admirons encore
après plus de dix-huit siècles d'existence. C'est à cette
cause que le Morvand dut les tbermes de Saint-Honoré »
dans lesquels les vétérans que César avait laissés dans
le Morvand et la Nivende , sous le commandement d^Ad-
tistius Refinus^ trouvèrent la guérison d'une lèpre hi-
deuse (1). Jusque-là, la source morvandelle avait été,
pour les Celtes, l-olyet d'une profonde vénéralion; m
humble basdn avait vu souvent des bandeletter sacrées
eC des ex-^roto, suspendus aux saules, se refléter dans
son onde ; mais tout s'était borné à cette aveugle supersti-
tion. Elle trouva dans les Eomaius des appréciateurs plus
ée&airéSy qui surent mettre sa .vertu ebralive à profit.
Conne les maladieB cslaiiées étaient ièrl eoumunes dans
ces temps antiques, il s'y fit bientôt un grand concours de'
baigneurs; aussi la petite bourgade, bâtie. auprès, acquit
une importance considérable^ et renferma» adlon cpmlques
éaivBlm, jusqu'à qoina& mille âmes (2).
L'embellissement matériel des villes, les chemins et les
thermes ne furent pas les seules choses qui excitèrent le
zèle éclairé des vainqueurs; les mceucs et la religion
itèrent auari leur attetttioii. Us étaient trop judteie» pour
ne pas sentir toute fenr In^^oftanee tlans une société
*
(1) AiiioiK , Hjfft. dt Framêi AltymduNivemoiU, tomct ii , p. la*».
(9) iMdi Awmiaire «f» la mwe, 1847.
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78 LE M0RVA91D.
llsée y et teur nécessité dans tout gouvernemeiit régulier et
sage. L'empereur Auguste fonda donc à Bibracte , qui , de
son nom 9 s'appela Augusiodunum dont on a fait Autun^ des
écoks publiques oà les familles opulentes durent envoyer
leurs enfants^ et qui acquirent bientôt une célébrité aussi
étendue que bien méritée.«La langue latine , FMstofare ^ ta
rhétorique , la philosophie , la législation romaine et les
sciences physiques y étaient enseignées avec une rare
distinction. Ces avantages et les nombreux raonumenfes
dont le prince dota la vieille cité gauloise , en firent une
ville nouvelle où affluaient les étrangers et qu'enrichit
le commerce. De cette époque , le code de la législation
romaine fut mis en usage ^ et il fut défendu aux Juges
d'an^llquer d'autres lois que celles de VmpYt^
Le culte public , d'ordinaire si influent sur les idées et
les habitudes nationales, ne fut pas seulement profon-
dément modifié , mais complètement changé.
' A la rdigien prêchée par les druides et professée par
tous les Celtes 9 en substitua celle de Rome et de ta
Grèce. Les cérémonies religieuses les plus solennelles,
qui, jusque-'là, s'étaient faites au fond des forêts, furent
prohibées sous des peines sévères , et d'autres plus pom-
peuses Inslitnées au sein des vines. Les prêtres gaiMs,
jadis si puissants , si respectés , furent proscrits comme
leurs sacrifices , et leur tête mise à prix (1). Plusieurs tom-
bèrent sous le fer de leurs persécuteurs^ d'autres s'expa-
trièrent et passèrent en àilemagne. Biais ceux du Morvand
et des environs demandèrent un asDe àses sombres forêts
et se cachèrent dans les grottes les plus obscures , les plus
solitaires, où ils vécurent de privations et de misères.
Auguste» en les proscrivant» voulait, avant tout» éteindre
dans leur sang ramour sacré de la patrie et de Flndépen^
dance, que ces docteurs de la Gaule essayaient de rallu-
(9) CoonTiréi , tome i; Chardoit , Bit^eirt 4» !• mUéd^Auseemn..
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L£ MORVAND. 79
. mer dans les casars. La politique eut donc autant de part
dans les motifs qui déterminèrent la persécotion contre
eux que l'horreur qu'inspirait leur culte. L'empereur in-
terdit aussi l'exercice de l'ancienne religion anx simples
citoyens, sons peine de la privation des honneurs et des
charges publiques, même du droit de cité.
Le culte des vainqueurs, par le spectacle de la nou-
veauté et l'attrait des passions, qu'il favorisait, s'établit
assez fadlement dans les villes. Les lututes classes, guidées
' par rambltion, la Jeunesse des écoles» poussée par l'édu-
cation et ses rapports jonmaliers avec les Romains , se
conformèrent bien vite aux nouveaux rits reliî?ieux ; mais,
plus que tous les autres, les Autunois, oubliant pour ainsi
dire leur vi^e nationalité et leur antique indépendance,
devinrent Romains par le langage et les habitudes conune
par les lois et la religion.
Tandis que les Eduens, serviles imitateurs de leurs
maîtres, s'endormaient amsi dans leurs chaînes dorées,
les agrestes et robustes babitants du Morvand conservaient
toujours leur esprit d'indépendance, et continuaieut à
observer les préceptes et les cérémonies de l'antique
religion de leurs pères. £rreur pour erreur, autant valait*
il, en effet, conserver les dopoMS andenSi Néanmoii»,
nos montagnes ne furent pas seules à montrer un profond
attachement pour le druidisme. L'histoire nous apprend
que lorsque l'empereur Claude parcourut les villes des
Gnôles, il reconunt, dans le cours de ses visites, qne
Fancienne croyance était encore fort enracinée dans
Tesprlt du peuple , et que les druides continuaient tou-
jours leurs odieux sacrifices. Il proscrivit, en consé-
quence, de nouveau ces prêtres, lit mourir tous ceux
qu'il put découvrir, et en chassa un plus grand nombre
par la terreur. Il défendit, en outre, sous pebie dé mort,
de porter ou d'arborer aucun signe qui rappelât l'an-
cienne religion.
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80
LE MORVANl).
Qui le croirail? Malgré la uouveile peisécuUoa^ eucore
pins tenibte que la première^ malgré la vigilance extrtee
exercée par ordre de Tempereur^ tant est grande la force
de l'habitude chez uu peuple ! tant les préjugés sont difli-
elles à détruire! lorsque .le christiaulsme pénétra daus le
Haut-Monrand, il y trouva le druidisme encore dominant,
et c'est avec loi qu'il eut les plus fortes luttes à soutenir.
Le concile d* Arles , tenu en 452 , portait : « Si les fidèles
j» allument des flambeaux ou révèrent des arbres , des
» pierres, des loutaines, et que Tévéque néglige d'abolir
B cet usage dans son diocèse, 11 doit savoir qu'il est lut^
9 même sacrilège. » Les apôtres de l'Évangile s'appli-
quèrent^ en conséquence, avec un zèle ardent, à faire
disparaître les objets les plus révérés de ce culte grossier
et barbare. Us abattirent les arbres sacrés, renvmèrent
les dolmens les plus vénérés, et souvent constraisirent des
chapelles à leur place , comme au Beuvray, à Dun-les-
Places, à Alligny, à Saiut-Germain«de-Modéon, à Ouroux,
à Corani^y, à Gb^teau-Ghinon...... Jllais restaient les lonta^
«es, auprès desqueUies les fldèles, nouvellemest convertis,
continuatent h se rendre en dévotion , alliant à la prafiT
que de la vraie religion une superstition toute païenne.
)is imagbcièreat, ainsi qu'il a ^té dit, de donner au moins
ose forme orthodoxe à ces péleriiiageft, en ilédiant les
sources, les plus vénérées et les pias célèbres, à qudques
saints des plus connus , et , de cette manière , ils christia-
nUèrent ce reste 4e dévotion druidique qu'ils ne pouvaienl
empêcher (1).
( 1} GouiiT<i><B, Anqvitil, pMmm.
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|.e (îterltllanlflt e»l prêché en Morvand ; Matiii Autfoclie à ftauUca»
•alni Marlln aa Beuvray.
Il y avait éemt rièctes environ qne les Ganles vaincues
reposaient en paix à l'ombre des aigles romaines; le
Morvand lui-même, dépeuplé, presque anéanti, s'était
depuis long-temps soumis à l'empire des Césars, lorsque
oomnmça à poindre ranrore d'une ère nouvelle» et qne
le moment, flié par la Providence poilr dissiper les
ténèbres de l'idolâtrie qui , depuis tant de siècles , enve-
loppaient nos montagnes, arriva enûn. Déjà Rome et
ritalie étalent pleines de cbrétiens; dégà Arles s'était
réfeffiée à la vnix pninante de Tnipliinie ; Lyon liâ-méme
comptait par milliers les adorateurs du Christ, qu'Autun
et tous les pays de sa dépendance avaient à peine entendu
parler du christianisme et des vertus sublimes qu-il sait
inqpirer. Hais an lolntaitt rivnge, on voit aborder de
nouveaux apdtres, ce sont AndodM, Bénigne , Andéol et
Thyi^e, tous quatre disciples de saint Polycarpe, tous
quatre pleins de zèle et de charité, de dévouement et de
oevrage.
A peine oot-ils posé le pied sur le sol gaulois, qu'Us se
mettent à Tcravre et prêchent l'Evangile sur les bords du
Rhône où l'un d eux, Andéol, lixe le siège de son apos-
tolat. Quant à Andoche, Bénigne et ïhyrse, suivant
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82 LE MORVÀm
l'ardeur do lèle qui les presse, ils s'avanceDi plus avant
dans les terres, parcourent les pays riverains de la SaOne
en annonçant la bonne nouvelle, et arrivent enfin à
AutUn (i).
Reçus dans la maison de Fanste , noble sénateur de la
ville, nos glorieux apôtres eurent la consolation de le
voir renoncer le premier au culte des idoles pour embras-
ser celui du vrai Dieu, et sa maison suivre son pieux
exemple. Tout le monde connaît le glorieux martyre
de Symphorien, son iils, qui, le premier aussi, eut le
bonheur de sceller sa foi de son sang. Qui n'a entendu
parler du courage héroïque d'Augusta, cette mûre émi-
nemment chrétienne, soutenant de la parole et du geste
son fils près d'être immolé pour son Dieu 1 Lorsque
dendèremeat, l'âme émoe, nous visitâmes le tbéâtre du
martyre de notre saint, il nous semblait entendre cette
illustre femme criant encore du haut des remparts de la
vUle : < O mon fils 1 mon dm Symphorleo, legaiée le
» dél et prends courage; ai^ourd'hui, mon enfant, si on
» f arrache la vie, c'est pour la changer en une vie meil-
» leure (2). »
D'Autan, 011 ils avaient fait briller le flambeaa de la £Di
durétienBe, nos trois ouvriers évmigâiqim,poiMés par
le désir de porter plus loin 'la lumière du salut , mardieet
à de nouvelles conquêtes , et tandis 'que Bénigne se rend
à D^on, Andoche et Thyrse^ son diacre fidèle > à la
prière de Fauste 9 se dirigent veis Saulieu.
Arrivés dans cette pettte viHe tout enorgueillie de son
fameux temple du Soleil, nos deux héros chrétiens sans
retard, se mettent à prêcher l'Évangile, et, à leur voix,
une multitude d'idolâtres renonce à l'erreur et demaade
le baptême Les prêtres paUens, menacés de voir leurs
(l) GoDFscARD , Bkdb , Nouveou BrévicUredePaHê,
' 'f) Jbidi Légtndain d'itHim, tonib n , p. 9Sr.
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LB MORVANOb
SS
Idoles abaudoniiées , en conçoivent un naturel ombrage.
Ameutant donc la populace, qu'ils soulèvent par la crainte
de la colère des dieax, ils excitent contre Andocbe et
Tbyrsie^ une sédition formidable dans laquelle Ils en?^
loppent amsl FAIx^ hoMiile midiand» qnllescvait reçus
dans sa maison (1).
Saisis par une troupe de forcenés , ces trois hommes
▼ertnenx; dont tout le crime était d'avoir ▼oolu éclairer de
misérables aveugles, sont abreuvés d'outrages, pute tral*
nés par les rues et déchirés à grands coups de verjçes et
de cordes nouées. £nfln , les membres en laml)eaux et les
mains retournées derrière le dos^ Us sont sui^endns en
Pair pendant tome une journée» afin de détoumery par la
crainte des tourments, ceux qui seraient tentés d'aban-
donner le culte des dieux du pays. Comme ils vivaient
encore lorsqu'on les descendit^ ou appliqua sur leurs
membres meurtris des cbarbons ardents » et les bourreaux
les achevèrent à coups de leviers» Alors les fidèles, qu'ils
avaient si douloureusement enfantés à Jésus-Christ , recueil-
lirent leurs restes mortels et les inhumèrent près du lieu
de leur supplice. Une chapelle ayant été construite sur
leur tombeau» il s*y fit» dans la aidte» un concours
considérable de pèlerins. Les aumdnes qu'on y déposall
devinrent si abondantes, qu'on songea, au sixième siècle,
à y élever une abbaye pour loger les moines chargés de
veOler sur le tombeau des martyn. Qe nmnastèie fut
sécidarisé vers Fan 1127 (2).
Le sang des glorieux apôtres du Morvand fut , pour la
contrée , une semence féconde de chrétiens. Néanmoins le
paganisme j bien qu'agonisant» au qualiième*8iècle».dans
toute» les Gaules» conservait encore» dans nos montairnes»
(t) Uimâaim dràtitm, tome ii, p. âS7.
(9) Ihiâ, p. SBSttSSO; CovntilMi, tome vi, p. loo.
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su LË AlOKVANI).
des sanctuaires vénérés et des sectateurs extrémenent
entêtés de ses dogmes superstitieux. >lais nulle part le
culte des Idoles n'était plus enraciné et plus fort qu'au
Beuvray.
Sous les dniides, cette montagne était regardée oomiae
le sanctuaire des dieux de la Gaule ; c'est là , au sein des
forêts et du silence , qu'avaient lieu les assemblées les plus
solennelles et les cérémonies les plus pompeuses de la
religion. C'est sm son vaste plateau, souvent eav^oppé
de la foudre et des éclairs , dit un écrivain moderne (1) ,
que se rendaient les Eduens tantôt pour adorer l'Être
suprême , entendre prêcher la haute morale ou la profonde
plifloaopbie de leurs pontifes; tantôt pour discuter, dans
les assemblées pi^qoes du printemps ou de l'automne^
ou dans quelque antre grande occasion , les intérêts pu-
blics les plus graves. 11 était même, pour l'Éduinie, ce
qu'était pour Rome le Capitole » une sorte de forteresse ou
les femmes, les enûuts et les vieillards trouvaient un asUe
sitar en cas d'invasion.
Sous les Romains , non-seulement son plateau reçut les
cohortes chargées de tenir en bride les tribus insoumises
du Memnd» maia aussi les dieux de là Gfèce et de Borne.
Hore, Itfaia, Tune déesse des fleurs et l'autre de la
jeunesse, Mercure, dieu des marchands, et jui>qu'à l'im-
pudique Vénus, y eurent leurs autels.
La jeunesse gauloise , bientût corrompue par les doctrhues
d'une religion licencieuse, s'y rendait en foule dsms laa
iMauL Jours d« printemps pour eélArer les fêtes de cetf
divinités impures. Ainsi continuèrent, sous la nouvelle
rdigion comme sous rancieme, ces concours périodiques
qui amenôffent si lons^-temps au sommet de la montagne
sainte du Morvand , une foule immense de peuple. Ces
voies indestructibles que, dans leurs moments de loisir, les
(1) 11. PtBMIQOIll 01 GEMUOVI, iMNMI^ d( la JTt^, ISSP.
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L£ MORVANO» ^
soldats romains avaient construites le long de ses flânes,
en favorisaient d'ailleurs l'accès (1).
Telle était, sous le rapport religieux, la situation des
choses au Benvray, lorsque saint Martin, ce gknplein
apOtre des Gaules, cet aiblète si redoutable à rerreor^
lit^ en 376, son entrée dans An^stodunnin. SimpHclus,
connu lui-même par son zèle contre le culte des idoles , en
était alors évêque. Ce vertueux pon^e, malgré ses omis*
tants efforts, n'était pas encore parvenu à purger tout sou
diocèse des emurs du paganisme , qui y avadt jelé les plus
profondes racines. On sait que sous les murs mêmes d'Au-
gustodunum existaient alors un temple fameux que Martin
entreprit de démolir, el un cMne sacré qu'il renversa au
grand p^ll de sa vie. Sur TemplaeemeBtdecedemier^oB
éleva d'abord une diapeDe , puis une célèbre abbaye qui
porta, jusqu'à nos jours, le nom du saint cvèque de Tours.
Après cette périlleuse victoire remportée sur ce puis»
saut foyer de Temur, le pleur prélat ae pouvait lakMr
debout, an sommet daf Beuvray , qui se dressait devant M 5
les autels et les statues des dieux du paganisme. L'aspect
sombre de la montagne, la réputation de cruauté du
peuple des environ», rien ne peut FarréleK II pteud donc
son hunblC' UMmture, et, vétu^d'une lougoe lu u lfu e d
d'un nianteau noir en tissu de poil, il s^avance vers ca
nouveau champ de bataille sans autre escorte que quel-
ques guides . sans autres armes que la piière et sa confiance
en meu (2).
Que se pas8Sht«ll alors sur la motag ne^ I/bisloirs se
tait et la tradition reste muette. Néanmoins on croit que
Ik^ comme sous les murs d'Augustodunum^ il faillit être
■ ».
(1) Guy CoQUiuB, BUMn du WioenutSê, p. 845; ÀUvm du lHo^mai»,
tome I et n; Boujot , BUMre du Beumraiy, p. S ; nmrtvita , Pronmadt au
Btrnmni Ltgmàaim d^AuHrn, tome n , p. S65.
(3) M. BvLUOT , U Smoroy , p. 9.
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^6 Uî. MORVAND.
laiildé par des paysans ameutés ^ et qu'il u'échappa à la
mort que par miracle. Tout porte à penser, en effét^ que
le Beuvray est l'un des deux endroits de TAutunois où sa
vie courut les plus grands dangers (1). Sa présence y
était attestée jadis par un ancien oratoire élevé en son
honneur » et par une fontaine pomr laquelle les fidèles
des environs professent une grande dévoilons II se fàisalt
aussi autrefois , aux deux fôtes du saint , un grand concours
à cet oratoire , que desservait» un moine du prieuré de
Saint-Symphorien d'Autm» dont les religieux reconnais-
aident saint Martin cemmè leur père (2).
Le pieux évôque , après avoir accompli su sainte , mais
danga*euse mission au Beuvray> en descendit par l'autre
versant U suivit la vole romaine qui, de cette monta-
gne, se dirigeait, nar les Eanx-de-Nisiné» du côté d'Ànliy>
pour aller dans le Bazois renverser un fameux temple de
Diane qui s'élevait au milieu des forêts, dans un lieu
connu encore aujourd'hui sous le nom de cette fausse
divinité Là, pins fid^e> la tradition a conservé un 80we<>
rir toiijours vivant de son passage an milieu des caaiq^-
gnes, et les populations ne prononcent son nom qu'avec
une touchante vénération. Là aussi, comme au Beuvray,
des Memnnents religieux» oii il se fiait encore4M péle*
finagea, attestent et sa présence et son apostolat Le
grand nombre d'abbayes, de prieurés > d'églises et de
chapelles placés sous son invocation , en Morvand , sont
peut-être un autre témoignage de la visite de cet illustre^
thanmatuEge des Gaules dans nos montagnes
Cependant la puissance des nmttres du monde ooimnen-
çalt à s'affaiblir. Tant que Rome eut des ennemis à
combattre et des provinces à conquérir, elle fut grande,
forte et invuicihle ; maltresse de l'univers, die s'endormit
»
1) Le Beuvray, p. 5.
(s)) Miêêel du vii« siècie; M. Buiuor, p, 19.
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LE MORVAND. 87
dans une vie molle et voluptueuse. Tandis qUe le eourage
de ses enfai^ s'énervait ainsi dans les douceurs d'une paix
plus faneste pour ^le qu'une guerre malheureuse, la
division des chefs préparait sa ruine et amenait la chute
d'une grandeur acquise par des travaux immeases. L'£m-
plre^ après de si glorieuses victoires > de si nomàreiBes
eonquétesy chancelait sur sa base^ déjà m6me il croulait de
toutes parts.
£ahai'dis par ce funeste état de choses, les J)arl)ares
qui^ jusque-là, n'avaient tenté que quelques excorsioDs
plus ou moins heureuses dans les Gaules, et avaient été, à
chaque fois; rejetés dans les forêts de la Germanie , repren-
nent courage. Us se réunissent donc en grand nombre ,
s'acheminent vers cette Gaule ^ objet de leur convoitise
et forcent de nouveau les frontières de l'Bmpire. Cette
moltitnde innombrable, composée d'Alahis^ de Burgondes,
de Cépides, de GoLlis, de Suèves et de Vandales, passa le
lUiin, du côté de Mayence, le dernier jour de Tannée 406,
et se mit à ravager le pays, qu'elle parcourut en ton»
aras.
Ne trouvant plus dans les Gaules saccagées de quoi
assouvir leur avidité , les Alains , les Suèves et les Vanda-
les se dirigent du côté des Pyrénées et passent en Espagne.
iUAis les Burgondes, ptas pacifiques, s'établissent, .du
consentement de Constantin, impulssantà les repousser,
entre le Jura et la Saône, sous le titre d'hôtes et de
confédctcs (1). Ainsi fixés, ces peuples voulurent se
donner un gouvernement, régulier et élurent un roi dans •
la personne de Gondicaire, leur diet Ce prince^ dont
Tambition croissait à mesure que l'Empire s'affaiblissait ,
résolut de reculer les limites de son petit royaume. Il
réunit donc de nouveau ses fidèles guerriers, se met à leur
tête et s'avance du côté de Lyon ; puis, passant le Rhône ,
(1) Coi'HTJÎPéi , tome 1.
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88 MOR^AIND.
il «^empare de l*aiitf<tae métropole de Vienne y dont tl.fait
sa capitalo. Aiitun lui-même tomba bientôt en son pou-
voir, et le Morvand, ainsi que tous les autres pays de sa
d^iendanoe^ se trouva compris dans ce premier royanme
de Bourgogne.
Jaloux de partager une proie qui seroblaU dévolue au\
barbares, les Francs eux-mOmos, qui avaient déj^i fait
plusieurs tentatives sur les provinces gauloises de r£mpire ^
s'avancent de leur côté, et ponssènt leurs cofM^uétes
jusqu'aux montagnes du Morvand» LTonne, la principale
rivière de cette contrée , devint la limite des possessions
des deux peuples conquérants» De cette époque , qui était
Van notre fxfs fit partie de deux royaunes, sans
eess^9 pour cela, de rester sous la juridletlon ^Irttnelle
des évêques d'Autun (1). -
Pendant soixante-six ans, selon Guy Coquille, les choses
en restèrent là. Mais enlin les Francs, non moins jaloux
de leur Indépendwaice au eptritnel qa'«u civil, ^Minrent
qu'un Bouvean siège épiscopal fftt érigé à Nevevs et quil
fût donné pour suffragant à la métropole de Sens, qui se
trouvait dans leurs possessions (2). Dès-lors la rivière
d^Yœne limita les deux peu^es au qikituel commê éB»
leslImttaitd^à^uolvfL
Dans le cours de ces divers événements, le Morvand fut
visité par saint Germain, évêque d'Auxerré, prélat le plus
célèbre des Gaules après saint Martin. Le grand nombre
d'^liset placées sons son invocation , montre que son
• culte était aussi répandu dans nos montagnes que celui du
pieux évêque de Tours. Ce prand serviteur de Dieu , par-
tant pour ritalie afin de remplir une mission de cbarité
auprès de l'empereur Valentteien, qui tenait alors sa cour
(1) GoT Go<)oiLi.K, HUt, du KiMim,; dom Martin Bouqvbt, CoUmMom én
kittor. dt Franc»; de 6iii«iirf .
(S) tm.
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L£ MORT AND. 89
k Baveoiie, prit ia voie d' Agrippa et arriva à Saulieu^ où
il flfancèta^ pour annoncer la parole de Dieu, et s'age-
nouiller sur le tombeau de saint Andoclie et de ses deux
compagnons. Durant le court séjour qu'il fit dans cette
ville ^ il trouva une occasion d'exercer la noble vertu qui
lui fit entreprendre 4eux fois le voyage d'Angleterre ^ une
fois celui d'Arles, et enfin celui de Ravenne, qui devait
couronner une si belle vie. Soflfronius, illustre citoyen
d'Alise , poursuivait avec ses gens des voleurs qui lui
avalent enlevé son argenterie. Ces coupaiiies étaient-ils des
habitants du Morvand ? On l'Ignore; seulement la direc-
tion qu'ils avaient prise dans leur fuite le ferait penser.
Quoi qu'il en soit, déjà Soffronius les avait atteints, déjà
il s'apprêtait à tirer une horrible vengeance du crime ,
lorsque saipt Germain implora le salut des coupables; il fit
tant par sa èbarité et l'airtorité de sa parole, que le sei-
gneur bourguignon se contenta de les faire jurer sur le tom-
beau des apôtres du pays qu'ils changeraient de vie (1).
Poursuivant ensuite sa route^ le vertueux prélat arriva
enfin à Ravenne où la cour le reçut avec tous, les hon-
neurs dus à son rang et à sa haute réputation de sainteté.
Sa mission accomplie, Germain s'apprêtait à reprendre le
chemm de la GaijOe » lorsqu'il tomba malade et mourutle
M juillet m.
Cette triste nouvelle étant parvenue à Auxerre , toute la
ville fut dans le deuil, et son clergé, par un dévouement
sans exemple^ partit aussitôt et s'avança jusqu'au pied des
Alpes» pour recevoir soncoqpe et le conduire dans sa ville
^Iscc^KOe, où fl avait demandé à être Inhumé; Lorsque
le funèbre cortège traversa nos montagnes au chant des
psaumes^ on vit les populations se lever en masse et
accourir avec leurs prêtres sur son passage , pour donner
aux restes mortels d'un si grand évêque le témoignage
(1 Court<pIe , tome vi ; Légendaire d'Autun , lonic ii . p. 390.
7
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90 LE MORTAND.
d'une vénération bien méritée. Godescard rapporte que les
flambeaux et les torches allamés autour du char fiinèbre
étaient si nombreux, que la lumière s'en faisait remarquer
en plein Jour (1).
Parmi la foule qui accompagnait le saint corps, on
remarquait quatre pieuses vierges italiennes, qui^ par dévo-
tion , ne voulurent plus s'en séparer. Toutes sont honorées
d'un culte public dans le diocèse de Sens. Magnance^ Tune
d'elles, soit fatigue, soit épuisement ou tout autre cause,
tomba malade dans la traversée du Morvand et y mourut
Elle fut enterrée sur le bord même de la voie d' Agrippa,
non loin de l'antique village de Cordcûs , et resta oubliée
pendant plus de deux siècles (2). Mais enfin ses reliques
ayant été miraculeusement découvertes, comme nous le
dirons plus tard , elles ftnrent transférées dans l'église , où
il se fit un si grand concours de fidèles, que le pays quitta
son nom et prit celui de la sainte. Dès-lors, le Morvand
compta un saint de plus (S).
Quatre ans après, tandis que les B ur g o nde s et les
Francs, en paix entre eux, jouissaient sans trouble de
leurs conquêtes respectives, un horrible fléau vint fondre
sur le pays, à pdne remis des maux que l'invasion de tant
de barbares lui avaient causés. Les Huns, nation cruelle
et sanguinaire, sortie de la Tàrtarie^ ayant à leur tête le
terrible Attila, surnommé le Fléau de Dieu, se portèrent
sur les Gaules comme un torrent dévastateur, après avoir
finit trembler Tbéodose sur son trône d'Orient
Arrivés sur les bords du Rhin, en &52, ces baitares écra-
sèrent sans peine l'armée burgonde qui tenta de s'oppo-
ser à leur passage, et pénétrèrent « au nombre de cinq cent
mille combattants. Jusqu'au coBur du pays, en laissant
(1) Flte dtMtal fimoAi, S6 joUlet.
(S) PrcfivtemCairMmm,
GoomTfrIi , tone vt; tégmèBiiSr€àFMi9mt tome n , p. 4SI.
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derrière eux «ne langue traînée <le Isa et de sang. Le
Horvand ^ si on en croit un écrivain moderne (1), lot tra-
versé par ces hordes sauvages, qui ne le traitèrent pas
mieux que les pays qu'elles avaient déjà parcourus. Selon
lui», queiqiies détacbements» las de suirre ce chef aven-
toranx* seseraient fixés dans i|on montagnes, et le visage
de nos Morvandeaux conserverait encore beaucoup de
traits de ressemblance avec celui des Huns. Mais nous
pensons que cette prétendue ressemblance n'existe qjde .
dans ilmaginaliœi de ranteon
Qnoi qu'il en soit 5 les Hnnsy après aToir brûlé Auxerre,
étaient arrivés sous les murs d'Orléans qu'ils tenaient
étroitement serrés ; déjà même ils avaient forcé les portes
de 1» ville. JUes babitants^ consternés, s'attendiaient anx
ûmim nailMars» lorsque apparat fort à propos une
puissante année de Romains^ de Burgondes, de Francs
et de Visigotbs^ qui avaient senti la nécessité de s'unir
contre cet ennemi commun (2).
Forcé d'abandonner sa proie^ le féroce Attila, frémis»
aant de rage, se retira du cdté de la Gbampagne, dans
les plaines calalauniques , où il fut contraint d'accepter
le combat qui fut horrible. Avant d'en venir aux mains,
il barangua ataisi ses faroucbes soldats : c Méprisex ce
1 ramas d'ennemis désunis par les mœurs et le langage
• et réunis par la peur. Précipites-Tous sur les Alains
» et les Goths qui font toute la force des Romains; le
» corps ne peut se tenir debout quand les os en sont
9 arrachés. Courage ! que la foreur accoutumée s'allume.
» Le glaive ne peut rien contre des braves avant l'ordre
» du destin. Cette foule épouvantée ne pourra regarder
» les Huns en face. Si l'événement ne me trompe , voici
» le champ qui nous fot promis par tant de victobreSi Je
(1) PlIRlBQUIM DB'GiHBLOCX.
(S) GovMiHw , DetcHft. dt mmrg. ,
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92 ' LE MOAVAND.
» lance le premier Irait à reimemi : quiconque oserait
» devancer Attila au combat est mort (1). »
Il dit, et aussitôt lui et les siens s'élancent au combat
Le clioc fut tenible et le carnage ailreux. Les vieillards
de son temps» dit Jornandès, se rappelaient avoir vu le
ruisseau qui coulait au ndUen du diamp de bataille, gronl
tout à coup par le sang , devenir un torrent En effet ,
cent quatre-vingt mille hommes , au rapport des auteurs
contemporains les moins exagérés, et plus de trois cent
mme, selon Isidore et Idace, restèrent sur le temin.
Attila , vaincu et réduit à une poignée de monde , se sauva
en Pannonie , d'où il se porta plus tard aussi terrible sur
l'Italie (2).
Près d'un siècle s'était déjà écoulé depuis ce grand
événement, lorsque mourut Godomar, dernier prlneede
la maison de Bourgogne , assiégé et pris dans Autun , où
il af était réfiigié. £n lui finit ce fameux royaume de la
première Bourgogne, après une durée de cent vbigians,
sôus quatre générations de rois. Le Horvand et tous les
autres pays de sa dépendance passèrent alors au pouvoir
des rois ûrancs.
(1) lOMAirote , CaàTIAlIBKUlIT.
Nous avons rapporté ici cette bataille, parce <|ae l'auteur d'une notice
manuscrite la fait livrer en Iforvand, aux environs de Chalaut, où l'écri-
vain a cru reconnaître des monuments confirmant ce qu'il avançait. Ainsi ,
il fait des vlats de Chalaut les plaines catalauniques. 11 trouve un souvenir
des Goths et des Visigoths dans le nom de la ferme des Goths et dans celui
de Yé»iQMux.
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GUAPITHE V.
4
t
Le Christianlame devient dominant; Fondations pieuses; suint
Pérense, saint Éptftde» saint MerrI; les Kormantls cnvaMaseM
le Uorvand.
ku milieu de toutes ces agitations , de ces bouleverse-
ments» qui troublèrent la patrie et cliangèreot la face des
choKi^ la religiOD da Gbrisi ne laissa pas de répandre
,a« loiB ses rayons bienâdsants; dès la fin da dnqalèiie
siècle , toute la France était chrétieuue. Elle avait appelé
à elle les barbares , qui entendirent sa voix , embrassèrent
ses dogmes consolanis» sa morale sublime, et lui montrè-
mt, dans la suite 9 ont aoomisslon tonte finale.
Pleeée sor le Mne par les rois bmiiondes^ pids, aetee
plus d'éclat , par les rois francs dans la personne du grand
Glovis» cette religion de charité, qui avait désarmé des
perdes Josqpie^là féroces, et les avait amenés à des sen-
ttaetfts donx et iramains, rayonnait de oette gloire pure
qu'elle tire de son essence divine. Elle donnait de toutes
parts de fréquents exemples de ces vertus sublimes et
faéroiqaes qu'elle senle peut inspirer. Les grands comme
le peuple ralmateni, la diérissaienl et se soumeflalent à
ses sages prescriptions. On ne ^en tenait pas là ; chacun
voulait apporter son tribut à l'édifice spirituel qui brillait
d'un éclat si pur d'un bout de la France à l'autre. Les
riches payaient de leur fortune, le peuple de sa personne.
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9U TX MOEVAND.
C'est ainsi que s'élevèrent, de tous côtés, des monastères
où le puissant et le faible , indistinctement , se retiraient
pour se dérober au monde et rivaliser ensuite de piété et
de ferveur.
Le Monrand, an milieu de cet élan général., ne resta
point indifférent. On vit s'élever, dans ses montagnes,
Tabbaye de Saint-Péreuse , bâtie sur le tombeau du saint
martyr de ce nom, que Ton peut mettre au nombre des
apôtres du pays^ et dont un village rappelle encore le
souvenir; celle de saint Andoctie de Saulieu^ et celle de
saint Ëptade de Cervon. Cette dernière fut fondée par un
saint prêtre , né dans les environs d'Autun (1), et qui , pour
échapper à rhonneur de r^iscopat, dont 11 se Jugeait
d'autant plus indigne qu*il le méritait mieux, s'enfiiit dans
le Morvand. Après avoir parcouru les lieux les plus déserts,
il s'arrêta à Cervon , qui n'était alors qu'une sombre forêt
Plusieurs disciples étant venus se ranger sous sa conduite ,
û M, contraint de bAtIr ^ pour les recevoir, le monaetèra
qui porta depuis son nom, et que C3iailes-'le<^ClNnm
donna dans la suite à l'église d'Autun.
Dans le siècle suivant > les montagnes du Morvand
donnèrent asile à un autre pieux serviteur de Dieu, qui
vint y cbepcber aussi un refuge contre ce qu'il appelait
les dissipations du cloître ; c'est saint Médéric ou Merri ,
quatrième abbé de Saint-Martin d'Autun. Sa famille, l'une
des plus nobles et des i^us^ illustres de cette vUto, s'opposa
d'abord vivement au dessein qu'A avait formé de se con-
sacrer k Wm sous rbabit monastique. Mais, bientôt
vaincue par ses pieuses sollicitations, elle alla elle-même
le présenter à l'abbaye où vivaient doquante-quaire rett-
gteux, unis dans un même esprit éè pénUeace et de norti*
flcatiOB.
il) Quelques savant» prétendent qu'il naquit h lorroes ou dan< les
fBDTirons.
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Meni, associé à ces bons moines, les édifia par son
humilité^ sa douceur, sa charité, son esprit mortifié et
rartout par sa profonde obéissance. Tant de vertus lui
méfitèrent Testime et la confiance de la commananté qoi, à
la mort de l'abbé , l'élnt unanimement pour la gouverner.
Mais ce ne fut qu'avec une extrême répugnance que notre
fervent cénobite accepta rhonneur de commander aux
iptres. fiependaiit, la crainte de résister à la volonté de
Dieu le porta à se soumettre.
Cette nouvelle dignité ayant mis plus en relief les vertus
et la sainteté de Merrl, une foule de personnes de toutes
ccmditians venait çbaque jour l'assiéger pour des consul-
taticas auiipirillefl on se soumettait ensuite avec une reli-
gieuse exactitude. Mais bientM Thumble aUbé conçut des
craintes pour ce genre de vie qu'il regardait comme
dissipé. Un jour que cette pensée agitait son âme plus
lortement, et «pie de nmnbreuses distractions lui avaient
inqiké un désir plus ardent de la solitude , il sortit secrè-
tement de son monastère , et prit la route du Morvand
qui se montrait sombre et solitaire vers Touest. Il erra
plusieurs jours aux. scnumets des montagnes les plus âpres,
ks plus sauvages. H parcourut les vallées les plus pro-
fondes 9 les plus solitaires, celles où la voix du torrent et
le cri des bêtes fauves seuls se faisaient entendre, et finit
par se fixer dans un lieu entoui é de rochers et de préci-
plces« qui porta d^^ le nom de CeUuU-de-'Saiiu-Jli/^i,
ailiourd'hoi La CeUe^h^Amlun.
Ses moines, désolés, le cherchèreul long- temps sans
pouvoir découvrir le lieu de sa retraite. Enfin , soit
lumière d'en bautj^ ^t par Teffiet d'un beureux basard,
ils connurent la direction qu'il avait prise , et bientôt
l'endroit même où 11 s'était retiré. Us sortent donc de leur
monastère pleins de joie, accourent auprès de lui, et se
jetant à ses pieds :
« Xrès*exceUenl pére^ lui disent-ils, que vous ont donc
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96 LE MORVAND.
» fait vos enfants puur que vous les ayez ainsi abandonnés
» sans guide et sans conseils ? Depuis votre départ^ ils n'ont
» goûté ni repos ni bonheur. Les maigres racines dont
» ils se nourrissent n'ont été, pendant tout ce temps,
n assaisonnées qu'avec leurs larmes. Les dalles du sanc-
1» tuaire elles-mêmes vous diront , très-excellent père ,
» toute la désolation, toute l'allliction de vos fils en Jésus-
» Clirist; car elles sont encore liumides des pleor» qnlb
» ont versés. Prosternés nuit et Jour devant la fsce d«
» Seigneur, ils le conjuraient de leur rendre ce père, dont
» la présence *seule sulBsait pour les animer à la vertu et
» les soutenir dans la voie dffîcile de la perfectioD. Reve*
» nez, ah! revenez au milieu de vos enfiuits. S% ontpu,
» par le passé , blesser votre cœur paternel par quelque
» manque d'égards ou de soumission , oubliez , ils vous
» eu supplient, tout ce qu'il y a de coupable dans leur
» conduite. Os vous promettent qu'à l'avenir vous serez,
» après Dieu, l'objet constant de leurs respects et de^ leur
» amour. Si c'est leur peu de progrès dans la perfection
» de leur saint état qui vous a affligé et dégoûté de vivre
» parmi eux, ils s'engagent, avec l'aide de Dieu, l'appui
» de vos conseils et de vos exemples, à mardier d^n pas
» plus ferme dans le sentier de la vertu. »
Ils allaient en dire davantage , lorsque Merri leur
répondit: t Non, mesbien-aimésfrères^ non, liteez dans
» son désert un pauvre pédieur déddé à expier, dans la
» pénitence et les larmes, ses fautes passées. La solitude
» des forôts n'est pas trop profonde pour cacher ses
» misères, ni les rochers trop élevés pour protéger sa
» faiblesse contre le monde. Si Je suis venu m'meveflr
• dans ces gorges sombres et solitaires , n'en accusez que
» moi seul : ali ! j'en rougis encore ; moi qui aurais dû
» êtie votre modèle conune j'étais votre père , je ne vous
» donnais que l'exemple d'une vie dissipée et toute ter-
» restre. Combien de fols votre pieux recn^ement a
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LE MOIVAND.
» accusé ma dissipation , et votre ferveur mon relâchement
» dans le service de Dieu ! Frères charitables , priez le
• Seigaeur qu'il daigne, dans sa miséncorde^ avoir pitié
» ¥08 Teitns; k» voax et les pifèn» da pauvre périwr
» vous y accompagneront Pour moi , il en est temps , il
» faut que je m'accoutume à la sainte loi du silence et du
» imieiUeiiMBt;ii&atqBeJec(miiinnoeeiifinÀ»elMrli
» vie d'un moine. »
Pendant qu'il parlait ainsi , de grosses htnnes roulaient
sous sa paupière , et les hons frères pleuraient aussi. Ds
renouvelèrent plusieurs fois leurs instantes prières et
lenrs preaniiies sùllloltsâoiiB; BéamMin, Os dmiit ik
résoudre à reprendre seuls le chenfbi de la ville , et
à rentrer dans leur monastère aussi tristes et abattus
qu'ils en étaient sortis joyeui et contents. Quelque temps
s|»rès, ils firent de imvirileB tentatives, mais toi^ours
Ils trou v èr en t l^homme de Dieu aussi flerme que le ro^
cher qui lui avait ouvert ses llaucs. Désespérant donc de
vaincre par eux-mêmes sa résolution et de triompher de
son amour pour la solitude, ils s'adressèrent à révèqae
de leur cUé, Hermenaire.« piélat d'une hade pMlé et
digne successeur de Léodégar ou L^ger. Os le conjurèrent
d'user de son autorité auprès du saint abbé et de le
ramener au milieu d'eux par quelque moyen que ce
fût L'évèqne écouta avec bonté leurs snpplicalions et se
rendit lui-même dans la soMtnde de Merrf • D trouva le
saint homme livré à une profonde méditation; ^'adressant
à lui:
« Revenes, mon père, dit-il, revenez dàns la sainte
1 maison dont Dieu vous a confié le gouvernement Comme
» vous , pendant sa vie mortelle , Jésus-Christ voulut s'en-
» sevelir dans la solitude du désert; mais, au bout de
» quarante jours , il rentra daus le monde pour travailler
* à la conversion des banmttk Imites son exemple , ti
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98 LB MOftVAMD.
» revenez au milieu de vos ûls spirituels, qui gémissent sur
t votre absence. »
Mmi refusa en prétextant son indigiilté et la néceiBité
de travalBer à sa pmptt aanctUlcalloiL Alors l'éfèque le
flMmca d'excommimicafion sPfl n^oiiélssalt à m ovim
Le saint abbé, effrayé, se soumit et reprit avec le prélat
la route d'Autun , non sans un amer regret de se voir
arracher h é» Ueia où 11 avait trouvé tant de calne et
goûté tant de bonheur.
Merri, après avoir édifié encore pendant quelques
années les bons moines de Saint-Martin ^ se retira à l'aris,
où il nonrut, vers l'an 700, dans une granfl^ réputaiioii
de veM et de sainteté. l4s fidèto étefèieat^ peu de teo^e
après, snrson tombeau 9 une chapette qui devint dans la
suite église paroissiale , et qui porte encore aiyourd'hui
son nom. Sa solitude du Morvand acquit aussi une grande
célébrité. La celliile, témoin des austérités de;5a vie et de
la ferveur deaespdères, fot ehaagée^elle-uiftme en une
chapelle que visitèrent pendant long-temps de nombreux
pèlerins. C'est actuellemeut une des paroisses du doyenné
4e Lueenay-rÉvéïpie (i).
GepeDdaat» des Jouis si heuveua^ si profères pour
(1) CouaiépÉE , lom. vi ; Gooescard, ri$ des SaùU$t 38 août; U. Boluot,
Hist. de Suint-Martin d'Autun.
LWwfe 4o Saint-Martin , ordre de saint Benoit, possédait plusieurs
«mt 0t yrttnréi en Ifarptiid» «fol lai AirMl ûùmé», en «s. par la
reine Brnneiiaut, sa tondatrioe. Bainée eo.SSS par une troupe d'impies»
Gharles^e-Cbauva la tira de dessous ses décombres par tes soins d'un
religieux, nommé Grégoire, qu'il avait mis à sa téte. Déjà détruite deS>nd
en comble , en 731 , par les Sarrasins , elle avait été restaurée par le comte
Badilon, qui s'y fit moine. Son emplacement fut celui d'un chdnc druidi-
que renversé par saint Martin, son patron. Le papo saint Grégoire-le-Grand
l'avait exemptée de toute juridiction humaine. Alexandre III permit à
l'abbé d'officier pontificalement môme avant d'être béni , et la soumit
direetemeni an saint-eiége. Elle posséda jusqu'à cent mille manass de
terre on Jonmanz de bcrolii de deux eent <|aarante pieds quarrés cbacun.
aie «Mit le pttraMge de solualeHleine égUeis.
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LB MORTAND. 99
«
VtglltÊe de France et pour l'État vont bientôt disparaître ,
et des Invasions et des guerres de toutes sortes troubler
pendant plus de cent ans le bonheur et la paix pabUcs;
Le Momnd^ enveloppé dans le malliew oomon, va voir
de nouveaux barbares couvrir ses montagnes, inonder ses
vallées. Ses paisibles écbos retentiront long-temps du bruit
des armes et du cri des guerriers. D^à, en effet, l'hor^
ion se grossit de nuages dn cMé do sod, et on orage
épouvantable s'apprête à, fondre sur la ïtance; ses pins
belles provinces vont être ravagées.
Les Sarrasins, appelés par Moronte, gouverneur de
MarseUle, et favorisés par les seigneurs de Bourgogne, qià
dierchalent à se rendre indépendants , se répandent dans
la patrie , sur laquelle ils roulent comme un torrent dé-
vastateur. Lyon, Mâcon^ Chalon-sur-Saône sont pillés,
saccagés. Autim, enqporté d'assaut, est dévasté et réduit
en eendres le 22 aoâl 731 (1).
De cette ville , à laquelle lis portèrent un coup si terri-
ble qu'elle ne s'en est jamais bien relevée, les Arabes,
divisés en plusieurs colonnes, qui s'étalent donné rendes-
irons sons les murs d'Auxerre, traversent le Blorvaad en
suivant les trois prindpales voles romaines qil le par*
couraient, et minent les villes, les bourgs et tous les
villages qu'ils rencontrent. Les villas de Lucenay, de
Brazey, de LIemais, sont renversées. Saulleu, attaqué brus-
quement, n'offire blentdt pins, idnsi que son abbaye, qu'un
monceau de ruines. Mais au milieu des décombres gisait
un trésor bien précieux , surtout à cette époque de foi :
c'était le tombeau des apdtres du pays, qid édiappa,
comme par mirade, aux mains sacril^es de ces barlMnm
CTMynonsifen doutons pas, à la conservation deareites
vénérés de saint Ândoche que la ville , comme l'abbaye ,
dut l'avantage de sortir de nouveau de ses tristes ruines.
(1) GmtIrtfK, tome vi ; don Pmu, ak». dê takU Ugtr.
«
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100 LB MOEVAND.
Sans les véHqves de ce «rtorieux i»artyr, Saullen» GomBie
tant d'antres villes gallo-romaines , ne présenterait proba-
blement qu'une masse informe de débris gisant sous terre
oa dispersés par le soc de la cbarme. Son nom ne nous
serait penfr-élie pas même conna (i).
Après le sac de Sanllea» les barbares, poiarsoivanl leur
roule , arrivèrent sur le territoire de La Roche-en-Breny,
où ils trouvèrent une bourgade gallo-romaine qu'ils nive-
lèrent avec le sol; elle ne sortit pins de dessoss ses dé-
combres. Puis ils se ruèrent snrAYaUon 9 renversèrent ses
murailles , pillèrent ses maisons et égorgèrent une partie
de ses habitants.
Sur la voie du centre, au lieu qu'occupe a^iourd'luri
Ouron» se trouvait un Amvwift ou magasin de vivres et
de fourrages d*oli est venu au pays son nom actud; les
barbares le pillèrent et le brûlèrent, ainsi que l'attes-
tent les couches de charbon découvertes et là à un
mètre sow terre (2). O^andennes ruines gallo-romaines»
trouvées autrefois dans le voisinage 4e Iiormes> prouvent
que , là aussi , ils exercèrent leur fureur.
Au sud , les ravages ne furent pas moms terribles. Un
corps d'année» qui formait la principale force desinfi-
dèlee, si on en juge par le nombre et la grandeur .des
désastres qui marquèrent son passage dans nos montagnes
et le Nivernais, monta au Beuvray d'oii il descendit sur
les eaux de Nisiné, pilla cette ville et y mit le feu. Les
dieraies j œnstfuits aveo tant de travant ^ de di^iienses
par les RomMus, ftirent culbutés et enseveHs sous une
épaisse couche de débris, dont ils n'ont été dégagés que
vers 1830 (3).
De là» les Sarrasins se répandirent en Nivernais» ruiné*'
(1) Coott<»ii, tom. ui; JfoliMfnAiilf.
(S) tbid; Tradition loctle.
(3) Le Jlîvem,t ton. ii, p. ISS; MotkêmÊmtor.
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, LB MORVANO. iO|
Km i^lwieiin iNNtfgs et villages, et pronenèreiii le fer
d le feu jHqo'à Âuerre (i). RepoMés de Seas par le
courageux archevêque Ebbon, qui fit à la tête de son
peuple^ une vigoureuse sortie contre eux, ils s'en retour-
Dàrent par la Bourgogne en commettant les mêmes dé*
gats (2). Oq sait qa'afant oaé reparaître Vzaaoéd aolYaiile»
âiarles Martâ , md an dac d'Aquitaine ^ leur Um
sous les murs de Poitiers une si terrible bataille^ que
plus de deux cent mille de ces farouches ennemis, avec
Abdérame, leur dief^ reslèreut sur le tenratai. JDie cette
époque, le redoutable croissant ne reparut idns daaale
centre de la France. -
Après cette éclatante victoire , le vainqueur , pour ré-
eompenser ses ieodes cpii l'avaient si puissamment secondé
dans cette Importante et glorieuse dreonstanoe , leur dis-
trilma les terres des monastères renversés par lai infid^ea.
Saint- Andoche de Saulieu, Saint-Martin d'Autun , Saint-
Prix de Flavigny...... perdirent ainsi presque tous leurs
UtoB du Morvand; mais Gbarlemgney piinoe aussi géné-
reux <|ue chrétien, létaMit le premier avbo we nagnii-
cence \Taiment royale , et lui restitua tous ses domaines ;
c'est pourquoi cette abbaye regarda toujours pieux ce
monarque comme son véritable fondalcur» et prit le titre
d'^/tie fvycie. le doolier Wttême, sdnnnié d'un tiQie
dôme, était destiné par sa finm à n|ipeler la tij|rieeini-
ronne impériale (3).
A la mort de Gharlemagne, airivée en 813^ son fils,
Louis-le-Détwnnidre, prince d'un excellent naturdy mais
Drible etSMiséneigte^monfasurle tsfln& SonvftgneM
«extrêmement agité et tumultueux. Victime lui-même de
son excessive bonté et de la mollesse de son caractère,
(1] Lebœ; I', nist. d'Àuxerre; Annuafyrê dê la Niivre,
(2) Col'RTKI'KE, tlomPLAHCHER.
(3) CouRTÉi>fcB, tom. VI; ExpiLLY, dom Plancher.
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LB MORf AMO.
il fut renfermé par ses propres enfants dans on obscur
cachot 9 d'où il ne sortU que par un effet de la idélité et èi
déTouemeut de Bernard , comte d'Autnn $ qu'aq^piiyaint
éMictqaement ses fissaux de FAutnnois el dn Mer--
vand (1). Sa mort fut, en 840, le signal de nouYeaux
troubles et de plus grands malheurs. Ses trois iUs déna-
tirës se firent^ pour le partage de ses états> one guenre
Il outrance, qui se termiaa k Fomeiial par ne batiiie
sanglante oè cent ndlle Français se firent égorger pour la
querelle de leurs princes. Dans le partage qui suivit , le
Morvand fit partie des états de Charles^le-Ghauve, qa»-
trième fils de LooJs, qui devint depuis empereur. Ce priaoe
rendit à rabbaye de Saint^Martin d'Autnn les teirade
ta Celle, de Beunas, de Commagny, de Sommant, de
Thil, de Verrières et autres propriétés andeunement possé-
dée» en Morvand. Peut-être même qoelquea-unes de ces
teires fàrem^eHes un don particulier du monarque, doat
le monastère conserva toujours un profond souvenir.
Cependant les Normands , auxiliaires des princes aqui-
tains , qui s'étident montrés de loin sous Cbarlenu^e^ de
jOm près sous Ciiarle»-le-Cbauve , enhardis ^ lavofiaéi
par les discordes des enfants de ce dernier, et par l'iin-
puissance à les repousser où les réduisaient les guerres
civiles , pénètrent dans l'intérieur de la France , et y
c omm etten t d'afirenx ravages (2).
Indignés de tant de brigandages, Févêque d'Amené, à
la tète de ses vassaux, et les seigneurs du pays, se mettent
à leur poursuite et les atteignent dans l Avallonnais où
ils se livraient au pillage. Les troupes épispopales, les
attaipnmt bnusqnement, tas jettent dans les montagnes dn
Morvand, et les y sutveat résolument (3). La tradiUon
(1) CooBTiPfÎB, tom. I.
(8) Ihid, tom. i,p. 119.
(3) im, tom, 119j le Nivernais, tom. ii, p. 196; Lsagior.
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LE MORYAND.
rapporte qa'arriYés à Quarré-les-Tombes où commeD-
eent les forêts da Haut-Monrand» les Normands ftarent
contraints d'accepter le combat qol M terrible » poisqa'il
resta six mille morts sur le champ de bataille. Bientôt
forcés de lâcher pied» les barbares se jettent dans la
Tallée de la Gare, passent cette rivière» et arrivent sur
les hanteors qol dominent Gbalaut» à Test» où a lien on
nouveau combat qui achève la destruction de ces pillards.
On raconte qu'il crût un boisson d'épines sur le tombeau
de chacun des infiddes» et que des tombes» envoyées da
del» convrirent le corps de èbaqoe soldat chrétien mort
pendant l'action. C'est ainsi qne le peuple explique la
présence , à Quarré , des nombreuses tombes qu'on y re-
marque et qui ont donné au pays son surnom.
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CHAPITRE VI
La Féodalité, ses conséquences; divers ÉtabUsnements rcllfleax,
eonumc Piicarês, Paroisses; (laerres sclfaeiirlales, eroisades.
Les discordes dvfles qui divisèrent la patrie, et les
guerres que la France eut à soutenir dans ces temps
malheureux , furent la source empoisonnée de toutes les
calamités qiii> dans la soite^ fondirent sor elle, et engen-
drèrent cette anarcbie déjdorable connue sous le niHoi
de féodalité. Tons ceux qui^ dans ces drconsCances,
jouissaient d'un grade militaire dans les divisions et les
subdivisions du territoire national^ regardant la contrée
où Ils commandaient comme leur propriété 5 s^j perpé-
tuèrent et la transmirent à leurs descendants à titre diiéil-
tage (1). Comme ces chefs continuèrent à observer entre
eux la hiérarchie de leurs grades respectifs, de là vinrent
les ducs, les marquis, les comtes des provinces et des
viUes, les barons des campagnes. Une ordonnance de
€!harles-le-Ghauve, de Fan 877, portée à Kercy, confirma
ces diverses usurpations (2). La permission accordée aussi
aux évéques, aux abbés des monastères, et généralement
à toutes les personnes libres, de posséder des fleft, amena
,lj CiunuoM , Uist. de la ville d'Àuxerre.
^2) Ibid.
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L£ MOaVAMD» 105
c«tte foule de sdgneiirs snlNdterm^ étmi le nombre fut
tel en Morvand , que chaque paroisse en compta souvent
depitis im jusqu'à six. Le reste de la popoUOIan, alors
nélttgée de Gaulois,- de Bomata»^ do BovgnlgDooa et
de Ftancs^ tondia dans me dépendaMe absdHie, et ae
connut plus d'autres lois que la volonté de ses maîtres;
c'est ce qu'on appela le servage.
Guy Coquille nous donne une Idée ânes Juste de Téten*
due de la puissance des seigMRsdaas cette aaximequil
rapporte : « Il n'y a point de terre sans seigneur, et cha-
» cun , dit-il , est seigneur dans tout le ressort , sur teste
» et co\, vent et prairie, tout est k lui, forest chenue,
> oiseattr dans l'air, l)este ap hulssan» doche qui loide,
» onde qui coule (!)• » Ainsi, le serf n'afaic rien en pro*
pre , ni ne pouvait rien transmettre ; lui, comme sa femme
et toute sa lignée, née ou à naître, appartenait à son
seigMW. Il était tellCBMit attaché à la fl^èlie, que la tem
ne-ipouivait être vendne sansluiyai.lulsaBs la terre Rien
ne jYouvait l'affranchir, ni la fuite, ni la prêtrise, s'U
l'avait reçue sans la permission de son maître , pas même
Vépiscofat; ainsi eniiit'il^ au quatondème siècle» 4e
Jean GeimaiD', Hlwtre enfMt du Momad. Ce grtud
homitae, que Phillppe-le-Bon, duc de Botirgogne, afsit
fait chancelier de son ordre de la Toison-d'Orj son con-
seiiier et son ambassadeur; que sa science et son mérite
punonnel porlèr^. soocessifeiaent survies sièges éplseo^
fèm de. Mevers et de CbatonHunHMne, naquit serf et
moarot dans cette triste condition (2). .
La féodalité grandit rapidement et acquit bientôt un
tel degré de puissance, qu'eUe éclipsa pisesque l'aUtoiM
royale. Le monarque ne M plus qu'un grand seignsvr,
(1) C<nUum du Nivernaiê.
(9) GuT Coq., BiM. du Jrivini.; N<i di U Rocbilli , p. 3BS; Dom Pria ,
aUt.dêioihU léger, imiiMirfdf taMnv, p. ISietaulT.
S
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106
LE MORVAiND.
smeraln de tous les aulm» et se fit soofent dm la né-
cessité de guerroyer eoatre les gmdt msanz de ta eon-
ronne, dont l'insubordination était d'autant plus condam-
nable qu'ils se numtraie&t eia-mêmes plus i^iigeanfs et
plas impérieux emm leors propres si^ets.
La Prame eatière offirait idors le p\m triste speetade;
ce n'était que divisions et luttes continuelles, des guerres
toujours renaissantes de pays à pays , de province à pro-
vince» de seigneur h seigMor, de vassal à roi Dm» ees
gnerres, souvent crneKes et toi^onrs dévastatrioasy an
pillait^ on brûlait, on égorgeait , et Tbomme libre » ccmune
le serf, était contraint de prendre les armes et de suivre
le seigneur du pays toutes les fois que son propre caprice
eu aeloi de aOB sowraiB l'exlgeatt (1). Eu anadMt aiasi
les eoUlvateura à leura ètaaoïps , les gueniBs deiveuaient dsa
causes de fréquentes disettes qui , jointes à celles qu'occa-
sonnaient les éléments, produisaient de nombreuses et
terribles famines» D'ailleurs, le Monraud^ à «tte dpofua j
n^avait pour toutes ressources que le seigle et Tavoine;
il ne retirait presque aucun produit de ses vastes fbrMl
Aussi ne sera-t-on pas surpris d'apprendre que , dans ces
tftotes eoni oueUures , il M tous les huit ou dix aas eu prête
à drafflneusea disettes.
A oa geufe de fléau i^eu joignait presque toujours un
autre non moins terrible , la peste , qui décimait ensuite
une population malheureuse , exténuée de besoins et de
privatlona. Notre miséraHe contrée oflhdt, eut outre, la
plus triste et le plus somiNre aspect le pays étaitgénénir
lement coupé de landes stériles, de mauvaises prairies
hérissées de buissons, parsemées de marais et d'étangs
îungm, dont les émanations dâétères vteiaieBt l'atBMii»
pbSre. Les babitations étalent basses , bumides et sans ou- .
vertures qui pussent renouveler l'air. La même pièce
(1) Cbaudom , BfH, 49 lo wilh #iiiMrrt.
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U MO&YAND.
107
small «ffKoiiremeni d'habitation aux iNMiines et d'étabie
aux animaux. Si quelquefois il existait une cloison entre
les uns et les autres^ ce n'était le plus souvent qu'un
treiUaiB en bolB qui ne ipaniil qa'am ineonvénienls l«a
pim fram d^we demeare eomme. Ajooloai à cela la
malpropreté des vêtements, le défaut de lioge.... , et nous
aurons un aperçu à peu près exact de Tétat de misère qui
régna dans nos campaipues pendant plusieurs siède& JLea
¥lll6s a'^MalBBtgiière iiilaix .parta8ée& Bllea n'élaleiilpaf
pavées^ et Tob meontralt ^ et là des mares d'eaa crov*
pissante qui infectaient l'air; les rues en étaient étroites,
tortueuses et malpropres. Les hautes murailles dont il
lâdtait teantower pwr lea jj^réaamr des dépiédatUns et
d« pfltaga TOTfaaK se limient Jonrnettement des treapas
de maraudeurs y empêchaient Tair de circuler librement
Château -Chinon^ Avallon, Corbigny, Cervon, Immes^
Uujs JBoulissrEngilbert^ PlerrerPerthuîa» La Bocbe««ft*
Hnmf, la Jloclie^liilay et SanMeii se irtnent aind rasBends.
eatredesBMn cpd eentribnèrent long-temps h lew taa-
lubrité^ en même temps qu'ils gênaient leur développe-
ment
Au diiièma siède, la Morvand, eMOve pe« hablié^
sartout Ters le centre» ne ytmufMt bta palIt
nombre d'étabUsiements religieux. Us consistaient en trois
ou quatre abbayes^ quelques prieurés et différentes cha-
pelles desservies de loin en loin, par les uotees» et oii
se rendaient les .fidèles des enviroBs pour rarxwpMwe
mmi de leais devoirs spiritiiel& Ces denéèsesy oeoMne
la plupart des prieurés , devinrent dans la suite le
siège d'autant de paroisses rurales; mais pendant long-
teints encore» «Hes ne joidrent p96 da ce titre. A peine
^PMlfttes-naes avaient-dles» sons le nm maèerte de
du^^elain , un prêtre attaché à leur desserte. Le titre de
curé était alors inconnu. Mais quand l'an mil, moment
si redmiiié des peuples, qui s'hnaginaient que le monde
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iOB LE HORVAND.
allait finir, fut passé, et que l'espérance et la jote fàwat
rentrées dans les cœurs , on vit les pieuses fondations se
multiplier^ les édifices religieux s'agrandir^ et de nouveaux
s'élever çà et là. Les prieurés qui existaient déjà à cette
époque, oo qui furent fondés yers œ tMpa-Ui» étaient
ceux de Saint- André- les -Uuy, de Sémeiay, d'Avréeet
de Saint-Christophe de Château-Chinon , qui dépendaient
de Tabbaye de QuDy ; ceux de GonuDaguy, de Janes,
de Saint-Martin d'AvalioB» de Swnma&t et "de IMhru^
Ammx soumis à l'abbaye de Saint^Marlin d'Autan ; ceux
d'Anost et de Moux , dans la dépendance du monastère de
Saint-Symphorien de la môme ville ; ceux de Brassy, de
Saint^Honoré» de La Vallée» de Vanoise dMiés aux bé-
nédictins de La Gbarité-sur-Loire; le prieuré de Hont--
reuillon , filiation de l'abbaye de Saint-Martin de Nevere ;
ceux d'Abon et de Poussignol possédés par l'abbé de
Saint-Léonard de Gorbigny; celui de Bar -le -Régulier^
erdre ée saint Augustin; de Saint-^iëger-^e-VourdiefetV
qui était ii la epsilon de Tabbé de Sainte-Magdelelne de
Yézelay; eBAn, ceux de Quarré-les-Tombes , de Saint-
Germain de Modéon^ de Sahate-Magnance et de Saint-
Marc, qm tqipaitenaleBC à l'abbaye de Saint-Jean-de-
Réaume e« Hotlier-SaiBthlean.
On érigea aussi, vei^ ce temps là, quelques paroisses;
mais la plupart de celles que nous remarquons aiiyourd'hui
dans nos montagnes, au.nonibre de cent environ, ne dirent
que dea éettMnw , treUième et qua te r Mè m o aiMea ^ quel-
ques-unes même n'ont été foaééea qu^au dit-^ptlème.
Toutes ces paroisses , pour la partie qui dépendait de l'an-
cien diocèse de Nevers^ étaient comprises dans la circons-
cription des arddprétrëade GhAtillon-en-Baioiael de Mau*
Itas-BngObert qui, avec ceux de Dedae et de'lManges,
formaient le ressort de Parchidiaconé de Decize , vulgaire-
ment dit du Morvand, Les autres, en plus grand nombre,
faisaient partie du diocèse d'Autun et des arehiprêtré»
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LE MOAVAlfa 109
^AiuMt^ d'Arnay-^e-Mc, d'Aotan , d'Avallon , de Corbi^
%ny, (le Luzy, de Quarré-les-Tombes et de Saulieu.
Si l'époque qui suivit le siècle de torpeur , en excitant
ift recomateaBoe dss peiqdes envers Dieu, fat favorable
à la reUgioii, oHe Vit aassi l'ère des guerres , depuis quel-
que temps assoupies, se rouvrir de nouveau. L'année 1005
offrit le scandale d'un sujet révolté contre aoD souverain^
oa pluiût la trisie nécessité où se trouva un nri de guei^
royer contra un des grands vassanr de sa couronne» et
•c'est sur les cimfins du Morrand que devait venir se termi-
ner ce grave différend avec les horreurs ordinaires à cette
époque.
HenrMt-GfttMly duc de Bonigogne^ étant nunt sans
poitéilté 9 avait légné ses états à Otte-Guntome , son
beau-fils^ issu du premier uiarlag^e de Gerberj^e , son
épouse^ avec Adalbert, roi des lombards et marquis
d'Ivrée. Mais le roi Bobert refusa de reoonnattre la vali-
dité de cet nde et arma contre le aonveou due; il entra
en Bourgogne, où il prit plusieurs places, et vint mettre
le siège devant Avallon qui lui avait fermé ses portes. Ses
imopes, cantonnées aux Alleux « position que les Romains
niaient occupée plusieurs siècles auparavant, se répandi*
rent , durant le riége qui se prolongea l'espace de sept
mois^ dans le nord du Morvand , et y commirent de grands
dégâts. Le pays faisait des vœux pour rélo^ementde ces
bôtes, lorsqu'il en fut enfin débarrassé par l'occupation
àe la vlBe qui se rendit par fandne. Le roi, qu'une si
longue résistance avait exaspéré , ne tint pas compte aux
habitants de leur soumission tardive ; la place fut pillée ,
démantelée , et la garnison passée au iii de i'épée. Robert ,
son âls pttinéy qui disputait la coofonne à Benil, son atné,
reparut, en lOSlySons les mond'Avattony et sTen empara
à son tour.
A cette époque eut lieu la famine la plus horrible dont
rbistoire fasse mention. Des pluies torrentielles, n'avaient
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110 LE MORVAm
pas pemis d'ensemeDcer conTenablemeiil les terres, ni de
récolter le peu (lu'elles produisirent. Les moissons , déjà
très-mauvaises en elles-mêmes , ne mûrirent qu'à demi.
Aossi la disette qui suivit, et qui conmença en lOM pour
ne finir qne trois ans q>rès, fat affreuse. La dernière
année , on broutait l*herbe dans les champs , on arrachait
la racine et l'écorce des arbres , on disputait aux animaux
leur nourriture la plus grossière ; on atta^piait les voya*-
geursydise&t les historiens du temps^ non pins pour les
dépouiller, mais, ebose à jamais lamentiadMel pour assou-
vir, avec leurs chairs encore palpitantes, une faim dévo-
rante. L'histoire nous a conservé le souvenir des borribles
repas qui furent apprêtés à Mâeon et iiTouransuYeede la
diair humaine. La peste ^ qui sulriC cette épouvantable
famine , sévit avec tant de fureur, que les vivants suilisaient
à peine pour ensevelir les morts (1).
On comprend aisément ce que nos malheureux pères
eurent à soullHr dans ces â^tiorabies eteconstniees. Le
Monrand fut, une seconde fois, presque dépeuplé. On ren-
contrait çà et là sur le bord des chemins les cadavres
maigres et décharnés de personnes qui avaient ^v?fwh^
dans les tortures affreuses de la fidm; pinsfens mtae
teent dévorés par les loups. IMeu, après* av«lr épromé
aussi rudement son peuple , envoya , en 1033, une moisson
si abondante 9 qu'elle surpassa celle de dnq années ordi-.
naires (2).
Dans le courant de ce âiède, les lointains péMnages
devinrent un des principaux actes de dévotion des chré-
tiens. On voyait sur les chemins de Rome, de Jérusalem,
d'^phèse, de Composta et de Tarn, d'hifatigaMiss
pèlerins marchant bariét de fer et charspéi de dudneu
ou de meides énormes qu'ils avaient fait vœu de porter
(1) Arqvitil , aitt. de Frmee.
(9) QLABIR-IlADVLraB; CoVHtMi, tOm. III,
»
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LE MURYAMD. 111
jOBfif M terme de hmt Yovage (i). De noMbrem IIMes
éa Morvndy entraliiés par le moavement général, des-
cendaient chaque année des montagnes , et s'acheminaient
particalièrement vers ia Judée , témoin des mystères de la
fie aortelle de THiNiiiiie-Dieik Mais ce fat en. 1005 aar<-
tout, aion i|ae toute la France émne jusqu'aux larmes
par les prédications touchantes de Pierre -l'Ermite, se
levait comme un seul homme pour arracher le tombeau
du Clurist des mains des Infidèles» qu'on Ttt les seigneurs
etles prenx cbevaUers du Mmpvaid abaadoaner femmes
et enfants^ manoirs et seigneuries , pour aller se mesurer
avec le redoutable croissant. Parmi eux, on remarquait
Seguin de Lormes, qui donna les dîmes de sa terre de
caiâleau-<auno» à la cafliédffale de Saiat*Cyr; Bagnes de
GliastdliR, qui raidit d4iie6ltaiiiede8es'MeBMtsleclHh>
pitre de Saint-Lazare d'Availon, et acquérait ainsi, pour
lui et ses successeurs , le droit d'inhumation dans la coUé-
gialede cette «ille; flngwsde Magny, finiHaame Bbsqib
étymummOL, Ponce de Glane, GulOanwde La iloolie,
Guy de La Bussière , Hugues de Marry, et plusieurs autres
qui se signalèrent par leur courage et leurs aumônes (2).
Quelques années après leur letour, en 1116 , ces sel»
gneors et antres de la Itourgogne el dn NivenMds» pue»
pnâats et aMiés de nMiasIères, s^aehemkièreiil Yen Pan*
tique manoir des sires de Chastellux , où un rendez-vous
leur avait été donné pour traiter des affaires, du pays.
JamalSy depuis sa tedatkm» la titille toteftaie ttodale
n'avait lémii dans ami epceinle une pins nomlminse et pins
iMre assemblée (3).
Un peu plus tard, en 1119, presque tous les habitants du
(1) KtamuU JMmv, abb.. Fug.; dan Pmu, Uift. ^ toviii i48§rs lilro-
duct.» p.
(-2) Covmivéz, tum. i; KoUce munOBCr., GalUa Chriit.
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112 LE MORYANO.
Moirand» nobles , bourgeois ei mamito» se levaicnl à la
nmiFelle de l'anifêe dn chef de rigUse dans len mont»-
gaes. Le pape Pascal assisté de phiflienffsarelievéqneset
évêques, se rendit cette année, le jour de saint Thomas,
à Saulicu, pour consacrer la nouvelle église de Saint-
Andoche, et faire la translatioii soleanelle des leMyio dn
saint patron, qoi fierait tkées de la crypte eè elles «glo-
saient depuis plus de neuf cents ans, et portées dans
réglise supérieure. Le jour anniversaire de cette impo-
sante cérémonie amena long-temps, dans cette petite
iWiBy on eoncoon oonsidénUe de iidèles.qn'y attiraient
les indulgences accordées par le Pontife.
Cependant, les affaires des chrétiens de rOri^t^ depuis
le départ des croisés, étaient allées toujontJ iHnpkanL
Le trône de Godef roy de Bonâlan n'avait pas eneore nn
denri-siècie d'eiistence, que déjà il dianodait sons les
coups sans cesse répétés des Sarrasins , anciens posses-
seurs du pays. Toiyours aux prises , avec ces irréconcilia-
bles emiftBiis dn.ncMn cbrétieny affididis par leurs pnapras
vkateires, les fils des croiiés se virent liieHtdt dans la
nécessité de tornner leurs regards du côté de l'Occident ,
et d'implorer à mains jointes l'appui et le secours de leurs
anciens compatriotes, de leurs firte«s.
Ce no M pas en vain ; car an triste récit ^ ron fit de
l'état ide détresse où as étaient rédoils, les cœnrs géné-
reux s'émurent Les Français surtout sentirent se ranimer
leur ancienne ardeur gnerrière , et une nouvelle croisade
élidt résolue an fond des âmes. GonvenalMl» en eO^, dn
laisser périr sons le glaive des infid^ de valrarsnz
goerriers auxquels on était attaché par les liens dn sang
et la profession d'une même religion ?
Aussi lorsque le roi Loois-le-Jenne fit^ aux fêtes de
1146^ nn ai^ à ses fidèles sqfets^ félanM-il
général et spontané. Tous les seigneurs du Morvand^ suivis
de leurs bommes^ se rendirent à Vézelay où saint Bernard^
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UJIORVAIUX 115
aecoMplhMrt 1> mMm que marft ielnl cattftg lepuw
Eugène III ^ inspira soudainement, par la seule puissance
de sa parole , un enthousiasine irrésistible à une multitude
iiMi^lyyhiA de seigneurs , de piéUte» d'abl>és et aalrai
paiioiiaci'de lewte condiliei aficone des dlverm fnr*
tiee de- la Franefr «hmit reUgienie , si^ciirdiiwiMi te ni
présidait lui-même cette assemblée dans tout Tappareil de
la royauté.
Qui ne eevMttee cri iaMOse, praupl cmme rdcMr»
fert codttM lafoiKdiite nw e,ipi, pwtnn éè mm
les bouches à la fois, fit retentir long -temps la vallée
d'Asquins : Diex li volt, Diex Li volt, la croix ! Le monar-
que la reçst le premier ; c'était celle que le pape loi avait
spMalMBflBl deaUaée. Faré de œ rigne aipiale etmvé»
LoaiftlFII sT ad ieas e Inl-inéBM à la fode et Imvoque, aa
nom des chrétieDs de l'Orient, l'appui de la nation géné-
reuse dont il est le chef suprême, et l'enthousiasme est à
son comble. Mille boudies s'ouvrent à la fofopmir léeft»»
mm, uiOiB èraa tféiiiront |MMr recevoir le gagevénéré
d'on engagement solennél et Irrévocable. Les engagements
furent si nombreux , que bientôt les monceaux de croix ,
qpie saint Bernard avait apportés , se trouvant épuisés» le
fieitK 'éiàé ae* vit éMia^la. Bénaarilé> pour saMaite aox
vÏDSttée laïaaliltHley ia Mitae ses ftÉsanais en pièees.
Le peuple rivalisait de zèle avec les seigneurs. La popu-»
lation du Morvand qui, presque tout entière, s'était rendue
àV^ielaf à kirflBile de ses nûlileamatMs« Isa suivit cb si
grand nmûmemJnâiÊifqm les viilesyles'lNmgaalles
villages , comme les ehflteanx , demeurèreat ■ presque dé«
serts. Dans nos montagnes, comme en beaucoup d'autres
endroits» c'est à peia« a^il restait wt hmume.pùur mjrt
femmn (i).
DHB'cea temps de âé««aeaMnt et dlrffoiftnie de la M
(1) LtttndêtaimtMÊrtutrdàunmi. Covftxiris. •
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au ' LIi MORVAND.
MUgiette, U était d'«ag«^ cbendwr à « mdra la Glei
pnH[^ ^ pieweafondatlDi»» o« daa amiiiea gM»
rensement distribuées aux serviteurs de Dieu les plus re^
nommés pour leur régularité. Cliaque seigneur s'efforçait
û'n^ieàtr, par oe geare «Le iMNmes œavres» tm tace»
aatoar aa laiiolr de aei atem» oa d'à— wr ai «oias aan
aâlit et sa néBrafere en eas (j&Û siecMâiât mm les feitignes
et les périls d'un si long voyage. C'est sons de telles inspi-
rations qu'Artaud de Uàasteliax, eatre autres, près de
fmnèt€UKm fUè pmw Jént$akm, donna à YMmje de
flegny, que Pou remarquait sur la rive gaociiede iaCSiTO»
à quatre kilomètres au sud-ouest de Vermenton , usage et
pacage dans les terres de sa seignearie. L'acte émioemmeat
cMtiea qui e» lut dreasé^ et que noua ra]ip«rtiMB tet,
M pÊÊté «n diâteau d'Avallon, en piéwawa ^flombiit»
éf êque d' AutuB , d'Odon , duc de Bourgogne , et de plu-
sieurs autres personnes de distinction, tant ecclésiastiqttes
qœ séculières.
i IJo'ii aoU ooDOB de êem les iéimntw présents et à
9 fCBÉr» dit oeflenc et digne acig n ani , que par ladifinie
» Providence, Artaud de Gliastellux s'est proposé d'aller,
• pov aea pédiés^ à Jâmsaiem, avec ses fils et l'armée
» loiBla^etMraiioiKNMtttqn'impeiit aeiadhéterdela
• BMrtpar aeaamteea, pamqirilcrt éeritrL'JwndBe
» déHvre Fbomme de la mort; et le Seigneur , dans son
» saint Évangile , dit : « Donnez l'aumône, et toutes choses
» vous aercmt pores; » et Totài : « L'annidne eat> pour
» cen qui la ftmt, m grand uMtff de conlIaMei > et
» DanM : c Rachetés m pédiés par ttamOnei » a^étant
» rappelé toutes ces choses pour le salut et la rédemption
» de son âme, et de celles de son épouse et de ses prédé-
» cessears, fl a donné h perpétuité, à l'église de Sainte»
» liarie de Begny et am>firèraa qol y aamm Man^la .
» paisson de leurs porcs dans tous les bois situés entre la
» Cure et le Gousain, et le passage à travers sans indemnité.
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LE liORVÀMO. 115
» ainriqiwlepanafeettflmlfliaMfwÉMlicoiiHMflm
» le nom &a4;cense (1).
Parmi le grand nombre de seigneurs du Monr and qoi
soMmDt Tannée royale» JMWcttanmt^ oMeAtfawIde
Chaatalliii, HttoDy Artaud» Qof et MUMme» aaa lia;
Hngues P% seigneur de Châtea«43UiiiB et de lûmes , qitf
lit aussi du bien à Tabbaye de Regny ; Seguin de La Tour-
nelle , son frère ; JSfard de Magny , Anaeric , vicomle
d'AnOloD^ Gmf Beam» aeignear de YiOanuMU» €aalkiir
de FMlea» . Hngues de Sataite'-fllagnaiice, EtIsBMB dt
Pierre-Perthuis, qui tous furent bienfaiteurs de ce monas-
tère; Lambert de Bouvray, qui lui légua sa terre de
Ooorteadel (2) ; GuUamiie de La Roche^eiHtoeny» lastiié''
lemsrde UmA, AmuUrne de Saêatb'AaéàvoL, qwà lui légaa
aoii donaine de TriÉelain; Hugues d'Alligny, Samfc de
Reclennes, Jean de Roussillon, Jean de La Roche-Milay,
Renaud de Glane , Pierre de Luzy, Hugues et Guy de La
tafièra^ Garde Mmj^eeoSÊnff de Haaitty, Odea If
de Mary» et m flNde d^aidres qi^H serait trop long de
Mmmer (3).
Cette e7[pédition, qui d'abord s'était anncrncée sous
d'JKureia anqpiees^ fiait par des désastres» el la piopaii
des croiÉés «mmapart miséraWemwd OoaasMat ei»a
été autrement? L'histoire rapporte que eeUe mnliUide^
qui montait à plus de deux cent mille et se composait de
gens de tout âge » de tout sexe et de toute candldos»
s'avançait oonteément» sans frein oommesaosconman»
deant 0te noos apprend eneore qu'a n^est eriases si
atroces, brigandages si révoltants, actions si honteuses^
qu'on ne soit en droit de reprocher au plus grand nombre.
* * *
(1) nom Omm Viou , aUt, mmiuet. dt Mgny.
(9 Leè relisiwz raconnaissants donDèrent oteelof > probablement des
bijoux, à 6eoflh»y, aon Sia.
(8) /W«; G&avAai» , HUt. de VégUit drâMun,
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116 l£ MORVAm
f^MMMat Bien anraU-tt béBi «le entrepif se dont le but
était louable et pieux sans donte , mais dont les moyem
forent si coupables, qu'ils firent maudire le nom chrétien 1
Si cette expédition ne fut point avantageose aux chrétiens
de^'Oitent, elle lài u^le an roiy qii vit angn^nfersoB an*
Mité an dépens de celle des seignenrsy dont la plupart
périrent en route. Les autres s' étant chargés de dettes pour
fournir à l'équipement de leurs gens, PhUippe- Auguste
profita de leur affaiblissement pour leur enlever Tadmi-
nisteallondelaJnBliee. 11 créa donc à cet efliel lies baitti
qui' renpkwèient les vioomtes et les seigneurs justieienL
Jfôentôt la juridiction et la puissance des nouveaux juges
s^accnit à tel point, qu'on les vit jugeant la noblesse et le
peuple, mqiant à la gnerre les nobiks de leur ciroon»*
ctiptioQ 5 penevinA les deniers pobilcs , pourvoyait am
divers officef subalternes..... Aussi leur autorité porta, à
son tour , ombrage aux rois et aux ducs de Bourgogne
qui leur enlevèrent d'abord la direction des finances, puis
lé.OQaMiandenieBl des armées, et étairtiiiaiit des ^awcr*-
neurs dans les provinces et les villes. Enfin Charte» VI leof
donna le dernier coup en leur retirant, en l/il3 , l'admi-
nistratiiDn.de la justice elle-même pour la (conférer à des
acâ t en anti» qÊk conttnnèient à la roMbre^aK fisqneseï
péttts.dcB selglieuiii .
A lenr retour de la croisade, plusieurs chevaliers^ p&a
remercier Dieu de les avoir préservés de préférence à
tant d'autres, des maux qui fondirent sur l'expéditiOBj
jttèBnt les fondements de nonvtanx étoMissemente rsli-
^ten. Artaud de Cbasteta, en partienHer, ne montra lort
reconnaissant et bâtit à grands frais l'abbaye de Cliors
ou Cure, sur la rive gauche de la rivière de ce nom , où
on en remarque encore d'imposants débris (1). Nous mon-
(1) CoDRTirii, tom.'vi, p. 18; leNfvmutit, lom. u, p. 1S6; Archives d«
ChasteUux.
»
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LË MORVAND. 117
tterom ea soaUm 4pÊe les âlciu ^Bà ont nitrihrt ii
i^ndatk» de es inoiiasièrci à' Ustait , conteMc de Nevers
et veuve d Hervé de DoDzy, se sont trompés.
Tandis que quelques nobles cbeTaliers» comiBe ArtaiMl
de ClMsldtoL^ en «aat de leur fortune ]»Mr.nMaMdr et
le fttCB de la rellfien, BiéfHalent TesIfaBe el l'anewr des
peuples, d* autres, vrais fléaux de rhumanité, pillaient
les églises , dévastaient les couvents. De ce nomlire lut
• Gérard de Vieillie^ boiimeiraissaBt et toi4^^
avec ses v^Muii Os selgMor, dérogeant à Mbonnear de
son antique race , commit plusieurs vols sacrilèges et se
rendit redoutable aux moines qu'il maltraitait inhumaine-
ment maptè» les avoir dépouillés; les voyagem eor les
grinds dMmins ti'étaient f9E ptaiea jirolé. IMieain,
miippe-Auguste arrila ees vfdtoniees. <Je nonarqne étant
venu, en 1180, à Vézelayj se rendit de là à Pierre-Perthuls,
oà il avait convoqué les barons de la Bouigogne et du Niver-
nais» Gérard, sor la somnalion qpl M en aiait élédonndo,
fl^]r rendit adssi-Ckmvalnett en pldne assemblée des crimes
qui lui étalent reprochés^ il fut condamné tout d'une voix
à réparer ses nombreux méfaits. Ce seigneur se soumit à
la trop légitime sentence qui le fraqppait^ répara e&.efiii
ses fa^netlees et ses «rimes» et |Nir son eiempin âtoeaset
les ^é]^éd«rtions de 4Sfm petits tyrans qui « mmnmJnjy
désolaient les campagnes (1).
Le douzième siède ne devait point s'écouler sans qne
le Morvand vit s'élever sur se^ limites méiidiOBiieii,«n
Imporomt établimement fdigleim t eîétalt la eflAbre dmn*
ireuse d'Apponay, qui a subsisté pendant 604 ans sous
soixante - dix prieurs. Ce lieu , aujourd'hui riche de
onlture y n'était encore « en iias, qn'un désert marée»-
ginx oà à peine qiet^nes eaam de panvres eeift mon*
(1) Dom If ARTBNHB, Àmpliuiw^ CoUttHo; Uumn,€à9imlqfÊg iê réttkiVr
p. 168; le JrlMmalt» toin. n , p. 150.
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lis L£ MORVAMD.
ttaim çà et- là leurs taits de mseani. L'évâque de
• fknm, IUnuM» du eensentenieBl de ton chapitre , le
donna , cette même année , aux vertueux enfants de saint
Bruno pour y fonder une maison de leur ordre, mais sous
la Um— expmaie -que le tout toilft relenr à-MMi éflpUse,
mu 0ppoikiêm ni emitadktim , tk ce» rellgieai vettept
un jour à abandonner le nouvel établissement. C'est k cette
condition sage que la chartreuse dut l'honneur d'arriver
JaaQQ*a«i mauvais Jomrs de la révolation de lïJBd, sans .
avoir été aèandoonée par les moines <pd> plqilemfois,
en éveilla tsntatfeo (1).
Cependant des divisions intestines bouleversaient le
royanme de iésrvsalem à l'intérieur^ tandis que les Sarra-
slMy iQis la omiÉRite d» lÉnmx Saladtn , soltaa d'^Q^
d «e Syrie, Fattaqnaleiit à l'extériew. Un trdne déjà si
faible par lui-même ne pcMivait manquer de s'affaisser
sons tant de secousses et d'attaques ; aussi le sceptre
éetappiit41 , en iië7 , des mains de a«7 de lAwigm
lénwdem se sendalt-elle par eapitnlall^ii^» le.^ ofrtolMOs
de ia même année.
fbachés de tant de malheurs, Philippe -Auguste et
Richard P% roi d'Angleterre, se liguèrent pour arracher les
lien»SaiiHi des mains des lnfidèies» el se d omùt e t rcj^-
dci-ms à Véiday eii llB se joignirent m iiOO {^y jks y
rencontrèrent une foule de seigneurs accourus de tous les
environs avec leurs écuyers et leurs hommes d'armes.
Parmi «ln> on lemarqaalt Aabert et Bagnes de Chast^^
Bmnes' H de ChftIsais-GhiMMi* Senni n- de. La ToansèUe*
Bngues de Magny, Ponce de Glane, Jean II de La
Roche-Milay, Jean II de Roussillon, Arérius de Quarré,
Ponce de Pierre-Perthuls, Simon 4e .Seosv^ l>aron de
Luf ; Gwf Bèson seignenr da YiUamoult» €ny om
(1) «MiteGMM., Gttarle deS>ndctioii, GhfMiique.
(3) Uartih , Chnmiquf de FAvloy.
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LK MOKYilMD. 119
GnUlaimie II de La Roche-en-Breoy^ Hugues de Vernon,
Hugues de Lanty, Jean d'Alligny, Guillaume de Saulieu et
beaucoup d'autres. La plupart se signalèrent par leurs
inenfiiâts envers les diverses maisons religieuses des envi-
rons. L'ahbaye de La Bussière , celles de Regny^ de Saint-
Martin de CHiors^ de £(atat-lhntin d'AvUm, de Sept-Fonts»
de Vézelay...., virent ainsi leur dotation s'accroître sensi-
Mement Les ecdésiastiqaes et les laïcs qui ne purent, en
cette droonstance^ prendre part à l'eiq^tion^ forent
obligés, par ordre da roi » de payer le dixième de leurs
revenus et de leurs biens meubles pour les frais de la
guerre. Ce tribut s'appela, de son objet, la dîme saladine, *
Arrivés devant Saint- Jean-d'Âcre» les croisés en for- ,
mèrent aussItAt le sl^e^ et s^en raidirent maîtres le
13 juillet 1191. Pinceurs seigneurs do Morvand, entre
autres, Seguin de La Toumelle et Hugues de Magny,
guerriers pleins d'audace et de courage ^ succombèrent
pimisni fattaupie. Lei antWB» apièsqneiqoig mwwiaBaet
gioiiaaaiwcoès> rentiitent e» fnmce, Tanode •ièraaCe>
avec le roi (1).
(1) GoiaiMa, tom. r; dm YNu » MM. mmm * «m» MÈèmm
nation, et ûe CbasteUta.
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t
CHiPlïAË VU.
AfllrM^cIMcMmcBto divers, Noovellc erolMid« , FonMlMs pkiiiti,
fomtoa» «€• Ancialt» leur» brif«adasçi....M....
«...
I» ■ • ' ■ •
Les seigneurs^ Qb)igé&4'équiper leurs hoouDes d'joms
à 5lim fraift «t de ytnrtoir à IM» liesetei pnênt le
cours de ces lointaines expéditions, conMctèeent des
dettes considérables. La plupart furent contraints d'affran-
chir les villes et les principaux de leurs si]û^^> même
d'engager Joofs fiefis en tout ou en partie po«r se pro-
curer tpiélqae argent La ville de Ttelay, la pranière,
obtint un acte d'affirandiissement de l'abbé de Sainte-
Magdeleine, et s'érigea en commune. Quelques années
après, en 1199, le duc de Bourgogne» fiadesIQ, accordait
la même grâce à celle d'Avallon, qoi pourtant n'est ses
échevins et son corps municipal qu'en Bien décidé
à ne plus revenir sur une coucession qu'il avait faite libre-
ment, le duc, à la prière des Avallonnais, écrivit la
même année à févêque d'Autun en ces ternies : c Je
9 prie instamment votre paternité, en cas que je révoque
» la franchise et la liberté que j'ai données à mes sujets
» d'Avallon, de mettre ma terre en interdit à leur réqui-
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LE MORYAND. 121
^ sltiM> et de lew donner sor ee toute Vaamvnce qu'As
t vous demanderont (1). §
Ce prince écrivit aussi dans le même sens à l'évêque de
Langres> dont le diocèse était compris dans ses étatSi II
le pria« en cas d'oubli des conventloiis qu'il venait de pren-
dre, de loi rappeler ses engagements, et de le Gcmtralndre,
lui et ses successeurs, par tous les moyens que Dieu avait
mis entre ses mains, à les observer fidèlement (2).
De tout temps la religion a été Ta^pui et la sauvegarde
du pauvre contre le Etehe, dn faible contre le fort, et des
petits contre les grands. Que serait-il. arrivé, si, dans ces
siècles de despotisme, la foi n'avait été plus vive , les pré-
ceptes divins plus respectés que de nos jours? La religion
el ses anathèmes, dont se moqnènt sottement nos pié-
tendns egprUs finis, étalent alors le seid ùétn qu'on pût
invoquer efficacement conti^ des maîtres absolus et tout-
puissants, auxquels il eût été loisible de reprendre le len-
demain ce qu'ils avaient accordé la veille. Aussi nuUe con-
vention, quelque peu importante, ne se flilt entre les
seignevs et leurs sujets, sans que ceux-ci rédamenl
l'intervention de l'Église. C'est de son concours qu'ils
attendent la garantie et la sûreté pour l'avenir.
A peine ùn quart de siècle s'étail-il écoulé depuis cet
acte d'aHhmcUasemênt, que révéque d'Autnn, Guy de
Vei^, accordait la môme faveur à ses sujets de Saulieu,
et faisait ensuite souscrire cette concession par Jean I*%
abbé de Vézelay et par Guillaume I*', abbé de Gorblgny.
Vers le même temp&, Hugues m, seigneur de Lormes et
de Cbâtean^Ghinon , alfrandtealt ces deux petites- villes.
Le comte de Nevers en fit autant pour Moulins-Engilbert ,
et Jean de Châteauviliain pour Luzy.
En 1228, comme le monastère de Gorbigny se trouvait
grevé de dettes, Tabbé Gautbler, pour sortir de cette
(l) CùnHwÉM, tonit
(?) IKd.
9
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122
LB MOKVAND.
fâcheuse position , eut aussi recours k un affrauchissMBOiU
> n accorda donc à ses sujets» nwyeanant me sanoie de
500 livres nomiaie de ProYii», et me rente «raielle de
dix sols par personne, le droit do bourgeoisie à perpétuité,
et fit. à leur prière, confirmer celte coocesslon. l'année
saivante, par le pape Grégoire lA. (1).
Dans ces €onj<nictiires> la Ftance^ cpw Miut ama wa
porter la guerre si loin de ses foTers» etiirersa gtortense
épéc contre les ennemis du nom chrétien , fut obligée de
délendrc, au prix de beaucoup de sang répandu, sa pro-
pre nationalitô contre des voisins pgfaMntft L'eapemr
OthoB TV, RIcliard» roi d^Ang^iCenrey FemuMl» comte de
Flandre , et Renaud , comte de Boulogne , s'avancèrent
contre elle à la tête d'une armée de cent cinquante mille
iMMBimes au moins. Les alliés comptaient snr une vktoire
eertaiatf décisive^ dent la oDnséqoenee dev^t ètro le
partage de nos belles provlDees^ cijet d*àie lengne et
incessante convoitise.
Philli^-Auguste^ de son côté, s'arrêta à ks recevoir
l ig O Mf c u s em Mit II eonvoipia donc tons ses vasMom;
moiB il ne put , malgré ses instances et tons ses eAMa,
réunir que cinquante mille combattants. Il fallut se ré-
soudre à livrer bataille avec des forces aussi inégales,
et, le 25 joîllei 1214, on en vint ans mains dana les plaines
de- BoiivhMB^'ali, le eouage aqppiéant an Mmd>re, les
FHmçait lemportèfeBl eetle mémorable violoiKe qui sauva
la patrie.
la. noblesse du JklorvaBd^qui avait répondu généreuse-
ment à rapi^ dn monaiq», ae oouviît de fioini dam
cette brflluite aflUre. Pieire de Ixl TomneOe » nofcAe che-
valier, issu de l'une des plus anciennes et des plus illustres
malsons de la contrée, eut l'insigne honneur d'abattre sous
aen cheval le comte de Boulogne:^ Ton des chefs de Tarmie
(1) Chronique manuscrite de l'abbayei Archiv. natiou.
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LE MOBVAND.
125
eanenle» el4e TaiiieBer piisoaoier à son roL Cette action
liardie ne contrilma pas pea an galadelalntaflle^etlni
aarara Festime et Famitié du prince (1). A ses côtés, com-
battait vaillamment Hugues de Lormes, son parent, homme
de tête et de résolution , et aussi le plus riche ^ le plus
poissant et le pins généreux des seigneurs da ittorvand. H
eommaBdalt à on bon nombre de clie?aiiers et d'écofers,
assistés de leurs hommes d'armes, presque tous sortis de
nos montagnes.
Hngues» que de vieilles dironiques disent avoir été d'une
eaDfrlmeitôMicûni^ avant de confier sa vie anx hasards des
eondiats. fonda son obit à Saint-Martin d'Autan , et fit da
bien à cette abbaye. Cinq ans plus lard, il légua la grande
dime de Saint-Germain -dcs-Champs à celle de Begny, ainsi
ime la paiiscn €t le droit de paca^ pour cent pore» dans
rétendne de sa châtéOenie de JLormes (3).
Tandis que notre vertueux baron en usait si bien
envers les bons moines de Regny, modèles de toutes les
vérins, d'autres seigpenrs du Moryand» moins religieux
fue lèor sasdtaient raille tracasseries , ravageaient
leors terres et maltraHaient horriblement leurs gens. De
ce nombre furent Guillaume Besors, baron de Villar-
noult , et Robert de Corbigny^ seigneur du Parc» de Dun-
Ies*-Place8 et de Quané en partie» tous, deux vassaux de
Bagtte& Bn 4231 , 0 s^âeva, entre le premier et Tabbé
Hugues II , un différend qui pouvait avohr les suites les plus
graves concernant les dons faits anciennement au monas*
tère par les ancêtres de Guillaume. Le baMm de Larmes,
ami dé la paix autant «fiie de ktceiigion, se porta média-
teur entre les deux parties, et fit si bien par ses sages
conseils et Tascendant de son autorité, qu'il les réconcilia.
Le sire de Yillamoult se désista non -seulement de ses
liltustes réclamations, mais encore fit du bien aux moines ,
(1) CfcnmlgiiefiiamMa^c; àtmuéhn <f« la Nihre, 1817.
(S) Dom VioLB , Biêt. de Btçny.
i2U IB MORVAND»
ti vécut 9 dans la suite ^ dans des rapports de bon votai*
nage avec eux (i).
L'année suivante, Robert, qui prétendait tûut plein éê
droits sur Montgaudier, hameau situé près de Quarré, et
dont les moines de Regny étaient seigneurs^ ne se mit pas
en peine de faire valoir^ par des voies légales» ses préten-
tions, n trouva pHis facile et plus expéditif desefeiie,
selon l'usage des seigneurs de cette époque, justice à
lui-même. Réunissant donc ses gens à la hâte, le fougueux
Robert entre snr 1^ possessions des moines et se porte
anx pins coupables violences, aoxplos graves exoèssor
ies personnes et les choses. Plusieurs des hommes do
monastère sont indignement maltraités ou mis à inort> les
troupeaux enlevés et les maisons incendiées (2).
Une coBdalte si d^yale» si barbare» mMtalt une
grave et sévère colrrection; atisri ce seigneur M-fl» lia
prière des moines , excommunié avec les fauteurs de ses
désordres. Ce châtiment était le seul qui pût être effica-
cement employé ccmtre lui; l'Église, jurotectrioe née do
fidble» ne craignit point d'y avoir recours» f^pé et
comme atterré par ces foudres spirituelles, Robert se soù-
mit , reconnut ses torts et promit de les réparer. Mais il
est probable que la parole de ce seigneur ne parut pas on
gage suilisant de Texécution de ses promesses » car il îàM
que le 'baron de lAimes , sm snxerain, se rendit pleiçe
ou caution pour lut Ce ne fut qu'à cette condition que
la sentence d'excommunication fut levée (3).
L'iUustre et puissant seigneur de Lonne» et de GbâMo-
GMnon , malgré ses Immenses anmOneo 9m0n tes'monai-
tères, malgré la protection si méritante dont il les avait
couverts, ne crut pas avoir fait assez pour le bien de la
(1) DomVioLx; Archives nation.
(2) Ihxd; Trinclin et Vau-Marin , hameaux situés dans le voisinage,
qui dépendaient aussi des moines de Regny, eurent môme sort.
(3) l\nd; Bist. mantuc; Ârchiv. nation.
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LE MORYAND.
125
religion et le salut de son âme; il voulut encore , l'année
qui précéda sà mort, doter son pays d'un établiasemènt
religteux qui rappelât aux générations ftitnres et sa moni*-
ficence et sa piété. Il fonda donc^ pour le sédutdesonâme^
pour celles de sa noble épouse , Helvis de Vergy , de leurs
ftarents vivants et morts, pour le bien spirituel des âmes de
tous ses pridéceêsewrs , pour la gloire et l'honneur de Dieu,
de notre sauveur Jésus-Christ, de sa benoiste mère^ de saint
Jean-Baptiste, de saint Georges , martyr, et de tous les
saints, un couvent de chartreux qu'il nomma Sainte-Marie^
durVal^Saint'^reorges, et qu'il dota riebement (1). Hugues
fit ratifier,* . la même année , cette pieuse fondalion par sa
vertueuse épouse , par le comte et la comtesse de Nevers,
qui prirent ce monastère sous leur garde et leur protection,
et par l'évôque d'Autun, Guy de Vergy^ son proche pareuL
Le digne fondateur poussa si loin le zèle pour le nouTel
âabUssement^ qu'il voulut que les seigneurs de Lormes,
ses successeurs , fussent tenus de défendre les droits des
frères comme les leurs propres, et de réparer à leurs frais
tous les dommages qui poueraftent, dans la suite, leur.étre
causés de quelque manière que ce fût n pria aussi le
comte de Nevers, son suterain, et ses successeurs, au cas
où ils le négligeraient , de les y contraindre sans miséri-
corde; il conjura de même l'évêque d'Autun de mettre en
Interdit leur- seigneurie Jusqu'à ce qu'Os eussent satisfait
à cette obligation, et il soumit, pour cela, tous ses biens
aax évêques de ce siège (2).
Telles étaient les précautions que l'on croyait devoir
prendre dans ces tenips où l'^pire des lois civiles était
oui, oa plutôt à une époque ob il n'etistatt aucune, loi.
Cest à tontes ces garanties^ dont le fondateur entoura son
berceau, que la chartreuse du Yal-Saint-Georges dut le
(1) Gallia Christ., tom. iv, inter instrum , p. 96.
(3) /Wd.
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126 LE IlORTANa
bonheur de traverser , sans secousses ni désastres , une
période de 55^ ans (1). Emportée eiiûapar le torrent révo-
lationnaire de 1789, qui ramna tons les éUUisiements
religieux^ die n'offire plus c;uère'«ijoiBrd'lHii Ipie des
débris que les antiquaires peuvent vidter à un kilomètre
environ au sud de Pouques.
Cependant le zèle qui entraînait les grands et le peuple
vers les plages lointaines de la Judée, n'était pas enoove
totalement éteint Hiibault HT, comte de Champagne^ de>
venu roi de Navarre , avait fait publier, dans un moment de
ferveur, une nouvelle croisade, et était ensuite parti avec
ses yassanx pour la Palestine. Goinme les prîSoédentes,
cette écpéditlon n'eut pas on résultat hooKiix. TUkaidty
après l'occupation de Jaffa, qu*il fut bientôt ccmtraiDt
d'évacuer, regagna sa patrie avec une poignée de monde
seulement; lé reste avait péri.
Saint Louis occupait alors le trflne de France. Ge prince»
sans paraître vimnent affecté du revers de son vassal,
avait pris néanmoins la résolution secrète de venger les
victimes mallieureuscs d'un zèle louable à tous égards.
Une maladie grave, qui lui survint peu de tenips aptèset
le conduisit am portes du tombeau, le détermina sàm
retour à exécuter cette résolution généreuse , et il s'en-
gagea^ en présence de toute sa cour, par un vœu solennel,
à prendre la cn^ s'il en écliappait. Sa santé s'étant tout à
tofsp amâlorée, le pieux monarque ne s'ooo^a plie que
des moyens d'exécuter un engagement auquel il ne dou-
tait pas qu'il dût son prompt rétablissement il appela
donc tous les seigneurs à partager avec lui la gloire et les
dangers de sa périlleuse entreprise , et , à sa voix , la brar
voure se réveilla anssitdt
La noblesse du Morvand se montra encore digne de ses
;1) Une pièce manuscrite, que nous venons de découvrir, nous apprend
qu'elle fut, au seizième siei le , dévorée par un affreux incendiei mais ell»
nous laisse ignorer quelle en fut la cause..
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L£ MORVAND. 127
glorieux ancêtres , digne de son roL Hais avant de venir
se ranger sous l'étendard des lis, chaque seigneur voulut,
comme ses aleia, aUirer les bénédictions du Ciel sur son
voyage et s^aamrer, en cas de. moit en route, les suffrages
de rÉpse. On les vit alors rivaliser de générosité envers
les monastères et les doter par diverses concessions. Dreux
de Mello, seigneur de Lormes et de Château - Ciiinon ,
donna, du consentement d'Uelvis, son épouse, pour fonder
leur obit, h Talibaye de R/sgny, é^k si liâen traitée p«
ses prédécesseurs, cent soudées de^terre de fart nhernais
dans sa seigneurie de Lormes , et ratifia toutes les dona-
tions faites par ses ancêtres. Artaud III de Gliastellux, noi>le
seigneur bonoré de l'amitié de son roi,;00]Bb|adeno!|a-
vèl]es foveurs la (kndeUe de Vâielay, qu'il, avait fondée
quelques années aiqiaravaat Guy Besors III, seigneur de
Villarnoult , légua à Regny les dîmes de sa baronnie , ce
qu'amortit gratuitement, pour l'amour de Dieu, £udes,
duc de fiougogne (1). GuiUaume de La Toumelle, que
la grande considération attachée à sa personne avait fait
accepter par le roi de France, en 1217, pour caution du
serment de Pierre de Courtenay, fit du bien à r abbaye
de fiellevaux. Odon de GiiâtiUon, sire de La Rodie-Milay,
en fit aussi an même monastère. Guy de La Roche-en- '
Breny et Henri , son frère, lègiièrrât des rentes à l'abbaye
de La Bussière et au prieuré du Val-Croissant. Henri de
Quarré, Hugues II de Magny, Jean, Hugues et Guillaume
de Eonyray, Bernard de Lnsy^ seigneur de Velars,
Aaselme m de Saint- Andeux, rendirent le monastère de
Regny dépositaire de leurs bienfaits. Eiifin Guillaume de
Barges, Hugues de Yésigneux, Renaud de Conforgien^
Jean n d'Âlligny, Eudes de Roussillon, Hugues de Glane,
et un grand nombre d'autres seigneurs morvandeaux sui-
virent rélan général et se joignirent à l'armée royale (2).
(1) nom Viou » JKif. mmmÊùT. 4f «m*
(9) ibtd; Govftttfrli; Arohiv. nttioo. ekdeChiBMIwi.
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128 . LE MORVAMO.
Ces diverses expéditions^ et les pèlerinages qoi entraînè-
rent si souvent les grands et le peuple dans les montagnes
de la Palestine, eurent un fatal résultat pour l'Europe,
ce fut d'y introduire la lèpre , maladie affreuse qui , du
dixième an quatorzième sièele, infecta la popiâation du
Mervand aussi Irfen qoe celle dn reste dé la Francé. Les
seigneurs de nos montagnes furent contraints de fonder ,
à côté des villes, bourgs et villages , des établissements de
cbarité où on jrecaeillait les personnes atteintes da mal
Atalloft^ Gbâtean-Qiinon, Lormes, Lnzy, Magny-les-
Avallon, Moulins-Engilbert , La Roche-Milay, Rouvray,
Saulieu...., eurent à leurs portes des léproseries ou mata-
dreries dotées à pet effet La religion , qui se dévoue natu-
rellement an soulagement de toutes les infirmités, Vint an
seconrs des malheureux lépreux, et les confia an xèle cha-
ritable et aux soins paternels des frères de saint Lazare,
La lèpre » la plus ancienne des maladies dont Thistoire
ftose mentloQ, était aussi la pire de toutes. Gallien , Arnaud
de nileneave et^elques autres médedns en ont laissé de»
descriptions qui inspirent de Thorreur et de Teffiroi (4).
Au retour de la Terre-Sainte , saint Louis se rendit avec
(1) Cette maladie rend, discnt-ils, la voix rauquc et enrouée comme celle
d'un cftien qui a long-temp» aboyé. Le visage du patient ressemble à un
diarbon àdemi-étwst; U est ooetneox, enflé, kilmtetsonédelxmton
(brk dors dont la raeioe est verte et la jpomle hkmèkê* Ses yeux , saUlanta »
immobiles , rouges et enflammés , SMrwU eammê tmr dfwn dbot. âa lan-
gue, noire , sèche , enflée , uioérëe et raeeoufcie, est couverte de sillons et
de grains blancs. Ses narines sont ouvertes et les eonduits r^réfiie par
les ulcères. L'aspect général do son corps est repoussant. La peau, sur
laquelle l'eau coule comme sur un olijet gras et huileux, est couverte
d'ulcères qui s'amortissent et reverdissent les uns sur les autres ; elle est
insensible, et soit qu'on la pince, soil qu'on la perce, elle rend, au lieu
de sang , une eau sanieuse et visqueuse qui dégoûte. Les poils sont oourtSt
hérissés, déliés, et ne peuvent être srrsohés sans emporter avec eux la
ekair pourrie 4 la<|neUe 41s aiMrsttt..... I«0n les ersiUee, le net, tes
doigts , les mains, et quelquefois les membres entiers se détachent, tom>
bout et préviennent la mort du malade qui Umguit eneere long^mps dans
ce triste et pitoyable état. (N<b m La KoicBBLtB, p. MU.)
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I£ liORYANa
1S9
les seigneurs de sa suite à Vénlay^ où il assistt» le dix-
huitième jour d'avril, qui était le dimanche de Quasimodo,
à la translation des reliques de sainte Marie-Magdeleine.
Cette cérémonie avait attiré» dans cette petite .ville» une
foule immense de penoanes de tout âfe et de.iosÉi
condition^ qui montait , si on en croit quelques anteni»,
à plus de cent mille âmes. Comme il était impossible de
loger tant de monde flans les hôtelleries, on jondia les rues
et les places poliligMS de paille que les étrmjaw nfltemè-
rent à la toise poor y passer la nuit Ce Jour» qaron appdaii
vulgairement la fête dn pardom ^ amnait chaqne année^
à Vézelay, un concours prodigieux de pèlerins, auxquels
venaient toujours se m61er de nombreux fidàles partis de
tons les points du Morvaad (1)^
Quatre ans après, en nos montagnes eurent à
déplorer les suites d'une guerre seigneuriale comme nous
en avons d^à signalé ; d'une de ces guerres où les rè^
glas» Gomanément obmrvées a^lourd'lmi» étalent aUm
remvdaoées par des aurprises et des atrocilés; dfune
guerre, en un mot, oli le vaincu, s'il n'échappait par la
fuite, était massacré de sang-froid ou renfermé dans les
flancs ténébreux de quelque tour> an fond de quelque
olMGurcacbotyOiiil eiqplalt^le reste de sa vle^ Tancln^
et la témérité d'avoir voulu se mesurer avee un voisin ptali
fort , ou du moins plus heureux que lui (2).
Le comte de Nevers et l'évêque d'Autun, n'ayant pu
terntiner ^ raniUlde un ^fiEârend qui avait snigleo^
concernant la diâtellenle de Clane (3), dont le sombre nnh
noir couronnait un rocher escarpé qui ^âève dans les bois»
•
(1) Hifl. d^ÂngMetre; Villt, Hiit. de France; Uaktih , Chron. de Véselay.
(S) CbAteaaMaad riorate qa'nD saigaeur ayaut dtapgoniié el 9b9Mm
«•us M oImmI MBUÊtmHiitiimt «ta'tjaiit pas alor» d'ëyétptaor r4«N^
ger, il Alt oonvena , nir parole » qae la vaiaca attendrait , et <iQ*eB effet , l»
rainqueur, h son retour, le trouva dans la anéne place.
(3) Oo dit aiUQvrd*ii«i Gkiae*.
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1^0 LE MO&VAND.
à rovest ^ Vcrilèm» en finrent tnx amiM. Il y Mt âes
meurtres, des ineendies et avtres méfaits graves commis
de part et d'autre. Après diverses escarmouclies , les deux
rivaux fireDt entre enx un accommodement tardif dans
pmt ràism é» Me$mrt$, infraeiimu , ineenâêeê de f4tle$
et de maisons faites par les gens de chaque parti (1). »
« Cest ainsi 9 ajoute l'iii^torien, duquel nous empruntons
ce fait, ffae les seignenrs se faisaient Justice anx ^Mpens
én pmms. »
Fliffîppe-le-Bel, Justement* indigné des graves excès
auxquels on se livrait dans les guerres privées, résolut
enfin d'y apporter un terme, et^^par son ordonnance de
Tan 1303, les prosciivil sons ém pdnes sévères. QMe
défense 4jhi monarque, en les restait pins -iwes^ ne les
fit pas cesser entièrement; car nous voyons, cinq ans plus
tard, Odoard de Montaigu et Érard de Saint-Yerain se
ttvrisr mm àatâàUe en règleyàlaqnelte pilient pnrt fin-
simnn seisneoTsmorfandeaRR. DrenxIVde Melto, se%iiear
de Châtean-Ghinon et de Lormes , cl son frère , s'engagè-
rent dans le parti du baron de Saint-Verain , leur parent,
et x:oiiibaltirènt raiUammoit soos ses étendards. DiMx
sorlcMrt se^ ôoniKiha en liém GeMM^nl, en fiiNnC
prfionnler ie davptiln d'Auvergne, Béranlt de Mercueil,
le plus puissant des seigneurs du parti d'Odoard , força la
victoire à se déclarer pour Érard.
;PleiB de llcrté, de MirmieB crat qo^ serait t^
UMHpotar ioi^è sereniîdre àrai seigneiir qui, quoique
tfée-aneienne noblesse , était néanmoins inférieur à son
rang ; il refusa donc opiniâtrément de remettre son épée
an seigneur de Château -Gliinon, et ne. consentit à la
déposer qu'entre les mains dn comte de Sancerra Ckwmie
cette balaffle s^était doanée contre la défense expresse da
(1) CovKiiriE , DueripiUm de Bourg,, tomo n ; AmmÊin de Nièm, IHI.
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LË MOAVAKP. iZi
roi, Érard de Stfait-VeraiB, le comte de Smerre, DreiuL
de Mello et son frère furent arrêtés et renfermés , savoir :
les deux premiers à Melun^ et les deux autres dans la
maison des hoq^italiers de Saiiii-Jeaii-eD-risle près
Corbeil(l).
L'ordonnance de Philippe-le-Bel mit déptai singuliè-
rement à la noblesse, qui regardait le droit de guerroyer
comme un de ses plus l)eaux pri\11éges ; aussi celle du
Blorvand^ de la Booigogne > des évédiés û'Aulm el de
Lanirros s'adressa^ en iZ%S, à Loids4e-Hnfin qtA Tenaii
de monter sur le trône , et le pria d'avoir égard à ses griefs,
en lui représentant que depuis saint Louis on avait porté
plttsienrs atteintes à ses framMses, liberté» ei, coêstmiee
attctèimef:
Le roi, frisant droit ii cette reqnto, s'eipitaa idarii
dans l'article vi de sa réponse ; « Pour que les nobles
* puissent et doivent user des armes quand leur plaira > et
» qu'ils puissent guerroyer et coatregaigier» nous, leur
» octroyons les armes et les gaeires en la mainière qu'ils
» en ont usé et accoustumé anciennement ; et se de guerre
» ouverte les uns avoient prins sur l'autre , ils ne ser oient .
» tenus de rendre (2). » Cette condescendance maiheu*
reuse perpétua encore pendant mi slède l'usage baiiiave
qui fit Terser tant desang, et occaaiwaa de graw et noah
breux désordres en France.
A cette époque 9 le comté de Ghastellux formait une
puissante seigneurie en tranio-aUen avec justice somwoine
qui Tétefalt dÉrectemesA du roi Bn Tertu d'un traité k
l'amiable, qui eut lieu en 1328^ entre le noble possesseur
de cette terre et Eudes IV, duc de Bourgogne, alors dans son
diâteau d'AYallon, et d'une antre transaction^ passée^troia
ans plus tard» avec le cotttede Nevers^ottiftfaigaewie
(1) GoT Coquille , BUt. du Nivem^'Album du vévêm.
(9) Ordùnnauei ém no(9, 9 toi. in-fi>lio , p. S et 166.
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133 LE MORVAMD.
deyint motmmte partie du duché de Bourgogne et partie
du comté de Nevers. Ce fut alors seulement que les deux
provinces reconnurent des limites certaines de ce côté.
Far suite de cette demièrè convention, Marigny-rÉgliae,
Baiodies et leurs dépendances formèrent une puissante
châtellenle mouvante de Monceaux-le-Gomte, mais qui
ftit démembrée dans la suite.
Le milieu du quatorzième siècle Ait une époque de
malheurs et de calamités pour le Morvand» et même pour
tMie la Firanee. Sans nous arrêter à cet affireux ourag»
qui se déchaîna, en i^U9j sur notre contrée qu'il couvrit
de ruines , et à cette terrible épidémie , le choléra de ce
teriips-là» qui, sur cent personnes, au rapport d'un con-
temporain, n'en épargnait que neuf, venons à la désas-
treuse invasion qui désola la patrie.
L'Angleterre, l'ancien ennemi de la France ^ comme la
nonmient les chartes et les chroniques, lança sur nos
belles provinces ses redoutables bataillons qu'appelaient
en secret quelques grands vassaux de la couronne. Vain-
queurs à Crécy, en 1347, les terribles insulaires ne médi-
tent rien moins que la ruine de la France entière. A peine ,
en effet, la trêve conclue en ces fonestes drconstanœs
eipirait-elle, que , divfoés en deux corps d'armées, ils se
Jettent sur elle comme des lions affamés sur leur proie ,
pillant, brûlant et forgeant tout ce qui se rencontre sur
leur passage.
Exnpéré par tant de eruantés , le rot Jean , h la tête de
son armée, s'avance contre la division du prince de Galles,
Tattaque dans un lieu désavantageux, près de Poitiers, et
perd, malgré des prodiges de valeur, la liberté avec la
bataille, le 17 septembre Cette funeste journée
priva la France de ses plus vaittants détéoseurs. Mnieurs
seigneurs du Morvand, entre autres Gauthier de Brienne,
duc d'Athènes, baron de Lormes et de Ghâteau-Ghinon ,
qui venait d'être élevé à la dignité de connétable, y trou-
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LE MORVAND. 133
vteeiil nne Mrt i^iteose. Je«i ni de Cyb9lkm, ion
a?ec lequel fl avait iNfftagé» Faimée précédente, la lift-
ronnie de Lormes, s'y comporta en héros (1).
Maîtres du pays» .après leur yictolce de Poitiers, les
Anglais parcooreiU la patrie comme on torrent de ffsa»
Arrivés dans T Anxerrois , Os attaqnent l'ablMtye de Regny,
la prennent et la pillent Ils s'emparent^ en outre, de
l'abbé qui s'était retiré avec une partie de ses trésors dans
la forteresse de Vermenton» et ce ne fut ^'an piix do
grosses sommes d'argent qu'A pot se tirer de len woÊÊm
De là, les ennemis s'avancèrent do côté du Morvand, où
ils arrivèrent en commettant les plus tristes dévasta-
tions. Dixrhuit métairies, appartenant au monastère dont
aona venons de jpaiier» et situées la pliq[iart dans noa
montagnes» furent réduitesen cendres le vaste étang de
Chaux et la ferme de ce nom , qu'on remarquait dans la
commune de Dun-les-Places, furent ruinés. Lorsque l'abbé
voulut» en 1377» réparer le premier» U fut contraint
d'impoter m sujets à cent fraues d'or pomr counir tel
dépenses (2).
Mais nul endroit plus que Saulieu n'eut à souffrir de la
fureur de ces redoutables ennemis de la nationalité Iran-
çalse. Prise en 1359» malgré les efforts dajjr^ieii wca*
pitaine qui y avait été étatii en vertu de. rwtoananee de
Philippe y, de Tan iSl?^ cette ville M pillée» saccagée
et en partie brûlée ; l'église collégiale ne fut pas mieux
respectée , et n'oifrit bientôt que des ruines. Urbain Y et
caément vn» pour en favoriser la restamatfou» acqovdè-
rent, quelques années après» des indulgences aux fidèkt
qui y contribueraient par leurs aumônes (3).
Les malbeurs de SaïUieu et des lieux çirconvoisins jeter
(1) AroIUv. nation., im ma iw dû ta JWIpn, 1SC7.
(2) Dom YioLK , Bitt. mtmue. de negny; (ToUteChKil., tott. tn, p. ISl.
(3) CouaTiritftom.Tifp.m; Euiuv, LoRCVinv».
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134 LE MORVAND.
rentloiil lA IliNrvMiddaiislacral^ et la ccNiitflfiiati«iL
Tremblants pour lem manoirs 9 len seigneurs se hâtent
de les réparer et d'en augmenter les fortifications. De
toute part on voit les retrayants occupés à faire guet et
bonne garde à Tentonr. diastdlnx, Baioclies» lormes et
Piene*Fertlrals, entre antres, offirent nn aspect vraiment
guerrier. Enfin, après bien des malheurs et des désastres,
le traité de Guillon, en vertu duquel il leur fut payé une
somme de mlU moutmu d'or, débarrassa, en le
pi^de ees terrfUes bOtes (1).
La paix et la tranqnillité qni sntrirant le départ des
Anglais ne furent pas de longue durée. Une bande de mal-
faitfnrSj vulgairement appelés Écorcheurs , nom qu'ils ne
portèrent qœ trop légitimement pour le malbeur des pays
fis pasnlent, vint, quatre ans après, ^Êaà qn'nne troiçe
de vautours, s'abattre sur le versant oriental du Morvand.
C'était un débris des grandes compagnies qui s'étaient for-
mées par suite du. traité de Brétigny, du 8 mai 1360. Les
gamisens qui sortaient, mécontentes et mal payées, des
villes et places fortes livrées aux Anglais, se réunirent aux
Allemands et autres étrangers qu'Edouard, roi d'Angle-
terre, renvoyait de dessous ses drapeaux, et parcoururent
la Boongogne, en. ravageant les caAipagnes. Ces misé*.
fMs» s^ètant emparés, en i36S, dn fort de La Vesvre,
situé à l'est de La Celle-les-Autun , se répandirent de là
dans les environs qu'ils rançonnèrent durement Sortant
«iiàque' matin de leur repaire, Os se livraient pendant le
Jour à toutes sortes de brigandages et noireinrs, et sou^
vent ne rentraient , le soir, qu'à la lueur des incendies qu'ib
avaient allumés^ Il fallut encore , pour s'en débarrasser,
Gonqtoser avec eux, et leur compter deux nUUe cinq cenu
francs <for (2). L'année suivante, le dnc de Bourgogne,
(1) CouRTlpii , tom. t, p. 17S, ArohiT. d« dMMftolhii.
(9} iM, tom. I et VI.
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pooc pré? «Bir le nlw dfan purvil itai, ât ULptMoe,
et rincorpora à la châtellenie de Glane.
A peine trois ans se sout-ils écoulés, qu'une autre bande
de gens de même ei^e se caoUmne au cliâtoaa.de YéA-
gimoi, pgèH Liii»ay*rÉ?éqae, et cfumaet de Mobla*
bles dégât» dans les Plages d^alentoor. Ifise ffOMène f
sous la dénomination de Tard-Venus qu'elle s'était donnée,
parce que , disaleot ce» jpil]4rd&> ils ne fcUsment que glaner
êà laurs devanieiars amieiu flMMiMti^^ s'empare de VlUainea»
les-Prétdtes, et sfy fortifie. Insatiables de ciimes et de
vols, ces brigands, après avoir ravagé l'Auxois, s'avancent
sur Saulieu qu'ils se promettent de traiter durement; mais
le comte de Fribourg^ maréchal de Boargofi^e^ accourt
à leur rencontre^ les altaqae et les taille en i^èces près
de Cbantean, Le chef de cette tronpe dliommes sauvages
portait , sur sa bannière , ces mots écrits en gros carac-
tères : L'anU de Dieu, L'ennemi des hommes. Qu'on juge
de là ce que Ton pouvait eqkârer de pareilles gens (1).
En 1368, une armée de routiers ou robeurs, autre espèce
de malfaiteurs sortis des vallées de la Navarre, s'avança
jusqu'à Gravant, dont elle espérait se rendre maîtresse,
afin d'y exercer ensuite impunément les désordres et les
excès révoltants auxquels elle s'était livrée partout sur
son passage. Mais la noblesse du comté d'Âuxerre se met
aussitôt sous les armes, vole au secours de la place et la
délivre. Ces misérables, ainsi repoussés vigoureusement,
se portèrent en désordre du côté du Nivernais et du Mor-
vand, ob Os pensaient continuer leurs ravages. Mais les
nobles défenseurs de Gravant les suivirent résolument,
et ne s'arrêtèrent que lorsqu'ils les eurent entièrement
défaits à Sémelay, au nord de Luzy (2).
(1) CouM<pii , tom. VI» p, 801.
(S) M. GaosRin, ToNmii ^ronologique f Àlbtm du irfMnurit» tom.
p. 196; Àîumaire de VIoum, 1S40, p. 09.
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136 LE MORT^O.
Tant de d^prédalloiiB et de Inr^andages^ qui se renou-
velaient presque chaque année, firent penser aux habitants
des villes et des bourgs à se fermer de murs ou à réparer
lenn andemies fortifications. Les bmarçeais de Moulins*
B&gllbert obtinrent les premiers^ en 1 386 , de Marguerite
de Flandre, comtesse de Ne vers ^ de clore leur ville. Ceux
de Château-Chinon , de Lormes, de Corbigny, de Luzy,
de La Roche-Milay, de Saulieu^ de La Roche-en-Breny,
de BoQvray^ de Pierre-Pwtiiitis, firent de mtte peu de
temps aprèSb
s
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CHAPITRE VUl.
Gaerres civiles» les Ariuagnacs et les Bourgulgfnoas, Cbarles VII
et PiiUIppe-le-BoD , Prige de Giiâtcaa-€ binon et d'A vallon» le
maréclial de Ghastellox» Famine « Ligne du Blen-Publlc» LonI» XI
d Gtartas-le-TCnirnlre.'
SI le qaatondème siècle n'oflire, sàaû que nous venoos
de le voir, que des maux et des calamités pour nos mon-
tagnes et toute la France , le suivant va nous présenter
le triste spectacle de divisioiks intestines^ de guerres civi-
les et de tous les maux qu'elles entraînent après eQes.
Jamais, depuis la conquête romaine, les paisibles échos
du Morvaud n'avaient retenti si fréquemment et si long-
îBsags du bruit des armes et du cri des combattantei U
y avait» en eflét, à pdne quelques amiées qu'il avait
commencé, que tonte la France, tranquille au dehors» se
laissait aller, au dedans, aux plus funestes divisions, aux
plus terribles vengeances. Le duc d'Orléans ayant été
assassiné le 23 novembre 1407» par des sicaires soudoyés
par JesMans-Peur» duc de Bourgogne» les haines et les
ambitions rivales qui semblaient s*apaiser recommencè-
rent avec plus d'acharnement qu'auparavant. Deux factions
puissantes» celle des Orléanais» dite des Armagnacs, à
cause de Bernard VII» comte d'Armagnac, qui en devint
40
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MORVAND.
le clief , et celle des Bourguignons , se partagèrent toute la
patrie qu'elles remplireiu de saii- et de carnage. Les
seigneurs du Morvand, et toute la population avec eux,
s'étant jetés dans le parU Bourguignon, les Armagnacs
lirent marcher des troupes vers nos montagnes et s'empa-
rèreiit de Château- Chinon , capitale du pays.
Maîtres de cette ville, ils se i épandireut dan» les environs,
prirent Lorme8,le piUèrent et brûlèrent ses deux châteaux.
Ceux de Vermenoux, de Beauregard, de La Tournelle , de
Glane , de RoussiUon , de La Roche-Mîlay, de U VieiUc-
Mojitagne, de Marry, du Bruys, d'Aron, de Maison-Comte,
d'Arlngette, d^Argoulais, d'Orfeuille, de Saint-Martm-
du-Puy, et beaucoup d^autres, éprouvèrent le même sort
Plusieurs ne furent pas rebâtis (1).
Instruit des maux que ces troupes causaient chaque jour
sur les terres du roi et les siennes , Jean-sans-Peur prit la
résolution d'en débarrasser le pays à quelque prix que
ce fût. n écrivit donc de Bdglque,oîi U était occupé à
guenoyer, k Marguerite de Bavière, son épouse, tant «i
nom du roi qu'au sien propre, et la pressa vhremert de
'ftire mettw le siège devant Château-Chinon , afin d'obtenir
au plus tôt la reddition de cette place. H écrivit en même
temps à Renaud de Thoisy, son teeevour général, pour
qu'U versât trois mille quatre cents »vres pour tes lirais de
Ucxpémtion; il lui ordonna, en outre, de fournir et éê
faîrt^amdwre les ptmdres, canons, arbalètes, boulets et
autres choses mkessmres à i'ànaqwt rèé^Um de ia
ville (2).
Marguerite ayant aussitôt convoqué les vassaux du
dodié, ceux-ci s'empressèrent de répondre à ses ordres,
et partirent avec leurs éeufers et leurs hommes de
'm nom PLVNCHEH . m. dt m>m§og.; Com«i, awBNp*- és Bomg-i
Y Album du Nivernais, tom. n; «atkê mamuHfe mt Va^ tomÊé dr
(S) nom PXwcMt» , «rt. de Borna.» tom. m , p. 340.
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LE MUR V AND.
139
guerre pour le lieu du rendei-vous. On remarquait» parmi
les diefe de rexpédition , Jean,*s^giieiir de Rocbefort^
chevalier banneret ; Girard de La Guiciie , bailli de Cha-
rollais ; Jean de Saulx , seigneur de Courtivroo et chance-
lier du duc; Jeao de Neuch&tel» seigneur de Montaign;
Guy de Bar» chevalier banneret» seigneur de Presles et
bailli d'Auxois; Hugnenln de Mont-Saint- Jean , bailli
d'Autun; Jean de Saint -Hilaire, bailli de Châlons-sur-
Saône» enfin Jean de Neuville» bailli de Saint-Pierre-le-
Moûtier.
Réunies sous les mnrs de la place vers le commence-
ment du mois de juin 1412, ces troupes, au nombre de
trois mille hommes , en formèrent aussitôt le si^e. Les
sommes que le duc de Bourgogne avait destinées pour
cette entr^rise ftirent bientôt dép^isées» et néanmofais
la ville tenait bon. Marguerite, qui avait appris que le
duc de Bourbon , l'un des princes ligués , devait venir au
secours de la place, fit des emprunts et ordonna de
poQSper plus vivement raùaque. Les assiégeants» en consé-
quence, redoublent d'ardeur, et foudroient sans relâche
les murs de la place sans pouvoir s'en rendre maîtres,
bien que les secours attendus n'arrivassent pas. Enfin ils y
entrèrent vers la fin de juillet par ca|dtalation» et le capi-
taine Baquin-Beul et toute la garnison en sortireiit avec
honneurs de la guerre (I).
Les Bourguignons démantelèrent presque entièrement
la ville» ruinèrent le .château et se retirèrent après avoir
pris quelques Jours de repos. Gomme l'expédition avait
coûté au duc des sommes asses considérables, Char-
les VI, intéressé lui-môme à cette guerre, lui assigna,
en dédommagement , quatorze cents livres sur le revenu
des décimes accordés par Im gens d'église des diocèses
d' Antun » de Ghâlons et de Lyon.
(1) Dom Plancher , Uitt. de Bourg., toin. m, p. .349.
140 LE MORYATiD.
Jean -sans- Peur ayant été assassiné , k son Um, le
10 septembre 1419, par'xanneguy du Châtel, sur le pont
de Montereau, Philippc-lc-Bon , son fils et son successeur,
Jura de venger sa mort d'une manière exemplaire. Pour
parvenir à cette fin , le prince boorgolgnoii résolut de
sTonlr aux ennemis de la France, et convoqua , en consé-
quence, une assemblée de grands seigneurs h Arras, à
laquelle Henri V, roi d'Angleterre , qui se trouvait alors k
Rouen , fut invité. Le monarque anglais- s'y étant en eflét
ren^n» on ébandia un traité qui fat ratifié à Troyes, le
21 mars de Tannée suivante , et cimenté par le mariage
de Catherine de France, dernière fille de Charles VI, avec
Henri. Par ce iiontenx traité^ plus funeste pour la France
que la malhenrease journée d'Azincomt» et qae signa
un père en délire, que ratifia une mère dénaturée et
qu'approuva un conseil aveugle, le dauphin était déclaré
exclu du trône ^ et la couronne transférée sur la tête d'an
prince étranger.
A la mort de son père, arrivée le 21 novendire 1422,
Charles VII , que ses ennemis nommaient par dérision le
roi de Bourges, eu appela à Dieu et à son épée, et se mit
aussitôt en devoir de revendiquer ses droits avec^n petit
noinbre de sorfets demeurés fidèles. La gaerre qoi s^en-
suivit ne dora pas moins de vingt ans. Pendant tout ce
temps , la France fut continuellement divisée et livrée en
proie au trouble et au carnage.
Les selgnenrs du Morvand, dévoués à Philippe-lerBon
comme à son père , se rangèrent en fonle sons ses éten-
dards , et combattirent avec lui contre les intérêts de leur '
légitime souverain. Devons-nous leur en faire un crime et
les accuser de révolte ? Nous nous y détermlneiimis diffid*
lemenL Dans ces temps de troubles et de luttes Intestines,
11 fut souvent dlfllcile de démêler de quel cdté se trouvaient
le bon droit , le véritable intérêt de la patrie. Les choses
en étaient venues à ce point, dit Fiévée, « qu'on vit alors
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LE MORVAND. iUi
T» dans le royaume deux rois, deux régents, deux conné-
» tables , deux chanceliers. Tous les grands corps de l'état
9 toent doubles» les charges enreiil cbacmie deux tit«-
» labres 9 et la guerre civile se continua sous dés formes si
» régollères , qu'il était impossible qu'il se fît le moindre
t mal qui ne fût appuyé d'une autorité reconnue. »
Aucun des preux chevaliers de nos montagnes ne mon-
tra, dans ces tristes droonstances» autant de couragB et
de bravoure que Claude de Beauvoir^ sire de Chastellux ,
que ses brillants exploits ont fait mettre au rang des plus
grands capitaines de son temps. £n 1423, le bâtard de la
Beaome et Tannegny du Ghatel» qui soutenaient le parti de
Charles yu, s'étant présentés devant la viHe de Gravant ,
alors Tune des clefs de la Bourgogne , s'en emparèrent et
y laissèrent une garnison. Marchant ensuite du côté du
Morvand, l'armée royale se rendit maîtresse d'Avallon,
d'oïl elle se répandit dans nos montagnes, et prit plu-
sieurs diâteain, entre antres, celui de Harant
Tandis que les royalistes étaient ainsi occupés en Mor-
Vand, peut-être aussi pour faire diversion et les éloigner
de ses domaines, le maréchal de Chastellux attaqua hi
vUIe de Gravant, et s*en rendit maître à Taide de quatre
cents hommes seulement.
Informés de ce coup de main, de La Beaiime et du
GbAtel, revenant aussitôt sur leurs pas, reparurent sous
les murs de la place, résolus à la reprendre à quelque
prix que ce fût Us en formèrent donc de nouveau le siège ,
et la tinrent pendant cinq semaines étroitement serrée.
Le sire de Chastellux ayant alors réparti ses quatre cents
héros sur les renqi'arts et les tours, se prépara à soutenir
avec eux l'attaque , et 11 fût assez heureux pour y réusshr et
attendre qu'une armée de quatre mille Anglais , sous le
commandement du comte de Salisbury, vint le secourir. Il
était temps, car les assiégés, pressés par la famine , avaient
déjà mangé leurs chevaux. Le lendemain 31 Juillet , te
LE MORVAND.
maréchal sortit à la tête de sa petite armée , livra un si
terrible combat aux assi^eants^ qa*il les mit en pleine
déroute» et leur toat>ii fit prisonniers ciiiq ndlle honmes
environ (1).
Mais écoutons plutôt le maréchal rendant compte lui-
même de cette chaude affaire dans le langage naïf du
temps : • Sçavoir faisons qne comme naguère la ville
» de Cravaat» iiéritalge et de tonte ancienneté appaite-
« nante aux doyen et chapitre de régHse d'Anxerre , M
» occupée, prinse, et destenue de larrons, pilleurs et
> robeurs, tyrans mouvais, et se chose licite est de dire
•^ennemis de Dieu, de resgUse» du roy, du royaidme et
» du monde , et pour recouvrer iedle et mettre hors de
» leurs mains pour l'honneur et resvérence de Dieu, de la
» très-glorieuse vierge Marie et du benoist saint Estienne,
» prendor msrtfr, patron d'icelle esglise^ et pour nous
• acquitter loyaulment envers le roj, nostre souverain sei-
» gneur, nous soyons employez de puissance d'armes avec
» nos bons parens, amis et alliez en telle mainiesre que, par
» la grâce de Dieu, nostre benoist créateur, icelle avons
» reconvrex a grands périls et souffretei de lioe corps,
» fraix, missions et despens, depuis laquelle recovrance
» avons en icelle ville este assiesgez par les dessus dits
» ^np pmig et aultres, l'espace de cinq semaines et plus
• grande pouretes de vivres et aultres besoins, tant cpie
» contraints avons esté de flleqœsmangleriiosclievaidx en
» tres-grande partie et aultres bestes, soflèrt aussi plusieurs
» assaults. Jusqu'à ce que le siège devant nous apposé par
» lesdits ennemis en très-grand nombre et multitude de
» genscommedequiniemilleetplus^ aestelevcletdes-
» partis par bataille où ont este de quatre a cinq mffle
» hommes morts, prins et emmenez..... » On voit, par les
(1) charte de concession de Cravant au chapxlre d Auxerra Kotiee Mit. W
Àuicem.
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tannes nitaes 4e la cbarte, que Claude de Beauvoir et
tous les autres seigneurs du Morvand étalent dans la
bonne foi , et croyaient combattre pour la bonne cause. Le
mariage du roi d'Angleterre avec la fille de Charles VI , et
le traité ratlfiéà Xroyes par ce prince et les grands de la
cMoronne, araient produit dans eux cette conviction;
Le narédial de Cbastdlnx ^empressa , après cette brU-
iaute aflfaire , que l'on regrette de ne pas voir se donner en
faveur de l'héritier légitime de la couronne , de rendre la
ville de Gravant au chapitre de bi cathédrale d'Auxerre ijirt
en était seigneur de toute meietineté, Gehil-d s^en montra
fort reconnaissant, et lui accorda, pour lui et ses successeurs
mâles, par ordre de primogéniture , et, à défaut de mâles,
AU mort de la (Uie ^ui serait dame de ChasteUmx, un titre
de chanoine avec la jonlssance» h perpétuité» d'une pié-
bende , et le droit de sépulture dans cette église (1).
Les royalistes perdirent aussi, peu de temps après,
la ville d'Âvallon, que défendait le capitaine Jacques
d'JBqMdlly» dit le capitaine Fartépke, à la tète de deux
^cents hcHmnes. t Cfétait, dit flfonsirelet (2), la fledr des
« gens d*annes , roidcs et instruits de la guerre , qui
» moult vaillamment se défendirent,» lorsque Pierre de
Chami, Thomas de Yaudrey, Jean>l>Atard de Sahijt-Pol»
d'Humières» vinrent» en avec un corps d'armée
EL
là
repoussés avec perte , revinrent à la charge , et firent tant
par leur adresse et leurs engins , qu'ils s'en emparèrent
malgré le courage et les eflbrts des assiégiés qui» en
cette grave circonstance , firent deeekr plus ifue d^tutmmee,
si ce n'est Fortépice. La lâcheté de cet indigne capitaine ,
qui était Nivernais, et son impertinence envers les dames
de la ville» furent cause de Taneienne antipathie des
(1) Lbbsuf; Mémoires et Recherches hist. sur Auxerre, p. 9&.
(3) Chron^pte* ou hist. curieuses ; CoxsAiiriu , tom. v.
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us IIORVAND,
Availoxmais contre les habitants de celle province (1). Les
atriégeants^ maîtres de la ville, la pUlèreai et en traUè-
rent les bomnes et les femmes avec lieancoup de rigueur
el d'insolence.
n y avait près de vingt ans que ces funestes divisions
désolaient la France, lorsque intervint, en iA38, le tcaité
d'Aim» où le dnc de Bourgogne fit son accommodement
avec Cbarles YII, et le reconnut pour son roi et légitime
souverain. Néanmoins, les Anglais ne furent expulsés
GOQuplètement de la France qu'en 1450.
Trois ans après ce trsiité, jque Pbllipperle-Bdn aurait
dû, pour le bonheur de sa patrie» oondure long-^enips
auparavant, une famine affreuse, accompagnée d'une vio-
lente épidémie, vint, à sou tour^ désoler nos provinces Qt
y porter le deuil et répouvante. U était rare, dans ces
temps reculés, que ces trois terribles fléaux, la guerre,
lafàmàie et la peste, ne se suivissent de près. Le boisseau
de froment monta alors à trente sous et l'avoine à dix ,
somme énorme, .si on se rappelle que, quatorze ans aupa-
ravant, le seigle ne coûtait qu'un sou la mesure, ainsi que
le constate le mardbé passé es 1426, entre le curé de
Gussy, agent d'affaires de Guillaume de Clugny, seigneur
de Menessaire, et Pierre de i!dontagu> boui^geoi» de
Sa«aieu(2).
Dans cette afiireuse circonstance, on vit des piltten de
personnes succomber chaque jour victimes de la faim et
de sa cruelle compagne, et expirer au milieu de violentes
convulsions et d'inexprimables soufirances. Les habitants
du Iforvand^ qui ne possédaient encore ni le sarrasin, ni
la pdmme de ferre, eurent recours aux racines de fou*
gères dont ils composèrent un pain aussi insipide que
malfaisant; on l'eût facilement pris pour des mottes à
(1) Du Haillant, Hisl. de France; CovwtMt , tom. p. 583.
(9) tbid, tom. ri, p. 979; Expii.lt; Pièces manuscr.
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LB MORTAND. U5
brMer* Les arcMmée l'abbaye de Solnl-Mafllii d'Autan
nous apprennent que les pauvres des environs de la ville
en firent avec une espèce d'argUe que Ton tirait près dq
monastère (i).
Aia gverres qne le traité d'Arras avait Mt cesser, derik
MentAt en succéder une autre plus scandaleuse, celle d*un
fils confre son père. On a dit de Charles VII qu'il fut
nuQlieareux par son père et par son fils. En effet , le
danphitt^ depuis Iionis XI, se réfoltadeox ftris contre toi,
et le força d'armer pour sa propre défense. Ces nooreanx
démêlés ne devaient pas encore se terminer sans que le
Morvand en ressentit les tristes conséquences. £n iUkU ,
LoBis 8'étant enM en Boorgopie, auprès de Gliarles-4e*
Téméraire, y fMansBttétsaM par les troupes de son père
qui rencontrèrent ses gens dans l'Autunois, et les disper-
sèrent Gomme toujours, le pays en souffrit Les faubourgs
d'Auton furent piUés, le monastère de Saint-Sympborien
Ufié aux ilanmies, les ffllages de llfontelon, de Eedennes,
de Hinessalre et antres, en partie incendiés (2).
A celte époque , le Haut-Morvand , celui qui formait les
dépendances de l'ancien comté de Gbâteau-Cliinon , était
régi par mie oontnme particulière. MéedeLaRoclieUe(l),
et «M notice numnscrite déposée aux archives natfonides,
nous apprennent qu'en vertu de cette coutume , qui ne se
composait que de quelques articles, les appels des juge-
ments rendus dans les baillages de Ghâteau-Gliinon, de
Lormes, d'Oaroox et de Brass^'et-Dun, se portaient alors
au parlement de Dijisn (4).
En 4463, comme ces deux coutumes ne formaient pas
encore un corps, de lois, mais consistaient seulement en
(1) BouiOT, Biêt. de Sotnl-^aWm; Jroftce.
(S) NoUeêkiilùriqm.
(8) mén&km mtt U ïïimn., p. 491.
' (4) Cette coutume était régie par celte du rvivemaifli dont le comté d(*
Gbàteau-Chinoii formait une enclave.
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l/l6 LF. MORVAND.
divers usages généraiemeni adoplés» ei qoe de lenr
élasticité réflidtaleiit natnrdlemeBt diflérents abus, le
cmnte de Nevers, Charles de Bourgogne, résolut de les
réunir en un code aulheutique et régulier, duquel les
juges et autres officiers jniUics ne pussent s'écarter à
ramir. H omitio^ donc à cet effèt les états de la pro-
vince H Ifoolins-Engllbert , et se rendit lui-même dans son
château dont on remarque encore d'imposants débris au
sommet du rocher qui commande cette petite ville. Les
seigneurs laïcs et ecclésiastiques du Monraiid répondireni
à cet appel, et accoururent, comme ceux du reste de la
province , au lieu du rendez-vous. De mémoire d'homme
on n'avait vu une multitude plus considérable de per-
sonnes de qualité ^asseml>ler an confluent du Gam et du
Pendait tout le temps que durèrent les états, on se
réunit chaque jour dans la grande salle du château, et
on y arrêta tous les articles dont se composait la coutume
du Nivernais, à Texception des neuf derniers sur lesquels
on ne put ifentendre. On se réunit de nouveau , en lAtO,
à Nevers, msds cette fois encore sans résultat (1).
Cependant l'horizon politique de la France se grossissait
de nuages^ Louis XI, parvenu à la couronne en ià6i,
traita son royaume en paysoonquis» U ôta aux magistrats
et aux officiers leurs diarges et leurs dignités pour les
donner à ses créatures, aux rebelles qui 1 avaient soutenu
dans sa révolte contre son père. 11 dépouilla les grands,
ne traita pas mieux le peuple qu'il accalila d'impôts^ el
abolit la pragmatique-sanction (2). Tant de violences et
de vexations excitèrent des mécontentements dans tout le
royaume. Les meilleurs citoyens, poussés à bout, prirent
(1} fiiLLBT, Annuaire de l'an XIII; ISke de La Uociielle, tom. ii, p. 386^
Coutume manuscr. de Saint-Pierre-U-M,; le Mvtrnai»» tom. il, p. ^14.
(2) AwQUiTiL, Ui$t. de France.
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L\L MOaVANO. iU7
une Tésolutioii extrême » celle d'une résiitanoe à mutai»
armée. Une ligue fomMible, dtte du Bkn-PMk, et
dans laquelle entrèrent Charles, duc de Berry, frère du
monarque, le duc de Bretagne, Charles -le -Téméraire,
comte de CliaroUais et de Gbâteau-Gbinon, le comte de
Donolf» et la foule deiiméconteats, se forma contre lui.
Fidèle an rof qui vea^ t d'y établir une ékidion pow
quarante - deux paroisses , la ville de Château - Chinon
refusa d'entrer dans le parti de ses ennemis. Àppuyée par
la garnison que ce prince y avait placée^ elle poussa plu»
IcriÉ la témérité^ si nous poufons appeler de ce nom sa
résistance ; elle refosa encore de reconnaître l'antorité de
Charles-le-Téméraire, qui en était devenu seigneur en 1465,
par la mort d'Isabeau de Bourbon, sa belle-mère (1).
Le comte de CharoUais n'était pas bomme II souUr
que ses droits fussent mécomms inqimiément par ses
propres sujets. Il se met aussitôt à la tête d'une armée
d'Anglais qu'il avait à son service , traverse les montagnes
du Morvand^ en passant par liormes^ et vient mettre le siège
devant la ville. Les assiégés opposèrent une vigoureuse lé-
slstance aux ennemis, et montrèrent en cette dfoenstaaee»
comme en 1412, un courage à toute épreuve; mais enfin,
malgré leurs efforts^ la place succomba. C'était en 1467.
Le fougueux comte la livra au pillage> en ruina les
fortlAcationi et y mit le fou. Le château fàt tolnnême en
partie détruit. Mais jugeant bientôt que cette forteresse
pourrait servir plus tard à ses desseins, il la fit réparer et
y laissa une p^ite gaunison (2).
Qndques années après, en 1473, comme ce pitaee se
trouvait à Dijon , il reçnt la nouvelle que la noblesse do
Nivernais n'attendait, pour se révolter, qu'un signal de sa
(1) Arrhiv. nation., Notice manuscr. de 1768.
•2) Dom PLAî«ricER , Hiit. de Bourg.; Annuaire de la Nièvre , 1847; M. CWi-
NiEH , Tabl. chrunulog.
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iUS LE MORVAND.
part Ne pouvant se reftiser à ime si belle occasion, il
envoya , malgré la trêve de l'année précédente , le comte
de Roussi, maréchal de Bourgogne , tomber sur cette pro-
vlnce^ dont il haïssait de tout cœur le comte» Jean de Qi-
necy» bien qae son proche parent Celni-d s'était déclaré
pour le roi , c*en était assez pour qu'il le rayât de Tordre
de la Toison'd*Or, et lui vouât une haine irréconciliable.
Charles comptait, en outre , sur un appui actif et efficace
de la part du sire de ChàtiUon-en-Baiois et de plusieurs
«Bires barons du pays.
Traversant donc de nouveau les montagnes du Morvand,
les Bourguignons viennent mettre Je siège devant la ville
de Moulins-£ngill)ert dont ils s'emparent au mois de
JuiUet ihlk. De là ib se portent sur La Roche-Milay et
Gbftffllon-en-llasols qui tombent aussi en leur pouvoir.
Charles-le-Téméraire , sans perdre de temps , s'occupe du
soin de conserver ses nouvelles conquêtes» et s'entend
afec ses vassaux des envfroiB» ain de inettre à* eonvert
leurs diâteaux contre un coup de main. Jean II» sire de
Ghastellux, qui, toujours fidèle à son suzerain, combattait
avec ses hommes d'armes sous ses étendards» reçut, entre
autres, Fautorisation û'établir dans son château et farte-
reue de Cka$teUux, p/mr veiller à sa garde, une compagnie
d^archers en tel nombre tfuUl lui plairait (1).
Louis XI , de son côté , ne se montrait ni moins actif ,
ni moins vigilant que son rebelle vassal Le duc de Bour-
bon» par son ordre» réunit les Aranrâ-archers d'Auver-
gne» du Beai^olais et du Bourbonnais» ranaisse toutes les
troupes éparses dans le Nivernais, et s'avance à leur tête,
du côté du Morvand , à la recherche de l'ennemi. Il ren-
contra^ selon le sentiment le plus probaliie» l'armée bour-
guignonne entre Moulins-Engilbert et Château-Cbinon»
près du village de Sermagcs, au nord» et en vint Inconti-
(1) Àrohiv. de Chastellux.
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LË MORYAND. 14d
sent aux matas sur un plateau qui a to^iouit porté éBfnûs
le nom de Chamfhde'la''BataiUe, On y ééeomlt faiis dea
fragments d'armes et des ossements humains mêlés à des
débris de cbevaux ; ce qui prouve évideoiment que Jean
de Troyea qui> dans sa chronique seandaieuêe, place cetHe
l»U^e dans le diamp é'Ègaj, au nord de Gbâlea»-
Clilnon, s'est trompé. On combattit, de part et d'autre,
avec un égal courage et une même fureur. Les Bourgui-
gnons, qui avaient l'avantage de la position, repoussèrent
d'abord vlgoureosement Fattaque de l'armée royale ; mA»
eelle-d> revenant bientôt à la charge, leur livra on si
rude clioc, que leurs nombreux bataillons, culbutés et
enfoncés sur tous les points^ furent contraints de se dé-
bander et de prendre la fuite. I^e cbamp de bataille resta
couvert de deux mOle morts; un plus grand noatee était
tombés an pouTobr des vainqueurs, furent faitst prisonniers.
Deux cents lances de Lombardie , à la solde du duc de
Bourgogne, furent entièrement défaites.
Parmi les prison^ers^ on renarfuadt le gâiéral en cbef
lui-même, comte de Roussy et de Gliami; Louis de Mont*
marlln, Hugues de Thoisy, seigneur de Mimeure et de
La Motte, bailli d'Auxois et chambellan du duc; Jean
Rdgnier^ seigneur de Montmercy et bailli d'Auxeire^ le
sire de Longvi, le baron de ride j ceux de Ckmcfaes et de
MoBtaigu; ie seigneur de DIgnofaie, ceux de Reugny, de
Chaligny ; les fils du bafon de \itteaux , dont l'un était
comte de Joigny ; l'enseigne du comte de Beauchamp^ et
plusieurs autres gentilshommes de distinction, lemanl,
dauphin d'Auvergne , qui combattait valllanmirat dans les
rangs de l'armée royale, se couvrit de gloire dans cette
mémorable journée. On croit que ce fut lui qui arrêta le
général en cbef ^ et décida, par cette action d'édat, le
sort du combat (1).
(1) i)om PuNCHiAflfift. de Bourg,
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150 LE HORVAlIfiw
L'année victorieuse , après cette brillante affaire , qui
se donna le mardi 20 juUlet se rendit à Gbâteau-
Gbitton» oè elte pitt qoel^pws Jota» de rq^^ et se dir^
ensuite sur Antmi et Chniy dont eUe s^empara. Ghâtillon*
en-Bazois, Moulins-Engilbert, La Roche-Milay, et tout
le pays 5 rentrèrent dans Toljéissance du roi et du comte
de Kevers (!)•
Loids XI Tonliit TOir liri*inéme ses nouvelles conquêtes
et les lieux témoins de la valeur de ses fidèles sujets. •
Château-Gliiuon le reçut avec enthousiasme. Les notables
de la Yille et une foule de peuple le suivirent jusque sur le
cbamp de iiataille^ ce prince visita avec un vif intérêt
n y trouva le ccnnte de la province, Jean de Glamecy,
qui était venu l'attendre à Moulins avec toute sa cour. Le
monarque^ après avoir passé dans cette ville les jours de
fête que le comte loi avait préparés à Toocasion de la
victoire de Sermages, partit avec lui poos Nevers» et de
là se rendit à Clamecy (2).
A la nouvelle de la défaite de ses troupes, Charles- '
le-Téméraire se laissa aller à un vif chagrin , et, dans
la perpleiité oii il se trouvait» il leva le siège de la
peUle ville de Nuits qu'il tenait investie depuis près d'un
an, et nomma le sire de Chastellux commandeur et conser-
vateur, dans le baillage d'Auxois, de la ti^ve de dix ans
qu'il avait laite avec la France » en remplacement du comte
de Ronsay et de Ghand détenu j^Msonnler de guerre (5).
Ce prince survécut peu à cet échec, car il Ait tué» le
5 Janvier \lxll, devant Nancy. Il avait alors quarante-trois
ans. Marie de Bourgogne , sa fille et unique héritière ,
if aotépousé» la i^ême aimée» MaximiHen d'Antrictie qui»
(1) Dom Plancher, Hist. de Bourgogne, tome iv, p. 437 : le fiivernaif,
tome II , p. 914i Àwmaire de 1847, p. 57; TahUtUt de Bourgogne pour 1759,
p. 31 et 32.
(9) Ibid,
(3) Dom PuncHiH, Biet, de Bourgogne, Archiv. de Cli«»t«ll«Y.
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U£ MORVAN0. * 151
dans la soMe, devint empereur, loi porta le comté de
Ghâteau-Chinon, la baronnie de Lormes et tous les grands
biens de sa maison , à l'exception de la Bourgogne que
Louis XI f qui la oonvoitait depuis loiig4eiiips, réunit à la
couromie. Le mouarque^ qnelqne peu ïïwé, prétexta que
ee irraid apasage étant un flef MBCdln, dorait, par snile
de la mort du dernier duc sans hoirs mâles, rentrer natu-
rellement dans le domaine de TÉtat
Cette préteutiOD a'était pas sans fondement quant à la
Bouifogne propremait dite; mais elle était beaucoup plue
eoDtestable pour le comté , autrement la Franche-Comté.
Maximilien voulut revendiquer les droits de son épouse ,
et commença des préparatifs de guerre. Louis Jkl arma de
stm eôté> el il s'ensuivit des divisions et des tacdiies.
SauHett et plusieurs autres villes de la province se ééda«*
rèrent pour l'héritière de leur ancien souverain , et jurè-
rent MélM «I Marie de Bourgogne ; la plupart des grands
vassaux en firent autant Le roi, pour les punir, fit entrer
ses armées en Bmagogne» et former le siège des villes
rebelles. Celle de Saulieu, entre autres, qui fut investie
en 1/478, par les troupes de Charles d'Amboise, seigneur
de Cbaumont et gouverneur du duché pour le roi «
se défendit vaillamment pendant plusieurs semaines;
mais enfin la crainte d'être emportée d'assaut l'obUifea à
se' rendre. D'iimboise l'imposa à une contribution de vingt
mille livres qu'elle dut payer sur-le-champ pour se ra-
cheter du pillage. U y laissa, en ojirtre, une garnison pour
la maintenir dans le devoir (1).
Après la reddition de Saulieu , le gouverneur de Bour-
gogne s'avança vers le Nord, et pénétra plus avant dans
le.Morvand. Son but était de châtier quelques seigneurs,
entre autres, GuUlanme de Jaucoort, iMoroade Villamoult,
et possesseur de treise autres terres avec auimu de ché^
(1) Dom FuxcHiB , BiU. dÊ Èmrg«§n§i Bimut, GooRTivéi, tome n.
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152 * LE MORYAND.
Mux et maiiOêu fortes avec tomrs, fostés et panis^ieois. Ce
puissant seigneur étant entré an service de MaxInriHen,
était devenu son maitrc-d'hôtel , et avait en outre obtenu
le commandement général de ses armées. On comprend
qae Louis %l, prince ombrageux et défiant, ne devait pas
voir cette conduite d'un ceil calme et tranquille^ lyAmboise
attaqua, par ses ordres, les châteaux du harou, les prit,
les pilla et les renversa ensuite h coups de canon. Ceux
de Ruères^ de Saint-Andeux, de Ronvraj, dé Vâlarnoult,
d6 Maraut, du Vanlfi...., n'oifirirent bientdt plus que des
' ruines, si ce n'est les tours de ces deux derniers qui
restèrent debout. Le roi , pour compléter le châtiment ,
confisqua tous ses domaines et les donna à Aul)ert de
Jaueourt, frère puiné du vassal rebdle. Mais Aubert, en
bommè désintéressé , les lui rendit après la conclusion de
la paix en 1Z|93, et donna ainsi un grand exemple d'amour
et de dévouement fraternels. Hugues, fils de Guillaume,
s'étant aussi dédaré, malgré le châtiment infligé k son
père, pour llarie de Bourgogne en M puid de la même
manière par Charles Vin , qui confisqua sa terre et sei-
gneurie de Maraut; niais Louis XII, à son avènement au
trûne, en 1498, lui restitua tous ses biens (1).
Le quinzième siècle, d;^à si fécond en évâiemenls
màUieureux , ne devait pas se terminer sans que, de leur
côté , les éléments vinssent affliger les habitants de nos
montagnes. En 1490, un hiver, le plus rigoureux qu'ils
eussent encore vu peut-^tre, les jeta dans une profonde
désolation. Une épaisse coucbe de neige, qui tomba dans
les prettiers Jours de norembre, et ne disparut que dans le
courant de mai , tint le pays comme enseveli pendant six
. mois sous ce fatal linceul. Les seigles, pour lesquels on
avait conçu des craintes sârienses, terent en effet grave-
ment endommagés. Néanmoins, ils avaient repoussé avec
(1) CooiT^pity tome VI, p. M; Motict mamuerUt.
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LE MORVAKD. 153
les chaleurs douces qui suivirent, et déjà ils montaient
en épis, lorsqu'il survint tout à coup de la neige et une
gelée si forte ^ que la tige disparut entièrement et avec
elle l'eipoir des coltivatems.
' Désolés à la vue de ce fléan , les habitants dn Morvand
et de l'Autunois eurent recours au Dieu de leurs pères,
et redemandèrent au Ciel les biens que les éléments leur
avaient ravl& Les reliques de saint Lazare^ déposées dans
l'éi^ cathédrale d'Autan^ in^iraient alors aux fidèles
des environs la plus vive confiance ; ils se vouèrent à ce
grand saint, et se rendirent processionnellement h son
tombeau. Les prêtres , revêtus de leurs ornements sacer-
dotaux « portaient les reliques des saints qui formaient le
trésor de leurs églises, en chantant des psaumes et des
Aymn« ; les enfants s'avançaient en chemises; les filles,
ayant quitté leurs parures, marchaient échevclécs et voilées,
Idslmmeset ies.hommes tête et pieds nus* On fit noBâ»re
éb'itmt vlBgt-4ept paroisses, tant du Morvand que des
environs , qui se rendirent auisî de douze à quinze lieues
^ Autun (1).
[D^jai unanimes et si vives supplications ne pouvaient
Dester sans tait; Ueu les exauça an-^el^ de toute eip^
isanoe. An mois de juin, O repoussa d'auties liges au
pied de celles qui avaient été détruites par la gelée, bien-
tôt de npuveaux épis reparurent^ et avec eux i'ç^xaqce
^ ia Joie renfrèiiieit daiKi les ixBW» (2)» .
(1) CouRTitrés, tome m, p. 411; Hfotiu mapmcrU$.
• . ■ . ' ■
44
CHAPITRE IX.
Ftodallté tombe; Loal» XII en Morvand; Pestes; les GalvInMM
parcourent nos mmOrnsmitê, leiirs ravages»
Le seizième siècle» où nous entrons j va nous offirir
encore des pestes» des meurtres» dès gneirres et anfra*
fléftnx de ce genre; mais anssf nons y Terrons poindre
l'aurore d'une ère nouvelle. Impatient du joug que la
féodalité lui avait imposé» le peuple des campagnes»
coiûme celai des vifles; essayer de se tirter de la
possession de ses maîtres et obtenir nn comménoement
de liberté dans les divers affranchissements qu'il achètera
au prix de sacrifices lourds et pesants.
Les seigneurs^ bien que trèsi-puissants encore» étalât
pourtant déjà loin de cette ftmeste indépendance qai en ,
avait fait » par le passé » comme autant de petits rois.
L'esprit du temps commençait à entrevoir un avenir plus
favorable au peuple» et tendait à la liberté» mais timide-
ment encore. Moins soumis à la volonté de leurs maî-
tres» les campagnards eux-mêmes osaient» de tèmps en
temps» lever la tête^ et réclamaient hautement contre les
charges arbitraires qu'on leur imposait » ou contre la vio-
lation de leurs droits par les 8eigneui& C'est ainsi que
l'on vit les habitants de Gbalaut et de lllarigny-ri6gûse
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LB MORVAN».
155
lutter jusqu'en parlement contre les tailles exliorbitaiilcs
qae le sire de Ghastellux exigeait d'eux ; ceux d'Ouebes et
dé Montmardelin > se refuser à l'acquittement du droit
à*mdire , impôt extrômement onéreux , généralement
admis en Bourgogne, mais inconnu en Nivernais (1) ; ceux
de Saint'-GeriDain-des^Clhamps et du Jtteix, se faire pour-
suivre en Justtoe pour refos de guet-et-garde autour de la
forteresse féodale dé la seigèeurle, et enfin les sujets du
comté de Cliâteaii-Chinon réclamer contre la dilapidation
que Ton faisait des forêts aux dépens de leur droit d*usage
et pacage (2).
En 1 5OI5 Louis XII , que sa Menfaisance et son zèle pour
le soulagement de ses sujets ont fait surnommer le "père
du peuple, se rendit en Italie avec un nombreux cort^e.
À son passage à A?aIlon et à Saulieu, les populations se
jflressèrent sur ses pas et montrèrent nn ?if enthousiasme
qu'il récompensa par de nombreuses largesses. Ce prince
étant revenu , douze ans plus tard , à Âvallon dont il était
seigneur direct, reçut des Itabitants, pendant son séjour
dons cette ville, un accueil fSL bienveillant qu'il en ftit tou-
ché jusqu'aux larmes, et qu'il leur accorda à tous, sans
exception, un nouveau titre de bourgeoisie (3).
Six ans après, en 1519^ un hôte bien différent visitait
les montagnes du Morvand et y portait la désolation et la
mort Une peste terrible se déelara sur plusieurs pobits à
. la fois; mais nulle part elle ne sévit avec plus de violence
qu'à Sauiieu. Elle y faisait chaque jour un si grand nombre
(1) G» dfoit consistait à paysr double tes eens, routes» tsUles, usages»
eoQtunies et aatres rederanoes seigneuriales» dans les «inatre oas sul-
vants , savoir : lorsque le seigneur était promu à l*ordre de la dieva-
lerie , lorsqu'il mariait sa fille ainée ». on qu*il entreprenait un voyage
d*outre*mer, 00 enfin pour sa rançon lorsqu'il était ûât prisonnier de
guerre.
(8) Ârchiv. de Ghastellux et de Cli&teau-Chinon.
(3) CuuRTtpÉK, tome v, p. 594.
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de victimes^ que les habitants abandonnèrent leurs foyers
et coururent se barrac/uer dans les bois de Ercny. Aussi
lorsque François l" y fit son entrée ^ le 12 août 1521 ^ il
trouva la ville presque dépeuplée. Néanmoins 5 les ôcbe*»
vfns^ fidèles aux usages reçus , lui offrirent des pré^
sents dont il se montra fort reconnaissant. Poursuivant
ensuite sa route , le monarque arriva bientôt en vue
d'Aulun. Cette vieille cité renfermait alors de nombreux
monuments et des ruines extrêmement lidies qui la firent
nommer par ce prince la Rome française. Louis XII
l'avait surnommée la ville aux biaulx cloichiers (1).
Deux ai^ plus tard , une troupe d'avepturiecs ^ connus
sous le nom de robm'9, firent invasion en tforvandy aa
nombre de bnit cents ^ et dbmmirent de graves excès dans
les environs de Luconay-l'Évêquc. Des pillages, des meur-
tres 9 des incendies masquèrent partout leur passage» i^es
populations, désolées, ne savaient comment se débarrasser
de ces dangereux b(Hes, lorsque les habitants d^Antun,
sous la conduite du vierg Charvot, s'avancèrent contre
eux> les attaquèrent courageusement et en firent une
borrible boucberie. Le roi, pofir récompenser cette belle
conduite , accorda de nouveaux privilégies vOle (2).
(Ses robeon toent les denders qui panveat.en Mor-
vand.
£n 1535, une cause bien différente remuait les popu-
lations de nos montagpes. Le chapitre d'Axallmi , qfd
venait de faire exécuter une magnifique ditae d'argent,
fit annoncer une translation solenoelle des reliques de
saint Lazare, son patron. Cette cérémonie, qui dura dix
Jours entiers, attira dans la ville une iouie de pèlerins qui
sPéleva, d'après l'apprédation commune, à'iriius de cent
mille. La Bretagne, la Normandie , la Picardie^ le Poitou,
(1) GovmTirli » tome vi.
(9) iMdttomevi.
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LE MORYAND.
157
la TonralA^y f AUemagne même, foanilreDt leur coutin-'
gent Les habitants du Morvand ne restèrent point indiffé-
rents. Oo les vit chaque jour descendre en foule de leurs
montagnes, bannières d^loyéés^ pouf aller gagàer l'in-
dulgence e( s'en retmmer dans le. même ordie, an chant
des psaumes (l).
Mais le moment approchait où une guerre terrible,
teieose^ allait être déclarée à ce genre de dévotion alors
si populaire et si généraL Déjà les érrenrs pernldeoses de
Lnther, ce moine orgueilleux, impudique et apostat, qui
avait commencé, en 1517, à doi^maliser en Allemagne,
pénétraient en France et y excitaient une sourde rumeur
pdur y porter bientôt des fruits demalédietton. A peine»
ên eHèt, quelqu^ années se sont-elles écoulées, que les
fanatiques partisans de la nouvelle hérésie s'attroupant
audacieusement , attaquent avec fureur l'antique religion
de leurs pères, piHent et brûlent les églises, profanent et
détntfsent les bïjets les ptas vénérés dû cidie. Paitovt eù
fis passent, ils manâient à la lueur des incen^es et les
pieds dans le sang.
En 1 563, le Morvand , pour la première fois , ressentit les
iiiiiesles eiéts de lenreraanléi Le oaMiiste Naiot, maié-
chal de la compagnie de La FiFfettOi 1^ tapitaino HMié de
Mônceau , siem* de mainiay, et Loid»de Blosset, seigneur*
de Précy, de retour de la bataille de Dreux, perdue par
les huguenots le 19 décembre de Taunée précédente^ se
présentèrent le ta Janvier, an point du Jour, sbos-tse mors
éé (Mbigny, eli fls pattfcirM à slBtPodolre aVeè lem
gens par la trahison de leurs coreligionnaires de la vlUe.
Aussitôt entrés dans la place , ils se mirent en devoir de
venger lèurdéfsdte de Dreux. L'abbaye de Saint-*Léonard
ftit pillée et dévastéè^les rettqnes furent briflées, les élises
(3) CooirtfNi: Jfol^ «aitiMe.
158
LE MORYAND,
profanées^ les prélre» et les moines IqhamaiiieiBeiit mal-
traités ou égeigés (1).
De cette petite ville, les sectaires se portèrent dans tous
les environs et y commirent les mêmes excès. L'église de
Mouron fut pillée, celles de Gâgognc» de Mbère, de Roère^
d'Ourom, furent brûlées. Le château de Goulon servit
de prMie aux calvinistes du voisinage. Une pièce de l'aile
gauche porte encore le nom de .Salle des commandements,
à cause du décalogue qu'on y voit écrit en lettres d'or et
selon le texte de r£xode (2).
Six ans plus tard, en 1569, le duc des Deux- Ponts,
Wolfang-le-Cmel, qui se portait avec vingt mille Allemands
et vingt pièces de canon au secours de ses coreligion-
naires de La Charité, traversa le nord-est du Morvand , el
ooauQit mile dégâts depids Sanlleu Jusqu'à Avalloo. Arrivé
sous les murs de cette ville, et la jugeant sans doute
un poste important et utile au parti, il tenta de s'en
emparer. JUais les Ayallonnais, par crainte des buguenota
qui jmrneUei^t 4fnestۈm et assaUUknt la uiUe^ .a?alenl
eu soin de fermer de murs les deux Ccustdnâ et de réparer
les fortifications de la place ; aussi furent-ils assez heureux
pour rendre inutiljss tous les efforts du farouche dùcForcô
d'abandonner sa proie, Wolfang eut recours aux moreun
ordinaires de la secte, et mit lâchement le feu aux fou*
bourgs et aux villages voisins ; puis , à la lueur de l'inceu-
die, il s'avança du côté de Vézelay (3).
; Au mois de juillet de l'année suivante « l'amiral de CoU->
gny, à la téte fie l'armée buguenote, rayagea, ^ son tour, le
sud du Morvand. Ce ehef du protestantisme, seul chargé des
intérêts et de la direction des affaires du parti depuis la
mort du prince de Gondé, tué à Jarnac le 1^ niars 1569»
n'en était devenu que plus ardent et plus entrq[»milt. An
♦
(1) CSironiq. mamÊcriU.
(9) Regist. paroiêi.
(3) EipiLLT ; Comifit , tome r, p,
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LE MORVANO. 159
aortii>dft la iMMalUed'Aniay-le-Diic» gagnée le 3» jyéoi^JO,
sur le niBféchal éa Goiié-IMme, n se dirige
hommes du côté d'Autun ^ et arriva sous les murs de la
place le 29 du môme mois. Grâce aux mesures de sûreté que
les habitants avaient prises d'avance^ et k la lionne garde
qoe l'on frisait jour et nnit ^ la ville ne ftit point ia^pilétée ,
et les hvit cents eaMMes qu'elle renfermait ne purent
exécuter leurs projets sacrilèges de pillage et de profana-
tion ; mais le prieuré de Saint-Symphorieu fut dévasté et
faieendié. L'aUieye de Saint-Martin se Ait épargnée qnf&
eoBdition de livrer ce qa'dle avait de plus prédeox et
douze cents boisseaux de blé (1).
PoorsuivaDt sa route, l'armée calviniste traversa les
^ montagnes du Morvaad et arriva à Moolins-Engilbert^ en
pillant et lirtfant les é^lsen Peadant son oonrt séjour
dans cette petite ville, elle se répandit dans les environs et
commit les mêmes dévastations. L'abbaye de Bellevaux,
ordre de Prémontrô^iut saccagée et réduite en un mimcean
de déoombies; les ^Aaries- taent brûlées et les mohMS
égorgés (2). les* églises de Va nde ns s se, de Préporché ,
de Saint-Honoré furent pillées et incendiées. La chartreuse
d'Apponay ne pouvait manquer d'exciter la cupidité des
sectaires. Us se ruèrent sur elle comme des lions affamés
sur leur proie et n'y laissèrent que les murs. Ib se saisirait
même du prieur, dom Claude Guyot, de doin Jean Offroy,
son procureur, et les emmenèrent à La Charité, non sans les
maltraltrer inhumainement H en coûta de grosses sommes
aluzréllgleax peut les amolier de leurs mains (3).
Ttedis que ced se paernlt «i sud » une iNmdt du reltr es ,
(1) PuuB, art. CoUffnyi Anqoitil, Bitt. d€ Fr., édtt. de 1845, tome ti»
p« 576; GooatMi, tome vi; BUt. dê SobU-Mw^Hn.
(9} UiR. OHM;» «t. Moeim âê Mmn: MAma, Ckuwéq, à» WM ti§,
p. SOS; Nil M Là Rocnui, le iriMnialt, tome n, p. SIS.
(3) CSroiilf. «OMiKr.; DuviTiBK, Ufif. ê$ le OMmiie cfiip.» p. IS;
Transaf!iion Ainnar. du 10 jaitlet
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LE MORTAND.
que commandait Jacques de Jaucourt , baroa de VlUar-
noultyie Mvndt.amL plus graves ex€èB?efi le nord, pUâitt
et tfiuaiiit aiHsi les églises. L'abbaye de Regny vit ssb
hommes égorgés et toutes ses terres du Morvand une se-
conde fois ravagées. Le 15 novembre les habitants
de TiiBclin^ de Gourtemel et de Montgandie^ pi^ de
•Qnané-^les^Tombet, fireot oonstater par un adie àxÉOÉetkr
tique que leurs villages étaient deshabitez, les labourages
faiiUz et les bâtiments desmoliz , en sorte qu'il n'y restait
pas la qiiUrième partie des gens ^ y êMo^etu esire, ei
que eën qui sfy trouvaient alon n'étaient qoBéèfxmm
mercenaires et femmes vefm qui ne ttaiBaient«ifowit UAta^
rages , parce qu'ils avaient perdu , drcs le commencement
des guerres, leur. bétail et autres biens (1).
. Dansleps courses dévas^tricfts» les bugttstiats ne trafc-
tatal pas miens les penonnes que les éiflses A les
monastères. S'étaient-ib emparés d\nie ville on de quel-
que cliâteau-fort^ ils en sortaient chaque jour pour courir
la campagne, et ne rentraient que chargés de butin» et V^ilr
qnefois en trakianl àlemr aaite;de maibetoeux prlsonalvs
qu'ils aecabhileHil d'Iqfwes et de coups» quand fis ne leior
arrachaient pas la vie. Mais c'était particulièrement contre
les moines et les prêtres que se déchaînait toute leur fureur.
£n vpici un exemple àJamaiseséi!rabl^,quirmQpMf€^r«q^
de cruauté qui animait ces firaicbes itf 01^
Un jour , c'était en 4 568 , eomae Ils étaient maîtres de
Vézelay , quelques-uns des leurs , en courant la campagne
pour piller jet . brûler ^ surprirent ie 4tAsquki>ie
P. MHe»- gnidien..de la Gord^j .Knnei^ 'Gadile»
religieux de ce monastère. Les saisir et les gorotter ftit mi
jeu et un moment de bonheur pour eux. Les trois malheu-
reux prisonniers furent aussitôt ramenés sous les murs du
Gonvenl, où on délibéra , en leur présence » sur le genre de
■ • • r • .
(1) Archiv. de la préfoctu: c d'Auxcrra. ' .
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161
snpittce qu'on leur fmM Mdtfr. BiflOlAI wie'P«te ^ÊÊbfh
lique traverse l'esprit d'un #p ces monstres, les autres
Tadoptent avec une Joie barbare y et de suite on se met
m éenÀi ûA VtxMbBt. On cicuie donc trois foMi éà let
tictfiDessoBtèBtetfréèsJiMia'anxépftnlèS) ptëBonsrnMI
d^one bdirfe, et ehncon s'escrtme- dOBCic Itt'Iêtts
malheureux captifs jusqu'à ce qu'elles aient volé en éclats.
En attendant, chaque coup qui porte juste excite panni
cet cannilMdeB^ orii d'une Joie exécMile et sàafage (1).
TsÊA d'etoèB eeomd» par M iirélente fûknmiB ^ûmê
toute l'étendue de la France , les embarras sans nombre
que^ depuis douze ou quinxe ans^ ils causaient à Charles IX,
enepéièrent leUement ce prince et la retoe-mèrè, qii'Us
«éMoreet^ WUn «enaidÉ aesord, d'y eppMef ibe itt-j
mais une fin atroce que la religion et Thnmnité condam-
nent également On connaît le massacre général qui eut
Ueo pendant la nuit de la fête de sakit Barthélémy de
fw/mMAim, neit 4AeiÉn 4ÉI Ylt pêHr ^lÈB de qnliiiBÉ
WBÊSÊ& FlaB9Éb Vergés par la inain de iBOf» oontiloyemb
Exemple terrible de représailles commises contre des géns
dont les désordres n'avaient que trop poussé un prince
Mbe»eta celte «ttréndté à jMiato déploràble (2)»
. .àeetlré^e9ie,'lfenredrafatt qi^^
Morvand. Le penple des campagnes , ohjét de la constante
vigilance des pasteurs, était resté fidèle à la religion de ses
pères ; mais la noblesse et la bouigeoisie , en anet grand
Mmbre^ aieietit doné dan» la BomieàotÀ ChftteaÉ qd*»
non , Corbigtty^ LenMB>et Sanlfeu, dit Orartépée i étdiétt
empoisonnés de huguenots (3). Plusieurs châteatix, tels que
Yillarnoult, Ruères, Conforgien, Brazey, Coulon^ le Pott^^
lût ^ Montéeoly étaient devenus des lienx de léoaknt podr
.« ' • »•.•■» »
(1) TraaoT» MamuerU MU. mt r/jreioy; Mamiii, Cknmt.âifitdÊgt
A mmmin de VTmim, 1840 , p. SOS.
ifl^ Vuu», «rt. Gtariet iJ^
(S) Dncrijtt. d€ Bourg., toiM Ut. • *
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162 LE MOBVAND.
les Beetaim La miÉMMi de Jaooonrt ^ nombreiae et piriftr
tante ea Momné» était tourte dénniée sra parti. Elle avait
même poussé le zèle pour la réforme jusqu'à établir, dans
son ebâteau de ViUamoult, im ministre protestant^ nommé
laeqnes Lenet, qui, de Vk^ se rendait dans les divers pfè-
dMS des environs Un antre , Jacques Itiqndey» réridait
momentanément à Conforglen , où les huguenots deSan-
lieu et du voisinage se rendaient pour le prêche. Les
ministres d'Àrnay-le-IHie^ de Châtillon et de Goudies
liisaient aoQii de Mquentes visites dans eetle partie de
nos nMwtagnes, tandis qne oenx de Gorbigny et utresse
montraient souvent sur le versant opposé (1).
Malgré les excès aussi révoltants que nomhrem aujL-
qpuds les réformés s'étaient livrés en Morvand» now
ne voyons natte part qne qodqn'nn ait péri lors di
massacre de la Saint -Barthélémy. Peut -être furent -ils
sanv^ y ici comme en Bourgogne , par l'éloquence et
l'iiumanlté dn président Jeannin» que le Morvand peut
revtniiqtter comme l'on de sestnfinits» paIsfM naqoit
à (Anton d'nn père serti dqmis quelques années seulement
du village d'Alligny. Cet homme illustre , modèle parfait
de vertu ^ de prohité autant que de loyauté, Tami et le
oonUdeat de Henri I¥, voyant le comte de Otany prêt à
faire exécuter, dans l'étendne de son gouvernement , des
ordres aussi sanglants, l'engagea vivement à en suspendre
raccompUssement, c ^rce que ^ assurait- il > le rai iu
» UÊrdtrait pa$ à ê'm repenHn » Quelques Jours s^prèBf en
nilBt, arriva f ordre de cesser les meurtres (2).
Ja terrible leçon de la nuit de saint Barthélémy ne
rendit les sectaires ni plus circonspects, ni moins cruels.
Tauvenay de Bricquemauit^ calviniste exalté^ seigneur de
Buères par Anne de Jancourt» son épouse , s'étant écbappé
(1) CouRTirli , tome m, p. 567; tome t, p. SOS» et tom vi. Moêlm mmwc.
iS) /Mtf, tone m et ti; Fuira , art. lêmnâik
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LE I10RTAI9D. 163
û$ P«ris« 18 retin étm ton diâtm fw Ti» reoniqie
CB«m prêt deiMs» au saé-^ de SiliiC-Lég«r-d6*Foiir>
cheret^ et s'y livra aax plus monstrueuses atrocités. Glia-
que jour, ainsi qu'un tigre aiEainé de sang et de carnage »
Il en sortait ocNnme d'un repaire ténélNPeiix pour vém
ses litinrtR angoisaires. Lea moines étaient pins parti-
culièrement le but de ses violences, n mutilait d'une
manière cruelle et barbare tous ceux qu'il rencontrait , et
se liaisait de ces liODleiuL tropliéa im coUier qu'il portait
aw une impndeute audace. Cette affireuse condnite ne
pouvait rester long-temps impunie; arrêté et eoBdiit à
Partes il fut pendu par ordre de Charles IX (1).
 Saulieu» les réformés ne se rendirent pas molas redoo*
taUes. Os y oommireat un grand nombre de meurtres,
eounne aHIcorsy le dergé était spédaleHient Folifet
de leur haine et de leur férocité ; aussi tuèrent-ils tant de
prêtres » que les chanoines , quelques années après ^ n'eu
pottftet tiouver pour deasenk ia paraisse (2).
• ¥em ee. teams-là» OMinrut Besili Ttxier» Issu d'une
ancienne famille de Saint-Saulge^ qui possédait le fief de
Ravisy. Il était lui-même seigneur de quelques terres en
MûmiMLtâa succession fut la cause d'un grave débat» gui
MpoM Jusqu'en paitaMit» entre FélioeTizier, sa sari
etMllle Mlge , dame de Gotrien et vtufe de Paul Tfadcr»
son frère. Celle-ci prétendait, en vertu de la forclu-
sion (ft)>.exdure sa l>eile-8œur de toute participation à
(1) Coaâtir<i,toiMn; âmmot^n dêkkJMèltfÊ, 1847.
(2) Ibid.
(3) La forclusion était rexclusion des femelles au proflt des mâles dans
les successions collatérales en degré égal. « En succession collatérale,
» dit Tari. XI Y de ia Coutume du Nivernaii, le frère forclost sa sœur, e%
» aussi les enfims du frère , soient masles ou femelles , foroloenk leur tante
» sttnir do leur père» et les enliuia deseendans d'elle, soient imbIot oo
» taneltae, à eearoir Ibreloeiit le«n ditee tantes des immenbles, et non
» pasdeementles^qui appertfonoentèloor ditte tente oomno plnspro*
» càsine de la chair du défunct. » L*art. XV exceptait sealemstft les
ebatelleBiee de Meli-le4>mite» de Uoaoetox et de Neuffontainee.
164
LE MOUYAND.
l'iiérlldse te ûéêmii Taffiiire fut portée devant le» trilm^
oam et tetulikéte le 15 mai I57&> par im airet oMbM
du parlement de Paris, qui décida que la prévôté de
Gorbigny et tous les lieux où l'abbaye de SaiDt-Léonard
avait droit de jostioe, le comté de Gbdteaii^GMaoïiy la
boromile de Leniie»-Gba]loii , celie 4e SilM-4Httrfi»^diih-
Pay 9 la Jdstiee èe Tésigneux , les tërrM ët 'Seigneuries de
Ruères, de Parjot, du Pontot, la prévôté de Domecy-
sur-Gare 9 et généralement tout le pays situé entre l'Yonne
et la CagOy étaieiit eiemipts de la fordiiMea ctHmfle fMaaai
iotnlUa> partie de la Bevgogite, eù eet nMge ii^éMie
point établi. Cette décision , connue depuis sous le nom
d'arrêt des Tixier, servit dans la suite de base poor les
droita<ie.stteceMiops dan» le Monand (1). ;
€e|KeadaiiÉ Charles IX étànt iK^re le Si di inft^
àYâge'dé 2&-anf fleolMiiBDty aeo frèfB Henri •^prittaaanili^
son royaume de Pologne pour venir régner en France aa
milieu des troubles et des âustions, et fut sacré à fielBii
le ilp iMer 1571». Ce |(riiMey fttigiié des divMow qui
afelttaitinit la FMce» terat y appoi4ér4iii-«eriiieiplur<aiéilt
de pacification donné à Nérac Tannée 'suivante ; mais ce
fiit>-an contraire, comme une étinceUe qui mbrasa tout le
WfWÊnut. Getéditâoooffdait» eB€CBt,4eaàipdttl(M»itrèH
IMmUeiSiaxrMnnéts aHnileBcatlMditiieawita«$tnMt
del^ombr&ge, et, apprftendant dès-lors qnfe lé cidi^fatfsm»
ne devint la religion dominante , ils coururent aux armes ,
résolus de défendre jusqu'à la mort leur croyance et leur
CDlte. Les novateurs^ de temr cdté» déveliiis ]Aib addadenx
et plus entreprenants, s'armèrent aussi, et bientôt la France
entière se trouva divisée en trois camps. Le premier, celui
de la ligue catholique , se personnifiait dans Henri, duc de
Guise^ àâL le Balafré; le second^ le psirti h^e^ot» recon-
' . . . M . * •
(l) OoT ObqOIub, OBttfHiM 4u Nioêm,, |i. 816 M Mfv.; Nik'M u a«-
CBILU , p. 419.
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Baissait pour chef Henri de Béera ; el le Icoislènie ,éSlLde9
politiques ou des royalistes , se rangea sous l'étendard du
roi Henri III lui-même qui» de père commim» devint
ainsi Gbef de parti. La pierre fpiisiil^, ffat svaoïmiule la
guerre des ircMt JBenrL
Toujours dévoués à l'antique religion de leurs pères ,
les habitants du Morvand embrassèrent avec zèle le parti
des Guise ou des cathpli^pxes. U» villes û'Ay^Om $ de
QuVeaii-CbiaoA, de Lqnoes etdQ /5as|)tte«j qui s^ d4d9rè-
rent aussi dans le même sens , se monlrèmt ardentes pour
sa dépense. Mais la plupart des scipmeurs entrèrent dans le
parti du roi > ou se jettent dans celui des seç^taires. Aussi
une défiance marquée s'établit dés-tors entre eivx et les
sqjfits de leurs seigpeuiief» Geux-ei se refusèrent généra-
lement à acquitter les redevances féodales ; et le guet-
etrgarde^ devenu plus nécessaire que dans aucqn temps
autour des forteresses iieigneunales» ne s'exécuta plas m
très-làifcilement.
Dans ces entrefoites, il survint une violente épidémie,
qui ralentit les projets des divers partis. Comme elle sévis-
sait cruellement dans nos montagnes,, en 1587^ on n'y
entenditplus parler de divisionsf le soin des malades» ^
sépulture des, mprts «icnpaksnt tous les Instants^. et. la
terreur tenait les esprits en suspens. A Château-Ghinon,
la maladie n'épargna que deux notables. Le nombre des.
persoimes atteintes fut si grand» qu'on fut forcé d'impro-
viser» hors des murs de vilto» une e^èoe de foud^
Qt.Fon transportait les pestiférés (1).
L'année suivante , comme cette terrible maladie avait
çess^» ou s'était con&idéri^iement ralentie, les mqnans
de îfotre cm^ée dur^nl reprendiie l'eierciyce ûu^fgfi^tr^
garde autour des manoirs de leurs selgneqrs respêettfs»
Hais la plupart 9 entre autres ceux de la baronnie de
(1) Arcbnr. nation.; le Kiinrmiê, tome ii; i m m efri 4t to Nikn, 1S47.
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166 LE HQRVAm
Ghastellux^ s'y refosèrent formeUement, et il fallut avoir
recours à une sentence du bailliage d'Auxois pour les y *
contraindre. Compter sur le zèle et la fidélité de pareils
gardiens, n'était guère possible 9 encore moins pmdent
Aussi le comte de Tftvannes^ gouremeur de Bourgogne,
les tenant pour suspects d'affection pour la ligue et pour
ennemis du roi, envoya-t-il douze soldats français aguerris
pour tenir garnison permanente à CkasteUux (!)•
La ligne ayant acqnis de nouvelles forces à la mort
du roi, arrivée le 2 août 1589, par suite d'un coup de
poignard que lui avait porté , la veille , Tinfâme Jacques
Clément, il fallut doubler la défense des châteaux dont les
possesseurs combattaient sous un autre drapeau que cebd
des Guise. La garnison de la forteresse de Ghastcllui Ait,
en conséquence, portée à vingt -cinq hommes de guerre
avec un capitaine pour la commander, et une somme de
ftiiiue sois fut levée tous les mois par ordre de Tavannes,
sur chaque sujet tenu au guet'-et'garde (2). François de Beau-
Caire, abbé de Regny, et tous ses moines, ayant embrassé
le parti de la ligue , en furent punis par la confiscation de
leurs dtmes et autres revenus du Morvand, en fiiveur
d'envier de Gbastellux (3).
La nouvelle de Tavénement de Henri IV à la couronne,
jeta la France entière dans la plus vive a^tation. Si la
naissance de ce prince l'appelait au trône, sa qualité de
chef du parti huguenot Feu excluait par une loi que les
catholiques regardaient comme tout autrement sacrée et
inviolable que la loi salique. De tout côté on courut donc
aux armes ^ et la ligue, déjà si formidable sous le monar-
que défimt, grandit encore considérablement, et finit par
se donner un fontôme de roi dans la personne du vieux
cardinal de Bourbon, qui prit le nom de Charles X.
(1) ArebiT. de ChtsteUux.
(S) iMd. tfweiUair§dt»Uim.
(8) iKd.
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Ul ]UOHVAiM>. 167
Nos MomndeMx > coime les aitres cattoliques 4a
roysmme , sentirent alon Vesprit de M se réveUler es en ,
et jurèrent de mourir pour la défense de leur religion.
Toutes les villes de la contrée , à l'exception de ceUes de
Lmy et de MonUas-Bngllbert , que le duc de Nercrs mit
maintenues dans le service dn roi^ s'apprMrent àimeiiier-
gique résistance et réparèrent leurs murs pour se défendre.
De son côté ^ Henri lY ne négligea rien pour amener ses
^yels à robéissance et les réunir tous sous sou sceptva
L'aimée mdme de son aTéBement» il emroya le comte de
Tavamies attaquer la vffle de SauUeu pour la forcer ii
reconnaître son autorité. Celui-ci se présenta , en elTet ,
sous les- murs de la place avec une armée considérable et
e» forma le siège. Les babitanisse défendirent d'abord vm
Tiguenr; mais bientôt réduits àreztréndté. Os temit eoii»
traints de se rendre. Tavamies ^ pour engager les autres
villes à se ranger sous la puissance du nouveau monarque,
se contenta de leur faire prêter serment de fidélité^ et leur
laissa ensuite le brave Des Barres pour gouvemear^ eC'uae
garnison de deux cents bommes à la solde du rei (1). Le
prince écrint. dans ces entrefaites, au sire de Gliastellux
pour l'engager à se joindre à la noblesse du pays^ à Teffet
de maintenir les contrées cwriroonaales dans^son senriœ^
et bd domia, afaisl qu'à HaBChefort, m eênMdérmiom âê
leurs bons et fidèles services , tous les bois de moule ^p^eét
sur la rivière de Chars appartenants aux marchands rési"
dantê en poyi rebeUe (2)«
Deux ans après la prise de SanUeu^ Ghamf^oanler^
gouverneur de Glamecf^ entreprit de Mre rentrer la viHe
de LonneS dans le devoir. 11 choisit un lundi de Pâques
de l'année 1591 > pensant sans doute qu'il l'aurait à
meilleur compte» parce que ce Jour-là avait Ueu » à Gorbi-
(1) EzpiLLT, dom Plancur, CoDiT^péi , tome vt.
(S) ArchïT. de GhaatoUux , hmiAuArê du Uttu.
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us MOaVAlND.
gtty, une grande aoleniiHé rdigiense où les hommes se
rendaient ordinairement en foule. Il parut donc sous les
murs de la place à la tête des gens de son gouvernement ,
«tila tint assiégée pendant deux jours; niais repoussé avec
yuntef fi IM lonrcé de ,se retter honteosomeot do côté de
dont fl se rendit maiire (i).
Le principal honneur de cette glorieuse défense revint,
dU-on, aux dames lormoises qui, à l'exemple des hâTOloes
4» Jfeanvais» im^- craignirent pas de se .présenter sar la
linMie» ei firent pleuvoir sur les assiégeants Qne-grtts de
pierres et une pluie d'eau bouillante (2).
Tandis que ceci se passait vers l'ouest, le comte de
GbâtaanrooXf dU in maréclial d' Auront, se préparai k
«q^er.sor le eâté ojj^osé. Le.iS mal de la mMe année^
û se présenta sme les mors d'Anton avec nne pnfaaante
armée, et attaqua la ville à grands coups de canon. Il
avait fait une longue brèctie au châteL de Rivaux, lieu le
pifss lért de la ville, lars(i«e le 20 Join^ dans la soirén
du samedi» appanit an ciel, pewdant U §rmid ^efort dt
l'assaut, et sur cet endroit de la ville, à grand nombre
de gens de bien et dignes de foi, la face du bon et précieux
saint Léger, les.mains jointes et en liabits pontlflcanx, «pd
pilatt Dion poor la pcoteette et la détaoe de» Anto-
BOis (3). On vil aossl phmevrs nuifistrats et femum autel-
rassécs se battre sur la brèche de vingt -deux pas de long, i
coups de iudlebardes et de pierres (4)»
D'Aomont, désespérant alors d'emporter celle plaeev
se nettraavec ae&tronpes ef eon artiOerie à Saoileo^ dont
les habitants Favaient secondé dans son entreprise , et y
donna quelques semaines de repos à ses soldats. Au mois
d'aoAl» jH m sortit pour se parier, par AlUgOf et. Flan*
(1) Mtfi Di U Rocbiub; le Jinivcmait ; ânmaiir» dt 1817.
(S) Jfofte m g mterU t; tradition locale.
(S) nom Pmu, Ait.<ltMM£4|«% MuaUckt, p. 4âB.
(4) GoobtMi, tome vi ; MmmerU.
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LB MORVAND. 169
chesy sur Gàâteaa-CbiDOD^ ville toute dévouée k la ligue.
Arrivé devant cette place, il eu forma le siège de concert
avec le duc de Nevers, Louis de Gonzague , qui s'y était
rendu par le côte opposé. Les assiégés, aidés d'une garni-
son de deux cents hommes , se défendirent avec un cou-
rage îmsnL Néanmoins, la ville succomba au bout d'un
mois et fut emportée d'assaut lyAuniont , exaspéré d'une
si longue résistance , et pour se venger sur elle de l'échec
honteux qu'il avait éprouvé, deux mois auparavant, sous
les murs d'Autun, la livra au pillage, et fit passer la'
gandion et les cMoyens les plus connus par leur attache»
ment ft la ligue , au fil de l'épée (1). De là , Il s'adiemlna
du côté de Lorraes, dont les habitants, effrayés par le
massacre de Cbâteau-Ghinon » ne se défendirent pas et lui
ouvrirent leurs portes» H en ressortit bientôt pour se
porter sur Pierre-Perthuis dont il prit et rasa le château.
Le comte de Châteauroux espérait que , précédé par
le bruit de sa récente et horrible victoire , rien ne résiste-
rait à ses annçs. U vint donc , dans cet espoir, attaquer ta
vme Uguense d'Avallon, et investit cette place vers hi fin
du mois de septembre de la même année 1591 ; mais il fat
trompé dans son attente. Les habitants se défendirent avec
un courage au-dessus de tout éloge , et force lui fut de
lever le siège. Néanmoins, peu s'en fallut que la ville ne
tomba en son pouvoir le 28 du même mois, par l'eflTet
d'une saucisse ou pétard de cent cinquante kilogrammes de
poudre qu'il avait fait placer sous un égout^ et qui ût, en
sautant, une brèche d'environ trois mètres (2).
Les ligueurs, par suite du danger que la ville avait
couru, et par crainte des r&yalistes et des bannis qui
rôdaient sans cesse autour, prirent le parti d'y jeter quel-
( i ) Nbb DB La Rogbillb , le KivtmoU, tome n; Ànmiaire de 1847 ; Archiv.
nation.
(â) CourtépiSk , luino v, p. 597.
4^
170 LB MOEYAND.
qaes troupes ; mais les habitants n'eurent guères h s'en
louer^ car ces gens les traitèrent avec beaucoup de haotBVr
et les pillèrent
. Malbeureusement le psyrti catboUiiiie afatt dévié.. 4é
son bot» et la jlopart de ceux qui s'en, disaient les soih
tiens ^ ne se couvraient du manteau de la religion et ne
se nommaient défenseurs de la sainte union , que pour
conunettre plus facilement toutes sortes de vexations. Aussi
les ÂTallonnais se repentirent biei^ de leor.altMhMUHil
au parti, et prirent secrètement les moyens de seeeuer
son despotisme. Ils y réussirent, le 27 mai 1594, par le
secours d'fdme de Rocliefort-Fluvault , gouverneur de
Véselaff ^ vint mettre le siège devant la viltof et s'en
rendit maître en moins d'ime heure. Henri IVdonnaau
habitants des lettres d'abolition, et i:^ppela le bailliage qui
avait été transféré à Montréal (1).
#
(1) Exnuy , CouBTipii , tome v, p. 606.
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Nord-
A.'V
t) "Jat«t»«<- i)tt'L«iiU . -
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*
CHAPITRE X.
àmmm um m mm IV; m «m aMuUne; TrofdMM à ihmcmIod
«e M Mirl.
Le temps où le Morvand et toute la France allaient
enfin, après de longues et déplorables divisions» jouir du
ealme et de la paix, approchait Henri IT, en abjurant,
le 25 juillet 1593, les erreurs de la secte , arait écarté te
véritable obstacle qui s*opposait à sa paisible possesssion
de la couronne, et Paris, l'année suivante, lui ouvrait
ses portes. MentAt la France, heureuse sous son sceptre
paternel, l'aima autant qu'elle l'avait détesté d'abord;
mais ce bonheur de la patrie ne devait pas durer long-
temps. En effet ^ le 1^ mai 1610, le monarque bien-aimé
tomba sous le couteau de Tinfâme Bavalllac, Jeune fana-
tique venu tout exprès des bords de la Charente. Cette
triste nouvelle plongea tonte la France dans le deuil , et
chaque citoyen, dit un historien, se lamentait comme s'il
eût perdu son propre père.
Les habitants du Morvand, que nous avons vu si dévoués
à ses ennemis, le pleurèrent sincèrement; et lorsque assis,
chaque dimanche, sous l'orme ou le tilleul de la paroisse,
ils racontaient queli^ue trait de la bonté du monarque ,
entre autres la pauie au pot, Us maudissaient la main
parridde qui l'avait enlevé à leur amour. Heureux le
prince qui sait faire bénir son nom par ses sujets recon-
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172
LE MORYAND.
naissants ; c'est le titre de gloire le plos honorable que
poisse ambitionner un noble cœur.
La mort du roi fut le signal de Douvelles divisions.
La reine régente^ Marie de Médicis^ ayant cbangé tout à
coup le système politique mlTi Jusqne-là» et dépensé en
profDsfons, pour se faire des créatures, ce que Henri-le-
Grand avait amassé pour rendre la nation heureuse et
puissante 5 les princes du sang et les grands seigneurs du
TojwmB, le maréchai de BouiUoa à leur tête» se révoliè-
rent contre son gouvernement , et remfdirent la France
de factions. La plupart des seigneurs du Morvand grossi-
rent le parti des mécontents. Presque tous les châ-
teaux reprirent alors une apparence guerrière > et les
retr^yants fiirent appelés à en réparer les IbrtlficatiDn»
et à augmenter leurs moyens de d^eme. De toute
part, le guet-et-garde recommença autour avec une
vigUancc extrême. Mais celui de Chastellux surtout , par
sa position forte^, excitait rattentioo» Le 20 mais 1614,
le comte de Germont-Tonnerre, lieutenant-général de
Bourgogne, prescrivit aux sujets de la baronuie de veiller,
nuit et jour, autour de cette forteresse. Le 13 octobre de
Tannéç suivante» le prince de Coudé, du canip. de Merry-
sur-Seine» ordonna qu'il y fût établi «ne campagwie dt
cent hommes de pied pour être en msiiene propre et eomwufde
de bien faire la guerre (1). Par une autre ordonnance en
forme de manifeste , datée du lendemain», il commanda k
Olivier de diastellux de lever «se compagnie de, soixante
chevau- légers , et d'étabUr dans son château et place de
Chastellux un lieutenant et autres officiers pour le com-
mandement Il l'autorisa eu même temps à faire la guerre,
prendre villes et places, comme aussi de lever iaiUes et
subsides et autres Inq^tlons des élections d'Avidkm» de
Semnr et de Yéaelay, pimr Tentietleu de ces troupes (2).
(1) AfcViv. de Ghaitellui.
««A •
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LË UORVANIX 173
lie ilioiiCiiilNre'Safifattl» eonii» le baron deCSiasIelliix
était sorti avec sa compagnie et opérait avec elle dms les
. environs , le capitaine Pantin , qui couniit le Morvand avec
' ses gens» s'empara de la forteresse et s'y établit Olivier,
en 9f9ttt re^a la aeuMley aoooiut a»itdt eo toute bate,
attaque la plaee avec figaenr et l'emporte. Le capitaine
ennemi et un soldat trouvèrent la mort dans l'actiou^ et
les autres furent faits prisonniers (1).
Ce a rt gnem «ralt amené avee M, cinq ans attpara-
4e la IMeiraohe, pays mfaié par les guerres/
une colonnie de Picards, liommes, femmes et enfants,
auxquels il distribua des terres h défricher dans diverses
parties ile ses seigneuries de Aiarigny* l'Église et de
Qwfé*-]ei-'Son4>eK €'est aM ^'ont été fondés les
iMuncaïA. de Qmewum, des Mms^de^GhasteUmaf et des
Champs - de - Bornoxix. Olivier mourut en 1617, et fut
inbumé dans l'église de Quarré , où Ton remarque encore
son aMbseléa Hernie^ son fib, lui succéda dans son
gousmn gBKt de Gravant, et <ditbit du rot Louis Xm,
en 1621 , l'érection de sa baronnie en comté (2).
A partir de cette époque, Thlstoire de nos montagnes
n'ûflto pins- guère, d'intérêt Ce ne sont que des faits
paiHadtefs et locanx, dont nous parlmns dans les
notlees des viOe», beoifi ou villages qu'ils concernent
La féodalité avait alors perdu toute son ancienne puis-
sance. Les seigneurs n'étaient plus, sous Richelieu et le
gnuÉt NÉ, dont il prépara le régne g^orieux^ que des
s^ielsaiwnils et dévenés an diefde l'État, qui avait con-
centré dans ses mains tous les pouvoirs. On n'entendit
plus parler de guerres civiles , encore moins de guerres
seigneuriales» La iïance, forte an dedans, respectée au
detarsy ne tivatt plna aa poissante épée que contre les
(1) Grand imtntoiiin,
(S) lÀw Noir, p. 40
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174
Ml MÔlIYAm
ennemis de la patrie, auxquels elle il sentfr souvent toute
la pesanteur de son Inrasi LelMt des aunes ne retanil
plus en Morrand , et ses paisibles échos ne répétèrent
plus les cris tumultueux des combattants comme dans
les siècles précédents. La renommée seule y apportera
désormais le rédi des i^iieux triomphes dus à la vaMr
incomparable des Gondé» des TuFenne et antres TaOtanls
chefs de nos Invincibles armées.
Le Morvand peut se glorifier d'avoir fourni , dans oes
temps de gloire et d'héroïsme, aux années de la patffte,
plusiews capitiÉnes très* distingués. Nous eUcroÉs> au
premier rang , Oiarles ëe Montsanlnin , chefidiery eonrte
de Montai , et Sébastien Le Prestre de Vauban , guerriers
renommés par leur courage et leur profonde théorie
de l'art militahre. Le premier naquit, cnlM9, muk Anhmi,
manoir seigneurial situé au pied de la montagne de
Lormes. Il prit de bonne heure du service, et montra
tant de bravoure , qu'il mérita le titre glorieux de hà'os
du Èiorvemd, qae lui donnèrent à l'envi ses oontempo-
ratais et ses frères d'armes. U se fit remsrqncr pnflea*-
lièreamt dans la défense des places fortes , et Louis XIV,
dont le témoignage est de la plus grande valeur, disait
avec une sorte d'oigueil , que ses ewsemi» le respectermau
toujours dans ses pUues (!)• Il mourut à Danknqw, le
21 septembre 1696, a^ee le titre de llenteiMHt-fénëral des
armées du roi , et n'eut pas le temps de recevoir le bâton
de maréchal que le monarque lui destinait C'est en sa
faveur qpe la seigneurie de Montal,silHée dansla oemmime
de Dun-les-Places, Ikit érigée en eemté. Le prince lui avait
aussi fait don de quatre pièces de canon, prises sur l'ennemi,
et que Ton voyait alors dans son château de Thostes (2).
Le second , celui que le Morvand compte encore avec
(Ij AxQi KTii., iiist. fie France; Coi RT^riE, tome vi.
{3} Ibid, tome VI ; Pièce$ manutcrites.
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LK MORVAND. 175
plos d'orgueil au nombre de ses enfants^ et que soii génie»
sa science et son conrage ont porté an faite de la gloire
et au plus haut grad e militaire , naquit le 1^ mai 1633 , à
Saint-Léger-de-Fourchereti, près de Quarré-les-Tombes,
où l'on conserîe précieusement son acte de baptême» qu'il
nous a été donné de lire et de transcrire.
Vers ce temps-là, l'antique manoir de Vésigneux, situé
au nord Saint-Martin-du-Puy, était le rendez-vous ordinaire
de toute la baute noblesse des environs. Le comte Jean-
Louis de Bourbon-Busset» dont la fortune égalait la nais-
sance > y faisait alors sa résidence habituelle. H aimait à
s^y entourer d'une petite cour , et , ciiaque année , dans
la belle saison» il y donnait des fêles brillantes auxquelles
les princes du sang eux-mêmes ne dédaignèrent pas de
prendre part Le grand Cmûé y venait souvent se délasser
dès fatigues de la guerre » et y respirer Talr pur et frais
des montagnes (t).
En 1649» ce prince qui» l'année suivante » devait voir se
fermer sur hd les portes de Vlncennes» passa à Vésigneux
quelques jours de repos. Sa présence fut le signal d'un
concours considérable de seigneurs du voisinage, et le
château prit l'air le plus animé» un air de fête. On remar-
quait» parmi la foule des visiteurs» un Jeune homme à
la chevelure blonde »^ à la figure ouverte» mais dont les
manières timides attestaient l'inexpérience autant que la
jeunesse; c'était Vauban, qu'AIbain Le Prestre, son père»
était venu présenter au héros en qualité de conscrit
Gcmdé» avec cette perspicacité et ce Jugement solide qui
caractérisent les grands hommes, s'écria devant toute
l'assemblée : « Je me trompe beaucoup , ou le petit
» bonhomme ira loin un jour; i et il l'admit dans son
régiment (2). Dès-lors» un vaste champ s'ouvrant devant
(1) Archives de Vésigneux; Mamucrit.
(3} Archives de Bazocbcsi Manmcrit de 1890.
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176
LE MORVANa
lui , iiolre jeuue Morvandeau put domier auTière à sou
immense et lurUlant génie ^ et cultiver avec fruit ces4nGom-
parables taleats militaires qui lui ont vatai une réput^tien
européenne.
Son activité était sans égale; « aussi ^ dit Foutenelle (1),
» c'est le seul homme de guerre pour qui la paix ait été
» aussi lalMrieuse que la guerre même» > « C'était» sijoute
» Gourtépée (2) , un Romain qu'il semblait que le dixr
» septième siècle eût dérobé aux plus heureux temps de
0 la république. » Il a réparé trois cents places anciennes,
et en a fait trente-troi» Aeuves. Il a conduit cinquante-
trois si^es jt dont trente-deux sous les yeux 4» roi« et s'est
trouvé à cent quarante actions de vigueur. Plein de fidé-
lité envers son souverain , mais aussi plein d'iudépefidance^
il aima toujours mieux servir que plaire.
Louis XIV 9 pour récompenser ses, immenses services,
érigea sa selfi^eurie de Baxoches en comté» sous le noin
de Vauban, et lui fit don de quatre pièces de canon
à Philisbourg , qu'il plaça dans son château. Enfin ^ prises
en 1703» le monarque le créa maréclial de France» dignité
dont il ne jouit pas long-temps» car 11 mourut quatre ans
après. Le roi et tousses contemporains le regrettèrent sin-
cèrement. Son cœur , qui avait été déposé dans le caveau
de r église de Bazoclies^ fut soienneiieuient tiansporté^
■
en 1809» par ordre de l'Ëmpereur» sous le ddme des
Invalides» à ÏParis {%\
Nos montagnes furent affligées, pendant le cours du
dix-septième siècle, de divers iléaux» qui les désolèrent
tour à tour. Le 2k mai 1635 et les deux Jours suivants»
Il survint de si fortes gelées que les vignes » les sdgles et
la dernière pousse des arbres furent presque entièrement
gâtés. Les populations en furent désolées» et l'auteqr du
(1) Œuvres diverses.
(S) Tome vi.
(3) Peurs , arl. U Pnt^t Itaimerit,
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!«£ MORVAKiO. 177
mauiittcrii, auquel nous empruntoos ces délaJk » s'écrie
fd^ d'elDroi : c Dlen veuille apaiser son ire (1). »
Deux ans après, une terrible épidémie ravagea plusieurs
localités de la partie nord de notre contrée ; mais aucuue
n'eut plus à souffrir que la ville d'Avallon* Plus de sept
cents persmines de tout âge y perdirent la vie dans cette
fatale circonstance. Un drapeau noir llottait aux sommets
des tours et du cloclier des églises en signe d'allliction (2).
Nous lisoiDs dans les archives de Vésigneux que les seL-
Snears.dn Monrand défendirent h leurs ^ets d'7 metb«
le pied^ sous peine d'une amende de cinquante livres;
mais cette précaution n'empêciia pas la maladie de suivre
son cours.
De cette époque jusqu'à 1^93, Tbistoire ne nous dit pas
s'iUurvint des calamités désastreuses; mais alors le paysfiit
afiligé d'une affireuse disette , qui dura une année entière ,
et qui s'étendit sur toute la France. Les diverses sortes de
provisions étant consommées, nos maliieureuxpôres eurent
recours, comm en 1440, aux radnes de fougère , dont
ib composèrent un pain aussi détestaUe que grossier. Le
cclebre Tournefort, auquel on en présenta, à Paris, dit
qu'il était si niauvais^ qu'on l'eût pris facilement pour des
mottes à l^rûler. Pourtant la France avait alors pour la
gouverner un des plus grands et des plus puissants princes
dont son histoire fasse mention ; on ne parlait que de
gloire, que de triomplies! L'homme peut subjuguer ses
semhlahles^ faire plus ou moins de bruit durant son pas&age
sur cette terre; mais» dans la réalité» qu'il est petit et im-
puissant, surtout quand U faudrait vaincre les éléments et
arrêter les calamftés (3) !
Aucun siècle ne fut peut-être plu/s fécond en établisse-
(1) Manuscrit , par un curé de Rouvray.
(3) CouRT^PÉt , tome vi.
(3} Annuaire de la Nièvre, 1847; Piêem manufcrUe».
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178 LE MORVAMD.
meiiis religieux qnc le dix-septième. Aussi formera-t-ll
toujours un glorieux contraste avec le suivant, qui les
détroiaii toii& N'en cherchoiis pas la cause ailleurs que dans
reqpritde fol^qdThlfle tout et qol dmnliiait alors dans
notre'société française; tandis que^ dans te dix-bnttième,
c'étaient le philosophisme et Tincrédulité , dont le propre
est de tuer et de détruire. Ne croirait-on pas que FÉglise,
prévoyant dès-lors les coops qoe Fimpiété se préparait à
porter à la reUgfcm^ Toidût tenter d'opposer, par tontes
ces pieuses fondations» une digue à ses flots impurs et
dévastateurs.
fin 1607, les Minimes s'établirent à Avallon, où ils
fturent appelés par la pleose génénNdté de Léonor de La
Magdelaine, marquis de Ragny. Ces bons religieux ren-
dirent les plus grands services aux habitants de la ville
pendant l'épidémie qui les décima en 1637. Us soi-
gnèrent avec nn lète admirable les malades, et qoand
leurs excellents soins ne purent les arracher à la mort dn
corps, du moins ils leur rendirent la vie de Tâme. Les
Ursulines, dont l'institut est si précieux pour l'éducation
des Jennes personnes dn sexe, formèrent quelques années
après divers établissements en Morvand. Saolien le pre-
mier leur ouvrit ses portes en 162!i ; c'était une colonie
de celles de Chaumont-en-Forez. Avallon en reçut de
Dijon la même année, et Corblgny d'Auxerre. £n 1635,
celles de Nevers fondèrent à Moulins-JSngilbert une maison
de leur ordre , qui devint bientôt très-prospère; car, moins
d'un siècle après on y comptait plus de soixante religieuses.
Lormes eut aussi son couvent d'Ursulines en 1645. n fut
fondé en partie par les bienfaits de la princesse de Gari-
gnan, comtesse de Ghâteau-Ghinon, et de Jean de Mesgri-
gny, baron de Lormes-Ghallon (!)•
(1) Goomtirii, tome v et vi; Nit u La Rociibi.u, Bi»t, du Nw«moU;
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tK MORTANO.
479
De leur côlé , les Capucins s'établirent en 1625 à
Saulieu , où ils furent appelés par les pieuses faveurs de
Glaodede Ragny^ évêque d'Autim et comte de la ville.
Sept ans plus tard, Pierre Pitoys» seigneur de Qnlnclse»
• gonTemenr de Chftteaii-C3iinon , aidé des largesses de la
duchesse de Longuevllle et de la princesse de Carignan ,
fondait dans cette ville un couvent de ces révérends pères.
Les libéralités da président Pierre Odebert les appelèrent
aussi à Avallon en 4659. Lesrellgienx da tiers-ordre de
SÎdnt-François ^ autrement dits Picpus ou Pénitents, se
fixèrent en 1629 à Moulins-Engilbert , dans une maison
fondée par la pieuse générosité de Gabriel Reuillon^ juge-
lieutenant an bailliage de cette ville, et de Marguerite
Robert, sa femme. Enfin, les dames de la YlsItaHon , de
Semur, s'établirent à Avallon en 1646 (1).
(1) CouHTip^E, tome v, p. 618; àlbum du JSivem.t tome ii; Archiv. d«
Quincize. ' " '
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CHAPITRE XI.
*
Le dix-huitième siècle, qui s'ouvre devant nous^, com-
mença par des fléaux pour finir par une horrible catas-
trophe. A peine^ en effet, était-on anivé à la neuvième
année de cette période séculaire, qu'une aflireose disette
réduisit les habitants du Morvand à la dernière extrémité.
L'hiver, qui commença le 6 de janvier, fat extrêmement
rigoureux. Pendant les trois premières semaines surtout,
le froid fut si excessif, les gelées st fortes, que dès le second
jour, les rlvièjres, ausd bien que les étangs, firent cou-
vertes de glace d'une telle épaisseur (fu'elle portait comme la
terre. Plusieurs manuscrits s'accordent à dire qu'en Mor-
vand la plupart des ruisseaux et des étangs gelèrent jusqu'à
fond , et que Ton vit, lorsque le dégel fut arrivé , des mor-
ceaux de glace de trois pieds d'épaisseur. A peine put-on ,
malgré les plus grands soins, conserver quelques pièces
de vin dans les meilleures caves» Les arbres se fendirent
et gelèrent Jusque dans leurs racines ; les noyers , les
genêts et les arbrisseaux firent presque tous perdus; le
gibier périt dans les champs. Les seigles et les froments
furent presque totalement détruits dans tous les pays du
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LE MORVAND. 181
Toisfenage. te HMl-Morvandj couvert 4'iuie couobe de
neige très-épaisse^ liât un p&a moias maltraité. Les écrivate
ûm temps rapportent que la paroisse de Saint -Brisson fut
assez heureuse pour conserver plus de la moitié de sa
féoelte (i). La lunliiey qid soivU ce désastre, fat terriMe.
Lt sëgle, qui, rainée précédeûfe, se ceiiait^ db^hitt
ea vingt soi»« mottta sdMtenieiit à cinq livres , mesure de
Rouvray, et même à vingt -deux livres le bichet ou les
quarante-deux kilogrammes. Les riches eux-mêmes furent
riduitt ^ mfHWffff du nalu d'mraîne.
Le vin» qui se payait, amiie^ eommie, deux ttards la
pinte , se vendit jusqu'à douze sous , ce qui portait le litre
à quarante-huit , somme exhorbitante, si on se rappelle la
valeur de la monnaie àcette époque (2).
la détrese et.ia miaère engendrent nafnrenement le
vol et le désordre. Aussi vit-on , ça et là, des troupes de
pauvres affamés courir les campagnes et se livrer à toutes
espèces dQ capines, tellement qu'il fallut solliciter des
ordernianees pour établir des mmiers ou gafdes poiir
viMer aar las champs ensemencés. Le Mgandage dewiaA
même M excessif^ que Ton planta des poteaux avec carcans
où Ton attachait les voleurs pris en flagrant délit. Dans
plusieurs localités, comme àEouvray, on établit à l'époque
dis la moimett des patioolUes p»ur veiller aw lesrééoMqp
pendant la nuit (3).
A peine cinq années s' étaient-elles écoulées , qu'un
autre fléau, qui désola successivement l'Alsace, la Franche-
<4Qmtéj la Bourgogne et le J!91veroais» vint affliger le
Iforvandb Hue tevdble épiaoetie se r^^dlt sur tona les
points de la contrée et enleva une ^antité pr o dig ie use
d'aQim^u^ dq i'Qspèoe^tîovine , si nombrcMse dans aos
(1) Annuaire de l'Tonne, 1851, p. 818; minroserit de Rouvray.
(2) Archiv. de Montsauche.
(3) Manuscrit de l'abbé Berthaut, ouré de Rouvray.
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i8S LE MORVAim.
aoiitagnes^ Uout eile fonne la principale ressource. On
employa divmes mi» 4e tratterneBl»; mais la mibi^
die cootiiraaBt toitfoHrt ses ravages^ on eut reoom an
supplications nombreuses publiques, et des processions
s'organisèrent dans toutes les paroisses. On se rendit aussi
en pèlerinage dans les lieux renommés pour cet eiielpar
la 4éf otion p^^poUre. Hais antte part on ne fit mie il
grande aflfaienee qu'à la cfaapdle de Saint-Grégoire , sitaée
au nord-ouest de Sainte-Magnance , village du canton de
Quarré-les-Tombes. Il y vint des pèlerins de rAutonois»
de TAniois» du KifemaiSy et Joaqne dn Charollais- et do
dnlonmys, teUemênt que , selon l'estimation eomntfM,
le nombre s'éleva à plus de dix mille (1).
En 1736 , la famine se déclara de nouveau en Morvand.
L'année précédente^ une ^frayante couciie de neige, de
plusieun pieds, d'épalneur, avait eeuvert» pendant près
de six mois 9 le centre de la contrée. Les moissons , presque
détruites > avaient peu produit , et déjà les populations
prouvaient une sorte de disette, lorsque des gelées tenft^
Mes surfinrent an moisde juin, et détratÉrent reipéinsce
dn teboureur.
Du 12 au 15 juillet même, elles se firent encore sentir si
rigoureusement dans des pays beaucoup plus tempérés
que le Morvand, comme dans PàwMls et rAmeROU, que
les chenevières, les vergers, les avoines et leaorges Itarant
entièrement ruinés (2).
Un mémoire, présenté alors au contrôleur général de
Bourgogne, porte que le fimnent valait soÈcante livres le
setter de Paris, le seii^e trente, le sarrasin autant^ et
l'avoine vingt-quatre, etque même on ne pouvait en avoir
pour de l'argent (3). Le Morvand souffrit horriblement, et
(1) Manuscrit par un contemporain.
(9) Annuaire de l'Tonne pour 1851 , p. 308 ; Notice mamuoriU.
(3) Arcbiv. du chftteau de La Roch^n-Breny.
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U IKATANO. 188
ua grand nombre de personnes moururent dans les affreu-
acn eonvoUykHis d'une faim dévorante.
Neuf ans apiès^ nnorage^ comme de mémoire d'homme
en n'en a?att m d'an»! terrible ; un orage qui , dans ses
flancs ténébreux, portait répouvante et la mort, se forma
tout à coup du côté de Touest^ sur ChâîiUonrm^^BazoU,
dk Goui^épée (i). BienlAft on le tU s'avaneer a?ec mi
temrd el kisiibie fracas , qui laissait pressentir telle-
ment tout ce que l'on avait à en redouter. A son appro>
che il s'éleva un ouragan épouvantable > les coups de
tonnerre devinrent écrasants» et la fondre et la grêle
fl^iutfrent Incimtlnent pour renverser el iioiir détndra
Tout fut saccagé , anéanti , de l'onest à Fest , depids
Châtillon-eii-Bazois jusqu'à Sainte-Reine. Nos campagnes
furent couvertes des débris de maisons renversées sur
leuis liafaitants* lesiîNréts'encombiéas d'aihres bcisés on
dâracfaiés (2).
Ce n'est pas tout; mie épizootle > plus terrible encore
que celle que nous avons rapportée plus haut, et qui, au
raifort âss.mémoires du tmi^, épargnait à peine dem
«BimaQi; sur cmil , fondit sor Tespèee bovine el la détmlsil
presque tout entière en Uorvané. La diartreose d'Âpponay
perdit tout le bétail de ses domaines. Plus de onze cents
pièces périrent dans la paroisse de iklontsauche. Brasqr^
Dun-les-Placesi Blarigny-r^Use» Monx» AlUgny» OurouK»
Plaachei» Qaarré4es-Tmnbe&;... en conservèrent à pdne
pour cultiver les terres. Pendant deux ans entiers, on n'en
vit plus sur les champs de foire des environs. A Ouroux
par exemple» à la foire du 23 novembre de cette année
17ii5, il n'y eut pour to«| bétail qoa sept ohèms
(1) Descript. de Dourj , tomo i«r.
(2) Ibid{ Notice manuscrite.
{d)Biêt. de la chartreuse d'Apponay, p. 3ô; Arcbiv. de la paroisse do
Montsiiiche ; Registre paroiss. d'Ouroux.
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Moins de quinze ans après, en 1758^ des pluies (orren-
tiellesy qui conunenoèi^nt an mois de juin pm ne iMr
qu'en septeiAbre^ ne pernrirent pa» ée»enlreries- >é e o i t ea
Les foins pourrirent dans les prés et les seigles germèrent
dans les ciiamps. Une disette devait être la conséquence
de ce contre-temps; elle eut Heu. Biais Tannée qui suivit»
et sttrioni la qwMôiie > fot si aiwntote qné
ralut que quinze ou selie sous la meswe de Lormes y elle
vin dix-tiuit livres le tonneau ou les deux. cent quarante
Utres (1). • ' *
En 1770, le Monrand AU afligé d'vn Mver eitrémemenl
rigoureni. Une épaisse coudie de neige eoun4t pendent
plusieurs mois le pays tout entier et le tint comme enve-
loppé d'un funeste linceul Des gelées désastreuses snr-
tlnrent ensuite et détruisirent toutes les semences, à tel
point ffu'U n'y tût de seigie éUms tout te HoM-BÊ&nmd,-
Des pluies continuelles , comme ceOes dont nous venons
de parler, désolèrent la France entière. Cette année
encore on ne put enlever les blés, qui germèr^t dans les
èhamps, et les foins ne toent rentré^ dans tentes nés
mbnisifnes qu'an mois de s^tembre. Les céréales devinrem
bientôt fort rares et se vendirent , savoir : le froment dix
livres la mesure de Lormes , et le seigle neuf (2). La popu-
lation du Mmand eut màoore à tramser alets une lépnque
bien dittolle»
n semble que pendant le cours deee stMe, nos nnd^
heureux pères ne dussent sortir d'une calamité que pour
retomber dans une autre. Une contagion ou peste , qui
eoBviit le pays de deuU, ravagea nos campegnea en i77S;
mais nul endroit plus qoe Sautten n'eut k aoulMr de ses
funestes atieintes (3).
(1) Archiv. paroiss. de MonUauche et de Marigny.
(2) Ihid.
(3) CouRT^PBE , tome vi. '
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LI MORVAim.
485
fiions toudums enfla à cette époque terrible^ À çeUe
eite iftifUBÉe gol ira ftoutevener la Fjranoe toat entière»
la cfNnrrir» de Tortent à Focdiient , de débris et de ruines ,
changer les institutions antiques de la monarchie et du
royaume^ proscrire la religion et le culte de Dieu, et par*
demis toiil» Inonder la pairie du sangr de ses enfimts»
Depnis phistems années, une fermentation sonrde
régnait dans les esprits. Les finances de TÉtat étaient
obérées. La philosophie , prêchée par les Voltaire , les
Jean^acqaes Rousseau, les Diderot» les d'Alembert» a?alt
porté des Iralts de mort. Llncrédiriité a?alt gagné les
haoles dasses , asseï aveugles ponr ne pas voir Fablme
qui se creusait sous leurs pas. Un amour effréné de la
liberté et de l'indépendance dominait toutes les cons-
ctenœs» On demandait de toute part des réformes» ot les
privilégiés ne voulaient entendre à aucune composition.
Enfin , diacun se sentait mal à son aise. La partie saine et
éclairée de la nation comprenait qu'un changement et une
aoiélloration dans le système politique et administratif
étaient néoessaireB, le roi lui-même les désirait; mais la
difficulté était d'y arriver. Le moC dVrats générmus ,
échappé comme par hasard , fit fortune et courut bientôt
dans toutes les bouches ; la convocation en fut résolue.
Mais avant leur réunton» le monarque Toulut connaître les
vceax et les besobis du peuple, et il y eut pour cela des
assemblées du tiers-état dans les grands baillages royaux
et seigneuriaux. Des cahiers de doléances, où Ton exposait
les abus à retranc|ier et les réformes à opérer, y fiirent
A Àutnn, à Saulieu, à Âvallon eurent lieu décès sortes
de réunions pour la partie du Morvand qui dépendait de
la Bourgogne ; à Mevers, pour celle qui relevait du Niver-
nais» et enfin à Saint-' Pierre-le-Moûtler poiur le comté
de Ghâteau-Ghbion et ses dépendances, et les antres
franc -alleux compris dans la province. L assemblée du
43
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186 LE MORVAND.
lier»-état de ce iMiUàge royal, à laquelle Mistèraiillef
députés des paroisses de Château-Chinon, de Lormes, de
Brassy> deDun-lcs-Places , de Gien-sur-Cure, de Planchez,
d'OsroHXi de SaintrUUaire, de SaiBl-Légerr^ft-roiii^itti,
de Sidiit-*Martiii-âa*Puy» rédigea , le ^ mait» m
cahier de doléances composé de quatre -vingt-dli-lndt
articles > dont plusieurs sont empreints de beaucoup de
sagesse^ et nooft moBUeatiea nombreux abus qui existaient
à cette époque Nous dteHHis , pour eranple^, le quarame^
troisième : ,
« Que les justices seigneuriales, qui donnent aux paysans
» la faculté de plaider , qui augmentent la masse des pro-
* cédure&> qui:nttltiplieDt les degrés de jundiotion^
» favorisent la chicane , qui oocasionBent la luîne dès
» parties, en les obligeant à perdre beaucoup de temps
» et à faire des frais énormes pour les plus minces objets;
• qui manquent presque toutes d'auditoires et de prisons^
» et qui n'ont communément pour Juges que dcs-prattoieDS
> ignorants, qui tiennent leurs audiences dans les cabaiels,
» et sont dans la dépendance absolue des seigneurs, qui
» ont le droit et le pouvoir de les destituer arbitrairement^
» aolent snp|irimée&.... »
Convoqués le mai, les états-généranx prirent» le
17 juin suivant, h la majorité de quatre cent quatre-vingt-
omse voix contre quatre-vingt-dix, le titre d'Assemblée
natianaU» Dès^liffs , il en fut fait de la vieille société teur.
çaise, la révolnliott éttit opérée. .
Elle débuta terrible , le i& juilkt 1789, pa? la prise de
la Bastille par le peuple. Les prisons ouvertes mirent en
liberté une foule de mal^tenrs qui épouvantèrent la
France. Une terreur penlque, se répandit dans toui la
royaume et s'empara subitement de nos eampagnardaqniy
armés de faux, de piques, de cognées, coururent, à
Tannonce de l'arrivée des brigands, d'un village à l'autre ,
sans Jamais les fencontrec. Tei \iXk99^y dissit-on# est piUé »
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tB MORVAND. 187
saccagé» unu y 9st à ffm-et à sang, On*arjrivait» c^étaît
plus loi». Cette éj^oqie a toqfoon été nommée de|>ois par
le peuple ; l*«mnée de la peur.
Si les doctrines philosophiques et aiiticli ré tiennes
avaient 9 ainsi que nous Tavons remarqué fiius haut»
iBlèclé les hantes classes, le peuple, M an moins, avait
conservé l'antlqne esprit ée foi et de reB^n. Les villa-
geois du Morvand surtout se faisaient remarquer par leur
attachement profond aux croyances de leurs pères. Aussi
viient-ils aiee chagrin les spoliations qoi s'opérèrent de
tonte part, en vertu du décret dn 2 novembre 1789^ qui
déclarait les biens des églises propriétés nationales. Ces
biens 9 fruits de legs pieux et de fondations pour la mémoire
perpétuelle des défunts, avaient été jusque-là, et à bon
droit, respectés ccnnme une diose sacrée; raliâiation
et Facqniiltlon devaient naturellement en être regardées
comme criminelles, comme des actions impies qui porte-
raient malheur.
On comprend aisément qne, sous Tinfluence de smn*
blables idées, qui honorent nos pères, les acquéreurs
durent se présenter en petit nombre, lorsqu'on vendit
ces immeubles dans les divers districts du voisinage , et
que» conséquemment, cette vente iiit, en Morvand,
pea profitable an trésor pubUc Site ne M avanta-
geuse , en effet , qu'à quelques partfeulieiB ^ motas déH^
cats et surtout moins religieux , qui s'enrichirent à
peu de frais. On cite tel domaine qui fut payé avec le
prix d'une partie, dn ohept^ : teile fioiét qui ne coftta
qœ le montant de quelques pi^es de bcrafs. Une espèce
de réprobation publique était restée, jusque dans ces
derniers temps, comme attachée à ces sortes d'acqui-
Biais ce qw nos bons Morvandeaux virent avec infini-
ment plus d*horreur, ftat l'indigne profanation des temples
du Dieu de leurs pères par quelques révoiutionnaiies
186
LE MORTANO.
exaltés, qui renversèrent les autels 5 brisèrent les images
des saints et les croix, et ciiangèrent ensuite les asiles de
la piété et de la religion en lieux de rémdons sacriiége&
On tenait ces actions impies et .odieuses pour si exécra-
bles, qu'OB ne poQ?alt supposer que Dieu les laissât impu-
nies même dans cette vie. Aussi, il n'est aucune commune
du Morvand où l'on ne cite quelque exemple d'un terrible
diâtiment infligé par la Proyidence aux ^ofanaleiirs cou-
pables de Boaéglise& H est certain que la main de Dieu
a para s'appesantir sur la plupart de ces bommes crind-
nels^ et qu'ils ont fini d'une manière vraiment malheu*
reuse.
L'assemblée constituante ayant supprimé les proviaces,
et décrété» le 26 janvier 17dO, une nouvelle division
administrative de la France, le Morvand fut alors partagé,
ainsi qu'il a été dit en commençant » entre les départements
de la CôteHl'Or> de la Mièvre» de Saâneret-Loire et de
l'Yonne; puis subdivisé entre les districts de Sanlleu, de
Semur^ de Chflteau-Ghinon^ de GpiUgny, de MouUns-
Engilbert, d'Autun et d'Avallon.
Les districts ayant été supprimés à leur tour par la
coostltaCioii de l'an vm 9 le pays fiit réparti entre les amm-
dissements communaux de Beamie et de Semur, de Châ-
teau-Chinon et de Clamecy, d'Autun et d'Avallon, et telle
est la division administrative encore aiyourd'liui existante.
Plusieurs cantons» comme ceux de llrassy » de Gervon» de
Montreniilon» d'Onroux» de La Hocbe-Milay^ de Rouviay
et de Saint-Didier-sur-Arroux, furent aussi supprimés.
L'assemblée nationale ne se renferma pas, comme on
le sait» dans le cercle des aflàires dviles et politiques.
Poussée par la passion des innovations qui s*était eaupucé^
des esprits, elle voulut aussi opérer dans Forganiiiatfoii
religieuse les changements qu'elle venait de faire dans
l'administration civile. Elle décréta donc • le S juillet sui-
vant» sur le travail de Boifr4<andry» marchand de la rue
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LE AIORVAN0. 18d
Saint-Denis^ une nouvelle dreomseriptkm des diocèses ^
dont elle réduisit le nombre à celui des départements y et
auxquels elle assigna les mêmes limites , ce qui amena la
cùmtkvAion emile du clergé. Le Morvaud, presque tout
oompris dans Tautlqae diocèse d'Autan ^ ftit alors divisé
entre ce dernier ^ ceux d'Auxerre^ de Dijon et de Nevers»
Un serment, contraire à tous les principes canoniques,
ayant été exigé ensuite de tous les prêtres, U s'en trouva
m certain nombre d'asseï ftdUes pour se oonfomer à
cette loi inique. Qn^ques-uns , qui n'en avaient pas sôitl
d'abord toutes les conséquences, ou qui avaient été
entraînés par l'exemple de leur évéque , comme dans le
diocèse d'Anton» se rétractèrent bientôt» et tout le corps
dn dogé se trmiva ainsi divisé.
Les ecclésiastiques qui se soumirent et acceptèrent le
nouvel ordre de choses , furent désignés sous les noms de
prêtres constituiionnels, intrus, assermentés Wk jureurs* Ds
restèrent, Jusqi^à l'entière suppression du culte , tran-
quffies à la téte des paroisses , tandis que les prêtres fidèles
et courageux, sous le nom d'iri^crmentés ou rcfractaires ,
furent repoussés , poursuivis et traqués comme des bêtes .
fàvves. Plusieurs d'entre eux ^expatrièrent et allèrent
ctarcher à l'étranger la sûreté qu'ils ne trouvaient pins
dans leur malheureuse patrie. D'autres, protégés par
de pieux fidèles , qui s'exposaient ainsi à la persécution ,
même à la mort» échappèrent h toutes les recherches;
mais le nombre en fàt Men petit LapUqiart» découverts.et
arrêtés, expirent dans de sombres cadiots ou au fènd de
cale de quelque galiote, leur fidélité à Dieu et à leur
consdence. Parmi ces derniers» nous citerons J. Adelon»
curé de Menffontahies; Gagnard» euré de BUrigny-l'IsIgiise;
Moreau ainé» Jésuite réddant à Ghdteau-Chinon ; 'Moreau
jeune, son frère, curé de celte ville; Berthaut aîné, curé
d'Arleuf; Berthaut jeune» son frère, curé de Glux; le
pieux Boussière» qui gouvernait avec beaucoup d'édifica-
190 LE MORTAND.
tion la paroisse de Chalaut ; Pirel , qui admiuistrait celle
de Saint -Hiiairc; PaDoetrat, curé de Poussignol, mort
dianoloe honoraire de Mevers; Douffecfaon y religieiii
capidn^ k GiAteav-Gliiiioii; MaHaparty coré 4e toy;
Durand et SacUer, ses deox tleatoes^ et eoin YMié
Ducrot> qui remplissait les mômes fonclions à Bazo-
cbes.
Tous ces généreux oottfenears de la foi lnrent d'aboié
reifiennés à Nevers, dans Fanoien grand aéadnaire, mm
beaucoup d'autres de leurs confrères des environs, puis
déportés jusqu'à Nantes et à Brest, en ?ertu du décret de
la conTenliOQ du 26 mai 1792. Qoi pourrait dire toitts
les pritatiDiis « toutes les sonffirances qu'ib eadurèpeitt pen-
dant leur dure captivité ! Cîomme le bienheureux Ignace ,
évêque d'Antioclie, ils pouvaient s'écrier que les hommes
s'étaient, pour eux» changés en bêtes féroces, et que leurs
gardiens étalent autant de léopards, qne le him qt^Hs
tâchaient de leur fidre, rendait eniïore plus fnrienx et pies
méchants (1). On ne leur parlait qu'en jurant, ou en blas-
phémant. U ne leur était pas permis, même en msUadie,
* dese proGverqnelqve adondsseinent. AHantes^ils forent
Jetés am fond de eale d'mie galiote qui lemr sertit pendant
quelque temps de prison. L'air qu'ils y respiraient , était
si fétide , si corrompu, qu'un médecin envoyé enfin pour
lei visiter /se sentit, en entrant, snffoqné et oonvert de
snenr, etdk^enseretrantpromptemente c SionmeWit
» Ui quatre cents chiens pendant une nuit seulement , le
» lendemain on les trouverait morts ou enragés (2). »
De ces quatone vertœux prêtres, neuf sœcomiièrettt
sens le poids des maox qn'ils endorèrent, et dnq revirent»
après un martyre de quinze ou dix-huit mois, leà mon-
tagnes témoins de leui* zèle et de leur ferveur; ce furent
(1) GontMCi!Êiû,¥(êd»9aint Ignace p 3 février; Bréviaire paririen,
0) LégendaiN d^ÉÊkmt |gme i , p. 181, -
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LS MOAVAMil. . 191
tes ^^Mt abMs Bevthaut Jeime» Fanneirat , Moieau Jeme,
Durand et Saclier (1).
Cependant les quelques prêtres qui avaient échappé à
tootas tes vechercbes» se Uviatent, malgré te sète barliare
et la sumiUaiiee teboinaiiie de leurs persécnteiirsy à
l'enrcice du saint nrinistère , baptisant les nouveaux-nés,
entendant les confessions des adultes , et célébrant les
divtes myslèfes UatAt daas une grange obscnre, tantôt au
ftmd d'une sembre fknrêt» ainsi qve te Ût lon^mi» te
véiiéraMe Gharles-Gafl^rlel Lmnnaln, cnré de Brassy; et
toujours une foule considérable , accourue en secret , se
pressait à ces sacritices nocturnes offerts à Dieu par un
proscnL
• Btafin , l'époque des Tloteotes Télémes touehail àsa Jn.
L'affreuse anarchie qui pesait sur la patrie et l'avait cou-
verte de deuil, était tombée, le 29 juillet 1794, avec la
tôte dn faroncbe Robespterre et oeltes de ses terrilites
snpyôtsi Déltefde des monstres qui loi afitent dâcMré te
sein , la France respira , un peu moins oppressée , sous le
gouvernement directorial qui suivit Mais débile comme
un malade au sortir d'une longue et douloureuse agonte ,
snoensdiam presqpB» flous te poids de ses maïux , él^
tait de tous ses vcem une main bardte et forte qui pid
cicatriser ses plaies et l'arracher à ses funestes angoisses.
Un seklat; sans auti e reconunandation que sou épée forte-
ment tsenq^e» se présente s elte l'accepte arec une espèce
d^emtimisiasme, et hientdt, d'autant {dus Joyeuse.qufelte
af oit été plus affligée , elte lui posait sur te tôte le diadème
des empereurs.
La population du Morvand , naturellement amie de la
gloire et des hauts faits militaires^ bien que pourtant elle. '
ait peu de sympathie pour le maniement des armes , s'attar
cha fortement au nouvel empereur, et lui voua un amour
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192 LB MOaVAIiD.
sincère. L&guenier était pour elle ime espèce de demi-
dieu , et volontiers elle l'eût cru immortel. En eflfet , long-
temps après que Napoléon I" eut payé , sur le rocher de
Saiot6-HâèDe> son tribut k la nature, les Murandeam
refusaient de ordre à sa mort^ oonune si on béros ne .
devait jamais mourir. Ils prouvèrent surtout leur attache-
ment pour le grand homme ^ quand ^ en 1815 ^ il quitta
rUe d'£lhe pour venir régner encore cent jours à Paris. A
son pass^ k SauUen, k Rouvray, à Aialkm» Il Ait
accueil]! aux cris mille lèls r^tés de : Vioe l'Empereur î
au bruit de la mousqueterie et au son des cloches lancées
à toute volée. Nos bons campagnards , ivres de joie , se
portèrent à sa rencontre» et le saluèrent avec le pins vif
eiâiOQSlasme. On vit, dans ces villes, de vieu mlHtaiveii,
des larmes dans les yeux, s'approcher de sa voiture et en
baiser les roues.
Pourtant, nous devons le dire, son amblUoii, qui coûta
tant de sang à la France et porta la désolation et le deoB
entant de femmes, avait enlevé, dtaqne année, m Mor^
vand, un bon nombre de ses enfants. Plus d'une mère,
près de se séparer d'un fils bien-aimé, qu'elle n'espérait
1^ revoir, avait maudit, dam son cov nkséré» l'aaiew <
de sa peine. Combien de famiOes s'étaient vnes en outre
mettre à une dure contribution^ parce que leurs enfants,
ou retenus par les larmes d'une mère désolée , ou déser-
tant les champs de bataUle, oii la mort moissonnatt en
reine, avaient ftd an sdn des forêts 1 Ifimporte; à peine
les plefors avalent-Us cessé de oonler, que tout était oublié,
et que l'Empereur régnait sur les cœurs ; tant était grand
le prestige qui s'attachait à sa perscmne , tant ét^ fort
l'amour qn'on lui poftattl
%
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CBAPIIBE XII. .
iBfMlM; le caai» âm l«i«to; le Cmré et le «eMune; Feilae;
■ne feeede 4e velenre; le iMCeanitleB.
TM l6 Miiét coBMlt teft mm fid ame^^
de rsmpire » et que eouonma ^abdication de Hap^Mm ,
signée au château de Fontainebleau , le 5 avril 1814 ; puis
le départ de ce prince, le 20 du même mois^ pour l'Ue
d'Slbe 5 fii loi avait été donnée en toute soaveraiiielé afee
deu mUttonide revennt Un empire devfngt^dnq à trente
lieues de tour^ et qui ne renfermait pas plus de treize mille
sujets, ne pouvait satisfaire celui qui avait commandé à
r£urope entière. Aussi le quittait-il secrètement > le 27 fé-
vrier de l'année nivante, pour revenir en France reoon-
qoérfar le trtoe brOIant dont il était descendu. Dans sa
course rapide et triomphante des bords de la Méditerranée
à la capitale y Napoléon traversa le nord-est du Moryand,
^ reçut» ainsi que noos valons de le rappŒterj, daw cette
partie de son tn^^ , des témoignages d'Une vive sympalUe
de la part des habitants de nos montagnes. Mais la fortune
qui l'avait élévé si haut^ et qui parut encore lui sourire UA
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194 hR MORV/kNO.
moment^ l'abandonoa enfin pour toiqours; et la baUïUe
de Wateiloo» perdae le 18 juin 1815 5 Ait la consomma-
tion de la ruine du puissant empire qu'il avait fondé au
prix de tant de victoires.
Maîtresses de la France, les armées étrangères se répan-
dirent, dans les provincos de la itre di;oite de la Loire» et
le Honrand fut parcouru en tout sens. Bien qu'elles n'r
aient séjourné que très-peu de temps , la contrée néan^
moins en fut grevée et s' eu ressentit douloureusement
A leur approche , les habitants des campagnes , efiùrayés ,
8'enfiairent de leurs cbaumières et coururent se cadier» eux
et leurs troupeaux, au fond des bois; à peine quelques
villageois plus intrépides se hasardèrent -ils à rester au
hameau devenu solitaire et sUencieui.
Dans ces grares circonstances , la petite ville de Lusy
fat occupée par un corps d'année de trois mille hommes
de pied et de six mille chevaux, sous le commandement
du comte de Franqmont , officier - général au service
du roi de W^urlembeis. Une ville de si peu d'Importance
ne fCiaiiBik léger ttnt de mmS», ime lit aux Wvtenn
lMiv0ois4e se ^ter dans la baiMoe> <it nÊmût-immm
on camp dans la prairie voisine.
n anfva» dans TintervaUe de lemr s^eur» que le feu
prit, auinilleadelainit^dansQnmagasindefotdrrages»
et menaça la vflle û^txB. enâ^fasemént j^nérsft. âiMtdt le
lugubre tocsin retentit au beffroi, et appela les habitants
à la défense de leurs foyers en périL Dans un instant,
tonte la population est sur pied. On accourt tecominem
ée tous les tetm de la ville : €»n se mêle, m se heiitte»
on s'interroge, et il s'en suit un bruit confus et extra-
ordinaire.
' Tandis {pie^decl se passait dans la ^e , le eamp, de son
4Alé> éÉMtt dais l'agUàMI et is trMdAei; •017 sfvait M
àte sotièvement du pays^ Iies^oldats, aia^vo^ des dieft,
étaient accourus aux armes, et des courriers avaient été
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LE MOU V AND. 195
dépdcbéB en tavte bile aux divers détachanarts OMdoBDàs
dam lé9eiDTlT0ii& Hris la canse da nenvenent de fa vile
ayant été bientôt connue, le camp rentra dans le calme,
et , de chaque cOté ^ on eu fut pour la peur et un sommeil
tveuUé. -
Les alliés vfm teeat pàs tatitmn cpdltes pour une
simple alerte. Dans quelques localités du Morvaad et du
voisinage, des bandes, composées de vieux soldats de
P£mpire , attaquèrent divers corps d'avant-garde , et tuè-
rent on J)leaàrent iin eertiin nomlire de oe8^traiig8r& Ltt
princif^es sarpitaes enmt tteu à là' Qteue^é'ktaï el an
pont de Clîissey.
Un canq>, dit des Latois, à cause d'un petit hameau de
la eommone de Bfoox» près éaqnel il avait été formé,
ntadssall aussi les ]Nhisciia«ds partisans du goinrerneinent
impérial. Sa renommée s'étendait au loin , et il était fort
redouté des ennemis. Pourtant, dans la réalité , il eut tou-
jours une trè»-mince Impturtance; on n'y vit jamais qu'un
petit ttomlNfe Mommes.
A leur passage à Alligny, les alliés, qui s'y étsleut
réunis en force à cause de la réputation de bonapartisme
que ce camp avait faite au pays^ en traitèrent assez dure-
ment les iMbituils. On s'attendait même an pUUge et à
rineendie; néanmotes, tout se borna mit menaeesetà
la crainte , si ce n'est à l'égard du curé , homme bon et
généreux, mais connu par ses opinions politiques qui lui
avaient vain, dans les eent jews^ la décoration de la
Ptusleurs officiers de l'état- màjor ayant pris leur loge-
ment au presbytère , traitèrent d'abord leur hôte avec
toutes sortes d'égards et de bienveillance. Mais devenu
bientôt l'objet de. la sumffiimce la pins rfgpottreuse, le
bon curé comprit que des déliMions inalvefllantesnvalait
été faites contre lui. En effet , soit vérité ou mensonge , il
pvait été accusé, outre ses opinions politiques, d'avoir
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196 LE MORVAND.
reçB chei lui tes chefii do camp des Lalois, âe a'élre
enleiida avte eox aw les HMsures à prendre^ el loêne
d*wétt lalflBé lôBdre dans son propre foyer des baUes pow
cette destination.
Quoi qu'il en soU^ le jour du départ arrivé , sa maison
tsâ dé?afltée^ sqb iiobUief cbargé mt des eharriot», et
ioi-aiètte emené prisoDider àla sotte deFannée. A qosl
sort dut -il dès -lors s'attendre ? Les tristes pensées qui
agitèrent son âme et le blanchirent pendant la première
nuit qo'il passa à Aotua, rnootrent assez qa'tt sentait toote
la gravité de sa position. HeoreaseMnt poor lot» son
é?êque , préveno à temps^ était accooro et l'avait réclamé
auprès des cbefs. Ceux-ci ^ sur les instantes sollicitations
do prélat , consentirent enfin à le lui remettre sous la
condition d'one gra?e conrecUon^ ipd fat. laissée à son
arldtrage.
de n'était pas la première fois que le bon curé avait
va sa tête menacée. Déjà prêtre en 1789 ^ il avait dû,
pendant la terrenr^ pour éviter la hadiç révolutionnaire^
qoitter le costume eeelésiastiqne. poor levélir l'anifrave
de soldat Gendarme à Amay-le-Dac> sa noavdle proiès-
sion l'obligea quelquefois à poursuivre^ en vertu d'ordres
barbares f ses confrères dans le sacerdoce > métier péni-
ble pour Ud sans doaie> et presque anasi tetriUe qnela
mort
n lui arriva donc un jour d'être envoyé, sur une dénon-
ciation , avec un de ses nouveaux collègues, pour arrêter
an prêtre^ un de ceux qu'on nommait alors réfrmtuârtu
Biais qne ûire dans cetle funeste ooeanenoe? Se satoir
de l'innocente victime pour l'envoyer au supplice , c^
répugnait à son cœur d'homme et encore plus à sa
conscience de prêtre; la laisser publiquement s'échapper,
c'était se déToner hdHBiéme à une mort certaine 1 TeUee
étaient les pensées que^ diemin frisant^ fl roulait dana
son âme..
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LB MOAYANDi 197
tepeiîdaiit w» 4en gendaniM» appNieliii«il île la
maison qui avait donné asile au vertueux prêtre; déjà
ils étaient près d'arriver j lorsque s'adressant tout à coup
à son compagnon d^annes : « Camarade , hd dit-il^ il ne
» flmt pas qoe le gibier nous éekappe, cernons la maison ; »
et tandis que, en exécution de ces dispositions, le satellite
dévoué aux ordres de Robespierre , se postait d'un côté ,
loi accourait rapidement par la porte opposée. Le criminel
dénon^alenr avait dit vrai ; le prêtre fidèle était là payaiit
une dette sacrée ; il rédtaft son bréviaire.
A la vue du redoutable uniforme , Tecclésiastique fris-
sonne, le livre lui échappe des mains, c Sauve > sauve >
9 M dit alors une voix amie , sanve Hen vite; sons ce
» coetnme qnl t^eflWiie^ reeonnais nn confrère» nn ami;
» néanmoins, sauve-toi bien vite> car Je ne suis pas seul ; »
et le prêtre, stupéfait, s'échappait rapidement, et le gen-
darme, grommelant de ce que» disait-il» on les avait
trompés» r^olgnalt son coBègoe qnl ne soupçonna pas la
pieuse fraude (i).
L'année qui suivit le départ des alliés, fut une époque
bien terrible pour la France. La présence de tant d'étran-
gers» qu'il fallut nourrir et payer » l'avait épuisée. Les
récoltes» que des pluies continneUes avaient gâtées» pro-
duisirent peu et mûrirent fort maL Aussi, une disette
terrible et dont le Morvand , en particulier , souflfrit beau-
coup» se manifesta bientôt. Au printemps de Tannée 1817»
le Ué'devint si rare» qn'û coûtait 12 ou IS fr. la mesure ;
le pain se payait jusqu'à 00 c. le denoi-Uiogramnie ches
les boulangers; les pommes de terre se vendaient 16 ou
18 fr. les deux hectolitres et demi; le vin valait 1 fr. la
bouteille.
La plupart de nos Morvandeaux se nrinèrent pour se
procurer quelque peu de mauvais pain. Un bon nombre
(1) Ces faite nous ont été racontés par le héros lui-même:
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198 LE MORVAND.
jusqu'à h» ndisMMi , fui henrenseinent fbt iprécooe et ^bon»
dante. On se nourrit, dans les campagnes, d'herbes sau-
vages cueillies dans les prés, de racines arradi/ées dans
les toél» j et d'autres Tés^tanx aussi niallaisant9 qpt âé-
geûtants» On rencontrait » çà et là , des personnes pttes,
livides , exténuées de besoin , et même tombant de fai-
blesse le long des chemins. L'enfant, à la mamplle, de-
Biaudait en vain au sein uiaternel une nourriture que les
privations avaient taiie; son alné^ rédamant du pain, ne
recevait^ le plus souvient, que de brûlantes larmes dont
une mère désolée inondait son visage. Et .pourtant on ne
ttumuirait point, on n'accusait personne ; on se résignait
UTos moBurs ont bien changé 1 Jbe pne^le^ctes canpignes
a toifjours dési^ cette ioneste époque sons le nonide
mmÊvaise année.
Dans ces tristes circonstances, une bande de dix-sept
voleurs, poussés par la passion du mal autant ^e par Ut
nécessité et le besoin, forma une horrible société ^ pmla
la crahite et l'effiroi dans la partie sné de notre contrée.
Ces misérables, réuuis des communes de Préporché,de
La Roche-MUay, de Semelay et de Villaponcçon, se livrè-
rent à diveo excès; ils attaquèrent, entre autres , le dift»
teouâe Bouton, situé près deVerrières-sous-Gl^e, oùPun
d'eux trouva la mort devant la résistance énergique du pro-
priétaire. Une seconde bande de huit malfaiteurs, ourdit,
en revenant d'une foire de iQhâteau-Ghinon » r ahominahlo
oomplot d'assaasfaier up pauvre meunier de ifilli^Bourçon
avec toute sa fanille ^ pour enlever l'argent qu'il possédait ,
et l'exécuta en partie avec les horribles circonstances que
nous rapporterons ailleurs. Ces brigands étaient vulgajyNK
ment nommés ebauffewn, à cause de la barbarie avec
laquelle ils brâlaient les membres de leurs victimes pour
les forcer à déclarer où était leur argent
Arrêtés par . suite de cet affreux assassinat ^ ces derniers
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L£ MORVANO. i99
tÊcuà tAéÉlB dâvait la oonr iirévOtate dt lalQèm» et
condamnés au supplice capital ^ qu'ils subirent à Gbâtean-
Chinon. Le terrible instrument de la justice humaine fut
dressé sur la princij^ale place de la ville > où sept d'entre
eax toeat exéoit^ en présence d'une foule iaust^iae de
^ersotties qoe la nouyeaiité da ^eetade a¥aU aHirée& Le
gouvernement, en punissant ces grands coupables dans les
lieux qui avaient été témoins de leur uûme» voulut donner»
]^ là, im exemple salut^e h notre population et la dé^
tourner à Jamais de pareils attentats.
Les années qui suivirent , furent une époque de prospé-
rité et de bonheur pour le Mor^and comme pour toute la
France. Les guerres continuelles qui, pendant plus de
vingt dm, a?«îcMl evs^nglanté le sol de rJËaropeet avaieat
armcbé tant de braa à Tagricullure , ayant entièrement
cessé, nos Morvandeaux s'occupèrent activement de la
culture de leurs champs , tandis qu'un gouvernement doux
et paternel faisait fleurir le commerce et rindwtrie. Aussi
le règne de Louis XVIII» qui finit par la mort de ce
prince, arrivée le 16 septembre 1824, laissa de pré-
cieux souvenirs parmi eux. « C'était un bon roi celui-
» là, • répètent-ils souvent encore; mais leur extrême
créduUlé, eipleilée en leur a àimé qn sentiHient
bta différent sur son successeur, comme qoqs le dirons
bientûu
Par suite du concordat de 1801, le Morvand tout entier»
ai ce n'est la partie con^fise dans le départemeiU de
l'Yonne , qui M unie au diooèse de Troyes, était ra^mé
sous la juridiction des évêques d'Autun. Mais les antiques
^égcs de Nevers et de Sens ayant été rétablis en 1822, en
vertu du nouveau concordat conclu le 11 juin 1617 entre
le Tci de France et le souverain pmitife , la partie comprise
dans le d^fia^tement de la Nièvre, fut donnée au diocèse de
Nevers; celle renfermée dans le département de l'Yonne,
à celui de Sen& Les nouveaux prélats, après les soins
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MO LB IfOAYANp.
donnés au albim les plus mgaitesy s*empgsslèNité<
visiter te»» dloeésàtedn Momnâ» Partout les popola»
tioDs montrèrent le zèle le plus ardent et accoururent en
. foule sur leurs pas. Mais nulle part peut-être l'affluenoe
ne Ait aossi gnuMie qu'à Oiiroaz» à Montsandief à AlUgay,
ofe Mgr Millanx» éfèqae de Nevers, administra, an mois
de septembre 1825 ^ le sacrement de Confirmation. De
mémoire d'homme ces paroisses n'avaient reçu de visites
^^iscopales, aussi Télan fat-il. général Le nombre des
fidèles de ces paroisses et des communes voisines M si
grand) que le prélat se fit contraint^ à caose de llnsafli-
sance des églises, de confirmer sur les cimetières et les
places publiques. Le jubilé. séculaire, qui se célébra deux
ans pins tard» fui aussi une époque d'entlionsiasnie rdi-
gienx poarleHorvand;Iafoiet la piété, Bue nos boule-
versements politiques avaient tant affaiblies, se ranimèrent
alors dans les OFurs.
La révolution du mois de juiUet 18^, qui reversa la
trtoe de Gbailes X, trouva de nombreux partisans pamd
nos Morvandeaux. On répandit alors le bruit que ce prince
voulait rendre les dîmes au clergé^ rétablir les corvées et
même faire manger de l*herbe au peuple* C'en était assez
pour faire applaudir à la chute du mônarque.régnant et de
sa dynastie , et pour rendre populaire ^avènement de la
branche d'Orléans. En effet, rien n'effraie autant nos bons
compatriotes que la pensée du rétablissement de la dUne
ecclésiastique; c'est pour eux comme un oaudiemar
qui les oppresse et ne leur permet pas pour ainsi dire de
respirer. Aussi, à la faveur de cet épouvantail puéril,
on leur fera croire les choses les plus ridicules, les plus
absurdes même. Gela se comprend presque de la part
d'une population généralement pauvre on peu aisée, et
qui, dWeurs, accorde beaucoup à la créduttté et peu
au raisonnement.
* Le règne de Louis-Philippe , qu'on a nommé à juste titre
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us MORTANft. 201
le gouvernement d* argent et du bien-cire matériel, a été,
nous devons le reconnaître, très-favorable sous ce rap-
port aa Memiiâ^ Ji«iae4à si abandonné. C'est pendant
les tt-Mr années qn^ a* diiré, qu'ont été Jetés snr les
rifières et les torrents ces ponts nombreux que nous
remarquons dans nos montagnes, et qu'ont été exécutées
ces routes^ aussi belles que commodes, qui les parcourent
en tons setts» L'agricotHoDre, de son cdté^ a été encouragée
et a ftit des progrès notables. L'instruction a été pro-
pagée; mais malheureusement, l'éducation n'ayant pas
marché de Iront, il s'en est suivi, ici comme dans le
reste de la Itanee, une désorganisation ftineste dans les
idées et les principes religieux et moraux , tellemenl
que nous reconnaissons à peine aujourd'hui le Morvand
d'antrefoiSi Hais continuons à suivre Tordre des événe-
ments
En 1832 , le samedi 28 juillet, un affreux incendie qui,
en moins de deux beures, consuma le village de Planchez
et en fit un monceau de décombres, fournit aux habitants
da Homuid f occasion de montrer lenr esprit de compas-
sion et de cibarité. Soixante -sept familles avalent été
réduites à une extrême détresse , sans vôtcments, sans
pain, sans asile. A cette triste nouvelle les cœurs s'émeu-
vent; de fontes parts des qnêles s'organisent, d'abondantes
aomdnes sont recnefllies, et le désastre est promptement
réparé. Cette même année, un léger tremblement de terre
agita tout le liorvand. Déj\H cinquante ans auparavant on
avait ressenti une semblable secooèse. '
Men n'est plus nuisible à notre contt^e qu'une longue
sécheresse. Le sol, par suite de sa nature arcnacée et de
sa position presque partout très-inclinée , s'égoutte rapi-
dement et demande^ par conséquent, à être arrosé fré-^
quemneMt Bn 18(4, «ne lèmpératare extrêmement élevée
se déclara au commencement du printemps, et pendant
deax mois entiers 1^ moissons subirent les rayons brû-
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I
202 l£ MOR\ANO.
lanls d'un soleil de feu. Bientôt la végétation s'arrèia et aos
campagnes furent menacées d'une épouvantable stérilité.
Naturellement religieuse , la population du IMorvand
devait, en cette inquiétante conjoncture, se tourner vei*s
le Ciel et sentir se ranimer ses sentiments de £6i et de
conliance. Elle eut, en effet, recouis au Dieu 4e ses pères,
et réclama hautement ses anciennes miséricordes. Bientôt
des processions se forment de toute part et se rendent
pieusement aux lieux les plus renommés par la dévotion
populaire. La ville de Ctiftteau-Cliinon tout entière , les
paroisses d'Anost, d'Arleuf, de Cliaumard, <ie Gorancy,
d'Ouroux, de Planchez, s'acheminent vcisla chapelle de
Notre-Dame-de-Faubouloin , bâtie sur un rocher, au
milieu des bois de la commune de Corancy. La cliapelJe
de Samt-Bemard de Chassy , celles de Notre-Dame-de-
Grâce ii Bar-lc-Régulier, de Saint-Marc h Dun, de Saint-
Grégoire ù Sainte -iMagnancc devimrcnt l€ bai de
semblables pèlerinages. La pluie ^ qui survint le lendemain
du rendez -vous général à Notre-^Bamc-dc-rFaubouloin^
contribua beacoup non -seulement à entretenir, mais à
augmenter la confiance des fidèles envers Tauguste Vierge
honorée d'un culte spécial en cette affreuse solitude.
De cette époque, jusqu'à l'année 18A6, le Morvand
nous offre peu de faits d'un intérêt général et dignes
de remarque. Il était alors tout occupé à la confection de
ses chemins et k fonder les ponts qui devaient servira
franchir les rivières et les torrents. La plus importante
des routes qui traversent le Ilaut - Morvand , celle qm
met en rapport direct les villes de Dijon et de Nevers ,
fut exécutée, de 1836 à 1840, aux frais communs de
l'Etat et des départements de la Côte -d'Or et de la
Nièvre. Le pont, sur lequel elle traverse la rivière de
Cure, auprès de Gouloux, et dont la construction coûta
quatre-vingts mille francs , est , par sa masse et son élé-
valion, par sa longueur et l'imporUace ^e ia cbami^
208
qui unit deux montagnes, le plus reinurquuble de tous
€eax qui existeoi daas noirs «nfticéa. U iui fifilettieltar
' ment inauguré « Tannée de son adièvement, en p ié— te
<tfe 1f.'Mpln ittnë, ntm piummsm ^9ÊoML ^ ^ omir de
cassation et député de Clamecy , des auloritcs admioLstra-
'Uves de i^arpondissement de Cliâteau^iiinoo et diiiagr«uid
i QW ÊKom dB'peiyic» el nMimé Ami^aOïi^^ evMnmIr
4e nmmm à la pitoaMe inflaenee dMpMi MdMdft;
mais il est plus connu aujourd'hui sous le nom vulgaire
de Pont'du'Saut t à cause de la magnifique caiscadegni
•koBdit 4 cmt mèm fiut Imt, et qnt ûhm «ne des
coriontés-mtorallesda Menoad. IVois aw phit-taixl, en
inaugurait aussi le superbe pont-aqucduc tle ^lontreuilioii ,
ouvrage digne des llomains ^ et servaut au pasuge de la
»rigoto4e dérivaiton , f id ports, p» fertfèdMieiwdel^
ffvièM â>Yoiu dn le4B«^
' L'année 18i^/i vit la bénédiction et la pose de la
première pierre de la somptueuse basilique des Waccs, au
eaaion de Loirmas. <]flltexéid6iaei»» ia tto.eolfuandiP
'têOÊÊL -WM OBioaciÉS iTtiTit été MiTiniM êtSÊiÊÊÊk- Immi
, ee fit aussi en {véiÉnce de êL Dof in aind, dû|Mg|é
de l'ai'roodisscmcnt, des çurés cl des maires de toutes les
communes environnantes, d'uue foule de peuple, et juti
-iOiiimpi^ cent m foii.ff4pMes» dt dew «aiiiUDdé-
fMiséis«rle«MHBt4e \Mlnm nonttgvte guldiMhMile
vidage , au nord.
Aux mois 4'ao.ût et de sepleiBbre do l'ânnû^ i^k^^a le
; MMvand t«it.eolitE âii ]teé.|MijtiMrid0 -ifkm tUMtod ^
4L HBtUiiM la plus ^idtMMte. n ii^tgiMeît:tf<iB M^i
' d H a e wiik es , qui s'était répaudu de loulo part avec une
«e»ees8ivairapjdité. DescUaleucs^ Jiusii IcwguQSiQ^e îi^riQ^,
::»aiM|t«iraddtt teddHi de rt win» f « ié «teyipi É > itfim-
.«nUen «t II «a dtaH tfMild4q«iiiqiw V^m-
dence et la malveillance eu causèrent bientôt ^n pHis
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204 US MO&YAND.
Hurigny-rEglIse, de Saint-BraBotor, de Saiiit«GennaiSr
des-ChampSy de Saint^-Léger-de-Fourcheret^ eurent leurs
incendies.
• Soudain mille bruUa étranget se répandent. De&iinées
d'inceQdfaÉret, élt^Uf peuplent les forêlt» rMeit anteor
des haies et des buissons ; ici , on en a vu quelques-ans
fuyant avec ragUité du daim et la rapidité du chevreuil ;
là^ fmkpies «rtresont été arrêtés* encore munis d'objets
propies à propagiv Vékéwmi dévastateor. Ghacpie
jour^ la renommée, qui grossit tout ^ apporte la nonv^e
de plus terribles incendies et assigne à telle ^e ^ à tel
kouiy^oa viUage le Jour de son propre désastre*
BBrayés pat ces contes * nos crédules campagnards
s'attendent à tout instant an nudUeiir redOMté et m
prennent plus de repos. Qui n'en a pas été témoin, ne peut
se faire une idée exacte de l'agitation et de refTervescence
qui régnaienldansloatel'iftattdiis de la contrée* ra» le
noté pardcnUèrement A pelae le solea dt«lt<41 descendu
sous l'horizon, que le son du tambour, les décharges
répétées d'armes à feu* des cris lugubres* annonçaient au
Ml goft les populatleas* de retour des travau des
cbamps* se tenaient sur toms gardes et vefllaiait prte de
leurs habitations.
Le sous-préfet et le procureur du roi de chaque arron-
dlMMent compris en Monraod* se leadiieat ém «ce
montagnes et en parcoururent les cominmes ptmk fis-
surer les habitants ; mais leurs avis et leur autorité furent
méconnus par des gens disposés à ne céder qu'à la peur;
quelque» personnes* en proie à Texiattation* osèrent même
leur adrener dès paroles ImqMdneases et te menacer
de violence. Un fort détachement de dragons , envoyé
de Nevers* parcourut la partie nivemaise du pays, afin
d'y réIaUir l'ordre^ Ui semUable détachement » Tcna
d'Anxerre * en fit autant pour la partie afillonnalBe.
Qui serait étonné d'apprendre qu'au milieu d'une telle
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U MORtAND. 905
agitation et sous Finflaence de semblables idéesi on crat
Toir parloat des inoendUdres? £q effets un olieaii qtf
envolait Inaperça d'un baissons on animal dans sa ronde
de nuit, ou toute autre cause, devenaient autant de sujets
d'alerte 9 qui mettaient tout un village en émoL £t comme
les battues n'amenaient ancane découverte» on se livrait
anstitAt aiix réieilons les plus ridieales , lés pins àbsardes.
Ici , c'étaient des iphysiekns tfuî tweugUdent le mmée ; là ,
des hommes malfaisants, qui avaient le talent de se méta-
morphoser en bêtes à volonté!..,. Pauvre peuple! quelle
Itiste Ignorance au mOien du tièeU de$ hmmièreel
De la prédpitalkm et de la méprise lésultèirent soirrant
de graves accidents. A Brassy, à Island-les-Avallon et en
divers autres endroits, des gardiens de nuit tuèrent ou
blessèrent des voisins inoffenslâ. Inutile de ^re qu'il «dt
été f dans ces graves dreonstances , împnident et fort dan-
gereux de voyager, surtout pendant la nuit.
Tous ces bruits, toutes ces alarmes, toute cette elTer-
veseence cessèrent avec la pluie qui tomba vers le 20 du
mois de septembre. Revenus au calme et à la réflexion»
nos campagnards, qui avaient accusé les nobles et les
prêtres d'être les instigateurs et les soutiens de ces malfai-
teurs imaginaires, eurent en quelque sorte honte de leurs
discours aussi absurdes qu'injurieux, et déposèrent leurs
préventions. Mais nos Morvandeaux ne reviennent quel-
quefois d'une idée ridicule que pour eu adopter une plus
ridicule encore. A cette époque commença la putréfaction
des pommes de terre, et cette maladie, qui, chaque année
depuis, a atteint ce précieux tubercule et menace de
nous en priver totalement^ fut encore, en divers endroits,
attribuée aux prêtres.
Pourquoi le peuple cherdie-t-il dans le deifgé la cause
de la plupart des maux qui l'affligent? Pourquoi trop
souvent veut-il voir des ennemis dans ses pasteurs, eux
qui , par état et par éducation, sont appelés à prendre part
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206 LB liÛftTANIIi
à tontM 8M visèMi et à soiài^svtrl^ tout iM n»f«B^
en leur pouvoir y ceux qui sont dans la sovIfhiBfe et les.
PQiaea? Jïous ne pouvons en trouver la source ailleurs que
pcriUOfaes et soclayi» ft.dans. lus m^wraim docUim
répandues h profusion dini cm demlers ten^
i^r suite de la puti-éfaclion dont nous venons de parler,
et in la iB#avaifi« rjécoUe de céréaie» qui oui lij^a ea 1646»"
ini04tt8^.g^ larteafiUe^a- tonte, la Vtvm «I jAvlhsH
lièrcmeDt bos montagnes, toujours peu «pprovislooiiéeti
Mais grâce à la charité publique, qui iit'des prodiges de
généfotitâ» m iHarvaiMieaiix Éprouvèrent uiie géoe'iaAc-
(NNittmé0 el DOiiiifteilwiiBe. le |>ri]i M n'^isoédaf at.
huit fram leâoaWe-déeflâltFe » elacehri p«ii tmrtiMtof
centimes le deiiil-kilograniuic.
Comme U arrive souvent, l'abondance rempla^ai»ioatOt
la disette. La r^ter de 1847 ùA jA ppodnoUven qêm le
mtim poUa dopatai descendu sahiteaent h dooeecontiim.
Le seigle, qui se vendait, quelques semaines auparavant,
six francs le doubla décalitre , ne valut plus qu'un franc
treote-ciim ^ttmei» Lea a^e^ cérda]^ ai la via ndvlraat
la mé^ie décfoiaumco da pvMu
# •
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CHAPITRE Xm
éU/KOMtuum^ rtllffieax, «tllict rcciKiBiniNM.
Mb 4m l^Hmee «éqérala > lorMpi'tfM féfoItttM
subite > inattendue ^ renversa , le 26 février 1848, le trdne
et la dynastie qu'une autra vévoliitkiià avait fondés dix-
Imii an» mÊpàimÊH, H mtw la pmli«iili«ii 4ê la
ffépnklifte^ Cat é^ êo m m, fompt €ùmm la tmèf.
Jeta tous les honnêtes gêna dans la atUfmr et la conster-
nation. On craignait avec raison que cette jeune répu-
lilique na aariMl aitr les tsaoas ù^sau aloéa. JLe sMivaiiir
te fioaaidptlflaa at das aaéasttona aanglaiitaa ITM
était eMorasipréaeirt à lowlaïaapriti! Mais le peupla da '
nos campagnes , toujours anil de la nouveauté , salua son
avénamaat avao nne lorta aqtiiaBalaaiBa. D'ailiauia , il
paialt qna m tom 4e doahier était aiiifé» at tt aapé«
rait que la république lui fonrniiiit la moyen d'augmenter
^ son bien-être aux dépens des personnes dont la fortuue
excitait qaelqœ peu sa JakMisie. Cest avao aiia véi4Ulila
trislissa tMiatataiia ici 1* faneala chanaainint
gai #ist opéré dans las esprits de nos Morvandeaux^
depuis la douloureuse époque de 17d3. Il nous est éga^
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208 MOAYAMa
lement pénible dédire^ avec tow les honmies sensés^ que
le gouvernement de Louis-Philippe y avait coopéré en ne
propageant pas suffisamment et en ne soutenant pas avec
asses de zèle les principes vrais et scriides ^ sans lesquels
mille société ne peut subsister Icmg-tempsi L'ei^éiience
ne Ta que trop prouvé depuis.
Au récit des événements accomplis dans la capitale ,
nos Morvandeaux couun^côrent à sourire ^ et bientôt à
parler plus haut que de coutume. Dans plusieurs endroits
on en vint à l'émeute proprement dite. Les anciens droits
d'usage et de pacage dans les forCts seigneuriales pu furent
partout le prétexte et souvent la cause première; on en
demandait la restitution prompte ^ immédiate. H faut
convenir que le dépouillement quelque peu injuste de ces
anciennes concessions , jadis faites toutes à des conditions
onéreuses et payées à prix d'argent^ ainsi que la rigueur
éUi lois Ibrest^èras actnelles> imt>iédnlt.l& f&pMkm
morvandelle^ un état de bien grande gêne pour la nour-
riture des bestiaux et pour le chauHage.
; Yens le milieu de. mars^. les babitants. d'Adeuf , réunis
en grand nombre > se portèrent m âmes. sur. Ghâtmm-
GiriBon, oii.résidait le régisseur -de ht tem de Ia Tour»
nelle. Le 20 du même mois, la population de la commune
de Planchez^ soulevée au son lugubre du tocsin^ accourait
tont'enttère', année de jÉsUsy'de làax^-de cogMiw,de
piques, auchef4iettdsBeleg>«tde ro»w idiqneris»<rfrtfto^
Ces deux émeutes furent réprimées par l'énergie du sous-
préfet de Gbâteau-Qûnon^ aj^uyé. de la garde nationale
de .cette ville , et surtout par de prwkntes eoneessious
. lÉUesj» nom des propriétaires. • •
Tandis que ceci se passait vers le centre du pays^on vit
arriver à bazociies, au canton deJLormes» un .rassem-
blement de *plns de cinq cent» penoMWj amé eenme.
les ppéeédeifB. Cette foule d'énmilers^altMnposée des
habitants des communes de Mai$on>Dieu> de Metz-le-
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LE MOftYina S09
GoM et de fllMffs 9 qiU préImiâaieM awl M IM^
grer, de gré ou de fbrce, en certains droits dans ies fdiêli
du voisinage.
A loir anifét , Ik inveitimt' te «hltm, éoBt Oi tron-
fimft Mb portes Hsmées, cl se préparèrest à 4m fotwr
l'entrée. Dans la cour on voyait, rangés en bataille , les bri-
gades de Lormes et de Yéielay et environ trente biHmaes
éê mut, hU» woêA, qfà, an Iviiit ùa aoidèvesieiity
êttàm aemm à la déftase des iiokie» eUttelaiiiSL Qm
serait-il arrivé alors , si le digne propriétaire , dans la
cxainte d'un malheur grave» n'avait consenti à stipuler
airee l'éineiiie ? Le lafig eut ooidé^ sans doBte^ el la terre
eiA été Joaebéê de ea^Ttm Mais quelques eonoeasioBS»
faites avec prudence et à propos, calmèrent cette populace
qai, sur un signal de ses chefs, e£tectua sa retraite sans
eût aocoB malheor à déplorer.
La maison de Gbastelhii , comme par ses btenfoUi autant
que par rancieiineté de sa noblesse, entendit aussi gronder
rémeute à Tentour de son manoir; mais la garde natio-
nale d'AvaHoa dissipa bientét rattronpeineiit Nos campa-
gnards, en foyavt la irépressioft énergique des soidèire-
ments populaires et la condamnation sévère des chefs les
plus compromis par les tribunaux , comprirent enfin que
te mot réfmbUque ne slgi^ait pas littéralement détordre,
. anarekie, et rtitr^at dans te develr et te cafane.
Dès-lors le nouveau régime devait naturellement moins
leur sourire ; mais quand ils virent surtout que^ malgré la
rareté du nwdérafare, que te manqaé de eonfimce- airait
M disparaître, il ftllait payer HmpOt de (/uarante-ehuf
centimes jtar franc frappé par le gouvernement provisoire,
ils n'eurent plus pour la république que des paroles de
réprobation 5 et ce mode de gonvernement leur parut le
pire detoaSi Âisst tes entendait-on réclamer contimielle-
ment en gouverneur, et quand, au 10 décembre 1848,
ils furent appelés k élire un président» leur joie fut au
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pour le prtoGe LMë^^Ntpoléim Bonaparte» permdii^ qa'iis
nommaient un empereur.
San» Aw» anétar à éèawtt l'af&Mi Je itt rii e «li^ le
•I «ne partie de ce village ^ et le toI sacrilège qui , dans
la nuit du 25 au 26^ dépouilla la vieille église de Duu-les*
J(\aa» de tous ses vases sacrés» veMM w ébidinf eè
tcrrtUe MfMit il« Omaie, il aaiMe «ofà ekap» IdH 4M
Ift FMce M^tM iévolsliett < eette cmdle épldéaale se
liiarge de l'en punir. Eu 1832, Paris et une partie de
nos villes de province Aoreni .ùéc^méê par Mite fuient
qu'ici impuissants }^ Mit elle êivûL fe^McM le Morvand,
bien qu'elle eût ravagé Auxerre , Clamecy et Nevers. 11
n'en fut pas de même hmqjàQ, eià i84d, elle fejNtflIt
tout aiwi ve^uuUQ tff^ te piwlàr^ IM^ Mm nos
HKiDtagaeSjFn«iBt lieorensoS) eu épmivèmt tristes
atteintes. La présence du asiatique fut constatée, au
mois de juin , à Cliâteau-Cl^iiion» pays qui j^yiit povrtaiil
d'oo air pur et tffto-wl% Ijpr s^dsotte^rftiapenQiu^
présentèrent les eftrayaiil» symptdoMsde la mkdie el en
ressentirent les insupportables douleurs, trente-sept suc-
combèrent sous la violence des spasmes^ De ce nombre
furent supérieure de fhmtii et la mm In^nnièra;
eelle-cl monmt vieti«iedeeaebarllé. U lendemite, tente
la viUe en larmes aeoompagnait les restes mortels de la
bonne sœur h leur dernière demeure , tandis que Dlm #
dans le ciel» couroQoait sfs vertu» f^vrétiennee etMroiiaeà
A U Cbaiae» près 4e Plancbei» vfogt peflointe fitteel
emportées au mois de septembre. A Bazoclies on signala
cinq cas seulement. Le choléra se déclara aussi dans les
faubourg» de Cûus^# à ÀvaUou) nais il y pen do
vletime&
Tandis que nette emile épidémie agissait sur les corps.
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une antre maladie ^ non mote ttrrlUt dans ns efllKs,
travaillait les esprits et les corrompait de toute part,
en Morvand cofiuoe dans le reste de la i'raoce «ou»
- TOuloBS narler du aocialisme. ies docurinda poryeraest 1^
écrita iacaod^res» répandus avec «ne effrayante protoion
et une infernale persévérance , produisirent bientôt des
fruits empoiisoaQéâ. Nos Morvandeaux , si accessibles à la
corruption^ à cause de leur grande crédulité » ne aurent
pas sa préserver des atteintes du mal qui minait notre
▼iellle société française , et menaçait de renverser la civi-
lisalion européenne pour la remplacer par la barbarie et
et l'impiété, Dé^, m ils avaieut» eu général j> voté
piMir envoyer à l'assemblée législativo des représentants
de la nouvelle hérésie politique ; déjà la partie nivenialse
s'applaudissait d'avoir contribué à l'élection de deux socia-
listes, sortis de ses montagnes, lorsq^ue les idées démago-
giques^ grandissant toi4our8^ finirent par diviser les voisiné,
et même les familles , et portèrent le trouble et la dis-
corde partout. Ou entendait de tout côté des menaces
contre Tordre et la paix publics ; les bommes bonnêtes
et inoflensUs^ souvent même ceux qui s'ét^nt montrés
les plus bienlaisants 9 s'entendaient assigner effrontément
ii 1852 , époque fatale où tous les pouvoirs politiques
devaient être renouvelés j lorsque le Prince-Président de
la république^ par smi coiip d'Jît^t du 2 décembre i^i,
vint, en accomplissement de sa promesse , rasmrer les bans
et faire trembler les mcckants. L'iiydi e du désordre, blessée
à mort 9 fit entendre d'horribles sifflements. £lle agita ses
sept têtes et montra autant de gueules béantes et prêtes
au oamagei k Paris , à Glamecy et dans plusieurs autres
villes, les nouveaux Uobespierrcs montrèrent ce qu'ils
réservaient à la société si, par malheiu:, ils avaient été les
maîtres. Mais vaincus et désarmés partout, ils allèrent,
dans la personne de leuis chefs , ^pier dans les.prluws des
erreurs bien déplorables et trop nombreuses.^ A Âvalion,.
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2i2 U MÔRTAm-
à Quarré-les-Tombes, à Château-Chlnon , à Lormes, à
Luzy^ à Montsauche^ à Moalins-Ëngilbert, à Ouroux^ k
SauUea et dans plusieiirs autres endroits , il y eut des
arrestations ; mais an bout de quelques semaines de déteh*
tion , la clémence du Prince-Présfdcnl rendit les inculpés,
à peu d'exceptions près , à la llLerté. Plaise à Dieu qu'elle
les aie aussi rendus au repentir et à de meilleurs senti-
ments 1
Mais laissons enfin ces récits affligeants pour jeter un
coup-d'ceil rétrospectif sur la première période séculaire
qui ¥ient de s'écouler. La main qui détruit est toujours
plus habile que celle qui édifie» n suffit, à ht fin du der-
nier siècle , de quelques Instants pour anéantir tous les
établissements religieux fondés par la piété de nos pères.
Les abbayes^ les prieurés , les couvents de toute espèce «
qui avaient coûté tant de sacrifices, et oii la piété èt la vertu
avalent fleuri si long-temps , disparurent tout-à-coup de
la surface du sol morvandeau. Plusieurs églises, bâties à
grands frais, furent ou démolies ou affectées à des usages
tout profanes. Ce que le dlx-liuitième siède avait pris à
tâche de détruire, le dix-neuvième s'est ellbrcé dé le
réparer, non pas sur une aussi vaste échelle, mais du
moins autant que les circonstances et ses ressources le
lui ont permis. Ainsi , pendant ces derniers cinquante ans,
nous avons vu les Ursulines rentrer dans leurs établisse-
ments d*Avallon et de Corbigny ; les sœurs de la Charité
chrétienne de Nevers reprendre le soin des hôpitaux de
Ghâteau-Ghinon et de Moulins-£ngilbert« fonder des mai-
sons à Lormes, à Saint-Hflaire, à Onlay, à Yandenesse, à
Ouroux ; celles de Saint-Vincent^de-Paule revenir à l'hôpi-
tal d'Avallon ; celles de la. Providence de Vittcaux, appelées
à la direction de celui de Sanlieu, fonder un second établis-
sement dans cette ville , à Rouvray , à Quarré-les-Tombes ;
celles de laPrm>idf«icerfePorfi«ia?àMontreuillon, à Alligny,
h Dun-les-Places ; celles du Saint^Sacrement d*Autun à
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LE HOUTANa 31S
Anost^ à l4iceiiay ; celles de Saint^osepk de BeUay s'éta-
bMr .à Sermayes, à Saint-Léger-de-Foiigeret;. celtes de
Saint-Paul de Ckartres prendre le gouyemement de l'hô-
pital de Luz}' ; celles de la Croix-de^Saint- André de Poi"
tiers former des succursales à Bazoches, à Chastellux;
celles de la <Sainte-jFVimt^.s'éta])lir à Saint-Honoré^ et
en&i celles de Llgoy-le-Cliâtel prendre la direction de la.
uilLe d'asile d'Avallon. On trouve des établissements de
frères pour les écoles à Avallon^ à .Gbâteau-ClûnoUi «i
Gorbigay^ à JU>rnies> à AJDigny.....
Hais le principal de tous ces établissements 5 cdol qni,
par son importance^ rappelle les anciennes abbayes fondées
par nos pères, est le monastère de Bénédictins de Sainte-
Marte^-lor-Pierre-qui-Vire, bâti au sein des forêts^ qui
couvrent la partie méridionale de la oommime de Saint-
Léger-de-Fourcheret ^ au canton de Quarré-les-Tombes. H
a été ainsi nommé d'une claire fontaine^ dédiée à la sainte
Vieige^ on ne sait qqand^ ni par qui ^ et d'un dolmen drui-
dique^ monument grossier d'un ^ barbare et d'un culte
sauvage. Le Ueu où û ^âève^ désert Inculte 5 dont le
silence n'est troublé que par la voix du torrent qui bondit
au pied du rocher sur lequel il est construit, fut cédé gra-
tuitement an vénérable abbé Jean-Baptiste Muard^ fon«.
dateur et prender siq^iérieur^ par la maiscm de Chastellux,
dont nos montagnes publieront long-temps les vertus et les.
bifflfflU^
lie nouveau monastère^ ièndé.en Juillet iS41^^ n'étaU
qu'à deml-acbevé» lorsque les bons religieux voulurent
prendre possession de leur solitude et commencer leur vie
anstère et pénitente. La bénédiction des pieux cénobites
et leur prise d'habits eurent lieu le S octobre de l'année
suivante,' dans Téglise paroissiale.de 9aiol-I<éger, juste
au milieu du dix-neuvième siècle.
A cette cérémonie , si belle et si touchante, assistaient
plus de quatre-vingts pMm,, toutes les autorités de la
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LE MOaVA^O.
comimitfe y la garde nationale et une loide de Mêles de
tont Age et de toute condition , évaluée à quatre mille
personnes environ. Des larmes d'émotion et d'attendris-
sement coulèrent de presque tous les yeux > lorsque les
hom pères , étendus sur la datte du sanctnaire, pronon-
çaient les vœux solennels d'an cnga^^cment volontaire, et
commençaient le sacrifice qui ne doit finir qu'avec leur
Tie. Le soir^ Rassemblée tout entière, rangée en une
iongne procession , veidut accompagner à travers les
forêts, jusqu'à leur solitaire demeure, les dignes reU^eux,
dont clic semblait ne se séparer qu'à rc^t. Il H'cst donné
qu'à la i*eUgion de produire, d'un oôté, un dévouement si
admIraUe, et d'excîter^ de l'autre, un si vif et €l atten*
drissant enthousiasme !
Wflées par les révolutionnaires, en 1703 , les églises du
Morvaud conservèrent long-temps les traces de leurs mains
sacrilèges et présentèrent, pendant i)iendes années, f asiiect
le flhis pauvre, le plns«fllgeant Mvécs de leurs pasteurs
dans ces circonstances malhcnireuses , la plupart demeu-
rèrent ensuite dans une longue et triste viduité. Lorsque
des jours tteffleurs cMurent perBtds asidei^gé de se recmfeer
et éte féparei^ «es peites, le veuvage cessa, les nonveasi
pastewrs ^occupèrent aivec zèle du soia de la nmfson de
IMeu et pourvurent à son embeiiissement autant que leow
Mbkes ressources le permirent
Plusieurs de ces églises, ne présentant plus une grandeur
en rapport avec levionbpe des fidMes qui y venaient prier,
furent augmentées. Nous citerons , entre autres , celles
de Lszy, de fiiismes, d'Anost, de €u8sy-en-MofviHid,
dWang ) 4te Cervon , 4è €kK , Afligny , 4e ^2otioflx , ^
La ftoche'en-Breny, de Mellpiié, ^e^ffanehes, éè^Quarré-
les-Tombes, de Liernais, de •Saînt-îîrisson ; d'autres
n'oHiant ni Tespace nécessaire, ni nne solidité «uffisaate^
cHt'SMS VMOttsfeNtles ^n ^afier , ec WMrt ^^ttes die CUMcao*
CWbmi I AiMt , ^8e 'Meuessalre , de fi8lnt*^Édicr^#&*
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I
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Ummié$ lé» 4SiÉrtr-«M<f r wm émmi «i ^ MH»-
Piacus. Crtte 4eniièit , Mtie m cwiÉ Be é8 fa i—ini n i » à
pbis de trois kilouièlres de raDcicuue^ est uii magnifique
MOAiuBent <Ie style xojpom 4ft w |iii9if de H» iUtQonaoly
J>tiBto ^ <pt « IwftHialt à iâ m m m M^â ée art
édifice ; les rocbers de grauU , arrachés par blocs énormes
d|i sein des moats^nes boisées du vois«aage> s'étaient ^
sous la main de l'artiste « Sêçfmé$4t «lâte jamièmiOt
entassés par assises régulières de la base au sommet; de
riches verrières brillaient dans ses nombreuses fenêtres ,
et une croix , ruisselante d'or et attestant la munifi-
cence du fondateur, étincelait à la pointe de sa flèche de
granit Le moment était donc venu de le consacrér solen-
nellement au culte. Le 9 septembre 1851 , jour fixé pour
la cérémonie, Mgr Dominique -Augustin Dufêlre, évêque
de Nevers , assisté de ses vicaires généraux ^ se rendit aux
Places, oit il fut bientôt suivi d'environ cent vingt ecclé«
siastiques tant de son diocèse que de ceux de Dijon
et de Sens; des autorités civiles, administratives et judi-
ciaires du département ; des brigades de gendarmerie des
villes voisines 9 et d'une foule de personnes de tout âge et
de toute condition , accourues de tous les points du Mor-
vand et des environs, au nombre de Imit à dix mille. Les
places qui avoisinent Fédilice , les chemins , les champs
étaient encombrés de brillants équipages : on eut dit les
Ghamps-Élysées de la capitale en un Jour de fête. C'est
au milieu de cette nombreuse assistance que s*accomplit
cette belle et imposante cOiémouie dont nos montagnes,
depuis des siècles peut-être, n'avaient pas été témoins,
et dont elles conserveront long-temps up prédeux sou-
venir.
Pie IX , pour récompenser les sacrifices immenses et le
religieux dévouement du fondateur, Marie-Augustin-Xavier
Feuillet , lui fit remettre , en ce Jour solemiel , la décora-
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216 LE MO&VMD.
tton de chéraller de Mm ordre poiittteaL Quelque temps
après, Pemperenr Napoléon III, alors président de la
république, s'associant aux sentiments de graUtude du
pontife , rélevait au grade d'officier de l'ordre natkMl de
la Légion-d'Honneiir. Cet heureux et toocha&taooofd du
chef de la miété religieuse et du chef de la société dvile,
pour reconnaître une grande et sainte œuvre ^ oflire un
spectacle vraiment édifiant pour tous ^ encore ^los glo-
rieux pour cdnl qui 09 est l'objet
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TROISIÈME PARTIE.
DESCRIPTION ET HISTOIRE LOCALE OU MORVANO/
Le pays des Noires-Montagnes, ainsi que nous l'avons
déjà remarqué j se partageait autrefois entre le Nivernais
et la Bourgogne ; de là vint la distinction de la contrée
en M&rvand nivemais et en Morvand bourguignon. Le
premier comprenait à peu près toute la partie renfermée
aujourd'hui dans le département de la Nièvre; le second
possédait le reste. La ligne de séparation commençait
aux montagnes de DOne, montait an Benvray, de là à'
Glux et tirait droit à la montagne des Poiriers, à l'ouest
d'Anost £Ue se dirigeait ensuite , entre Gien-sur-Gurc et
Menessaire^ au sommet du Mam-Maux et à celui du
* Qttel(ia68«ii&i de nos leoteur» aous aocuaeront peut-être d'avoir
chargé nos notices de trop de détaUs. Noos nous ftûaioiie d'abord
à nousHnéme ce reproche, et noos consultâmes à cet égard un homme
dont la parole hii anlorité. M. le comte dd'Montalembert nous disait :
« Taime beaucoup lee histoiies locales et j'y cherche avant tant les détails.
» Si je veux lire un ouvrage écrit à grands traits, j'ai recoiurs à une
y histoire générale. > Kous avons senti la justesse de ce raisonnement, et
nous avons conservé tous nos renseignements.
45
218 LB HORVAND.
Grand-Habrc ^ au nord-ouest d'Alligny. Passant enfm entre
Saint-Brisson et Saint-Agnan, elle allait joindre le cours de
là rivière de (^(^t, gréa deiUliAdie-de-Yigpaii^ à Dan-
les-PIaces; etne-leiptillak pins josqu'^ïlerr^-PerÛiais, si
ce n'est à Chastellux, pour donner cette forteresse seule à
la Bourgogne. ...
MORVAND NIVERNAIS.
La partie niVemaise du Morvand était, la plos considé-
rable comine la plus âjH^efr ki plus sanvage. I.à, les
montagnes, presque toutes hérissées de forêts, se des-
sinent en tableau plus soiobre et plus noir ; les vallées y
sont pins abruptes et plus>profondes, le sol plus maigre
et la. t9n)péi;at«re plus, froide» Sa in» moil^ «Ititte H^nt^
Morvaud> le Morvand par excellence.
*I^IttQrKa]MLiUVjecnai& s^s jsiil^dîvisQ aju^oocd hui «nlr^ie^
aCTDDcMsiSfflnfints. imammx^ de .CMtim'^Ghi^ eii dsi
damecf» Le- premier^ si o»« a eveept» I».
Gl)aUlloû-cn-Lazois et quelques, communes de celui de
Q^iQii^e ^dey^rca n toos e» Moiyaiid^cft «wrt m» d«.
qu'en partie, . .
l^'asseHiljicQjiatioualç, en décrétant,,,en 1790,.uBe.n(M4*
velie division territoriale de la France > eut égard aui
anciennes juridictions; ainsi la province de Nivernais
dcR^BilOrdépartement de la Nièvre, le comté- de Cftiilsatr-
Chinon un district de môme nom , et la puissante ch^el-
lenie de mouUn&rjg;Qgiibiert un seeoiid- distsiot. qui avait^.
danMmarissort la»paiioisBe»d6 ewi' a n ct w e d é ptutowei
Aux bafllages seigneuriaux elfe substitoaid ainsi que nous
l'avons remarqué plus l^aut^.lp^ jusa(çefi^4e.p^^i>^.ift
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titre de cautou ; de celte manière, Château-Chiuou, Luzy»
La Rocfae-AUlay» Mouliiis-£iigill>eit5 Montreuillon ^ Ooroui
et Montsandie devinrent antuit de cbeis-lieitx.
La constitution de l'an viii s'affranchit de ces considé-
rations et ne tint compte que des besoins du pays, de la
valeur relative des localités ou de leur situation centrale.
C'est alors qîiè l«( àétai It^eCs ÛcUlt Mtâ ^1I6ns de
parler, forent réunis pour composer rarrondisseînent com-
munal de Château-Cliinon, et que les dix cantons de leur
ûSj^Mœé b'en Mâôifbt ^ Hm iÈ»q.
'(le èaulèlô , qui ne Coiwptalt dans l'origine que sept
il^ifi'ôifees , renfermé «tijourd'Wtti ^qtiator;je comniutiès (1).
mk mAkméj ^tm éh^platAs^Ms j^UsOittiiies^ii^^
neuf cent cinq sont en bois ; il donne naisscUice à r4fonne
^ à plusiéUra ^titres rhièrés^et^illisdëlWx.
A mmtbrm fmiiêi^ '\m^s?i^c. tme <#éiâ4tiii m
gaili^iJè '^r eit attèîstée p^r quelques dolmens et autres
tracés ^ culte drilidiqUe; fe "éâfavëÉlr'de la âoi&iliâlio&
^ mm ^«nliyiës-çSnmi qie 'là'iM&riiftë'dRIto 'MaMMl
de ses lioltibrés manoirs; enfiu, la cîvillsation moderne
dMé de rmstes Aussi Inl^iâfiq^
(!) Lè litre de eommune ne fttt généralemeot ûoùàé «u iwroitMs
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329
l.
CHÂTEÀU-QUNON , Castrum Caninwrn ou Canum,
Cette ville , peuplée de trois mille cent vingt-un liabi-
tants^ prenait jadis le titre de capitale du Morvand^ dont
elle occupe à pea près le point central En 1705^ eUe fol
nommée Chinmi4(i^Moniafnei Elle est bâtie en ampU-
tliéfttre sur le flanc méridional d'une haute montagne,
que sa forme et son isolement firent remarquer dès les
temps les plus reculés et doi^ la rivière d'Yonne liaigne
le pied. Cette attoatien Aenée- U rend firoHe,et 4ésa«
gréable en hiver; mais en revanche, le séjour en est
délicieux et charmant pendant l'été ; on y respire en tout
temps un air .aussi vif ij^salubre. Les^ruesj peuaMgné^j
prtwnisnt. généralement vm Mte ng^e et dangfrcywe
dans la saison des glaces.
On y remarque trois places de forme Irrigulière^ et dont
la principale est celle du Champlin qui sert de ebamp de
fi^. C'était -autrefois le lieu d'e^écutton 40s senteaees
fflminrilri rendues par les pflkiers du baUfiage ; on y
voyait alors un signe patibulaire à six piliers. Un men-
diant j nonqpaé Noël Ribou^» C Qiff abi e d'assassinat» y fut
soiÉpavif,enl35& Yjam .ce leqgiNà deoi femines di
même prolesslon, convaincues d'Incen^ie^ y furent l ivrées
au bûcher. Au mois de juin 1817, les sept voleurs qui
avaient assasshié le meunier de Fraguy^ y furent exécutés
en présence d'une foule immense.
On a bâti» en 1851 , dans la partie inférieure de cette
place y une magniiique halle dont la construction a coût^
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54,000 fr. (1). Le beau palais de justice qui s*élève sur le
côté ouest de la ville» date de la même auiée (2).
' Ia seconde place; oéllé de Notre-Dame, Tîilg^rèment
dite place d* En-Bas, et où viennent aboutir toutes les
routes qui rayonnent autour de la ville , a été ainsi nommée
d'une antique statue de la sainte Vierge qui décorait la
fiinte par laquelle elle communique «véc Hntérleur.
' Lai trolslènie, celle de' là Mission, autrefois f^ce
Saint ' Christophe , a été ainsi appelée d'une croix en
pierre qui y fut érigée en 1821 , à la suite d'une célèbre
retraite donnée par les pères Jésuites.
* Gbâfeau-Chhion tire son nom et son origine d'une
ancienne forteresse féodale qui couronnait le pic qui le
domine et le couvre au nord. Cet édifice , demeure anti«
que et Imposante des hauts et puissants seigneurs du pays ,
éprouva 9 à diverses époques , ainsi que la ville dont fi vit
et protégea le berceau, de grands désastres auxquels il
n'a pu survivre. Des fragments de tours » des pans de mu-
railles d'enceinte^ dont chaque année emporte quelques
parties ; des souterrains sor lesquels croissent des mois*
sons, et que ni le soc de la charrue, ni le boyau n'ont pu
endommager ; une double ceinture de fossés , que le temps
et la main de l'homme ont été impuissants à combler , sont
tout ce qui re^ anjôurd%nl de ce château.
' Nous ne connaissons rien de plus beau /de plus grave
et de plus saisissant que le coup-d'œil dont on jouit du
haut de ces antiques ruines. Ici , c'est la ville qui git à vos
jfIt&S»; ]k, une rivière tonrentuemie qui bondit dans m'
ravin étMt '-ec de grande profondeur. Du nord au sud ^
d'âpres et rudes montagnes dressent dans les airs leur
chevelure de forêts; à l'ouest « s'ouvre une vallée large j
(1) Elle est due anx plans de rarchiteete Amé , d'Avallon.
'(9) La prison a été bâtie en 1853. Cest un vaste édifice assez seniblablo,
dans sa forme extérieure, à une basilique. Sa construcUon a coûté S0,733fr.,
et oeHe du tribunal, 89J55 fr.
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immmi nmJmmk t^iim^^ 4firVm¥mmm
d'eau scintiHçut au?; r^^yons (Jh so^ôU ; 40a i:outi5a#|weiMii
mantigiMii fi4 daBs nrafondciiKi dâ& MaUi6ot-
p^iCQt ? ^ lut raadac^e^x ^loirtel. ^ul iaIagi^a, ^. le Jeter
dans les #1:^? c\'qu l^i vint le Vifm Çastrum Çanimni,
Cil «t iJtfs giast^l-.«^ii<» et ÇffMm-
^.es; w;s\ ^t pi^é la cwriosUi dles autres,
Quelques historlograpl^es, de la ville d'Awtuu ont px^-.
^ ^e (Q^teress^. ^va^t ét^.tl^tiâ l^m ffOk^f
la. toAd^îjLUua de celle-ci à SamotkèSj^ petit-ûis 4e J^apiict^.
ils ont aussi fait hpu;^ (jfi ^y^Q-lk k Qi^^m* sa Cemp[).ç.j^
Gl^MOA llMpl^jy^ Ait «KC^ ^ psm Q9ini«l
est si évidenimeut fabuleuse ^i^eigi^ pe. \^ç^qi^(.Q|^
([ue comçj^e un rêve, çmiewx.
dation gallo-romaine, ^.e genre de çonstruçtiou,, les ob|et%
antiques^ tels que sis^tuettea^ médaille^ des çmpei^eurs^
S(SU0i^fi^9 règne entife les arcb^éi^ues si^ soi^ aatifi^
4ctsfw^oj^ çtj swr \'^Y\^f^iQ. itf^ ïa(à\ Qm'^min, (^i^k^uesp
(1) Archiv. nation.
(jy Pa^mi ces médailles, nous citcroûfS cellei* de Tibère i de Gern^a^iicus,,
Dioclétien
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htomidiUre qae préseote la moutAgoe» oii la neige ^ cUseâi-
ib, apparaît tout riiiver (1).
MAmo» JUâma» Xtfe. ds. la làoqb^ ^.«ilref y fit
fOMi qpvJM Bffiiiima» urtt amirèK cette ipi1»gtlig»y
Mmtaliirei* lMelto#JiiiiMi^«Mrité ég^ ptienee , qu'âs
représentèrent d'abord avec un corps Immain surmonté
d'âne, iête de chien ^ et enÂii sons la ligure complète de
eette f«*ce d!MMl# eni» c'en de là i^i'eHe pril èt
nom de Castrum Canum m €hâteaw4e9-Mmt (2). ^
Adrien de Valois , sntfsint une tradition antique y a tru
ipe ce château avaU éàé ùméé par Géstf pour se donner
le ideWr delà ettfMM el Mieriier ie imte (â)^
■e.«il fHB eo jieed eepiliiee^ te«t«ieitd wêe. tÊ^âm
de la guerre et au gouvernement des peuples, devait natu-
reUemeut s'occuper peu 4e la chasse aux bêtes , encore
Miet Mimae Manm HmH ei[^? £eis quel^M
taMi»y.iÉlMQMiitdre9fèi dette snleM treditieK popo**
laire , ont avancé que les prétendus chiens de César
n'étaient autre chose que les soldats romains cantonnés
eneemmet de la montagne» et ebafgéft de donner ia cbaase
aw peapWes rMtdae dei emUone. â^on acHU , le wom
Qtmitmm on Gmtum Yidet de ceW de tteetenaat Omn
Ganinius , que César laissa dans les Çaules pour achever de
pecUier ie^paiB (4)v
€ette leipoitMle poÉtiee foe lei Drapesv suimil
taf (lo^poflle (5) 9 occupèreil aprie les Roilnfis, deHnC»
au temps de la féodalité , la résidence des maîtres de la
(1) Ce^iuils avancent n'est pas exact. De toutes les fetMtM moBti|Mt
dtt y^iiisage , c'est celle où la neige reste moins de temps,
(s; .... Est et Ca^trum CarUnim, in jBâMmmfUlikÊi polilmt ttb todm
latratore Ayiuhi sic appellatum. ,
(3) ExnotitiàGalL, Adr. Valemi, p. 134.
(4) De Jsito (ro^j., caput viif.
(5) Bi9t.d»lHverH.
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224 LE MORVANa
.coatoée^etr le«llge dfuMf ufepHito • fcât ii toi É i 'd» im wi to
ce manoir seigneurial se composait d'un grand corps de
logis ^ flanqué d'un gros donjon ^ et de quatre tours
«pp«lta:> roue Têur'4»»Poim$'d»-^om', VmiJ» 2W»
trième Tamr^Mnt^Rmtmin. Cm ûam dcfiftito renta^
SKiient des chapelles fondées (1) que desservaient les
mtibm ûe ranclea prieuré cle BfiMMuf^ dam no»
aUons pajrler (S).
n €tt fMrobtbte que jusqa'n dlstèmé riMo» MiMiiflt
guère à Chateau-Ghfnon que la forteresse deCaninius; ma^
ilseXorma alors au pied du sombre édifice^ un groupe de
Mitons dont la prieuré û» SaiaKairitKpfce deiiit eiim
lAnfyyaiL GenoMst^ySlM jpris de ré^fse, Mimrdy
était, dans l'origine, une maison conventuelle où l'on vit
Jusqu'à douze religieux; mais^ en 1768, on n'en comptait
que qualre. Ses retenus^ tpû mettaient leeaoines àmtae
de fidre; dwqne seintoe^saifinleraadeB foadatevs,
ime enmiyne générale adx psuvrca dn vnisfaiage^ t in ten t
décru dans la même proportion, et, à cette dernière
époque > ils ne s'élevaient plus qu'à deux mille quatre cenu
IMmft. Là^ emmne aiUenn» le maUienr des tenps et l^in-
Jvtloe des heonnes d^^ofaillèrent insensOloneat les pan-
vres de leur patrimoine. Le prieur avait le patronage»
entre autres, des cures de Gliâteau-Cbinon et de Châ-
t{n. et peveevait les dîmes de ces pawrigses (3). L'église
(1) On appelait chapelle fondée celle à laquelle était attaché un bénéfice.
(9} BUt. mofwiier. du eomiédê château-ùMmim*
(3) L'histoire ne nous a transmis les noms que de quelques titulaires.
Claude Tridon , prieur en 1515, assista, cette môme année, à l'assemblée
qui se tint à Saint-Pierre-le-Moûtier pour la rédaction de la coutume de
ce bailliage royal. Alexandre de La Tournelle est connu par un fameux
procès qu'il gagna, en 1670, à la primatie de Sens, contre le chapitre de
Saint-Cyr, concernant le patronage de là esr8ddGhàl6i»ClilMi. Roger
de La ToorneUe était revSto de cette dignité en ms, et dem FtHnieroii»
en 1TB9. (ArehiT. natioo.)
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LB MORVAND. 225
détfé6 SQ'flÉnC fliArlyf 4oBl FéMiitMSBwnt pcftait'te iioiik
Son style était le roman du onzième siècle dans toute sa
radesse; il fallait descendre plnsieurs marches pour y
ealrar (I). Le p«pe Grégi^ ¥neoftlima,*piir ne Mie
ée 1076, ce pflemé à VMmf% de Ctmff k k^t^e fl
avait été donné , plusieurs années auparavant , par les
fondateurs, ^'on croit être les anciens seigneurs tlu
peys(2).
Le lumrg et tiUa^ de diâtem-CUiMm se déféloypa
insen^blement sons Taile des moines et la protectien des
nobles châtelains. Les habitants ayant obtenu, dans la
prenûère moitié du treiâôme siècle, une cbarte d'affiran-
eUssemeirt, s^érigèreiil €B eonniBe et tonè^^
mattleii»l penradmiiiislrer les affifÉPespoMfcpies (ft). Deae
le suivant , ils élevèrent autour de leur bourg une cein-
ture de murailles pour protéger leurs pefsonnes et leur
tarttm eaaUe les pëlards alors fort noasbreiUL
Bd 15è&, eette^ «ecelnte, d'almrd Mdeste cemne le
bourg quelle enfermait , et faible comme les moyens d'atta-
qu£ de répoque^ tombait de vétusté et n'offrait plus
d'aiUeun^ aie défense suffisante oontie les projectUes
alors en usage. Les Chteau-carinoMls if eilressèrent doac
au roi Françds I*', et obtinrent de ce prince la permission
de clore et fortifier leur bourg et viUage déjà circuit de
murailles (fi),
LepaiysB'^telIpaerlehei carlesluailtaBtSy déseqpém
cbstant powreté, de parachever leur entreprise, reconnurent
(l) îfotice matmcr., 1768.
(3) Quelques éeiivtiM «n ont Adk honneur aux évéqttM MttHi » aatiaM
possetseun de It tetre de Ch&tMU-GliliwD.
(S^ Il se compouit du gonvenear.'de la vttle, d'un lientaiiaiit ds roi,
d*un maire, de deux éebevins, de doue notables, d'un reoevenr, d*nn
syndic et d'un greffier,
(4]l Arohiv. nation.
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229 iMrwmfém
it WWMli Ml monarque fil ieiif fferûAt, ^ ]eàtm
nÊÊÊÊÊÊÊÊm éÊiâiBÊ éè ift slnt Mié^tt 4a lawr «'À ikMMs
iur ksuf et taureau, deux sur chaque autre pied fourché,
Méiff MT pi^ rond, lOJll ^mt le poK^ur jqw sur
non <àLkur$ (1).
Le roi Henri II, par d'autres lettres patentés du 8 jan-
y ajouta ni£iiie> quatre ans plus tard, m droit de vingt
dmierf sur chaque minot de sel, et, en 1580, celui de
cmrif^pime, (m la ImUlèine du prix 441 via qui sa déiiiiUit
dia^la vHiàÊÊ Dû mu flôlé* li Bdnfli éù fitiitf aflliiMinr
de caiâf»aiH3ibi(Mi 9 leiF afoorda , en 4561 » las mfaWany
de son diiteau qu'il ne voulait pas réparer (2)%
Aidés de ces seoouiSf les Cbâtm-Gtiiiioiiais parent
prenniôres» Us élevèrent, en outre, huit ou dix grosses
tours, hérissées de meurtrières » et creusèr^it des fosiés
Um^ <H prolioiMto^ fm i'oo SmMmêH m mofw de
p e a ii' lef ti
On pénétrait dans la place par deux portes appelées
l'une Porte-Notre-Dame (4), au sud, et l'autre Porte»
SmirGkriêtapkùé an nCNrd* à wne de mvaitfaaie du
(1) Archiv. nation.
(9) JfoHetmamuer., 1768; le Kitimaii, tome n.
(i|flee|iwMae>Beneeeaaeigrie«tàlâfW'l»<raw Mii^MimtMamf,
à reet, remoQtaient par le CbAmpitai en taiisast eatte pla»eikMoi*(
pdie^ ai ripUaDi vonaJ* oouahant» aarriite l'égUae et le priewé, reveaaieat
au point do fU|Myrt en longeant la Tgrrtam. Jdnai, aucaae dee treie piaeee
de la ville ne se trouTait enrennée dans l'enceinte. {Plan de 1096.;
(4) Cette porte a été élevée avec les matériaux de celle du châtaav^
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I
pitomA Ain iatMi nitlttM iitiliit .êêêêê Ia lin
fi9 QuU-e 4 ^ Uay Mo^tçi 4« vaquer imi Oçoiu^tifH^ Un
daût de celui de la province ; aussi lorsqu'il arriva, commQ
«Bi A ^ 6^ g^UYQmemeaU fwreat remis dao»
8t fMr« re«if aif fi pMlIcq^
Pierre Pitoys I**, écuyer, seigneur de Quinci?e, fat u»
desi prU^ipaux gouverneurs de la ville ^ et celui qui a laissé
CAat9^ni4 ir^ kmml^s^ qu'il avait acquise à oetlt
i&teiition de téo^arde Béliart^ femme de Jean SaUonnyer»
fiAimûtti â'Aiwûiitaîa* lUi maanifinA ^mm»»»^ ^ cmiiciaA
(1) La première communiquait avec le Champlin ; Vautre ouvrait fTouest
(le régli»e , prè» de l'anoien hôpital.
{^) Leâ gouveraeurs eonnua suQt : Jc^aii 40P4ame, clerc , qui , en 13Ut
se disait aus^ partie du scel de Dreux de Mella et bailli do Châtouu-Qiiiion i
Simon Le Monchcux , en 1350; Pakmùde Tridon , issu d'une ancienne
famUlai 4^ loar^ogae, ea 141^9} Mfite MarA, m Mf $tk Mdaii,
4,iic de Bû^o^^ne^ Deois doi L% fpu<1\ellOt <l^tltué en \tti par Uoonii^
éé ftùomy, marédial d» BonrgogBef'fiit femplaoé parte buro» d*Épiry.
L*aiiiiée auiraiite, le duc de Bourbon, yaluqueur & Sermages , le rétablit
dans sa charge. Jehan Bondault, écuyer, seigaeur du Buys, lui succéda
en 1170. Philibert de La Platière gouveirnait la ville 1490, et Jean de
Jaucourt, chevalier, baron de ViUarnoult, conseiller et chambeUau de
Maximiliun d'Autrictio , en 1302 ; Etiepne Tridon , en 155S ; aoble Hubert^
tVj^ ^lianipignoles i ç^iexaiier» seigneur de Viilemolin , en 1560; de
q^^ïftp-(^^^^ ^ lAl9!^à Bi«iri^ f i^ys l^t foncUteur du couvent 4^
CapaclDt, en leoO; lobert de Buaighl^MiR. 4^4 go«.veviM«l 4» I^V«p<
de Mont8«iclM„«« lUftf fUll* H» é&mm* m U tÊ m tk< WMW >
i^mm^ , m. Al«|i% WuNh MUI# mrn wm t ^Wmm^^
Cbinon en 17S9. . v
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228 LE MORTANO.
dontii»ran»9n eiiém M MMtftttoM M de M vtta
îm Wëm, W iMbre de quatre prêtres et deux frères ,
y firent leur entrée en 1640 (1). L'église, dédiée à saint
Pierre, patron du fondateur, était vaste et Meii Mfie;
Oa y remoqpiait ne Mie Ishap^ avee une pierre
#•«1. pied m demi en qumré, placée au-dessus de l'en-
trie, €t qn! portait une plaque de marbre noir où était
gravé un écusson armorié au bas duquel on lisait : « Gba-
» pelle et sépulture des Pttoys; te%nem de QriiHte,
> Wo«ifte» et MBt-Mnurioe, IMaiMif» d« ee eoin
• Tttnt (2). 1 . .
La justice se rendait à Château-Chinon , au nom des
comtes de la ville, dans un bailliage dont les appels se
portaient à Salnt-Ptom4e-lloAltèr, etde Vk an parlement
de Peifs. n avait kd-nitae dans son ressort particulier
quarante -deux justices seigneuriales. Le personnel se
composait d'un bailli , d'un lieutenant-génénl'^ d'ttn tten-
tenant parUcuUer, d'un procnrenr fiscal^ d'un avoeat dn
fisc, d'un greffier, de plusieurs sergents.....
Louis XI y avait créé, par un édit du 7 juin 1462, une
élection que Ciiarles VIII confirma par lettres patentes
du 20 décembre 1492, et qui subMsta Jusqu'en 1789.
C'était, dU Née de U RodieUe, la plus peUte dn royaume.
Ette comprenait quanmfe-denx paroisses ; mais plusieurs
n'en dépendaient qu'en parUe (3). Uu grenier à sel y avait
(1) Ils habitèrent pendant trois ans, en attendant qne tour maison ftit
achevée, au prieuré de Saint-Christophe. Lo supérieur prenait le titre de
gardim.Lepère Bouffechon , le dernier qui ait été revêtu de cette dignité,
I» in«té'«n 1793 et conduit à Nevers, où il demeura en prison pendant
qttiaxeuoit; enfin, il fut déporté, Tannée suivante, jusqu'à Brest, où il
uoiirai d« prtrattM» et martfr de te «of.
W I«ft»adateQrynitinbaBié,eneBM,venl6tt,et Pierre Pitoys , llm
de §eê deioendtats , en wm, (AkU. naUon. et 4e Qataelse.)
(8) U pereonnel w oompoeeit d*in piéaident, qoi éttft, en m, lacqnee
Petitier, sieur du Breuil; de qoitr» dh», «ymit letHié de cMieelHen dn
roi , d'un procureur, de deux reeefeare et d*nn srefler.
*
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LB MORVANO. 229
été foadé ca m6m taiapi tt pm kfkmÈmm fw^àmm (1);
On tnwvatt enepre. dans oette ifile um whilftiiilfm
de l'intendance de la généralité de Moulins-cn-Bonrbon-
nais (2); une macéchaussée^ composée d'un exempt et de
Wtie cauiaUeni «ne diiMiOB de8.aita.(S); we nattiiM.
laitfoBMèroéQf Mx.ei larêlt» dont les oMm étalait
ordinairement les mêmes que ceux du bailliage ; un bureas.
de contrôle.....
Ces divers étaUissements. «Mi«>»nitttraiifa dftnaaipnt à
l^andeime eapftale dn UmnnÊA, malgré aa pelilBsseyine
importance réeUe qui l'assimilait presque aux grandes
vill^ de l'époque j et faisait dire comme en proverbe :
Chàliaa*€iinlon,
Mila tills al gnaid'ManB.
Cesieneore cette Imponuiee adaMstrative qoi avait»
aana dMie » Inspiré ee dielen populaire :
Maison pour maison ,
^ Mis vaut mieux que CMteau-Qiinon ;
Prixpour prix,
Oiàteau-CSiinon vaut bien Paris.
Cette ville ayant perdu j. en 1790» ses privilèges féodaux»
devint^ comme nous l'avons va» cbef-Uea d'un district
formé de son canton» de ceux d'Aonay» de Montrenlllon»
de Monlsauche et d'Ouroux. Dix ans plus tard , il y fut
créé une sous-préfecture qui compte aiiyourd'hui treize
(1) Il était administré par un président, un grenetier, ttn contrôleur, un
prooannr do nrf » lui Ttctfwtr*,»*»»*
fS| Lm iMWlioM &WÊk sibdëMfBé équIvÉltieiiC fe ceOei d'un sous-préfet.
W IfltfowdTInl- let droita réaiUs. BUê eonsiatait en on direetoor» un
r«eereiir, li momMm 01 «s prsBtef eoflUDis.
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iiHli^ (1) tir wïïrm U fimmmiiâm,
en lêlO. Ui tittitolre acttwî d« lâ CôittTtitmë èét, ftprêi
0M te MâUM^ 1« iââifiS^ étâticM tout ié Mohraâdl
ûwêmmfÊmA 9MÊm mpuàM u mi mk igiÊtm
^^^MfcMMIif ktMIMi# ûdÊt fini qillW^ÉI|fI"9MIMf
sont en boi$.
Château -ChiDon ne posséda jamais qa'finë (lâroisëé,
M^ÊÊÊÊÊ^ ^HÊÊÊtlÊB 'J^ÊÊ'Wê flNItoMf ^Nl ^ftMÊtS 9Ê È^ÊÊ^
Gbristo^e^ Mais la poptilation s'étant ^tiàé tfàiitMF
à esifCE â» S4iiiii ccrntiQu^ls ^ les faligleuTi , que
ooenpalioiis journalises détouniaient da ïmi de leur
instttnlion» rëaolnreiit y ao MMlM Élcle» de cimfier
radmînistratioii des sacreneMàtÉi fim«l «ilnller aiMioel
ils affectèrent un revenu de mille livres. Ils se réservè-
reni ai«rs le jatirtnifl: éa I» em> el le ommtfèmi
Jusqu'en 1789^ im» l elafcÉ i mm aviif «tà^taMii Mmt
le diapitre de Saint-Gyr qui, se fondant sor nn prétendu
droit de mettre un chapelain dans l'église Saint-Romain,
que lui aurait donsé^ ver» 1168^ Kévêque Beftiard de
Saint^Sanlge^ vouliil » dans lakHÉtS/S^attritaer la collation
de ce bénéfice*
Le premier curé connu de Château -Ghinon se nommait
&e«»e^««at$ tti 0> A^ealtef^mptftyrégise
♦
(1) Voici leurs noms : Ccpaycn de Vigneul, nommé le 8 avril 1800; Janole,
le 9' nOWmbrc 1811; François Sallonnyer de Chnligny, lo 12 aoiU 1810;
de Laissao, le 14 septembre 1830; le chevolicr do CoiH-chawp, le 5 juiri iflSlr
F.-M.-R. Gautherin, le 7 août 18:33; Maignerct , lo 21 avril 1816; le comte
de Malartic, le IC janvier 1847; Hilisberg, le 5 juillet 1848; de Ponger-
ville , le 17 mars 1849 ; de Bérard , le 7 décembre 1849 ; de Mons , le 1er dé-
embre ISBI; U^Bnsm^êik laM^
(9) On célèbre m léle le 1# mvenibiv.
GvUlaume de Courg0iit|c^M kl8S; lew rii|ili« p 9»mÊk- 9tm MUO,
nommé le 15 juiUek 1588, ta Oé^Mt^a^Wili WiftwwHii MKpgipwit»
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2U
siale ne se distingait ni par sa magmâcencc , ni par son
élendirc. C'était^ couBme celle de Satot'ClMstophe ^ ofl
ptUiétffict iwni 4lQBil^iiiiMBniiC€9^lÉliailditfÉii(i9
■ a «
prit potsowioii. le aft novttnhra 1660» Yineenft. iAiot fat mto^^i If
chapitre de Nevers , lo 7 avril 1587; Vincent louant , installé en 1634, céfa
■teare, neuf ans pins tard, à Jphan ThoHmelîir; Clamée CmjWâ, rvfÈttllé
par le pviaur Alexandre de La Toonifilke ^ le 9 juillet 16^9 , se- vit diapeter
son bénéfice par François Sallonnyer du Perron ^ clioisi par lo chapitre do
Saint-Cyr, et ensuite par Philippe ilo Vallory qui prit, en décenil)re de la
même année, le titre de curé de Chàteau-f.hinen ; mais la. sentence de \&Ï0
M casser, taute division , et Claude Coujané re»ta paisilit» poseeesear «kl
bénéfice paroissial qu'il résigna , le 2 septembre 1878, & Jehan Thoumelia^
nemdki enrf d^ee-nolm. Ctande-ninlè Buteao, pfeux et savant ecdésiasti-
dapft aticmil la. pa iei stt ei 4» c mtaii K aiiawk tt ennuenna, VmA9
sa nomihation , un grand catalogue des naissances , mariages et décès ,
très-précienx: pour la généalogie des femilîcs , et qui remonta à 16?r.
Gaapard-Pmmçeiff Moroau , son successeur, en 1774, lui-mérae deeta et
savant ecclésiastique, le continua aprôs lui. Ce dernier admiaistcait
encore la parois.se au moment de la révolution do 1789. Arrêté , quatre ans
aprèa, avec Philippe, son frëre aîné, jésuite alors résidant à Chàteau-
Qfainoo,, il fut dj^snu dan& les yrisens' der Mtv«a j^m^Mit quiavs aïois^
et enfin transporté jHsqjii'à Nantea, où. ce decnier noacot, puia à Brest^
«Tofii-il revint après Ivmort de Robespierre , et se fixa à Avallon, oit il est
mm. f Ardlk Mlioiii y
iMmftmuLr pdétM coaUftctfonael, ancien «laidtf ttMqpr adownietiii
ensuite sacrilégement la paroisse,, et termina savie pan une niertdifn^
d'un apostat , au château de Masiîles-lès-Lu/.y.
Lazai^e^Denis Romand , ancien chanoine d'.Vnton et prieur dfe Vonilloti*^
cn-Berry , nommé en 1803, mourut deux au» apré»; Kticnno Paatoris,
décéda en 1823; Etienne Charollois, homme d'une boute proverbiale,
andeoTleaire de la paroisse, puis curé de 8aint-Léger-de-Fougerct, et
tHiÊmim fl t m ii Cl i Hwe -» OMUroir ev MP^ mt» exerçâmeiF «mm* M îtê
^témim é ùm m ttm itàtÊitm. fhuKFIicie^ «wrien mM^vmgami éf^Smf
vicaire administrateur dfrkn<ttle, qatlNpfti m mtÊi fW HÊ ÊK^Mtaû e» M9(
pirni 'piMdaBij^dipection du petW eiiiiHiiiIHyr JhFpBrtllgny ; il^eaTauJourd'Hui
supérieerdli' grand séminaire de Tl-oyea, etvioaire générafdb^ee dncèMî
M. Mézièros, curé de Brinon , a été appelé h lui soccédor.
M. Petitier, ancien président du tributud, adonné, dans sa StatisUquë
(le la villo de Chàtoau-Chinon , publiée on 1849, p. 5, une llstG-des curés-,
où no«s remai*c|uons Claudo Lcvitte, en 1570; Pierre Paulet, en 1S88; Bdme'
Etignard , ea. IfiM ; Seinton^,. en< 1684 Cesi noms ne se^tMNNBHltpir
daaxiwa BaHie diwlgli atoimuMwn»plrii« M ff^^ mi Ê éam m M Oti^Y
remarque aussi quelques diflrérencee de datei - - '
252
LB JjfûEVANO.
pte ientir. CMImM de Ctourgenay, mmmé k la cwe
vers les dernières années du quinzième siècle » en obtint,
peu de temps après , la reconstruction (i). On y érigea^ en
1522^ une oâèbre confrérie da Saint-Sacrement dont firent
paiflojQiqa'à Bos joiin» tontes les Mtal^^
l^e seconde assodathm dite du Saint-Rosaire, avait son
siège dans la chapelle de ce nom (2). Jean de Pont, écuyer,
seigneur d'Aringette et de GhaUgny^ ayant contriboé poor
une sonune assez considérable aux dépenses de l'édifice
sacré , obtint^ en reconnaissance , la propriété d^ime dia-
pelle qui porta depuis son nom, et qui appartenait, à la
fin du dernier siècle, à la maison de Ghabannes, d'Algon*
lais (5)* En i6i7,on Jbéi^ trois grosses docbes poor cette
égUse. La iirlnctpale eut pour parrain Pierre Pitoys P',
écuyer, bailli et gouverneur de la ville, et pour marraine
très "haute et très - puissante dame Anne de Montafié^
comtesse douairière de Châtean-Ghlnon et de Soissonsi
En 1699^ Pierre Pitoys m, écoyer^ seigneor de Saint-
Ifonriee, petit>fils du précédent, fonda, dans la première
des deux chapelles dont nous venons de parler, au moyen
d'une rente de cinquante ^six Uvres, une messe liaute*
ciniiie vendredi de l'année^ et six messes basses fixées
aux prindpales lêtes de la sainte Yierge. H abandonna ,
pour l'acquit de cette rente, k la iabriqae de l'église^
Vouche et le pré des Fontenottes.
(1) Cette aenveUe <gUee ee ctuRpoeait d*ui eluBQr osM, earBMalé
d'une haute tour avec une flèche eo. bois, et flaaqaé do éeuEOhaipoUos,
«t d'une nef moins élevée que le reste do Fédifice.
(2) II y avait encore d'autres conrrëries, savoir :-GeUoe de rÀBoensiOB,
pour les couvreurs; do Saint-Biaise, pour les drapiers et les cardeurs;
de Saint-Éloi , pour les selliers , les serruriers , les maréchaux et les
taillandiers; de Saint-Crépin et de Saint-Crépinien, pour les cordonniers;
deSaint-Gôme et de Saintr-Damieu, pour les médecins et les chirurgiens;
doSaiot-Tves, pour leo {Nroeufooraot les avocate; de Saaite-Cathoriue ,
pour loi joDBOB flUoo, ofto«flndoSiteWfiooiis, pour les écoliers.
(4) Anbhies du thMatu ds U Mniiifio ot do It iom jwéiwtiio do
CUMMQpGliinon.
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LE MORVÂMD.
28S
Trois 8iècle& après sa fondation , Téglise de Guillaume
de Gonrgenay était devenue > à son touTj» insnflSisante pour
le nombre des fidèles de la paroisse. Une célèbre mission,
donnée en 1821, et dont tous les habitants, riches et
pauvres, voulurent profiter (1)> fit sentir tout l'incon-
vénient d'une dimension trop restreinte. Dès -lors on
pensa sérieusement h, une seconde reconstruction. Une
pieuse veuve, noiiunce Magdelcinc Prcgermain (2),
ayant légué à cette intention une somme de quarante
inille francs, on fit dresser un plan, et, en 1824,
on abattit Tancien édifice auquel on substitua l'église
actuelle. Malheureusement on s'adressa à un architecte
qui n'avait aucune connaissance de l'art religieux, et qui
a élevé un édifice mesquin, sans mî^esté comme sans style,
et pour lequel on a dépensé environ soixante-dix mille
francs (3). En 1849, Mgr D.-A. Dufétre, évéque de
Nevers, a créé h Chateau-Cliinon un archiprétré dont la
circonscription est la mOme que celle de l'arrondissement
communal
Cette ville renferme deux établissements publics très-
précieux, savoir : Un hôpital et une école tenue par les
frères de la doctrine ckrcticnnc. Le premier, sous le nom
de Maisùn^Dieug avait été fondé primitivement par les
anciens sdgneurs, sur le côté ouest de la ville, au lieu
•
(1) sue Alt ol9ie par Mgr nocb-Etiewie deVicliy>éTAqttedtAutUD,qtti
administra le sacrement de Confirmation à une foule de fidèles. C'était au
printemps. Le lendemain , le prélat se rendit à Corancy pour conférer le
mémo sarromnnt, que DOQs eûmes Tavantage de reoeroir en cette oiioon»'
tance .solcnnolle.
(2) Lachaiiello du sml est dt'dic^f! à sa patrone. On y célèbre, tous les
ans, un service anriivcrsnirc pour lo rrpos de son âme.
(8) Cette église se compose d'un chœur en abside flanqué de deux cha-
; pelles, si on pout appeler de ce nom les deux réduits dont U s'agit. La nef
est séparée des bas-côtés par des colonnes en bois revêtues d'un briqueUs.
On comprend qu'il n*y existe aucune voûte, et que tout rédifioe est recou-
vert de ceintres en plâtrage. La tour, qui s'élève au c6té sud du portaU,
• n*e8t ni plus remarquable , ni ne Doit plus d'honneur à Tarchitecte Teste.
46
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2tk UB MORTAna
dit encore naguère le Vieil- Hôpital. La cliapèllè, aiors
Oédiée à saint Maurin, diacre nivemais, était à la colla-
iion du comte qui exerçait ordinairement ce droit par ses
oiOBciers. te prêtre pourvii de ce bénéfice « qui valait
soixante livres de revenu, prenait le titre Ae recteur;ii
était tenu « en conséquence, de célébrer dans cette cha-
pelle aâ moins unè messe par semaine.
En 1665 , les admlnistràîleurs de lliôpiUl acquirent ^
moyennant une somme de deux mUle livres, ï'eimplacemebt
actuel, et y transférèrent l'établissement de charité. Cet(e
situationt aussi agréable que salubre , en rend l'entretien
moins dispendieux; car 11 n'est plus exposé^ comme autrè-
'fols, à toute la violence des ouragans. La diapebe èsk
aujourd'hui sous l'invocation de sainte Reine, vierge et
martyre de Bourgogne.
I^s revenus de cette maison s'élevaient > d-^àévant , à
trois mille livres seulement, et se composaient à'ùn droit
de dîmes dans la paroisse d'Ouroux , et de diverses rentes
léguées par les fondateurs et autres bienfaitcui s. Nous cite-
rons, parmi ces derniers, Claude Qci'geault, ancien curé
de Dun-ïes-Places, qui s'y relira en 17â9; Jean Rousse-
lot ^ curé de Saint -Léger- de -Fourcheret et origlnalrè
de Château- Gbinon, qui lui légua^ en 1771, six mille
livres (1) Enfin, le marquis d'Aligrc lui iit don,
en 1650, d'une somme de trois mille francs avec laquelle
on bâtit une salte qui reçut son now. Gettê attenttén déicMe
valut encore, vers 1847, à rétablissement, un legs de ti'oîi
cent mille francs qui donna aux administrateurs les moyens
d'agrandir lamalson par d'importantes acquisitions. Un mo-
nument en bronze a été érigé à cet indgne blenïhitemr dans
la chapelle même , où il est représenté avec L-C.-A. Camus
de Pontcarré , son épouse , dans l'attitude de la prière.
Le sceurs de Nevers prirent possession de cet hôpital
(1) CouaittP^B , Description de Bourg., toice vi.
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U «OAVâNIi. IIS
ment, jusqu'aux mauvais jours de la première révolution*
RevenuM, en 1618 ^ elles y ont Xondé d^uis m mm-
fenmt poutoiMMit île Je«M illei> 41» leur eaviieBt 1»
MlllM «ftéM de Mi fête «t dn taflnm
Les flrères de !a doctrine chrétienne ^ établis en 1845,
par les soins et le zèle de M. Paul Flicbe, alors curé de U
paroia»e> ont ansd wmi 4m ilmm anfoiird'Mi trti*
tfim latine assez suivie , et une école mutuelle.
Château-Ghinon possédait autrefois une manufacture de
gros drapSyréfHitésàcausede teor^iaUléelreciiei^étiKMr
niaMnenieil des iraapes. Cette nuitfMtm «omoiafe
i dégénérer à Tépoque de Ff nrattoA àm Hottige (1 ) ; *¥K% •
luxe moderne lui a porté le dernier coup. Le faubourg
Saint-Christophe, vulgairement le Grand-Faubourg, oouciid
a«x pledàdt vieux cMtoau , «0t vmmmè itllMiin-
derteh Ate Ormé^^m<ânê (2), le qwMertta dÉMttMi»
•n trouve une brasserie et des bains publics.
Le commerce consiste principalement en vta de Bour*
goCfiie 4 dent cette vifié «s(t r«Dtrepôt iponr «ne |Mle dd
lUMit^MorviMid ^ lé Biuwfe) ea IMMe inMde iM>iMr r«nP*^
TMenWeilieBt de la capitale ; en bestiaux de toutes espèces,
en céréales Ses sept foires et le gros mardié qui a
Meu tous les àmcË8> depsis la Démsaliit jvaqe'àla Sate^
9eati,iMiitMfehiréqiieiités. LeswDtesidelavae^iqlditet
êmdeafttendés, per oWJ i «it awtrofefa ^ <tewte»«iwri^
sur chaque bœuf qu'on y conduisait ; huit sur vache et
pouline non ferrée ; vingt m 4]tieiU(l ferré ; un sur brebis
et chèm> et dêux déeiim ma fommoL U km éteit<iA«
M MM) m iÈM'ê^ ntkaifBm vm doMlleida 9Ate
(1) Archives nation.
(3) Ainsi nommée d'une source abondante que Ton croit avoir été vénérée
au temps des Celtes. Les curés de la ville s*y renéeat abaque
année , en procession pour en bénir Teau.
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chaque . mesure de froment, de seigle, d'avoine, et de
sarMin» qui se vendait à la halle (!)•
Peii de fllta ont. eu plus à souflpir des maux de la
guerre que celle de ChâteaM-^Ghîaon, Prise en iM2 par
les Armagnacs, ces gens en rançonnèrent durement les
habitants, et se répandirent ensuite dans les environs,
pfflant et brfflant les châteanx. Le duc de Bourgogne,
Jean-sans-Penr, ayant appris en Beigi^e, où U élaU
occupé à guerroyer , la grandeur des ravages exercés par
eux sur les terres du roi et sur celles de son fils , alors
comte de Hevers, résohit de les déloger, à quelque prix
que ce «tt, dn château où Us s'étaient ciwtonnés. Il écrivit
donc , ainsi que nous Tarons observé ailleurs (3), à Margae*
rite de Bavière, son épouse, de convoquer à cette On les
msanx du duché, et de pousser acUvement la reddlUon
de la place. '
Les seigneurs de Bourgogne , préiâits dans leurs terres,
répondirent avec empressement à l'appel de leur suie-
raùi, et arrivèrent, au mois de juin , avec leurs écuyers
et lenis hommes d'armes sona les murs de la ville. Ils
fttrent blentM «uivis par les convois de poudre, conçut,
arbalètes, boulets et autres machines de guerre, que
Renaud de Xhoisy, receveur général du duc, y flt con-
duire par ses ordres^ et l'investirent aussitôt On remar-
quait para^ les assiégeants, leaa de Rocheiort, cheva-
lier banneret , ayant sous son commandement un autre
chevalier banneret, deux chevaliers bacheliers et cent
vingt-six écuyeis; Girard.de La Guiche, baiUi de Cha-
roOaiS, à la tête d'an chevalier et de quatre-vingtrsept
écuyers ; Jean de Saulx , seigneur de Courtivron et chan-
ceUer du duc, avec un chevalier, quarante-sept écuyers
et un trompette ; Jean de Neuchâtel, seigneur de Mon-
(l) Archives nation.
(s)rovM p. i;«eti39.
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LE MORVAND. 237
tâiga^ eh«iralle^ banneret» qol commoidalt à dttfiantè
antres chefaliers bannerets , dix-hvH ehevaUm bacMleiv,
cent cinquante-cinq éciiyers, cent quarante-cinq archers
et arbalétriers , deux trompettes et deux méoétriers ; Guy
de Bar» baron de Presle el baiUi &Awlo\s , oàndnisaait
quatre cbevalf ers, huit bacheliers , quarauté-hûit deuyers ,
un trompette et deux ménétriers ; Claviii du Clou , auquel
obéissaient quarante-six écuyers, un trompette et deux
ménétriers; Huguenin, seigneur de ftlont-Saint«Jean et
bailli d'Autun, ayant sous ses ordres un chevalièr bachelier
et quarante-sept écuyers ; Jean de Saint-HIlalre , bailli de
Giâlons-sur-Saône , qui dirigeait vingt écuyers; enfin,
Jean de Neuville, chevalier bachelier, bailli de Saint*
Pierre-le-Moûtier, avee trois* dievalien bàebdiere et
quarante-un écuyers (1).
L*arraée bourguignonne cerna la ville , et la foudroya
à coups de caoou, pendant un mois^ sans pouvoir s'en
emparer. On compta, de part et d'autre» durant cet
Intervalle de temps ^ un bon nombre de soidats nds hors
de combat. Enfin, le capitaine Baquin-Beul, qui comman-
dait les assiégés ^ voyant que le duc de Bourbon^ qui avait
promis de venhr à son secours, n'arrivait pas, et craignaint
que la ville ne finît par être emportée d'assaut, résolut de
capituler. On entra donc en pourparler, et on convint
qu'il lui serait compté une somme de cinq cents livres,
et que lui et ses gens sorthraient de la place avec les
honneurs de la guerre, ce qui eut Bieu le dernier mardi de
juillet. Le môme jour, les Bourguignons entrèrent dans la
ville qu'ils démantelèrent, et rasèrent le château (2).
En 1465, Ghâtean-Gbinon, fidèle à Louis XI qui venait
de le doter d'une élection et d'im grenier à sel, refosa
de recevoir les olliciers de Charles-le-Téméraire et de
(1) nom Planchsm , Hitr. ie Bourg., toma m, p. SM.
(9)/6mI.
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99$ uinoivAHa
momatir^ «on autorité Is ia^um dOA a'é(ai( ^
dtm m «près s a?^ me «mée Anglais qu'il avait k
son service, attaquer la ville et l'emporta le U juillet.
M m territ)le moment pour Château <^CbUi(»ft qu'il
pnvril pa? ^ pUlaKe^«t rioceiulto^ Mais biaot^l ovivaincii
A* rimiKirtaim «In <diat«aQ, ce prince ordonna h Jean
ïrldon» iataod^t« traviiUlar de suite îx ^ restau-
ratiQp»
An seMdmo aUctoa viU^ «'étant Jet^e» ei| |iaine
deniAréf^OtAmalepartf delà Ug^e, attira de nonvean
9«r elle le Oéan de la guerre. Le maréchal d'Aumout^ uni
au duc de Nevers, se présenta, au mois d'août 1591 , sous
murs avec une arméç de trois nulle hommes, fi somma
les habitants de lui en ouvrir le$ portea. Ceuxrclf que
soutenait une garnison de deux cents héros , refusèrent
hautement d'obtempérer à des ordres qui semblaient
compramettra leur conscience, et se préparèrent ^ une
iMfnae eirtrenie. P'Aumon^AU donc forcé de former le
fii^ de la ville qu'il prit d'assaut, après trente jours
d'investissement , peftdapt lesquels il perdit m bon nom-
bre d'hommes (i).
Furieux d'une ai lowuè réslatapce , le vainqeeur entrç
dana la pla<!e^ en M passer au m de Fépée les braves
défenseurs, ainsi que les habitants les plus compromis,
et permet le pillage. Qu'on se ligure iqut ce que la ville
«Mt h soulKrijr d^ la paru d'une ^oldat^ue e^r^ée et
«omposée en partie de huguenots ) L'bumanih^ et la morale
réprouvent en même temps de semblables actes (2).
Dix ans après cet horrible échec, aiâleau-Chinon eut
h subir les Xufoura uu euuemi non motps aiLrof^er un^
(1) On raotmatissalt encore nignère , sur la rente d'Autan , prie de
ranolenne erate d$ mitHon, les veetiges du oamp de rannée assiégeante.
(3) Dom Plancher , Bist. ^ «ipyi^, Mpe |r, p..S08; ^ Jl» ^ Uo-
cBBiu , Mémoirm, p. S13.
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LE MORYAND. 239
♦»««•#•«•••»- .<.
^idftme qui, au rapport d'up r^lrf» 4e la
paroisse, n'épargna que denx personnes do corps de^
notables, savoir : Denis Pitoys, receveur au grenier à sel,
et Jean Yaucoret-Grosbois, ravagea la ville et la dépeu-
pla presgae tout entière, ies vivants ne suffisaient pas à
enterrer Ifs morts. On improvisa, dans ces fatales circons-
tances, hors des murs, une espèce d'hôpital où l'on trans-
portait les personnes <ittaquées de la contagion. La source
llfès 4e }aqQ^e se trouvait ce lugubre établissement^ se
nomma depuis la Fantainenief'Pestiférés. En iSU9, le choléra
s'y étant déclaré, il y eut soixante-treize personnes atteintes
par l'épidémie ; mais on ne compta que trente-sept décôs.
Cliateau-Chinon est la patrie du grammairien Bazot;
de Fabb^ Gjissier» son élève» auteur de plusieurs poésies
où ])riùent un e^rît enjoué et une verve délicate (1) ; de
Jean Sallonnyer, inventeur du flottage en trains.
ANCIEN GOIITÉ.
L'antique seigneurie de Château-Ghinon ne fut, dans
rprigi^e^ qii'une simple châtellenie mouvant en fief des
comtes de Nevers. Hais le roi Giarles YI rayant conlisquée
en 1 389, l'enleva à la suzeraineté de ces princes et l'érigea,
ayqc fabarounie de Lormcs et la châtellenie d'Ouroux, en
comté > après en avoir afirandd tous les sujets* Le po^ar;
que la Joignit ensuite à la province de Nivernais à titre
d'enclave et de franç-alleu (2). Cette nouvelle dignité et
les divers privilèges dont elle jouissait, assignaient à ses
possjssseurs le premier rang après les ducs et pairs (3) ;
aussi le comté de Gbâteau-Gbinoii p'eut-ii, depuis cette
époque jusqu'en 1719, que des sdgneurs issus de sang
(1} Voyex Tart. RoussiUon.
(9) L*auteur d'une précieuse notice manaserite sur Chàteau-Chlnon hit
observer quç le roi eût élevé ce comté au rang de prorfnce, si ses dépen
dances eussent été un peu plus étendues.
(3) M. PsTi Tiin , SMiêlique de la vUU de Ckàkait-CkSnon,
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240
LE MORVAND.
royal. Plus de deux cent quarante ficfs, la plupart fort
importants 9 et situés très-avant dans la Bourgogne et le
Nivernais» én mouvaient noblement (1).
On y trouvait jadis quatre bailliages seigneuriaux qui
avaient leur siège à Chatcau-Chinon, à Lorraes, h Ouroux
et à Brassy (2), et dont les appels se portaient à Saint-
Pierre-lerMoûtier, et de là au parlement de Paris (3). Ce
comté eut autrefois sa coutume particulière ; mais elle se
composait de très-peu d'articles , parce qu'elle éUii régie
par celle de la province ; elle n'admettait pas la forclu-
sion 9 c'est-à-dire l'exclusion des femelles par les mâles
dans les successions collatérales ( k).
La terre de Château - Chinon a souvent cîiangé de
maîtres. Possession de l'église d'Autun^ qui la tenait en
pur don de la munificence de nos premiers rois chré-
tiens, elle passa, au neuvième siècle, à titre de fief,
aux comtes de Nevers , qui déjà prenaient rang parmi les
plus puissants seigneurs de l'époque. Hervé de Donzy, l'un
(1) C'étaient, entre autres, Arcilly , Argoulaie près de Montsauche,
Argoulais près do Chàteau-Chinon , Aringette , Aron , Aunay (le Bas-Fort),
Beaurcgard, Bernay, Beoret-Boguet, BUames» LeBreale, Brinay, hB^Btvjs,
Bachot» BttssiàTOB près d'Ouroux, Buzy près d'Anost, ChaiUoux-Ie-Vieus,
Chaill6ttz-le-Neuf ou Buftsières, Chaligny, Cbamp, Champ-Cheur/Cbamp-
VÀbbaye, diaiituUe, ChAtin, Chaumard, Chaumes, Chaumien, Commagoy,
Gorancy, CorceHe, Crot-d'Achun, Estoules , le Grand et le Petit-Guy,
Dommartin, Drazilly, Fachcn, Frétoy, Grandry,riuipy, Laverdoux,Lavault,
Lichy, Louvreau , Maison-Comte, îlonessairo en partie, Le Montai , Mon-
taron , Montbaron et Muiilhois, Moncey, Montsaulnin , Montmort, Mont-
perroux, Mouassc-la-Fosse, Noury , Le Pa\illon, Poissons, Poussains et
Poussignol, Poussery, Précy, Quiiicizc, Ravery , Salorges et Lhuis-rAbbé,
Saintp^ennain-des-Bois, Salnt-Léger-de-Fougoret, Saint-Pérease , Seiv
magos» Solières en partie, Tard, LaTournoUe^Vandenesse, Vennenonx,
Vauchisson , Villacot, etc.... N4us citerons , à Tarticle de Lormes , les fle6
qui mouvaient du comté h cause de cette baronnie.
(S) Ce dernier, connu sous le nom de Boitliage deBnuty^Dm, avait
été réuni , vers 1760, à celui de Lormes.
(3) L'ancienne coutume nous apprend qUQ jusqu'à 1463, les. appels se
portaient au parlement île Dijon.
(4) Ârcbiv. nation.,!. 191; Niés de La Rogb., Jl/emotref..., p. 431.
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LE MORYAKa Ihi
d'eux y en fit foi et hommage à Gauthier^ évêqae d'inton,
en 1209.
Ces seigneurs, ne pouvant jouir directement de leurs
immenses domaines » cédèrent bientôt cette terre en
arrière-fief à une très-noble et très-puissante famille qui
posséda en même temps les châtellenies de Lormes , de
Glaine, d'Ouroux et de La Roclie-Milay; les seigneuries
de Biain^ de Brassy, de Duu-les-Places^ de La Montagne,
de La Toumelle..... Ainsi, cette illustre maison avait sous
sa main presque tout le Haut-Morvand. Elle forma, dans
la suite, diverses l)ranclics, qui prirent le nom des seigneu-
ries qui leur échurent en partage ; de là vinrent les barons
de Lormes et de Gbâteau-Ghinon, les sires de Glane, de
LaToumelle
L — Seguin, le plus ancien seigneur connu de Cliâteau-
Ghinon et de Lormes, vivait à la lin du onzième siècle,
n vendit, en 1086, sa terre de Saint-Victor (1), an comte
de Nevers, et partit , h la suite du concile de Glermont et
des prédications de Pierre l'Ermite, avec ses fds et ses
hommes d'armes, pour la Palestine. Mais avant son départ
U voulut attirer les bénédictions du Giel sur son périlleux
voyage , et donna, à cette intention, une partie des dîmes
de ses terres à la cathédrale de Nevers.
n. — Hugues I" de Ghâteau-Gliinon , que Ton croit fils
du précédent, ayant succédé à son père, se montra digne
de ses nobles aïeux, n assista, en il&6, à l'assemblée de
Vézelay, et vola, Tannée suivante, avec Louis-le-Jeune
et toute la noblesse du Morvand à la déleuse des Lieux-
Saints.
De retour en 1153, il donna, du consentement de
Parlsie , sa vertueuse épouse , de Hugues et Seguin , ses
(1) Biches , dont Féglise est encore dédiée & ce saint martyr.
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sa famille^ aux moines de Regny, le droit d'usage et paean
0ans sa terfft 0q ]l.Qri^es> et moqrut deux ai)$apr|i$ (Ij.
m. ~ Hugues II de Blnin ( 2 ) , nom qu'il porta du
vivant de soq père> fut un noble et pr^ux çheyaUer.
£o çonpifi q sfi disposait à partir pour Paiestiofs^
il donna • pour se rendra le Ciel propice , du consentement
d'Aremburge, son épouse, de Seguin, Hugues et Adelis,
ses enfants, d'Enselme, beau-irère , et d'Elisabeth,
tpma^^ dft Seguin^ les terres ^ prés et bois de SerfttUt^ prè§
de P|ançl)e;E, à rab))aye de Regny dépositaire des princi-
paux bienfaits de ses ancêtres; il fit ensuite confirmer cette
donation par Ktienne II, évêque d'Autun, par Tliibault^
évéque de Nevers^ et par Seguin 5 abbé de Gorbigny (3).
A40U^ A||^9 ^ We^ d^in^ 0e Glaire» épousa Jean,
sire de Châlillon-en-Bazoîs, et lui porta cette terre et de^
droits sur celle de Château-Chinon. Quant à Seguin ef
fugues ^ jp^Q^s chev^ei^ pleins de foi et de coura^e^ lis
prt||rei^(, U9Pj pour la T^nre-jSalnte^ «l'qù i'alné np
(levait pas revenir. Hugues, dont le cœur débordait d^
piété et d'amour fraternel, donna à son retour, en 119S,
pour le remède de L'âme de ce bien-aimé frère , les dîmes
qu'il possédait dan§ Iji f^4f^l}pQ}(^ de Ghateaii-:Gb{nqi|^ f|
l'abbaye de Bellevaux, située dans la paroisse de liman-
ton (4).
^ IV. — Hugues m de Lormes (5), fils de ^eguin et
petit.- liis du précédent , étant jleye^u, à s^ majqrit^i
(1) Do m G. Viole , BiiL manusc. de Begny.
(3) Hugo de BUno.
(3) nom O. Yio&t , Biit, mamm* ée Regny.
(4) |91oAmi^n446,eB 1U8, par loçlftoed^ MacB»aigp& p( napiorQDe,
son épouse, qui la donnèrent à Tordre de Prémontré. Ces deux épovx
chréUens se firent religieux dans la suite.
(5) Buffo ab mf9^.
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Menfalaaiwe de ses ai^e^ties» « dMt > cUsoit 4q fMllw
• chroniques , un seigneur de teste , de résolution et
i cl*lUMi ei^tresme dévotion, > Sop premier sqia fut de
pQnfirnier l^ut^ l^s donatiops ûfi «ai fs^ipiUe miqii^Ues II
en sûouta blaBlôt de Bouvelles, H dma, dn (910, |
l'abbaye de Regny, la (jraniVdfme de Saint-Germain-des-
Champs, la moitié de celle de Cli^rpuyc, un moulipj
JiatigiF et prêt de Brassy , e4 im droit de pacftg^
pû«r ee«t porcs dans pa cb^eUeolé de Lomecf» et à
la chartreuse d'Apponay, douze minées de blé, moitié
peigle, moitié froment, sur la commanderie de Biches,
payable li la Toqss^l« U la mAme annâOj lipnwcf
4e se9 tema au eqnite de If^veniB et partti poqr gnerm
eOBCr^ les Albigeois (1).
Il eut, concernant la mouvance de la baronnie de
Lormes^ de longs démêlés avec Tévêque d'Àuxerre, à la
aiiite desquels 11 recopnnt son fmuff^ip^ squf la fidélité
m camt^ de Nmrsf 11 confi^siKi, en méipe temps,
devoir, chaque année, une rente de ciiKju^pLc livres de
çij-e h Ja cathédrale Saint-Étiepne (2),
Vaop^^ g^i préf4da ^ mcffi, c'^»t-a-dire e^ 4
(iajida, da consentement d'El^de de V^nfYj son épouse,
la chartreuse du Val-Saint-Georges, près dq Pouques, et
la dota ricljemeut. (îelte graïulc et sainte œuvre courqnna
toutes les autres , et mit le comble à ses bienfaits. Klvide
avait elle-même fondé son obit ou anniversaire, à Begny,
en 1232 , au moyen de sa pratrtV d'Antouin, du Clos-de^
Noes et d'un pressoir qu'elle légua h cette abbaye. Hugues
iivait aussi douué, dans la même intention, diBS biliPS ^u
monastère de Saint-Martin d'Autan (S).
il) poft fi. lumf mm- A iw- cw^vam p. ^ss.
(3) tkidf nom G. yfiDv; U. ^jte^>Mr<?«'^-
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244 LE MORVAND.
T. ^ Drcm I" de H€io oa Hetlot (l)y chevallér» 8éi^^
de Bresciiard , fils pntné de Gidllaiiine^ baron de Mot^-Bris,
et d'Elisabeth de iMont-Saint-Jean, dame d'Ancy-le-Franc,
ayant épousé Elvidc^ fille unique du précédent , en reçut
les cbfttdlenies de Okâtean-Ghinon et de LonMS (2).
€e noble sefgnenr s'empressa de confirmer, après la
mort de son beau-père, toutes ses pieuses donations. Il
légua lui-même, en 1248, à l'abbaye de Saiut-Mariea
d'Auxerre, pour fonder son anniversaire celai de sa
digne épouse , une rente perpétuelle de cetit sols sur sa
terre d'Kspoisses ; et à celle de Re^ny, cent soudées de
terre de fort Nivernais dans sa châtellenie de Lormes, et
partit ensuite avec Elvide pour la Judée , où il mourut ,
selon Ck>urtépée (3) ; mais il parait plus probable que
ce ne fut qu'après son retour ^ en 1252 (4)« U laissa trois
enfants (5).
♦
YI.— ^ Drent II de Mello, l'atné , qui épousa une des filles
d'Anséric de Montréal et de Marie de Garlandc , comtesse
de Grandpré, ayant succédé à son père> confirma aussitôt,
selon l'usage et la nécessité de Tépoque, toutes les fon-
dations de sa famille, et notamment celle du Yal-Saint-
Georges. Il soutint, en 1259, contre le comte de Grand-
pré, oncle de sa femme, uu long procès pour ses terres de
l'Ile-de-France qui mouvaient du roL Sa mort arriva peu
(1) La maison de MeUo, roue dea plufi Ulusties du rojaame, était origi-
naire de Picardie.
(S) Du RouciiET, nist.généaiog.dêlamÊii€ndeO(mrtmuiyt^'9,nui M»
DB La Uoch., iVémoires , p. 269.
(3) Descript. de Bour<j., tt>iuc v, p. 174.
(4) Dom G. Viole, Uist. manu&c. de Regnyi îiéK db La Rocoells, p. 270;
le Nivernais, tome ii , p. 195,
(5) Guillaume, le puinû, eut la terre d^Eapofssea en partage. laabeUe,
qui épousa, en 1985 , Guy de Hauvoiain ni, aeigfneur de Roany, reçut une
dot de trente-elx mille Uvrea altoctée but le trésor royal.
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I
de tenps après 1282, améeoli û mùtUtqjagkipm pièQQS
de terre en faveur de Téglise d'Auxerre (1).
VII. — Dreux III , fils du précédent , seigneur de
Châleau-Cliinou et de Lormes , s'unit à £ustochie de
Luzignan (2)^ fille de Geoifiroy, et de Jeanne» comtesse de
CbâteUeranlt^ qui lai apporta les terres de Jamac> de Ghâ-
teauneuf et de Sainte-Hermine. H fut reçu chevalier banne-
ret quelques mois après la mort de son père, et fonda son
aaniyersaire. et cdlui de son épouse au monastère de Fon-
tenet en Bourgogne pour une rente de dix Uvres, rache-
table au capital de cent, sur ses seigneuries de Château*
t^lûnon et de Lornies. XI mourut |e 23 avril 1310» et laissa
trois, enfants.
VIII. — Dreux IV» noble et preux chevalier» se conduisit
en héros à la bataille de Sahit-Verain » livrée le 9 octo-
bre 1308» et fut renfermé» pour avoir combattu contre
l'ordre du roi, avec IMathieu, son frère, souclie de la
branche de Saint-Parize-le-Chûtel , dans la maison des
hospitaliers de Salnt-Jean-en-risle» près de GorbeU. C'est
lui qui , en faisant prisonnier Béraud de Mercueil, dauphin
d'Auvergne, l'un des principaux champions de l'armée
d'Odoard de Montaigu , décida» comme nous l'avons re-
marqué ailleurs (3)» la victoire en fàveur d'Érard de Saint-
Verain, dont le fils épousa Jeanne de Mello» sa sœur (4).
Dreux mourut treize ans seulement après son père» et
(l) Archiv. nntion.; Nlt. nr. [,a Rocublle; Annuaire de la Nièvre.
(9} Dans .son t'pilaplu?, à Fontcncl , elle (Hait <lito cousitii^ <i"l](lnuar(J ,
roi d'Aiigletorro. La maison do Luzignan, l'une des plus anciennes de
France, était originaire d'une petite ville du Poitou, dont le château,
selon le vulgaire, était imprenable, parce que, disait-il, il avait été bâti
par une fée moitié femme et moitié serpent. Guy jde Luzignin, mort
en 1194, fut roi de Jérusalem , puis de Chypre.
(8) Vcyex p. lao.
(4) GvT Goftotui , JHft. du JTfvem.; Nil ni U Xoghiui , p. 887; LiBonr,
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âftO LE MORVÀliD^
fille de l'amiral 4e 00 ittitt, IvMlèm, JMM il
Marguerite; il n'eut pas d'enfants de sa seconde union
avec Éléonore de Savoie > veuve elie-même de Guillaume
de Ghalioti» Éomtè d'Âuxérre.
Bàôtil I* dé Meitie««iNBle(i'8ÉelttttOÉlÉies>
is(5U d'uttè des plus anciennes el des pitts illiâllreft MiftfeNNËi
du royaume (1), ayant épousé, en 1319, Jeanne de
MeHOj fille aillée du précédent^ eu reçut la (Mteliefiie de
GliâteaiMSIiliioft} la k^ouiie île ioime&M.... Sa «Aie
eirtriÉirilleti dèvafi KaturèfienveM le «eadnlra a«t |rttti
hautes cliarges da royâume, aussi fut -il fait connéta-
ble de France en 1330. Il se montra ^ par son coorage^
digne d'une telle distinction , et mourut , quatorze ans
après^ à Parls^ i'oti coup de lance quH reçut dans un
touVnol donné ^ l'occasion des noces de Pïiilippe de
France^ duc d'Orléans. 11 laissa un fils et deux filles;
Jeanne 9 TaSuée , fut mariée à Gautliier de Brienne^duc
d'Atliènes , son cousin ; lllarîe d^» la seconde , mourut
saus posiéilXé.
X. — Haoul II de Bricnne hérita, h la mort de son
père^ de ses seigneuries et de sa haute dignité. Le roi
l'ayant chargé, en de défèndre la ville de Caen
contre une armée d'Anglais ^ débarquée sut les oMes de
Normandie , il ne put , malgré tous ses elTorts , empêcher
la place de tomber au pouvoir des insulaires ^ et lut lui-
même pris et emmené prisonnier eu AngletenrOj où il
demeura quatre ans. Mais poussé par Vennii ette'désir de
fl) Bne -Untffc son tooib ae ta petite tille ûb Irfeime-mHkiibe. isatta
illustre maison a donné un -nH à la Sicile, dons 1k personne de'GMthlW
de Brienne, qai virait en IISS, et un autre à JérusaleA, dans celle de
IVan, en 1990. Cederniteir fut créé » fteuf «s aw aprim, S B l p iBlW fr 'dè'CgS»-
tantinople par les barons français.
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LE AlORVÀIfD.
neVoir U pàtrié » Il sé ûéàSk eaSà à VtM^ èé M i^àaç^
avec le roi Edouard.
Le prix de sa liberté fut fixé à quatre-vingt rallie ccus
âùpUix, qu'il promit de pàyler à aoé étmquè déterminée >
àvec ta condition que s'il n'avait pâs saâsïiadt à Ms engage-
ments à cè terme y le motiârqne anglais entiieraH éft érityft
en possession du comté de Guines, où se trouvaient plu-
sieurs places qu'il convoitait (1).
Ce traité malfaenreax^ conclu li l'insn da roi lean^ it
Mitonner le connétable ée trahison ; t*est ))ourquoi ,
le 15 novembre 1330, immédiatement après sa rentrée à
Paris , il fut arrêté dans son hôtel de Nesle , et con-
damné, le 17 isnivant, sans information préalable , sanft
procès en i^e, à atôlr !i tête tratacBié^ L^éxéeûflo*
ent iHen y à rhemie de nlnoit , dans son hétel même >
en présence de plusieurs grands seigneurs de la cour (2).
Le roi, qui avait en même temps confisqué ses itiens^
mit te comté de Gulnes à la couronne, et donna 'eel«l
d'Eu à Jean-sans-Terre, comte d'Artofs. Ainsi ramMttoA
d'Edouard n'eut d'autre résultat que d'amener la perle de
son maliieui eux prl&ouiner. Quaut aux terres de Château*
Gliinon et de Lormes, le monarque les abandonna à
Jeanne de Brlennc , pour ses droits dans la ^c<7esslbn
paternelle , et pour les différents Icj^s que Ulanche d'iiu ,
sa tante , lui avait faits.
XI ^ ifiàMiler IV de Brtèime*, dit de Berct> do^
^'AÏhèAes, trèàu -frère dn )^récédènt, ^t seignenr "itë
Château -Chinon et de LormeS;, à cause de Jeanne, sa
femme, jouit de ces terres par indivis avec Jean de
Ghallon, son onde, jusqu'en 1355, Qu'ils les partagèrent
(1) ArohiT. DaUon.; Fbuia, Met. hiograjh,
(9) Nicolas Gium» Jlifl. ds Ftmeti Wt db U Rocb.» p. S76 et suiv.;
Archiv. nstton.
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248 US MORVAND.
Sa portion 3e conipOBa <le la châtellenie de Cbâteau-Ghinon
avec ses dépendances ^ et de la moitié de la baronnie de
Lormes qui prit alors le nom de Lormes-Château-Chinon.
Gauthier, qui avait été créé lui-niéme connétable au mois
de mai 1356^ fut tué , eu septembre suivant^ à la bataille
de Poitiers» tandis qu'il voulait vçnger noblement la mort
de son beau-frère sur les Anglais.
La duchesse, sa veuve, lui survécut jusqu'au mois
d'août 1389, et jouit paisiblement de la terre de Cliàteau-
caiinon. Mais à la nouvelle de sa mort» le bailli de Saint-
Pterre-le-Moûtier se rendit dans cette ville > et confisqua
tous les biens de sa succession, sous prétexte que l'abandon
ne lui eu avait été fait par le roi qu'à Litre de réversion à
la couronne» en cas de décès sans enfants légitimes» ce
qui était arrivé, n les mit donc sous la main du monarque,
malgré les réclamations de Jean et Hugues de Ghallon ,
et de Marie de Sully, femme de Guy de La Trémouille,
neveux de la défunte et ses légataires universels» qui en
appelèrent en parlement (1).
Xn. — Charles VI, maître de Château-Chinon par suite de
cette seconde confiscation, s'appropria les revenus de cette
terre» sans égard pour les droits des donataires» et l'érigea
en comté. Néanmoins, il consentit» le 20 novembre 1394»
à payer une somme de vingt-cinq mille francs d'or aux
héritiers de la duchesse d'Alhènes, et se trouva, par ce
moyen , possesseur légitime du comté , qu'il échangea
bientôt contre les terres et seigneuries de Gaille-Fontaine»
de Rozon et de Saînt-Saen en Normandie.
Xin. — Louis II, duc de Bourbon, devînt comte de
Château-Chinon en vertu de l'échange dont nous venons
de parler. Ce prince» sage et modéré» mourut en 1410»
(1) ArchiT. nation.
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IB MOETAIia 249
au moment où la France était livrée au feu des factions^
et laissa le comté k son fils (i).
XIV. — Jean F% duc de Bourbonnais^ ayant succédé à
son pèrty.vWta ptaviom fofts ses terres dn Morvand* H
r«iidNi«na, en ikîB, sa ]»art do capital de la renie de
dix livres due à l'abbaye de Fontenet , et bâtit , vers ce
temps-là , le manoir seigneurial de liormes qui , de sou
non^ lut appelé TourTde-BourlKon*
XT« Gliarles fils du précédent^ n'eut qu'une fille 5
Isabean de Bonrliony qui éponsa, le SO octobre 1454^ le
eomie deGharollals, auquel elle porta en dot les biens de
sa maison avec cent mille francs d'or. Olivier de La Marche
prétend que les fiançailles eurent lieu à l'insu du père de
la prineesse par les bitrignes de JeaD-le^Hon^ qid amb^
tiomidt le oonlé de Ghâtean-^non poor le )(^dre à la
Bourgogne , où se trouvaient , juscfuc bien avant dedans^
plusieurs fœfs importants qui en mouvaiçnt (2).
XTL^Charies-le-Téméraire, duc de Bourgogne, étant
entré en Jouissance du comté à la mort de sa belle-mère»
en 1465, le posséda Jusqu'à la sienne arriTée le 7 Jan-
vier iUn, devant Nancy (3). Nous avons vu plus haut
comment ce prince fougueux et justement sumonuné le
(1) Archiv. nation,
(f) IWtf. ttUM, 1. 191.
(3) Ce prince voulant un jour montrer à haut personnage qui était venu
le visiter, les clers des villes qu'il avait prises, commanda à son fou de les
lui apporter. Colui-pi partit aussitôt et no revint pas. Lo duc, lassé d'atten-
dre, le fit appeler do'nouveau et lui reprocha sa lenteur à exécuter ses
ordres.* Prince, lui dit-il, je cherchais les clefs de Beauvais. » On sait
que Chai'les-iu-Téoiéraire avait été repoussé honteusement, en W2, des
iBurs.de cette vUle qu'il tenait assiégée avec me nombreuse armée.
L'ainbition du duc avait toi:^ours été d*lmiter Annfbal, général des
Carthaginois. Satin à Morat, en 1475, par les 8nisses qu'il voulait anéantir»
il Alt encore cette fois forcé de fuira honteusement. Gomme il se sauvait
à toute hride, ce même fou courait derrière lui do toutes ses foroesen
criant : c iUi 1 nwneeigneor, nous voilà hien annibalés. »
47
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250 LE MORVAm
!réméraire, traita si» 9ijiets de Cbàtean-GbittOD» auxquels
il imprima une sinjçulière terreur de son nom. Ses vassaux
du Morvand^ qui ne le redoutaient pas moins , s' empressé-
fènldAini tendra loi el liaiaMipe.pAor MrsiflCi^ «I
alicasi ne tasÈqm 4 ee deMr« Mous dé élroai ^ ëu
ses démêlés avec Louis XI; nous en avons parlé assea
longuement dans notre deuxième partie (1). n ne laissa
qu'une fille ^ Marie de Bourgogne^ qui époim lê suivant
XVII. ^ Maximillen^ archiduc d'Àutriclie^ puis empe-
Mur d'AllmagM ^ étadt deiveau^ par sou suoiage» çood*
dg(Ulea»-€ldnHi»taniit de Mlu leiitMttrit au um dd
sa femme (2) , puis en Celui de ses deux enfants, n fit la
guerre avec la France pendant cinq ans avec des succès
d&ten. €réé roi des BiMualns en 14â6»U0MW(A««s^a«s
plus titiMi sur id trOae UapéiiflA dgmu fuoMi IMT tos^
de Mw pdrdf Frédéric IV (e PaeiHqm
xyuL — Philippe-lé-Beau^ fils du précédent > fut ainsi
surnommé de ce qu'en eflèt il était le prince le plus beau,
le plus généreux et le plus facile de son temps. Il n'avait
encore que douxe an» lorsqu'il épousa, en i4dû, Jeaane-
la*itoUe» fille et lié^iUèra^de Ferdbiand Y, itoi d'Aragoui
et d'Isabelle, tëx^ de Castillcr Cette union lui valut le
trône d'Espagne. Il se fit rendre foi et hommage par tous
ses vassaux du Morvand^ en 1506^ et mourut deux ans
après, le Jour de saint filicbel, à Burgos» laissant trois
enfimts en bas^âge.
XIX. *^ Charles, l'aîné , archiditc d'ÂptrIché > piiis roi
â'fespagne^ et enfin empereur soûs le nom dé Chartet"
Quint, porta le titre de comte de Château-Chinon depuis
la mort de son père Jusqu'au 17 février 1508. Le conseil
do fonllle disposa aknri de celte seigneurie ^ des comtés
(1) Voyex p. 147 et suiv.
(3) Cotte princesse mourut le -2 mars 148d|<i'llllS0tlUto<i9 Ohovai arrivttd
au milieu d'uoe brillante partie de cbasse*
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LB MORVANa 251
d6 Bourgogne « de GbaroUaîs» de Noyersi et des terres de
Gbaiissln et de Perrière, en fiiTeor de sa tante (1).
XX* MftfgneHte tfAttMcfeé^ illlé dè ttàxinriMj
posséda, en Tertn de la concession dont nous iéMû^ dé
parler, le comté de Château-Chinon jusqu'au 20 mai 1517.
Alors le roi François I" l'obligea à le céder^ ainsi que les
seigneuries de Gbaussin et de la Perrière, à la duchesse
de LoDgueville> en compensation des terres et diâteaui
de Châtillon-sur-iMeische, Cuhans, Mortaut, Uiies, Vercol
et Yillefaut, dont elle s'était emparée (2)4
XXI. — Jeanne de Ilocliberg de Bade, fille de Philippe,
prince souverain de Neuchatel, et veuve de Louis l*'
d^ôrtéans , due de Longueville , coittte de Dmiofs , dévtnt
dame de Ghâteau-Ghinon en 4îf47, eu vertu de la tran-
saction que nous venons de rapporter. Dix-neuf ans après»
elle la donna en mariage àson troisième fils ffi)%
(I ) Àrchiv. nation. ; ifoHeê d» litÀ.
(S) Cnttc princesse aVaft été fînnc(?c, dès Vàge d« ttoitt thS , fit) dauphlil
dopuis Charles VIII ; mais elle fut, dans la suite, repoussée et dut céder
sa place à Anne do Bretagne. Ferdinand V, roi d'Aragon, l'ayant demandée
pour Jean do Castillu, son fils, elle r»ai"tit,à l'àge do dix-sept ans, du
port de Flessingno, pour aller joindre ce prince; mais une tempête si
furieuse assaillit, dans la Manche, le vaisseau qui la portait, que l'équl*
page perdit un taiomont tout espoir de salut. Marguerite, tranquille et
résignée au mUien des horrenrt de ftetfe |K>sittoii, écrivit cette épitaphé
Milae MirtlMl Ion 8Mi§4lpeid }
* Ci-git Mariât, la gente demoiselle,
> Qu'eut deux maris et se mourut pucello. >
Elle échappa pourtant, et arriva en Espagne; mais elle no fut pas
heureuse pour cela , car elle perdit son époux au bout d'un an. Remariée
en 1501, à Phililtort II, duc de Savoie, trois ans apr^s , elle était encore
wuire. Cest cette princesse qui, en exécution d'un vœu fait par Margnerlté
de Bôurbon, et b0iie-inèfe,Mlit Id magnifique égliad de firou, priis de
Boiirg-en-BreMe. (flttt. j^Uorufiiidèt CeMM., 1846, p. 57; Archiv. oaUoiiii
PbllbS.) ^
(S) Quelques auteurs ont prétendu que cette princesse n'eut pas
d*enfants , et que ceuK dont U est ici i|rMetiMi ». étalent Aéf d'un pffeiîier
mariage de son mari.
252 I£ MORYAND.
XXn. ^ François d'Orléans, dac de Longoeville^ fils
des précédents, devint comte de Château-Chinon en 1536,
époque de son unlou avec Jacqueline de Rohan, et mourut
en i54S 5 laissant sa Teuve avec deia eniants, Léonor et
ftançoise.
XXIIL ^ Lonis P' de Bourbon» prince de Ck>ndé, Ton
dies plus chauds et des plus zélés partisans du cahrinisme ,
ayant épousé, en 1555, Françoise de Longueville, fille
du précédent» en reçut en dot le comté de Ghâteau-
diinon. H ne parait pas que ce prince» malgré son ardent
prosélytisme , ait inquiété ses sujets du Morvand pour leur
religion. A sa mort, sur le champ de bataille de Jamac»
le 13 mars 15C9, le roi Charles IX confisqua le comté;
mais il le rendit i)ientôt à sa veuve» qui en jouit sa vie
durant» et le laissa à son fils unique.
XXIT. » Charles de Bourbon-Gondé ayant hârité» le
11 juin 1601, des comtés de Soissons et de Château-
Chinon, abandonna, six ans après, aux bourgeois de la
ville» huitcent onse arpents de ifois et buissons, moyennant
mie somme de mille livres de éf^ie-mmn et me reite
annuelle et perpétuelle de trois sous par feu, et mourut
le 1" novembre 1612. Sa veuve, Anne de Montafié, dont
il avait eu trois enfants» savoir : Louis (1)» Louise et JMlarie»
lui survécût trente-deux ans.
En cette princesse vendit» moyennant deu
cent dix mille livres, à Guillaume et à Nicolas Phe-
lippe, marchands de bois, de Paris» la superUcie de
trois mille deux cent quatre-vingt-dix-neuf arpents de
de forêts, et leur donna vingt ans pour l'exploitation.
Conwne cette vente avait été faite sans réserve de balivaux
ni modernes, les habitants du comté, qui avaient droit
d'usage et de pacage» réclamèrent contre cette dilapida-
(1) n fut tué à la bataille do Sedan , en I6â6.
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MO&TAND. 253
lion. Elle les apaisa en leur abandonnant ^ pour une rente
de deux sous par arpent, uue partie dttsol de ces bois
qu'ils défricbèrent (!)•
XXV. — Thomas-Flrançois de Savoie» prince de Cari*
gnan , qui avait épousé Marie de BourboA-Gondé»
fille du précédent, entra en jouissance du comté de
Cliâtcau-Cbinou et de celui de Soissons^ à la mort de sa
l)elle-mère, en iùkk. Ce priace» vif et impétueux» mais
inconstant^ posséda ces seigneuries tant en son nom qu'en
celui de Marie d'Orléans, sa nièce, fille de Henri II , duc
de Longuevillc, et de Louise de Bourbon - Condé , sa
belle-sœur (2), jusqu'à sa mort arrivée en 1656» à Milan.»
où il commandait» en qualité de généralissime» les armées
de Ftance et de Savoie, n laissa deux tUs.
XXVI. — Henri II de Savoie, duc de Nemours et de Géne-
vois» époux de Marie d'Orléans» duchesse de Longneville»
dont 11 vient d'être parlé» et Eugène-Maurice de Savoie»
comte de Soissons, fils putné du précédent, portèrent en-
semble le titre de seigneurs de Ghâteau-Chinon. Le premier
n'en Jouit pas long-temps^ étant mort en 1659» au bout de
deux ans de mariage seulement Le second n'eut Jamais
que la nue-propriété de cette terre ; car la princesse
douairière , sa mère , en lui donnant en mariage (3) , au
détriment de son frère ainé , Emmanuel-Philibert^ prince
de Garignan (6) » sa moitié du comté et généralement
toutes ses terres et seigneuries de France» s'en était
réservé Tusufruit. Elle jouit , en effet , par indivis avec la
douairière de Nemours j, sa nièce» du comté de Château-
(1) Archiv. nation.
(2) KUe mourut le 9 septembro 1637, après vingt ans de mariage.
(3) Il épousa , en 1057, Olympe Mancini, nièce du cardinal Mazarin.
(4) Comme ce prince était né sourU-muet, sa mère avait «upposé qu'il
ne se marierait jamais.
256
Ghinon et de celui de Soissons, jusqu'en 1688^ époque où
titiés en firent le partage. Le premier lai étaot éehu» elle
eentiAiUi d*eii'pmeTdr les i^eiiiis Jusqa^ftn 4 Jolii 1699
qu'elle moamt. Cette princesse comptait alors quatre»
vingt-sept ans (1). Son fils, Eugène-Maurice, décédé dix-
Dçyf aps pli^ tôt^ ayai^ laissé |rois Hls^ Loui§-Thomas^
çQmt^ 4^ Sqisspns; FrPPÇois-EiiKène^^ fpimeiix ^éra*
iissiipQ des arpiées de l'empereur d'Allemagne (2), e^
Pi)ilippe|( m c))evalier de Maltç et a])l)é de Çprbi^
• - •
KXm r-, l4Npi^71iomas4 l'aîq^f de« fil^ an prêchent,
çntn^, ^ la mprt de la donairîèrq de Garignan, son aïeule,
e9 jouissance de la terre de Château-Chinon ; mais il n'eii
fîit jamais paille possesseur. 3cm onpl^» ISpuQ^Ql-
Pbilibert, ce prisée a^^^rité. m fib 4e m
ODion avee Angélique-Catherine d'Ëst-Modène (5) , qu'U
avait co^t^ractée contre les prévisions de sa mère, lui intenta
m jffQçè^ q\û 3e termina e^i J7Q?, pair m arrêt du parle-
nt fi^0t h» H
Tir
XXVIH, "^^ictor-uVmédée , prince de Carignau > fil^
^'£;)HiP^U^-?Wejt« ^ trq^v^j| à ^ sga p^r^i^
1^9111^ 4e 1^ moitié «pTtron dfi çe^\^ selgi^nrle, U
acquit, peu 4c temps apr^, la portion de son cousia»
(iOUis -Thomas (4), et re^ta ainsi seul maître de tout
\^ çm^ Mi^s çe^^ aotm^tiQ^ w^^^t fpf çé 4q (atrç 4fi
(1) JirQfiMfl|anuf^..4f.
' 19) II est célèbre sous le nom de prince Bugin§, Louis XIV ii*ettt pas
d*enBenii plus dsngereux. Il porta d*abord le petit collet, et se nomma
rabbédeCarignan.
(8) Ce mariage eut lieu en 1684.
(4) Ce pfjnoe ayant fait de mauvaises aiïaires, ses erôanclaaBMiflimit
adjuger sa part du comté ; mais VmtonrAm^tlëe les forfa d^M^epler le
lemboors^eni da leiua créaooes.
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LE MORVAND. 255
' gros emprunts (1), il se vit bientôt contraint Inl-mêmé
de le reirendre '
XXIX. — Louis de Magcrani , marquis ûn lieu et de
Paray, seigneur de Villers-sous-Saint-Leu..M»# conseiller
du roi 9 président de son grand conseil f maître de ses
enquêtes. , acquit, le h mis 1719, le comté de
Château-^hinon, pour une somme de trois cent vingt-cinq
mille livres. L'acte de vente porte que cette seigneurie est
une des plus belles du royaume par les droits dont elle est
décorée^ et que parmi les deux cent qwranie fiefs en
sont mmeants, il en est ifuatre w cinq qui talent pfur ée
trois millions de livres (2).
•
XXX. *— ftançols-iMarie de Mascrani^ fils de ce dernier^
#Kt M grifa procès à soutenir contre les liérKIe» do
priMtf de CaMgnftii qtti » ani apric U vtMte > aiviit ^
soin de prendre des lettres de rescision. L'arpentage des
forêts, fait en 1728^ par Girard de Montbemard» constate
que, malgré les défrichements dont nous avons parlé,
elles présentaient encore une étendue de traU miUe neuf
cent un arpents. L'estimation de la seigneurie , opérée par
des connnissaires nommés à cet effet, en porta la valeur
intrinsèque à im mUHan tr^iê €en$ trente-^trois mille cinq
cent quatre4nn§t'4eux Utres douze sous huit deniers, d'où
M. de Buffon concluait qu'il y avait lésion. Néanmoins , un
arrêt du parlement, do Tan 1757, maintint le marquis de
Mascrani dans sa possession pure et simj[^ du oimité qu'il
lraiieiQtiitàMniUB(S).
%XJ(l ^ looia de CM te«H 3M w P| issu du fn^taffi
(1) II avait emprunté les fonds nécessaîros pmt «sitfl w^éUM^n d^8
huupMmVmoiésTiÈilSL
^ ArqUitv. alto».; MnÊmmrttêsVtm,
256 tB MOBYAIia
du précédent avec Catherine-Claudine-GamJlle Douet de
Vichy, ayant saccédé à son père vers 1770, se fit rendre
homiage, denxftns^fès^ par to^sfls vasMKXj^^toumnit
ïers 1776 (1).
XJLXn. — Laurent Planelli de La Valette, chevalier,
nai^ de Blaubec, gendre ^f^J^^ïi^Sti^ÊiiigSlIe^
solvante» M et hommage, du c^omté .au. roi- Lonls XVI,
et exigea le même devoir de tous ses vassaux. Forcé de
passer à F étranger dans les mauvais jours de la révo-
Intîon de 1739, la- terre de Château -Chinon tut alors
confisquée au profit de la nation (2), Les forêts ayant été
rendues aux chanolnesses de Mascrani , eelles-d les vendi-
rent, au commencement de ce siècle, à la famille Bureau,
de Paris, qui les repassa de même, vers 1825, au duc de
caiolseBi-Pralin. le eomte. de Béam, «endre du nowrâ
acquéreur, en e8l*ai4oiifcPhni propriétaire. -
CSAmU^mON-CAMPAGNB.
Cette commune, formée de la banlieue de la ville,
compte dix -sept cent soixante -seize habitants > et ren-
ferme une superficie de trois mille hnit cent quatre^rkigla
hectares dont quinze cent dnquahte-sept sont couverts de
tbirêts- Gomme elle a toujours été rémiie à cette dernière
(1) ArchiT. de la sous-préfeot.
(S) Les représentants CoUot-fTHerbois et Laplanolie', en mitaionl^
Ghftteau-Chinon , firent brûler , dans M nnit-dD S6 an 96 vrtû 1988, an pied
de l'arbre de la liberté, une foule de titres qui auraieni'éléibrtpréclaQZ
pour rbistoire du pays. dt la vUk, p. 4J
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LE lIORTAim. 257
pour le spirituel^ on n'y trouve d'autres édifices religieux
qae deux chapelles rurales dédiées Tuue à la sainte Vierge^
et Tantre h saint Rocb. La prêmière^ Mtie vers 1S4S , an
bamean de Facben , est devenue le titre d'un des vicaires
de la paroisse. La seconde, connue sous le nom de Clin-
pelle-iie'MontboU {i), est beaucoup plus ancienne» £lle
couronne une montagne conique qui domine le cours de
FTonne et la pittoresque vallée de Gorancy. Le 16 août
de chaque année , la ville s'y rend en procession , et quel-
quefois^ dans les temps de calamités, les iidèles y accourent
en grand nombre pour implorer Tassistanoe du saint patrouji
dont le culte était Jadis célèbre contre la peste.
Près de là, est le Chamjh-d'Éguy , où quelques écrivains
ont placé, sans foudenient^ le théâtre de la bataille de 1 ^75.'
L'antique voie romaine , qui venait d'Autun par les Pasque-
11ns ^ traversait ces parages et se dirigeait ensuite vers
Entndns par Satait-Hilaire.
Au sud-ouest, sur l'ancien chemin de Moulins-Engilbert,
se trouvait autrefois une troisième chapelle dont la fon^
dation remontait à une haute antiquité. Elle était dédiée
à la sainte Vierge , et desservie par les moines de Saint-
Christophe. Près de son emplacement, s'élèvent deux gros
tilleuls que l'on aperçoit de fort loin. Leurs troncs sécu-
laires sont couverts de christs, de madones et autres
emblèmes chrétiens, qu*y suspendent de pieux fidèles. Cet
édifice religieux se nommait vulgairement la Chapelle-au-
Chêne. Tout porte à croire qu'elle occupait la place d'un
arbre sacré parmi les Celtes du Morvand. La tradition
locale 5 son nom et sa'situation sur un plateau couvert de
forêts, près d'une source aussi abondante que limpide,
ne permettent guère d'en douter.
Le souvenir des prêtres gaulois et de leur culte grossier
(1) EiU est ainsi nommée d'un ancien fief qui l'avoisine.
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^9 LE MORYÂlfD.
s*e8tj en cratre^ eonamé ém le nom d'Atroys (t) ,
petit hameau bâti au pied de la montagne sur laquelle la
ville est assise. La tradition rapporte que les druides y
possédaient un collège. Des fragments de marbre^ quel-
ques débris d'une beUe mosalqne et divers autres objets
antiques 5 découverts en ce lieu ^ Indiquent qu'une villa
romaine avait succédé à l'établissement des docteurs de la
Çeiaque (2).
La plupart des hameaux qui composent la commune»
étalent Jadis autant de fieh et seigneuries mouvants du
comté. Celui de Champ- Cheur, autrefois Chamfeur et
Champseur, situé dans une vallée, au sud-ouest, sur le
Gara^ appartenait^ en 1396» à Jean-Pierre Le Bourgoln;
puis, en mtO, à Guillaume de La Gourcelle , qui le laissa
à Jehan Plemère, son gendre. Suzanne , fille de ce dernier,
porta ce fief h noble Philippe Descureur^ qui en fit fol et
hommage en 1504 (3).
Facben , dans les bois, au sud , formait » avec U Grand-
tlllage et les Morvands, dont il n'est séparé que par une
valiée où coule un ruisseau ilottable de son nom, une
seigneurie en toute justice qui fut «nie» dans la suite , ai|
marquisat de La ToumeUe. Noble Guyot de Vnsn^jt
ëcuyer , en donna dénombrement au comte de Château-
Chlnon, en i50/u II n'existe plus de vestiges de l'ancienae
maison-forte des seigneurs.
Montbaron, dans la vallée j à l'ouesti et Hontbols, au
nordi étalent deux fiefs simples qui furent érigés, avec
Argoulais, en justice et seigneurie, le 24 juillet 178i. Le
premier^ qui avait donné son nom «à une branche Ae I4
(1) VallU dniidum, ou ad druides.
(3) Au-Uessus U'Atruys, on remarque la ferme et l'ancien moulin banal
de Gravlllot, dont un habitant fut assassiné on 1779. I.e nieurtrier, Ber-
thault dit Le Hoc , condamné par le bailli de Ciiàteau-Ghinon à être pendu,
et n'ayant pu être saisi, Ait eiécuté en effigie sur lu place du ChampUn.
(S) ArclifT. de la aous-préreet.
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LE MORTAm
259
fàmille Salloimyer^ appartenait, en 1504» à Pierre de
Udûtry, cberalier; et, en iMS, à Charles Trfdon» qui ]»
vendit^ la même année ^ à noble Jacques Sallonnyer^
écuyer, seigneur d'Argoulals. Le second, avec Lhuis-
Gaudry^ était possédé, à la fin da seizième siècle, par
noble Jdian Oascoing» écuyer, sleor de Pâltege , dont M
petit-flls yeaâÊi anssi, en 4701 , ft la maison Sallonnycr.
Montsaulnin ou Montceaulnin et t6ré, au sud, compo-
saient une terre en toute justice qui eut des seigneurs par-
âcidiers. GuiUanme de Montsaotadu en fit dénombrement
«n 1&07. On y remarquait alors nn cbâtéan qne tes
Armagnacs ruinèrent quelques années après. La maison
de ce nom, dont une branche existe encore en Berry,
fut illustrée, an dix-septièmè siècle, par le cointe de
Montai , général renommé pour la défiense des places (1).
Cette seigneurie passa ensuite à Glande de La Rochette ,
écuyer, qui en fit fol et hommage h Charles-le-Téméraire,
en 1473. Jean, son fils, et honnête komne Pierre Du Four,
son gen^, renourelèrent ce devoir trente-un ans plus
tard. Pierre Pltoys en était seigneur au eommeueemént du
dernier siècle.*
Précy, dans le flanc d'une montagne, au sud-est, appar-
tenait, en 1556, h Balthasaid de La Touméile. Pierre-
Andoche Desportes, qui prenait le nom de ce fief, en donna
dénombrement à GhAteaii-Chinon , en'l772 et en 1777.
Les dîmes de ce hameau et de celui de Coujard , dont il est
séparé par une Tallée où chrcule la route d'Autun , appar-
tenaient autrefois à Fabbaye de Benevaux , à laquelle elles
avaient été données , en 1193 , par Hugues de Château-
ChiuQUA pour fonder l'anniversalro de Seguig, son ftèT^$
mon en PalestiA^k JU'abM Fiorrt 4» Pont ii^ttoOts
99k 1$494 pour uue WMte.immiuih Oe qumitiMfoq Vimih
(1) foytx VarU Don-Iet-Plaoet, où noua vroM rapporté quelques traita
de sa vie.
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260 LE MOBTAHDw
^ Pierre IV de La Touraelle^ dont les d^ndaot» étaient
tciiiis h foi et hommage enven le monastèro.
Vermenonx» au fond de la vallée de l'Yonne, près de
sa rive gauche, avait autrefois une maison -forte dont
on retrouve à peine quelques vestiges. Ce hameau était le
siège d'une.antique seigneurie mk toute Justice qui eut aussi
des possesseurs de son nom. Elle appartenait » en 15S0,
à Philibert de Houppes , seigneur de Lichy, et à Étiennette
de Loron, son épouse. Louis Étignard, dit le marquis de
Martray^ en lit foi et hommage à Gliâteau-Gbinon^ en 1 7 70,
et la veQdit ensuite k Jacques Girardot de Ghamont • Aoiir-
geaU de Paris, qui y joignit les llefe des Anglois, Boute-
lomg, Tilleux et Traclin, et dont la veuve, Louise-Marie
Foisshi, renouvela Thommage en 1778 (1),
Près de Ih, est le Pata-'Chareau, oà les, comtes de
Ghâtean-Ghinon percevaient mi péage comme à Corancy.
Plus bas, on trouve les MouLins-d' Yonne, et le fief de la
Yallée-de-Cour, seul hameau que la commune possède
sur la rive droite de la rivière.
ra.
Cette commune, l'une des plus considérables du Morvand,
est située sur les bords de l'Yonne , à huit kilomètres à
l'est de Ghâleau-Ghtaion. E&e occupe un sol généralement
maigre et très-frold , d'où lui vint le nom ê^AHée^Ueu , que
l'on retrouve presque sans altération dans celui qu'elle
(1) ArchiTk de la «oiu-prélSea. de GbAteaumhinoD.
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LE MORYAND. 261
porte actn^ment Sa population est de trois mille cpiatre
cent quarante habitants , et sa snperfide de cinq miUé neiidr
cent soixante-treize liectai es , dont plus de la moitié est
occupée par d'immenses forêts (1). Le sommet de Drenet,
Vm des points les plus élevés de son territoire, ne compte
pas moins de huit cent qnatre mètres an-dessos da niyeau
de la mer ; on y remarquait jadis nn signal dressé par les
oflicicrs du génie. Le torrcut du Touron, qui sort d'un
étang de même nom, situé près de là » se précipite
furieux au fond d*un étroit ravin , et emmène dans l'Yonne
les produits forestiers de la partie nord de la comnmne.
Les ruisseaux de La Motke, de La Proye et de Prcpcrny
flottent les Lois du sud
La commune d'Arleuf était autrefois traversée par une
voie romaine dont on retrouve des vestiges aux Pasque-
lins, liameau h'Mi h l'est du chef-lieu, et connu par ses
excellents fromages. On y a aussi découvert de nom-
breuses médailles des empereurs Auguste , Yaspasfen, Do-
mitten, Adrien, Diodétien A Beaoregard (2) , autre
hameau situé à peu de distance de l'Yonne , dans une
agréable position , il exista une antique villa , ainsi que
l'attestent les débris de poterie romaine, de tuiles à
rebords et antres ol^ets curieux trouvés dans l'endroit *
Sous la féodalité, ce lieu devint le siège d'une seigneurie
en toute justice qui mouvait du comte de CliAteau-Chinon.
Noble Étienne de Salins^ chevalier, seigneur de Domecy-
sur-le-Vault, en donna dénombrement en 1473. Pierre de
La Toumelle l'acquit en 150ii, et l'unit à ses domaines.
L'ancienne maison - forte / qui avait remplacé la villa
romaine , a disparu elle-même depuis long-temps, ainsi
que la chapelle seigneuriale qui l'avoisinait
lies damés, situés dans les bois, an sud, près des lives
(1) Trois mUla eiaq InctoreB sont en bois.
{9)EiilAUii,d«Mto«tt».
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263 LB MORVAND.
de l'Yonne 4 sont connus par leurs blancbisseriea. 11 est
curieux de ?oir> des liauleun de Facheii j ces loiBgaes
pièces de toOe déroulde» sur de vertes prairies qa*eiitoiire,
de toutes parts, une nature âpre et sauvage. Ce hameau ,
ainsi que les Pasquelins, les Blandins^ les Gorys^ les
Moreaia» les MoolUeiisrsi les Xrlllq^ets.M^, rappelle le
nom de ses aociens babitants. On rencontre enoore dstns
»
la commune beaucoup de personnes portimt ces déno-
minations.
La paroisse d'Arleuf i. Jadis dépendance du comté de
Oiâteaa-Gliinonj de rélection et du grenier à sel de cette
ville, relevait, au spirituel, du diocèse d'Autun et de
rarchiprOtré d'Anost. Le patronage de la cure appartenait
alors à l'évéque diocésain. J. BerUiauU^ curé en 1769»
mériu, par sa science et ses ?ertus « d'6tre honoré du titre
d'archiprétre d'Anost* Ce digne ecclésiastique ayant été
déporté pendant la persécution, avec son plus jeune frère ,
alors curé de Glux, et plusieurs autres prêtres , jusqu'à
firent* y mourut martyr de ^ foi,, à l'âge de soixante-trois
ans. L'importance de la paroisse d'Ârleuf lui a valu d'être
érigée, par les soins de Mgr JUiilaux^ vers 1627,. en cure
de deuxième classe*
. Le dief-lieu» traversé de l'ouest à l'es^ par |a ronte de
Oiâtean-Gbinon à Autnn^ est bâU au spinmet des monta-
gnes, vers le centre de la commune. Il est loin d'être
aussi considérable que pourrait le faire supposer le chilTre
général de la population. L'église paroissiale, dédiée 4
saint Fienre-ès-Uens» est un édifice aussi pauvre qju'exigu.
la chceur , la seule partie qui soit voûtée, fut reconstruit,
au seizième siècle, par Guy de La Tournelle, seigneur du
clocber. On voit, ^u milieu^ sa tombe et celle de Claude
de Gldssey , son épouse, qui fut inhumée à côté de lui en
1 580. La nef, encore plus misérable que le cliceur, renferme
le tombeau de Simon Sautereau , auquel le Morvand doit
l'invention des étangs si utiles au flottage, et celui de
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LE MOAVANO. 263
MâHé-Âimd klareeaii^ ta temm. cet Homme honorable et
fort respecté, mourut en 1768, à Tâge de soixante-^quatré
ans. Sur le monument, élevé au côté sud de cette partie
de l'édifice» on Ut ceq[oatrain tracé parime main amie ;
« G0 marbre Mus laqMl repose»!
» Deu eman dignoe de ?« regrelty
9 Ce marbre, que mes plem arrosent,
» Vous instruira de ieur^ ijienfaits. » ,
Puis une inscription latine rappelle qu'en 1748, Simon
Santereau creusa^ a ses tirais, à la source des miaseaui,
des étaiga oè fl réunit les eam d'atentonr» et qn^aa moyen
de ces réservoirs , il rendit l'Yonne flottable à volonté. Oé
tombeau se trouvait jadis dans Tunique chapelle ouverte
au cOlé sud de l'église. Le cimetière primitif, qoi entourait
l'édifice reUgtettx, montre par son eiigolté qae la paroisse
était alors fort peu peuplée, le sécond, qui avsdt été étabU
h la tCte de la prairie voisine , a été abandonné eu 1845.
Les babitants d'Arlcuf, jadis mam-mortables, serfs et de
serpe eanditUm, e&rvéables , taillableê à merci une fois
ehMun an envers lenf aeignenr, n'échappèrent à cette
dure et triste condition qu'à la fin du dix-huiticmc siècle;
aussi sont-ils des moins civilisés du Morvand. Leur costume
est encore celui de leurs aleui , et leur langagfe proverbial
parmi leurs voisfais.
Lors de la proclamation de la république, en 1848,
croyant sans doute que le moment était favorable pour
rentrer, de gré ou de force, dans les anciens drdts d'usage
èt pacage dont Ils ont été , comme tant d*aufres, dépoufflés
en ces derniers temps, ils se levèrent en masse et se por-
tèrent, armés de faux, de piques, de cognées...., sur
GhAteau-Chiaonf oà résidait le régisseur de la terre de
La ToumeUe; mais, reçus vigoureusement par lagarte
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264 LE MOHTAm
nationale de cette ville, force leur fut de s'en retoomer
comme ils étaient venus.
Aa sud-ouest d'Arleuf , jprès d'une vaste forêt^ on re-
marque le manoir de La Toumelle^ de TameUd^ édifice
du dix-huitième siècle. Il a été rebâti sur les ruines d'une
antique maison-forte « autour de laquelle les manants et
sujets de la seigneurie devaient Uàte g«et<el-garde en
temps de gruerre et d'imminent pérfL Hsis quelle différence
entre ce prosaïque pavillon et l'ancienne demeure des
sires de La Tournelle ! Dans Tun, tout est vulgaire; dans
l'autre 9 tout firappait Timagination comme les regards.
Tours crénelées^ doqjon hérissé de meurtrières, murailles
épaisses^ fossés profonds, lourds ponts-levis^ chapelle
castrale, tout annonçait le s^our d'un baut et puissant
s^gneur*
La terre de ce nom^ anden démembrement du
comté de diâteau-Ghinon , dont elle mouvait en plein
fief, se composait jadis de quatorze domaines et d'une
masse de. forêts, évaluées à quatre, mille quatre cents
arpents, ou deux mille deux cents hectares enviroa Ses
antiques possesseurs portaient autrefois^ ainsi que les
anciens barons, le titre de sire , qu'ils conservèrent jus-
qu'à son érection en marquisat, en 16S1* A. cette époque,
la haute justice de ces seigneurs prit rang parmi les bail-
liages et son ressort comprit les paroisses d'Arienf, de
Chaumard et de Gorancy (1).
La seigneurie de La Tournelle appartenait, au onzième
siècle, à la puissante maison de Château-Gbinoo et formait
ordhudrement l'apanage du puiné de la fàmOle. Seguin,
le premier seigneur connu qui en ait porté le uom,
était un chevalier aussi distingué par . ses qualités per-
sonnelles que par la noblesse de son origine. . Il assista,
(1) La chapelle do FcMbouloin et celle de Seauregaitd formèrent, avec ces
trois paroisses, les cinq docbers alors nécessaires powuBèsemblal»le
éreclioo. '
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LE MUHVAiSD. 26Ô
an lièd , à la féémtêoit ûb Ift chaarte par laquelle Gmll-»
laumc II , comte de Nevers , approuvait les dernières
acquisitions du prieur de La Gliarité. Trois ans plus tard,
Hm mdii^Vjicaes âlià l'aneaiblée de Véselaf ei r4tttra<
aamasolp paré du eigBe sacré de la. cnoiXt Ce wnijiiar-
mourut peu de temps après son retour de la Palestine ,
laissant de Maguelone, sa noble épouse» m enfauts (1).
Seguin II 5 ralBé^ M succéda.
•Ge Jeune aeigneuv fonda, en il5§, du eonienienwflt
de sestirèreset deses ârois arars, pour le iwmèdedei'âme
de son vertueux père et pour le salut de celles de ses prédé*
cesseurs, le prieuré de Giiipy, et le donna, (joati c ans après,
avec r^ittie du Heu eivquelqnes bévitagefc, k Tabbaye de
Saint-Martin de Neforai -
Pierre I", sire de La Tournelle, se montra , par son
coui:age et «a bravoure , un clievalier digne de ses nobles
aieux. Nous avons raconté ailleurs (2) ooimnait il abattu*
sons son eheral, le 35 Juillel 1214 , à Bouitees» le comte
de Boulogne , l'un des princes alors ligués contre la
France, ce qui contribua puissamment au gain de
la bataille. Guillaume, son frère, fut un seigneur non
moins recnBûnandalila JLe roi Piillfpe-Anguste» euTa^.
eeptani pour caution du senneql de Pierre de Courtenaf
prouva par là l'estime (^u'il faisait de sa personne , et la
bauie considéraikm qu'il professait pour sa maison.
. £n iasa^ Aenouard de La TouioeUe rteonnut qnè sn*
mâiêOH-faru était fliou?ante de la châtetteole de caUMeau*
Chinon, et en fit foi et. hommage au duc d'Atlièues.
Pierre lY donna dénombrement de ses terres et seigneu-'
rice. à ebiy^-le-JOeau» en Guyot de Fkàsnay,
eiievalier , son bean-linère , 'en fit autant pour ses. HA
9
I '
(1) On croit querévéïpie Uuy de La T<Ririielle , qui gouvemait régliBe.d«
Gterownl OR nN7, 800 peUt-Ûls.'
(3Ï) fout* p. 12».
IS
V
266 I K MOIW AND.
irArleuf et de Facheu. Le sire de La Touruelle uiouiul peu
de temps après, car Suzanne de BabuUn , son épouse,
est désignée comme veuve dans Tacte de foi et hommage
(p^elle rendit, trois ans plus tard, à Charles-Quint, au nom
de Pierre V, leur lils. Celui-ci acquit, en iCM, de Pierre de
Pont , abbé de Bellevaux , i\ titre de fief et pour une rente
annuelle de qnarante-cincf livres, les dîmes de Vrévy et de
Coujard , dont nous trouvons plusieurs aveu\ faits dans la
suite par divers membres de sa famille. Guy , son lils ,
enseigne de cent hommes d'armes, lui succéda dans le titre
de sire de La Tournelle. Le nouveau seigneur fut un des
premiers à proliter de l'invention de Jean RouveL II fît
couper tous ses bois de haute futaie , les déposa sur
bords de TYonne , et recueillit ainsi des sommes considé-
rables d'argent. C'est par suite des grands bénéfices qu'il
venait de réaliser, qu'il se détermina à rebâtir le chœur
delégUsc d'Arleuf , oii il fut inhumé. Il eut de Claude
de Cliissey, son épouse, une lillc nommée Catherine,
qui épousa, en 1563, Hugues de Chaulgy, baron de
Houssillon (1), et un fds, Pierre \I, qui lui succédai
Celui-ci, du consentement de sa sœur, accorda, en 1587,.
aux habitants d'Arleuf, des droits d'usage et pacaj^'O dans
ses forêts, moyennant une somme d'argent de belle-raain
et une rente annuelle de trois sous par feu. Il était mort
en 1632, époque où sa veuve, Magdeleine de Moulessus,
fit foi et hommage, au nom de leurs enfants^ pour ses
seigneuries, h Anne de Montafié, comtesse douairière de
Château-Chinon, et, pour les dîmes de Précy et de Cou-
jard, à Biaise Cornu, abbé de Notre-Dame de Belle vau\.
Balthazar de La Tournelle , son oncle , chevalier , sei-
gneur de Poissons, de Montjardin et de Précy, fut uo
(1) Ce roariogc eut lieu rn prcsonce et du consentetnent de Simon difs
Loges , cbevalier , seigneur de La Boulayc , bailli d'Ottun; de Balthazar de
La Tournelle , dont nous «lions parler; de iean de Loroo , seigneur de
Domecy-sur-Cure et de Lima n Ion....
hnmii' vwteiH et emporté. Om raoonlo qvk'vm 159611 Uw de
5Mi propre main un pauvre inauatit. l'un de ses !mjel&4 et priva
iùm sufi liumiie 4e soo «liet et «ftt wiPUo< A«iawi,éK
de pacage dans ses forêts.
CillMfie^;^ »ire de La TouroeUe « «UiK^eiller d'Ê(M> ^vil
ttMMmiMi pour lui pnmm Irnà» mm «sHomi.^ èriton» iw
moi» de juin 1681 , ses seigneuries d' Arleul", U*Àro&, de
tieauregaid, de CUiauuiard, de MaiiK>n-€omte.o en mn'-
quisat^ sous le nom audtiqiie de La T wmnto . Cfciikiaiffil^
4lals de Bwri^ogue (1).
Roger ^ son iîls , marquis de La iouroeUe » mourut
eu 1706 des suites des iites^ires ^u'il avait reçues à 1%
iNitaUle de RamilUes. Son successeur fut élu de mtàmk
aux dUte de Brargogue eu iWf et mural M r m fcne
cette aimée, laissant le maïquisat à Jean-lkiptist^Lonla
de La Tournellc^ qui épousa Marie>Anne-Julie , fille de,
GBiitauBifhAnttthifi I eentei dA ChasteUiix* et ititn filhi
du famuii rlnifiliiif d'AmesseM (2k Oelu^d vradltlei
marquisat avec toutes ses dépendances , en 1705 , à Julieii*^
Guillaume de Pestre, écuyer, comte de Séneffe, conseiller
du rol^ maUoH-^ouronne de France, et ministre de êe4
finances. Cette vente produisit pour droit de futur et
requint, une somme considérable au comte de Gbâtean-
Chiuon^ eu sa qualité de seigneur féodal (3).
• *
( 1 } Tûbletiêi de Bwrgftffw.
(a) Cotait uno feiuine roniarqualilc par les (jualitt s <iu < (i;iir et <l«' l'osprit.
Ello a lais.sc un inaiius» rit intitulé : Essai sur la vie île madaim la cotnttate
deCHuutellux, où brille un «lylo à la loi» simple et clugaot (Archiv. do
CUfttellux].
(3) t'MeliroBii|ii» populaire rapporte qu'il avait pcrUu cette terra dam
une nuit au jeu.
2dB LK MOAVAIHII;
*<Le ncmmu marquis ne laissa qtNm ÊÊè^ imùi j p M m
Jacqueline de Pestre, qui épousa, en 1774, .losepli-
Ptem^AMiçoIi'Xavier fbuUon de Uouè, cooseiUer du
itéymi ftm àtt ftToeat au âiilslel toPiilB^ anqeelelle
I^orfa' lg"<ii Brt|Mii«t Ce selgnettrenéoma, penéslemp^
après ^ dénombrement à Château-Chinon.
La révolution rayant forcé de chercher son salut à
l'étratig^y rai ehâteaa de ^La Toornoio fatveoAB km
«Mâttfmnler'OtmiottiMesoottfliq^ UilMts,-
rendues plus tard, furent partagées, eu 1828, entre le
vicomte de Doué et mesdames de Goussay^ de Toustaint et
do Bridieél, 68ft«iiM»8L
•IJnolSDdalion 40' eifi^ etfnf» /râliez a^ftilopor tes
anciens possesseurs de La Tournelle en faveur ées pauvres
la paroisse ; chaque année le montant est déposé entre
lOB mains du coré pour être distribué par M aux plos
fiéedsitotti,
Aunord d'Âriéuf, dans une agréante valléo, {m vmm fê é
l'ancien fief de Poissons, possédé, en 1608, par Claude
de Bigny ^ seigneur de Chandiou^ à cause de son mariage
avec la fle de Mtbazar de La TouméDe^ semeur de
Mon^ardfai et de Précy^ ét ^ Lazare fTÉdiooard, son
épousé.'
Si la commune qui précède est une des plus Import^mles
du Morvand^ celle de Ghâtin est une des pto petitosi Sa
population p'estj en efllst^ quç de trois cent s(dxante haW-
(4) L'acquéreur paya le montantdu prix avec Icprndiiit des grilles en fer,
qu'il vendit , et celui des arbres d'une longue avenue qui s'étendait jusqu'à
Arleuf, qu'il abattit. • * '
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LE MOAVANa 269
C»t8y «t sa supeiMe de dcMiie^.i>èÉliqiiatre»vingt" dii «iuf
hectares dont six cent vingt-neuf sont en forêts. On n*y
remarque ni étangs, ni ruisseanx, ni rivières. l^Moeke-de^
RemoilUm, siluée dans^lM toit» fiès én ihaptaoi di M
M>Br/jo8it û*m» gramto cMMté dans. les tBiiwii&
Chaque Jour, à midi, elle tourne > dit-on, trois fois sur sa
base. Mais il faut le croire sur la foi du public; caf
Jaaais «il curieux et indiacrei. notera téomin d^ cette
niMnâe»a rotatfoi. On pensa géndrataMit^ireftïm
pierve di'UM^fuo* *
L'ancienne paroisse de Chîltin , aujourd'hui réunie à
celle de Saint-Hilaire , était comprise d^na 4a'<c(rc#ua-
dipUén jde i'aiiehiprèlré. de ChfttiUeti-^iaiëBj «l.iip
Idvsdt i a« temporel 5 dii^ tomié de .Cli(ltea»43itnMii êm
égliso paroissiale n'était , au onzième siècle , qu'une cha-
pelle rurale desservie par les moines du prieuré de
Saint-Gbristophe , aoxqnela le patronage de la cure fat
attribué dans la suite. Àu-dtNsus du portail de Touest,
on remarquait une crosse d'abbé, sculptée en relief, qui
indiquait que cette église avait été fondée par des moines,
L'abside romane du cbœur était surmontée d'un clocber
de même style. A Tbitérieur» régnait tout autour un banc
en pierre tel qu'on en voit encore dans beaucoup d'édifices
de cette époque.
Çe^e églike , ayant été vendue dans la première révo-
lution^ M démolie ipielque.teinps ^près par racqué]re^.^
qui ne craignit pas de cobvertir en dalle de son babitation
la magnifique pierre de l'autel , et changea en jardin
IK>tager le cimetière où reposaient les cendres de ses
pègres. Amsi Tbistoire et la tradition seules aUesteronjL
désormais à la ^os^rité que là fnA le siège d'unerpa/rois^
Gbâtin ne se compose que de trois ou quatre babita-
tions. Sa situation au sommet d'un mamelon abrité, au
nord , par une haute montagne boisée , en rend le séjour
agréable et la vm délicieuse. Les regards s'arrêtent parti-
perchée sur la dnie opposé*» , comme un aigle sur son aim
On croit ({uo ce village doM son nom à uo amâtm iBAflûir
ffMàk'ûÊÊà mu mp ittroum plm cte ? «stfgsi.
^ Minrd ^rtpiiété imtaMiQM , OiMte défiât dus la
Mite un flef Mignim^làl nfipaMtiidt, en UTS, kMI*>
laume de La Ooiircelle, et dont ses fils, Ktlenne, OM?ier
«t BteMety écuyers, «eignewrs de Pressy et de ViUemolia»
comte de Château -Ghinon. Etienne- AaMba LétonV
renouvela ce deroir en 1 771. Celui de Vancher, au nord ,
a possédé par des seigneart de ce nom , et par le&
mâÉùM^ Umf M MciBmfct 4e fUniitemi (4). Im
HÉÉieaM de IliniBlilloti , dont aam àvw ynié, était |adifc
aKernalif avec Corancy.
, „' »• • Ir • • . • y - • ■ •' .
y i • " . .. •
1 \ .1 • . liiWUNiiV, aMtiM^iJW. t*lîl'HANi-V , . . ■ ' .
'•»•*
(\irlis .'im ii , Cttrcnliactnn.
' Hu fètid dîme pfttore$4ae VaHée> qu'arrose la ii?ière
d'Tomie k cfo^^ntodretit détoiite» ^^tti dé haniSes-nion^
tagnes hoisées , apparaît le \ill.igc du Corancy , dominé
par la jolie flèche de son clocher. Son nom vient , dit-on ,
d^nn dtoyènTOmaln nommé Andos qoi y zàtak posséàé
ittté ittétatiriè, d*où ttirtis Aneîi^ c'est-à-dfre }ardhi d'An-
dus. Au bas de ce villa^çc , sur les deux rives de la rivière,
viennent s'entassco chaque anuée^ les produits forestiers de
. » • ' • {
• • • *• * • # 4 » • •
(i) En 1603, Dimanche Saatereau / veuve de Jean de Tauchêr, vendR
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iPHi le vouuuage, L'ancieu pout, ^ur lequel fm ir^^r
ONptei te (Jiâteaa-GiaMMk Ba mandant ces JifgiiM»
jouissaient d'un droit de péage sur lescharriotsetchmrêHm
pa&SfXUi dessus, et sur tous les aaimaux allant et revenant
dm fwru dis mmrênâ , mmf : pour chaiiua buml oa wkn
$imi iMtfrii j ^eral luné «ii^ » teN ftiMt « pow
hïM^ el cbèvres iw , pour porc deux dMmes (1). ha *
nouveau pont^ fondé eu 1840 pour le passage de la route,
qui a ren^lAcé ranciea ciiemiUi.rQinaiiPft iui If^sm^kM
lo«aëlé.t se Iraj»? € 4 itt iOlwèue €11 ta^^
J^^MiiiiiiM (deCmacy, la clnquièive da ffint— » icih
Cvnne uuc populalion de treize cent ooie habitants; sa
superûcie est de (jieux mille aeu£ eent trente-trois bectaA'es^
dont teeise cent finipiafitir-ua mi au Sw^^ A« «^tn-ite
celles qui coaviiçiit leswmKeciMsde IMy amomnet^'eii
rocber dont le ruisseau flottable de Reinacli , affluent de
rHoussière, baigne le pied^ ou rencontre une antique
Dibafi^ dédiée h U saiute Yieige^ qu'on y honore d'an
fioMê UnH particulier s«9s Je nom de Notre'Dftm^-dêrfm-
bouUin <3). On croit comimméieiit qu'elle renplaçai m
niouumcut druidique et que la fontaine voisine, pour
laquelle le peuple professe une graude dévotioo» é(Ait
i^HBiêaiesaer^paraû les Celtes. . . ,
Dans les tmuis de **aiamifrfg nublianes» les niimittri de
Cliâteau-Ulinon , d'Anost , d'Arleuf et autres du voisinage ,
s'y rendent, ainsi que nous Tavous dit ailleurs (3), en lon-
gi^ procesfiioosy etU est rare qtteçesfé|i^tuji;es^ufdics
06 soient pe» Aouf onnés de si^ccèti S'aglt*||. de deoMuider Hi
(iluie apiès une désolante sédysresse, le curé d'Anost » s*U
(1) Archiv. nation.
'S] CeU<; cUapoIlc, roPonslruiU! ver» 1680, servit, ;i Tépoque de IVrofiion
du marquisat de JLa TnurueU«)« à cgmplt'ter ie nombre d«» cinq cloc^&nt
;ilors iiéi t'ssaircs.
:i inye: ji. •.*<>•.*.
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272 r.E MORVAND,
ne TtiMe irttentivemefttm sa personne > iaiil est «rattde
1d sinpHcité de nos bofis Morfandem! risque de reee-
voir, au passage du ruisseau de Relnadi, udc copieuse et
sjgniiicative aspersion.
lie hindi de Pâques de diaqiie années et le Jour de
IMfltétle la saM^Tieilie^ qnl est la CMe delà ehat^dte^
twé de Coraney Ta câéftre^ là messe dans ee Ken
solitaire et sauvage ,, où il est toujours précédé d'une foule
4e fidèles accourus de tous les environs. La jeunesse sur^
tout s*y rend en grand nondNre^ eiv ces ]oar94à > elle hUi
trè?e avec la dévoilent Ce wài\ de tontes fMfts, é» Jedx,
des danses et autres bruyants divertissements. La fête revêt
'alors Tair le plus animé , le plus pittoresque. Mais il est
•rare ^ eei jours, tout eonsserés à «me joie leUe^
enivnnite y se tennhient sons des ahnpicès aussi eiidisn-
'tèiirs que ceiix qui ont présidé à l'ouverture.
■' Après les danses, nos jeunes Morvandeaux n'oublient
Jàaiàfs de s'asseoir antoor des (aMes dressées çk et là
^ns la ftnrél par :des cabaretiers amlndanti, e( le rln ée
Bourgogne coule à pleines rasadK Bientôt, les têtes
s'échautîant , on passe d'une grande camaraderie h des
Hxes quelquefois sanglantes ; alors les tables sont ren-
versées avec lea provisions, les Instruménla de cuisine
volent en éclats , et les marchands, les yeux ellàrés, Itdent .
avec précipitation , tandis que la gendarmerie, accourue,
lutte avec énergie au milieu d'une foule hérissée de bâtons
d'argolet (!)•
La pardsse de Côrancy est très-ancienne. D^h, en If se,
nous trouvons un Theobaldns ou Tliil)aut, revêtu du titre
de prêtre de Corancy, presbyter de Corentiaco (2), On ne
(i) Nous avons été nouB-méme, dans notre enfanee, témoin de tout ce
que nous rapportons. Mais là, comme aillf^ursî le temps a apporté de
grandes modiflcntioiis.
•9; Rovenio», a»fl. JiMiMNatif.
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LE mouvând. 273
iê0m pa§ qaTèRe n^itM Hmêêtk ptr te»«iMl«ii»tei|m«iM
de Château-Chinon. Cette paroisse, l'une des trois qnl
composaient le marquisat de La Tournelle, ressortissait
éii MUiage de Satet-PteiTe-le*Moâtier, de l'éleolioB el
gy«^er à Ml de Gbilea«^GMiM». Aw ^^pllltttel; éll» WiH
fMirtfe dn dioeèw d'Anlm et- de l^afdilpprêlré d'Awst Le
patronage de la cure appartenait alors à l'évêque diocé-
sain , et les dimes ao enré et au seigneur du. Ueu. L'abbé
Jean Hereatiy qiti yniieruolt^ cene patoiase en idM^
mérita ^ par sa science et se» vertos^ dfMè bodoiédH tfire
d'archiprêtre , et il fit, cette môme année, la visite de
toutes les paroisses de la circonscription (1). *»"
' Vé0Êe, dédiée à saint £iiplireiie^ évé^ d'AoM^
émit 00 M te fête le Mit, esliM éMee ipd date di
quinilêne slMe. Elle fut reconstralte sur les fondements
d'une église romane qui remontait à 1115. Le cliœur, en
avant duqnei s'élève le docber, est la^eole partie quiseit
voûtée. On y remarque deux cbap^es, dites Vmm tlmpfUe
«fr Mmimm^'Cûmtê, et Italie - ^p ê He ée Ltrim, ce «pii
rappelle qu'elles étaient autrefois seigneuriales.
Le presbytère est bâti dans une admirable situation , à
l'éuest de Téglise. Vendu dans la révc^an^ H* fet alen
aecyulB par le fénéraMedMUfles Mofejr, elMneiiielMaeiiLite
de la cathédrale , et curé de Corancy pendant plus d'un
demi-siècle, qui l'abandonna depuis à la paroisse. Ce
respectable ecdéslaatliiBe^ dont la {jpteérerité était sans
bornés,, est mort en i8M> à KAge de qnatreortnift-elx ans,
à> Château -Chinon, oii il s^t retiré depuis quelques
années seulement. •
Le territoire de la commune de Corancy était partagé
«ntrefoia en dem seigneuries en toute jnsllct el qudqnes
Ms^ tm mouvants dn eomté de GMtemi^GhUion* lia ier#e
{!) Archiv. dé la Abrique de Mhère.
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274 is ifOliVAm
MMIée It feigowie «kwlwr» apparlunnlj , ira fini»*
«Sème siède , à la maison de Pont Catherine , liUe de
#eaB <te Pont 9 écayer, seigpQeur d'AringeU^ » la porta à
ilu siècle suivant, dans la mai&ou de La Toumelle » qui
i'OAit au marquifiai* Oa voyait autr^is, au-desM>M« du
yMme» «M iiWoii xmkvm ft>rt»#iB l'on «iift aioiif<^
< Au nord 9 sur une montagne qui s'^ève entre TYoniie^
et THoussière , on remarquait un autre manoir seigneunai
■■^^^m^VW "^^^ ^^V^^^VB^^^^^HV ^'l^F ^^^^^■^^P^^PW^^^^'^ ^^^^^^^^ I^^^^^V^^^^F^^^^ ^^^^^^^^^
aièwito , le tcn^s a respecté la demeure du pauvre > eta
dévoré le palais du riclie dont il ne reste plus que quel-
ques rutttft. iaciiiiMilB csntfaieiL diapim conmie.mie
defrédIitH. •
Lt tme dft ilaHeai Owid» ai^avteMH» au iwÉi^Mi
siècle, à une nol^ famille qui en portait le nom. Hugrues III
de Mai$on'Ckwte, l'un de4K9 membres, éiait al)l>é de
4t lMiiettdiaAi9MflMei..MM MiHdM Mia!LèlA.vilk
qui suivait le parti des Bourguignons. Un autre membre
de cette famille, Hugues lY, était aussi ^ vers. oe teiuj^litf
4âriié du 8einÉrrMiidatP&w de Ydaday
ikM» «dfMDto était pMédée» eu iS?»^ par finir de
La Touraelie qid» cette aimée^ fonda à Bellevan Iteni»
versaire de Jeanne de Ville, sa femme, iobumée dans
cette abèaye, à cdté de aou pàoe.et de $a mère. £lle
4M uapagét fiw iiurd à Juw ei ftuguea de <QouhM# qpl uu
duuiièrent déHMutomeut à CiilleaarGhiMin ^ m 19fl4
»
tl} Arofalv. de la MRw-pr^f*
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précédente , unie au luarquêsat
fiefs de Lhuis-IablK^ et de Salorges, au sud 5 dau»
jMHHttaKe an wqais 4e Miiubec , comie 4e CMbm»^
(^liinon. Pierre Tridon, sieur de Montbois, en fit autani
fimir le uioutta 44» RaniDttt, m i j>û4»^ J^qiieg Satloniijfer»
l*est, dans un terrain extr<^meiiient maigie, était tenu eu
fief par la ia«iUe i;oguelat» de QiiHwi'Qmmê W ^
^mitHU^vm^ Vmnm mlfm 4» riiiipwt
est la propriété de la famille Petitier, ée Chateau-Chinon.
\ oucliot, village perdu dans les luûiuagues et les tari^Ls du
iinJrefft, teJtwi m lieCipi fiit mmî mil au mpfiiiiai 4r
a
. . Vl.
Sur une liauteur qui domino la roule de ChAlean-Cliinon
;i Ne vers, à liuit kilomètres de la première de ces villes,
se montre ^acieusement le village 4e Dommartin , ainsi
nommé du saint thaumatnrRe des Gaules, auquel sa vieille
valise est dédiée ,, et dont on célèbre la fêle le U juilloU
De 1^, ia vue se porte presque involoulairement vers Ticst^
.1 XoiMmHë.
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276 LE MORVAMX
mxr ifitiàtne des hantes mofitagrnes du florf and qnf pfé*
sentent nn aspect sévère et en même temps fort récréatif.
£q facCj on découvre la ville de Château-Ghinon couronnée
IMurlesfoliies dè si» antleiiclidteMi,^ Jadis eoaehéeà
ses pieds comme ttoe esdvre ft eenx ^ soa madtf^ Des
fenêtres de ses maisons semblent jaillir , par un beau
soleil couchant d'été , autant d'éclairs qui produisent m
charBiant coup-dVeit
Xa commune de Dommarân esty aprèsedlé de<GhlMi v
la pluffpedtèdii canton. Sa population n'est, en effeit, que
de quatre cent cinquante-quatre habitants , et sa superficie
de treize cent vingt heçtares^ dont deux, cent deux sont
tau Mflb £He fat debdine iieliiie Mgée en paiédsw; èar
févêqne Bernard de Safiit-Sanlge la domm^en ildOyli
son chapitre, qui conserva le patronage do la cure jusqu'en
1789. L'église paroissiale > surmontée d'un petit clocher
en bois, n'est gaète ptas graade ^AêpeUenmML
Bile se cùmpme d'nne aMde remm qui d«tft tedcMiième
siècle, et d'nne nef plus récente. Le presbytère, qui en
' était voisin, fut aliéné dans la première révolution.
Cette paroisse était jadis comprise dans Tancien archi-
prdtré de QiâlUlon-en-Bai^y et relevait, an dvil, du
bailliage et du comté de Ghâteau-Ghinon, de l'élection et dn
grenier à sel de cette ville. Elle renfermait alors plusieurs
fiefs, dont il nous reste divers actes de foi et hommage
faits au comtes du pays. Une partie du i^age, arec la
seigneurie du dodier, appartenait ayx possesseurs de la
terre de Solières. La famille Millien, de Château-Chinon ,
y avait aussi un fief, et en prenait le nom. P. Millien de
Dommai'tiu était , à la fin du dernier siècle , receveur des
tailles et conseiller du roi en TélecUon de cette ville. Le
Doué, dans une gorge, près da village, an sud, était tenu
en fief par la famille Pommier, qui en portait aussi le nom.
Il passa, dans la suite, à la maison de Chaligny. Outeloup^
dans la vallée, an nord-est, et le Pavillon, dans une plaine
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L£ MO&YAJSO. 177
KMféûiieiiM> an «nd» éUleat ..eœore Ilefii
dépendants de cette cominone.
Dommartiu ayant été privé de pasteur depuis 1702
du Sotatr-BUsdre e4 de.Sai&t«-Mre«fe.
VU,
FRÉTOY, autrefois FRÉTQYS , /''ertewm.
À dQusft kHoiiièties environ, a& oord-est de Château-
Ghinoii » sur la mite de cette vUle à If ontsaucbe , Je
voyageur rencontre un petU castel du dix-huitième Mède
avec deux tours détachées, puis il aperçoit, dans le flanc
de. la montagne qui se dresse eu face , quelques cliau-
ttièr^^dechéttves^ppareiicej c'est Frétoy» dief-yea d'unç
commiitte de ciac^ cent quarante-huit babitaots, et d'uiiek
surperficie de quatorze cent quatre-vingt-dix-sept liectares *
dont neuf cent quaiaute-quatre sont eu forêts.
Q&.vittagef si on en créât qiK^lqm arciidologHes, tinaçjill^
90fk mum du latbi J^ertupi, .ou gâteaux tels fM laa
païens avaient contutne d'en offirir sur les antels de leurs
fausses divinités. Des ruines, observées autrefois dans une
foffêt voisine^ passaient , en eflet^ pour les rest^ d'un
teoifile d'idcdes; an lieu dit le Fau^de^Verdun, petit
bamean bftti vm 1^20 , près d'im ancien chemin romain ,
on voyait naguère un énorme liètre , au tronc trois fois
séculaiie^ dont les immenses rameaux ombrageaient les
Jéax et les danses de la jeunesse des envifoos^ qui y. açcqun
rait sortoot au sortir des assemblées de Faobooloin» Là, se
rendaient aussi des marcliands forains et des cabaretiers
ambulants. Or, ces ruines, cet arbre ^ ces réunions pério«
diques, cette voie rtmiaine, le nom de Verdun que. porte
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27d U MORVMAi
htfft'èt eiK'tt < m g(i)i ne rappellfloNis ptAiImmi m mÊ n
païens? ' ' ' "
Là oomiBiiue de lïétoy, qu'cm iKNnioeratt mieu la
c«mnM 4e iMm-, tm MMy ii'M ptatcim f imt fii .
de ndin 9 était amtrêfMff ttsê ûèpBoéiMÊ^ #8' ^oMfé ^fe*
Château -Chinon, et l'annexe de Planchez avec lequel
elle est eucore aujourd'hui réunie pour, le spiritueL Son
andeniie ^Use » dédiée à sajit llartiii, occupait le sommet
du iliôiiticule qui s'élè¥e deitièite le manoir seigneurial
dont elle ne fut primitivement que la chapelle. La charrue
a déjà passé et repassé tant de fois dans son emplacement,
qu'il n'en reste plus aucun vestige. Ce petit bénéfice était
à la eoftatioii én chapitre d^Atitns^ et les éhxm sqpptr-
tenaient, par tiers, an ctifé de Plancliez, an cofMfe éH
Chateau-Chinon et au seigneur du lieu.
L'ancienne terre de Frétoy» seignenrie en toute jastice»
était p o i s s édé e 9 an quaionldme slèi^^ paf nie noMe
fattfffe qui en poHalt le ndtt. J^osepli ée fMcrya et
Guillaume, sou frère, écuycrs, en firent foi et hommage
au comte de Château-Ghinon , en 1350. On voit, parla
charte qui en ftil dressée» qi^fc cette épo^ il eiistaH «on
eiiuirtlfeie é0ÊÉ cet endfoil» #ettt f' dë FlreCs^s el OugMs ,
son frère , îi leur tour , en donnèrent dénomlirenient
en 13B9, et Jean II, en l/i59 (2).
GulUatime^ fils de Jean et de Marg^erile déCanNrr,
liissà eetlfr teitcni^ edle dé Qidttefte^ à MafgueriHf
ét Anne dè Fretoys, ses filles, ihariées Tune à notHe
(iirillaume de Clmmp^j , et l'autre à Simon de Chevigny.
Pierre Gondecour en était seigneur en 1770» et Pierre
^a^jfsy "I^Befltoti > dont In JHle épous& l<OQl^**J9(cq|Be9h*
VSKff ediBtif dCfClRilMniiés » en iTS9 ()}•
i 1 > Verduu ou Forét-de^-i^Mux , hrciiH» iHvfVM»
{i) Archiv. nation.
{S) Ahsilir. de le «oas-préf.
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sombre vallée qu'arrose le ruisseau ilottable de Remacè «
e«l atyoard'hui le véiitable cbef-lieu de la commuue,
Iwantyr fB'U d^il k sa poiiliMi ototiiik^ Ce «iltaf» «( hm
iMkBMMK de Ilrti Tmlnr, fiodie-llaMi lifi MinniTiPiTi.
q«i l'avoiaiiieiit, MmUent perdus au mUieu de vastes loréls
et de hautes luoulagues que la neige couvre peudant la
pUia grande patUc d« Tbiver* C'e»t un çttdrolt (rè»*lr<Hd et.
VlII.
GLUX-EiN-ULÂiNK , Glanam ut itoacth
Ku jr«Mm(au& Ifi vallée 4le i'YcNUief la plus aombrepla
plii9 sauvage de loutes les .vallées ûm BliirvaDd , oa airrive %
après uue course de seize Idlomèti es , au sommet des plus
hautes montagnes de toute la cootrée ; alors ou foule le
«al la ^iMBfKiiMMwi Aâ^ C liin . H^nt la mMMKlati/\n agi
hoilewMiliiit trois babMaiits» et lasuperikle de den «Ole
4e«x eeiH sept hectares (i). Si ceUe comonme est la plus
élevée^ elle est aussi la plus froide du Morvaud. Le sommet
du Beavicay^ au siid» ef. celui de La Uravelle , au nord-
99eAp anwaisseBt couverts de iMniiaesyde oeigeetda
firinals peadaat (4x mois de raaaée. £lle est conaae par
la souice de l'Yonne, qui sort d'un marais situé prcs du
bameaa des Lamberts^ au nord. Cette source eslsi.pei^
ab(9ttdaatc^f u'ette serait UiipwtoraiMf à^lalre UMinier m ^
ImpelllaiiKNrttada Itorvaad. Iféanmiiis» att nojeatf u»
^) LM fiOSlHt OQtf l^llS Mut IWBililBfk.
I
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280 LE MOAVAKia
étaag eM 9Qa fêtait mb emnc^ et griM ^ la dédMlé
prononcée du terrain et à la rapidité avec laquelle elle se
préd#ite dans la vallée de son nom^ où elle trouve bientôt
m wnHiisàtt ùbm le Ruiii0tmHie»'M»iÊm, elk «fllt à
VédMtméiA ûe Mt à (Hx milte, déeaiiim ëe .Mi d»
moule qui , chaque année y viennent s'entasser sous la
chaussée de l'étang. Celui-ci appartenait jadis aux comtes
de La Roclie*Mila7f «eigneii» da pa|«, fpA VvSmagâmii
au coïkiinerce pour cent trente livres par an. U ftmalt»
de ce côté, la limite des justices de La Rodie et de Glaine;
car ces deux antiques baroonies se partageaient autrefois
le territoire de GIux. V. .
La portion de la première., qui était la plus considéra-
ble , et à laquelle était attachée la seigneurie du docher»
dépendait de la province de Nivernais; celle de la seconde
faisait partie de la Bourgogne. Ainsi^ cette paroisse était
alors située sur les limites de deux provinces ^ comme
àujoQrd*lnii encore sur cdibs de deux départémems.' Les
comtes de La Roche-Milay abandonnèrent, en 1655, leur
titre de seigneurs du clocher, à Nicolas Jeannin de Castille»
petit-fils^ du célèbre président du parlement de Dijon,
pour compléter le. nomlire dé cinq dMim néoeMires
pour Férection de sa baromiie dé MOnjeu en mas^qiAKit
Aucune commune du Morvand n'a été plus fréquentée
des Romains que celle de Glux^ à cause du voisinage du
hKOftvfg dont le plateau dépendait gnlide potito de seé
tenftoire. Dès fragmente de voies antiques^ des festes^de
retranchements , des ruines de villas , des urnes cinéraires,
des médailles sans nombre^ la tradition, Thistoire, tout y
rappelle la présencés des vainqueurs des €iaule& On re-
marqué sur le versant dte la montagne satate éi'Memiid
les ruines d'un ancien couvent de Cordeliers, dont nous
traitons au long à Tarticle de La Roche-Milay.
La paroisse de Glux, Tune des plus anciennes du
Morvand, était comprise dons la dvconseription de l'ardii-
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LE MORVAND. 381.
prétré de Moulins-Engilbert y et reievaii du grenier à scL
de cette ville et de rélecUon de Nevers« si ce u'est la
partie bourguignonne > qui était de la recette d'Âutun.
Le patronage de la cure appartenait à Vabbesse de Nevers,
et les dîmes, si ou excepte celles de LéclieiiauL, ducs à la
chapelle de &aint^Mariin en NiauL-du-Bcuvray , élalCUt
perçues par les comtes de La Hoche-Mliay; mais, au
seizième siècle, ces seigneurs les abandonnèrent au
curé eu augmeutaliou de sa portion congrue , et à
coudiiiou de leur payer, chaque aimée, une route de
dix livres.
Le vénérable abbé Bertbaut, qui desservait cette par
roisse en 1792, ftit arrêté et transporté jusqu'à Brest, où
son frère aîné , curé d'Arieuf, mourut. 11 ne dut lui-niènic
âou salut qu'aux chcoustauces et à la force de sou tempé-
rament.
Le village de Glux, chef-lieu de la commune, est assis
sur le liane méridional d'une haute montagne, et fait face
au Beuvray. Il est bien bâti et très-saiuhre , ainsi que
l'attestent divers cas de longévité. Pierre Goix mourut
en à quatre-vingt-dix-sept ans; Claudine Gloix, sa
femme , l'année suivante , à quatre-vingt-douze , et Marie
Dufrônc, en 1852, à cent deux. Ce village, d'où l'on jouit
d'une vue extrêmement sévère, était situé en Bourgogne,
et chaque maison devait une rente aux seigneurs de
La Roche-Milay pour droit de boui^^eoisic, et les trois
((uarts du prix en cas de vente. Sa vieille église, terminée
eu abside , est dédiée à saiot Deuls ; elle n'est ni belle, ni
vaste, malgré ragrandissement fait en
La plupart des hameaux portent le nom de leurs pre-
miers habitants, tels sont les Cléments, les Courants, les.
Faucillous, les iMUUberts, les Vaillants A Uiuis-ChaisOt
au nord-est, soas la montagne de Gam/ez, il existe une
mhie de plomb argentifère qui rq^wse aur une gangue de
chaux. J. Losagc a\aiit entrepris de l'c^iploiter eu 178j,
19
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i82 Lli moryanh.
le produit le miiieral domiall sbixaoté-qttâM jprour
cent.
Dans le courant du dernier siècle^ un samedi » veille de
la Pentecôte^ tm loiit» enragé descendit ûntmtAf, où Û
avait déforé une i^auvre hetg^e et plusieurs |>iècé» de
bétail , et attaqua;, au hameau de Léchenaut, trois hommes
qui le tuèrent; mais Tun d'eux fut liorribiement déhgmâ
par ses morsdres.
Lé 1 septembre ïHk, m orage épouvaotalrfe^ fbndlt sur
cette commune. La grêle détruisit le reste des récoltés , ei
tua le gibier dans les champs. Sur le bord du chemin qui
coudait à Ciiâteau-Ghinou^ dans les bois, on rencontre
Vhomihe mrru C'est mi amas de petites pierres Jetées sur
la tihnbé d'un malheareut paysan , assassiné eh ce Uetf
sauvage et solitaire. Nos Morvandeaux sout persuadés
qu'une pierre ou un morceau de l}ois , déposé àur la fosse
du défont » équivaut à de Feau bénite.
IX.
MONTIGNV-EN-MORVÂND, M(ms iynitus , ^lim^mimswii.
Le voyageur qui suit la route do Cliàleau - Chinon à
LoÉttés^ après avoir traversé les forêts, aunord^ouest,
enlfe sii^ le territoire de Montigny^^h-lforvand, eommnne
ût onsé Mil quarante-cinq liabltants et iTiine supefflcie
de deux mille quatre-vingrts hectares, dont quatre cent
seiie sont on Jmm» don territoire > qui s'étend sur la rive
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Kuuclie U€ l'touuu, tui Haut et UécouverL Au centre
ti'élève 11116 ttMUaKiie Bue, dont le totMMtriwiim la JdU^
vallée de Chmf^ Sur le flaec méridiQaàl le Imure le
ctef^Uee ^ qui a pris Mb ttom de sa sitnatHni élevée ot des
feux qu uii allumait autrefois sur la inoiUagnc . peudaut la
uuit^ pour servir de télégraphe, d'où moiilague de feu (1).
. Gevittwecit^emétiiiaim L'éiliMparDi^^
à saisi Léger ^ évêqoe d'AvtM , et aetériemmeel k la
Saiutc -Trinité , dont la féte donue encore lieu a une
assemblée considérable , n'est guère plos aon^tueuM que
leiédiûcsi cpii reatxMvreBt LeebcBW» reemtriét m mI^
iMie dMe» M la «irie {Mille fol aoH
e« bois, qui s'élevait SUT le BSilieu du toit, a été abatte
en 18ft0, et remplacé par une tour> sous laquelle cxîste le
portail de l'ouast. JUa iacdatle lui est antérleiire de quel^
^e» aMBdes» An lord» oi leiiawpie le predi yt è ie » esp èce
de eeslel armé d*«ne haite toor^ ok eramt, eB le
vénérable abbé de Cotignon^ curé de Montigny depuis de
longues années.
Cette peroiise» jaitts de l'aniéen arddpit^
en-Basois, était un bénéfice à la collation de chiplire éë
Nevers. Elle comptait alors plusieurs hameaux , tels que
ceux d'Ëuier, de Paradis, du Pont-de-Pamiecière et de
FfégennalB^ altematite avec Mbére^ et i|ni, par cenad»
qeeBt, iUsÉleel partie tantôt éa dtoeàse d'AvlHn» tetW
de celui de Nevtrs. Les dlOMB se partagealenl «mre le
et le dmpclain de Tavenault Le baron de Chassr, qui
tonail celles de Lbids^Béliard en ttef da OMule de Uilteau^
GMBOB, eB fit teeBDBge BB il?3k
Dans la vallée « au sud, près d*un vaste étangs eeBBB
sous le nom Étang-du-BrHys , et qui doimo naissance à
un niismu flottable de méute Boin> on reniaflpie iqjUfil*
(1} Mqm ijfHUu».
4
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qnes vestiges d'une aotiquc maisou-lorte qui fat ruinée
par Aes AroiagMes en 1412. Ce aianoir selgii^^
afeosestiépendiiioes^ im fief en toirte jnitice^ qui com-
prenait une partie du villac^e de Montigny, les hameaux de
Velle et de Lhuis-Gourdin , et mouvait partie du comté
de Giâlean-Gbinon et partie de la châteUenie de Mont*
reilllea Cette terre appaiCenatt^jen 1426^ à BoUe Pierre
Bondandt, éeoyer^ qui la tenatt de Damfse do Broys, sa
fenome. Ce pieux seigneur donna, la même année, à la
cbapelle de Saint-Jean-Baptiste de ïavenault, du consen-
temeat de bob éponae-, les dîmes Msiêes dams la paroûte
diB iÊmigny, sur lesiiameanx da Brays, de Iiiuis«Goiirdiny
de Vaux , de Velle et autres lieux dépendants de sa jus-
tice, ainsi que trois pièces de prés de quinze chars de
foin 5 et autant .de morceaux de terrp^.de la contenance
de ipÊmramt'^ate êaiueUes. Ces dîmes, partie frement et
partie seigle et avoine, prodnîsalcBC douze minée§y mesure
de Montreiiillon , par an. En 1760, le chapelain de Tave-
nault les afferma au curé de Montigny pour soixante livres.
La part du banm de Gbassy valait ordinairement Yiagt-
tiois minées (1).
Jean Bondault, écuyer, seigneur du Bruys, de Marciliy
et de Tavenault, était, en 1480, gouverneur de la ville ei
eamiâde,ChâteaU'Chinosu Comme 11 n'avait pas de pos*
tAM» il légua ses seignendes liPienre I4roy de-Garrean,
époux de Paule de Marot, sa nièce , dont le fils, Joachim
de Carreau, engagea, en 1632, le droit de dîmes du liruys
à JUaise Comu, sJèbé de Bellevaux, ce qui occasionna plus
tard on procès entre ses stfocwenrs et le chapelain de
Mmanlt
En 1750, Pierre Pitoys, dit le marquis de Qulncize,
s'intilulait seigneur du Bruys, de iUûaliguy*en-Mûi::irand«.««
(1) Archiv. Ue Chàteau-Chinon.
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U IfORTANDb 2S5
Il vcndii ccito terre, peu cle temps ai)rès, à Aatoine de La
Forcst, seigneur de Cuzy et de Marcilly.
Ghassy, au nord, était jadis le siège d'nne importante
baronnie qui comprenait le hameau de ce nom et une partie
du territoire de la commune. Comme le manoir seigneurial
se trouve sur celle de Montreuillou , nous en parlerons à
l'article qui va être consacré à cette commune. La cba-
pelle, dédiée à saint Bernard , dépend de la paroisse de
Montiguy.
Cliarnoy, au nord -ouest , sur la route de Moulins-
Engilbert à Ciiassy ^ est un petit castel qui date du dix-
septième et du dix -huitième âècle. Il formait, avec
ses dépendances , une seigneurie mouvante de la châtelte*
nie de Montreuillon , et qui s'étendait sur le village de
Montigny eu partie. Pierre - Jacques Girard de Vannes,
lieutenant-général des années du roi , en était seigneur
en 4750. H avait épousé Françoise de Bèse de La ftalousé^
dont il n'eut qu'une fille, Marie-Jeanne-Francoise , qui
posa , le 16 août 1751 , la première pierre du château de
Sermoise. L'inscription, qui en rappelle le souvenhr,
atteste mie grande piété dans cette lioble ÎBXâûë» Gette
riche héritière <unit, quelques années après ^ haut et
puissant seigneur Louis-Marie-Cabricl-Césor de Choiseul-
Bussières, auquel elle porta les grands biens de sa maison.
Leur fille, Charlette-Ferdinande de ChoHeid, époitoa le
conte de Sérent, dont nous aurons occasion dè parter
plus tard. ' ? . . ,
Lhuis- Picard, dans la vallée de l'Yonne, et Vaux,
hameau considéraliie, bêA dans une gorge, au âud^esT,
étaient deux flefs mouvants du comlé de Cfaflteau-caitaMm,
et appartenairt à la maison de CinUseul, qui en denÉA
dénombremeul en 1773 (1)..
(IVAreMteardeChftteavhCbriioii. * ' * • ' •
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«
Kn descendant la valk^e de rYonnn,on renconlresur
la rive gauche 4e ceile riviàra» k iliJt^iepi iLUomèlrcs 4e
(□uliaiMirCliUiQ^ m lmt9 ^omoe owtveU m UmAÂ*vB»
y^rge oH cwiHe le roisitiii flottable (la Bru^f c'tvt KoiitF
reiiiUon^ chef-lieu d'une commune de douze cent quatre-
\iugt-dix hal)itauts4 et d'une superficie de trois iniUe çiuq
5»at daqwwte-ijqH lMicl«re«ji dontsebe
nept tout courerte de lor^la. GelteKii occu]^ la partie
occidentale de la commune, et faisaient autrefois partie du
domaine priyé des ducs de Nevers, Ou y remarque les mines
d'un aactoii fli4t4a«-£ert> cinihii im la paya sa«a le wm
# <fA4i»i^ftWi al où aa tiiamH
le patronage appartenait au chapitre de Saliit*Gyn
U bourg de Montreuillon est le plus considérable et le
mieux bAa.de tout le canton. On croit «u'il fût aiitroAMa
«mid da Mra U iMroiaBa dont fl n'est h» aèel^ltaii
depuis environ un siècle et demi, se nommait anciafi*-
jiement /j^sffone-- lès* Montreuillon , et avait son siège à
Mm-Maurice, hameau situé sur lualMitta aa aud^oiieil.
L'égil», dddlda akirt an aaiat laartyr 4e ce nom, a
dlé4iiMU#» etlln>aiirestd ptaa de mtigaa. ia fsoilntiao
de la cure appartenait à l'abbé de Saint-Martin de Never^,
auquel elle fut donnée par Févéque Fromont, en 1121 >
et confirmée, huit ans plus tard, par une bulle du paq^
Honoriua II • et par une seconda d'IiiiHmilt H, datée
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1£ MÛRVAND. ^7
()c 1130 (1). Cette paroisse dépendait d0 Tapcien ;urçl^-
prOlré (le Uiàtillon-en-Bazois.
y^ljse paroissiale aclueliey dédiée ù Tapôtris saiiit
Jacques» était celle d'un aoti<pie prieuré foudé an omième
siècle» et qui avait été donné à Fabbé de Saint-Martin »
on même temps que la paroisse. Le prieur avait droit
de l^aute^ moyenne et basse justice dans toutes les dé-
pendafM^ de son monastère. Il percevait les dîmes
de toqfe la paroisse» et prenait un quart seulement df9
celles de Marigny, hameau alors aitematif avec Mhère et
Saiiit-Mauricr» ; mais il devait au vicaire porpéliicl mu;
portion congrue bonne et suffisante Edouard Jkrgcdé, qui
avait été pourvu , vers la lin du dix-septième siècle» du
prieuré ei de la cuie» les quitta bientôt pour prendre la
direction do la paroisse de Saint- Arigle do Ne vers. On sail
(jiril monla^ en 1 705» s^f le siège épiscopal de cette ville.
Véglis(s de iSaintr Jacques» qu'eptottre le cimetière dç l«i
paroisse» né se recoiiiman4e à J'alteption qqe par «on
ancienneté. 1/ abside , de style roman , date du commen-
cement du douzièine siècle. Un caveau, destiné à la sépul-
ture 4^ pri^iirs^ régnait jiutr^pls .soui . cette partie de
rédiilcje» La i^iapeUe du oord^ bâtiç 4ans le style
flu seizième siècle, est dédiée à la sainte Vierge ; elle
appartenait aux barons de Chassy. (îelle du sud remonte
^ quatQr^^me siècle. la u^aisou du prieur était située
sur le rpia^lW Bruya» dans ta yaUée qui sépare Mont-
reuillon de fiaint-Maurice. C'est aujourd'hui une prairie.
Dans le voisinage du bourg, se trouvait autrefois un
hôpital rural connu sous le nom de Maimi-Dieu ^ et don»
la phap^lç était ^ la coUatiop 1 éyéque dlooéiialiv 41
avait été fondé par les andena sei^paews du pays. La
pbHé géiïérouse il»; jUU iMarie-J*:iiert;i^ie^ ue i alUîyrand
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288 ÏJL MORVAND.
(lue (le Péripord , ol AllH^ric-César-Cny romie do Choi-
seiily a doté ce bourg d'un couvent de trois sœurs de
la Providence de Portieux, qui visitent les malades et
^occupent de Téducation des jeunes filles. Cet établisse-
ment, fondé vers 1850, reçoit uue dotation annuelle de
mille francs et le chauffage.
Au douzième siècle, il se tenait à Montreuillon plusieurs '
foires et festaUjes dont le revenu ^ avec la juridiction du
bourg, avait été donné, en 1167, parle comte de Novcrs,
Guillaume IV, à révèquc de Betliléem, chassé de la Terre-
Sainte par les Sarrasins, et qu'il avait établi dans son
hàpital de Panthênor, à Glamecy. Getté concession fut
confirmée plus tard par le comte Guy, son frère et son
successeur, el par la comtesse Mahaut, veuve d'Hervé de
Donzy, en 1223. Il n'y existe aujourd'hui qu'un apport
avec louée de domestiques, le Jour dé saint Jean-
Baptistè. Cette assemblée est un souvenir encore vivant do
pèlerinage antique qui avait lieu, ce jour-la, k l'église du
prieuré (1).
Sous la féodalité, Montreuillon était le siège d'une des
trente-deux châtelleniés du Nivernais et d*une prévôté
assez étendue. A leur suppression , en 1790 , il y fut créé
un canton avec justice de paix, qui avait dans son ressort
cette paroisse et celles de BUmes, de Gliaumard, de Dun-
sur-Grandry, de Montigny et de' Poussignol ; mais il ne
subsista que jusqu'au moi^ de février de l'année 1800.
Ainsi, en dix ans, ce bourp: se vit dépouiller de son
importance féodale et de sa diguité constitutionnelle, et
enthi dès-lors dans le rang des simples villages ruraux.
Mobtreuillon eut autrefbls des seigneurs de son nom. Re-
naud, l'un d'eux , écuyer, lép^ua. en 1268 , une rente de
cinq sols de fort Nivernais à l'abbaye de Saint-Léonard de
• r GrT Co<»riLLK , Hi»t, du Nivern.
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Corbl<rtiy pour fonder son obit. Kodolphe , son frère , con-
lirma cette donation trois ans a^rès. En ISôS^Gi^iime
de Grottonvre fit déBorabrement de cette seigneurie y ^pi
passa, pea de temps après , dans la malsmi deCtassy (1).
Saint-Maurice était le siège d'une autre seigneurie avec
moyenne et basse justice , inouvante de la châtellenie.
Elle appailenalt^ en à Pierre Pitojs, qui, ptalurd,
f jotgiritlelief de Mlinea. Pierre IT5 Vwû de eea é ei pea f
dants, la vendit, en 1760, <\ Simon -Pierre Sautereau,
pour une somme de huit mille livres. Saint -Maurice
avait droit de baute Justice depuis ilik, par concession
do prince de Tergagne» due de Nlrereais.
• Ghassy, Cassiaemh, château smé de ifunlre toun et
situé sur la rive gauche de l'Yonne, dans une riche et agréa-
ble vallée^ est un joli édiûce dont la reconstruetion date
de 1649. Il remplaça alors une anl^ne niaiion«tele» de
la(|uelle fi reste eneore «fueiqttes yestiges dv fowfsi- là
chapelle, dédiée à saint Bernard, est bâtie en dehors de
l enclos du manoir et des limites de la commune. Elle fut
élevée par Hubert comte de Ghoiaeul, et rostanvée en
On sY r«nd des parolnes volsinis en^ prooeirion
dans les temps de calamités.
La terre de Cliassy, seigneurie en toute justice avec
titre de baronnie » était jadis mouvante des ducs de Mevers^
à cause de lei»r cbâtellenie de Montreulllon, et s'étendait
sur trois paroisses. Elle formait, au septième slède» une
des dix-liuit terres de Corbon, seigneur de Corbigny, qui
la laissa , avec ses autres domaines , à son fis unique , le
bienheureux Vidrade ou Waré. Celui-ci ayant donné, par
son testament passé à Semur aux calendes de féfrfer 706,
tous ses biens à quatre monastères , Chassy échut à celui
de Flavigny, qui le perdit bientôt par l injusticc de Charles
{I) 60T CoQviui» Biit. du Ki9tm.f le IHfftm&ttf N<t m U aoentit.
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HartçK Jfeii» tvpns vu que ce prince (1) ne mlm\t \mH
(|<) mettre U main sur les propri^^^ ^bb^yes ppiir Q}}
• iimf»y appartenait, en l/r24, à noble Jeaq de Quaroblc,
ptievaiîer^ qui eu donna di^nouibrement, et, pn 1^04, 4
Philippe dp Yarigny. seifi^«r. 4il fi^mvi». irlMIWW^.^
ii ii nm i il ii p le ^num 1^ Amim .ffPwiMF» -im ^'m
fmèU ftm i lt e ih» Bourgogne, CeM-H^i ar^nt épousé Qaiide
de Cliastellux, en 1560, en eut une fdie unique, Franeoise
li'ËfigttiUy, qui |i( p^s^» le 5 janvier 1587^ cette l^aronni«
à ftançois I» VMm^3 fi^9Ï^W <to i'^i^ 4«l f^f #
iliiiliiliOiiMl'tfe.fa ^vOm, CQ9i|e Al Chevigoy et
seigneur 4t -Prmoy ». qui (ut ia wimhf^ Cjlipi^ji
du jyiorvBJttl (â).
Glientii» des Mordes, de JVIwtaulier-ep-Nivernais et
(Ihevigny. Cé5ar-(-abnel de caioifieuj, due d» IJipUn,
fr 101.
U'Uu tres-iiobie tn'i.-j>ui;»^wttttJ maison (jcsf tJiuJ , ëelOH le
^jyuior, lia Hii^'iu-s . comte do Bassifj'uy, en Chaïupa-nc \.\ihhc l.o I.abmi-
reuv pense, au coati aire, (pifllo est sortie doî comk'S île Langros , tlont
«M'ieigMilrâ'éàrfMit premiers vassaux .
^«elature lit les Hciences, filtre autres Quatre niarcchaux de France; dea
IleutehaRts-gcnéraiix des armées, dos gouverneurs de provinces et de
Iflae(>$ fortes , des gnuids chamboUaos d« nos «oit , ilcs imhMUtoi ii
aHi»ff s Ut'S liremièros cour» de î'Eui ope, des ujiiiistres ^l'Kfal , des lucnibi c>
do.s iliverscs académies iVanciises . des diics, <les pairs... Kn un mot . e"e>l
mit' lies plus anciennes , des» plus nobles el des plus illustres maisons de
Elle a formé un grand nombre de braïu lies, purmi lesquelles noii.s
citerons celles d'Aigre'mont, de Clément, d'Âillecourt, de Beaupré, de
Chevigny, de Prancières, d'EsguIUy, d'Nostel . de Bujisières,dp Meuse.
W#Wi»,deJïrartiB,#ilT|:ïljr^ ...
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li('iiau(l-(^ésar-Loiiis, imréckai iU's armre^,H élu tlo
ttolUesse aux éUts géui3r«U]|^ , en éUit sei^uour |7^,
li«r d'Owy, «iiiié p#u (le di^tsw» <ta 1» rite mnWt^
YKm\n», m nord 4e Itailr6iiinoiij» 9|wrUlll4l la
m?me maison. Ce hameau est traversé par la Hgole
OériviiUcHI 4ont nons avons p«^rlé. C§ile-Qi passe U rivière ,
au iMir4^Q«t An biiiWi w
€oi»stfiill en iS4f, Ce iMMit, onvrm vr{|b|ieiit 4w
llomains, et que visitent «wenl les étriwgw» compte
cent çiuquante-doux mètres ao Iqngaeuri sur uuç li^uleur
de trente-U'ois mètres ciuquai^te centimètres. II se qqmT
poie de toei» arciies» «yaiiii ét^nm^ iHût in^ii» d'PHver-
tore. On en remarque jW leopttd^ un P0i| moîQft çpinMi^
r^e, ^ur un ravin*
XI.
Formée de deux anciennes paroles, lu commune de
)*PU^jgnpi est la onzième du canton ; elle renferme SQpi
piaigre , eomprepd me iniporM^^de demi mill^ ein fini
quatre-vingt-neuf liectarosj dont neuf cent vingt-lmft «ont
flCOnp^îs par l«s bois» l\ est tr^iversé, du sm] au nord, par
lu mm de ttoiO^^sMi^e^ à çt^^m- Ou y 9m«(m
fM$m ftaiHp, amok «pnn d'«9t|i quptqv^e inpii
UaportMit La parotoî , dont le ^iega est ^ BUmen, iW^gf
situé snr une liauteur, et d'où la vue se porte au loin , était
oigppri^ 4an« l'mm mUwiif^ <^ CitoMUo^Hsii^^oâ^,
Hiim¥ remit^ de rdMction h du mnier A inl d»
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292 Itfe IlOltVAm
Château- Cil iiion. EUo remonte au moins au milieu du
douzième siècle, puisque noosToyooSi en 1160^^ Vévèqae
Bernard de Saint-Saulge en donner le patronage an
ebdpitre de sa cathédrale , qfai le eonsenrà jusqu'en 1789.
• L'église de Blîmes est dédiée à Saint-Mai tin , dont on
célèbre la fête le 11 novembre, jour où il se tient dans ce
village une foire très-ancienne. Cet édifiée » avec abside ,
est du eommenoement du dl^azième slède. La ifeT u
été agrandie en iBS6 , et le clocher remplacé par une
tour bâtie au côté nord du chœur, de manière à former, à
Fintérieur, une seconde ciiapelle parallèle à celle du sud,
jqiii était Ja& seignewiale.
Le presbytère , situé à Yettrémfté orientale du vhlage ,
a été construit en 1832 pour remplacer l'ancien, qui fut
aliéné dans la première révolution. £n 1613 ^ le curé de
cette paroisse se reconnut débiteur d'une somme de seize
sous huit deniers envers François de Choiseul^ seigneur
de Bllmes en partie, pour quelques pièces de terre qu'il
tenait de lui en bourdelage. Mais il lui était dû à lui-mêjne
mie rente annuelle de quatre livres par le seigneur de
Quindie» pour la fODdaaoB d'un teutUm pour le remèée
de l'âme de Marguerite de Gomoy^ femme de défunt Jean
de Freloys , décédée en U53.
L'ancienne église de Poussignol^ dédiée à saint Ftanchi,
moine nivemais, et qui avait été donnée au chapitre de
Nevers en même temps que celle de Bltmes/est en partie
détruite ; ce qui en reste sert aujourd'hui de magasin à
foin. En 1700, Jean-François Pitoys, écuyer, seigneur de
Quincize, conseiller du roi et président au préstdial de
Saint-Plerre-le-Bfodtier» ohtfait du comte de Ghtleau-
Ghinon la permission d'y construire une chapelle en
l'honneur de la sainte Vierge , pour la célébration des
messes fondées par son aïeul; mais h la condition qu'il
ne poumtt janate prétendre on palrenage de Pégiise,
m* mppéier Hftie &u ceintut^ sur ses mmrs; révêqiie de
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LE HOlTAMa
Neven approuva cette concesiiii^ ia mêoie auiée. Les
grands dknm de Pouasigiiol, de MÊSf et de PoofliaiBS
appaiteiiaieiit , en 1&73 , à Pierre de Gbandiou , par
luoitié avec les religieux de Marcigny-les-NonaiDS^ cl le
petit di»ne^ en 1622, à Pierre Pltoys (1).
Poussignol élait , en cotre , le Mése d'un ancien prieuré,
dans la dépendance de Tabbaye de SaM^Léonavd de Cor-
bigDv, et qui était chargé d'une rente de onze livres envers
la chàtellenie de Moiitieuilloii. L'abbé en abandonna,
vers le milieu du dernier siècle, k titre de ceos, tous les
lilens à Séliastien Pellé de Chaosse* conseOler du roi en
l'élection de Ghâ(ea«-€hinon« issn d'une honoralileÊunflle
originaire d'Aunay. Celui-ci en passa une nouvelle recon-
naissance en M^ky et se reconnut débiteur de la rente de
onie. livres envers le cb&telain de MontreuilkuL
An bameau de Vanmely, qui dépendaK de cette aneienne
paroisse, il existait une antique chapelle rurale déjà détruite
en 1788. Une seconde, dédiée à saint Emiland, et connue
sous le nom de CiutpeUe-Hiu-Lac, se trouvait dans les envi*
ron& En 1777, elles servirent Tune et l'autre de linU(es
pour les droits de chasse accordés au seigneur de Quindie.
Sous la féodalité, la commune de Poussignol-Blimes
renfermait plusieurs fiefs avec justice et seigneurie. Celui
de BUmes proprement dit se divisait en deui^ parties, dont
l'une était mouvante de Umitreuillen et l'antre de Gliftteatt-
Ghinon. La première, à laquelle appartenait la sdgneurie
du cloclier, comme renfermant l'église, le cimeUùre et les
maisons circonvoisines, n'avait que le droit de jusàice
moyenne et basse. Cbarles de Bllmes, écnyer, fils de Benott
Le Cas et d'Alixante d'EsguiUy, la vendit, en 1576 , à G«y
Pltoys, procureur du roi en l'élection et au grenier à sel
(l) Le vénérable abbé Pannetrat, mort caré de Gorbigny etchaneioe de
Nevera en 1885, était diré de Poussignol en 1793. Arrêté par ordfo du
comité révolutionnaire , il fut transporté jttsqtt'è trest, ^oii ii ne revint
qu'après la chute de Robespierre.
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L& MORVAM).
mÈHUÊÊSt ieiaiM-Hiiiflce. £a ITiè^ te ptfaiM éè Vttfa-*
}^uc, duc de P«rtvernals, accorda, à un des descendants de
cd dernier, en accfoisseinent de son fiefdte Saint^Mam ice ,
et moyennant une sOittiM liiât cooU livres , le droit 4e
hMe Jiiitloe à MneiL Mer^ IT Pttors lMdit te en
L'antre partie de la terre de Blimcs, seigneurie eu toute
Justice, appartenait, eu 1560, à Jacques d'Ësgoiiiy^lMuroii
de GlMssy^ qni én fit M ei bomttfige à ChâlèeiMaitneii.
mnçois de OhcÉNMil, «m «Mdre^ dmit les tMendMls
la possèdent encore, renouvela ce devoir en 1615.
Kussy ou ânxy> au sud-est, fief qui reconnaissait la
même mouvance» appartenafttj en 15035 à nobles hommes
Jean et Jaàfm de Pont» seigttêtirs d*Arit)getle> et en 4576,
à Werre^ flh de ce dernier, duquel il passa à sébkstlen
lYidon, lieutenant-général du bailliage deCliAteau-Cliinon,
qui en était seigneur en 160a. Qaude Ricbou le possédait
en40d93 les familles Menditt et ttilUtt en 1683» et Men«
FItoys en 1725.
Esloules , seigneurie avec haute , moyenne et basse
JttsUce, était tenue, en 1567» par Matiguerite de Mon-
UMney , «im en domin dâmmliiremeiit à^caiftt«àiiKhfaMm.
dMde de Bigny (1), écuyer, seigneur és GMndIdll, étt
était titulaire en 1 508 , et Claude Bruandet , dou«e ftns plus
tard. Guillaume de Vaulin, prêtre, seigneur d*f:stoules,
msorda^enmo^des droits d'usage à la fimdlie U Cas
de Mimes, et vendi, pen de temps après, ce flef à lierre
rttdys de Quindfce.
fôussignol et Poussains reconnurent presque toujours les
lÉêmes sei^neors. On voyait dans ce dernier» situé au snd-
est» aax abords d'une vaste forêt» une antique maison-
ft) les srsies de Gètts ftukine étaient :*« l*ittti a'tzar« bu hou U tugent
•emd de quenoulUes de môme. »
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foi'lo, ilylruilo depuis long-temps» et donl 11 itu reste au-'
à GuillaiM GrttNty qui iMWtttt ki wmÊt^ ^^ m m miib
FoiMMit#5 (1) ; pMM^ tm doaméfttanwH Ai Mïle
suivant, daus la maison de Pont. Jean et Jacques eu
lirent foi et hommage à Château- Uûnou en 1462^ et
Piim éê GboMttott m i47d. MMstte PeUé. ^ OMlsto
éti élail péBMMttT èB 4770; Ktif Ms plti tuM, i «Ma^
pour une rente de douze cents livres , de Jeanne, sa sœur^
vettve d'Antoine de Chardenon> ciMvaUor de Saint-I/}ui8^
nèrt âaBB son hôtel à Dliw, su fMi êÊiktkée Uém^
nÉlie DYim SëtatteB^soiMre» éCaft alm «IMimh
mandataire d'Abon et de Vouillon.
A sa mort, il laissa ses biens h. SéJ)a8tien de Poussignol et
k Pierre de Giiampigiiy (2). Le fiis de ce dernier, M. Jean-
^ittcM-fimM^esl a«4Dimllitti propriétaire ée foMIgiiiilr
Otiinélsë, Joil ehâtesQ recîotistrtdt ati Ax^-septtèrtK
siècle et llanqué de deux tours et d'un pavillon, était jadis
le siège d'une importante seigneurie ayant droit de liaute ,
Mtëtme et basse jdttice» qol ûKWttft iam dtt ooâHé de
Ghftteaii'Crilncm. Vouthedû Piloti rappelle lesowreiiir «h
sipfiic patibulaire drossé pour la punition des criminels. Ce
jnanoir et le village de même nom étaient autrefois alter^
natif ëntré Mimes et Foossignol.
la teitie de Qoinctte appartenait , eu IftSO , à 1^ dé
Fretoys , qui la tenait de Marguerite de Comoy, sa femme.
Guillaume, son fils, en donna dcnonibreracut en 1673, et
la laissa emolte à Margaerite et Anne ^ tes iiUes , mariées ,
Ifnné àGtdfianflie des OiaMps, et Pantre à SittuHi dè dkevl-
gny, qui en renouvelèrent fhortimage eft Wd. Gtilflaiime
de Groj»ouvre , écuyer, seigneur de Montreuillon , gendre
(1) Armes : « D'or, ù deux ehuls-huaiit6«lûMi)l«,«0rei«r«laatf ijcvftuvtf»
éclairés d'or... à l'ctoilo d'azur eii cJiwf. >
i?) Ils ctaicut SCS enfanls. ' ' . • .
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du premier y en fit refaire^ en 1560, le terrier ou il est
nttiÊÈKiét fliM flfllift IfiiTfl drYtiif fhafliMî anni^n iiM mlfi
dfa^^B0Mf ttWBS ^pMtl^ SOUS JHl 8Qi|^MQW flWMfS&t*
Gfamde BroMidet vendit Qnindze^ ep 1629^ à Pierre
Pitoys P', seigneur de Saint-Maurice , bailli et gouverneur
de Cbâteau-Gbinon^ d'une noble et ancienne maisoB
ddlMigogiie* oii elle pofiiéda d'tniporUatceMlgBeinries^
coBOie HoolMoBy MeaetrenL-'le^PItoTs, SIereaieT... Ses
aonnes étaient : « D'azur^ à la croix ancrée d'or^, avec un
casque en fasce grillé sur les armes et deux levrettes pour
li^Mrli. » Aane de ittontafié» comtesse douairière de
(Mteaii^îbiMii» Ud il cesdmi de sea droits de
mutation 9 à condition qu'il ferait le terrier du comtés Cest
ce seigneur qui fonda, en 1637, le couvent des capucins de
Gliâteau-Cbinon, où il se réserva, pour lui et sa famille^ le
droil de fiéfultnre» Pierre PitoyBU^SQUfiis^lnisuocédaeii
ses dutrges el dans les seigneuries de Quiadze • du Bruys,
de Blîmes..., et les laissa à ses trois fils : Jean-François de
Qumcize, Gaspard d'£stoules et Pierre de Saint-Maurice.
Ge]iii<<ii5 soips. ie nom 4e Pieiie III, fut grand iiailli d'épée
dt iMflKage royal et dége présidial de Saint-Pierre-le-
Moûtier, iMdlU et gouverneur de Gliâteau-Chinon , charges
qu'il remplissait eu 1732. Il était alors seul possesseur de
Quincize et des autres terres de sa maison t desquelles U
naU &it déDpnbrement Mq[»t ans auparavant B Mdssa une
iUe uramée Françoise, qui épousa Jacques-Louis de la
Ferté-Meun , comte de La Roche-Milay.
£n 1759, le marquis de Quincize vendit cette terre, et
celles de JUImes, d'Estoules et de Saint -Maurice, à
SîMNBHPierre Sauterean, cooseiUer et secrétaire dn nA,
pour cent mille livres eu principal, deux mille quatre cents
de pot de vin et une rente de liuit mille en viager. Ce
dernier acquit^ en 1777, du comte de Ghâteau-Ghinon,
des droits de chasse assez étendus^ au moyen d^me somme
de cent iivresrU mourut vers 1800, et laissa ses terres h ses
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LE Mon^ A.^f). 397
deux Dite: iUme-iimiieetMiirie-ileiiie«4e(uuiaSM^
de Qwndie, maciéCB, Tiuie à TliomaMjh«rle»-GMtoii
baron Boissel de Mont?ille , pair de France , et l'autre à
Louis-Juseph-Victor Pielïort. Le premier revendu Quincize,
en 1625, «Il JianMi Hoimiier^ I»air de FtaBce* Le petU-fik»
4« MQQBd, le inmpiie de Cvoix, pooMe encore la Thiberl«
dénenlmnent delaiHrincipale seigneurie (1).
Quincize appartient auj ourdi mi à M. Jean - Baplistc-
Guillaume de Scrmiselles (2), d'une XauiiUe originaire
de Bourgogne, et avait entrée ami Ûato de la fire-
vhicei oà Ton n'était admis qn'à titre de gentilhosune de
race. Plusieui*s ineiubres de cette maisou se sont distingués
dans la robe et la cairière des aimes.. lierre, seigneur
d'Ocbigny» prit une part glcnrietee ao sl^e de Candie, et
M tié en. 1572, k Fessant d'Orsay; Bartbéleml, seigneur
de Sermiselles..., périt à Detlingue , en ÏT^à, Auguste,
petit-fds de ce dernier, mourut glorieusement à ^^ agram ,
laissant un iils, le cliev^dier de Sermiseiles, cordon-rouge
et doyen de Tordre jroyal et niiUtalre de SainUooiSi dé-
cédé en Les ames de cette noble famille sont :
« D'azur, à la croix pâtée d'or, embrassée de deux palmes
de même liées en pointe, » avec cette devise : « Sff€ê4:t
xn.
w
Au iood de la vallée qui se déyek^pe à Touest de
dliÉtoipi-^caiinon» et ipie parcourt en lerpènla&l'la route
ée estte vlie à lierers, en aperçoit à peine, an milieu
(1( Archiv. il(M^>iuuci/.i'. • . • ,
i^) \\ acquit celle terre on IttSî». . ...
(3)OoiwtMi; J.-G. LiviHom; prûs. BiiuuiRii.,. *
10
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l'K MORVAîiU.
û'mtêê sémilairets une modflile Mfiltie cto vMliige avfc
quelque» <$haiiinlèm s c'est StlÉt^iniaire , chef-HM i'uM
comrauue de cinq cent cinquante habitants . et d'une pa-
roisse peuplée d'enviroofteuf cent trente tidèles, à cause de
ObAllii qui lui eet Féwi peur le ipliitveL Le tefiUolfe de
cette eonniiDe, û'mm inperMe de 4eui ndUe eetxanlè-
(luiiize hectares dont trois cent cinquante -trois sont en
iMiiftji. est un des moins acddentés du Morvand. Gara
Parme au sud» et le Venm, qui, là, n'est eneere qu'un
petit rulneau^ en balgiie le oentrfk Une atttlque vele
romaine ^ qui le travenolt de Test à Peoest» a été avanta-
geusement remplacée par de belles routes modernes.
La paroisse de Saiut-Hilaire , Jadis de raictiiprétré de
CbâtnUHhen-Baiirfs, fiit fondée» au otmlème eiède, par
les eeiirneiup» de ChâteaiM3iinon et donnée^ en liSO,
par l'évèque FromoiU l'abbé de Saint-Martin de Nevers ,
auquel le ciiapitre de Saiut-Cyr contesta bientôt ce patro-
nage^; nais l'évèque Bernard de Mnt-Saulge le lui ayant
tOÊÊméetk iS23y dàs-Iors tout débat eesia.
L'église , dédiée au saint pontife dont le pays porte le
nom, est un édiltce petit et mesquin, dans lequel ou re-
narqiie dea constructions de toutes les époquee, et, en
somme, si misérable, qu'il est un contre-sens à k piété
bien connue des fidèles de la paroisse. Cette église était
primitivement sous l'invocation de saint Mamert , dont la
fête donne encore lieu aqjQurd*bui k une nombreuse assem-
blée le dimanche qui suit le 11 de mal On portait JaA,
dans les temps de chaleurs ou de pluies excessives, la statue
vénérée de ce saint en procession jusqu'à la fontaine de
Huiê-^GhaituiPt^ eà ou la plODgeait pai* trois inunersious
miiMimkM tenali k qetie ptttivi* V^lquê
peu inper9tllle«9e; anasi aoMdheur an euré q«i Mtaf
son concours en ces circonstances, une grave responsa-
bilité eût pesé sur lui si le fléau n'avait cessé.
. Sur diaque côté de T^dUicç il c^(« «lie diHpelte »
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da MNt est tfédiét; à saint Pierre, et celie du nord ù la siiinle
Vierge. Cette; deniitM c était aniérieureinent sous le vocaiilc
(le Saiul-UM4ife, ei Sippà/kemàl k iMBaiaou ù*/»w»oèiiétttm
WUi?éeii^ fMMi Q e M| i ii tnt*wiigeeli Iq TMcÊmlm iTMt,
6uiiU-HUaii*e, ù Claude-Jb i aiiçois Salloiinyer de Moiitbaron,
^meri tKiigAeui' d'Ârgoulais, de hn Atoûtagiie..., moyeu-
Mtà m-uwiMi rte Mbcooi» Innmt» «ii Aii «iiptMHie^
Mlir W)^ MifMe, et à q|)ai«e M powoif à «ton
etttpeiien. Ce seigneur y fonda , cinq ans plus tard , une
inesi>e qui d(!vait être cfîlébrée )e 6 juin ^ à perpétuité^ pour
«ne reato ù% ^piali» ïkwmi tm nayMal ëo «ùvt (1).
l^il^l'égUflê , se tiomr «B ptfil «lovrattt tm
i^œurs de Nevers, qui dDOMnH leur» soins ans malades et à
réducatiou de la jeunesse. Il fut fondé eu 183^i par la pieuse
jmmiiiceiice de Jeau<J^tistc-Mai\b&iaM?^4it4eiC;ii^
l^eUe mllit»tr»ée C h l tei i Clmwa , (fè»-(MqueDté Rf^
HHÉM, qui s y rendaient, dit-on , pour se livrer à l'exercice
et au leanieweei des arment Queltees ardjéoicwv^.e^
em reMiver fil aeivioif de ete eiiPiim
fjMrtiîClwwwrl e»iawiiiM»-MOT (2)«
Au nord -est de village, dans une gorge, on remar-
Jt^ç le vieux manoir d'Argoulais, qui, avec ses dépendau-
^9 Si4}mU> ufi^ tîef mmy^ ^ eapité de Cbâtiw
«mmi^' lli M e».ertgiWMle» aw^oc joa^ ^ifle^
leos^eeee et. kinae^ le 7k Jeillet I7ti , ee faveer de
Claude-François marquis de ChajDamies du Verger, par
Bouiw^ti camiuis à terrifià*. il. appartenait , eu lâi^^
A.eoWe.Memiie4l9i^» VA le veyHtt^ jyi ei f pfi i
années après, à Dimanche Vanooret, lieutenant an baiUiage
de Chateau-Chiûou. Celui-ci eu fit dénombrement en 1559^
......
et le donna à Jean Sallomyor, éeayer, son gendre ^
inventeur du flottage en trains, et qui en jouissait
(HMore en 1604. François» ils de ce dernier^ en fit foi et
I wMÎM ilf e m i#»7 , el le Irfata > ëwo^ÊBBMkmif^Tp Im
de son mariage avec LéonaNto Mttart , laqv^fendtt) eli'
1657, Touche dite du Champlin, pour bâtir le couvent des
eapncins ée Uiâteau-Giiinon. Jacques épousa, oi 1667 >
^ClmiilWmimi nilliiiftiiyéiae 4e MoMMreD fartte,
et en ettt'l^ Sancmofer; écayer,
lieutenant criminel au bailliage royal de Saint-Pierre-le-
MoAtier, et Claude-François de Montbaron ^ seigneur du
liea'et CârgMi^.. Le prenier ^pcm Charlotte DoUet
iO'ÎBmdlrall^dintllB'èiit^'viieillev Biafie4ftiBd i<ei ne
Sallonnyer , mariée , le juillet 1715 , à haut et puisumt
seigneur Paul comte de Chabannes, seigneur de Huez
etd'Apiry; leseeoadi^iBttàilreiiçoiieAiidré^elaoqBtt»
<ml7U5l«i terre de la MKMitagne^ttà 11 tfla dèiHMer.
Il mourut en 17/iS , et laissa trois fts et me fffle. Cdlensi
étant décédée quelque temps après, et ses deux frères aînés
«yiBBt été tués à Faniiée> Jean-Marie de MoatiMiron , le
f^pme;hklÊf:itÈiîlfi^ et de iew les mlm hkm
de sa maison. H monrut Ini-inême sans p«rtéMm èhtlettt
de la Montagne en 1781, et légua ses vastes domaines,
mais grevés de dettes , aux enfants de Pool de Chabaimes
€t dé HaifcvHagdcItiiie SâHoiflijfery eos eouslMs (!)•
' ' lë |mln§, dande-ftançois, marquis de GMMumes, qui
eut en partage les fiefs d'Argoulais, de Montbaron et de
Menthols, obtint, ainsi que noos venons de le dire , lenr
iMettoli en Justice et aeigneaffié msle premier nom, et
tXâ si( isamte à SaiBl^HBiiM ; <f M de eetlè 1^^^
(l) lo Louis-Jacques, abbé commandatairc de Launay et vicaire-général
de Nevers; 2© Claude-François; 3o Guill.-Hubert , dit l'abbé d'Apirj';
4o Louis-Antoine vicomte de Chabanncs; rio Gabriel-Jacques, tué sur mer;
fi© daude-Jodchim , lieutenant ; 7o Marie-Magdeleine ;<^CharIette-Cé8arée.
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date rétahMMWWt'ds Ift mIm 4e HMbwwii j—^ig
Mervand.
Cette famille, rune des iftkis aadenies^ desplai nobles
el des ptoi iitaUt» éa wf iewie* ém e— lee-ée^
*Bipm, cMleb de la mImb veyrie de Ifwaiee. laidÉe
de Chabannes^ fille de Jourdain III 5 ayant épousé, en
1126.^ ftnillamne III de Matba, tau des comtes d'ingou-
^«DttàlMAffiniBde.feÉlaiear» el.eoinerfaiy par wm
contrat de awiege^ la nom et récussoa sus aimes daea»
mère.
Peu de Jamiiles om eu l'avantage 4e aaatfae t wr. des
aHteeee amé HbiitîwiV'aiaefqailt dételas «eamstafto*
fteaiés 9 à difems laiiseai s e areiMa e s da Plaispe, el
notamment à la famille royale de France. Antoinette de
Chabaaaes épousa, en U2i , Cbarles de Bourbon» prince
de Gareaey, comte de Vaadeneiie» aieal 4'JMiiaa da
laaièaa, lei de MÉwrrealpftpa da Haari I¥| rîilhert ée
Qiabauucs donna sa main, en iUSk^ à Catherine de
Boarbon- Vendôme^ grande tante de ce piittce..«.;en tout
eieq eMÉsaeesr Pe Jà fieat à 1 m lÉgwii i'beaaeaff
depals qaalea.esaisaas^iieÉis Cl sa ri bt i ihi^ iesé^
nières lettres» en forme de brevet , sont de leiei
U y a eu dans cette maison deux maréchaux et trois
grands naltres de IlriD|»;,ées gnavenieHis da psoiiaees
et die ]daa6a -Isiies f aalM salraSf die Pariai fdariavs^
HaBteaaiifs^iéBéfaax, des eheiilieia dés ordres 4a rai»
des chevaliers d'honneur des reines» des chamb^tns de.
nos rois et des ducs de Bonv^oigne» des pairs de France..»*
Wa'A pfodaii diveseai baiaciiea HeMlea en Msaraels^'
en Bourbonnais» en Aaveigne. Les principales sont
celles des comtes de Dammartin, des marquis de La Palice»
des seigneurs de Gurton^ de Saignes....; c'est à cette
dernière branche qu'appartiennent les Gbabannes da Mor-
vand. Elle s'établit en Nivernais en 1570 » par le OMuriafe
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IJL UOftYAMKt
avec Valenline d'Armes, dame da Verger, de Tnicy el-iitr
Soiate-Golopibe. Ses armes sont : a JJe gueules au liw
dtèimÊiÊÊÊH ivÉni, imiipaniM ctmrmiMè à'oKé - » .
CMe^MHi^» silfMir «Amraiaii* M$ m puMHi
ÙB caifÊÊÊÊm ét-taTil^rlB. M ituifciJil de SrogMe^ M«
campagnes de la guerre de SepUAns^ et fut fait prisonnier
ik U déliante viliage de iWtsbausen. Il avait quaraale^
dm m UmmfÊhk épaoui» m- iWUf llMMiiaHelto'fle
Rmmtvét Quincy» ém ilMtdeofcfitocl Mfllfs (1). >
Jean-BapUste-Maric marquis de Chabannes, l'aîné, che*-
valler de Tordre royal et BDilUiire de Saint-Louis, &it
éM# ^nÉDMildMiliieÉr ji It iolÉt lltt*fiék il éMii cipiliiiè
aM léflMMl du Mf M^Mniaidle* Mis^fW ta révcMlM'
de 1789 éclata. La Restauration le créa pair de France
en 1 815> et l'appela bien^t aprôs à i'ia^ctiaii des gardes
iMMM dtflaMne.;..»
taifd^oh tl fete ée itso r^r^t mM, ptm mm êê
sehneflt , i la fie privée , il se netira dans son château
d'Argoulais, où il a vécu jusqu'en 1851 dans la pratique
da taiitea Jet ftf tua MIkm ea»M0loMea» ei y eti mon de
laiÉiitdaJi»l>^l^i^dB<i>idr»iaiigi<»î^ •
Koé-?lUi]ié de ioligtliA , Mrofoia ûnme oomrease da
chaplti^e nohle de Remiremont , sa veuve, iille de Charles-
BH^èMe ooiMe de lioiiir<illi^ Mcten eaiiitaloe de taisteaii
tili ldid ru M' déâsaiit^wtei» , te lal a aandct qt'tp m.
fi8s4tiei vertutiDt dpdim ^ donèfei MMlMeMfii'^eMMt
fitfi moins dtstinj^ués que la naissance . ont laissé de pré-
cieux sottfeuiFB de bienfaisaoce,, Leur ÛH ^ M. Eugène--
.. • • • . ' • ' ...
• »
CécUa^ 4» Henriett^uxannc , qiari^ à Gilbert-iUitoiDe comte 4s SartifM
de aouralAc; S» touisc-Siizanoe, qui épousa l.-lf. -Camille de FourvI^re,
^'iNMItt «âre»H. •
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lie»ifliMmtHBOl»iml au r^gimni dt GkÊmyr*'âilm, «leieii
sovs-lieiiteiiaiit des gardes -du -corps, est aujourdlml
propriétaire d'Ai^goulais (l). Il avait épousé , eu iH9 ^
Anne -Marie- Lucrèce -Zioé 9 fille d'iiime*Akaie«>JMe9hr
GabfitWeaft-iaoques comte de Ia Tonr-YMimt^ «i. de
Louise^aMelle-VYançoise Plaaelli de la Valette^ de la.
famille du deruicr comte de UiAtcau-Cliiuou^ dopt U a en.
SIX enfaols.
CliaUgDyf a« sud, était auaii .ne aoden iieC noavaot.de
Gbâteau-cadium , qui fiit érigé, le 15 Juillet 1 781, par Jean-
Jacques Bourcerety commis à terrier et fondé de pouvoir
du comte de cetlo ville, en seigneurie avec haute, moyenne
et basse justice, en faveur de Paul-Françoia ^aUonnirer de
GhaUpijr^écnyer^aeignearduliea et de Mont^en-Genevraisr.
Cette érectloB Ait fUte moyennaDt six cents livres de belle-
main ^ et une rente noble de si.v Un es qui devait se payer
chaque année» le 26 décembre» jour de saint Ktieune» Il lui
tnit eu même temps, accordé des droits de cbasse et de.
pèche depuis Gbanmotte jusqu'à l'église de Saiat-Hilaire,
et à La Creuse. Dans Tacte de ratification , daté de Tannée
suivante, le comte de Cbâteau-Chinon dit qu'il y consent
pour t0mUm4f,u'U pearie an sieur de Gbaliguy (2).
Ce ftef appartenait^ es à Edme de La Courcidle,
(ils de Guillaume , écuyer , seigneur de Cliutiu , qui en lit
dénombrement la môme aimée , et mourut peu de temps
après. Jeume des JUiau, sa veuve, le vendit en lâûft, k,
Jean de Pont, éeuyer, selgpeur de Bussy et d'AringettPé .
Cehil-cl acquit, au moyen d'une fondation importante, dans
Tancienne église de Cliâteau-Chiuon, une chapelle dite de
Pçmi^^wL passa dans la suite k la maisoa d'Argouiais (.^)«
(1) u a eu deux sœurs : Isattrie-£ugéiiie-Aiine, mariée en 1811 à
M. Heori-Ainable comte de nreuille, et Louise-Henriette-PauliDe.
(9) ArehiT. nation, el de Chàte«ii4:hinon.
.iT Archiv, de U ItouUgnt*.
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30^4 L£ MORVANi).
'CMligny étant entré dâoA la famiHe Sallbnnyer » une
brandie en prit le nom. Guillaume Sallonnyer de Chaligrny,
écuyer, seigneur du Heu, cupilaine d'infanterie au régi-
ments Vexin^ ayant éponsé^ en 1731 , Anne RoitsseaQ-,
' en eat> entre antres enfants, Paùl-Finneoi», ■éeuyer,
maréclial-de-camp , chevalier de Saint-Lônts et seigneur
de Mont-en-fienevray. Ce dernier laissa de son union avec
Jeanne-Pierrette Rapine de Saxi, une filie mariée dans
la maison de Bèze^ êl un fils^ 'François' Sadhmnyër' de
riinllî^ny , chevalier de l'ordre de la tégion-d'Hohneur ,
qui a été, pendant quinze ans, sous-préfet de Clulleau-
Gliînon. 11 mourut en 1833, laissant sa vcuve^ M*"* Ëupbrasie
Bmiketu dé yftry, avec trois enfants.
la maison SsHlonnyer* est ancienne dans le Morvand ;
elle y a possédé un grand nombre de îiofs , dont les plus
importants étaient Cbandiou et La Montagne. Ses armes
sont : • I^annr à une salamandre d'or dans les flammés. »
Elle est, selob quelques écrivais (1) , originaire dé IPrd-
vence, et eut pour auteur un gentilhomme nommé Imbort
de Solas, natif de Salon , d'où serait venu le nom de
Sallonnyer. « Cétatt, disent^ils, nn capitainef de réputa-
tion, qui entra, en 1990, au senrlee de PiiHIppe-le-
Hardi , due d€? Bourgogne , et s'attacha , après la mort de
ce dernier, occis à la jonrnœ d* Azinconrt , en 1415 (2), à la
personne de Jean, son iils, comte de Nevers et de Rhetel. »
tt * prince rayant nommé eapltafee^nvarnenl* de son
châtean de Moidins-lîngHbert , imbèrc y fixa , et y mbnrat'
dans un Age très-avauct*. *
Mouasse-Lafosse , dans une gorge, au sud, avec une
Jolie chapélie gotbique, dédiée à hi sabite YleigOi èt bénite
en 1836 par M*^ Panl Naudo, évéque de Nevers, était un
(l) J.>D. CussET , Origine de» nomsi innudtrâ de 1845.
{i) Us sont dans Terreur, au moins quant à l'époque de It mort du duc;
carl'HI«»r M CourU^pf^e diswir qu'il mourut à Hall en H^iniiul , en l-Wi.
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Uroisième fiof mouvaiu du comté de Chàteau-Chinoii, et
dont^Clawte de dumps de Mot«Léger it loi et hmftaMge
ett 4730. MnçMe- de Càtig&dm le ponU es Mrl«Ke à
Pierre-Jean , chevalier . comte de Certaines , seigneur de
Villemolin^ qui en donna dénombrement en 1772. Cette
tem est rentrée daas la méiseii de Chanfps de SaUit-Légery •
qui ni p lwe ld g eneofe aoJcmrdTifit
On trouvait, en outre, danS'la'coromune de Saint-HIItttre,
divers antres ficfs moins importants comme Cliampip^ny ,
qui appartenait h Mdme Vaucorct , lieutcnanl-général du
baMage ée eette vlBe» en 4771 ^ et dont la funtte Pellé a
pris le nom ; Ctianmotte ; La Mothe-Vadieresse, avee idea
vestiges d'une ancienne maison -forte près d'im étang;
Claude de Marry en fit loi et hommage au comte de Ch.lteau-
cailnoo^ en 150/i; cefiel passa ensniie-dans la fanHleSallôn-'
nyer, ainsi que oeM des Trenats ; La GenrèêHe, qui à doimé *
son nom à une ancienne maison qui a possédé les seigneu-
ries de (ihAlin , de Cliali'^my, de Pressy près de Corl)igny,
de Yillettolin....; La floehe et La Oreose^ adx SallonnyeF^
qni Hb attirent* à la seigneoife 4e'Glialli;nyi en 1^1 ;'La *
Folotte, il la famille Ét^mard..... ' ;
XIU.
■ ^
Sancti Leùdegarii de Fogêreto eeelesia»
Bn quittant la gracieuse vallée de Saint-Ililaire , nous
entrons dans les monLagnes^ au sud^.et uoiuk arrivons sur
le torillDiie de Salnt-XégeiHle-EMgeret^ .que la aîmll^ .
tude de nom a fait confondre par quelques écrivains avec
Saitit'/Jgn'-de-Fourchcret , noi.uiuiient en ce qui concerne
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la naissante de Vaoban. Cctic commune , siiuée au mû-
o«tiid« (Sliftlaui-Gbinon , renforw m» poputetiMi d'euvi*
m fUittHi ceiHi hMsÊÊÊg et oonpiml ww wi niflc it
de tlOil flilte ém MM <lk<4Mitf ll60tlMI 49llt M» Ml
soixaBtfl*-ctnq sont en bois. Elle est arrosée, au sud>oueat»
par le Qulgnoa, et à Test, par le Garai autrement dit le
rnifliera de Rafery qoi , de ce eM , feme ae Wmi»m M» r
re eeeil r e quelfeea beenx poM de ie plea lenif-
quable de tous est celui dont on jouit de la poMe d'ett
rocher situé au nord du chef-lieu. C'est un des plus
éMdei, daa plus variée et des plus gradew fue mm
ceiMMoiMi
La paroine de Mnt^Léger , jadis de l'éleclleii et du
grenier h sel de Château - Chinon , est une des plus
fliy4fftpflf du Morvand. iL'évêque Bernard de SaiBt*Saulge
e» dent la eellatlei > eu iieOj m cbepitre de sa caUié-
dfide 4«i le ceasem jusqu'en liée (1% Les dtaMs appar«*
tenaient en partie aucoré^ et en partie aux seigneurs qui les
tenaient en fief du eomte de ChAteaa«-Chinon* UonorakU
AeiaifM MleM Laaliveii» Ai IMMMM^
de celles du cher-Hen. SI on encrait la IradNIdu lMele>
cette paroisse, comme tant d'autres , aurait eu autrefois
à souilîrir horriblement de la peste ^ au point que dans un
hameau il ne serait resté qfu'nn seul habitant, d'où lui
serait venu le nom de Lkamme qu'il porte aiijourd'hni.
Le village de Saint-Léger n'est remarquable que par sa
situation au sommet des montagnes. On y trouve un petit
établissement religieux fondé en 18/^1 par la pieuse muni-
ficence de H Albert de Salnt-L^rer^ et tenu par irmt
de Saint" Joaef de Bourg. L'égflse paroissiale,
dédiée au saint éTéqne dont le pays porte le nom . est un
édiiÀoe du douiième siècle ; le chœur, terminé en abside.
est seul voûté. U y etMe dewt cbupettes. Celle du sud
1' Gî t r-oQJ ir.ii *ttîêt. »/m Xirtm.
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.-^yp^irionak autrefois au soigneur do Mouas^, hamoau alon»
alternatil entre cette paroisse et oeUe «le Saint -HUaire;
celle du nord, mu laqttelto.ièfM Pi Mtom liii Mii été
déikMéi •aptrwliiél.iiefnwUBi est Hi prtpilété.éft te ml-
Mm de Sâim-Léger. Un affireux hicendie ^ allamé par im-
prudence , consuma , le 16 avril 1852, cette vieille église
ai dne paftiB àm «toumiàfies qui ïmUmtaL la, oMm,
riifwwéB ém m mmd» docber M», IoiiéInI' m
(WtftiirleMage (1). MaHin Gaaéer, qui ft?att n im,
est le plus ancien des cun'îs connus de cette paroisse.
U^iiil>é,M0mim, qui la gouvernail ea 1936, quitta bientôt
et foele IKW 80 eoiMiMver, coimte c/«r» i<» Mni-^K^iiytir,
àTédimliMi de renUme, et pam eniB, en i«44> dans
rinée en qualité de iuibi>ionuaire pour travailler à la con-
version des sauvages.
A i'oveai é$ SnintrLifir , prêt d'«ne lorél> s'éièvt le
vaite iAtêm^titm^ nanoir dea atMiént^aisMiniAi paya;,
reconstruit au dernier siècle sur l'emplacement d'une anti-
que maison-forte dont il ne reste plus qu'une tour. Les
d&vm •mvraiiS4l£ tetiûailiMa«iilail piaae kéÊMOÊiPk'
ikjnw alnatoufs m renient le téjowr tate- a g r é alie*
fntmait jadis, avec ses dépendances, tne In^ortante sen- *
gneurie qui mouvait du comté de Chilteau-Chinon , et con-
férait h son poaa^sseur le droit de pêdws de chasm^ céhd
lA tam de Saint^Lé^er appartient, ée temps Imné*
raorial, à la maison de Champs qui en porte le nom*
Guillaume de Champs de Saint-Léger en était seigneur à
la iki 4» fuinaitee aidele. Glande, écoyer» aUgnenr de-
Cilgnip Martini 4e GlMfeniiea» de IIe«aaR.4Mi en donne
dénombrement en 17^^ Frviçola- Marte ^ capitaine an*
;1) Le 5 .•îcptomlirc de r.iiinrc suujiitt'. roniiiic t»ii ilécintrait la voûto
qu'on venait d'achever, celle-ci s'ocoula et tua ijiiajrp ouvriers imprudents
'X Arrhir. de Chfttean-Chinon.
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3^ tr iKnrviWR
régiment de Poitou, et Guillaume, son frère, seigneur du
Cméc; dWHlieis de ronbre royal et militaii« de SaiAl-
lMiiytii#MflDl€i]ie«Bagee«117ê<t). •
IM' fàdâéon-'ûè Ctavips tire Mil ndn dfm wêcSêbê MÊ
situé dans une sombre vallée , au sud , près de la source
da Guignoné L'écusson de ses armes porte : • Eoartelé an
» f#eiitlerèt4eriier#argeiit» àlafteedeMbtecb
»^VM antrellMc« d'or^ frétée de |fae*s, aàiump n |t < e
» de trois étoiles de sable, deux en chef, une en pointe;
» aux 2 et 3 de gaeuies^ k la croix d'or (2). »
U «ef du aoinia apparleiiaii, en 1690, à lolOe Je»
dee Ofanes, qui le tenait de eon éfMraie iauiede lai*«laMi
de Cliamps de Saint -Léger. Une de ses descendantes,
Elisabeth des Ulmes de Torcy, a épousé, en 1885, M. Bar-
thélemi-Srnest Guillaume de SermiaeUesy de QulMiaei
fttvery» sur le nteeau de sefi nm, éleit le flid|e
d'une «efgneurfe avec Justice liaute , moyenne et basse ^ de
laquelle Adrien de Montsaulnin, seigneur du lieu, fit foi
et tMOHuage, eu au comte de Cbâleau-GbiBaD. U
y «fiituilrefiiAi mt iuatoB<*forte<deÉt un vtyait cuom
des vestiges, lorsque Glliert de Ge Og ue n un renouvria
l'hommage en 16ë2. On croit qu'elle fut ruinée par les
Armagnacs en 1412.
< Tradiny doHt Pierre de Gotifenon ffuuilt le noii
eni626,le8^An8tois, Bouteloliget Tffleux^'étideBtMitaut
de fiefs réunis qui reconnaissaient la même mouvance.
Louis Étignard^ dit le marquis de Martray, le même sans
doute' gue mus tromm revêtu du titre de naife de
GMitemhGMftou, à la fin du dernier sWde, eu éiaft eei-^
gneur'en 1770. Il les vendit, la même année, à Jacques-
Girardot de Chamont, bourgeois de Paris, qui les unit h
la seigneurie de Yermenoux.
(1) Archiv. de Chàteau-Cliiiion.
;9) CrsiNBACH , immire d( la Mh'rt» ' •
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XIV.
0
« «
A la pointe d'un large plateau qui domine tout le
Bazois, et au pied duquel viennent s'unir le sol calcaire et
le terrain granitique^ à douze kilomètres environ àTouefit
de Gbâteaa-Ghinon^ se montre le village de Saint-Péreua«!»
dont une partie^ eelle de Test, fiit dévorée , en 18&7, |Kir
un terrible incendie. L'autre, qui couronne rextrcniité du
plateau 4 et où se trouvent l'église paroissiale, le presby-
tère et les restes de Tancien cbâteau seignenrialsiquit d'une
me magnlflciae sur tonte la vallée, qui se déploie indéfi-
niment vers Tonest. C'est un des endroits les mieux situés
de tout le Morvand pour le coup-d'œil. Il s'y tient chaque
année > le 11 mai, une foire très-ancienne, mais peu
fréquentée.
Le nom de ee village rappelle un souvenir préeienx pour
nos montagnes, celui du martyre d'un saint prêtre auquel
cette partie de notre contrée doit sa conversion au dirisr
liattiHDO. Vert la fin du cinquième fliède,PéraHe, pomé
par le lète de la gloire de Dieu et Tamour du prochain , se
rendit dans ces parages pour détruire le culte des idoles ,
qui y conservaient encore un bon nombre de sectateurs.
Le nom de SoUère (1), nous dit encore que ce lieu , était
un bois eonsacfé an soleil, et celui de Cbandioa (2), que
•
(I> SoMff iMew.
(9) nf Ctm^ 9to ou ompm ntmm. — Le chftteaui de ChandiôQ
B*oaw phn n^ovrdthiii Aox rtgtrds des amateurs que des débris;
«Mis ces nifnes grandioses frappent rimaginittinn , émcurciit Tâme. *
On se etoi »aiti d'un moavemeiit involoutaire de tristcsao aussi bien
l'endroit où fui élevé le maBoir de ce noui^ si ridie par
ses mines gigantesques , si intéressant par les souvenirs
qui s'y rattachent, était voué spécialement au culte des
dieux du pay& C'est contre ce loyer de 1 erreur que
s'avança le nouvel apdtre. La lumière de l'Évangile 9
qu'il at Miter an yeux éiomé^ém paltm^ cmrertit
un nombre considérable à la foi. Mais tandis que ces
premiers succès , en animant sou courage et son zèle , le
portent à entreprendre davantage cony^e le cutte des
idoles, quelques païens^ ameutés et ftarletRi, M salsisseitt
de sa personne ^ l'entraînent sur la pointe de la montagne
et le mettent à mort ^ - >
Ses rester inortels, reeoeiUis ptii ieB clirétiens qtiH
avait enliuités à Jésus- Glirist, ftirent enterrés dans fendrtilt
même de son martyre. Son tombeau devint bientôt célèbre
par le concours des ildèles des environs et par les miracles
qui s'y opéraient. IÀ5 comme k Sauiien, on éleva sur le
quo do rurio.site , eii cuiitemplank 088 longs puw de nùrs que la
lierrt' cnUice de ses niillo bras, ces immenses cheminées qui s'ûlan-
i-ent duns les airs , ces tours encore menavanles dons leurs ruiiiv>ï. ,
re portaU de la cour avec tout sou appareil féodiil , et où l'on craiut,
pour ainsi dire de s'engager, bien fpi'il soit \'nW de sa liersc ; ces
sombres souterrains, d'où Ion croit encore entendre .sortir les pémis-
•MMBti de quelques sialèMrMix pripoADitrt..... Ou dit que le biuroa
ChaoUiou avaU <iriit de faittn monnaie^ Imh de Ckandiou , dont \q9 mm
étaient: « D*herniincs k la fasce de'guealea, » so distingua, au quatorzième
«elècie, danela guerfeeontre lea AnglAfe. fierre, a«ii petit^le, eelgneiir
de Miiv «t de poiMiitnei» qut^pouaa i|âl(tat 4s €Mime»« ^teueUd'^fv
armé chovalier, lorsque, le prenUer, il vint, en 11 19, ayunt partftssus 90^
harnaîis une cotte d'armes vestiie, qui était écartelr'e de Chandiou et de Beau-
fv^xont, à Saint-LaureiU'les-ChéloHS, toucher l'écu df Jnrqties Deialain
|M)ur le combattre. Jlist. du bon chevalier Jacquex Delalain. Il vi\ ait encore
en 14S8, et était alors capitaine-gouverneur de la ville d'Auxerre. 'Lebœi f.^
Jean de Chandiou , seigneur du Heu, mort en 1513, avait opuu»c Claude
de Fournay, à laqucUo Charice de ia Towmelle, aire de YÀllaines, fit
une a9ii4t|tiitioii de rente U mime- «(iiée. Jluoque» de Cbaiidioii «taifciilriiê
de Bellevaux en im Cette tern a epparteiiu «uk iBeùon»,iMmii ^^k9t
^frttdeUFerlé*Mffun. .
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Lk MORVAM). ail
«iNMié en «lAtye. hè Mi Ciiiii M - l < Qt—fd ^mpi^ m
neuvième siècle , ce monastère à TtgUse de Nevws^ à
laquelle Charles «le -Gros le coDlirma quelques années
apffès. SdculaiM pto Ur4« tt évrt»i m dMliltre «te çlMi-
mÂpm. Om cytit qae la mimn ♦» MOfaica te IrotvMt ptès
ée l'édifice sacré , au sud. L'iacleiiM égUM collégiale eut
aujourd'hui simplement paroissiale.
Cet édiioe > encore dédié au eafait ap6M du pa|§^
doBi en eélèkra le Mte le 13 fioftadm, eit um oom- -
trudioB dn dovlèiiie sièeie. H eit Me^agréablemeit
sKoé 5 mais 11 n'est ni grand , ni beau. Au-dessus de sou
abside romane s'élève la tour ou clocber^ qui n'a rien de
vmerqvaMe^ La Ml eet alMliiiée par
#■ pies triste aepeet
La paroisse de Salnt-Péreuse , jadis de l'archiprétré de
diâtiUoii-eu-Bazois , est sans contredit Tune des plus
aaekimes d» Morvaad. Le patreuge de la eura appaniot
d'àbord à révé^oe diooéuiii » qol^ eeleii Ckqr-GoQinie (1)»
le donna , en 1162 , au chapitre de sa cathédrale ;
mais mie charte de Tannée précédente , rapportée par
Ht BaUlot (2) , prouve qa'alors il appartenait à l'abbé de
Saial^ltotti d'Autim. Les dîmes» de Mie gerlies ïmm,
se pa nag e al e at entre le ciré et le selguenr, à l^exceptloo
de celles de Solières , qui appartenaient par moitié au
possesseur de cette terre et au titulaire de la cbapeUe
^Inc- Jleiae «t Maf-ifere de MonUus-BBglQiert.
ta terre de 8alBt«Pére«se> seigneorie ea toate Jiisiee
avec titre de baronnie , mouvait noblement du comté de
Château-Chinon, si ce n'est la partie de Besne , qui relevait
des dttcs de Nevers, k cause de leur chàtelienie de Moulius-
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312 m MORtÀm
aigilbirt Xi}. LmjmMÊUBit lÉHlai* émiiv^tmwm
«ncmJeft urines àla poiiite 4t b iDoiitii»Q« à,rwMt
de l'église , ayant été brûlé avec le village par les
AnuagnaG^ m jl4i2, ue fut poiatrétaldi; mmSi un nouveau
M^te wMi detem^ ^ Mit ctïvi fitf ivi à la
baronnie. Il ne conserve plus de son aspectiéodal <|iie ses
quatre tours armées de aieurtrières. Ce qn'on lit dans le
Smmmir du bon wmx iempt, tovobaot Tacte de .foi et
liMmi^ cendo au Iwon de Ghandioi par 4s $aM-
.Férease , n'est irallement fondé.
Cette barounie appartenait, en l/i02, à Jeliau et Odot
éeJleiitagu^chevidiiers» seigneurs de Couches, qui, ceUie
Atmé^y en âemiàictl 44iMMPiteeiiien(l à Çtk^m(H>M9im^
Nous la trouvons , un demi-siècle plus tard y dans la péft-
session de Huguenin de Grandi y (2), chevalier, seigneur
du liea> qui eu fit foi et hoouuage en Mx^%, et la laissa à
Cililiiliima» son fils» seigneur de U M«ita0ie. Cekiirci
en IcNtaait encore en i52&; nins ft.avatt alqrs.popr
co-seigneurs nobles Antoine des Preis , Claude et Jeban4e
Chalauipnt, chevaliers, barons de Uorliebaron.
Ckarles de Grandry» seigneur de Jiesue et trésorier du
.cbi&de Kenrers» étftft^ eu 1$72» bpner^ da.tUre dg maUte
d'hmtei ortUnme du »*at% et 4eratursU c\m lesIrrÎMiMf
en qualité ambassadeur pour Sa Majesté (3). Elisabeth, sa
porta ensuite cette terre et celle de Grandry à haut
et puissant sfigneiir FaulDaipas (4) , cbevaiier. de Tordie
du roi, qui les possédait encore en 1695..Uae secqpide
alliance les fit passer à Jacques de Mesgrigny, baron
d'Aulo^» qui donna d^uouihreu^eut en 168Q.,Gharles-
• (1) Archlv. nation, et de Ch&teau-Chinon.
(9) ÀUàê Grandrye et Grandri«.
(8) Arcbiv. de Besne.
(4) Ce nom e'écrivait autrofoia d'Ama.
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LE IIOKVAN0. 5i3
Louis-David Lepeletier^ comte d'Aolnay^ baron d'Epiry,
seigneur de Cervon et de Marcilly, en fit autant en 1771.
Besne appartient aujourd'imi à M. Tassin de Saint-Péreuse,
dont le p^re l'acquit an commencement de ce siède.
Solière y snr une liauteur, an sud-est , près d'une forêt
et sur le bord de la route de Cliâteau-Chinon à Nevcrs,
possède un joli château bâti à l'italienne. 11 fut construit
en 1786 par Jacques-Louis de la Ferté-Meun^ chevalier,
comte de Solière^ homme redouté du peuple. Son caractère
sombre se révèle dans le choix même du lieu de sa sépul-
ture. Il fit construire , de son vivant, un tombeau au fond
de la forêt à laquelle le château est adossé ^ sur le bord
d'un étang noir et profond» où il fut» en efièt» déposé en
1828. L'évêque n'accorda la permission nécessaire qu'à
condition qu'il y serait élevé une chapelle. Le comte de
la Ferté-Meun-Ghamplâtreux« son neveu» se mit aussitôt
en devoir d'exécuter l'ordonnancé épiscopale» et bâtit en
ce lieu une belle chapelle gothique , que le mauvais état de
SCS affaires ne lui permit pas d'achever. Il vendit alors
Solière à M. Graugier de JLa JMLarinière» et celui-ci à
M. Denis Benoist
Cette terre , jadis seigneurie en toute Justice (1)^ mouvait
en partie du comté de Château-Chinon, et en partie de la
châtellenie de Moulins-Engilbert.£lle appartenait» en 1293,
k Hugues de Verrières» chevalier» qui» la même année» fut
inhumé dans l'église Notre-Dame de Bellevaux» dont il était
bienfaiteur. Guillaume de Marry^ chevalier, seigneur du
lieu et de Montécot, en était possesseur en 1535.
Le fief du Chemin» aussi mouvant de Cbâteau-Chinon»
appartenait» en 1504» à noble Qaude du Verne» écnyer»
seigneur de Cuy. Celui de Villars^ dont le nom rappelle
un souvcnii' romain» reconnaissait la même mouvance. On
(I; Le signe patibulaire se trouvait dans le (iuiMp duPUoH, au aud-e9t.
S4
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léeoQvrit autrefois 4€s 4ébri»^Mtl(|iie»» qui pf(Hif«M
cette localité doit, eu ellet, son origine à une ancienne viUa.
La conimiMie i&e Saint-Péreuse renferme oeuf cent v ingi<
sept ha)iitaotft et «ne superficie de mHk aii eeM ^ bee^
tares, dont cinq centa sottt en boln Les flânes de la mon*
lague sur laquelle le vUiage est assis , sont eonverts de
vignes. Le seigneur avait droit à la treizième line de vin.
Cette lûcalUé joint d'une grande salubrité , ce qu'elle
doit à sa position élevée. Jean Beantemps, omten ilkO^,
comptait alors cent huit ans ; sa sœnr n'en avait que Imis
de moins iorsqu elle mouiut (1).
XV.
DUN-SUK-GRANDAY, Umum in Magna riwo.
Cette petite commune» située au nord de la précédente»
est la seule du canton de GhâtUlon-en^Bazpis qui repose
sur le sol granitique du Morvand. Elle renferme une
population de six cent quatre-vingt-dix habitants, jadis
connus pour leur esprit religieux. Son territoire» traversé
par la route de Moiâfns-Engilbert à Qiassy» et par celle de
Château-Ghinon à Aunay, est arrosé, an nord, par un
gros ruisseau, qui forme la principale source de 1^ rivière
de Venon. On y récolte un peu de vin.
Le chef-lieu, bâti sur le flanc d'une haute montagne»
tire son nom de sa situation ; car on sait que Dunum est un
mot celtique qui signifie hauteur ou montagne. Son surnom
est celui d'un village dont nous parlerons bientôt. Un écri-
' vain medeme , s'appuyant sur Torthographe actuelle du
mot Don» que Ton écrit à tort l>^tfn» a cru retrouver là»
;i} Archiv. de Chàtoau^Chiiioii; ifimwtre» 18i7.
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comme à Dw^es-Ptaees^ un fovfeiilr toujours vivant des
HuDS, nation barbare qui, au ciiiquième siècle, parcourut
line partie des Gaules le fer et le ieu k la main. Mais s'il eùi
çomnUé les arehivet de ees deui eommime»» il «DraH ▼»
que l'ortliographe actuelle ne remonta paa livo irièdei et
fa'en 4760 on écrivait encore Dun,
L'église paroissiale , dédiée à saint Jean-Baptiste , dont
on célôlire la féte le 29 août, eti m petit édifiée lori
ancien,. Son arebitectiire est le roman dn commeneement
do doviième siècle. L'abside seule est voûtée. Au-dessus
de la nef s'élève un pelit cIocIhm- eu bois de chétive
apparence. paroisse ^ jadis de réieclion de Nevers» dn
grenier à sel de Uoulins-fingilbert et de Tarctiii^rétré de
CbâtUlon-en-Basols^ est aujourd'hui du doyennd dt
Château >Cliiuon. Le patronage de la cure appartenait
autrefois k l'abbesse de Nevers.
La commune de Onn fit, pendant dix ans, partie dn
canton qui avait été créé à Mootreuillon. Bile se compote
principalement du chef-lieu dont la seigneurie était mou-
vante du duc de rsevers^ à cause de sa châtellenie de
MoDtreuiUon) de Creuseveroe ^ bameau bnUé en i%kl ,
en même tenq^ que Mnt-Péreuse; de Cbampausserin^
village bâti sur l'autre versant de la montagne , avec un
castel du seizième siècle, et enfin de Graodry^ dont le
nom est allié à celui de la commune.
Ce dernier est situé dans la vallée, au nord, k la
jonction des deux routes dont nous venons de parler, sur
la rive droite d'un gros ruisseau, d'où lui est venu son
nom. U formait autrefois une terre avec haute , moyenne
et basse justice, qui mouvait en partie du comté éù
Ghétteau-Cbinon et en parde dé Montreuillon. On y voyait ,
au ([uatorzièmc siècle, un manoir seigneurial dont il ne
reste plus de vestiges. Cette terre était alors possédée par
une noble maison qui en portait le nom. fluguenin de
Grandrye, chevalier, en était selgnéiir ^ 1!
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516 LE IIO&YÂND.
tait : « D'argent à trois trèfles de rinople , posés 2 et 1. »
Guillaiime^ son fils, écuyer, seigneur de La Montagne,
en Joulssail encore en 1520* Jacquette Àubry^ veuve de
œ dénier^ acheta^ peu de temps après, une partie de la
baronnie. dé Saint-Pérense. Élisabeth de Grandrye , fiUe
de Cliarles , maître d'hostel ordinaire du roi et ambassadeur
chez les Grisons 9 porta ensuite cette teiTe et celle de Guy
à Paol Damas, qui en donna dénombrement eh 1635.
Grandry passa, dans le siècle suivant, aux malsons de
Mesgrigny et Lepelelicr, seigneurs d'Aunay (1).
Le fief de Clianipausserln , avec justice et seigneurie ,
était mouvant des ducs de Nevers, à cause de la châ-
tellenie de BloulIns-EngilberL n devait à rabbaye de
Bellevaux une rente bordelière de sept sous , une poule
bonne et raisonnable; plus une autre rente annuelle de
quinze sous tournois, deux boisseaux un quart de froment,
dnq d'avdne, mesure de Moulins -Engllbert, et sept
gelines et demi , bonnes et suffisantes ; le tout rendu à
Notre-Dame de Bellevaux, le jour de saint Étienne,
2^ décembre.
Édouard Goussdt, sieur de Ghampausserin, en 1670,
laissa cette terre à Jean , son fils, sur lequel elle fut
vendue pai* décret, en 1686 (2).
GAMTON DE LUZY.
Ge canton, formé de la pointe méridionale du Morvand,
se compose de dix communes. Celles de Gbiddes, de
Milay et de La Iloclie-Milay, n'en font partie que depuis
la suppression de celui qui avait été créé dans cette der-
nière. U renferme une population de douze mille âmes
(1) Ârchiv. de Bcsnc et de Quincize.
(S) Archiv. de Quincize.
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LE UOKYÂJSÙ. 117
environ 5 et une superficie de trente-un mille cinq cent
soixaateHieiif hectares^ demi six naille hait cent quarante-
quatre aont couverts par les forêts. Sa drcoDBCTiptton est
«
celle d'un doyenné qui compte douze paroisses.
L'aspect du pays est , en général , moins âpre et moins
sévère que dans le reste du Morvand. La vallée de rflalèae;»
qui le partai^e eu deux parties présque égales^ est riante
et asses fertile. Quelques écrivains ont assigfné le cours
de cette rivière comme formant, de ce côté, la limite de
notre contrée ; mais la chaîne des collines Appenelle ,
aux sommets hérissés de forêts^ présente ùop d'analogie
avec le Morvand, pour que nous nous rangions de leur
sentiment. Nous ne nous arrêterons qu'aux Unîtes du
canton lui-même.
Les trois grandes époques de notre , histoire nationale
avaient laissé Ih, comme dans les autres parties de nos
montagnes 9 de nombreux monuments; c'étaient des
dolmens druidiques , des voies romaines, des villas, des
camps retranchés, des urnes cinéraires, des médailles,
des abbayes et prieurés, de sombres manoirs. .L'Haldne
et le ruisseau de l* Église, son afituent, sont les deux seuls
cours d'eau qui méritent d'être cités. De belles routes
coupent le pays en tout sens.
1.
LUZY, Lisci villa, iMziacwn, Lausia.
Cette petite ville, chef-lieu d'une commune de deux
mille trois c^nt vingt-six habitant, est .agréablement
i^tnéé sur les bords de THalène, dans une vallée assex
large pour former une plaine. Elle est dominée^ à l'Ouest,
par les hauteurs de l'Appenelle, d'où l'on jouit d'une vue
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HfkYite et grave tout à la fois. Son territoire , borné à l'est
par les hautes montagnes de Dàne, présente une superficie
de quatre mille cent soiiaatewpt hectares doot quatre
cent vingt aont en boif.
huf est la plus petite de« irUtes du Monrand et même
du Nivernais. Son enceinte a si peu d'étendue , que
l'étranger» en y arrivant, croit entrer dans un gros
liourg seulement Son indostrie est presque nulle et son
eommerce peu développé, à cause de sa situation au
milieu des terres M loin des principaux débouchés. Néan-
moins, ses six foires annuelles, fondées par les anciens
seigneurs qui percevaient des droits sur chaque téte de
bétail que lV)n y conduisait y et le gros marché qui n*f
tient tous les mercredis depuis la Toussaint jusqu'à lu
mi^-carême , sont bien fréquentés. Un autre petit marché
pour les comestibles y a lieu tous les vendredis.
On remarquait Jadis à Luzy une halle où les ducs de
Xtvers percevaient le droit de minage sur chaque mesure
de froment , de seigle , d'avoine et autres céréales qui s'y
vendaient. Un grenier à sel y fut établi au quinzième
siècle pour toutes les paroisses environnantes. Le roi
François pat lettres patentes du 10 janvier 1516, en
abandonna au comte de Nevevs les ffnuft, rewnm, émolu-
ments, ainsi que les amendes et forfaitures y relatives (1).
Jean Ballart en était grenelier en 1570 (2).
Les savants ne sont d'accord ni sur l'origine de Luzy»
ni sur l'étymoiogie de son nom. La Mothe-Tors, dans sa
Bilnracte, imprimée en 1088 , prétend que l'un et l'autre
sont dus à un noble éduen appelé Liscus qui , le premier,
y aurait bâti une magnifique villa ou maison de plaisance.
Gourté()ée et plusieurs antres» s'appuyant sur une ancienne
tradiiloB piq^aire» ont prétendu que Luiy était autrefbis
(1) Archtv. de la préfecture.
m ^(»a|«#tf (Itt f renier à sel se trouvaient près de Fhùpïttl.
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LE MORVANa S 19
fovtosÉdMM, ceiioe l'Otympe était pour tet Grm;
un lieu omaené à la joie «t aux plaisirs puMIcs, m
rendez -vous pour la jeunesse celtique qui , h certaines
époques , s'y livrait à la clause, à la musique , aux courses,
4*ùk kuLiyieuiii etf daAslaauUe^Uuy (i). dllais roplnkm
qtA nous semble la plus probable» est celte qui fait dériver
ce nom de deux mois eeltiqoes, iuz étang , et zy âe«x.
La tradition nous apprend , en elîet, que les belles prairies
qui avoisinent la ville , u' étaient autrefois que des marais
fiMgeiiz on étangs qœ Ton dessécba dans la suite à cause
de rtaalnbrité qui résultait de ce voisinage.
Quoi qu'il en soit , on ne peut douter que fendrott n*alt
été habité de bonne heure. Si nous n'osons nous inspirer
de i'opinion de ceux qjoi y placent un collège de druides,
dn moins nous tenons pour certain, avec beaneonp
d'autres , qu'il y eilsta une villa romaine. La voie antiqof
qui y aboutissait, les médailles de César, d',intonin-4e*
Pieux, de Gordien.. , et autres objets qu'on y a découverts,
en sont une preuve qui ne peut admettre le doute.
A la villa romaine succéda naturellement la forteresse
féodale dont il reste encore dimposants débris. Ce redon*
table manoir des nobles barons de Luzy s'élevait au centre
de la ville qu'il dominait orgueilleusement de sa masse.
Une ceinture de murailles, hérissée de hautes tours, des
fossés profonds qu'inondaient continneliement les eaux de
malène, une porte armée de tonrelles avec mâchiconNs
et précédée d'un lourd pont-levis, le défendaient contre
toutes tentatives du dehors, et ne laissaient pénétrer dans
l'intérieor qoe des gens connus et sûrs. Au-dessus de la
porte d'entrée brillait f écusson aux armes de la famille , qni
portait : « De gueules au chevron d'argent, accompagné
» de U'ois étoiles d'or, posées 2 et 1 (2). » Une chapelle,
•
(1) Deso'ipt. de Bounj., tome m, p. 498,
(2; LiCIIESXAY DEsi Brtl«.
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320 LE MORVAND.
dédiée à safaite Catherine , et dont le patronage appartenait
an seigneur, complétait cette noble demenre (1).
C'est autour de cet antique manoir que la ville de
Lazy, comme celles de Gliâteau-Chinon , de Lormes, de
Moulins-Engilbert, se bâtit dans la suite. Elle ne se com-
posa d^abord que de qnélqnes cases de paovres scrfe
attachés an servke dn diftteau on Tenus des campagnes
pour chercher, à l'ombre de ses fortiiicatious, une sûreté
qu'ils ne trouvaient pas ailleurs.
Affranchie au treiâème siècle, l'humble bourgade prit
bientôt un air .d*aisance inaccontnmée, et sa popidation
en reçut un notable accroissement Mais sans cesse déchnée
par la peste et autres maladies contagieuses de l'époque ,
qui y causaient des ravages d'autant plus fréquents et plus
terribles, que le pays était alors plus insalubre , elle ne
put prendre un développement considérable. L'hfetdre
nous a conservé le souvenir d'une affreuse épidémie qui ^
au seizième siècle , désola cette petite ville. Le fléau
sévissait avec tant de violence , que les échevins et les
notables , désespérant de l'eiBcacité de tout secours
humain, s'adressèrent au Ciel, et s'engagèrent, par un
vœu solennel , à se rendre chaque année processionnelle-
ment à la chapelle de Saint-Sébastien d'Uchon, pèlerinage
alors trèfr-renommé contre la peste.
La maladie cessa presque subitement, et les habitants,
pleins de reconnaissance pour une protection si visible,
se montrèrent toujours fidèles à leur vœu, et se leudircnt
en effet, chaque année, le 20 janvier, à Uclion, en pro-
cession nombreuse, et ne cessèrent leur pieux pèlerinage
qu'en 1790. Toutefois, la procession se faU encore de nos
Jours éàos Fintérieur de la ville (2).
(1) Marie d'Albrct, comtesse de Ncvers, donna, en 1508, ce bonLfice à
frère Sébastien Fournier, religieux de Saint-Martin de Itîevers , et fils de
Durand Kournier, son médecin.
(5; CouRTépéE, Dmript.de Bourg. { Piécet manuscr.
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LE, MORVAiSa 321
.. Aa quatondlèBie riède, les lialittaiits de Luif ^.menaeés
dans lenra penoones et leur fortune par les troupes de
maraudeurs de l'époque , résolurent de se clore de murs.
Ils élevèrent donc , avec la permission de leur seigneur,
antovr de leur b^g, une ceinture de ranrslllee qu*ils
flancpièrent de liuit grosses tours, dont quelques -uqes
subsistent encore, et creusèrent, en outre ^ des fossés pro-
fonds qu'ils inondaient à volonté. Deux portes, armées de
tourelles, couronnées de créneaux et précédées de ponts*
levis, donnaleait entrée dans la place, et conq^létaient le
système de défense.
Luzy est , sans contredit , l'une des localités du
Morvand où la foi chrétienne pénétra plus à bonne heure.
L'iiistoire nous apprend que déjà, au cinquième siècle, il
y ayalt près de ses murs une église , od un pieux enlant
du Morvand 9 saint Germain, dans la suite évêque de
Paris, se rendait chaque jour pour satisfaire à ses devoirs
religieux. 11 est donc certain que la paroisse est extrê-
mement andenne, et c'est probaUement à cette cause
qu'elle dut Tbonneur de derenir un des vingt-cinq arofai-
prétrés du diocèse d'Autun , dont die n'a cessé de faire
partie jusqu'au rétablissement du siège épiscopal de
Nevers,.en 1822. Sa circonscription archipresbytérale
comprenait environ vingt-dnq paroisses situées sur les
deux rives de TArroux, plusieurs prieurés, une comman-
derie de Malte (1) Les dîmes se partageaient entre le
curé , le duc de Nevers, l'abbé de CIuny> les seigneurs de
La Roclie-Milay (2)
(1) Lea paroisées de cet ancien archiprétré étaient Cbarbonnas, Chi4des^
Cuzy, Detty, Étang, La Boulayc, 1. 1 Conicllc, Laizy, Milay, Montmort,
Poil, La Rochp-Milay, Notre-Dame de Luzy, Saint-Pierre de cette ville,
Saint-Didier-sur-Arroux, Saint-Geiigoux, Saint-Nizier-sur-Arroux, Saint-
Seine, Semclay, La Tanicro, Thii-sur-Arroux, Vandcnessc-sur-Arroux....;
la commandcrio de Tourny ; les prieurés de Saint-Àndré-les-Luzy, d*Avrûe,
de Semelay, de Vanoise , de Thil-sor-Arroux
(S) Archlv.de la Nièvre.
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52t U MORVANfi.
GettA ville pofliédilt}ftdisdMx égitoes paraMitap, dont
le patronage appartenait à l'évêque diocésain et à l'abbé
de Cluny, qui l'exerçaient alternativement. Celle de Notre-
Dame » fiiij»priaiée en 1776> était un édifiée anden» mais
éireit et doat le chœur seul était voité. EUe pertalt,
en i19êf des signes évidents de eonsécratton. La nef,
encore existantj, s'adosse presque aux murs du vieux châ-
teau, et fait partie de rhôlel-de-vilie. Lorsque naguère
OB epéra le niveUement de son ancien cimetière pour le
transformer en place politise, on déeoovrlt le corps #aB
Tertoenx prêtre en état parfait de conservation, blenfiH
fût mort depuis de longues années.
L'église Saint- Pierre, encore aujourd'hui paroissiale ,
est une eonstradion très-ancienne, mate pàtti fort biaarre»
Le dMnir, de style roman da ourième Mède, est, arec celai
de liemais , le plus eiigu qne nous connalsBions. H ce
compose d'une abside , précédée de quatre arcades qui
supportent la tour du clocher ; c'est la seule partie qui
ioit voAtèe. On rcmargoe, à l'intérieur, les traces de in
iMMbt i|ai tomba cor le dodier vers iSSA. La aef, vaste
carré, cintré en plâtre, est flanquée, au sud , de plusieurs
chapelles de divers styles. Au fond de celle qui avoisine
l'autel t on. lit que Pierre et Nicolas Yirot, Françoise
Bouton et Rrançoiae NauU, leurs femmes, fondèrent,
en 4695 et en diverses prières h perpétuité,
noyeimant une rente annuelle de dix~huit livres quinze
sous. Sur le mur nord de la nef, on voit : 1<> que Jehan
Simon, curé de céans et arduprêtre de liurj^p fonda ^
en 1633, pour une autre rente de douze livres dix sous,
assise sur son étang de Cowfemt, tem les jours et festes
de Notre-Dame , les Matines, et les soirs des dictes, à
Ventrée de La nuit , le Gaude Maria avec un Libéra et un
De profundis sur sa fosse ; puis, le Jour de Sainte- Anne,
Matines et la grand'messe des morts ,* 2^ que Biér»m dis
Jm Vernie fonda aussi, la même année, pour fumet iims
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rmte perpétuelle , la Qum9tl9 ée mhtteAtmf avec un
Libéra sur sa fosse , tous les mardis soir ; les Vigiles et
une -grand' messe des morts, chacun an, le jour de son
uàmt jMMirani S* «déo» que Marguerite Symoaln, team»
de Jean Bertrand, légoa, en 1602, une rente de trmê
ihfre$ tmtrmns, assignée sur le Orand-^Prè^Morin , pour
faire chanter les Vêpres la veille de Sainte-Marguerite;
les Vigiles et la grand'messe de Requiem, le jour de la
iête, à perpétuité. Le dli-septièine sièele Itot féeond en
bonnes «nvres de ce genre; le dix-linittème loi détruisit
toutes. Dès-lors fut inauguré le hideux socialisme , ce
grand contempteur de la propriété privée.
Jua nef de cette église a été considéralilement agrandie
en 1818. Le délilal opéré dans ces denrièree années^ ponr
rentrée en ville de la route de Moulins en Eourbonnaif ,
l'a pour ainsi dire suspendue au-dessus du sol ; on n*y
arrive qu'en montant un escalier de quinze marches.
Jean-Baptiste Mailapart, curé de Lusy en M9i^^ M
amHé , ainsi queses deux ffeaires, Durand et SneHer, et
renfermé, avec eux et pinsleors autres prêtres^ au grand
séminaire de Nevers; de l«*i, il fut transporté par la Loire
jusqu'à Brest, où il mourut de privations et de misère au
mois de juin 1794* à l'Age de cinquante-cinq ans. Ses deux
vicaires^ dont ïm, M. fiaelier, dev&it plus tard dumolne^
vleaire général et promoteur du diocèse #Antun , durent
à leur jeunesse et à la force de leur tempérament, le
boulieur de revoir leur pays et leurs familles. L'année
précédente, avait expiré ions lu bacbe réfolutionnaim
Denis Répons, honnête citoyen de Luiy, auquel l'aoeusa*
teur public ne put reprocher que de prétendues tendances
royalistes , accusation aussi honorable que banale , mais
suffisante alors poui: perdre l'iiomme le plus irrépro^
chable.
LuqTs comme tous les bourgs d'alors» eati au dowiiàmQ
siècle, un étabUssement public deslM an lo ul age mff it
324 MORYAT^D.
des pauvres malades ^ et conna sous le nom de Ufnwetiê,
il cause de la lèpre , maladie horrible et fort commune
dans ces temps reculés, puis sous celui de maiadrcrie,
qui rappelle encore son antique destination. Cette maison
se trourail m portes de la ville ^ ainsi qa*il était d'nsage
alors de placer ces sortes d'établissements, et avait été
fondée par les anciens barons du lieu. Plus tard , il fut
doté d'un hôpital dit de Saint-Jacques ^ à cause de l'apôtre
auquel la diapelle était dédiée « et dont le revenu, d'abord
fort .modique 5 faX augmenté des biens du premier établi»*
sèment que loi attribua un édit de Louis XI¥, du fé-
vrier 1696 ; le revenu est aujourd'hui d'environ quatre
mille cinq cents francs. Cet hôpital, dû à la pieuse munifi-
cence des anciens sdgneurs de l'endroit, est tenu par quatre
soeurs de Saint-Paul de Chartres, et renferme sept lits.
Une dame Nault, de Luzy, et lemarquis Émile de leusse (1) ,
ancien propriétaire de Ghigy, en ont été, dans ces derniers
temps, les principaux bienfaiteurs.
On remarque, dans la chapelle de cet étaUissement
de charité, une antique statue de la sainte Vierge pour
laquelle le peuple professe une singulière dévotion. EUe
est connue sous le nom de Notre -Dame- de - Palluau , à
cause d'une ancienne chapelle rurale qui était dédiée à la
sainte Vierge, et où elle se trouvait autrefois.
Près de la ville, au sud-^uest, on remarque uuo hante
muraille conservant encore son ancienne forme de pignon*
Elle est là, luttant contre les vents et les tempêtes,
comme un témoin toujours subsistant de la piélé des
siècles passés. C'est tout ce qui reste d'un antique
(1) Cet hommo vertueux est mort beaucoup trop tôt pour Luzy. Il se pré-
parait à doter cotte ville d'un établissement de Frères de la doctrine chré-
tienne, et destinait ù cette bonne œuvre une somme de cinquante mille
francs , lorsqu'il fUt atteint, à Gliàlona-«iir<Sa6ne , d'une fluxion de poitrine
qui remporta en trois jours. Haiheiireaseinent pour le pays, les choses ne
se trooratent pas assez «rancées, et tQ«t en est resté là.
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LE MOllVAND. • 325
prieuré do Bénédictiiis, autrefois maisoB oonTentaelle, el
GDona sous le nom de Saint-Andrè'ies-lMxy. Ce monastère
était, à ce que ron croit , un des plus anciens du Morvand.
Quelques écrivains ont avancé qu'il fut élevé sur les ruines
d'un coliége de druides , et que les évêques d'Àutun^ ses
fondateurs/ le donnèrent > au dixième siècle^ à la célèbre
abbaye de Guny, qui l'unit à la mense abbatiale. Ses
biens ^ non compris les dîmes, s'afTerm aient, en 1780,
douze cents Livres, Sa haute, moyenne et basse justice, à
laquelle furent unies, au seizième siècle, celles des prieurés
d'Ayrée. et de Semelay, avait le titre de bailliaere, et
ressortissait , pour les cas royaux, de celui de Saint*
Pierre-le-Moûtier (1).
L'église prieurale, dont iaisait partie la liante mu-
raille qae nous Tenons de parler, était une construction de
style roman qui remontait au commencement du douzième
siècle. Elle avait environ trente-trois mètres de long sur
douze ou (juatorze de large. Le cliœur, précédé d'un trans-
sept légèrement développé, était bati eu forme d'abside.
Au-dessus s'élevait une grosse tour de même style, percée
de fenêtres géminées et surmontée d'un toit ou flèche
pyramidale. Le silence seul des tombeaux règne mainte-
nant dans ce lieu qui retentit si long-temps de la voix des
moines et du chant des louanges de Dieu , c'est le cime-
tière de la ville. Ainsi , les cendres des fidèles de la paroisse
de Luzy se mêlent, diaqne Jour, aux cendres de saints
religieux qui depuis long-temps se sont endormis dans le
Seigneur, et qui reposaient sous les dalles du sanctuaire.
11 se tint^ en 1150, dans ce monastère, une nombreuse
assemblée que présidait en personne Tabbé de Gluny. U
s'agissait de rétablir bi paix entre Ponce de Montboissier,
abbé de Sainte-Magdeleine de Yézelay, et le comte
Nevers, Guillaume IIL Tout le monde counait la cruelle
(1) TmUit 4ê 1768.
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persécution que ce dernier et son successeur exercèrent ^
an doaâèoie siècle, coaure les bons moines ûe Véielay
et kvr tupétima^ pour les ioreer à recmttattra leur sue-
raioeté.
L'abbé de Cluny, désireux de faire cesser une contesta-
tion qui tournait au mal de ia religion et troublait le repos
4e ses fràres, convoqua à Luiy les deux eonteMlaiits, qui
s'y readicenl accompagnés , Vm de ses aoiues i et Tautre
des Jurons de la province. Là, on examlua les tHres
produits par les deux partis; puis l'assemblée, après en
avoir mûrement délibéré, se prononça contre Guillaume,
qui confessa ses torts» pronii de ne plus inquiéter à i'aveair
Fabbé de Yézelay et ses moines, et de vim eft meilleur
voisinage avec eux.
L'beureuse conclusion d'une s! grave et si importante
afiàire , remplit de joie tous les assistants. On s'embrassa
rasage, et on résolut de se rendre à Quay pour
célébrer et cimenter une réconolllatkNi à laquelle chacuu
s'estimait heureux d'avoir travaillé. iMais cette paix jurée,
cette bonne harmonie solennclleiueot rétablie, ne devait
durer qiie jusqu'au retour du comte (1).
fieuf ans après» on vit encore accourir vers ce piienré,
des diverses partie» du royaume, des évéques «s grand
nombre qui s'y étaient donné rendez -vous pour aller
ensuite à i\ome, afm de déposer aux pieds d'Alexandre lil,
qui venait de ceindre la tiare pomificale» le timoigviaga
de leur souerission et de leurs respecta Comme FaMé de
Gluuy s'était déclaré pour l'antipape Victor, ils voutarat
le déposer, et offrirent, en conséquence, sa charge à
Ponce de Vézelay. Mais celui-ci , qui n'avait pas oublié les
bons procédés die son confrère ^ refun cette d&ie^ et tout
en resta là (3)«
(1) Chron'que de Véselay, p. 76.
(S) iMi Fièu» inédikê.
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lA jwrttor te ftwiait à JUuf anMM dw te» d« U pi^
vÉioe^dMMiiftMlliast dont les apy^totepertaieiit àla
pMe de Nevers , et de là au parlemenl de Paris et les ca»
royaux au bailliage et siège piésidial de Saint-Pierre -le-
Moûtier. Le personnel se composait d'un baUU, d'ua
Iteuteiftiit-géAéral, d'm pr«ciire«f dolisc, d*uii grdBerf
de plusieurs sergents..... Le ressort de cette Jortice était
le même que celui de la châtellonie.
Le grenier à sel était régi par un président, ungrene-
tier, an contrûteur, un procureur et un receveur.
iaiy était aiitf«foift le siège d.*uiie «Miqiie baronDie,de
laquelle miNvraittBt ub grand nombre de fie&y la plupart
très-importauls (1) , et qui remontait aux premiers temps
de la féodalité. D'abord propriété de l'église d'Autun, qui
ravaii reçue de U munificence des roi» de fiance ^ elle
passa dans la suite aux c(»ntes de Neyers^ qui latitirent
en fief des évéques de ce diocèse , ainri que le constate
racle de foi et hommage fait par Hervé de Donzy, en 1209,
ckGautliier, cinquante-septième évéque d'Aulun, et rap-
porté par Saulnier dans soa Âutun-CkréUetL Ces seigneurs
runifeni ensuite ii leur cbâtellenie de Savigny-Poil-Fol, à
titre ^arrlère-fieC; mais tile resta toujours Tune des qua-
tre baronnies de l'évêché d* Aulun (2), et le possesseur était
tenu de porter le prélat lois de son entrée solennelle dans
sa ville épiseopale.
Possédée à ce titre, an onzième siècle par une noUa
tollle qui en prenait le nom, cette baronnie passsdt
dès-lors pour un des plus puissants fiefs de la pro-
vince de fiUvernais. Pierre, sire de Luzy» jouissait^ au
(1) C'étaient, entre autres, Crona, Cu^y, Écrots, Étang , La Perrière ,
Ilazilles, Montarmin, Honteuillon, le Grand et le Petit-Marié» Monceaa-les-
Loups, Saint-Didier-suF-Arroux, S«Tigny4*Étang,Tourny, Udion
(S) Les trois autres étaient celles de Couches* de. La Motte-Sain t^ean
et ^e Hontperroux. ( CouatifHs , tome m , ]i. 41tf.)
32S LE MOaVAJND.
commenoemeiit du siècle suivant , d'une considération
assez grande pour que les papes ne dédaignassent pas de
s'adresser à lui dans les circonstances graves ; c'est ainsi
que £ugène III > en recommandant au duc de Bourgogne
et aux autres principaux seigneurs de châtier les balntants
de iTézélay^ révoltés contre leur sdgneur-aM)é^ écrivit au
baron de Luzy :
« Nous ne croyons pas devoir vous laisser ignorer que
» les perfides habitants de Yézelay ont chassé leur abbé de
» son monastère et veulent enlever ce patrimoine à Sahit-
» Pierre.... Vous connaissant pour homme noble, puissant
» et soumis au prince des apôtres , nous espérons que vous
» ne laisserez pas une telle audace impunie. Nous vous
» mandons de chasser de vos terres les gens de Yézelay
» qui pourraient s'y trouver^ jusqu'à ce qu'ils aient réparé
» leur faute. Nous voulons que vous ordonniez à vos sujets
» de les arrêter comme parjures, traîtres et excommuniés^
f et de s'emparer de leurs biens (1). »
Pierre assista, en 1146, à l'assemblée dé Yézelay, et
partit. Tannée suivante, avec Luce, sa noble épouse, et
ses frères, pour la Palestine. Ceux-ci ont formé diverses
Lranclies, dont l'une a subsisté jusqu'à nos jours. Le baron
laissa en mourant une fille unique, qui porta la terre de
Luzy à Shnon de Semur, et mourut jeune. Gelui-d serait,
en secondes noces, à Marie de Bourgogne, fille du duc
Eudes II (2). Jeanne, sa fille, issue de son premier ma-
riage , épousa Jean 1" de Château- Villain, noble et preux
chevalier, digne de cette brillante union ^ et lui porta en
dot les baronnies de Inzy et de Semur, et tous les autres
biens de sa maison. Jean II , leur fils , fut un seigneur de
haute vertu. A sou retour de la Terre -Sainte, ei)
(1) Chronique de Yéselay, p. 8].
(S) Gonoirii, tome vi, p. Itil.
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LE MOKVAKD. 329
i21k. Il fonda^ de concert avec Girard de Beauvoir»
évèqae û^kvUbaù, à Semnr-eD-Moimais» une collégiale
pour doiue chanoines, auxquels il accorda le droit de
pêche dans ses eaux de Loire, à la réserve du saumon (1),
Jean III de Qiâteau-Villain» ayant contracté des dettes
dans ses voyages d'oatrenner, se vit contraint^ en 1302 »
d'engager ses châteani de Bourbon-Lancy et de Sennir ii
Robert II , duc de Bourgogne , pour six mille livres , avec
faculté de rachat. Il fit foi et hommage de ses terres au
comte de Neveis , en 1327» et donna» deux ans plus tard »
à Marie» sa scEur» dame d'Epoisses» la terre de Dami^erre
pour sa légitime , et mourut peu de temps après* Guy, son
fils, lui succéda. Ce dernier, qui avait épousé en 1311
Isabeau de Châtillon-en-Bazois, ne laissa que des filles»
dont Tune fut mariée à Louis n de Ghanq^agne » comte de
Sancerre.
Louis m, fils puîné du précédent, seigneur de Oharenton,
de Condé , baron de Luzy... maréchal de France en 1369,
puis connétable» mourut en \tx(S2, n'étant âgé que de
soixante an& Ce seigneur ne fût jamais marié; mais 11
laissa deux enfants naturels: Louis et Jeanne de Sancerre.
Celle-ci épousa Guichard Daulphin, seigneur de Jalligny
et de la Ferté-Chaudron , conseiller et chambellan du roi ,
qui fit dénombrement de la terre de Luzy au comte de
IfarerSi €e seigneur portait : c ÉearteU de Dmdphin et de
Ckmnpagne, •
A la mort du bâtard de Sancerre, en 1418, ses créanciers
firent vendre la baronnie, qui fut adjugée par décret
à Bonne d'Artois» comtesse de Ne vers» pour une somme
de dnq mille francs d'or (2), Gliarles de BouifOgne» fils
de cette princesse» Périgea en ditt^Oenie en ilM, et
l'incorpora au comté » dont elle ne fut plus séparée.
*
(1) CouiiiériSf » tomeTt, p. 186.
[û] GOT CoQUiLiB , Irif f . du HiMm^ p. 410 ; Nil m U Rocbelu » p. 5S.
n
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iMHff8-ld»-£t»y5 idans la iMm^ i TM, chMdatt mxn»-
tmit an dix-huitième siède , sur remplacement ^'«lie ««tf*
que ttaisoD-forte, dont il ne reste plus qu'une tour, formait
a?6e m dépeBtoeea «ne terre avec justice et seigneurie ,
qui iaoBi«it du dmtfon de Luir* Elle lui déeûr^ da titre
de comté Yen la fin du dli-se^iiôM alèctoiHtr tonto^XIV,
en faveur de Jean-Gaspard des Jours.
Qette terre appartenait;, eu 496, à un citoyen romain
du 9&m d'ileutbère > et à £u»ébie , sa digue éppufle» qiii>
cette année^ f mit au monde nn fils» qui reçut «a
baptême le nom de Germain. • Près du bourg de Imf^
» dit Hugues, abbé de Flavigny, dans le manoir de la
« naissance 4e saint Germain, ni chiens^ ni oiseaux ne
» pewQit enlever de proie qu'amitût Ua ne meorent» ce
» qui est.proBvé par l*expérienee. »
Ces deux ^onx chrétiens, plus jaloux de transmettre à
leur fils l'héritage de leurs vertus que celui de leurs biens ,
confièrent bientôt cet enfant de bâsédiction à un digne
prêtre de leur iap^e, nommé SciqpahMib Gelni-ci fit passer
dans le ccenr de son élève des sentiments piei» dont Une
se départit plus dans la suite , et qui lui méritèrent d'être
élevé sur le siège épiscopal de Paris, devenu vacant par
la mort d'Ëusèbe, prélat qui semble, avoir apparUmn anssi
àia lam^e.de sa mère.
Les nnteurs de la vie dii saint évêque nons font reiNro
quer qu'il ne laissait passer aucun jour sans se rraidre»
même pour 1 office de la nuit , à l'église de Lnzy , distante
dç dovx lôlomètres dn château de son père. La tradition
locale porto qiie cette ésibe éUit «elle de fi^-Andfé»
dont nous avons parlé , et Indique ^encore le lieu o% Il
passait TU alêne , au sud de la ville.
Ce grand prélat, l'honneur et la gloire des Gaules>
aimait singulièrement les montagnes qui l'avaient vu naître;
aussi venait-il 9 de temps en temps ^ visiter le château de
sa i)unille> oh 11 était heureux de ^ délaS^ir ttés MtpÉti
Oigjtized by
de son saint ministère. Il mourut à Paris le 28 mai 676 ^ à
l'âge de quatre-vingts ans (1).
La tene de Mazilles» après avoir passé en beaacotip de
mtSias, aniTa enfin à la maison des Jonrs> ^ en prit le
nom. Cette ancfénne ikmtlle, ainsi nommée d'an fief situé
à l'est du Beuvray , portait : « D'or au lion d'azur, au clief
échiqucté d'azur et d'or de trois lires. » Jean-Gaspard des
Jours, ehevaller, sëignenr du Monceau, de Viliette, de
Motttannln, de La Goutte.;, marécbal-de'^anip des armées
du roi, obtint, ainsi qu'il a été dit plus haut, que ses set^
gncuries fussent érigées eu comlé, sous le nom de Mazillcs.
Pierre*Uaude, chevalier de Saint-Louis, comte de Mazilies,
ancien capitaine au régiment Rayal'drûgantf éû Jouissait
én 1760. Etienne, son Mtt, aussi chevalier de Saint-Louis,
ét capitaine de vaisseau , était alors seigneur de La h)fflme«
ra^'e et de plusieurs autres lieux (2).
Montarmin, au sud de la ville, de l'autre côté des prai*
ries 9 vieui eastel du quatonième siècle, était le siège
d^une seconde seIgneuHe en toute Justice qui monvatt de
la châtellcnie de Luzy. Il appartenait, à cette époque, ft
une nol)le famille qui en portait le nom. Henri de Mon-
tarmin, écuyer, et Jean de La Giapelle, son i)eau-frère,
en firent dénombrement au comte dé Me^n en 1166.
Léonard, ils du prendef, décédé vers 1560, 40ana eetef
par testament à Catherine de Bongars , son épouse. Geile-d
étant morte peu de temps après^ sans postérité, Guillaume,
sou père , qui en avait iiéritè > le vit vendre par décret et
adjuger à Gaspard des Jours, écuyer, seigneur du Monceau
et de La Montagne en partie. Françtds Yaget, Juge des cbA-
tellenies de Luzy et de Savigny, en prenait le titre en 1573.
Cette terre passa ensuite à Charles du Crest, cbevalier,
(1) FoaTUSA.T, Vie dt saint Germaini Gisnard, BUL de l'église d'Âutunf
dom trtKk , ïïisi. de saint téget.
(8) AifiMv. de k If i#vre.
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332 IB HOaVAMD.
seigMir de Ponay^ dont la fllle^ Stinçoifle ila Grat,
épousa Pierre Le Prestre, écuyer^ sieur de Yauban.
Leur fils^ Réné^ capitaine au régiment de Beaujolais, la
donna en mariage à Françoise Le Prestre, sa fille ^ mariée
à.Jacqoes des Jours de Maolles^ dont les desoeiidaDts la
ponédèrent Jusqu'à la fin du dernier slède. C'est aijour-
d'iiui la propriété de M. Jadioux , médecin à Paris.
Monteuillon, au sud-est, était tenu en fief, en 1570,
par noble PMibertdu Grest> écuyer» seigneur de Ponaj^
Jacques, né de son mariage avec Anne le Bouigec^»
fit foi et hommage au duc de Nevers en 1582. n appar-
tenait, au siècle dernier, à la famille GâiUery, d'Àutuu,
qui en jouit encore.
Le fief de fierthelon, à Luiy» ™o chapelle en Péglise
de Sabit-Pierre, étÉlt possédé, en 1695, par Jean de
Jacquinet, écuyer, sieur de FauUn. Charlotte Yaget , sa
veuve , le vendit , du consentement de François de Faulin
et d'£Usabetli de Jacquinet, ses enfants, à François
Gortet, notaire royal, et à Pierrette de Cha^gère, son
épouse. L'andenne maison seigneuriale, armée de deux
tom, est aujourd'hui habitée par M. Guyot-d'AmfreviUe,
issu d'une famille originaire de Normandie.
Le fief de La Chaise, au pied des Dônes, à Test, a
donné son npm à une branche de la CunUle Couard. Celai
de XrésilloB, au noid-est, était possédé, h la fin du
dernier siècle, par Claude Nault de Champagny, chevalier
de Saint-Louis et maréchal des armées du roL
«
H.
AYBÉË, Avreium,
Au nord-ouest deLuzy, dans la^éè dePHalène, près
de la rive gauche de cette rivière , on remarque un petit
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LE MORYAND. S3S
village de îdiéti?e iqpparence : c'est Avrée. L'éfl^ parols-
fllale^ dédiée à sainte Magdeleine, en occnpe le centre.
Cet édifice, de style roman, remonte au moins au commen-
cement du douzième siècle. Au-dessus de l'abside s'élève
la tour on docher^ dont la haute flèehe a disparu depuis
long-temps.
La commune d'Avrée est sitnée à environ sept Idlomètres
de Luzy, Elle occupe un sol argilo-siliceux, et une super-
ficie de douze cent soixante-cinq hectares, en y compre-
nant les deux cents que couvrent les forêts. La paroisse «
peuplée de trois cent trente -un habitants « est très-
ancienne. Guy Coquine 9 dans son Histoire du Nivernais,
rapporte que l'évêque Fromond la donna, en 1121, aux cha-
noines de l'église de Saint-Cyr, qui conservèrent le patro-
nage de la cure jusqu'en 17S9. Honoré de Virgile^ écayer^
Issu d'une famille noble du Nivernais^ qui portait : t IVasur
à la bande d'argent, surmontée de trois fleurs de lis
d'or (1) , » la gouvernait en 1699. Les dîmes se parta-
geaient alors entre le curé et Vabhé de Cluny qui était
seigneur du clocher^ à cause de son prieuré d'Avrée^
dont II réunit la haute justice à celle de Saint-André-les-
Luzy au seizième siècle (2).
Supprimée en 1801 , cette paroisse a été réunie
successivement à Fléty et à Lanty. Les seigneurs de La
Montagne y possédaient aussi un fief en toute justice,
qui mouvait de la châteUenie de Saiigny-Poil-FoL
Une antique voie romaine, qui descendait du Beuvray,
passait THalène à peu de distance du cfae^lieu de cette
commune, et se dirigeait ensuite sur Dedxe.
(1) meHtnm* de ùmnOltt,
(9) TtnitrdêVm.
m.
GHIDDBS.
»
lâ commtine de Chîddes, la septième du canton, est
située k neuf kilomètres au nord de Luzy. TIlc renferme
anfi population de onze cent quarante-quatre habitants et
une snperiicie de deux mille sti cent quatre hectares (1), I4
voie romaine, dont nous avons parléàTarticIe précédent,
traversait son territoire au sud ; la route de Luzy à Moulins-
Engilbert le parcourt à l'ouest Les vainqueurs des Gaules
y ont laissé d'autres monuments de leur piOssage. Près de
BlontcliarloQ , dans un champ encore connu sons le nom
de Ville-Rammne, existait autrefois une antique villa. Des
fragments de marbre, de tuiles à rebords, de poterie,
des médailles des empereurs Probus, Alexandre-Sévère,
Adrien, Dioclétien, Constance -(iblore et Constant I*', y
ont été découverts en diverses circonstances, La carrière
de Champrobert et la mine de fer bydraté-pyriteux , dont
les produits servent aujourd'bui à alimenter les forges du
Creuzot, furent , selon M. Gillot (2) , connues et exploitées
par les Romains. An inoulin de Mont-Jonan (3) , on ja
observé une masse considérable de kaoUn parfaitement
bhmc.
Chiddes, Tune des sept paroisses qui formaient les
dépendances de l'ancien comté de La Roche -iMilay, fit
partie, pendant dix ans, du canton qui avait été créé
(1) QoBtre cent soixante-dix sont en bois.
0») Jmmair§i§laNihr$i le JVikm., p. 185.
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m
im têtu dmièM. £Ue 4 taH «lar« dii dfi^^
é% l*aiicWpiétr6 ie haij. Is patiipIMCO àêM am 999/0^
tenait anciennement à Pabfaé dt GxLUf^ dMKfimateisv
avec le curé, les seigneurs de La Roche, de Clianlevrier
«Ifte La Vallée, et, en dernier lieu, h l'évêque cUacâsoin.
h Viwà, €wré en iàtd, liiliHi de» iiienftattm d» U
flhartvtuw d^Appotttr.
Le village de Chiddes tire son nom d'an mot celtique qni
signifie, dit-on . gite de la bêle fauve (1). Il est agréablement
flUué rar le pendumi d'une colline, qui produit un peu de
fin, etpièBtfoBndHees aAiem ùê «rtpidei'IWIfi^ U aM»
pas oonilddraiile, niilf asici Um kâti. Un teiiflMd lAcefidif
le consuma presque tout entier en I8O/1. Il s'y tient, cha-
que anjdée , le jour de Saint-Jean-Baptiste , un apport où
OB loue dti domiftifpies, tl qui y a été irmi^ d'uvt
le nom de SamtrJMtMlei-^Quriik*
Cettp chapelle avec ses dépendances formait un fief ayant
drait de justice liaute, moyenne et basse, qui mouvait de
U Roaii^llUar, Bi appiurtoiiait aut ancleM mlgmm da
GlM^lavfier. Antmir da ViMu régnait tm plaai où n
rangeaient les marchands et les Hdmmien amêmlmti, qui
y accouraient de tous les environs au jour de la fête patro-
nale. Les ^emiers devaient aux seigneurs le iaài § étalage ^
mtnojfe at taMarof»/ ias seconds dtaiaitf taons anfars aax
choean tm§ pintêde pmet un ^^iMti. £e eoré da CUddea
y célébrait, ce jour -là, l'office ptroisdâl; aux aolm
fêtes du ^aint Fj-écui:seur, il y disait une rnss^e q iévor
tUm (2).
t/dgliae|»axoMaia, dédida, coiçina od^e 4a Milay, ^
aaiol Maaite, dMâê laidgkm JlfaâiéeoBa, poii^toocom
(1) BegMrepofoiitlal.
(S) AHJhiv.deUBoçlie/
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336 LE MORTANIK'
tu I7M te marques de son antique eonaécratian. Cest m
édillee ranan dn doudème dède, dont raMde aeale eat
voMée. le docker, qui sfélère au-deflBiis ds dwar^ eitde
même style et de même date.
Les habitants de Chiddes étaient jaiMs» comme re trayants
dn diàteaa de La RocbeoMilay^ tenus au 8iiet--et-garde
atttomr de cette forteresse, aux réparalionB de ses fiortii-
catlons, et détalent contribuer^ pour leur i»art, àia solde
des soldats du roi lorsqu'il y en avait (1).
territoire de la commune se partageait ci-devant en
pMeurs fiefii et seigneuries^ tous mouvante de ce eomtd.
les principaux étaient Clnnlevrter, Gharaprobert/Gon--
loise, Montcharlon, La Verchère et Villette-les-Forges.
Glianlevrier , vieux castel féodal , bâti dans une gorge,
an nord, sur les ruines d'une antique maismi-forte,
était antrefbls le siège d'une seigneurie en toute Justice,
avec fief et arrière-fief^ qui fat démefldl)réede la barminie
de La Roche. Les titres concernant cette terre rappellent
que les manants de sa dépendance étaient tenus au guet-
et-garde autour de ce chAtean en temps de guerre et
d'imminent péril; mais non à battre l'eau des fossés pour
empêcher le coassement des greneuUies, ainsi que le raconte
Y Album du Nivernais, d'après un opuscule plutôt plaisant
qu'historique (2). Le seigneur de Chanlevrier devait , pour
fidre foi et hommage de son fief, se présenta devant la
porte du château de La Roche, avec ses titres en main ,
mettre un genou en terre ^ et faire serment au suzerain ,
après quoi il était admis au baiser sur la bouche (3).
Charles le Bourgeois s'acquitta de ce devoir en 1516.
Gabriel, son petit-fils, te renouvela en 1575, et en 1596,
sur une sommatimi du bailli de La Rodie; il éteit ators
(1} Archhr. de La Roche.
(9) Tï»men,p. 191.
(3) ArehiT. deURodie. *
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l£ MORVAND. W
nrigynr de GhaalsYiiet, de Ghan^obert» 4e Ifirloiip» de
Moaldiaikm et de Siial-Jeaii-de»^iirti]fti
En 167/», la comtesse domdrière de La Roche > Marie-
Elisabeth Morin , saisit féodalement les revenus de Ghan-
lévrier^ pour devc^ non fait. Trois ans apcès^ elle fit
nmàâe, noyeuant diusp miUe livres, de soo. ^oll de
rtÊnme et de quint à Pfenre Bmaemi de Vitry» chevidier
d'honneur au Châteletde Paris, qui venait d'acheter cette
terre et les autres selgoeuries nommées plus haut (1). Noble
Piene -Etienne de Vitry, petit- iils de ce dernier, ayant
éponsé GabrieUe de Reugny du TreaUay^ dame de Pimb-
eery» fit hommage de ce dernier fief à GbâteaiM3diioo
en 1773, et le laissa ensirite à ses cinq cnfimts. Marie-
Plulippine, l'aînée de ses deux filles, porta Chanlevrier et
ses d^^dances à Ânnibal-]>ei|is-Philijbert Xhiroux de
Saint-Félix, dont le» descendants en sont encm posses-
seurs.
La famille Thiroux, originaire d'Antnn, a donné plusieurs
vieigs à cette ville, entre autres Claude 5 élu aux états de
Bourgogne en 1653 et qui fut anoUi rannée.mivante (2).
Jean , pieux et savant hénédidln , a beancoop tnmdUfé anx
qnatre premiers vidumes du Gallia Ckristiaiuu TUnwx
de Crosne fut^ sous Louis XYI^ intendant de la police à
Paris.
Champrobert (â) , dans les montagnes , an nord, est
connu par sa carrière de marbre blanc à larges facettes,
et par sa mine de fer, aujourdliui en exploitation. Ce
hameau possédait autrefois une maison-forte ou château ,
dont on remarque encore quelques vestiges à l'entrée
d'un bois voisin. U était alors le dief-lieu d'une antique
il) Terrier de 170G. La famille de Vitry tire sounom de Vitrj-sur-Loire,
village peu éloign»' de Bourbon-Lnncy.
(2) Mémoires de la société édtienne, p. 121 ; CotaTép^E , tome vi.
(3) CampmMtrti,
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3SS U liOJi¥i^&
d*biii étefote. Celle lerre M pêHa^ dMiai tulle el tomt
deux fiefs en toute justice. Pierre Berthler , qui en était
possesseur en 1399, en (ionaa^ la in^iDe année, déRom**
ftreamt à Lt Rocèa de Meiegocs eD Hi ntaM
ett iftl& Oe aoMe cfetfeUer pertril 1 • lyant M dMim
i me éleile d'argent en pointe, a« dief eeie e d»
gueules chargé de trois étoiles d*or. » Charles le Bourgeois
la vendit, en 1677, à Pierre Bruneau de Vitry. Gabriel
Yesia» préaMeol as aiége pidiidial d'AM», élatt alofs
aeigveiir de r avire parUeii
A Coulotse, an sud-ouest, sur la voie romaine, il exMdl
également un antique manoir détruit depuis long-temps.
La seigneurie de ce haoïeau appartenait» au qiatonltae
siècle 9 à r alM de Qmaïf, qvà la eéda peur «m nM peiw
pétnelie de cpntre-ffogt-ciiiq Hfresdouie eoiis. Piem de
La Bussière, seigneur du lieu, de Chiddes..., en donna
dénombrement h La Roche eu 14^5. Guillaume de Paris
en m autanl en 1615, et Gabriel» son fils, en 1660. Cette
lem IM teedee par décret» done ans fte laid» eer
MavgaefNe de La leoe, veore de ee dereier» el adjugée
à François de Rolland , seigneur de Coyron , duquel elle
passa, par alliance» à Antoine Saladin, comte de Mont-
morilloiL Celui-ci la revendit, en 1724, à Glaude-Fraafols
Stitomvyer de Menlkaron» sef^nev de ta Mootasie» poor
ttMAe^BB fl^HIe Hvres*
Tous les habitants étaient tenus de conduire leurs four-
nées au monlin banal de la seigneurie» sous peine d^amende
el de la cenUseatlon de leur farine.
La ▼erdière et le tHlage dv Glim, ao nerd, ief afee
hante et basse justice, et Monlcharlon , autre fief, avec la
moyenne et la basse seulement, appartenaient en 1570 à
Jean de Morogoes» éeeyer» stignev du Plesris»<|alen
donna dénombrement lt La Rodie-Blilay. JaoQoes de Paifi»
seigneur fie La Bnssière» étant mort fers iMi»
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son Mre» tateor de ses eafiuits^ les fendit, Taimée sal-
vante^ à Pierre Bnineaa de Vttry. Le fief de La Yercbère
passa dans la suite à la famille Goujard , dont une branche
porte aujourd'hui le nom.
l^tte-les-Foiges (1), hameau bâti sur une liaateor,
an nord-onest» était nn lief double afec moyenne et basse
Justice seulement. Son nom vient d'une antique villa de
peu d'importance qu'on y remarquait autrefois, et son
surnom d'anciens établissements méiallurgiqiues situés dans
le ttrtsinage. L'un de ces Uelii appartenali à la maison de
Gbaolevrler, et rtratre h celle de La Bnmière , sur laquêilo
il fut vendu par décret, et adjugé, en 1672, à lYançois
de Rolland en môme temps que Couloise. Hector-Antoine
Saladin de HontmortUon ie revendit» en X72k,k Claude*
irantoisMiénnyerdeMontbaron^seliwnir du lu Mou^
fefne.
Le moulin banal des Forges , auquel tous les habitants
étaient tenus de conduire leurs fournées , rapportait aux
seigneurs» en 4711 « une rente de cent f}itkgt bûisseauss de
seigle, mesure de Lutf » dem^ ehapemà et deuss gèteam if «u
denM>&imaH de fletit de fkrin&tkaenn {Tj,
Asslard, Champcery, Champ - Reornault , Fourchure,
LaGoutte^Tillct, Rlirloup. autres flefs n'ayant que la
moyenne et basse Justice» mouvaient aussi de La fioche»
Blilay. Celui de La Giu^e» ob Ton dit qum existait autreftils
un couvent, était dans la dépendance des ducs de îfevers.
Il a donné son nom îi une ancienne famille. Renaud de
La Garde, écuyer« dont la sœur, nommée Jeannc> avait
épousé Guyot de Torey» vivait en lAOO. Jean» l'un de
susdencefidants^ eu étidt seigneur en 1§60» époiine où fi
fit une liquidation avec Pldlibert de Houppes, son beau**
frère,
(1) rWutmaFabricU.
(9) Arebiv. de U Boeht ,
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LE MORTAND.
IV.
t
I
FLÉTY, flactiamm
Jadis Mctton de tocona^HM 4e TaÉUy^ee Village etMs
dépendances forment me très-ancienne paroisse, qui fEdsait
autrefois partie du diocèse d'Autun et de l'arciiiprôtré de
Bourbon-Lancy (1). Le patronage de la cure appartenait
alors à révéque diocésain et la seigneurie du clocher au
BMrqnls de La Moele^ qui la céda» an dix-septiène
siècle^ à la maison Des Jours de Ma^es. Les dîmes se
partageaient entre le curé du lieu , celui de Savigny, les
religieux d'Âpponay^ le commandeur de Xoumy et le
seigneur de Ponay. Cette paroisse» située sur un sol boisé»
ne compte que dnq cent ?ingt-iiuilfidftleSk Avrée lui a été
réuni depuis sa suppression jusqu'en 1846.
Fléty est bâti en tête d'une vallée qui descend sur
l'Halène. H ne se compose que de quelques édifices au
milieu desquels on remarque un vieux manoir seigneariai
La Goutte, eœote armé d'une lumte tour avec mâdii-
coulis. Le presbytère appartient à l'abbé Deajours, curé
de la paroisse depuis plus de trente-cinq ans. L'église,
dédiée à Saint-Léger» datait du onzième siècle , mais elle
a été réédifiée an seizième» II. ne reste de la prindtive
construction» que la base du clocher qui s'élève sur le
côté du nord. Âu sud , il existe une grande chapelle , sans
style, bâtie récemment. Sous le chœur se trouvait autrefois
un vaste caveau» aujourd'hui comblé. Cette église ^ qu'en-
toure le cimetière de la paroisse^ est» dans son ensemble»
un édifice pauvre et misérable. Elle fiit aliénée en i79S
avec tous les biens de la cure et profanée. Rendue au
(1) BUe a été érigée en ^mmonc en 1S53.
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culte > elle resta néaumoins propriété particulière jusqu'au
5 octobre 1825^ que la maison de MaziUes la donna à la
paroiflse. Sur un monticnle qui avoisine le village ^ an nord,
sont les ruines d'un vieux château. Ce n'est plus qu'une
motte.
A Toumy, près de la rive gauche de THalène, il existait •
jadis une ancienne comnandeiie de MaUe» fondée^ à ce
fne l'on ixolt» par les sires de tus7« dont elle relevait 0»
y remarquait, au siècle dernier» une antique chapelle isk
le curé de Fléty allait célébrer tous les quinze jours.
L'ancien fief de La Goutte ou de Fléty, avec justice ,
moyenne et basse^ était mouvant de La KoGhe-Milay« U a
lOBg'temps appartenu à la maison de Ghargère» et en
dernier Heu , à celle Des Jours de Maziiles. Ceux de Recou-
loii et de Roche reconnaissaieut la même mouvance et les
mêmes seigneurs.
Vaux (1)9 château nM>denie bâti dans le flanc d'une
montagne 9 an nordronest» a été kmg-tanps la propriété de
la maison du Crest, de Ponay. Celle de Ghargère, qui en
jouit actuellement , est ancienne dans le jNivernuis, où elle
a possédé 9 outre les terres de Vaux et de La Goutte »
les ûeb et seigneuries de Ghamoy> de Gbigy^ de La Gneul-
dre, du Grand-Marié 9 de Magny, de Montigny^ de Mo-
rillon , de La Pommeraye , du Plcssis , de Uailly , de
Toumy (2),.... Ses armes sont : « D'azur au lion léopardé
> d'or» lan^assé de gueules et surmonté de trois trèfles
» d'argent • Elle tire son nom d'une ancienne baronnie
qui fat érigée , en lôTO, en marquisat^ en même temps
que celle du Breuil 9 qu'elle comptait aussi parmi ses do-^
malnes (3).
(1) ftm
(3) Arebhr. de La ftoelie-llilarj
(3) Ykkiot, aut, dê MaUes V. George de Sovukar, Àt m ai r $ dê !• Hièvn,
p. 67 et 87.
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1
LÂNTY, Landaoïm,
G(e pem miage ^ qiii ti'ii ({M le titre ie paroisse >
dépend, au civile de Remilly, situé à un kilomètre au
Dord-ouest. li est agréablement bâti dans le flanc méri*
diooal «l'iHie bante noitagiie» d'où la vue se port* an
loHi eur le BaBol» et le Momad i ori f teitiait[ue ploiiears
éloê de vignes. AU pied circule la route de Luzy à Decize.
L'égîise paroissiale, dédiée à la sainte \ierge (1) , est un
édifice qui remonte au moins au commenceokettt du don*
Mèiae siMe. Son aMde i précédée d'arcades es f^laln oelii^
tre qui supportant une grosse tour percée dé foMetrci
géminées , Sa nef afec ses baies en meurtrières , le portail
de l'ouest, tout annonce une construction de cette époque.
La paroisse de Lanty faisait jadis partie du diocést
d'Antun et de Tarcbiprélié de IkNirten-Laneft Im intre^
nage de la cure appartenait alees à Pdf êqne , et les dîmes
an tmté, aul seigneurs du lieu et à la chartreuse d' Appo-
nay. Supprimée en 1801, elle resta réunie à celle de
Remilly jusqu'en 1847 , qu'un n^veaa tiOre lui fut cott*»
âM iin ttemler curé Ui Jnetw^Me Mtcbelli^ dépnM
à nevers pour to rédnctlMi da csMer dee «BléMieS paMi*
cplea
Au sud, près d'un grand étang, à l'abord d'une foréi^
sont des ruines au milieu desquelles ont cid deSkiiseoMi
C'est là que s'élevait autrefois le fart de Lanty, sl|osr dnt
anciens seigneurs du pays. La terre de ce nom était mou-
vante de la châtellenie de Savigny-Poil-Fol, et jouissait,
dans toutes ses dépendances^ du droit de baute, inoj^nne
vDU Nativité.
Oigjtized by
et basse Justice, et des élverst^HTlMies tfodai» d'mitrf^
fois. Tous les sujets de la seigneurie^ eoflrtiie i^trtyeiili
de la torleresse, étaient tenus au guet-et-garde en temps
de guerre et d'imminent péril, et mul Cra» des réparatiaos
de f es Myeiis de défensa.
lA fenre de Uatf a été iiMédé») pettAiMt pliisiem
siècles 9 par des seigneurs de ce nom qui portaient t
f D'argent à la fasce de gueules accompagnée de cinq
• nerieUet de Hdéme, trois eo cfaef, deux en pointe (1)» •
Ptesiem d'entre e«x prirent une glorieuse part à l'élan
général qui poussait la noMesse et le peuple ?era leè
plages lointaines de la Judée > et se signalèrent par leur
valeur guerrière ; nous citerons ^ en particulier ^ Hugues
et €iuUiame de Lanty qnl vivaleat au douriène sièele^
Miette de La Chappette » dmalrièreda Usty , lit M et
iMMmage de cette terre en 1361. Henri et laan$ ses pelils^
fils, en donnèrent dénombrement en 1467. Léonard du
Pontot, chevalier, seigneur du lieu et de Boueix, écuyer
d'ttiHriê éa comte de Nevers^ l'ayant acquise en iô09, la
Mna à GhaHea 4e Salat-Êlol, «en ils» gentUtemme de la
chanArodn roi et MUi de Nivernais, auquel le dne Wruk-
çois I" de Clôves vendit la justice de Remilly.
Réûé de Lanty 9 possesseur de ce ûef en 1640, est
connu par son caractère violent et provocateur. Il eut
plnslears albires avec de redoutables champions» aux-
quels il . fit néanmoins sentir la pesanteur de son bras
et la trempe de son épée. Mais le bonheur a son terme
aussi bien que le malheur; celui qui aimait tant k se servir
désarmes) devait périr par ta armes jJBténé lut M dans
w dnel en 466(k
Le roi , pour punir une action si contraire ana lois, et
pour donner aux seigneurs de ce caractère un exemple salu-
taire» confisqua les biens des deux brétailleurs» et donna le
(1; Maaoilm.
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Zkil i£ MORVANDt.
fort de Lanty à Gas|Nffd Le loDg, éeayer, selgiieiic de
Fbngis^ dont les armes étaleot : « lyargent aa chevron de
» sable, accompagiKî d'une étoile de gueule de cinq raies
M en pointe , au chef cousu d'or. » Pierre Du Four, cheva-
lier, qui lui-même portait : c D'aiiir an dieTron d'or,
1 accompagné en tbef de deux tours d'arfent, et en pointe
» d'un oiseau de même (1), » le vendit en 1680 à Fran-
çoise-Louise de Rabutin , veuve de (iilbert de Langeac ,
marquis de GoligoL L'année suivante^ cette dame épousa ,
en secondes noces et 9i l*faisu de son père» Henri-François
de La Rivière, gentilhomme connu par son esprit, mais
dont elle se sépara bientôt (2). Le maréchal de Villars
était seigneur de Lanty en 1729.
Le possesseiar de Montenteaume» petit manc^r au toit
pyramidal» situé au bas du vOlage, Jouissait d*ane rente
de huit sous, d'une poule et de deux boisseaux d'avelne
sur la cliarlreuse d'Apponay. Le curé de la paroisse avait
droit lui-même à une autre rentre d'une livre sept sous
nir ce mmiastère» à cause du fief de La Chamaye» dont
Pierre CMgnon » connu par un poème de plus de dnq mflk
vers sur la vie de Jésus-Glirist, était seigneur en 1638. •
VI.
lOLAT, Jfflffiii»:twtt^, MUa^.
La commune de MQay^ la cinquième do canton» est
située à six Idlomètres au nord-est de Lnzy. SI elle n'est
pas une des plus considérables du Morvand, puisqu'elle
ne renferme que onze cent soixante-quinze liabitants et
(1) Àrmor. deChaludet.
(S) L'abbé Millet , Eêscù hittor. cur Champlmy.
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' UB MORVAMI. 9&5
une superficie de trois mille sept cent cinquante -sept
hectares (i) , du moins elle est une des plus importantes
sous le rapport historique. Sa proximité du Beamy, an
sommet duquel étaient cantonnées les cohortes romaines
chargées de la surveillance de la contrée, lui valut d'être
visitée souvent par ces troupes^ d'où vint à l'endroit le
nom de Védlée-des-Soldau, et par aiiréviaUon celui de
HUay.
Pendant la saison rigoureuse et lors que les frimats
rendaient le sommet de la moutague inhabitable, les chefs
et les soldats descendaient dans les vallées et s'y fixaient
jusqu'au printemps. Le premier mercredi de mai était
Tépoque du rendez-vous général au camp de la montagne.
Les habitations, que les oflicicrs des légions s'étaient créées
aux environs , devinrent plus tard autant de fiefs seigneu-
riaux; aussi nulle part^ dana le Blorvand» ne sont-ils pjiu^
nombreux. Celui de La Roche-Blilay, comme résidence du
principal lieutenant, devint, dans la suite, le ief domi-
nant, et eut tous les autres dans sa mouvance ou sous sa
dépendance.
On croit qu'il exista autrefois à Milay un temple de £Eua
dieux, et une ancienne viUa, demeure des ministres atta-
chés au service de ce temple. Des débris de marlnre, de
tuiles à rebords, de poterie, que l'on a découverts en
creusant la terre autour de l'église, nous en fournissent
une preuve. Les conduits souterrains ea briqnes^ solide»
ment constrdts, qu'on y a aussi remarqués, n'anraient-ils
pas été destinés à l'écoulement du sang des victimes?
L'histoire nous apprend que nos rois donnèrent aux
églises la plupart des biens qtti avaient apparteon an
temples dldeles. Or, Milay était, comme noua «Dois te
dire , une terre monastique qui ne passa en matos.ltlqpwi
qu'en 1619.
(!) Deux OMt tniale-kroU sont «n boi«.
23
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546 u MoavAmi.
ta t>arMm étati dmée Jadis paftl« eo Mvmaif ét
partie en Bourgogne , d'où naissaient dicrerentes Jnil-
dictions au civil ; elle de^pendail , au spiriloel , du dio-
cèse d'Àutao et de Tarchiprétré de Luzy. Le patronage
dë la cure et la seigneurie du clocher appartenafent aotr(^
fois à la prieure de Marcigny, qai vendit Ttin et Pantre
aux barons de La Roclic-Miiay. Ceux-ci perçurent h leur
tour les dîmes, à charge de continuer au curé de la pa-
roisse sa portion congrue de trois cents livres. Les Mens
dépendants du presbytère étalent chargés» envers ces sei-
gneurs, d'une rente de quatre livres et d*an tiolsseaif de
froment. Jean Alexandre, curé en 1789, assista à ras-
semblée préparatoire de Ncvcrs.
L'église paroissiale, bâtie sor Femphicement de l'ancien
temple dont nous Venons de parier, se eûtapote d*ttn
cTiœur en farme d'abside, d'une ttef et dfiff fmnssept
Elle est dédiée, comme celle de Chiddes, sa voisine, à
saint Maarlce, chef de la légion tbél>éenne. Ne dirait-on
pa$ qne nos pères, en plaçant ces deux églises sons l'invo-
caf ion d'un saint et Illustre militaire , auraient Vdtftf
consacrer le souvenir de la présence des légionS fématoes
en ces lieux? Son style est le roman du onzième siècle.
Dans tes bras du transsept, formant deux chapelles, il
èûMt deux autres absides légèrement développées
ipA ént été délnrftes , mais dodt 11 reste encore^ c|ttel<|tf6^
traces. Au-dessus du chœur, au point d'intersectief» ,
s'élève une grosse tour que supportent quatre arcades en
plein ccintre, et qui est percée» sur chaque face, de
Miéim géiiiaéesi La nef ^ lecMVetifa pir «n iMmaia
planéfter bofsy est iSciaIfée par pleslem baie» ttt
menrtrières^ qui montrent qu'elle date dtf fti mêM
époque.
La terre de Milay, seigneurie en toute justîce et dt
frano-allea» c'est-à-dfa« mouvant dhrectement du roi, ce
qui consacre rorighue que Mwbi avMaflBigaée/ appar*
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LE MORVAMD. 3^7
tëiki^ti iëiiipè ifnniémoriàî; au monHU^rii die fiffes iè
Marcighy. Elle était cliargéc , comme bien ecclésiastique,
de quarante-six livres de décimes. La prieure, du consen-
fenieut c(c ses relfgieusely ïat vendit avec toutes sésr dépen-
dances» lé d mai l'619y moyennant oàé réntc ânnvelîè èl
perpi^toclïe , franche de ioùiès charges, et payahte en fro^
ment jiLv.juà ce qu'il eût tonné, h Réné de Rousselé, clie-
valicr, Laron de La Roclie-Milay, et à Marguerite de
tiôàttnorency, son épouse. Le roi idûh Xlfl» à la prière
de ce seigneur, réunit cette terre à là L'afônniè, par
lettres patentes du mois d'août sûfvnnt, à'côndition qu'il
èn ferait fôî et liommage à la cliambre des Comptes dé
^aris(l).
La Vallée (2), à rouèst, autre térré ai^ecjùsirçié'frautéy
tiùi^ivie et baisàe; mouvait plétù' fief dtif dfobJoiV àé
isL Roéhé-nilay. L'anciénue maison -fo^è à' èt^ iferà-
placée par une grande habita; ion qui date du dix-
septième siècle. Ou doit que ce ftit autrefois une sei-
gneurie écciésiastique , et un' antique prieuré dont TégUsé
étaiï dédiée â saint Piérrél Èn ^2&Ô» fifugues'dé Ternan',
^r le point de mourir, légua à Vègïisé Saint-Pterrè-de-td'
Vaîù'e, une somme de douze deniers. Dans ce testament,
elle est mise au rang de ce.les de La Rocbé-Milay , de
Safnl-^éngoux > de Vanbise. » ce' qui prouve qu^alôrs
élle aV^t ùbé iiiâpôrrance qu'elle ù*â pas' ednsiirvéé:
Certaines circonstances portent à penser que ce monastère
avait été fondé par les anciens barons de La Rôche,
ét donné psir eux aux l'eligieiises de La Fermeté -sur-
Relire» desquellës il sèrait pas^ daiis la'siiite'S Tabl)^ d^
Ûuny.
Venue en mains laïques , la terre de La Vallée appât-
(1) Arehï9. de La Roche; T»ritr âê 1706*
(9) roUt».
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348 LE MORVAND.
tenait ^ an quinzième siècle > à la maison de Ganay^ dont
une brandie porta- le nom. Jacques de Ganay de La YaUée
en était seigneur en 1523. Jacques 11^ son petît-fils^ qui
avait épousé Jeanne Sallonnyer, en fit foi et hommage
^ La Roche-Miiay^ eu 1600. £lle passa ensuite dans la
maison d'Arlay, et enfin à Charles-Léopold, marqqis de
Janconrt^ chevalier des ordres du roi^ lientenant-général
de ses armées et de l'île de Corse, et gouverneur de
Valenciennes^ qui eu a été le dernier seigneur. Il est mort
sous la Restauration.
La Meulolse , au sud^ fief arec moyenne et basse Justice ,
appartenait aussi, au quinzième siècle, à une famille
de ce nom. L'un de ses membres, noble Jean de La
Meuloise^ écuyer, fut bienfaiteur de la commanderie de
Touruy, à laquelle il 1^^ une rente de trois livres quatre
deniers, Hugues de GhaseuU le vendit» dans la suite» aux
barons de La Rocbe-Hilay.
Celui de Chevrette, au sud-ouest, sur la route de Luzy
à Gliâteau-Chinon, avec moyenne et basse justice dans la
mouvance du château de La Roche» appartient actuellement
à la Camille d'And^eviUe. Ceux de La Creudlle» de Lavault»
de Montcoulon, des Bois -de -Telle» du Grand et Petit-
Montigny, jouissaient du même droit et reconnaissaient la
même mouvance. Ce dernier appartenait» en 1615» à
Glande du Grest» et» en 1699» à Simon de Ghargère. Un
membre de la famille d'AmfreviUe en porte aujourd'hui
le nom.
Aiagny était en 1585 à la trésorerie de Nevers. Le Grand
et le Petit-Marié» possédés en 1789 par Guillaume de
Ghargère» appartiennent maintenant an général Ghan-
gamier. La Planche, avec château» au pied des montagnes
de Dône» a donné son nom à une branche de la famille
Coujard. Ges fieis étaient jadis dépendants de la châtellenie
deLuiy*
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LE MORTANO.
349
vn.
POIL, Ptoik».
La paroisse de Poil> section de la commune de La Roche-
iMilay, occupe une partie du versant méridional de la
montagne de Beuvray. Elle forme ^ de ce cdté, la Umlte
du département de la Nièvre et du diocèse de Nerers,
et compte mille cinquante -neuf fidèles. Son territoire
était jadis partagé entre le Nivernais et la Bourgogne,
d'oii résultaient 9 au civile divers ressorts. Au spirituel «
elle dépendait du diocèse d'Autun et de rarcbiprêtré de
Luzy. Le patronage de la cure appartenait au diapitre
d*Àutun^ et la seigneurie du clocher aux comtes de La
Roche-Milay^ qui la baillèrent, vers la fin du dix-septième
siècle, en arrière-fief aux seigneurs du Monceau. Les dîmes
se partageaient alors entre ces derniers, ceux de Meum et
de Montenteaume , et les curés de Poil et de La Roche.
Au centre du village , qui ne se compose que d'un petit
nombre de chaumières, est bâtie l'église paroissiale^ gra-
cieux édifice de style roman. Saint Romain, martyr, dont
la féte est fixée au 17 novembre, en est le patron. An*
dessus de la voûte du chœur s'élève le clocher que surmonte
une belle flèche en bois. On remarque, sur le côté du
nord , une jolie chapelle gothique.
Le territoire de PoU, comme celui de Milay et des autres
paroisses voisfaies du Beuvray, fût très-fréquenté des
Romains, qui y ont laissé plusieurs vestiges de leur séjour.
De là ces nombreux fiefs que Ton y trouvait jadis. On en
comptait au moins quinze. Jouissant presque tous du droit
de haute, moyenne et liasse Justice, et mouvants noble-
ment du comté de La Roche-Milay.
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ïi9 ^
Le pins important était ceid do Monceau» qui compre-
nait la seigneurie du clief-llen de la paroisse et celle da
clocher. Le manoir, édifice du dix-septième siècle, avec
une ancienne cliapelle , était jadis entouré de fossés tou-
Jomv inondés. Il fut assiégé , en 1589» par le seigneur de
La Bossière , appuyé de ceux de La Rodie-Milay, de Ghaa-
migny, de Cuzy, de Demeurans , de La Goutte , de Niault ,
de La Pommeraye, de Ponay, de Rivières, de T^art,
y^<ttte^ de La YaUée, <le Yarennes ^et M^me, Pi^
refnarqîiait, en outre , parn^l les assaillants, }p psipU^
La Plantés qui avait sous ses ordres plusieurs soldats, tels
que Le Bois, ï'Ëspérance, La Forge, Jolis-Cœur, 3leixy
La Plume, La Prune, La [{ose,,,,,»,. Ils tinrent le château
étroitement §erré pendant plusieur^^oip son^ po^yo|r {l'ea
r(|ndre matires; maif le 30 septembre, messire fl*01ivier»
craignant de voir sa maison eraportéc d'ass^iqt, résolu^
de capituler, et ouvrit les portes aux assiégeants. Quelle
fut I4 cause de cette petite gjiei rc ? A niant que nous pou-
vons en ^u^ër, elle avait pour hu\ de ^rcer le sqlgocjiir
du Moifceau à reconnaître Taut^rité de Henri IV, et de
ramener à so^mf^on. Guillaume d'Olivier, qui avait
épousé Marie du Chîrroy, était seigneur du Monçaau
en 1680, et Claude de JUacchand, cinq ans pJU\s
Cçtte terre avait, ai( qusftorzi^ioe sièçle, po«K»apU]ra
de son nom. Gir.ird du Sloi^ceau en donna dénombrement
à La Hoche-Milay en 137/i. Klle passa plus tard dans la
maison d'Olivier^ puis d^aus celles de Uiajcgèi'e e4 J^^c^
de Mazilles.
Au bas du yilUii^ de Poil . à Ve$t . dans la. partie, hopf'
guiguonne de U paroisse , se trouvait m petit ûcf çn tou]t/&
justice, connu sous le nom de VEspinaj;, qui rcssorlissaît
du présidial d'Autun. Il fut uni d.ansla suite au précédeni^
' Conclfsy y au uord^ d^ans une vail.ée qu^ 4piAiPf^ 4g Sd
m«is,se le ^uvraj» est un château qu,i datp du, règpp, d^
ttiiiXV, et qui bipla^a.qpe^ijnli(|ue,ip^-^
Oigjtized by
tB MORVAND. 551
nom Tiept ù» sa situation au fond d'une vallée 0 M
comme enfermé (1). il formait antiréfois» avec 9es dépen-*}
danccs, une seigneurie avec justice haute, moyenne et
basse, dont Jean de Chevaimes donna déuorabrement à
iloche-Miiay en ik9k ; ce seigneur en fit auiapl pour Mon-
temeanme» autre tercé en toute Justice avec château» et
les laissa ensuite à ses enfants. Anne , mariée à Jean Yestu >
secrétaire et conseiller du roi , lui porta cette dernière en
dot, («aspard, leur fils, écuycr, en fit foi et hom^a^e
en 156a» et Koiteft de c;raodval-^Rosier» en 1682.
Concley appartenait, en 16)^9, à Jacqiïes de Chevann^»
curé de Poil et chanoine d'Aiitun. Il passa ensuite dans la
maison de Champeaux de Saucy, qui rebâtit le château ,
et doul une descendante épousa Joseph-Senneterre-Népo-
mucène Goilins^ comte de Gévaudan, aleui du propriétaire
actuel
La làmille de Gévandan est originaire des GéVennes en
Languedoc, qu'elle quitta , il y a près de trois cents ans,
pour aller se liicr eu Auvergne et eu Bourbonnais, où elle
posséda divers fiefs, entre autres ceux de Satot^Priest»
de La PoinK^re» de Reilla|, du Montet,.,...* Ses armes
sont : t D'azur au sautoir d'arg:cnt , chargé en cœur d'une
» aîgle éployce de sable et accoaipaguée en pointe de troi^
• tiges de lys du second émail. »
VUlette (2), château bau au pied d'une montagne boi*
sée, à l'ouest, a été ainsi nommé d*un antique établisse-
ment ou ferme romaine qu'il remplaça. C'était, au quin-
zième siôcle, une maison-forte et une seigneurie jouissant
de tous les droits féodaux du temps, et dont Michel
Le Noble, écuyer, madré de la ville de Saulieus donna
dénombrement en 152^, à Gaspard de Vienne. Gilbert
Anzer^ baiUi de La lipche-Way^ la possédait eu lô85«
«
t\\ CêêêêUmêê MMilliyM.
(9) VOImUi.
352 LE MORTANÂ.
Les maisons de Chargère et Des Jours de Mazilles en ont
joui dans ces derniers temps.
£stevaux (1) , ancien fief avec château du dix-huitième
siècle, a été ainsi nommé de sa situation dans une vallée
à Test' de La Roche-Milay dont il était motivant. On 7
remarque une chapelle où le curé de la paroisse va
quelquefois célébrer. Cette terre était divisée en deux
fiefs ayant chacun son manoir seigneurial, et jouissant
run et Fautre du droit dé moyenne et basse justice; la
haute appartenait au séignèur féodal Charles du Crest,
écuyer, en était possesseur en I6/4O. Trois ans après,
Françoise, sa fille aînée, dame de Montarmin, ayant
épousé Pierre Le Prestre, sieur de Yauban, lui porta la
moitié de cette terre en mariage. Réné leur fils, capitahie
au régiment de Beaujolais, la laissa ensuite à Françoise,
sa fille, qui la fit passer à Jacques Des Jours de Mazilles.
Magdeleine, seconde fille de Charles du Çrest, porta Fautre
partie à Jean du Gerroy, qui en était encore seigneur
en 1692. Estevaux est aujourd'hui la propriété de la famille
Bertrand de Rivières.
Pierrefilte (2) appartenait, en 1510, à Guillemette
Berger qui en fit, la même année, foi et hommage à Gaq[>ard
de Tienne 4 baron dé La Roche ; Léger Bondou, son mari,
renouvela ce devoir treize ans plus tard. Cette terre fut
possédée , dans la suite, par les maisons de \illars et de La
Ferté-Meum.
On trouvait^ en outre» dans la paroisse de Poil, diffé-
rents autres fiefe comme La BazoUe , La Chesseigne , GOr-
celles, Congrière, Le Mois, Montchagny, domaine aux
anciens curés de Saint-Gengoux, Layer, Tliil, dont Etienne
de Méru, conseiller du toi, était seigneur en 1799, et
plusieurs grands étangs avec droit de haute justice.
(1) Yam».
(â) Peira Ficta.
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LE MO&YAND.
356
VUI.
BUflLLT, tmiUasum. *
Près de la rive gauche de l'Halène, que Ton passe sur un
pont à trois arches, fondé vers iSkl, à quinze kilomètres
environ au nord-ouest de Luzy, on rencontre Aenûlly^
petit village où l'on remarqae un vieux castel en
ruines 9 dont Tunique tour est encore armée de mâchi-
coulis. Il est le chef- lieu d'une commune de onze cent
quarante-cinq habitants, et d'une superficie de quatre
mille six cent soixantCTseize hectares (1). Déjà en 1121,
il était le siège d'une, paroisse qui fut placée , plus tard ,
dans la dépendance de Tanden archiprêtré de Moulins-
Engilbert (2). Le chapitre de Saint -Gyr, qui tenait le
patronage de la cure de l'évèque Fromond, le vendit^
en 1683 5 à dom Joseph de Yeautorte» prieur d'Apponay,
pour une somme de six livres en principal et une rente
annuelle de une livre.
L'église paroissiale, dédiée à saint Barthélémy, apôtre,
es( un édifice misérable où Ton ne reconnaît presque
plus de traces de la construction du opzième siècle. Le
cbceur, aussi bien que la nef, ne possède qu'un plancher ,
tombant de vétusté ; un mauvais clocher en bois est tout
ce qui distingue la maison de Dieu des édifices qui l'entou-
rent. L'ancien cimetière a été abandonné > et un nouveau
inauguré vers 18/iû.
(1) Seize cent vingt-cinq sont occupés par les bois.
(2; Le territoire île cette commune, qui comprenait jadis trois paroisseSt
en renferme encore dcui aujourd'hui , savoir : Remiily et Lanty.
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Remilly eut de bonne beure des seigneurs de son nom.
Jeoffroy de Remilly, cbevalier, ass'sta^ en à l'assem-
blée de Vézelay , et partit , Faiinée suivante , ponr la
Palestine. Celle terre, avec haute justice, était mou-
vante des ducs de Nevers, à cause de leur châleilenie
de Savigny-Poil-Foli Jaei|a«f Boiacre» écnyer» sei-
gneur de Cigogne j> conseiller et maître des enquêtes
de François I** de Glèves , en vendit la Justice , au nom
de ce prince, en 4555, à noble homme Charles du Pontot
de Saint-Kloi , gentilhomme de la cbambre du roi et bailli
du Nivernais. Les religieux d'Apponày aeqnbrent cette sel*
gtteurle.en
Près du village, h Test, il eiiste tnie baule tour»
connue sous le nom de Tour-de-Bault ou Bofz; c'est
tout ce qui reste du manoir de l'ancienne famille de ce
nom f dont les armes étaient : « De gneides an cbevron
» d'or 9 accompagné de trois merlettes de même. » La
terre de Bault, seigneurie en toute justice, resta dai^
cette maison jusqu'au quinzième siècle, qu'elle passa dans
. celle de Blaumigny. Guyot, issu de cette dernière, en fit
fol et bommage au comte de Nevers/«i ik99, et Fran-
çois, en 16 tO. Ces seigneurs portaient ? t D^argent an
» chevron de gueules, à l'iîtoiic de même en pointe, et au
» chef de sable. »
Saint^licbel-en-longue-Selve (1), petit bameau situé
an nord, de l'antre côté de la rivière, formait une
• seconde paroisse , dépendant aussi de l'ancïen ardiiprétré
. de Woulins-Engilbert , et dont la collalion appartenait au
prieur de Semelay. L'antique église paroissiale , dédiée à
l'arcbange dont le pays porte le nom, sert aujourd'bui de
magasin à foin. Ce village tire son surnom desfbrêts eonsl*
dérables qui couvraient autrefois tous les environs.
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I
Neversy à cause de leur châtelleDiii 4e |iO9U|iiB*E|«0fcert|
apparlendity en 1^66 ^ à Philibert de La Plalière qui, cette
année, en donna dénombrement à Nevers. Le JjailU dQ
|4a(|Uffs-li:ngm)ert |a ^smi féadaiemegl ep aim^ piii-»
}i)}fi|le 4^ If^ Perrli^e, pour devpir «op ll»H. HmufriMl
4e iOiMoe^ vfiavp de Jeap 0e MeroGreet, <e|giieiir dfli
Slontécoty en fil foi et hommage en 1575. Elle passa
ensuite daqs la maison de iMaumigny. Nicole d'Ymonville»
veuve de François, seigneur do J^ull et de La 0e<^0iei
fTQqoavel^ ee devoir ea .if$û,
CHARMEUSE D'APPONAY, A^^niacm,.
An md^oqeiC de Rentitty^ m berd delà nmle de Imy
t ikicize , se trouve un groupe de bâtiments dont le voya-
geur, au premier cowp-d'œil, devine l'ancienne ma^^ni-
lieeiK^i (i!esi Appauay» mm eeUique qui signifie » dil-reu^
wmMOffi^ftmdueiuaL GeC aaeeBEMafedTddiieee^'eaMliée
aur vole iMiblkitte saae erére, saM tymétrie» presqiw
en ruines, n'offre plus que l'afllrgcant spectacle de ces
pauvres couverts de haillons^ que Tou reucoutre fifop
9fm^k »ur lea graodefli roules^ ^uiM lem niaèce eut
regards d«e pessaets.
• A la fin dti douzième siède , ce Heu , aujoiHd^W tWte
de culture, n'était encore qu'un d<?sert couvert de landes,
Qk Feua ne remarquait que quelques cases de pauvres serfs
inootranty çà et là, leurs toile de roseaux. mais9.eii 11$^
Tliëobald on 'JfWècmlly évêipie die Mevef», dit eonm-
tement de Jean, doyen du chaj^itre de sa «alhédliaHa» el
de tous les chanoines réunis, donna celte ferme , consistant
em liêisif,pn'*, urw, mm, el ^étiéraleniÊnt tout ce q«t'Ua
pourraient acquérir» sluj/ enfants de saint Bruno, H con^
ditlon d'y fQuder une nu||son de leqr oj^g^
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356 UB MORYANIX
liea samrage s^anlma sons la main des mofnes et mettt
à peu un aspect dliIKirefit
Les papes prirent la nouvelle chartreuse sous leur
protection. Grégoire IX , entre autres, par une bulle du
15 octobre 1227, ^ée de treb» cardinaiix, défend
de frcobler les r^teienx dans la posseaskm de leurs
terres 9 de brûler leurs granges, d'empêcher de s'y faire
moines ceux qui le voudraient, et de lever sur leurs biens
aucune espèce de dîmes. Il veut qu'ils puissent bénir les
églises et chapelles de leur dépendance et se faire ordonner
où bon leur semblera; il interdit à tout éVêque ou autres
personnes de les citer en justice , d*exercer sur eux aucune
juridiction, de leur imposer un prieur autre que celui
qu'ils auraient librement élu, et de bâtir plus près de
leur maison qu'à une demi-lieue , sous peine d'excommu-
nication etd'étre déchus de toutes diarges, dignitéSi...
Néanmoins, le nouvel établissement, dont la prospérité
était subordonnée à un défrichement ingrat et pénible,
acquit peu d'importance pendant les cent cinquante pre-
mières années. Plusieurs lois, pendant cet intervalle de
temps, les chartreux, découragés, pensèrent à aban-
donner leur prieuré du Morvand. Mais l'évêque, en homme
prudent, avait inséré dans l'acte de donation une seconde
clause, celle du retour de la terre d'Apponay, avec ses
accroissements successifs, sans contradiction ni opposition,
à l'église de Nevers, en cas d'abandon (1). Cette condition,
si heureusement apposée , empêcha la suppression du mo-
nastère et la réunion de ses biens à quelque autre maison
de Tordie.
Depuis sa fondation jusqu'à sa suppression, en 1790,
c'est-à-dire pendant l'espace de six cent cinq ans, la
chartreuse d'Apponay fut gouvernée par soixante -dix
prieurs, dont plusieurs ont été remaïquaMes, par leur
(1) Charte de fendalioii.
Oigjtized by
U MORTANII. $57
naissance» leur science ou leurs vertus (1). I)^, éepnla
de longues années, par VeSei du zèle de qiielqiies-iina
d'entre eox, elle était enfin sortie de l'état précaire ob
elle avait langui long-temps , lorsque^ le 3 août 1520 , un
terrible incendie consuma tous les bâtiments et réduisit les
moines k une si profonde détresse , qu'ils furent contraints
de reconrir à la charité publiqucr Ge désastre arriva sous
. le gonveniement de dom Jean Vin Oiolsean, quarante-»
deuxième prieur.
On ouvrit donc une souscription, où l'on voit figurer le
roi, le dauplÛD, la comtesse de Nevers, le chapitre général
de Tordre... , et qid produisit un total de cm^ cent vmgt^
sept Uvres trois sam six deniers, somme asses considé-
(1) Prieurs connus : .... S** dom Guy, en l:î02; .... 7>' dom Mathieu , en li2<>l ;
8e Jean en 1239; lOc dom Jean II, en 1317; lU- Guillaumo de Condé,
•n 1818; 19» Jean lU...; IS» Bernard, ôhi êD ISIS; U renotfvela FaMoelctioB
àn moBastère avec odui de Lugny; 14> Jean 1? Métis,. en 1877; Ifi* Re-
gnautt, de Pontoisé, en 1889; 16« Pierre, de La Charité , en 1884; 17e R».
gnault, de Pontoiae, pour la seconde fois, en 1893; 18» Jacques Atze,
en 1395; 19e Nicolas Bourguignon, en 1397 ; 20e Robert Varri, en 1402;
21e Jean V Pencer, en 1409; Pierre II Le Boiteux, eu lliO; ■2S'>..., en 1 ll»8;
24e Pierre III Mat;Llulcine, en 1433; 2ôe Jean VI Uoclict, en 1431; l'ierre IV
Madgdcleine, en 1435; 37c Jacques Colin, en 1414; 'JS» André Lcri»r(,en 1146;
S9c Pierre V d'Aquin, en 1459; 30» Pierre VI PoponeUi, en 1462; 32e Etienne
Piemôre, en 1475; 88e Thomas Quinot, la même année; 84e Antoine de
C9iarno,en 1478; son rare mérite, sa grande piét^ le firent élire, cinq
ans plus tard, général de Tordre; il abdiqua en 1490, et revint comme
simple reUgienz à Apponay; 85* Louis 1er de nieuleflt, en 1481 ; 36<» Jean VII
Leslu......; 87e Romain Des Prez, en 1489 ; 38e Guillaume II Faulerier, la
même année; n9e D. Chaslolain, en 1.511 ; 40^ Guy Tliibert, en 1.514; 41e Ni-
colas Lhuislier, en 1517; 4:ie Jean VIII Choiseau, en 1-518; 43<-- Jean IX Pcr-
tuiset, en loX.i; 4i<^ Simon PouUard, en I5i4; 45e Louis II de Baulgy,
tu l.>i4; IGe Noél Vincent, en 1549; 47e Michel Tronsou, en 1550 ; 48» Ma-
tburin Guillon , en 1561 ; 49e Claude Guyot, en 1565 ; 50e Philippe de La
Grange, en 1671; 51e pierre VII Bisson, en 1509; 59e Jean X Gauthier,
en 1616 ; 58e Claude II Gauthier, en 1618; 64e François de Foigny, en 1686;
55«Anthelme de liaugarny, en 1639 ; 56c Denis-Nicolas, en 1662 ; 57e Jo»
seph ler Cazet de Yeautorte, en 1671; 58e Jérôme de Carrheil, en 1691;
59e Edmond Ferlet, en 1705 ; 60' Louis III de La Barre, enl709; 61* Jean-
Baptiste de Lavault, en 1721 j 69e ^oël II Vieil , en 1723; 63e Louis IV Lan-
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fé^yjffèrent leur maison et y ajoutèrent un bâtimr^nt pour
recevoir les hOtes; cm le convertit pltis tard eû fruiterie;
éous te nom âé gténier de Saiat^Brùnë:
PiMant lé cfemNIè^ gsf ÈéM; U OnHtétisë ^réé^
^alfèréîBeiit B#ef te «M ètf zéféf fÉteHigent de ^irnon
Fotrllard et cfe Michel Tronson , qui la gouvernèrent, fun'
pendant vingt ans et l'autre onze. Mais en 1570, sou?
radmiDistraUon de dom Claude Guyot,* ouf ûésta^ iàxii
Mssff rediôélabfe' q^é flntendte; vint «mâée sitar te ttéftas-
feré.- tea- calvinistes', qui couraient la campagne comme
cm torrent dévastateur, s'en étant emparés , lie pillèrent et
te dévastèrent. Non contents de cet acte de brij^sùidage»'
fls garrotèrent te prieur dom G. Goyot et te procoreor
dom Joaa OfiVoy, et les emmenèrent prisonnters à La
éharîlé*. tes religieux, déjà victimes du plus allieux trai-
tement, n'obtinrent la liberté de leurs supérieurs qu'eu
payant une forte rançon « ce qui les obHgea à vendre lé
domaine et lé bois dé Aliilery et cinq cents pieds d'arbres
à choisir dams Us kois de futaie du couvent (2),
La* Providence, qui avait permis celle nouvelle épreuve,
sauva néanmoins rétai)lissemeut et le ùl sortir de se»
cicux , on 1727 ; 61e Hugues Pi'pin . on 1743; 6ô<î Antoine Valladon, en 17W;
6G- l'ranrois-Mnrie de Coëtivy, en 1750; 67e Marie du Bouioz, en 1755;
68" Laurent Pupia, en 1758; GO' Joseph II Briot, en 1770 } 70» Maurice
Bosiguc; il pdssa k Bdltary en 1 80.
(1) ^rtnçols 1er, roi de France, souscrivit pour tfi'kyr {ftwt; le d&Uphiu ,
pouriOr; lfM«1kenée en doona çnafre; Merle d*AIbret, comtesse deNkfvers,
dtifiliiati rsumonler du* roi', douxti le chapitre génériil, Mteanfe; PicaM,
duré do CHiddes, ctfi^tianf«; Pierre lie Goux, procureur à'Beottlîe, cents
le chapitre de Nevers', vingt; Berthier de Bizy, D'entei M. d'0r\al , dix; lë
protonotairc de Langeron, autant; Odo des Moulins, quarante; MU» de
Cheuilly, uneparetUetomméi do Lautret, $iig{ La Donyre de Doozy, quth
Tante....
(iQ'IlS' retirèrent', Ib lô juillet 1578, le domaine et le bois des mains de
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ttfllbeun pittt nebc qti'aaiynravant. Dan» ce ûesséû§ «ile
tèrcnt plasfcurs propriétés, que les dréonsptrtncos lès
avaient forcés d'aliéner; c'étaient dora Pierre Bîsson,
dom Claude Gauthier , doni Amkdme de Màùgmsj et
don losepli Càtei de Yediilorte. Le séetmA tnrvaHfà» en
entre , hettuemip à Ix dém^timi de Féffl^e, qtt'il potfrtnt
d'ornements et dont îl fit boiser le chœur et le sanctuaire.
Il fit encore de grandes réparations à la maisou et aux
domaines , qui étatent en rnine&
Jkm de Alaugarof , eon0nu!ïnit cette ftomie adnfeiis»-
fraliOÉ') fonda; en i^M^ leaf Mtinenéi dcf fa ffx^Utâé
hôtellerie. Le visiteur de la province , dom Augustin
Joyeux, étant venu, deux ans pius tard, à Apponay,
troBf a celte construetio» si somptueuse el si étoign^e de
Im mm^^ié MrfkMemtt, qn'H fui ^ le point d*en
ordonner la dénoHtlon; U sei#e een^iéipalioft qnt* M
retint, dit-il, fut la pauvreté du monastère (I). Ce prieur
retira, le 26 mars des mains de Jeanne, lille de
. GaetondeCendéy led(MnBine .de'<Sm}t^-Fl}^y^^
M eigQiieid fiw nne renie de qomnte^irois •
%sm* li ebtfti4 , le & juin Hhk , dïr rei^ loufr XTt', podl^
son prieuré, exemption du lo^ifemenl des troupes en garni-
son à Beciae, à Issy-l'Evèque et autres lieux voisins. 11
f^rt^/si»ann pto »«il>, l»saUe d^clrapitre, et remillàçà
V» Raie»flre8» qui eméumieni'Hi^nfiii9on, |Hiit de é^mnci
■wrdif fe ^ .' B» erensa , en entre, MntraiHonr, dH'fbsiié^^quI
servaient «Y conserver le i)oisson nécessaire à la consom^
malion^ journalière des moines, en môme temps' qu'ils
proiégnafenl fe' prieuré;
»iwPtolf9^colis^qn(M9a<HSéfoyoib^ •
(1) Proojv^trdoldtfM.
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360
narque^ le 9 janvier 1663^ des lettres pal^i^testqiû CQQfir*
maieiit ao mopastère toqs les privilèges accordés par les
rois^ ses ancêtres. Le prince ajouta même une exemption
d'impôts pour le prieur, les moines, les frères corners,
gens familiers, serviteurs et domestiques , afin de les obliger
à continuer leurs prières pour te roi et le bien de l'État (!)•
Dom de Veaotorte^ le dernier des quatre prieurs dont
nous avons parlé» était originaire de Bretagne et frère
de l'évêque de Vannes. Pendant son administration, qui
ne dura pas moins de vingt ans , il ne cessa de travailler
à Tembellissement de son monastère et à l'augmentation
de ses domaines. Aidé des secours qu'il avait oifteaius de
dom Innocent Le Blasson, grand prieur de l'ordre^ il
l)âtit, en 1683, deux nouvelles cellules et commença le
grand cloître» dont la première pierre iut posée le
20 d'octobre par Jean-Henri Bogne^ doyen du chapitre
de Nevers. H acheta» la même année» la terre de BemOiy
et le patronage de la cure de cette paroisse.
Deux ans plus tard , le duc de Nivernais lui accorda le
droit de justice haute, moyenne et basse dans l'enclos du
monastère. Les ducs de la province se montrèrent toiiiours
asseï disposés à favoriser les moines d'Apponay» parce
qu'ils étaient leurs protecteurs -nés, à cause de la garde
gardienne du couvent qui leur appartenait. .
Gomme l'adversité» la prospérité a son terme, i^ponay»
après un demi-siède de beaux Jours» devait voir stm état
florissant gravement compromis. En efiét» l'administration
de dom Louis de La Barre lui fut extrêmement funeste,
non que ce prieur dilapidât volontairement ses biens» mais
parce qu'il se rencontre quelquefois des circonstances que
les efforts les plus louables ne peuvrat dominer. IV abord II
eut» en 171 7» des procès ruineux avec la maîtrise de Nevers,
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LE nOKYAm. 361
puis il lit creiuer le grand étang voisin du monastère > et
établit une rarerie pour laquelle il dépensa selie mille
fivres* et qui ne réussit pas. En an mot, il fat si mal-
heureux dans toutes ses entreprises, qu'il laissa, lors de
sa translation à Bellary, en 1721 , le prieuré grevé de plus
de quarante mille livres de dettes. Dom J.-B. de Lavaox
et dom Noël Hel avaient entrepris de r^arer ces perles;
mais ils ne parent y parvenir; cette gloire était réservée
à dom Louis Lancieux.
Ce prieur n'avait que vingt-huit ans lorsqu'il fut élu,
en 1727. Il se montra bientôt administrateur si sage^ si
édairé, que, dans peu d'années, non-seulement il libéra
son monastère^ mais se trouva à même d'établir auprès
une faïencerie, qui n'eut pas un meilleur succès que la
verrerie de dom de La Barre. A sa sortie d'Apponay,
en 1743, la maison était dans une benreuse voie de
prospérité, qui devait se développer de plus en plus. On
faisait des coupes de bois régulières ^ dont les produits,
au lieu d'être absorbés par les dettes , étaient placés à
rente. En 17/i6, malgré la cruelle épizootie qui avait
enlevé. Tannée précédente, tout le bétail des domaines^
dom Hugues Pépin put construire deux nouvelles cellules
et faire diverses autres réparations utiles.
Les moines qui, dans cette alTrcuse mortalité de bétail,
n'avaient pu sauver que deux animaux sur cent, firent des
pertes énormes. Néanmoins, ftàr tm efet de la pravUUnee
et de la miséricorde du Seigneur , dit un vieux manuscrit,
les deux années qui suivirent cette mortalité^ il y eut une
telle abondance de glands, que Le profit considérable qu'on
fit sur les pares fut d'une grande ressource et mit en état
d'acheter des besHaux pour le labourage et d'en peupler
peu à peu les domames,
Dom François-Marie de Coétivy, élu prieur en 1750,
était issu d'une noble famille de Bretagne. Pendant son
administration, qui ne dura que trois ans, il fit creuser le
24
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§m4 pm§ neuf ^ hMit fuffhepm^ PQuv f n»mmf to
pFmsm 0réinam poissm^, qui ëép^fimieii^ dans Im
fossés de la maison , et conslruisil deux nouve les cellules,
1,6 tonnerre tomba, le 30 juin 1752, sur le clocher de
V^(iS0 «i f c^usa de gra^ dégâUi qu'il r^p»ra« Istk
4iv^p|t@B dépens s'^evèrent k la sommis-d^ 9ill)«
l^uelle le général de Tordre donna cm Umv*
Ces occupations ii absoi bùrent pas tellement son temps ,
qu'il ne trouvât des moments pour l'étude. On lui doit
le Çtuaiofptfi fLc9 prieurs d'Apponay, qui u'eo compta
que quatre après loi. effist, «oe période de trepte ans
06 devait pas s'écouler sans que l'esprit philosophique,
qui avait bouleversé les tèles cL ruine l'ancienne croyance,
ne complétât son œuvre de destruction en balayant les
Glolti«9» 4ppon9? disparut, ea Udâ, de |a scôse r^llgien^e,
et ses fooioes furent dispersés et jetés dans le toorbHlqn
4a iponde ; ils étaient alors au nombre de sept C'étaient
frère Bernard Boursier, procureur; frère Benoît Bourcier,
vicaire i frère ilené Caborit, sacristain; frère Xavier
9a8l#rj aQdisps frère Vincent |«edeviUe« frère Joseph
GfUton » et frère Raphaël BlandeL La oisison et Téglte
furent dévastées. La cloche . les stalles , le lutrin et deux
tableaux représentant l'un i'Assoviplion de la sainte Vierge ,
çt l'autri^ le Suçre-Caur (le 4Mm* furept traMfélâs dans
fMIW miptTFIem de insy.
Le patrimoine do monastère oeasistait, à cette époque,
çi) huit domaines, plusieurs pièces de vignes, divers cantons
de l)Qis, une tnilerie, quelques inaulini, treiUe-liuit étangs,
g|pao4s et peUt9« et ifuelqves locaterte ie reyaM de $m
9(Qpr|#t#», çelui dea dîmes de Flé^ et les lystes cenath
tttfft» IX) s'4)eYitieQt« ao^^e içopwuie, li mz^ trm
(1) Ces rentes étalent dues par les Bénédictins de Bëze, par la
eraade llibrique de Lyoo, les Chartreux dé cette ville, les UrsaUaes de
l|Mfj9%4Ca9fllM|rt, rabtoy» de BeUdvtia, les étal» de ^mifp^$l^ d«
*
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f:» Ml» ifam <|« éfdaré» propH^tlfi oa40«ale9>
furent vendus à Ne vers, en 1798, savoir : les bols , divisée
en sept lots, six cen^ guarante-huit mille stx cents (met,
et ief aoimlD^, troi4 <^ U tAiU (ut ^
APP09^¥ <Wt «i||onrcP|ivl me hmt qui ^ppara^iul %
M. Félix , comte de iMérode , ancien mçm})f(6 d^ gQ^y^-;
uement provisoire de Belgique (2).
4 4o MMN» flu iQQiuMtèr»» «11 isd-^^
nalsQii. n était à saitHe Badegoide. AuMHPQ
Gbailon, évcque d'Autun, accorda ^ le 8 janvier 14945
quarante jours 4'iQâulg«iic^ \ ceux qui visite(4i^t
phaiitfiHfi
De rantie i^tii de» pmlrMt, av «Olleii ^Tm» ipoii 4«
grands arbres , par-é€B9Ui lesquels on rpit percer le foit
aigu de quelques tours, se trouve le manoir féoda) de La
fioue> sombre édifice du quatorzième siècle, avec des
restes de fossé& Il a été ainsi nommé de sa situation dans
on lieu aquatique et marécageux* Ce cbâtean était le si^
Méconnais » et par 1^ çonoMu^ie 4^ Biekef , dont la dette était de douM
miném ou qnamte-luiit boisseaux de blé, moitié seigle, moitié Aroment, qui
lui avaient été léguées , la veille de la Pentecôte 1:219 , par Hugues III , sei-
gneur de Lormes et de Chàteau-Chinon , près de partir pour la croisade
contre lea Albigeois. Les seigneurs de Pouay, du Maiira^t d|9 T^Si^fiqf , leur
payaient aussi diverses redevances.
(1) Elles consistaient dons 1 exploitation des biens, les réparations def
bàtiw^nti , suiqOp?»» 1« n^urri^ure ot le veatiaùr^ d^ W'^l'» l^.*<t^
cilles, adoptant k nirat centf livres, les rentes dues au cur^ et à la fiibriqu^
de Remilly, au curé de Lanty, k la grande chartreùse, s*éleTant I inent
Kwe,auebapitwdoll iw »sr i »iftft>i<lif aa l i nnl s ii^^ ffienidiS
Saint^André-lds-Luzy, aux religieuses de Decite; plus les droits seigneu*
riaux des biens de Champlevoix
(3) l'article de La Rocbe«eu-Bren\ .
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36^ LE MORVAMD.
d^nie seigrneurfe en tonte Justice qui moanft de la cbâ-
tellerie de Savigny-Poil-Fol , et donna son nom à une
ancienne famille aujourd'hui éteinte. Il appartenait , ea
1290^ à Hugues de La Perrière, cbevalier^ dont le fils»
Gnyot« en iH fioi et lionunageen 1309*
Jean de Ponard (i), seigneur de La Verrerie''iMa^
Boue, en donna dénombrement en 1601. Anne de Grandval,
sa veuve, renouvela ce devoir neuf ans plus tard La Boue
appartient aujourd'hui à la maison du MesniL
En Jérôme GanheU» pifeor d'Apponay, refusa
cette tenre peur ûnxê miUe Ihres. Dom lean Fougerenx ,
visiteur de la province, en fut la principale cause. Aussi
dom François-Marie Coëtivy , qui gouvernait le prieuré
sdzante ans apès> s'en plaignait en ces termes : « Le
1 tirês-iéTérend 'père Mm Faiigorent fity avec tout kl
» respect que je lui dois» une grande sottise de nous empè-
» cher d'acheter, pour onze mille livres, une propriété
» que nous n'aurions pas a^jourd'liui pour quatre-vingt
» mUie^ »
IX.
LA RpCUE-MlLAY, Rupes Militis.
A huit ou dix kilomètres au nord-est de Luzy^ s'élèvent
de hautes montagnes hérissées de forêts et dont l'aspect
âpre et sombre frappe les regards, ce sont celles de Ton-
leurs et du Beuvray, An sein de ces monts sauvages et de
€«n ^ leur aerveot de eontrelèits, se trouve la eommnne
(Ij Les armes du cette OgjniUe étaient : « D'or à deux pals d'azur. >
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LE MORYAxNO. 365
4e Xa AoduHlli|ar,.U plus JnportiBl^dAeaiteiieiila plus
éleidiie de Umt le llernnd. Sa popnlatkni^ divisée. entre
la paroisse deee nom et celle de Poil« est d'environ deux
mille deux cent soixante-quinze habitants , et sa superficie
de six mille sept cent soixante -seize hectares (1)» La
petite rividie de rJËgUse> formée par la féqnion te sources
nomteenses qol sortent te flancs da Benvray^ estlessii
eouis d'eau qui mérite d*étre cité.
Aucune commune n'offre plus d'intérôt, sous le rapport
archéologique, que celle de La Rocbe-Milay. Les trois
grandes époqaes de notre histoire y sont attestées par te
mononients; mais e'est aortoot an sommet du Benvray,
qui se montre sombre et presque menaçant, au nord, qu'il
iàut demander des souvenirs et interroger l'antiquité. L'ère
eeltiqae au galUque a imprimé son cachet sur son plateau
glacé; répoqne gaDo»romalne 7 a gmé, d'nne manièn
plns antliei^que , son soovenir ; la féodalité eHoHBième f
a laissé des traces de son passage. Le druidisme, le paga-
nisme et le christianisme l'ont occupé tomr à tour. Mais
n'antidpotts pas sur Tartide spéoial que nous allons JbieDtftt
consacrer à cette montagne.
La paroisse de La Roche-Milay^ peuplée de doue cent
quinze fidèles environ, est très-ancienne. Il en est fait
spécialement mention dans le testament de Hugues de
Teman, chevalier, de Tan 1240. Ce seigneur, an raiMeu de
legs nombreux faits ans (fiférses églises daTOisinage, y
comprend celle de Saint-Pierre-de La Rache-Milay, pour
une somme de cinq sols tournois (2). Elle faisait autrefois
partie da diocèse d'Anton et de Tarchiprétré de Losy.
La patronage de la cure appartenait alors à Févéqne
Aocésain^ et les dîmes partie an curé et partie ans s^
gneurs.
(1) Mille neuf cent qnatre-viiistHliXHwar Mal «coupés par las AMréte.
(3) ArolilT. {TAnton ; Mr. dt Mbu^ M SalnHimmt tome n» p. S5.
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M II MCfllf AMtt
para , saiis mission , du gouvernement de cette paroisse ,
m y administra les sacréménts «and Juridiction* Deux curés,
liÉHftfj«l pM^ TévéQiiëi lie Itttirttit iif«iitfrë ffèMiHon» Il
fâtlut jtrUèetfer bstlIètilqdèiifeBl cbiltfe im, èl «6 ti« Ml
qu'&u bout de deut »n^ qu'oti t^tiit eitpukér fee merèettàtrei
tes pièces de la procédure le représentent comme un
bomme violent, colère^ ktaiphémànt contre Dieu et les
laliliftj tfvii^è (i)...;; J^OBé|lh AlëkftndiHI MIMft, en 1787»
à ni8«nibiée préparatbife qui s8 but a fse^m tnm roi^
verture des états générauit;
Les cdrés de La Roche-Milay étaient tenus autrefois,
iBÀ vertu d'une rente annuelle et perpétuelle d'utt boisseau
it9 ski^g lùttdée^ Ml MtMnié Hèele» par taflçdis dd
MaAtthioreacf; dé menet fUM^mêmie$, le jour de Milles
de cliaque annéé , après Téprés , une procession iàleûnMe
Il la grande croiûc du bourg, où avait lieu une station pen-
dant laquelle ils devaiént rôoUer li iiatite ?oti an De pro*
flMig* Us' GordellerB d'Aunn ; mmlie «liceésieaft de
eMn Hb Mmy ^ étiieill obligés > de leur eôté v de lë rwt^
dre le 20 juillet, jour de sainte Marguerite, et le 10 no-
tembre, fête de saint Réné, à La Rdche^Milay , pour
tfâëUnr 4etil grand^aMMOft^ la ^reaMre pour tdorgucvlte
ie ltaidft>iibcndiM du fiée , ët la ieeeadki poof MU
êb Mllmld) «on ibeil IM araditeln^ dtomiareiil ped^
cela, le 5 février 1627> ^ pré de Chiffonne de cinq chartées
de foin (2).
Lelmil de la Rodké-ttttay eat le pM coMddiMede
cattldta.ll tftvèonrifmid'iiercM^ber de dent dfaïqitantè mètres
d'étératloii, au sommet dOfRl il est bâti , et dont le pied
est baigné par la petite rivière de l'Église. Son surnom
vient du mot latin miles ou soldat» qui rappelle foe la
(1) Archh'. de l'éTÔcbé (i'A»tB%
i^) Arct»iVr 4e M nw:ite.
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LE MORVAWD.
367
pâfi était poaiéilé par le Uenteoiiit comain qai ctiwnitf^
ëait au fieaVray» Aussi la Relgneurl» da La Rdché élait^
aile 9 au moyen-ftge , le fief principal et dorainatit dd tous
les environs. Ce bourg, malgré sa position, est enve-
loppé de hautes montagnes qui eu circonscrivent la vua
de loutes parts. A rouest, se dresse le pic de Toale«rsj
autrefois ceuroiuié par un monumem dcmt II eiis(e encore
d'importantes ruines sur lesquelles les archéologues ne
sont pas d'accord. Quelques-uns les regardent comme les
débris de la forteresse primitive des iiauta barons du lieul
d'autres leur assignent une épocfoe moins reculée.
Affranchi par Philippe de Vienne, én vertn de lettref*
patentes du 12 juillet 1655^ le bourg de La Roche prit dès^
lors quelque importance , et ses habitants s'honorèrent du
titre de BonrgioU. Dans ces entrefaites, ils obtinrent de .
leur seigneur la permission de le fermer de morsi mais ees
fortifications n'empêchèrent pas qu'il retombât» en
au pouvoir du comte de Roussi , qui y laissa une petite
garnison. Quelques savants attribuent à ce général la
destruction du château de Toulettrs» Tous les sujets de la
séifnenrie airaient droit» moyennant cinq êtnu de renu ptit
feUfûe 9e Mrairé avec leur Imtm, en temps de guerre^
au donjon de La Roche , où se tiouvait une caserne bâtie
tout exprès (!)•
Ce diAtean , qui occupe la poUite du rocher sur lequel
lé bourg est situé» est on vaste parallélogramme tanqué
de deux parlUons, et dont la recensimction date du
règne de Louis XV. Il fut rebâti par le maréchal de
Viliars» qui Véleva sur les fondements d'uue antique
forteresse dont il ne reste pins qu'une tour. Bien qu'il
soit d'une construction lourde et sans caractère , il est
néanmoius remarquable par sa masse et surtout par sa
posiiiou. Inabordable de trois côtés, il était autrefois
'1) Arcbiv* 4e U RoiJb»,
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368 LE MORVAm
défèiida, an 8iid> par «le doible ceinture de imiralta
et de fessés autour desquels les habitants des environs
devaient faire guet et garde en temps de guerre et d'immi-
nent péril Ils étaient, en outre, tenus de contribuer à
la solde des soldais du rai, IcMtsqa'il y en -avait au châ-
teau (1).
n se tenait jadis à La Roclie-Milay un marché tons les
lundis et sept foires, dont quatre furent obtenues du roi
Henri m, en 1582, par Réné de Rousselé. Elles avaient
lien le premier lundi de mars, le lundi avant la Fête-Dieu,
le lundi après la Nativité de la sainte Yierge, et le jour
de saint Thomas (2). On y trouvait alors une halle oti
les seigneurs percevaient le droit de minage ou le vingt-
quatrième des céréales de toute espèce qui s'y débitaient
Celui qui n'en vendait qu'un boisseau, ne devait rien. Ua
mesure en usa^e dans le comté était de quarante livrer
Tous les habitants devaient, sous peine d'amende et
de la confiscation de leur farine , moudre leurs grains
dans Tun des deux moulins banaux de la seigneurie,
et cuire leur pain au four public du bow%. Le comte
jouissait du droit de banvin, de taverne, et percevait,
en outre, les dîmes sur le froment, le seigle, l'orge et
l'avoine , à raison d'une gerbe sur vingt-une.
La justice se rendait à La Roche-Alilay au nom du sei-
gneur, dansun bailliage dont le ressort comprenait trente-
trois paroisses en tout ou en partie, et vingt lieues- de
pays. Sa juridiction s'étendait presque jusqu'aux portes
d'Autun, et comptait trente -trois justices, tant en pre-
mière instance qu'en appel, dans sa dépendance. Le
persomiél se composait d'un bailli, d'un juge-lieutenant,
d'un procureur fiscal général, d'un greffier, d'un fermier
à soixante-dix livres par an, de huit procureurs du fait
(1) ArchlT. de La Roche.
C») Deux de ces foires se tenaient aa sommet du Beimay.
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ï£ MOKYAnjDi. W
COÊmiUk, éd huit notaires baronm^uei et wgeots^ de
draxhnMen andienden ^ de quatre gardes des easx
et forêts (1).
Le lundi d'après la semaine de Quasimodo , le bailli
avait accoutumé de tenir une assise où tous les juges
des arri^re-rfiefe oa arrière-justices étaient obligés de se
présenter en personne. Faute par eux de tom^^anir an
jour fixé, ils étaient condamnés à dix livres d'amende
avec défaut pour la première et la seconde fois. A la
troisième , il était ordonné que leurs justiciaMes plaide
raient defani le bailli^ en première insinnoe, }nsqa*à
ce qu'ils ensMnt obéL Cette assise avidt remplacé, an
seizième siècle , la revue des vassaux eux - mêmes , avec
varlets et équipages, que passaient, chaque année, les
liants barons de La Roctie-Miiay» au sommet du Beuvray,
pendant , la foire du premier mercredi de maL Édonard
Bertrand a été le dernier bailU de cette Justice (2).
A la suppression des institutions féodales, en 1790, ce
bailliage fut remplacé par une justice de paix avec le titre
de canton^ qui coçiptait dans son ressort les paroisses de
La Hoche-Hilayj de Gbiddes» de Ifilay» de Poil, de Saint-
Gengoux et de Yillapourçon ; mais un noureau remanie-
ment supprima ce canton en l'an 1800 , et dès-lors La
Roche-Milay et les communes de sa dépendance , si on
en excepte YiUapourçcm, furent réunies à celui de Ijuey.
Ce n*est plus ai]yourd'bui qu'une simple commune rurale,
dont le commerce ne consiste que dans ses foires. Le chef-
lieu , où l'on n'arrive qu'au moyen de chemins raidcs et
escarpés, est bien décbu de son ancienne importance; les
révolutions l'ont tué.
La terre de La Roche-Mllay se composait, en dernier
lieu, de quatre domaines, de treize forêts, dont les prin-
(1) Twrimrilê 1706.
(3)
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«f dè 1)1 OmMfi éi ne dlx-tieaf éliiiigs ^kiumh fikHiH*d>
0ttze mille poissons. Les rentes s'élevaient , années tottlihtt*
fiesi îi mille dix livres; les droits de lots et vôntes ou de
mutation produisaient autant Tous les titres qui concer-
tiâieDt cette aeigneMe» à rekeeptiotb «lu précieux lerrler
Mqwl mm em^miittMM tes ttfltaUs qui préi*dieiit» ti «m
partie de eeax qttirohtsuiirre» ftirent brûlés à Moulins^
Engilbert en 1792.
Cette terre 5 autrefois lieauooup plus considérable >
Ittnudt ime des plus indenttes et dès plus pdlsiaittes
srtgiMMiHes du MorvaiMli e*Aâlt la seconde barouAie de
Nivernais. Louis XIV l'érigea , vers le milieu du dix-
8ej)tième siècle , en comté . en faveur de Réné-Joseph de
nousselë, ébéirâUer) coioiid d'un r^imeui d*iafaatei4et
èt àêàà-^nU-eàîiip ét» arméeâ du h^L Elle était montrante
des ducs de NeveHf i causé de lénr châtellenie dé Môu*
lins-Engilbert , et comptait elle-même dans la dépendance
de son donjon ^ trente-trois fiefs avec haute ^ moyenne et
niisie JUMM i et t>ltts de Ciuiiuaiite n'ayant que la ttioyeutte
et Ifl besMi Tôui tel M devâl^t le qllidt debM én cÊà
deiiutation(i].
(1) C'étaient : La Bazolle, Le Bazoy-en-Bourgogne, Les Berriards, Champ-
robertifief double), Chanlevrier, Chauniigny, Chiddes, Conclé, Couloise,
Etvaox-lUbaude , Étangs de Poil, Étang-Verdcau , L'Ëspiauy, Layer,
L'HflOinie, Las Jours, Marrr-^soi-ls-VistUé-StènUgne (fief dsiabie), lf«Mé*
cot, MoBtentoauiQo, Le Ifoncetu, Patigny, La Pleasis, SainMean-des-Cur^
tils, La Vallée, Vanoise, La Verchdre,Vînette...... avec haute et basse justice;
Boi»<<lé-Telle , La Boutièr('-le:«-Sommant, braconne, La BusSière, Buzon,
Champcery, Chanip-Regnaut, La Chasseigne, Charancy, Chevannes, Chigf»
le-Moiiial (lief double), Chevrette, La Cha/olte, Corcelle, Couvcau, La Creu-
zille, Fûurchure, fiissy, la (ioulmne, La Cioutle, La Goutte-Tillot , Guil-
laume-Blanc , Igornay, Lan, Lavault, Lionge, Marolle, Mirloup, Le Mois,
Hooestoy , Montchagny , Uoncbarlon , Montcoulon , Petit et Graud-Honti-
gny. Le Mouceau, Moulan, Ifontregnard et Bivièrea, Orsa, Pierr^fltta
(flef double), Raogdres, aoehe, Saint^Prix, Sommant, Til]ot,Ts«i4oMlii,
f oumle-Laixy, VaMtaan , V«i|i(, ?iUetta»4as-Forgas (flef doubls)...*»
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U MORYANOk
S71
W pMeiid qu'âu moftn^âge» tet. haati toornéB La
" llèdie«lliiay iHteiii àMi prtMimi pour mettre for pioi
Mis mille honnies et les winer ^en teerm 1!S' avalent
droit de batlre monnaie , et leur seigneurie s'étendait sur
sept clochers 4 savoir : La Roclie-Milay» Gbkides» (bIuX}
MUajr^ Peu» Saietf^GenfOin et VUlapoerçoik Ua nvateati
eo astre, lieaneeep de dratta daMê vlilKl«>qiialre aeirea
paroisses
La seigneurie de La Roclie-Mllay a été possédée par
plusieurs maisons puissantes auxquelles était due la {on*
datlett dea ptieiiréa de SesMlay, de La VaUde » de Yaaeéaei
da GooTeot dea Gordeliers de Beofray»»* filles irsBl di
bien à divers autres établissements religieux , comme Bel-
levauxy La Fermelé-sur-Ixeure , le chapitre d' Autun, Sept-
Fdn&k. Elles prireot Hue part active et glorieuse au
raonvenent rellgleiii etfoerrier ^» pendant dem ceala
ans^ entraîna m noMesse et le peuple vers lés mentafoea
de la Judée « et acquirent^ en outre, de la répuiatiou dans
les guerres de la patrie.
La pltts aneienoe que nona connaissions » est eelle de
Glane, dont l'héritiète» hJàx on AdeUa, a'nnit à JeaUi skn
de Châtllton«<en*BazolS) Isin d'nne branche endette de la
maison des comtes de Nevers , et lui porta la baronnie.
Ce noble chevalier en fit foi et hommage au comte Robert ,
. son parent^ le jeudi avant U Salnt^Làarem 1185^ et
monmt tn laso, après amir iondé sdn annifersalit à
9ept«>Mis^ an meyed d'une fmmdM^wmn Utrtê mtf Ut
lite du Beuvray (2).
(1) C'étaient Brion, La Chapclle-Aumant , La Comelle, Étang, Fléty,
Grury, Igornay , Issy-l'Évéqtie , Laizy, Marly, Monthelon, Onlay, Saint-
Benin-sous-Sainte-Vignc , Saint-Didier, Saint^HODOr^ ^ Saint^Léger-soiM-
Beuvray, Saint-Prix, Savigny-rÉUng, SmnkKf^ aiiMBMil| te Mitn,
nzillf, ThiMur'-ArrMX tt Virrièf«8»
(9) Arclliv. de La Roebe-Miljiy.
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372 LE MORVAND.
Oùxm, son fils /sire de Chàmon, de La Boche-lfiiay
et de Glane^ fat m seigiieiir waaA respecté- qae pub-
gant I<a douairière de GhMillon^ sa mère, étant mdrte
en 1236, il fonda son obit à l'abbaye de Bellevaux, pour
une rente de cent sous de farts Nivernais à prendre aussi^
^qne aimée^ sor les reveniB de la foire de Benmy/et
ratifia celle de éw Upres huit $tm ^ cette yerlDeuse
dame avait léguée , à titre d'aumône , aux religieuses de
La Fermeté-sur-Ixeure , alors au nombre de quatre cents.
Ce seigneur eut, en 1250» un grave différend avec Guil-
laume m» abbé de Qany, concernant la garde-gardienne
du prieuré de Semelay , fondé par ses aïeux (1).
Jean de La Roche-Milay, son fils et son successeur, fut
un homme ardent et belliqueux. £n 1253, après la revue
solennelle de ses vassaux» an soamet du mont Beuvray»
il se rendit» avec eux et les antres seigneur* de sa soite»
en armes (2) au diâteau-d'Autun afln -de délivrer Guy
de La Perrière, que les chanoines y retenaient prison-
nier pour un grave méfait. La forteresse fut en effet
emportée d'assaut» et Guy rendu à la liberté. Mais un acte
d'une tdie audace méritait une sévère conetelion; aussi
lean fat cradamné, au mots de juin suivant, à suivre,
nu-pieds et en chemise , une procession dans les églises
d'Autun» de Chalon-sur-Saône, de Langres, de Mâcon et
de Nevers» oii il possédait des terres. H dut» en outre » .
tenir sa terre de la Rodie-tfttay en arrière-fief des cha-
noines, et leur payer, pendant sa vie, une rente de vingt
livres (3). Cet acte de sévérité pourra paraître excessif
aujourd'hui ; mais ils ne faut pas oublier qu'il entrait alors
dans les nuEurs publiques» et qu'U devenait nécessaire à
(1) Voyez 1 article de cette commune.
(S) Ctm mmiê m rfi g i ii ri t.
(IQ GoniTivtfi, tome m, p. 4tt; le SMwroy, p. U; Gaokak», AM. 4f
VÈgUm ^ânOimf Infcr Imlr.» p. 9S9,
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LE MORYANI». 373
une époque où l'empire des lois civiles était nul^ surtout
oontiedes a rignear s tel9 que celui de La Roche^MUay.
Jeim céda 9 quelques amées après , sa baromde et la
terre de La Perrière en fief-lige à Henri de Ghâtillon»
son frère puîné, qui lui en fit foi et hommage en 1285.
Celui-ci les laissa à Girard ^ son fils^ seigneur d'une
graade fierté et d'une soaveraiae ind^^daace. En 1326,
le nonvean baron soutint, contre Lonis n de Gréey,
que sa baronnie et son château de La Roche, bien que ,
par le passé , mouvants , jurables et rendables des comtes
de N€99n, étalent possédés en franc alleu et refosa de
liÉ en ^adre foi et honmager ht comte, se voyant dans
la nécessité de traiter avec loi on d'armer pour fsire
respecter ses droits, préféra la voix d'accommodement et
promit mille livres pour la mouvance de La Roche-Miiay
et dnqqante ponr cbacme de ses trois maisons-fortes du
Baso7-en*^nrgoflpM, de Ghampn^bM et de Montécot ; il
lui accorda, en même temps, un droit de justice bante,
moyenne et basse dans sa châtellenie de Moulins-Eiigilbert,
à condition que les appels se porteraient à Moulins et non
à La Rocbe.
Girard de CbâtiUon laissa, entre antres enfants, deux
iilles, dont l'une épousa Guillaume lY de Mello> seigneur
de Saint-Bris , et l'autre Girard de Bourbon, sire de Vitry.
Ces deux seigneurs jouirent de la terre de La Roche-Milay
par In^Tls pendant la dernière moitié du quatonàôme
siècle. On croit que Gbaries de Mello^ qui en était seul
possesseur en 1426, l'engagea, quelques années après, îi
Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, pour, une
rente annuelle de «mf ceMs Uvrei.
Quoi quH en soit, cette bammie appartenait, vers te
mHleu du quinrième siècle, à Philippe de Tienne , che-
valier ^ comte de listinois et de Montagu^ dont la fille ^
Ânne, épousa Jean de Vienne, seigneur de Montbis, son
cousin germain.
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nti U MOltAME.
0«s|»ari, Ut pitné do précédant, fa donna dépoipbM«
ment tn 1510, au Moite Nev«n. fia atiiBenr, alUsr et
batattltQr, ayant été toé en dnel, en tSS5^ fut, malgré la
rf^eur des lois cauo niques, inhumé dans Téglise parois-
siale de La Roche. Celte infraclion grave fut bientôt portée
à la eonnalaaance de ToOiciaUté diooésaUiet qni ordonna,
par rorgane do grand^vicaire^ cpie le corpa Ait eitao^
et Jeié à le vmri9 an dépoêé en terre profane (1 )•
Jeanne, sa veuve, fille de Ferri , chevalier, comte
d'Aumont, se remaria à lean de Sasscnage, et qe laissa
pas, si on en eroti Moréri t de poatérilé de eette féconde
nnlon. Bile passa , selon l'usage, la retae des vassnnx de la
baronnie, le premier mercredi de mai 4547, au sommet du
Beuvray, pendant la foire, et cette revue , ainsi que nous
ravons remarqué plus liant, fut la dernière.
François de 'MontBoreBqr, fils dn eennétable de oo
nom, aetgnenr de BanteviHe, de Hendeitle et do JLa
Roche -Milay, grand -maifre de France et maréchal des
armées, fut envoyé, en 1572, en qualité d'ambassadeur
auprès d'Élisabetb , reine d'Angleterre y qi|i lut donna
le collier de son ordre de la Jarretière. A aen retour
en Franee, ee seigneur ftit enienné à la Bagtfltr, cornue
ayant trempé dans la conjuration de Saint-Germaiu-en-
Laye, et mourut en 1579, au château d'Écouen. Margue-
rite de Monimarency, issue de son nufon aveic l4Hûse de
Géhert , porta la iMmale à Anpi ci piMani an^ne nr René
do loMsolé, eiievalier, mascpria de el conaelllfr
d'JËtat , qui en fit foi et hommage à Nevers, en 159/i. Deux
ans plus tard , ce seigneur» qite quelques chroniques du
temps représentent conuae pin», Mi'qnenm et pkm de
(pomnre* lit aaiair ftodêleaHnt toia les iflii menvpnl de
tamnio, tant du aiifeniais que de la gwgrgne» pooe
4Qyair non fait, qu'il renouvela en 1606.
il) Âtokkvf, d« U Rocbe4f iUy.
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A n WOft, FrançQU, TaM de lei fi(«, chevalier
e( aide*- de -camp d(ss armées du roi} baronnie d«
La Iloche-Milay , qu'il fit ériger en comté. Ce derniejr
mourut dans un Age encore peu avancé , et laissa sa veuve t
Ifarie-BUsabeilk Mpnoi ayec deux fiU, |lenri**4DQft-Uéné
Roamlé| marquis Lac||#« et F^t^bç^-^^^Im-
Joscph , guidon des gen$ d'armei de la reine» comte 4i
La RocIie-iMilay.
Ces deux, seigneurs jouirent easenible, soiis Tf^utoiit^
de la comtesse douairière , leur inèret de (a terfii de
La Rpdie, ainsi q^e du marquisat de I^ché et des sfit*
gneuries des Bordes, de Gizieux, de la Noizerie, du
Ponl-d'Alzy, de Taferraeau Ils en firent refaire le
terrier en 1706, et la vendirent, peu de temps après» ^
rimmortel ¥a|nqoeur de Denaiii» UNil9*H^of« due àê
YUlars et n^rédial de France. Celui-ci étant mort Iq
17 Juin la duchesse, sa veuve, Jeanne- Angélique
Rocque de Varcngcville , revendit le comté il Jacques-
Louis de La ^er^-Meuui| seigpeur de ^oVère« gui i'a
la^sé ^ sei descinidantS;
Au pied du rocher sur lequel le château et )e l^ourg sont
situés, h l'ouest, on rencontre Vanoise (i), petit hameau
^xpc une chapelle, objet de la dévotion de^ fidèles des
•UTlnw C'était autrefois un pfrieuri^ de Dénédhitias» # H
m-Loire, Ce petit monastère avait été fpndé, au onzième
siècle, par un saint prêtre nommé Hugues de La Roche»
iSSM de$ anciens çeigneiir^ du p^y^, qui le donna, en lOlQ»
au célèbre prieuré de Notre-Dame de t4 C|is^fltf Oft y
remarquait autrefois une belle et vaste église, dite Sainte^
Marie de Valnaise^ à laquelle Hugues de Teman» cbeva-
(1) rottit noMa*
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376 LE MORVAND.
lier» seigneur de RoussiUon en* partie et dé La Petite-
Terrière , Mgaa, en 1240 ; une somme de eimf sous; mais
il n'en reste plus de vestiges. Comme tant d'autres, le
prieuré de Vaiioise fut tué par la commende, et, en 1706,
U n'y avait plus qu'un prieur, qui poumit i*être à simple
tonsure (i).
Les dépendances de cette maison , dont la garde-g:ar-
dlenne appartenait aux comtes de La Roche, consistaient
en plusieurs pièces de terre, un domaine dit Ilotisseille,
un droit de dîmes sur treize bameaux de la paroisse de
Villapourçon, qui îai abandonné , en 1614, par le prieur,
Antdnie Raconchot, à Réné de Rousselé, pour mie
rente annuelle et perpétuelle de quatra-vingt-dix bois-
seaux de seigle, mesure de La Roche, re(fuérable^ cha-
que année, à la Saint- Martin d'hiver, au château de la
baronni& Bans la transaction qui eut lieu à cet égard,
le seigneur dit expressément : « Qu'il y a consenti pour
» terminer le procès que ce prieur lui avait intenté, pour
9 imiter les pieuses intentions de ses prédécesseurs, fon-
9 dateurs de ce prieuré, pour en augmenter la dotation
» et pour avoir part aux prières et bonnes œuvres qui s'y
» font (2). » H joidssait, en outre, d'une rente de quatre-
vingts livres sur la seigneurie de La Roche.
Le prieur avait droit de haute, moyenne et basse justice
dans toutes les dépendances de son monastère, de pacage
pour ses porcs dans la forêt de Toideurs, d*y prendre
le bois mort et le mort-bois, et enfin le droit de pOche
dans la rivière de VÉglise, qui coule auprès. Jacques
Bongars, doyen du chapitre d'Avalion, était prieur de
Vanoise en 1511, et Barthélémy Coquille, chanoine de
Neveis, en 1540.
(1) CuHMrêdêtaCkafUé; Arobiv. deUBoebe.
(9) Archiv. de La Roche.
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LK MORVANa
377
De l'autre côté de la rivière » dans le liane de la mon-
tagne de ToalemBy on remarque un peitt village avec mm
vieille égli» romane fort d^rée^c^estSaint-Geiigeax (1)»
autrefois le siège d'une très-ancienne paroisse relevant
aussi du diocèse d'Autun et de l'archiprôtré de Luzy, et
ai^ourd'hui réunie à celle de La Rocbe-Milay. Les andena
comtes du pays étalent seigneurs du dodier, patrons dt
la eare et dédmateurs^ depuis le 5 mai 1<H9 que ees
droits leur furent concédés par les religieuses de Marcigny-
les-Nonains. Ils jouissaient aussi de la justice totale dans
tonte rétendue de la paroisse. Le curé était à portion
congrue.
L'église paroissiale 5 dédiée primitivement an saint
évêque dont le pays porte le nom , fut placé dans la suite
sous le vocable de saint Laurent, martyr. L'abside, percée
de trois fenêtres symboliques et la seule partie qui soit
voAtée» les arcades ^ plein-cintre qaï portent la.to«r du
dOGher, les baies de la nef et le portail, tout annonce
une construction du onzième siècle. Kn 12/jO, Hugues de
Teman, chevalier, lui légua aussi une somme de douze
deniers. Cette église, dont Gbarles Buifet, qui assista, à
Nevers, à l'assemblée préparatoire des états-généraux
de 1789, a été le deniier curé, appartient présentement
à la famille Bertrand de Rivières, qui en fait son lieu de
sépulture» On remarque sur le cimetière, qui lui est con-
tigu, les tombes des divers membres de cette Inmorable
famille
A l'ouest, on rencontre le château de Rivières, édifice
de l'époque de la régence, avec une chapelle, où le curé
de Saint- Gengoux était tenu de célébrer une fois par
semaine (2). Pierre Beigier en était seigneur en 15^6.
Hugues de Bergues, écuyer, obtint en 1623, de Réné de
(1) SamH Gmuhail eeckiia»
ti) Atthiv. «to Y&v^hé «'.iutun.
Si
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57ë » MOftVAND.
Pomiiik', iiMiHi de La fiadw-iMiUiy) te dioit de hauie
pour cMt ^ MmKt*Se§nm'd , qoi était «d m ^rmàn,^
plusieurs droits honorifiques à i'êcflisc. En 16/i9, Jean d«
tea^Mge y ajouta le droit d usage et de pacage dai^ ses
Miste Jiodiiirt^ée GhèLiUm ttdt )AG9a»â9*QaMkf
il cM^^^MMt è «M aiMi liwit à ta xmAt fmn
eknmril'^ nais il fut eipraaément spécifié gue li li
Sfig;D€iir de Kivières prenait un cerf ou une biche, il
mÊmdrmê, m diâteaa d« La Aoobe » à peme d'usé aiaesida
Sur la rive droite de la rivière de TÉglise» au ftail én
rocher qiii porte le château, se trouve Tancieii ief du
a¥ee justice moyeane et basse; il a donné son
iHft à UM âill^ Iwiie y g# le poné^ aa ifBiai^
Hècle»
Gmiveau, au sud, avec une mtiemie ma i wi^ iprte, jouis*
sait aussi de la moyenne et de la basse justice. Ce fief était
cbaivÉd'aue rente de quatre livres et trois poule» envers
WmêgÊmut ÊèuààL M appaiteMU, an qialonldmeiàècte,
i«a»Mttiiioife9il portât ee MiDL lemne 40
épousa , vers cette époque , le connétable Jésm de UsBh
pital, autrement dit de Laniy. Jean Piai d, qui le possédait
tB #ff>fr, tfctHit t la môme année, de Jeanne dT Aumont , Jboh
mm9ét U toche» te fmmMom de fortifier i» asalMteK
la pmiiw de Poil, aeetiea die hi oosumm de La
Uoche-May» a eu son article particulier.
« *
• De tous les points du sol éduenj» où les sottvenirs
celtiques et romains ont laissé uae enpreûita^' Md peat-
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être B'a fim généralement attiré l'attention qpB le nont
Benvray. Situé aux confins du Nivernais et de la Bour-
gogne , comme une limite de séparation , ou plutôt
comme un terrain neutre ou ces deux provinces se tendent
la main^ il a» des deMx çMs de son boriion^ fait souvent
le?er la téle aux antliiHalres et aux érudtt& L'kistQlre»
rarchéologie , la linguistique lui ont consacré leurs IdsIiB
et leurs études ; elles ont interrogé ses terrassements
gigantesques, ses substructions romaineSj ses voies brisées.,
ses étymologies InconmieaL*** (i) » H semble fpi'en effet
on se soit attaché à ce monument mystérieux en raison
même des ténèbres qui l'enveloppent
Sa destination antique a fait naître les systèmes les
plus divers, les sentimentales plus opposés. Guy Cottuille^
£xpiUy» Adrien de Valois^ placent à son sommets vaste
flatean formé par deux mamelons, d'où lui est venu son
nom latin ^ Mons bis fraaus, le siège de l antique Bibracte.
Chose remarquable ! cette plate-forme , élevée de huit cent
soixante mètres auHlessus du niveau de la mer» compte >
ainsi que l'ancienne capitale des Éduens» trois Idlomètres
de pourtour. Dom BoUet prétend qu'il y oxista autrefois
une ville celtique nommée Bcubracli; les autours de
\ Album du Nivernais y voient le Boxum de la carte de
Peutengar ; d'autres enfin croient n'y reçonnattre que 1^
vestiges d'un anden camp romsfai et les restes d'une
antique villa (2).
Tous CCS auteurs ont appuyé leur opinion sur des
preuves tirées du sol UU-même, et tous avec une appa-
rence de vérité j parce que, là, /chaque époque de
notre histoire a planté un jalon , et que les construc-
tions du moyen-âge sont entées sur des débris romains
• • •
{1} M. BouioT, leÊÊUvray, p. 3.
{i) BvLLiT, Dietim, eéUUpu; le Kimn., tome i, introduction, p. xix;
Mémoire» di la Société- éduêmt, ISll , p. 88.
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3bO JM MORVÂND.
reposmi eux-néines sur une fondation gauloise (1). Mais^
malgré dès efibris sans cesse renouvelés et des preuves
péniblement entassées, le Beuvray est resté, sous plu-
sieurs rapports , un sombre mystère , et ricïi n'a pu
faire sortir de la conjecture. Néanmoins, il est un fait
acquis à Thlstoire, c'est que, de tout temps, sous lies.
Romains comme sous les Celtes, et jusqu'à nos jours, il a
été uu lieu vénéré , un sanctuaire consacré par la religion
et les cérémonies du culte.
« En suivant les longues lignes du double terrassement,
connu dans les titrés du quinzième siècle sous le nom de
fosses du Beuvray y il n*êst guère possible, dit RL BnUiot (2)«
de mettre en doute l'existence d'un de ces retranchements
formidables, mais grossiers^ dont nos ancêtres couvraient
les cimes les plus ^levées et les plus abruptes pour s'y
retraire au premier dang^er. Ces énormes mouvements de
terrain , soutenus seulement à la base par une faible
muraille, indiquent suffisamment l'énergie, la force d'une
race neuve, mais non rintelligence d'un peuple civilisé.
H ii'entre dans leur composition que deux éléments, la
matière et la force, et cette simplicité les a rendus éter-
nels. »
< Derrière ce rempart national, ce camp des tribus de
la vallée^ s'abrite un culté en barmonie avec Tesprlt de
ces peuples cnfantSi Ce qui les frappé, Vest toi^ours la
force dans la nature comme dans les bommes. Les hauts
lieux, les arbres, les rochers, les fontaines, tous les
éléments apparents du monde, tout ce qui étonne leur
ignorance, tels sont les dieux qui prennent naissance dans
leur imagination. »
t Le sommet du Beuvray était marqué d'avance
pour un pareil cuite. Tantôt voilé de toutes les brumes du
(1) Le Bmufrayt p. 4*
Oigjtized by
LR MOEYANIk ^i
Mommd qui s*y donnent rendez-vous, tantôt livrant à l'isUr
un espace sans bornes qui embrassait presque toute la
confédération éduenne, il devenait forcément le centre
religieux de toute la cité. De tous les points du territoire »
la demeure des dieux protecteurs apparaissait dans ^
puissante ms^esté ; elle résumait l'unité des tribus»...* »
La nature elle-même , en élevant le temple , avait pris
soin d'y placer aussi l'autel. Ça et là, on voyait sortir du
sol des rochers grisâtres dont le sacrificateur gaulois prit
possession. Deux sources limpides» encore vénérées des.
populations du voisinage sous les noms des deux saints
qui, autrefois, possédèrent des oratoires sur la montagne,
coulent de son sommet, et se précipitent, de cascades en
cascades» jusqu'au fond de la vallée. Du sein des som.-
bres foréis qui couvrent encore les flancs abrupts du mont
sacré, s'élevaient des chênes aériens naturellement dis-
posés pour recevoir les offrandes et les inslrunienls des
sacrifices Ainsi se trouvait réuni dans un même lieu,
tout ce qui faisait alors Tobjet de la vénération publique ,
tout ce qui constiCnait le matériel du culte druidique. Il
était donc naturel aussi que le plateau du Beuvray devint
le lieu le plus vénéré de l'Kduinie , le sanctuaire le plus
renommé et le plus redouté de toute la Celtique.
C'est là, en effet, dit un écrivain de nos jours (1), que
le peuple des villes et des campagnes se rendait en fouie«
à certaines époques de Tannée, mais particulièrement au
printemps, pour assister aux prédications des pontifes du
pays ou aux plaids des vieillards clioisis pour rendre la
justice. C'est là, à travers les monuments du culte, quei
les femmes, les enfants et les vieillards de Bibracte ve-
naient, dans les temps d'une guerre dangereuse, chercher
la sécurité et le salut , tandis que les hommes valides ,
(i; PieitRR<>VIX l»E CiRVntOkl.
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tratKiuilles sur le soin des leurs, versaient leur i^ang sur
les champs de bataille en combattant les enrahlsseiini
tterilé^és de la patrie. . < . .
' Les Ilbmaitts^ après fa eonqnête d68 Oades^ne dédal-*
^nèrent pas la montagne sainte da Horvâmd. Ils éCdbllrent^
sur son sommet, un vaste camp retranché, le plus magnf-
fl^ua des Gaules. Us ouvrirent des voies militaires pour y
tfônnér un pins fàdle accès, et permettre anxl^ons,
éantoniiéer à sa dme, de se porter, avec armes et bagages,
sur tous les points où la paix et la tranquillité publiques
pourraient être troublées. Un horreum ou magasin de vivres
pour les hommes et de fourrage pour les chevaux y fût
établi, et une somptueuse villa fondéé à côté, l'endroit
du plateau oti se trouvaient ces'antiques constructions, est
encore connu sous le nom de Parc-(ics-Ckcvanx (1).
Exilées sur ce sommet glacé, les légions, après en avoir
âiassé les divinités de la Gaule j y établirent le culte des
dieux dé leur patrie, et y Urent rèUvre les fétès qui leur
i^appelaient les printemps de ritalie. Flore, MaTa, l'une
déesse des fleurs et l'autre déesse de la jeunesse ; Mercure,
le dieu des marchands^ et jusqu'à l'impudique Yénus, y
eurent leurs autels. Les fêtés des nouvelles divinités qui
^y célébràient avec pompe le premier mercredi de mai ,'
là revue des cohortes romaines qui avait lieu ce jour-là ,
y amenaient en foule la jeunesse et les curieux , non-
seulement de Bibracte et de ses environs, mais encore des
dtés les plus reculées des Gaules.
De leiîr cdtié, les marchands, attirés par le culte de
leur dieu protecteur et par l'espoir du gain, y accouraient
. de tous les pays. Ainsi s'établit cette foire du premier
mercredi de mai, coniîue, au moyen-âge, sous le nom de
(1) nés tuiles cannelées ou à rebords , des débris de va^cs , de poterie
antique , y ont été découverts, siosi que d«s urnes cinéraires et <jles mé-
dailles gauloises et romaines.
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Lite-du-Bcui rai/, et ({uc Guy CoquiUe dit avoir tfléiëitlye
<lans toute la France. <
. A la revue de» légions, 8acoédft»soml«IM4lléè m
€ÊmÊfi^^*Mai da. tMie la noWiiiii ûakmBàm»t pri»
fÊÊû ne rem tom ini twqu te lHinMlw 4f
Glainc et de La Rocfae-Milay, et un touruoi qui Bejoem
qa'en i^Ul (1).
lOeii n'était [phif OHM 5 I^MiatéraMu^ àaipaa»
iaele to«l mOKalM q«« prlMMil idon. la mmbéI
Beuvray. A la Toix du Imnt banm La Ro <i a U B ay, ait
foule de seigneurs, bardés de fer, s'élancent sur leurs
vigoureux coursiers , et accourent , le casque baissé , la
laK» en a? ant» suivis de lenrs varleto et de lenra hoeunes
9
3
Urate la vitesse qne petit éomporter leur iwsaiie aranMi
les évolutions alors en usage , se livrent des combats sin*
gnliers^ s'entre^cboqueot rudement, et enfin décent an
pas de course avee armes et iMigagen
Cast an sortir d'un sendMable tonraol qne la baroK Jeift
de ChâtiUon-en-Bazois, suivi de tous les seigneurs rénais an
Rciivray (1), se rendit, en 1253, au Château-d'Autun, pour
délivrer Guy de La Perrière, Tan de ses vassaux» détenu
dans les prisons des chanoines , et s'atUra » en pmÉtien de
Mte audace, le dittiment nempUdre dont nous avnns
parlé dans rarliclc précédent.
Au quatrième siècle , les fôtes païennes et le culte des
dieux de Rome et de la Grèce étalent encore en honneur
an sommet de cette montagne; Saint llarlin, évéque de
Toufs, cet apôtre si connu par son aèle pour la destructleto
des idoles, qui venait de renverser, au péril de sa vie, un
ctiêne druidique sous les murs même d'Augustodunum (3),
'1) TerHer de La Hoche, 17(KÎ.
'S- mm ami' s et tquitatvri*.
loijes p.
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«84 LE' HORYAMX
ne pottntft UÊÉKT MdNMer mr ciâte làqile éaot H avftlt
entendu raconter des choses révoltantes. 11 se rendit donc,
«I 376 9 au Beuvray» sans autre secours que celui de la
piHre^iC vdOHilt, là coomie k Autao, mais non nos courir
liB ttêlM dai^iers ^' à détniire iu calle sacril^
elesx, et érigea, à la place des aotéls des flunnesdivl*
nités, un oratoire qui bientôt prit son nom , et devint à
son tour le ^ut d'un célèbre pèlerinage. Xi€s deux sources
da yiatein^ mgaèrt objet d'an respect ma^, furent
eHas-iBdMS'dédlées l'one à saint Pierre , «t Fantre à saint
Martin, d(Mit le nom eH ainsi restée Jusqu'à nos jours «
deux fois inscrit sur la montagne.
A ^extrémité méridionale du sommet, on remarque une
tfoix monoflmtale^ érigée en i 851 par le Gonflé ardiéo-
logiqne. SUe porte > au dessus de sa base, seulplée m
relief, Tiroage de Saint -Martin entrant à Amiens et
exerçant cet acte de charité héroïque connu de tous nos
lecteurs. Plus bas, on lit: « A saint Martin» apôtre des
Gaules, souvenir de jon passage an mont Bemnj en
CGCLxxvi (1). » Cest là y dans son emplaoenient, que s'fie*
▼ait autrefois l'oratoire dédié l'illustre évêque. Autour il
existait un petit cimetière qui servait à la sépulture de
çiinie ou dix-huit familles de laboureurs» dont on voyait
encore» an dixnseptième siècle» les bahltations épanes
sur le platea». Vers les Gaign&nnes se tronrail un
logement destiné au chapelain ou curé; on le gommait
vulgairement la maûon de Beuvray,
La collation de ce bénéfice appartenait an prieur
de Saha-Sffmfàorien d'Antnn» monastère fondé an
sixième siècle» et dont le« moines regardaloit eux-
(1) Elle fut bénite solennellement le 10 septcmbio de la même iinuée,
ea présence d'un bon nombre d'ecclésiastiques, de la société éduetme, et
<i*tiiie foule de petiple.
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flitoe» uàMl MirtiB coauiie teiir pdi« (1). Sci ieifHi
i'te?aleiit wdiBatremeat à mffle lims, et provenal«B|
des dîmes perçues sur les terres cultivées du plateau , du
produit de celles du village de rEchenault, de divers
liéritagm légaéi par les seigneurs de Glalne et de la
BociM-Mlby poipr le remède de kwrs âmee; de$ ogremiee,
baieemmm, aUaeimu «mc et admennemt eu Um de Ca»
tant ès jours des deux foires comme ès deux [estes de Saint-
Martin, et peuvent bien valoir, de an pour autre, douze à
f/uimze livres; et enfin de$ droietures et rebdevaneei peiféei
jmr U$ wiarekands pour étaler ef vendre aux Jours de
foires, et qui pouvaient produire ehecwi an de dena à
trois livres (2).
Les foires du Beuvray avaient lieu , Tune le premier
Mercredi de mal^ et l'autre le 2 juillet. Cette dernière*
la noias andeune» était franche. Mais les barons de Ia
Roche-Blllay 9 eoiinie s^gneors féodaux, percevaient
des droits considérables sur chaque pièce de bétail que
l'on conduisait à la première. Un tarif imprimé et attacbé
à un poteau, anuonçait qu'U leur était dû : ■ Pour
deux taufs, six sous; pour deux taureaux, çiatres
pour une vache veaulée, deux sons six deniers; pour
une vache pleine, deux sous; pour une taure, autant;
pour un cheval ferré, huit sous; non ferré, cinq; pour
une cavale ferrée, autant; défierrée, quatre sous; pour
chaque mouton, Inrebis garnie, chèvre et poic, dnq
deniers (3). »
On voyait, près de la chapelle de Saint-Martin, des
loges établies pour les marchands drapiers; des tentes
dressées sur le cimetière, où l'on vendait du vin; des
estottx pour les paeiiers ou marchands de pelles; pour
( 1) jnM du lepUèHM alècla de l'ablMye.
(S) TerHêt4»8uhi t9 i i m fh eirt$», 1474; TerHtr i$ U Bodu, Vm.
(8} /M».
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î^'JèrraUlons vendant ouvre grosse ou factisse, desi-ii-^
èttt dtt fèr^A barres ôa îmçômé en instrument»; pour les
nttdnieHf; 4éMtaéC'^'«0l'twiéii mt éit àeê hktM en pain;
pour les cordiers, les fructiers , les verriers, les tépiniers
on potiers^ les merciers, les pannetiers ou boulangers^ les
jwrdhaiers et les marchands de harUleu ou tonneliers (1),
Clei diveis commerçants devaieiiCy potff se lo^er dans
les «fan», depuis un denier jusqu'à cînq «ous, dont
le montant se partageait entre le prieur de Saint-Sym-
phorien et le baron de La Roclie-31llay, à Texception du
prodntt des loges du cimetière^ qui était ^ potr diaedne»
de quatre deniers» et qui appartenait au prieur seul.
• Les nobles barons de Glane (2)^ et les éires de La Roche-
Milay, après eux , recueillaient des sommes assez consi-
dérables sur leur foire du BeuTray ; mais Hs en firent
pMf(ae toiqoins mi pietix usage. En 1220 Jean de Giiâ-
tBIôtt fonda son antti?etsairé U Sept-Fonts, pour une rente
dé quatre livres assise sur la lite du Beuvray. Odon, son
ils, sire de Glane et de La Uoclie . en fit autant , en 1236,
i>dur Alix de Glane, sa mère, àTabbaye de fiellevaux,
an moyen d'one antre i%nte de cent tous de farts tHwmdU,
qtill HSsIgna sur ce revenu; et confirma, f année suivante,
celle de dix litres huît sons que cette vertueuse dame avait
légu(îe aux religieuses de La Fermeté-sur-Ixeure.
£n 1604 , la chapelle de Saint-Martin tombait en mines.
Le procnrenr du roi de Sabit-Pierre-le-Moûtier« sur les
fnstantés sollicitations dés poputatlons-dn Benvray^ Hédalna
du prieur de Saint-Symphorien la réparation de rédifice
sacré; mais celui d'Autun ayant saisi, dans ces circons-
tances , le revenn de la chapeife ponr l'acquit des dédmes^
les choses en restèrent Uu En 1725, époque où le pla-
• 1 } Terrier éit IkUni-Sympkorten ;Wi.
[9) Aujourd'iii Glaine,
Oigjtized by
ÏX, MÔATANÀ.
icau fut visité par Bénigne Germain , théologal de l'église
d'Autun, alors occupé de recherches historiques, la cha-
pelle de Saint-Martin , les chaumières des laboureurs et le
iconvent de Gordeliers dont nous allons parler /n'oflhdent
plus qne des ruines (1).
Ce demieT établissement, le plus récent de tous cent
^u'on remarquait au Bcuvray, était situé sur le versant
nord de la montagne^ à peu de distance des ruines de
la Yllla romaine. Il était connu sous le nom de ctmvent de
Bihraete (2). Un petit canal qtd rentouralt , quelques tas
de pierres sur lesquels ont crû des buissons , sont tout ce
^ui en désigne l'ancienne position. Il avait été fondé , au
quatorzième siècle , par les sires de La Roche-JUUay , qui
le dotèrent de plusieurs pièces de terre, dont IHme , assise
sur le versant méridional, porte encore le nom de Pâture-
du-CouvenU
En 1432, le baron Charles de Mello, et sa femme,
reconnurent qu'Us devaient un franc de rente à Jean
Espéron, prieur du Salnt-Symphorlen, k cause de la
chapelle des Gordçliers de Beuvray. Bans une quête (}ue
firent , seize ans plus tard , à Autun, les frères mineurs de
ce couvent, ils reçurent luig franc du cardinal Rolin; et
le 19 juillet 1567, les chanoines de lu catliédrale leur
octroyèrent, por aulmosnes, afin qu'ils vaquassent plus
soigneusement à Vestude des lettres sainctes et 'otaîsens,
un ponson de vin d'anniversaire et deux sextiers de seigle
par an.
Ce couvent fut miné par un incendie en i 538. Il renfer-
mait alors cinq religieux, savoir : firère Pierre Maulpain»
gardien; frère Bernardin Mouschot, lisseur ou lecteur;
Jean de Gray, Olynîpe Morelat et Jean de Marry, iils de
Guillaume, seigneur de La Bussière. Ce dernier donna, pour
.Ij Le Beuvray, p. 20.
8} ?0hHijHi9t. de l'ordre de SaiiU' Fran-o:s , p. lU,
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U MORYANa
la recaistraethNi et Tentretleii û^ieetuy eùwmt, me somme
de cent livres tournois h prendre sur ses biens échus par
la mort de son père (1). Les religieux se fixèrent plus
tard à Atttun. Mais les barons de La Roche-Miiay ne des
perdirent pas de Yoe; Réné de Rousselé et Marguerite
de Montmorency^ son ëponse , leur léguèrent le pré de
Chiffonne de cinq charretées de foin, pour qu'ils vinssent à
La Roche, chaque année, le 20 juillet et le 10 novembre,
pour y célébrer deux grand'messes à leur intention.
De ces divers monuments chrétiens du Benvray, 11 ne
restait naguère qu'une croix de bois plantée là, solitaire,
sur les ruines de ia chapelle de Saint-Martin. Les nourrices
du voisinage venaient de temps en temps, après s'être lavé
le sein dans Teau de la fontaine, se prosterner au pied
de ce monument ébampêtre, et y attachaient une Jarretière
ou un ruban rouge, afin d'obtenir une sécrétion laiteuse
plus abondante. Les malades y déposaient aussi quelques
légères offrandes , et un bâton de coudrier pour demander
la guérison de la fièvre ou de toute autre infirmité.
Ce (iréle monument avait enfin çédé lui-même aux vents
et aux tempêtes et gisait à terre, lorsque le Congrès archéo-
logique décida que , pour perpétuer les souvenirs histori-
ques du Beuvray, une autre croix serait érigée à sa place.
La religion et la science sont sœurs, il est naturel qu'elles
se tendent une main amie et se prêtent un mutuel appid.
La croix monumentale du Beuvray redira aux généra-*
tions futures qu'au milieu du dix-neuvième siècle, alors
que tous les liens sociaux seçiblaient rompus ou prêts à
se briser, les deux nobles sœurs resserraient ceux qui, de
tout temps j les ont unies.
Le plateau du Beuvray « autrefois si féqnenté et si
bruyant, n'est guère visité aujourd'hui que par quel-
ques amis de la science et de l'antiquité. Ses réunions
Oigjtized by
LE AiORVA:^i>. 389
périodiques des temps passés sont tombées^ ét c*est à
peine si on en retrouve un fantôme dans la foire actuelle
du premier mercredi de mai. Vainement l'archcolo-
gue demanderait à la surface du sol des souvenirs celti-
ques; l'ère gallo-romaine elle-même n'y revit que dans
les vestiges de son camp retrandié et de ses voies
brisées, la féodalité que dans l'histoire, le christianisme
que dans une croix!!! Aux cris des guerriers, au bruit
des fanfares, a succédé la voix plus douce, le chaut
plus langoureux des pâtres du voisinage; le beuglement
de quelques génisses et le bélemént des troupeaux ont
remplacé le cliquetis des armes et le hennissement des
clievaux. Une solitude et un silence, ù peu près complets,
régnent aujourd'liui au Beuvray; et cette solitude et ce
silence paraissent devoûr être étem^ !1! C'est amsl que
tout passe.
XI.
SAVIGNY-POIL-FOL, autrefois POT-FOU,
Sur une hauteur, à dix kilomètres environ à l'ouest
de Laxy, loin de toute voie de communication^ on ren-
contre un village uniquement composé de chaumières
ça et là dispersées, c'est Savigny, jadis siège de Tune des
trente -deux châtellenies du duché de Nivernais. JNous
défions le mortel le plus perspicace de deviner, au
premier conp^'ioeil» quelle Ait son antique Importance»
Tlus de forteresse féodale, plus de vassaux empressés ,
plus de bailli ni de justiciables, plus de vie, tout est
mort; Savigny est k peine aujourd'hui l'ombre de lui-
même. Sa vieille église romane» bâtie sur le point eulni* -
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390 LE MOBTAXD.
liant de la colline, doinine tous les environs, (let édifice,
près d^quûl on remi^que la motte de Vauci^ château des
ducs de la province j ^ 4^ié à s^iot Georges» martyr,
et situé en dehors du village, à l'ouest II se compose
d'une abside avec une voûte à nervures, de deux cha-
pelles latérales, et d'une nef, vaste carré où se trouvent
deux anciens autels adossés à l'arcade du chœur. Son style
est 1^ roman du dou2iôm& siècle. Au-dessus du portail de
l'ouest, s^élève un petit clocher^ dont la seigneurie appar-
tenait jadis au possesseur du fief de La Pommeraye. Il faut
descendre plusieurs degrés pour y entrer.
' Au bas du village , il existe un vieux castel 4u seizième
siècle^, aiyourd'bui en naines ; U n'est armé que d'une seule
tour.
La paroisse de Savigny remonte au moins au neuvième
siècle. Elle faisait jadis partie du diocèse d'Autun et de
rarchiprêtré de Bourbon-Lancy. Le patronage de la cure
appartenait alors à l'évêque diocésain» et les dîmes partie
au curé, et partie au seigneur de La Pommeraye et aux
religieux d'Apponay. Supprimée en 1801, elle resta unie
à celle de Tazilly jusqu'en 1645, époque où 31. l'abbé
Gorce, Originaire d'Auvergne > a été appelé à renouer
la diatne des aMfw tlMdriSi Le premier curé connu
est Blidiel Radon qui vivait en 1S65. Le nom de Jean
de Vigsuzaîne, l'un de ses successeurs, n'est venu jusqu'à
wms que par suitp d'un «grave démêlé qu'il eut avec
messire d'fnaeael« seignepr de Bois-Q^t^. ancion M
mouvant jde la diâtelleiiie » ei sitqé ^ l'extiémlté du
territoire de la commune, à l'ouest Ce seignfsir avait
obtenu, moyennant la promesse d'un calice d'argent, la
pe^ipission de bâtûr ûm^ T^llae une çliapeUe qu'il dédia
k a^ flUcbel; mais» en liemme de inauvaise My H refnn
pins tard d'fixéi^nter son engagement» c'est pourquoi 11 fat
cité par-devant le bailli de Savigny, et condamné à Uvrcr
lH'<>Uiis^ Çiiçx ^ pa^ait.^u ^fû^^we siècle.
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On croit que l évèque de ^'cvers, Jeau de SuNigin, que
le clergé de France députa à Rome en i29ù, était issu
des anciens seigneurs du César-François- Melcliior
comte de Vogué , maréchal des années du roi et gouver-
neur de Montniédy, était , à la fin du dernier siècle , sei-
gneur haut justicier de Savigny, de Fours, de Ternant....
Ghanaux^ fief avec justice, appartenait, en 1612 , à
J«an MaiMM^-éraytr, qui le leiait de Munw de fitor-
gère, son épouse.
La Pommeraye , seigneurie aussi en toute justice , était
possédée, en 1575, par €baries de Cbargère, écuyer, qui,*
cette «née j en donna dénombrameol an d«o de Nereri^
Ses enfimls^ François et Magddeine, en jooissaleei trois
ans plus tard. l'aionne Des Jours de Mazilles, clicvalier
de Tordre royal et militaire de Saûit*Louis , ancien capl^
taine de Taissean, en était léigDeur en 17^0.
. Tous ces fleft étiietit moiivaÉls 4e la chftleileBie. de
Savigny, ainsi qu'un grand iieiid)ni d*aiitra sHnés 4Êm
les environs. Va\ 1226, la comtesse Mahaut, veuve d'Hervé
de DiHttzy, fondu son obit Ix Apponay pour une reste &»
fMnmie éioheU de seègie rez M 'UiàtatU d^OBome ctmbkis à
pnlodve sur le piodnil de cette cMtcflenie. Cette reitfe
éqeiTÉlait à quatre-vingts boisseaux deeeigle et cent huit
d'avoine. Marguerite de France confirma ce legs en 1358,
et ordoitta à son ckâtelain de l'acquitter chaque année
eiectmciii ta bavonnle de Lwjr ïut inia« depeis te
diiitae dèete jusqu'en 1443, àcette châteilenie.
La commune de Sayigny rcmfehue trois cent se lMan te » -
treize hal^itants, et une superflcic de mille sept ceut
trente beotares (1). Le Bost, Cha^tel^ le MimUiirHiiî^
Comte, fA Place et I<a MrvéeeoBt ^TsmieetaHeindt
sa d^MAdanee.
• • • » . .« . ' i
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393
LE MOaVAIia
SBIlELàY, Simuliacum,
Sur la rive droite de l'Halène , à douze kilomètres envi-
ron au nord-ouest de Luzy, on rencontre la commune de
Semébtr» la qmatrième é« canton. Sa populatk» est de
'doue cent quatre-vingt-trob habitants, et sa sapericie
de trois mille deux cent soixante-douze hectares, dont
huit cent trente -neuf sont en bois. Son territoire, que
traTerse^ an nord- est > la route de Luxy k AlouUns-
SnglilMit, et que THalène borne an sud» prodnit un peu
de vin et beaucoup de céréales. Le cheMieu» situé an bas
des hautes montagnes du Morvand , est connu par la dé-
faite d'une compagnie gasconne qui eut lieu en 1423.
QuelquesécrivaiBBfont venir son nom du celtique j^-m^/Iffc;»
c'est-à-dire habitatloD sur la montagne » ce 4ui ponmit
aveir quelque vralseoiblance , si on considère sa poslHon
par rapport à la vallée de T H alêne ; mab d'autres
pensent, avec plus de raison^ qu'il est tiré d'un temple
dédié k Séméléy aère de Baocbus, le dieu du vin. On a
cm retnmvw des vestiges de cet ancien temple pafen
en iSSOy dans le village même. Une fouille mit au jour
une enceinte carrée ayant tous les caractères des cons-
tructions romaines , et des restes remarquables d'une mo-
saliiue. Autour de cet édifice gisaient vhogt-^lx squeleUcs
symétriquement dlqMSés. Des fouillés postérieures ont
amené la découverte de plusieurs tombes en grès.
La paroisse de Semelay, jadis du diocèse d'Autun et de
Tarchiprêtré de Lusy, est très - ancienne. Elle doit son
mlglne à un antique prieuré de Bénédictins londé> an
enrièmesièdei par la puissante maison de GbâtiUon-en-
Oigjtized by
Lii MOHVAND. 393
BtioiB» qui poMédalt alors la seignewle du pays et le
éomWL au célèbre nonaslère de Qiinsf. n était iml à la
mense de l abbé.
Le fondateur s'étant réservé le droit de garde-gardienoOi «
ses descendants L'exercèrent après loi. Ën 1250, U s'éleva »
à celte ocearion, un diiéread frave entre GniUauaie III ,
abbé de €l«i7, el Odon de Gbatillon , sire do La Reehe-
Milay. Les parties, après de longues et infructueuses dis-
cussions, convinrent enfin de s'en remettre au jugement
d'Ancel de Pommard 5 évéque d'Aulun, qui réussit à les
conclUen L'accord fut rédigé par le prélat, et signé par
l'abbé et le baron. Cehii-ci , content et satisfait , jura sur
les saints AVan<7i7e5 que jamais il n'inquiéterait le prieur ni
ses moines. Voulant, en outre, procurer l'observation de
ce traité par ses successeurs, il soumit» pour cet efiet, tous
ses biens aux évêques d'Autun, avec droit de les mettre en
interdit et d'en excommunier les possesseurs, s'ils contre-
venaient quelque jour à ce qui avait été arrêté (1).
L'abbé de Gluny avait, comme prieur de Semelay, le
patronage de la cure, nommait à celles de l*ouilly-en-liazois
et de Saint-jUidiei-en-longue-Selve, Jouissait du droit de
dîmes et de Justice baute, moyenne et basse dans son
prieuré el toutes ses dépendances. Cette Justice fut réunie ,
au seizième siècle, à celles d'Avrée et de Saint-André-les-
iMX^, et forma dès-lors uo bailliage connu sous ce dernier
nom. Le terrier fut renouvelé en 176& Le cardinal de
BouOlon était revêtu du titre de prieur de Semelay en i70i.
L'église prieurale , aujourd'hui simplement paroissiale ,
est dédiée à saint Pierre, el se trouve dans la partie supé-
rieure du village. C'est un ])el édiiice de style ron)an et
de forme basilicaie; sa foadalion remonte au douzième
siècle. Il se compose d'une abside avec trois fenêtres
(1) GaUia Christ., tome tv» p. 401 ; GàMénn, Bi»t. dt VigUuiFÀuttf»» p. m.
Ce prieurd M uni k celui de S«Mit-André-les-Lu7.y vers 1975.
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594 LB ■ORVAi>p^
symboliques, dont les pieds^ralts sont garnis de eoknmesi
d'un transsept avec deux aMdfotes, et de trois nefe sépa-
rées par huit piliers carrés, flanqués de colonnes enga-
gées et cantonnées en croix* Les diapitaux, bien que
grossièrement sculptés^ sont précieux pour VblaUAre wnM^
tectonique. L'artisie y a représenté le Paradis, l'Eaifer,
ta tentation, d'Ève, la volupté , le crime de Sodome.
Au-dessus du transsept, sur le point d'intersection, s'élève
une grosse tour roniano-bysantine, percée sur ses quatre
faces de fenêtres géminées. La longueur totale de l'édifice
est de trente-4r<ris mètres, et sa largeur, dans la nef, de
treiae mètres trente-<lnq centimètres. Un éboulementy
survenu en 1782, emporta toute une travée, et fit dispa-
raître le portail qui, dit-oo, était très- curieux. Messire
Bouclieret, curé de Semday , assista à l'assemblée prépa*»
ratolre des états-g^ranx de 1789 (i).
Le territoire de la commune renfisrmalt Jadis plusieurs
fiefs dont nous allons parler.
La JSussière (2) , h l'est, caste! du quinzième siècle, bâti
dans une magnifique situation arec des caves creusées
dans le roc^ était le dége d'une seigneurie avec Justice
moyenne et basse , qui mouvait du comté de La Roche-
Milay. Cette terre appartenait, au moyen -Age, à une
noble famille qui en portait le nom. Hugues et Guy de
La Bussière, frères, assistèrent, en 1146, à rassemblée
de Vézelay. L'année suivante. Ils signèrent, en qualité de
témoins , l'acte d'une donation que fit Ponce de Montem-
puis au prieuré de Coulonges , près de Cercy-la-Tour, et
partirent pour la Palestine. Pierre , chevalier, seigneur de
La Bussière, de Ghiddes, de Buzoo, des Foiges, de Lan
et de Harry 9 donna dénombrement de ces êeh en Îhh5,
Un deml-siède plus tard, Jean de Ganay, cbevafier,
(I) N. d*Amfr«vnie était curé de cette paroisse en ISM.
(9) MuxtHu. Il y mit, en I79i), «ne ohapeHe domestique.
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baroB de Persan^ prenuter iirésldent au pariemeut de Pails
et chancelier de France , était possesseur de La Bossière ;
il en fit foi et honiniage en 1507. Guillaume de Marry,
chevalier, seigneur du lieu, de Villaine-le-liaujon, de
Montécot» de SoUères..., eu lit autant en 1535 (1). Jeanne^
sa flUe> ^^oosa noUe liomme Imtot de Paris^ dont lea
desceadants embrassèrent chaudement les erreurs de
Calvin , dans lesquelles quelques-uos ont persévéré jusqu'à
la lin du dernier siècle (2) , et lui porta les c,'rands biens
de sa maison. Ce seigneur donna plusieurs pièces de terre
à des hommes de serve condition moyennant trente-deux
livres tournois de rente , deux boisseaux de seigle , mesure
de La Ro<^e-III0ay9 trois gelines et quatre corvées à
bras (3). .lacques de i aris, seigneur de Monlécot, et
Guillaume > sou fils 9 eu jouirent après lui. Kdme de La
BussièrCy ancien olfider de cavalerie , chevalier de Saint-
Louis , en était possesseur en 1789. d'est aujourd'hui la
propriété de RL Gharleuf.
Au nord-est du manoir, se trouvait naguère un dolmen
remarquable, vulgairement nommé Pierre -de -Prébis.
Une curieuse légende populaire racontait ainsi l'origino
de ce grossier monument : « Un jour le diable s'empara
d'un bûdieron, beau jeune homme du reste , et se prépa-
rait à l'emporter au noir séjour, lorsqu'il lit rencontre
d'une belle dame blanche, dont le cœur compatissant fut
touché du triste sort du pauvre campagnard. Le délivrer
des griffies de satan, fut la première pensée de la noble
Prébis, car tel était le nom de la belle dame dont la ren-
contre avait été si opportune. Mais quel moyen va-t-elle
prendre ? £Ue connaît Torgueil qui bouillonne au fond de
(1) Il était mort en 1538 , époque où -Jean , son fils, ae fit moiae aa cm*
veat dea Gordeliera de Beuvray. Charlotte de BouUUat» aa veave» ae re»
' maria à I^ilibert de Barrault , seigneur de Hqntmort.
(S) Voyes l'art, do Cervon.
(8) Archiv. de La Rocbe; Mbwn du jfivtrn., tome it.
y"
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196 LB HORVAND»
tout l'êlre de l'esprit infernal, et c'est à cette passion,
principe de sa perte , qu'elle s'adresse tout d'abord. »
« Prince da pins puissant en^ire^ noble et géaémx
UndÊer, lui dit-:eUe« tous ne mépriserei pm ma prière;
Jefieus vous redemanda ce Jeune bonne c|ul n'est cber
à plus d'un titre , et vous promets que ma reconnaissance
ne restera pas au-dessous du bienfait Un tr6ne digne de
vous sera élevé par mes soins dans ce lien mène» et vous
règneres sur toutes ces montagnes» »
« I*j consens, répondit Fange déehu avec un sourire
qui ressemblait à un grognement , et où perçait la four-
berie, j'y consens pourvu qu'il soit dressé avant qu'appa-
raisse Tastre maudit dont les rayons fSitiguent mes rei^ds
et me forcent à quitter cet hémisphère, t
t Déjà les premiers feux de l'aurore avaient doré les
campagnes, déjà le sommet des montagnes commençait à
blanchir au loin, et l'esprit de mensonge ne doutait pas
que le soleil ne parût sur l'boriion avant l'exécution de la
promesse : c Deux voyages, au moins, an flanc de la
montagne , se disait-il en ricanant , deux voyages dans
un si bref délai , seraient chose au-dessus du pouvoir des
puissances de mon empire. »
« Aussitôt la condition est acceptée, et Préliis, pronq|>te
comme l'édair, vole à la montagne, en arrache trois
rodiers , puis , plaçant le plus gros sur sa tête , et saisissuit
les deux autres de chacune de ses mains délicates, elle
revient, plus rapide que la biclie, déposer son pesant
fardeau aux pieds du diable, qui commençait à frémir de
rage. »
« En un clin-d'ceil le principal bloc couronne les deux
autres et le trône est élevé. Il était temps, car à peine
l'admirable Prébis, rayonnante de joie , s'était-elle élancée
sur la pierre pour suivre des yeux Lucifer dans sa fuite ,
que les rayons du soleil vinrent dorer sa blonde cheve-
lure. »
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LË MÛR V AMD. 397
Depnif plmlMirs asnées d^à le dolMD a disparu» malc
te sMveiilr de la dame Manche est resté.
Marry- sous -la -Vieille -Montagne, hauineau situé au
Dord de Seinelay, était une seigneurie en toute justice ,
qui mouvait aussi du comté de La iiodie-Milay. Oa
y voyait autrefois uoe maison- forte , qui a totalement
disparu. Cette terre a donné son nom à d'andens seigneurs»
qui la possédaient au douzième siècle. Guy de Marry ,
cbevalier» assista, eu 11 ^6, à l'assemblée de Vézelay, et
partit ensuite pour la Palestine. Ses descendants embras-
sèrent plus tard les erreurs de Calvin.
Partagée vers l'an 1$00» elle forma, depuis cette
époque, deux fiefs aussi en toute justice, dont l'un fut
uni par Guillaume de Marry, chevalier, à celui de Là
Bossière ; l'autre fut annexé k la terre de La Montagne-
Saint-Honoré. *
Le llartray» à l'est ; jolie maison de campagne sur une
hauteur, était un troisièiiie ficf mouvant de la cliàtellonie
de Luzy et charge d'une rente en seigle envers l'ancienne
diartreuse d'Apponay. Louis de Gotignon eu était pos-
sesseur en 1699. C'est ai||ourd'liui la propriété de la
fkmiUe Bonnean , dont un des membres porte ce nom.
Au fond de la vallée qui se développe au sud-ouest , se
trouve un monticule, où l'on remarquait encore naguère
«ne vieille tour , qui servit à César-François Cassini de
Tbury pour faire la carte des environs; c'est tout ce qui
restait alors d'une ancienne maison-forte connue sous le
nom de Monlécot (1). Ce chiUeau était le siège d'une
seigneurie avec justice haute , moyenne et basse , qui
relevait en fief des ducs de Nevers, et en arrière-iief des
eomtes de La Roche-lllilay> par suite d'un aeeord fait
«n 1$26 entte Girard de Cbâtillon et Louis II de Crécy.
Ou croit qu'il Lirait son nom de Gotus, fameux Éduen qui,
(1} Df Monte Coti. Il y existaU autrefois une chapelle dédiée A sainl M«rc.
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39A Lt MORVANI».
cinqii.inle-qualro ans avant Jésus-Christ, disputa la dignité
de vcrgobrel à ConvictoUtan et faillit mettre sa patrie en
révolatlon.
Aux douzième et treiiième sfèctes^ la terre de Montéeot
appartenait à la noble maison de ChâtilIon-en-Bazois , de
laquelle elle passa à Pliiiibert de Chaniprobert, ou de
Poligny. Jeanne y fille de ce deroier^ la porta ^ en 1414, à
Jean de Gharency, écuyer, qui en donna^ la mémt année»
dénombrement au ciiâlean de 1^ Rodie-MUay. Kn 1513 ,
elle était possédée par Philippe de Morogues, seigneur du
Plessy, de Cliamprobert.... issu d'une antique famille,
qui portait : « D'azur au chevron d'or, accompagné en
pointe d'one étoile d'argent, an chef ooosu de gueules,
chargé de trois étoiles d'or (1). » Jean, son fils, et
Guillaume de Marry. son j^endre, en jouissaient en 1530."
Robert de Montéeot , que l'on croit avoir été fils de
Jean de ftlorogues, ayant refusé d'eii faire foi et hommage,
vit saisir féodalement son fief, en 1579, par les officiers
du baron de La Roche-Milay. 11 Ait appuyé dans cet acte
d'insubordination par lo seigneur de Ternant , qui pré-
lendit que cette terre mouvait de sa baronnie; mais un
arrêt, daté de Tannée suivante, maintint le sire de La
Roche dans ses droits de suzeraineté.
Jacques de Reugny l'engagea , vers 1554, an chapitre
d'Autun , dont le doyen fit loi eî liommaj^e en 1605. Un
siècle pUis tard, elle appartenait h Jacques de Paris, sei-
gneur de La Bussière , duquel elle passa à Charles de Huel,
puis à Edouard Pautrolot de Grillon. Gelui-d soutint, en
1767, pour le droit de préséance à l'église de Semelay,
un long procès contre le sire de La Montagne; mais
Jean-Marie vSalIonnyer de Montbaron, ayant démontré,
au moyen d'anciens titres de fondation, que ce privilège
appartenait à ses prédécesseurs, Ait maintenu dansée droite
•' l ' Mémoires «f« ratielnault.
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LE MORVAND. 3d9
le nctsy, pavlUoii aeigneniial sltoé an pieé de la
butte de MoDtécot , était un autre (ief en toute justice .
qui reconnaissait la même mouvance. 11 a appartenu aux
maisons de Meuclièse, de Huel en 1650, de Grillon un
alède piitt tard, et eito à ceUe de Gbaigère.
Geint de Frénouiet^ ansel avec Jostlce hante» moyenne
et basse, relevait de la seigneurie de La Montagne. Il
était possédé, en 1719 « par Pierre-Antoine de Jauconrt,
«wrqnls d'JSspeuillea.
. XIII.
0
TAZILLY, Taziniacum.
Ce village > cbef-Uen d'une commone de treize cent m
ihabitants et d'une superficie de quatre mille cinq cent
quatre-vingt-sept hectares (1) , est situé dans une large
vallée» à huit kilomètres environ à l'ouest de Luzy. On
tnmve dans ses environs dn minerai, de fer de deuxième
«pullté et quelques dos de vignes. Le sol sur lequel 11 est
bâti, est plutôt argilo-sillcenx que granitique. Deux routes
importantes. Tune au nord-est et l'autre au sud-est, tra-
versent la commune ; mais elles laissent TaziUy k quelque
distance dans les terres.
Nous avons parié de la paroisse de Fléty» qui est formée
d'une section de cette commune» Il nous reslQ à traiter de
celle de Tazilly (2).
Cette paroisse ^ la plus considérable des deux , faisait
jadis partie du diocèse d'Autun et de Tarchlprêtré de
BonrlMm-Lancy. Le patronage de la cure af^artenalt
(1) Cinq cent quatre sont en forêts.
{9) Plétjr a ^lé érigé en commune en M9S.
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400 LE MORVAMIK
alotB a« clmpidre TeiwiBt ^ déelimlieur imrm* «m mrtle ;
le marquis de La Noclc , seigneur do clocher, el le comte
de La Roch€-i>lilay, se partageaient le reste des dioies.
L'église paroissiale * dédiée 4 saint l>enis Taréoiiagile» en
de style rosian, et date du toimmiiieiil éA éûwàètàê
sièele^ Elle m coofKise d'one absfede é(ffoile> flanquée
de deux chapelles formant ime espèce de transsept, et
d'une nei percée de baies à meurtrières , qui aBDOUceai
la même époque. Au-dessus du chœur s'élève uae grosse
tour romane 9 que supportent quatre arcades en pleln-
datre. Cette église, encore entourée du cimetière, con-
serve des marques de l'incendie qui la consuma au seizième
siècle. Antoine Perrin, curé de Tazilly en 1787, assista à
l'assemblée préparatoire tenue à Nevers avant l'ouverture
des état8*généraux.
Ce village eut autrefois des seigneurs de son nom.
Guillaume de TaKilly, l'un d'eux, fit foi et hommage de ce
llef à Ternanl en 1461. Le marquis de Montbrun , seigneur
de La JKoclc^ le possédait au dernier siècle. A peu de
distance 9 à l'est ^ on remarque le castei de Marsandé»
construction dti sefrième» avec «n^ liante tour. Il apparu
tient à la maisoA Mathieu. Jean, écuyer, l'an de aea
membres, était, en 1650, seigneur de Saiut-Uonoré en
partie.
Cliigy4e^Aloiiial , au sud, chateaa modenie, MttI sur
une hauteur, d'oh l'on jouit d'un Joli eoup-4'M, dMt
autrefois un fief diable avec Justice moyenne et basse»
qui mouvait de La Roche-Milay. Il a long-temps appar-
tenu à la famille du Crest de Ponay. Charles, écuyer >
seigneur de Moiitarmfii, de Ponay...». > y avait fsadé,.
en 1663, une chapelle, oh les tikuiolne» de Tertoim
ètaleat tenus de célébrer la messe tous les vendredis en
carCme, et de dcn.v vendredis l'un le reste de rauncc.
Denis-François de Gersalion , sieur de Mdy . et l'un des
deux cents chevan^légers de la garde du roi^ fit foi et
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LE MORVAND.
hominage, en 1706, du principal fief. Pierre Brusetu de
Vitry , seigneur de Ghanlevrier, le posséda ensuite. Le
marquis de Leusse, propriétaire de Chigy en 1825, a
laissé cette terre i\ M. Bignon , son gendre.
lie second iief a appartenu a la maison de Chargère.
Antoine Moncbanin» procureur fiscal d'Issy-l'Évèque» en
fit foi et hommage à La Roche-Miiay en 1706.
Ponay-lès-Savigny , dans une gorge , près d'une forél ,
au nord-ouest, est un castel qui, au dix-septième siècle,
remplaça une maison -forte, et semble tirer son nom
des anciens étangs qui TaToisinaient Ce château était
autrefois le siège d'une seigneurie avec haute justice, qui
mouvait de la châtellenie de Savigny. Jean des Choux,
écuyer, en était possesseur en l'an 1300. Marguerite, sa
fille, la porta, peu de temps après, à Jean de Semur, che-
valier, qui en donna dénombrement k la cour des comptes
de Nevers. Robert, fils de ce dernier, jouissait encore de
Ponay en 1398. n le laissa, uu peu plus tard, à Guyot de *
Semur, qui eu renouvela Tiiommage en 1^37. Gilbert du
Crest, issu d'une ancienne maison, qui portait ; « D'argent
à trois iKindes de gueules, » en était seigneur an milieu
du seizième siècle, n était mort en 1570, époque où Anne
Le Bourgeoi», sa veuve , fit foi et hommage du fief de
Chigy. Cette dame en lit autant pour Montarniin et Ponay
en 1577. Hugues, leur fils, laissa, à son tour, cette terre
a Charles, dont il a été iMurlé plus haut Jean du Crest,
écuyer, ancien olfider au régiment d'Alsace , qui en pre-
nait le nom, en a été le dernier seigneur.
PIN DU PR£M1£K VOLUME.
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TABLE DES MATIÈRES.
AxANT-pnoPos. — Exposition des motifs. — Sources el i-ensei-
gnemento. — Divisîoo de l'ouvrage.
prëmièae partie.
COliP-D'QBIL âUR LB PAYS.
Chapitbk l*'. — Etymologie du mot liorvaiid. Situation de
cette contrée. — MontogneB , leur élévation au-dessus du niveau
de la mer, leur nature. ^ Forêts. — Flottage A bûches perdues ,
en trains. Rivières et ruisseaux. — LTonne et ses affluents.
— La Cure , ses affluents et l'étang des Sétons 4
Chapitre II. ^ Mines et Métaux. — Thermes de SaintrUonoré.
— Sol du Morvand , sa nature , cause de sa stérilité , moyens de
le rendre plus fertile. — Productions , le seigle , la pomme de
terra» le svraain, la vigne, la navette, le chanvre, les petits-
navets , les fruits , les simples. — Animaux domestiques. ~ Les
boMfe, leur espèce, leur utilité. — Les chevaux, leur vigueur,
leur réputation. — hu moutons. — Les porcs. Animaux.sau-
vages. — Aspect général du pays. Température. — Orages. —
Monuments de l'antiquité. — Dolmens druidiques. — Fées ou
prêtresses gauloises. — Époque gallo-romaine. — Postes militaires.
Voies anciennes. — Lo moyen-âge 41
CHAPiraB m. — Caractère des Morvandeaux , leur origine ,
leur tempérament, leur amour des procès. Leurs mœurs , leur
esprit religieux , leur régutarité d'autrefois, leurs jurements et
auperatitions. —Usages païens, vames observmices. . . S5
Chapitre IV. — Nourriture des Morvandeaux , leur snnlo
robuste, leurs vtHements. — Costumes. — Industrie agricole. —
f>migralions , leurs roiiséqueuces. — Patois , sa formation. — La
Yeuvr et h Ttèmr fies Rameaux . légende morvandelle. . 35
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i04
TABLE DES MATIÈRES.
DEUXIÈME PARTIE
mSTOIRË GÉNÉRALE DU MORVAND.
Chapitre l^, — Cou(»-d'œiI sur la Gaule celtique , sa situation ,
son éU'tidue, sa capitale. — K[i]ii;ratiQns gauloises. — Usages des
Celtes , leur caractère , leur religion, — Les druides . leurs
croyances , leur autorité , leur culte. — Gouvernement du
peuple éduen 49
Chapitr e 11. — Alliance des feduens et des Komaina. — Guerre
des Séquanes. — Émijjxation dos Helvètes. — Troubles à Bibracte,
assemblée à Decize. — Eporédorix et Virdumare. — Soulèvement
a:éiiéral contre les Romains. — Vorcingétorix élu tj;énéralissime ,
sa défaite , sa retraite sur Alise. — Conquête des Gaules. . 60
Chapitae III. — Révolte et guerre du Morvand. — Tribus
insoumises, leur défaite à Moux , à Montsauche, à Dun-les-Places.
— L(?s druides en Morvand au sixième siècle. — • Les Romains
construisent des voies militaires , des villas , des thermes. — Le
culte de Rome est substitué à celui de la Gaule. — Proscription
des druides par Auguste. — Le christianisme aux prises avec le
(irnidismti 7Q
Chapitae IV. — L'Evangile est préchée en Morvand. — Saint
Andoche à Autun , à Sauiieu , son martyre. — Le Beuvray , sa
consécration au culte païen , concours à son sommet. — Saint
Martin à Autun, au Beuvray. — Les barbares envahissent les
Gaules. — ^ Les Bour^^tignons et les Francs. — Saint Germain à.
Sauiieu , sa mort à Ravcnne , son convoi à travers le Morvand y.
^sainte Magnance. — Attila et les Huns, leur irruption ^ leur
défaite 81
Chapitre V. — Progrès de la religion chrétienne , elle devient
dominante. — Fondation d'abbayes. — Saint Merri en Morvand ,
sa retraite à La Celle-les-Autun , il est découvert par ses moines.
— Les Sarrashîs envahissent les Gaules, leurs ravages. — Ils sont
vaincus par Charles Martel. — Saint-Andodie de Sauiieu , Saint*
Martin «i'Autuu^ Saint-Prix de Flavigny sont dépouillés de leurs
biens par ce guerrier. — Mort de Charlemagne , règne tumultueux
<le son fils. — Les Normands parcourent la France, ils sont
wincus rlans l'Avallonnoi.^ î>.'î
TARl.K DM MATIKRRS.
('HAPtTRR VI. — La féodalité , son ori ;ine , aes ronst^jiKmces.
— Aspect dos campagnes et des villes au moyon-âge. — Prieurés
et paroisses établis. — Siège et prise d'Avallon par le roi Robert.
— Horrible famine de 4030. — Pèlerinages pieux. — Première
croisade. — Le pape Calixte II à Saulieu. — Assemblée de Vézelay,
deuxième croisade. — Artaud de Chastellux et les preux du
Morvand. — Mauvais succès des croisés, leur mort en route. —
Parlement de Pierre - Perlhuis , condamnation do Grérard de
Vienne. — Fondation de la chartreuse d'Apponay. — Troisième
croisade 404
Chapitre Vil. — Affranchissement de Vézelay, d'Avallon , de
Saulieu , de Château-Chinon , de Lormes , de Luzy, de Corbigny...
— Ligue contre la France. — Bataille de Bouvines. — Pierre de
LaToumelle, son courage» — Hugues do Lormes ^ ses bienfaits.
— 11 fonde la chartreuse du Val-Saint-Georges. — Croisade de
Thibault IV, comte de Champagne. — Maladie de saint Louis,
son vœu. — Quatrième croisade. — Seigneurs du Morvand. —
La lèpre , sa nature , ses effets. — Léproseries fondées. — Saint
Louis à Vézelay. — Guerre du comte de Nevers et de l'évéquo
d'Autun. — Bataille de Saint-Verain. — Dreux de Mello. —
Invasion des Anglais, leurs ravages. - Le roi Jean e.->t fait pri -
sonnier. — Les écorcheurs, leurs brigandages 420
Chapitre VIII. — La France est divisée en deux factions puis-
santes. — Los Armagnacs s'emparent de Château-Chinon. — Les
Bourguignons assiègent cette ville , ils y entrent par composition.
— Assassinat de Jean-sans-Peur. — Le daii phin , depii is Charles VII ,
est exclu du trône , guerre à cotte occasion. — Claude de Beauvoir
prend Cravant , il rend cette ville au chapitre de Saint-Etienne
d'Auxerre. — Siège et prise d'Avallon. — Famine . pain de racines
de fougères. — Meneasaire et Reclennes brûlés par les troupes du
dauphin. — Rédaction de la coutume du Nivernais, assemblée
à Moulins-Engilbert. — Louis XI monte sur le trône , troubles. —
Charloft-le-Témorairo brûle Chàtoau-Chinon. — Il envoie le conito
de Roussy tomber sur le Nivernais. — Prise de Moulins-Engilbert.
— Bataille de Sermages. — Louis XI en Morvand. — Le duc de
Bourgogne meurt , réunion de cette province à la couronne. —
Prise de Saulieu et dei châteaui de Maraut, Villarnoult.... —
Grand hiver, gelée des 3<*igles, processions 437
•
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i06 TABLE DES MATIÈRES.
Chapitre IX. — La féodalité tombe. — Louis Xlt en Morvand.
Saulieu ravagé par la pi^ste. — Robcurs défaits à Lucenay. —
Translation des reliques de saint Lcizaro ci'Avallon. — Lulhor
doi;malisc\ — Les huguenots à Corl)igny. — Siège d'Avallon par
le duc des Deux'Ponte. — Les calvinistes brûlent les églises , leur
cruauté) leurs prêches» — Arrêt des Tixier. — Ligue catholique.
— Épidémie , elle ravage Chàleau-Chinou. — Henri IV parvient à
la couronne. — - Prise de Saulieu, — Attaque de Lormes , il est
défendu par les femmes. — Prise de Château-Cbinon. — Pillage
de cette ville. — Lormes se rend. — Attaque d'Avallon , prise de
rPtt.fi vilifl ■ . . . . . . , . . . . . IM
Chapitre X. — Mort de Henri IV, troubles à cette occasion. —
Garnison à Chastellux , prise et reprise de cette forteresse. — Le
comte do Montai. — Le maréchal de Vaubnn et le prince do
Condé. — Grandes gelées. — Peste à Avallon. — Disette terrible.
— Établissements religieux en Morvand 474
Chapitre XI. — Hiver extrêmement rigoureux. — Disette. —
Épizootic , elle ravage la France. — Famine. — Orage furieux. —
Nouvelle épizootie dans toute l'Europe. — Les seigles germent
dans les champs , les foins pourrissent dans les prés. — Étals-
généraux, la révolution éclate. — Nouvelle organisation de la
France. — Constitution civile du clergé, persécution. — Mort de
Robespierre. — Amour des Morvandeaux pour Napoléon l". i 80
Chapitre XII. — Chute de l'empire, invasion. — Les alliés en
Morvand. — Le camp des Latois. — Le curé d'Alligny , épisode.
— Disette et famine. — Exécution do sept voleurs à Chùteau-
Chinon. — Louis XVIII. — • Visites épiscopales. — Révolution de
juillet 4830. — Gouvernement de Louis-Philippe. — Incendie de
Planchez. — Sécheresse , processions. — Pont de Gouloux. —
Bruits d'incendies, troubles. — Putréfaction des pommes de
terre lO.-^
Chapitre XUL — Révolution de février 4848, proclamation
de la république. — Émeutes, leur répression énergique. —
Incendie à Brassy . vol de vases sacrés à Dun-les-Places. — Le
choléra. — Le socialisme. — Établissements religieux. — Menas»
tère de la Pierre qui- Vire. — - Églisi^ rebâties ou agrandies. —
Basilique des Places, sa censécratiQn . json fondateifr. . . %01
1
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XÀSLK D8S MATIKR^. iiil
TROISIÈME PAUriË.
DESCRIPTION ET HISTOIRE LOCALE DU MORVANO.
Pages.
Ancienne division de la contrée M7
Morvand Nivernais 215
CANTON DE CHATEAU-CHINON M5
Château-ChinoD , sa situation et description , étymologie de
son nom , son vieux château et le prieuré de Saint-Chris-
tophe , fortifications « gouverneurs de cette ville , établis-
sements féodaux et seigneuriaux ^ couvent de capucins ,
paroisse, curés, confréries, église, hôpital, commerce et
industrie , malheurs et désastres , épidémies
Ancien comté de Château-Chinon et ses dépendances. . . 2M
Seigneurs châtelains et comtes 2il
Château-Chinon-Campagne, chapelles , fiefs 256
Arleuf, commune, paroisse, église, château, terre et
marquis de La Tournelle 2M
Châtin , état civil et religieux 268
Corancy, paroisse , église , chapelle do Faubouloin , assem-
blées , terre de Maison-Comte 2Î0
Domraartin, situation , église, paroisse 22S
Frétoy , ancienne famille de ce nom , le Fou-de- Verdun. . 277
Glux-en-Glaine , ses antiquités, source de ITonne. . . 279
Montigny-en-Morvand , seigneuries du Bruys , de Chamoy. 2â2
Montreuillon , prieuré , chàtellenie , Saint-Maurice, baronnic
de Chassy, pont-aqueduc 286
Poussignol-Blimes , paroisse, prieuré, chapelle, cliàteau de
Quincize , fiefs d'Estoules, de Poussains. ..... 2âJ
Saint-Hilaire-en-Morvand, paroisse, seigneuries d'Argou lais,
de Chaligny, de Mouasse; maisons de Chabaunes, de
Chaligny, de Champ-de-Saint-Lé.^er 297
Saint-Léger-de-Fougeret , paroisse , incendie , château , fiefs.
Saint-Péreuse-eu-Morvand , situation , ancienne collégiale ,
châteaux de Solières , de Besne, de Chandiou , baronnie.
Dun-sur-Grandry , étymologie, église; Grandry, berceau
d'une famille de ce nom ; Champausserin Mi
CANTON DE LUZY, aa situation , aspect du poys. . .
40tt TÀttl.tt Dt^S MAIIKHES.
Luzy, étymologie , forteresse , peste , fortifications, églises,
hôpital» prieuré de Sainl-André , «npomblée d'évéques,
baronnie, ses dépeudanoes, barons; comté de MazïUes,
Sain^Germain , de Paris; Montarmin, Monteuillon. . "317
Avrée , paroisse , prieuré 838
Chtddes, paroisse, èhapelle de Saint- Jean -des- Ciirlils,
Chan lévrier , Champrobert , carrière de marbre , mine de
fer ; Couloise , Villelte-les-Forges , La Garde 334
Flély, La Goutte, Tourny avec commaDderie de Malle,
château de Vaux 340
Lanty, terre et seigneurs de ce nom 342
Milay. d'où vj/^nt ce nom , église , ruines romaines, ancienne
terre, La Vallée, La Meuloise, Magny 344
Poil, sa situation, seigneurie du Monceau, siège de ce
château ; Goncley, ftunille de Gévaudan ; Villette, Este-
vaux, PierreÛtte, Thit 849
Remilly, ancienne famille de ce nom, Tour de Bault,
maison de Manmigny , Saint-Bfirhel-en-Longue-Selvis. . 353
Chartreuse d'Apponay , sa fondation , son gouvernement ,
ses malheurs, ses prieurs ; La Boue 355
La Roche-Milay, sa description; le bourg, son ofTrancliis-
sement; paroisse et étirés, balliai;e, canton, Touleurs.
château ; ancienne baronnie, ses dépendances, son érection
en comté ; barons et comtes , prieuré de Vanoise , Saint-
Gengoux ; château de Rivières , Cou veau 364
Le Beumy, sa situation , son nom , sa destination antique ,
camp romain , assemblées^ tournoi , foires , saint Martin ,
sa chapelle , couvent de Cordeliers 378
Savigny-Poil-Fol ; paroisse, église, châtellenie, Le Bois-
Gizet , La Pommeraye 389
Semelay, prieuré, église, antiquités, La Bussière, légende,
Marry, Montécot , Le Martray, Le Plessy 392
Taziliy; paroisse, église, châteaux de Ghigy-le-Monial , do
Marsandé, de Ponay 399
VIS DE LA ÏABLR I>|: PHEMIEH VOLUMK.
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ERRATÂ.
Page 44 , ligne 5, Waller-Rawelegh , lisez : Waltcr-Rawlegh.
28 , dernier alinéa , ligne 3, patriarchales, lisez: patriarcales.
4i , ligne 45 , se tarent , lisez : se turent,
50 , dernière ligne , Moroau de Monteur , Usez : Moreau de
Mautour.
64 , ligne 9 , de vergobret , lisez : du vergobret.
66 , ligne 24 , Kercy, lisez : Quercy.
4 01 , ligne 22 , pieux ce monarque, Usez : ce pieux monarque.
112, ligne 3 , Pascal H , lim : Calixte II.
4 39 , ligne 24 , avec honiiéuia , lisez : avec les honneurs.
4 66, note (2), inventaire des litres, lisez : inventaire des titres.
476 , deuxième alinéa , ligne 48 , pièces de canon à Philis-
bourg , qu'il plaça dans son château. Enfin ,
prises en 4703. . . lisez : pièces de canon prises
ù Philisbourg, qu'il plaça dans son château.
Enfin , en 1703....
482 , ligne 4, supplications nombreuses publiques , et des pro-
cessions , lisez : des supplications publiques
et des processions nombreuses.
227, notes, ligne 47, Robert de Rabutin, lisez : Roger de Ra-
butin.
249 , note (3) , ligne 4>«, montrer à haut , lisez : montrer à un
haut.
270 , ligne 2 , comme un aigle , lisez : comme une aigle.
Itid, ligne 7 , et dont ses fils , lises ; et dont les fils.
342 , ligne 1 3 , de Montagu , lisez : de Montaigu.
347 , ligne 10, collines Appenelle, /«ses .-collines de TAppenelle.
321 , ligne 22, partie jusqu'au , lisez : partie qu'au.
325 , ligne 15 , venons do parler, lisez : venons de citer.
342 , ligne 9 et 1 0 , ceintrc qui supportant » lisez : cintre qui
supportent.
316 , ligne 28 , plein ceintre , lisez : plein cintre.
367 , ligne 47, qu'il retombât , (tK qu'il ne tombât.
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île